L'annonce était attendue mais n'en reste pas moins saisissante. Le dirigeant camerounais, au pouvoir depuis 1982, fait face à une contestation inédite au sein même de son camp
(SenePlus) - À 92 ans et après près de 43 années au pouvoir, Paul Biya refuse de céder la main. Le président camerounais s'est déclaré candidat à un huitième septennat lors de l'élection présidentielle prévue le 12 octobre, selon une annonce faite dimanche 13 juillet sur son compte X. « Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la mesure de l'acuité des défis auxquels nous sommes confrontés », a-t-il écrit dans un communiqué, rapporte Le Monde.
Cette candidature intervient dans un contexte particulièrement tendu pour le dirigeant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Son camp connaît en effet plusieurs défections notables qui témoignent d'un effritement de son socle politique traditionnel.
Issa Tchiroma Bakary, ministre chargé de l'emploi et de la formation professionnelle, a quitté le gouvernement avant de se déclarer candidat à la présidentielle « dans la foulée sous la bannière de son parti, le Front pour le salut national du Cameroun ».
Plus symbolique encore, Bello Bouba Maïgari, ministre d'État et ancien premier ministre, a également annoncé sa candidature. Responsable de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès, « un parti allié à M. Biya, il faisait figure d'allié historique depuis près de 30 ans », souligne le quotidien français. Cette rupture marque un tournant significatif dans l'écosystème politique camerounais.
Face à cette érosion de ses soutiens, Paul Biya tente de resserrer les rangs. Début juillet, Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, « a convoqué à tour de rôle les élus et ministres de chacune des dix régions pour mener des concertations avec les soutiens du pouvoir », selon Le Monde.
Du côté de l'opposition, la mobilisation s'organise. Maurice Kamto, « plus farouche opposant à Paul Biya, arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2018 » et Cabral Libii, « figure importante de l'opposition sont déjà en course pour la présidentielle », indique Le Monde. Les candidats disposent jusqu'au 21 juillet pour déclarer officiellement leur candidature.
Cette campagne électorale s'annonce particulièrement scrutée, alors que « des voix demandent au chef de l'État, qui dirige ce pays d'Afrique centrale d'une main de fer depuis 43 ans » de « céder la main, tandis que d'autres réaffirment leur soutien à Paul Biya », rapporte encore le journal.
À 92 ans, Paul Biya s'apprête donc à défendre un bilan de plus de quatre décennies à la tête du Cameroun, dans un contexte où même ses plus fidèles alliés commencent à envisager l'après-Biya. L'élection du 12 octobre prochain dira si les Camerounais sont prêts à accorder un nouveau septennat à l'un des dirigeants les plus anciens au monde.
DIOMAYE - SONKO ET LES ENJEUX D’UN CONFLIT DE LÉGITIMITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - La posture du président est davantage obstruée par l’accompagnement d’un homme dont le style politique se conjugue dans la radicalité, dans la promptitude à jeter l’anathème sur les autres
Les divergences au sein du couple Diomaye - Sonko ne seraient pas une répétition de l’histoire politique de notre pays, contrairement aux discours qui rappellent les évènements de décembre 1962, opposant Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor. Concernant, la probable crise, pouvant opposer Diomaye et Sonko, les causes et les enjeux sont autres.
La rupture entre Dia et Senghor était le résultat d’une crise de conception et d’orientation, de vision stratégique, liée à des options de développement divergentes, sous-tendues par des enjeux géostratégiques du contexte de polarisation idéologique. Dia était partisan de la refondation du modèle économique et de la gouvernance extravertie, hérités de l’ordre colonial. Il préconisait un tournant paradigmatique, par l’instauration d’une économie de développement, en nette rupture avec le paradigme développementaliste de la domination coloniale. Senghor opte, par contre, pour un modèle du socialisme africain, suspendu à la stratégie d’équilibre, s’inscrivant dans sa vision conciliatrice de l’ouverture et de l’enracinement.
Ce qui se dessine à nos yeux relève d’une toute perspective par la fabrique d’un modèle de gouvernance illusoire, conçu pour une dualité dans la conduite des affaires de l’Etat. La sortie du premier ministre, marquée par les relents d'une guerre de leadership et de positionnement pour l’horizon de 2029, renseigne sur le désenchantement d’un tel scénario, porteur d'une crise probable au sommet de l’institution étatique. La pathologie du contexte politique actuel, à travers ses variantes dimensionnelles, est révélatrice des lendemains incertains et d’une probable crise de régime pour notre pays. Il est évident que l’hypothèse probable d’une crise politico-institutionnelle, est congénitalement liée aux conditions de la troisième alternance où la légitimité politique de Sonko a fondamentalement déterminé la légitimité institutionnelle de Diomaye. Autrement dit, sans Ousmane, Bassirou ne serait pas Diomaye président. Par ce scénario d'une ascension politique qui n’est pas le propre d’un leadership politique construit par un engagement personnel, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est mis dans une position de fragilité. La posture du président est davantage obstruée par l’accompagnement d’un homme dont le style politique se conjugue dans la radicalité, dans la promptitude à jeter de l’anathème sur les autres. La situation née de la crise politique préélectorale par les erreurs fatales de Macky, a mis le Sénégal dans une forme de gouvernance où les prérogatives du pouvoir présidentiel sont constamment mises à l’épreuve par un leadership primatorial surdimensionné. Du présidentialisme de surplomb, le Sénégal est passé d’un présidentialisme affaibli, fragilisé jusqu’au niveau de ses fondements institutionnels. Le conflit entre les deux hommes risque d’être épique, pouvant faire même vaciller la deuxième institution, l’Assemblée nationale, où le Parti Pastef dirigé par Ousmane Sonko détient la majorité absolue. Une instrumentalisation de la rue, par des manifestations violentes, peut s’inviter à la crise. Sonko est, par nature, un homme politique, qui veut tout conflictualiser, refusant les compromis et adepte de la radicalité et de l’adversité agressive. Dans sa démarche qui tend à rompre avec l’exigence démocratique, l’Etat de droit, la stratégie de l’homme ne cesse de dériver. La sortie de son avocat Clédor Ciré Ly renseigne sur l’état d’esprit d’un groupe dans Pastef qui pense que leur arrivée au pouvoir n’est pas du ressort des mécanismes démocratiques, mais le jeu d’un rapport de forces dans le combat politique. Ce qui explique leur prétention à faire prévaloir le droit de museler toutes les voies discordantes. La crise qui pointe à l’horizon, est grosse de risque dans un contexte social et économique difficile. Elle risque d’être une rupture émotionnelle, une rupture de liens, susceptible de conduire à une navigation à l´aveugle de notre pays où les élites dirigeantes perdent leurs liens et repères. Les conséquences peuvent générer un processus de dégradation des représentations citoyennes, la perte de la cohésion sociale et de la stabilité du pays. L’illusion du changement promis cède aujourd’hui la place à une désillusion qu’illustrent les symptômes d’un malaise généralisé et la velléité de porter atteinte aux libertés chèrement acquises. Aujourd'hui, un spectre nous menace : les avatars de la dérive autoritariste.
La querelle des responsabilités qui agite le récit politique, est une sorte de déconnexion par rapport au contrat éthique, politique et économique pour lequel le couple Diomaye - Sonko a été élu par 54% des Sénégalis qui sont allés aux urnes. Dans ce contexte géopolitique local, s’affirment à la fois la logique de la surenchère et l’échec prévisible. Telle est l’amère réalité d’un contexte où le peuple est livré à lui même, jeté dans des conjonctures d’un débat politique en déphasage avec les urgences du moment. Le mal est profond, puisqu’il traduit les défaillances du “Projet pastefien” tant vanté. Au demeurant, le “Projet” n’a jamais été un condensé programmatique d’une gouvernance résiliente, suffisamment élaboré, pour des transformations systémiques promises.
Au-delà des conséquences internes de cette crise en téléchargement, il y a lieu de s’inquiéter dans un contexte sous régional où les entrepreneurs des crises de rentes sont à la porte de notre pays. La situation exige une attention particulière, dès lors que l'itinéraire des mouvements terroristes, des islamistes fondamentalistes, suit à la trace celui des conflits et des crises internes aux États. Dans un article publié, je soutenais que les crises qui déchirent le Sahel sont allogènes à un double processus, celui des dynamiques transnationales et celui des processus de multi-localisation de formes de conflictualité alimentées par la lutte pour le pouvoir politique. Les acteurs transnationaux, hors souveraineté, profitent des rivalités entre différents groupes et des faiblesses de la gouvernance politique de nos pays, pour y installer le chaos dans la durabilité. Les connexions entre le mouvement djihadiste, la rébellion Touareg au Mali et les acteurs hors souveraineté comme les narcotrafiquants, avec la manipulation de l’identitarisme ethnique dans ces espaces de conflit, sont révélatrices de cette transnationalisation des conflits à partir des crises internes à nos Etats. Le Sénégal n’est pas à l’abri d’une potentielle éclosion de ce terrible triangle interactif entre l’extrémisme violent (salafisme), la criminalité organisée (narcotrafiquants) et le conflit géopolitique local, autour des enjeux liés d’une part, aux ressources pétrolières et gazières nouvellement découvertes et d’autre part, à sa façade maritime propice à l’établissement d’un corridor pour le commerce illicite. Voilà les défis à prendre en compte, pour que l’instauration d'une crise au sommet de l’Etat ne soit la boîte de Pandore.
Intervenir dans le débat politique, n’est pas, pour nous, une prise de position partisane, mais une démarche responsable d’un intellectuel qui s'investit pour la cause de son pays. Je précise, à l’occasion, à l’endroit de ceux qui ont peur de la parole libre, que l’universitaire que je suis n’a jamais flirté avec aucun pouvoir. Je suis formaté par une trajectoire de lutte autour des principes, soumise à l’utopie d’un idéal : soumettre, selon le propos du professeur Alassane Kital, le Sénégal à la noblesse et à la justesse de mes Idées.
Professeur Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
FEU SUR LES CHRONIQUEURS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut en finir avec ces convocations de la DIC et autre DSC qui servent de prétexte à l’opposition pour entretenir la tension politique et éventuellement troubler l’ordre public
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 13/07/2025
M. Badara Gadiaga, chroniqueur de l’émission du « talk » « Jakaarlo bi » de la télévision TFM, affirme face au député de Pastef Amadou Ba le 4 juillet dernier que le délit de « corruption de la jeunesse » pour lequel le premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko avait été condamné en fait pour viol.
Il est convoqué par la Division spéciale de cybersécurité (DSC). En même temps que son interlocuteur l’honorable Amadou Ba. Il doit répondre de plusieurs chefs d’accusation : « discours contraires aux bonnes mœurs, diffusion de fausses nouvelles et offense à une personne exerçant les prérogatives du président de la République ». Atteinte à la liberté d’expression ?
Il y a eu auparavant, en janvier dernier, Abou Diallo, chroniqueur lui, de l’émission « les Grandes Gueules » de la Sen TV.
Il a été placé en garde à vue pour « discours ou déclarations de nature à inciter à la discrimination ethnique ». Atteinte à la liberté de la presse ?
Il y a aussi le cas de Bachir Fofana, « journaliste et activiste en ligne » poursuivi à la suite de la plainte du président de l’Assemblée nationale El Malick Ndiaye, qui estime avoir été diffamé dans une série de publications sur les réseaux sociaux, accusé d’avoir attribué frauduleusement un marché public. Après son audition, le « journaliste et activiste en ligne » a été déféré, puis incarcéré dans l’attente de son procès prévu en flagrant délit le 3 juillet 2025 devant le tribunal de Dakar. Atteinte à la liberté d’expression ?
Faut-il rappeler l’affaire Abdou Nguer qui sur le plateau de l’émission « Grandes Gueules » de Sen TV du 11 février 2025 a mis en cause la légitimité de la nomination de l’instituteur Gassama au Grand Prix du chef de l’État pour l’enseignant ? Droit de chroniqueur?
Ne tirons pas sur les chroniqueurs ?
S’ils sont pénalement répréhensibles pour avoir proféré des diffamations et attentes à l’honneur et à la dignité de personnes et autres incitations à la discrimination ethnique, ils n’en sont pourtant pas les premiers responsables.
Ce sont nos télévisions : ces « arbitres de l'accès à l'existence sociale et politique », qu’il faut mettre en cause.
Pour s’en rendre compte, il suffit de comparer nos émissions de « talks » avec celles des chaînes françaises dont elles sont les pales copies.
Regardez "On n'est pas couché" sur France 2, "C à vous" sur France 5, "C dans l'air" sur France 5), C à Vous sur TF1, Quotidien sur TMC (filiale de TF1), Un bruit qui court sur Cnews, etc. C’est professionnel de bout en bout.
L’animateur, souvent un journaliste vedette, expérimenté, garde la maîtrise du rythme et du ton, évite de prendre parti dans le débat, modère plutôt, redistribue la parole équitablement interrompt si le ton devient trop agressif et recentre sur le sujet. Il/Elle rappelle à l’ordre un chroniqueur ou un invité s’il de respect à un participant ou même s’il s’éloigne du sujet.
On voit bien que les sujets sont très bien préparés à l’avance, avec des angles définis et des questions balisées. Les journalistes, les chroniqueurs et la rédaction ont été briefés à l’avance et un cadrage éditorial a été partagé pour éviter toute digression et improvisation.
Les chroniqueurs et invités sont choisis, non pas pour leur capacité à générer de la polémique ou du « buzz », mais pour leur compétence, par exemple pour avoir écrit sur le sujet. Si le sujet est particulièrement controversé, on choisit des chroniqueurs de différentes sensibilités et on s’efforce d’équilibrer les points de vue. Le respect de la déontologie est de rigueur : équité dans le temps de parole, argumentation plutôt que personnalisation du débat, neutralité du présentateur, appel à la vérification des faits…
La part du régulateur et celui de la justice
Malgré le professionnalisme des producteurs et présentateurs, les « talks » français donnent lieu pourtant régulièrement à des « dérapages » qui portent atteinte aux droits et libertés.
Mais ces « dérapages » provoquent presque toujours l’intervention soit du régulateur ('Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique-ARCOM- anciennement Conseil Supérieur de l’Audiovisuel -CSA-) soit celle de la justice pénale.
On se souvient par exemple de la sortie d’Éric Zemmour déclarant en qualité de chroniqueur sur le talk « Salut les Terriens « que “la plupart des trafiquants sont noirs ou arabes”. Sur la plainte de plusieurs associations de la société civile, il a été attrait devant le tribunal et condamné pour « incitation à la haine raciale » à 1 000 euros d’amende avec sursis et plus de 10 000 euros de dommages et intérêts.
Le même Éric Zemmour sur le plateau de Salut les Terriens qualifie le prénom de la chroniqueuse Hapsatou Sy “d’insulte à la France”. Celle-ci porte plainte : condamnation pécuniaire d’Eric Zemmour. Quant à la sanction du régulateur, elle est graduée, de la simple mise en demeure, à l’amende qui s’élève quelques fois à plusieurs millions d’euros.
Elle s’est élevée par exemple à 3, 5 millions € contre la télévision C8 à travers le présentateur de l’émission « Touche pas à mon poste », Cyril Hanouna, pour atteinte à la liberté d’expression politique et à la dignité du débat parlementaire après avoir insulté un député sur son plateau.
La leçon française
Que nous dit la régulation des émissions avec chroniqueurs des télévisions françaises ? L’impératif du professionnalisme !
Les organisations professionnelles, les rédactions ainsi que les organes de régulation et d’autorégulation doivent chacun à son niveau de responsabilité imposer les règles professionnelles strictes aux télévisions, ainsi qu’aux quotidiens et publications en ligne du reste. Si non, le régulateur doit sévir sans faiblesse. Par des sanctions graduées, des simples rappels à l'ordre à des amendes, à la suspension et au retrait de l'autorisation d'émettre.
Autre leçon : privilégier systématiquement la sanction pécuniaire.
Il faut en finir avec ces convocations de la Direction des Investigations Criminelles (DIC) et autre Division Spéciale de la Cybersécurité (DSC) qui servent de prétexte à l’opposition pour entretenir la tension politique et éventuellement troubler l’ordre public. Ne pas lésiner par contre sur les amendes.
Tout média contraint à une amende de plusieurs dizaines de millions, s’obligera plus sûrement au respect des règles professionnelles et éthiques élémentaires que si le chroniqueur, ou le journaliste, était trainé devant les tribunaux.
Pour le reste, gageons que le citoyen sénégalais consommateur de médias n’est pas dupe des chroniqueurs et des médias en général, il comprend bien les motivations et voit à travers les discours.
PAR Idrissa Sylla
SONKO LÂCHE DIOMAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Sonko moy Diomaye ! Diomaye moy Sonko n’est plus qu’un vieux souvenir de campagne électorale. Monsieur Ousmane Sonko doit se rappeler qu’il n’est pas élu et que son pouvoir de Premier ministre émane d’un décret présidentiel
Va-t-il le pousser à la démission pour prendre le contrôle du pouvoir ?
En écrivant cet article, je suis tombé sur un texte paru dans Le Quotidien du Samedi 12 juillet, intitulé : « Ousmane Sonko : le peuple en chair et en esprit »
Ce texte d’un pastefien universitaire, donc un intellectuel qui normalement, devrait avoir (comme tous les intellectuels du monde) le courage de ses idées et les endosser.
On a vu dans un passé récent cette lettre ouverte des trois intellectuels, Felwine Sarr, Mohamed Mbougar Sarr et Boubacar Boris Diop plaidant “Pour une société véritablement démocratique”.
Ensuite ce furent le tour de Fatou Sow, Sophie Bessis, Mamadou Diouf et Amadou Tidiane Wone, ancien ministre de la Culture, parmi plus de la centaine d’intellectuels qui avaient cru devoir signer une tribune pour interpeller le président Macky Sall « sur le respect des droits et de la justice » en défendant farouchement Ousmane Sonko.
Tout cela s’est passé entre mars et juin 2023.
Depuis lors et malgré tous les soubresauts que notre pays a connu, ils ont tous choisi de se murer dans le silence. Même n’étant pas d’accord avec leurs idées, je reconnais qu’ils ont eu le courage et l’honnêteté de les assumer. Tandis que ce nouveau défenseur de PROS en voulant nous enseigner la personne Sonko, n’a pas osé apposer son nom à la fin du texte.
À la place, il a écrit ceci : l’auteur du texte, un universitaire bien connu, a tenu à préserver son anonymat. Après son développement, il conclua en ces termes : « Sa prise de parole hier (parlant de Sonko) est le signe d’un encerclement par les actionnaires du statu quo ante, leurs relais dans la presse, la Justice, l’Administration et au sein même du parti. Le peuple, qui est plus grand, plus fort, plus nombreux que tous ces intrigants, et qui a tout à gagner dans leur défaite définitive, devra de nouveau se lever en bouclier de celui qui a mis sa carrière, son honorabilité et sa vie au service de l’intérêt général ».
Certainement, c’est à cause de l’encerclement dont il fait état, qu’il a peur d’être identifié par les nouveaux « insurgés » républicains venus au secours du Sunugaal en naufrage.
Qu’il retient que lorsqu’une armée encercle ses ennemis, ces derniers ont peu de chance d’échapper à la défaite avec toutes les conséquences qui en découleront, ce qui explique le grand malaise au sommet de l’Etat et au sein du parti Pastef.
Un autre fait a attiré mon attention dans ce texte : en aucun moment le nom du président Diomaye n’a été mentionné comme s’il le rangeait parmi les intrigants dans le parti.
Cet auteur encagoulé considère qu’Ousmane Sonko an mis tout … (le concernant personnellement) au service de l’intérêt général. En réalité tous ses combats ont été des combats pour son propre intérêt contrairement à ce qu’avance son défenseur.
Ousmane considère qu’il est le centre du monde. Ce qui est en train de se passer entre lui et le président de la république est la preuve éloquente de ce trait de caractère.
Le ministre Samba Sy, Secrétaire général du PIT-Sénégal, coordinateur de la CDS et du FDR que nous félicitons au passage pour l’excellente prestation à Grand Jury du Dimanche rappelait dans l’émission, parlant du premier ministre que “Le pouvoir ne forge pas les traits, qu’il les grossit et qu’il est un révélateur extrêmement puissant.
Parlant du dernier discours de ce dernier, il considère que : je le cite : “c’est un discours grave car il ne laisse de coté aucun segment de la nation.
Ce discours crée des inquiétudes.
Ce discours n’est pas un discours qui a seulement une résonance interne .
Ce discours résonne également à l’extérieur.
Ce discours est un discours qui pose problème.
Ce discours est révélateur d’une crise institutionnelle au sommet.” Fin de citation.
Sonko moy Diomaye ! Diomaye moy Sonko n’est plus qu’un vieux souvenir de campagne électorale. Tous les analystes et observateurs politiques qui contredisaient celles et ceux qui présageaient une vie courte au team pastefien se retrouvent aujourd’hui seuls avec leur rêve trahi d’un duo en bonne santé, pour un Sénégal souverain et prospère. Ousmane Sonko n’avait-il pas dit un jour que ceux qui s’attendent à une mésentente entre lui et le président seront déçus.
Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est malheureusement le contraire de cette conviction du passé.
Le voilà en train de traiter publiquement le président de la République de manquer d’autorité. Une grave déclaration qu’aucun Premier ministre au monde n’oserait faire à l’endroit d’un président de la République sans se faire virer immédiatement.
Nous l’avons tous entendu s’en prendre au président Diomaye, disant qu’il se défend quand il est attaqué et l’abandonne lorsqu’il s’agit de lui.
Encore une contrevérité, car Azoura a dépassé gravement le président de la République qui est une institution et rien ne s’est passé. Ce même Azoura en récidivant sur le président Macky Sall a eu le privilège d’être visité en prison par Sonko et libéré par la suite sur la base d’un certificat médical de complaisance.
Par contre tous les chroniqueurs et activistes qui ont parlé de Sonko dans les médias se sont retrouvés devant le procureur jusqu’à Badara Gadiaga qui sera peut-être fixé sur son sort ce lundi 14 juillet.
Maintenant, c’est clair pour tout le monde que le tout puissant PROS n’a pas le contrôle total du pouvoir qu’il a lui-même créé. « Qu’on me laisse gouverner », a-t-il dit. Même si le ton de son propos est ferme, on peut retenir sans se tromper qu’il s’agit d’un aveu d’impuissance de sa part face aux menaces politiques suspectées de l’opposition, de la société civile, des chroniqueurs, de la justice mais aussi du président Diomaye sa principale cible.
Je ne comprends d’ailleurs pas le fait qu’il veuille amener le président (qui a déjà démissionné de son poste de SG de Pastef pour mieux s’occuper de sa fonction) à s’appuyer sur l’appareil politique pour gouverner.
Monsieur Ousmane Sonko doit se rappeler qu’il n’est pas élu et que son pouvoir de Premier ministre émane d’un décret présidentiel.
Au conseil national du Pastef, j’ai entendu un Premier ministre super faible, et heureusement pour notre pays.
Le Sénégal n’a pas un problème d’autorité dans le sens posé par Sonko qui en réalité est notre problème, car il est la seule autorité à avoir des problèmes avec tout le monde, comme l’a dit le journaliste de JDD Assane Gueye et à son invité de ce dimanche d’en conclure que c’est donc lui Ousmane qui est le problème.
Dommage pour notre pays qui ne mérite pas ce qui est en train de lui arriver.
Quinze mois au pouvoir et tous les clignotants sont au rouge tous secteurs confondus.
Pour reprendre les propos du ministre Samba Sy : “Opposants nous voulons le meilleur pour notre pays. Notre pays qui ne va pas bien. Des faits constants et têtus l’attestent. Nous sommes dans l’impasse et il n’y a pas de solutions à l’horizon”.
C’est ça la réalité, et pendant ce temps le pouvoir dans la tourmente, s’attaque à toutes les voix discordantes au lieu de se pencher sur les problèmes urgents des Sénégalais.
Quelle déception pour le peuple de Pastef comme l’appelle le Doyen Habib Sy. La montagne vient d’accoucher d’une souris et le fameux projet voit ses principaux défenseurs guerroyer devant le vrai peuple abusé. Bourgi avait raison de demander où va le sénégal ?
Néanmoins, je reste confiant pour l’avenir de notre pays, car je sais que les républicaines et les républicains ne le laisseront pas sombrer entre les mains de ces populistes aventuriers qui ont fini de prouver à la face du monde qu’ils sont incapables de mener à bon port notre Sunugal.
Idrissa Sylla (New York) est Secrétaire général chargé de l’organisation de la coordination PIT-DIASPORA, membre du comité central.
PAR ÉLIMANE POUYE
SOCIÉTÉ CIVILE AU SÉNÉGAL, POURQUOI REFUSER LE DÉBAT ?
Le débat que pose le leader de Pastef n’est pas nouveau. Faute d’avoir été vidé, le sujet refait surface épisodiquement. Sous l’ère Wade, le camp présidentiel d’alors avait dénoncé traitait ses principaux acteurs de « politiciens encagoulés »
Devant les responsables de son parti à l’occasion de l’installation du Conseil national de ce dernier, M. Ousmane Sonko, président de la formation politique « PASTEF », a consacré une brève partie de sa sortie à la « société civile ». En trois mots, il a d’abord, qualifié (un lapsus peut être !) une partie des membres de la « société civile » de «fumiers» ; ensuite, il a ouvert une réflexion sur la place que revendiquent les acteurs de la société civile dans la gouvernance des affaires publiques et enfin, il a interrogé le système de financement des activités de la société civile avant d’exprimer son intention d’une régulation normative.
Il est possible de regretter l’usage du terme «fumiers» qui dans son sens figuré renvoie à une « personne méprisable » ; encore que le sieur Sonko a pris le soin de ne pas généraliser son propos qui survient au lendemain de la prise de position, manifestement partisane, de certains acteurs de la société civile dans une affaire d’insultes graves à son endroit. Celui qui prend le parti de défendre l’insulte ne peut, sans risque, éviter un retour de bâtons. Incident clos. Toutefois, le débat public auquel appelle M. Ousmane Sonko ne peut être éludé par cet incident de langage.
Pour ceux qui le suivent depuis son entrée en politique, le leader de PASTEF a toujours défendu l’idée qu’aucun sujet ou segment de la vie socio-politique ne doit échapper à la critique argumentée. Loin des consensus de façade, il s’est interrogé sur la magistrature, la presse, l’administration publique, les secteurs économiques, les acteurs politiques… Incontestablement, avec M. Ousmane Sonko rares sont les sujets tabou. L’auto-censure est une forme de conspiration qui peut conduire à une métastase mortelle.
Par conséquent, la tonalité de ses propos ne peut être le sujet mais plutôt le doigt qui montre seulement la lune. Aussi, la posture réactionnaire de M. Birahim Seck, coordonnateur national du Forum civil, n’est nullement à la hauteur des enjeux du débat qui doit se faire sans fuite en avant, ni faux fuyants. De même, la confusion opportunément entretenu par M. Elimane H. Kane entre la personne de M. Ousmane Sonko, leader politique s’exprimant devant les instances de son parti et le « Premier ministre » tenant « des propos injurieux, excessifs et offensants » ne correspondent pas à la réalité qu’on cherche à déformer à l’excès dans une optique de victimisation. Il ne doit pas s’agir d’un procès d’intentions qui extériorise une forme de rivalité ou de jalousie ou de frustration mal digérée devant le succès politique éclatant d’un « concurrent » inattendu. Débattons sans invectives ; cherchons à convaincre plutôt qu’à vaincre ; disons la vérité et ne soyons pas obnubilés à avoir raison. Il faut instruire sans cesse le procès de notre société, rappelait avec élégance le professeur Malick Ndiaye. Dès lors, par la présente, je choisis de débattre des deux idées maitresses de la pensée de M. Ousmane Sonko : (1) la place de la société civile dans la gouvernance publique et (2) le système de financement de la société civile.
Quelle place de la société civile dans la gouvernance publique ?
Le débat que pose le leader de PASTEF n’est pas nouveau. Faute d’avoir été vidé, le sujet refait surface épisodiquement. Sous l’ère Wade, au lendemain de la tenue des « assises nationales » sous la houlette de la « société civile » en lien avec les « partis politiques », le camp présidentiel d’alors avait dénoncé la « politisation » de la société civile et traitait ses principaux acteurs de « politiciens encagoulés ». Par la suite, l’alliance organique entre acteurs de la société civile et hommes politiques dans un melting-pot autour du Mouvement « M23 » n’a pas participé à clarifier les lignes de démarcation davantage brouillées par une forme de « partage du pouvoir »entre « alliés » vainqueurs après l’élection de 2012. La relation idyllique entre le président SALL et les organisations de la société civile a débouché sur des critiques acerbes de part et d’autre.
De la qualification « d’escrocs » portée à l’encontre de l’organisation de la société civile regroupant les cadres casamançais par le président lui-même, de l’affabulation du titre, peu glorieux, de « rentiers de la tension politique » à certaines figurent de proue de la société civile aux arrestations d’acteurs majeurs de la société civile (le cas de Aliou Sané, responsable du mouvement « Y´en marre »), la surenchère a atteint son paroxysme sans épuiser le débat. La participation de listes dites de la société civile aux élections municipales et législatives et la cooptation de certains dans des instances institutionnelles (OFNAC, CESE) n’ont pas aidé à bien identifier les champs d’intervention. Cela a pu conduire à une suspicion où on épie et guette les faux pas de « l’adversaire ».
A l’analyse, il semble que le débat que soulève M. Ousmane Sonko porte plutôt sur la place de la société civile dans notre système démocratique étant entendu que son apport aux avancées, dans bien des secteurs, est indéniable. Dans son incarnation et son encrage idéologique, notre société civile milite pour une démocratie de concordance, c’est à dire « un modèle politique où les décisions sont prises par consensus entre les différentes élites, plutôt que par une majorité simple. Elle vise à garantir la stabilité politique dans des sociétés profondément divisées, en intégrant les principaux groupes sociaux et politiques dans le processus décisionnel ».
Ainsi, en octobre 2024, lors de la cérémonie de lancement de la Vision 2050 et de la Stratégie nationale de développement 2025-2029, Elimane Haby Kane, fondateur-dirigeant de l’organisation de la société civile « Legs-Africa », invité comme panéliste, disait à propos du référentiel des politiques publiques que «dans l’élaboration de ce document, on devait impliquer les populations. Il faut une démarche inclusive pour que les gens puissent contribuer et pour que les populations puissent se reconnaître dans ce programme ». Dans le même ordre, en mai 2025, au lendemain de la mise en place par le Gouvernement du Comité de pilotage de la réforme du Code général des impôts, le Forum civil à travers un communiqué a soutenu qu’’il «s’agit d’impliquer les autres acteurs dans le comité de pilotage conformément aux bonnes pratiques en la matière (commission, comité, cadre de concertation, groupe de travail, etc.)» et a invité «le gouvernement à rompre d’avec cette tradition jacobine et centralisatrice de l’Etat, qui s’est déjà manifestée lors de la mise en place du Comité chargé de l’examen des contrats stratégiques. La configuration du Comité de pilotage doit être inclusive et participative».
Je suis de ceux qui pensent, avec le leader de PASTEF, que la redevabilité doit s’accommoder de l’imputabilité. Ceux qui ont lutté et conquis le pouvoir doivent pouvoir l’exercer entièrement et en assumer la plénitude des responsabilités, pour in fine, en revendiquer les succès ou être comptables de ses échecs. Aucun modèle démocratique viable ne peut survivre dans une confusion des rôles. Comme le soutient le leader de PASTEF la co-gouvernance n’existe nulle part ailleurs dans les systèmes démocratiques majeures. Pour autant, cela ne doit priver la parole à aucun acteur ainsi que sa légitimité à soumettre les politiques publiques aux critiques argumentées.
Le positionnement et la trajectoire de M. Ousmane Sonko révèle une cohérence de sa posture. Après près d’une décennie de militantisme dans la « société civile » en tant qu’acteur syndical, il a enfilé la toge politique pour conquérir et exercer le pouvoir politique.
Le ton volontairement clivant de M. Ousmane Sonko pour marquer une rupture fondamentale et le contenu provocateur et assumé de ses propos sur ce sujet ne peuvent être des prétextes pour occulter la quintessence du débat auquel il appelle qui doit par ailleurs adresser la question du financement des activités des organisations de la société civile.
Quel système de financement des activités de la société civile ?
Le leader de PASTEF a toujours clamé, sans jamais être pris à défaut, que son parti est l’une des rares formations politiques à déposer, à date échue, ses états financiers certifiés devant les autorités compétentes en y retraçant toutes les sources de son financement. Et pour cause. A la veille de l’élection présidentielle de 2019, un média privé de grande envergure l’a, publiquement et sans preuve, accusé de financement étranger pour espérer l’ajournement de sa candidature et la dissolution de son parti politique. Les mêmes accusations ont refait surface dans le contexte de l’élection de 2024 devant l’inventivité de PASTEF à lever des fonds pour financer sa campagne électorale.
Dès lors, il est légitime pour M. Ousmane Sonko, militant de la transparence et de la redevabilité, de poser le débat sur le financement, principalement extérieur, des organisations de la société civile ; lui qui prône une souveraineté budgétaire. Sa volonté, en tant que chef de la majorité présidentielle, de proposer une législation pour interdire ou pour encadrer le financement étranger des organisations de la société civile, à l’instar de la réglementation déjà appliquées aux partis politiques doit être débattue.
L’adage populaire nous apprend, depuis des millénaires, que « qui paie commande ». Dans un régime dont le marqueur principal du discours politique est la souveraineté, la question du financement des organisations de la société civile est essentielle en considération des enjeux stratégiques et de la perspective de souveraineté. Heureusement que E. H. Kane reconnait, à mots couverts, que « la provenance extérieure de l’essentiel du financement des ONG et certaines associations constitue objectivement une limite à la maîtrise de l’initiative politique, notamment les risques d’alignement à des agendas exogènes ». Il est possible d’épouser la pensée de M. Ousmane Sonko et « de revoir la question de l’origine des financements des organisations de la société civile pour renforcer leur impact dans le prolongement du service public, à travers le développement de mécanismes de financement endogène par le contribuable sénégalais et la philanthropie nationale ». Un débat s’impose.
Les jugements d’intention sur le Projet politique de Sonko, les qualificatifs sur ses capacités à gouverner sont derrière nous. Son candidat à l’élection présidentielle de 2024 a remporté le scrutin haut la main au premier tour et sa liste a gagné les législatives à une très large majorité. La démocratie postule, avant tout, le respect des règles du jeu. Les sénégalais ont majoritairement crédibilisé son projet politique et ses capacités à gouverner. Ils en évalueront les résultats le moment venu. Entre deux échéances électorales, il est possible de critiquer et de déconstruire de façon argumentée ; autrement, le débat devient crypto-personnel, superficiel et sans épaisseur.
PAR CIRÉ CLÉDOR LY
DEVOIR DE CONVERGENCE
Aucune révolution ne peut réussir si l’ancien régime n’est pas détruit et ses vestiges nettoyés. Le Sénégal semble avoir failli dès le commencement de cette nouvelle étape, en maintenant au sein de l’appareil d’État des bras armés...
Le peuple sénégalais a traversé des épreuves difficiles, offrant sueur et sang, et sacrifiant sa jeunesse. Ce sacrifice était à la hauteur des promesses de souveraineté, de responsabilité, de lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite, ainsi que de justice sociale et d'épanouissement économique, encapsulées dans un programme ambitieux surnommé « Projet », mené par un leader déterminé.
Les compradores, alliés des impérialistes, se sont dressés comme rempart, prêts à justifier un génocide contre le peuple sénégalais. L’omerta régnait, et seules les voix de panafricanistes et d’analystes engagés pour la justice parvenaient à percer le silence assourdissant et l'indifférence des États et des organisations censées défendre les droits humains.
Les massacres, tortures, arrestations illégales, détentions arbitraires, traitements inhumains, disparitions forcées et violations graves de la vie privée n’étaient pas des incidents isolés, mais étaient systématiquement couverts par une justice soumise et silencieuse. À l'international, un tribunal qui fondait beaucoup d'espoir choisissait de ne pas répondre a l'attente de toute l'Afrique, en totale contradiction avec les principes de justice et de protection des droits humains qui fondent sa raison d'être.
L’histoire retiendra la position constante de l’Union internationale parlementaire, qui a su se dissocier des comploteurs pour faire entendre une voix dissidente face à l’injustice.
Coincés et dos au mur, les coalisés ont tenté d’orienter la révolution sénégalaise vers une alternance prétendument démocratique. Pourtant, rien de démocratique ne se dessinait, car tous les moyens politiques, institutionnels, juridiques, humains et financiers mobilisés échouaient à contrer le Projet.
Il n’y a pas eu de troisième alternance au Sénégal, mais plutôt une révolution. Une classe opprimée s’est levée, guidée par une direction claire pour renverser le pouvoir en place. Au dernier moment, les compradores et leurs maîtres impérialistes ont opéré un repli stratégique, échappant à la violence en remplaçant leurs fusils et armes blanches par des cartes électorales qui ont eu le même impact à leur détriment, le soir du 24 mars 2024.
L'artifice démocratique a été utilisé pour éviter une chute violente du pouvoir. Le premier jalon après le renversement du régime était posé, mais restait à réaliser le deuxième jalon : l’exercice effectif du pouvoir avec le peuple, pour le peuple, et par le peuple, à travers les institutions, afin d’instaurer des transformations structurelles.
Aucune révolution ne peut réussir si l’ancien régime n’est pas détruit et ses vestiges nettoyés. Le Sénégal semble avoir failli dès le commencement de cette nouvelle étape, en maintenant au sein de l’appareil d’État, notamment dans l’administration, la sécurité, le renseignement et la justice, des bras armés et des esprits du régime déchu.
Des individus qui, par leurs postures passées, avaient tout mis en œuvre pour écraser le mouvement révolutionnaire, ont pu conserver ou se sont vu attribuer des postes stratégiques qui auraient pu revenir à une jeunesse compétente, engagée et porteuse d’espoir encadrée par des patriotes, républicains ou nationalistes d’expérience. Cette jeunesse réserve de talents, longtemps mobilisée et terreau de lendemains imprévisibles, commence à sombrer dans l’oubli et le désenchantement. Pourtant, elle est capable de porter et de remporter ce défi.
Du nouveau ne peut éclore dans la puanteur et l’odeur nauséabonde d’une eau usée.
La révolution ne doit épargner aucun secteur, aucune individualité. La lutte contre l’enrichissement illicite et le blanchiment de capitaux ne doit épargner aucun corps professionnel : avocats, notaires, magistrats, hommes politiques, fonctionnaires, hommes d’affaires…
L’État a également failli à porter un coup de frein net aux excès et dérives de certaines forces de défense et de sécurité. En laissant perdurer l’impunité, il a prolongé la souffrance des victimes pendant que leurs bourreaux sont épargnés. Rien ne saurait justifier que des individus, présumés coupables de haute trahison ou de crimes contre l’humanité, tardent à rendre compte devant la nation avec toutes les garanties de respect de leurs droits, alors même que les victimes, elles, commencent à sombrer dans le désespoir.
Il y a lieu de redouter que les procédures engagées soient entachées de vices, ouvrant la voie à ce que les vampires de l’économie se retrouvent simplement sous bracelet électronique, bénéficient de nullités de procédure, ou soient relaxés pour insuffisance de preuves. Pire encore, ces personnes pourraient se retourner contre l’État, exiger la restitution des biens mal acquis placés en cautionnement, et réclamer des dommages et intérêts.
L’État semble avoir aussi manqué de vigilance face à certaines organisations, présentées comme issues de la « société civile », mais qui dissimulent en réalité des réseaux d’influence défendant des intérêts occultes. En instrumentalisant des principes humanitaires qu’elles détournent de leur finalité, ces cellules dormantes contribuent à brouiller les repères et à fragiliser les fondements mêmes de la nation. L’atteinte à la vie privée, à l’honneur et à la considération, les injures les plus abjectes, ainsi que la diffusion de fausses nouvelles susceptibles de troubler gravement le fonctionnement des institutions sont souvent considérées comme des opinions ou des expressions protégées. Pourtant, leur propre cadre juridique indique clairement que ces protections ne sont assurées que lorsque sont respectées « les droits ou la réputation d’autrui, la sécurité nationale, l’ordre public, la santé ou la moralité publique ».
Il est donc crucial d’engager une réévaluation approfondie pour initier des transformations structurelles durables au sein de l’administration et des grandes directions, afin de conjurer l’immobilisme qui paralyse l’action. Pour ce faire, il est impératif de débusquer et d" anéantir tous les lobbys qui se sont réinstallés et d’activer les services de renseignement et de traquer les profils internes et externe impliqués.
La menace persiste, et ceux qui s'opposent au changement n'ont pas désarmé. Dans cette optique, le tandem SONKO-DIOMAYE est une nécessité, une exigence et un devoir impérieux, pour réaliser l’idéal pour lequel le peuple a consenti de lourds sacrifices. Ce qui unit le tandem est plus fort que ce que l'esprit peux imaginer et il y a le devoir de mémoire.
En ce moment décisif de l'histoire de l’Afrique, le peuple sénégalais et tous ceux qui portent l’espoir d’un renouveau panafricain sont solennellement appelés à s’unir, à faire front commun et à se rallier pleinement derrière le tandem plébiscité. C'est ensemble, dans l’unité renforcée et la vigilance partagée, que seront préservés et consolidés les acquis pour la réalisation dans une détermination inflexible, du grand dessein de transformation historique qui s’ouvre à notre Nation.
GRÈVE DES GREFFIERS, OLIVIER BOUCAL PRÔNE LE DIALOGUE ET RAPPELLE LE CADRE LÉGAL
Face aux revendications syndicales sur le reclassement et l’alignement à la hiérarchie A2, le ministre de la Fonction publique affirme la volonté de l’État de dialoguer, tout en soulignant que toute évolution doit respecter les textes.
Alors que les greffiers observent une grève de 72 heures à compter de ce lundi 14 juillet 2025, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme du service public, Olivier Boucal, appelle au dialogue et rappelle l’attachement de l’État au respect des textes encadrant la fonction publique.
L’Entente SYTJUST–UNTJ, regroupement syndical des travailleurs de la Justice, exige une série de mesures correctives pour ce qu’elle qualifie d’« injustice flagrante ». Parmi les principales revendications : l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2, le reclassement des agents des hiérarchies B et C dans le corps des agents de greffe professionnels (AGP), la reconnaissance du rôle fondamental des greffiers dans le système judiciaire et l’ouverture immédiate d’un dialogue sérieux avec le gouvernement.
Dans une déclaration faite dimanche sur la RTS, Olivier Boucal a tenu à clarifier sa position, souvent mal interprétée : « On a pioché un mot dans mon discours pour créer une polémique. J’ai simplement mis en garde contre des attitudes pouvant être perçues comme du chantage, car nous sommes dans une dynamique constructive avec les syndicats. »
Sur le fond, le ministre reconnaît qu’il existe une convergence sur la nécessité de reclasser les greffiers. « Nous sommes d’accord pour leur alignement à la hiérarchie A. Ce sont les modalités de ce reclassement qui posent débat, notamment la nécessité d’une formation, exigée par les textes », a-t-il expliqué.
Le cœur du blocage réside dans l’obligation de formation prévue par la loi pour tout passage d’une hiérarchie à une autre. « Tous les textes encadrant la fonction publique, y compris la loi 61-33, posent la formation comme principe. Ce n’est pas une option. »
Malgré cette position de principe, Olivier Boucal se dit ouvert aux concessions : « Nous avons proposé plusieurs formats de formation – à distance, en séminaire ou en alternance – afin que les greffiers ne désertent pas les juridictions. »
Le ministre souligne que la fonction publique gère des équilibres et qu’une mesure isolée ne doit pas créer d’inégalités entre les différents corps. Il ajoute : « Nous ne sommes pas fermés. Une réunion est prévue avec les syndicats. L’objectif est de sortir de cette crise par le dialogue. »
MORT DE MUHAMMADU BUHARI
L'ancien chef de l'État est décédé ce dimanche à 82 ans. Figure controversée de la politique nigériane, il aura marqué son pays par deux passages au pouvoir : comme putschiste en 1983, puis comme président élu en 2015
(SenePlus) - L'ancien chef d'État nigérian Muhammadu Buhari s'est éteint ce 13 février 2025 à l'âge de 82 ans, selon les informations rapportées par son ancien porte-parole et relayées par RFI. Figure emblématique et controversée de la politique nigériane, Buhari laisse derrière lui un héritage complexe, marqué par des succès militaires contre le terrorisme mais également par des pratiques autoritaires qui ont divisé l'opinion publique.
Muhammadu Buhari incarnait la trajectoire singulière d'un homme qui aura occupé la plus haute fonction de l'État nigérian selon deux modalités radicalement différentes. Comme le rappelle RFI, il fut "deux fois président dans sa carrière, en tant que putschiste (2015) puis président élu (2019)", s'inscrivant ainsi "dans la lignée des hommes forts du Nigeria".
Né en 1942 dans l'État fédéré du Katsina au sein d'une famille nombreuse - il était "le 23e enfant de son père, un chef traditionnel Fulani qu'il ne connaîtra pas" selon RFI - Buhari grandit dans un environnement marqué par la précarité. Orphelin de père à quatre ans, il sera orienté vers une carrière militaire par sa mère, intégrant une académie militaire peu après l'indépendance du Nigeria en 1960.
Sa formation d'officier en Grande-Bretagne, où "il prend goût à la discipline et au travail" selon RFI, forgera son caractère autoritaire qui marquera profondément ses futures responsabilités politiques. De retour au Nigeria, le jeune lieutenant gravit rapidement les échelons militaires, se distinguant notamment lors d'une incursion tchadienne sur des îles du Lac Tchad.
En 1983, âgé de 41 ans, Buhari renverse le président démocratiquement élu Shehu Shagari, qu'il juge corrompu. Ce coup d'État le transforme en "tombeur de la démocratie", selon les termes de RFI. Une fois au pouvoir, il impose sa vision rigide de la discipline sociale avec des méthodes qui marqueront durablement la mémoire collective nigériane.
Le "Buharisme", terme qui renvoie à ses pratiques autoritaires selon RFI, se caractérise par des mesures drastiques : "Les citoyens doivent faire la queue en rang aux arrêts de bus, sous peine de se faire fouetter par des soldats en faction. Les fonctionnaires arrivant en retard au travail se voient humilier, contraints de faire des sauts de grenouille en public."
Ces pratiques s'accompagnent d'atteintes aux droits de l'homme, notamment "l'emprisonnement du musicien Fela Kuti, voix critique à son encontre, sous un prétexte fallacieux", comme le souligne RFI. Renversé en 1985 par Ibrahim Babangida, Buhari passe trois ans en détention, mais "n'a jamais renoncé au pouvoir" selon RFI.
Après plusieurs tentatives électorales infructueuses, Buhari parvient finalement à conquérir le pouvoir par les urnes en 2015, remportant 54 % des voix face au président sortant Goodluck Jonathan. Cette victoire fait de lui "le premier leader de l'opposition à faire advenir en 2015 une alternance démocratique", un "exploit au Nigeria" selon RFI.
Cependant, son retour au pouvoir s'avère décevant. Surnommé "Baba-Go-Slow" car "il met six mois à former son gouvernement", Buhari doit faire face à une récession en 2016 due à la chute des cours du pétrole. Ses absences répétées pour des raisons de santé, notamment en 2017 où "il s'absente plus de cinq mois", fragilisent son autorité.
Les tensions culminent avec les critiques de sa propre épouse Aisha, qui affirme dans une interview à la BBC en 2016 qu'elle ne soutiendra pas sa réélection "s'il continue à ne pas connaître la plupart des ministres qu'il a nommés". La réponse de Buhari depuis l'Allemagne, selon laquelle la place de sa femme est "à la cuisine, au salon et dans la chambre", provoque le "regard désapprobateur d'Angela Merkel" selon RFI.
Les dernières années de Buhari au pouvoir sont marquées par une succession de crises. En 2020, le mouvement #EndSARS éclate après qu'un jeune homme soit "abattu par une unité de la police connue pour sa violence, la Special Anti Robbery Squad (SARS)", les policiers le soupçonnant d'être un arnaqueur Internet en raison de sa belle voiture. Le mouvement se solde par "une vague de pillages et un massacre au péage autoroutier de Lekki, à Lagos" où les forces de l'ordre "tirent dans la foule de manifestants, faisant au moins douze morts".
En juin 2021, Buhari fait un "buzz mondial en interdisant purement et simplement Twitter au Nigeria" après que la plateforme ait supprimé deux de ses tweets pour "incitation à la violence". Dans l'un d'eux, évoquant la guerre du Biafra, il menaçait les séparatistes : "Beaucoup de ceux qui se conduisent mal aujourd'hui sont trop jeunes pour avoir connu la destruction et la perte de vies qui se sont produites durant la guerre civile du Nigeria. Ceux d'entre nous (...) qui ont connu cette guerre les traiteront avec le langage qu'ils comprennent."
Cette décision suscite la critique du prix Nobel de littérature Wole Soyinka, qui exprime sa "surprise face à ce geste d'irritabilité, inconvenant pour un président élu démocratiquement", dénonçant un "spasme dictatorial" selon RFI.
Muhammadu Buhari laisse un bilan mitigé. S'il a réussi à enrayer l'expansion de Boko Haram et à "empêcher de fonder un califat dans le nord du pays", il n'est pas parvenu à "venir à bout du groupe armé". Son héritage économique et social reste préoccupant, avec une "forte inflation, dépréciation du naira, chômage endémique, endettement" qui ont plongé le pays dans une pauvreté telle que "la prise d'otage contre rançon a pris les proportions d'un véritable business dans le Nord".
Comme l'analysait l'écrivain Chigozie Obioma avant le scrutin de 2019, cité par RFI, le mandat de Buhari était "voué à l'échec", dans la mesure où "le mélange de diverses traditions tribales et de valeurs occidentales mène à un système politique unique qui n'est pas la démocratie, mais peut se définir au mieux comme un chaos atténué".
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LES LOCAUX ONUSIENS FERMENT LEURS PORTES À ALIOUNE TINE APRÈS LA CHARGE DE SONKO
Après avoir traité la société civile de "fumiers", le Premier ministre a créé un climat si tendu qu'AfrikaJom Center a dû précipitamment quitter les locaux du Haut-Commissariat aux Droits de l'homme pour présenter un travail samedi
(SenePlus) - Le Premier ministre Ousmane Sonko a provoqué une vive polémique en qualifiant la société civile de "fumiers" lors de l'installation du Conseil national du parti Pastef, le 10 juillet. Des propos qui ont eu des répercussions immédiates sur les activités des organisations visées.
L'impact de ces déclarations virulentes s'est fait ressentir dès le lendemain. AfrikaJom Center, qui devait présenter ce samedi 12 juillet le premier numéro de son magazine SUNUGISGIS au bureau régional du Haut-Commissariat des Droits de l'homme aux Almadies, a dû précipitamment changer de lieu.
"À la suite d'une charge particulièrement féroce sur les militants des droits de l'homme, j'ai reçu un coup de fil hier pour me dire que le climat est tel qu'à l'un de nous, nous voulons éviter les risques effectivement d'un incident diplomatique", a révélé Alioune Tine, fondateur d'AfrikaJom Center. La cérémonie, initialement prévue dans les locaux onusiens, a finalement eu lieu à la Fondation Friedrich Ebert, qui a accepté d'accueillir l'événement en urgence.
Les déclarations d'Ousmane Sonko ont suscité des réactions diverses au sein de la société civile. Si le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck, a opté pour une réponse offensive sur les plateformes et dans les médias, Alioune Tine a choisi l'ironie en endossant avec humour son statut de "doyen des fumiers".