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1 juin 2025
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LE DIALOGUE NE DOIT PAS SE LIMITER AUX FORCES POLITIQUES
Invité de l’émission Jury du Dimanche, Daouda Tall, président du mouvement Idées Sénégal, a plaidé pour un dialogue national inclusif. Selon lui, les échanges sur l’avenir du pays doivent intégrer l’ensemble des forces vives de la nation
Invité de l’émission Jury du Dimanche sur iRadio et iTV, le consultant international et président du mouvement Idées Sénégal, Daouda Tall, a livré une analyse approfondie de l’état de la gouvernance publique au Sénégal. Au cœur de son intervention : la reddition des comptes, le dialogue national et la vision Sénégal 2050.
Pour Daouda Tall, la reddition des comptes est un pilier fondamental de la transparence dans le système judiciaire. « Lorsqu’on vous confie des deniers publics, vous devez rendre compte. Il ne s’agit pas seulement de présenter des chiffres et d’obtenir un quitus : il faut aller jusqu’à l’évaluation des politiques publiques mises en œuvre », a-t-il affirmé. Il a également insisté sur la nécessité que cette reddition se fasse dans le respect des principes de justice, soulignant que celle-ci doit être à la fois indépendante et impartiale.
S’exprimant sur le Dialogue national, le président d’Idées Sénégal en salue l’initiative mais en propose une relecture critique. Il estime que ce cadre de concertation devrait être plus inclusif et ouvert à l’ensemble des acteurs du développement national. « Le dialogue ne doit pas se limiter aux forces politiques. Il faut impliquer les entrepreneurs, les citoyens, tous ceux qui contribuent au progrès du pays », a-t-il déclaré, en rappelant que le véritable sens de la politique réside dans l’amélioration des conditions de vie des populations.
Sur le plan des perspectives, Daouda Tall s’est montré favorable à la démarche du gouvernement concernant la vision Sénégal 2050. Il la considère comme un référentiel ambitieux qui pourrait impulser une dynamique durable, à condition qu’elle soit partagée et portée par les citoyens. « Il ne suffit pas de projeter le pays vers l’avenir. Il faut que les Sénégalais s’approprient cette vision. C’est cette adhésion qui fera la différence », a-t-il estimé.
Enfin, il a appelé à renforcer l’anticipation stratégique pour faire face aux enjeux futurs du pays, insistant sur la nécessité de penser le développement dans une logique de long terme, au-delà des urgences politiques du moment.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
SABARU JINNE, LES TAM-TAMS DU DIABLE OU L’EXPRESSION D’UNE LITTÉRATURE CINÉMATOGRAPHIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ni roman traditionnel, ni conte, ni théâtre, mais un peu tout cela à la fois. L'oeuvre de Pape Samba Kane révolutionne les codes narratifs avec un récit polymorphe qui mélange les genres et réinvente l'art de raconter une histoire
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Le roman tel qu’on le définit, comme une œuvre littéraire en prose d’une certaine longueur mêlant le réel et l’imaginaire, se différencie du conte par l’absence du merveilleux, le souci de vraisemblance et une forme plus développée, de l’autobiographie par le côté fictif qu’il présente, de la poésie par sa forme en prose et du théâtre par le fait qu’il ne soit pas destiné à être mis en scène. Pourtant, il existe des romans qui peuvent s’emparer de tous ces rythmes narratifs pour former un récit composite qui autorise une grande liberté.
C'est le cas du roman polymorphe Sabaru Jinne de Pape Samba Kane. En effet, dès le début du récit, on ne sait pas très bien à quelle configuration on a affaire. Est-ce un récit philosophique, un récit autobiographique, un récit initiatique ou des confessions intimes ? Est-ce du roman, un conte merveilleux, du théâtre ou du cinéma ? En réalité, c’est un peu tout cela à la fois.
Dès la mise en place de la structure narrative, il y a une mise en abyme car celui qui lit - après plusieurs années, les feuillets épars rangés dans une malle en bois - est le narrateur mais aussi celui qui a écrit ces fragments dispersés. Cette distanciation permet au lecteur/narrateur d’occuper l’espace séquentiel du récit, ou plutôt des récits.
Avec le recul nécessaire et une bonne dose d’humour, le narrateur met à nu les affres de la création, la dureté d’écrire, la difficulté de raconter. Autre problématique, le moment où le narrateur se pose la question de qui il est : un philosophe, un rêveur, un amuseur ou un joueur de flûtes ? Toutes ces questions qui peuvent habiter l’écrivain jusqu’à exposer le trouble.
Rêveries sur le réel : Traité de philosophie poétique d’un fou sophiste est le titre de ces lambeaux de textes abandonnés dans une malle, elle-même cachée dans la poussière du temps. Ce titre est sans doute ce qui résume le mieux le livre lui-même, tout en faisant référence à tout un patrimoine littéraire entrecroisant les influences, la poésie, le roman épique et philosophique, l’autobiographie ou encore l’indéfinissable fantastique.
Le récit c’est aussi la culture du mot, de la grande littérature qui jaillit donnant des références multiples qui forment une sorte de tourbillon pour appréhender la fonction d’écrire, de témoigner du réel ou de bâtir, par la fiction, un univers métissé qui aussi compose une histoire.
Cette polymorphie narrative est une sorte de tableau social, politique et historique du Sénégal depuis les indépendances jusqu'aux désillusions des années 1990.
Comme une ouverture symphonique, c’est une valse qui se déploie entre l'enfance, les femmes, la politique, l’écriture au coeur de toute chose, les arts, le journalisme, un maelstrom qui traverse le cerveau du narrateur, comme un vent de folie littéraire, avec une fantaisie assumée et une grande liberté.
Massata, le narrateur, vit avec sa grand-mère dans le quartier de la Médina à Dakar. Maam Panda, qui est belle comme une étoile, arrive à la fin de son existence et le désenchantement de Massata se ravive. En exhumant ses propres écrits, il raconte, une fois à la troisième personne du singulier, comme s’il était un personnage indépendant de son être et parfois en confessant au “je” ses pensées les plus profondes. Ce mouvement narratif qui alterne entre le “moi”, l’être social et la conscience offre une certaine dimension polyphonique.
L’auteur fait également ouvertement référence à une construction cinématographique, procédant par flash back et par des images vives où des personnages emblématiques se disputent la lumière : Django, un errant pauvre, Jooni-Jooni, un photographe ambulant Toubab, le singe Buuba, véritable attraction du village qui incarne le double des humains, tout comme les artistes qui entrent en scène au fur et à mesure du récit.
Mais ici les lieux sont aussi des personnages à part entière, décrivant ainsi des réalités sociales, la douceur de Saint-Louis au moment de l’enfance où Massata est choyé, la Médina de Dakar, théâtre permanent de la vie. C’est ainsi que le récit décolle, l’enfance, l’initiation, l'émancipation par l’éducation des femmes, l’école coranique puis l’école française. Revenu à Dakar chez son grand-père Mame Thierno, Massata découvre le champ d’un autre village, celui de la concession à la Médina, où la famille agrandie vit ensemble, avec les apprentis Manjaku venus de Guinée-Bissau qui travaillent à la fabrique de Mame Thierno.
Après la libération de 1968, les expériences sont multiples, les cultures se côtoient dans une espèce de bouillonnement artistique. Le roman est aussi un véritable hommage aux artistes de la culture sénégalaise de cette époque.
Puis vient le temps des excès en tout genre, la fête, l'argent, l'alcool, la drogue, le chagrin amoureux, le tourbillon du sabar, le mystère des ombres, des rituels et des croyances, comme une sorte d’art impénétrable. Et la nostalgie d’un temps disparu pointe à l’horizon. La beauté de l’enfance et la flamboyante adolescence laissent place à la difficulté existentielle et à la ronde du changement, à la mutation d’un monde enfoui, seulement gravé sur les pages éparses d’un récit en fragments.
Mais juste avant que Massata ne pense qu’à rendre les pages de son histoire à la mer, le miracle se produit et Sabaru Jinne prend vie sous ses yeux. Il est le récit qui se joue comme un spectacle où l'épaisseur des personnages se fabrique, où l'imaginaire rencontre le réel et où le culturel résonne avec le son des tam-tams. Dans un final éblouissant de vérité et de confrontation spirituelle, Massata, incarnant son propre rôle, déploie l’art de l’histoire, du conte, du merveilleux, de la parole et des rituels symboliques.
Ainsi, le roman de Pape Samba Kane s’apparente à un long plan séquence où tous les mouvements littéraires se rencontrent afin de construire un univers singulier où la stylistique du roman est déconstruite pour mieux s’approprier, avec adresse, la complexité narrative de la littérature africaine. Sabaru Jinne, un récit au titre évocateur et saillant, est un grand roman qui réinvente, avec talent, l’art démultiplié de raconter une histoire.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Sabaru Jinne, les tam-tams du diable, roman, les éditions Feu de brousse, 2015.
L'histoire des dialogues politiques sénégalais révèle un paradoxe. Si les premières concertations de 1992 ont permis l'alternance de 2000, les forums républicains semblent depuis avoir perdu leur capacité à produire de réels consensus démocratiques
Depuis 1992, l’État a initié une série de dialogues politiques avec l’opposition, la société civile et les forces vives de la Nation. Aux yeux d’une grande partie de l’opinion, ces forums républicains ont plus servi à faire avancer le calendrier politique du régime en place que d’obtenir de réelles avancées sur le plan démocratique.
Le dialogue a toujours été une panacée pour les différents régimes qui se sont succédé au pouvoir au Sénégal. À la suite des troubles post-électoraux de 1988, le Président Abdou Diouf décide de mener des concertations dans le but d’apaiser le climat politique. Ainsi, à la fin de l’année 1991, le Parti socialiste (Ps), au pouvoir, et une dizaine de partis de l’opposition (Pds, Ld/Mpt, Cdp/Garab Gui, Aj/Pads…) décident la mise en place d’une Commission cellulaire chargée de la réforme du Code électoral. Dirigée par le juge Kéba Mbaye, elle a permis d’obtenir de grandes avancées dans le fonctionnement du système électoral sénégalais.
Il s’agit d’une quinzaine de réformes, dont l’identification obligatoire de l’électeur avec sa carte d’identité ; l’abaissement de la majorité électorale de 21 à 18 ans ; le passage obligatoire à l’isoloir ; l’utilisation de l’encre indélébile ; la limitation des mandats à deux ; la présence de représentants des candidats dans les bureaux de vote ; la présence d’un représentant des partis dans la Commission de distribution des cartes d’électeur ; le découplage de l’élection présidentielle et des élections législatives, etc. Par ailleurs, d’autres mesures, telles que l’élection présidentielle à deux tours si aucun des candidats n’a la majorité absolue au premier tour, ont été aussi actées à l’issue des échanges.
L’héritage du Code Kéba Mbaye
L’Assemblée nationale, à travers le vote de la loi n° 92-16 du 7 février 1992 portant Code électoral modifié, va ainsi figer dans le marbre les nouveaux articles du Code électoral qui vont conduire à la première alternance politique en 2000. Ce Code consensuel est aussi connu sous le nom de « Code Kéba Mbaye ». Commission nationale de réformes des institutions (Cnri) Pour sa part, la Commission nationale de réforme des institutions, alors dirigée par l’ancien directeur général de l’Unesco Amadou Mahtar Mbow, aujourd’hui disparu, a été instaurée par le décret n° 2013-730 du 28 mai 2013 ordonnant à la Cnri de mener la concertation nationale sur ladite réforme et de formuler des propositions visant à améliorer son fonctionnement. Cette Cnri est née des Assises nationales.
Ainsi, la Cnri, composée de personnalités, dont d’anciens hauts fonctionnaires, d’universitaires, de juristes, d’experts et de membres de la société civile, a émis un certain nombre de recommandations comme la réforme du régime politique avec un passage à un régime parlementaire rationalisé, la réorganisation des pouvoirs du président de la République de manière à contenir son pouvoir et une meilleure inclusion des langues nationales dans les processus de décisions institutionnelles. Concernant l’organisation des élections, la Cnri avait proposé la création d’une Autorité électorale indépendante ; l’inscription électorale locale obligatoire ; le respect strict du calendrier républicain ; la révision du Code électoral via consensus, etc.
Les recommandations de la CNRI restées lettre morte
La Cnri remettra son rapport, le 14 février 2014, au président Macky Sall qui, contrairement aux recommandations qu’elle a émises, va opter pour le maintien d’un système présidentiel fort qui va aboutir à la suppression du poste de Premier ministre en 2020. Selon beaucoup d’observateurs, le dialogue sous Macky Sall apparaît comme une vitrine communicationnelle pour son régime dans l’optique de favoriser des mesures politiques comme la loi sur le parrainage, l’ouverture de la majorité présidentielle… Dialogue post-référendum de 2016, absence de consensus Ainsi, les différents dialogues qui ont eu lieu depuis 2016 semblaient avoir pour but de régler des problèmes de candidatures plutôt que des avancées démocratiques. Concernant la première édition du Dialogue tenue en 2016 et mise en œuvre deux mois après le référendum constitutionnel du 20 mars 2016, les revendications de l’opposition concernant l’arrêt Ousmane Ngom (interdiction de manifester dans certaines zones de Dakar), la révision du fichier électoral et le statut de l’opposition n’ont pas été validées à l’issue des discussions. Ce, faute de consensus. Un autre Dialogue a été lancé en 2017 sans qu’aucune avancée majeure ne soit notée. Ce manque de confiance a été exacerbé, en 2018, par le vote de la loi sur le parrainage malgré le rejet de l’opposition.
Cette démarche a accentué la méfiance des organisations de la société civile et des partis politiques de l’opposition sur la pertinence de ces concertations. Le Dialogue initié en 2019, après la présidentielle, fut confié à Famara Ibrahima Sagna, ancien ministre de l’Économie et des Finances sous Abdou Diouf. Il fut alors nommé président du Comité de pilotage du Dialogue national. Cette rencontre avait pour but, selon plusieurs spécialistes, de servir de prétexte pour « cautionner » l’ouverture politique vers les anciens libéraux (Modou Diagne Fada, Idrissa Seck et Oumar Sarr) et le mouvement « Osez l’avenir » d’Aïssata Tall Sall en novembre 2020. Toutefois, d’après Moundiaye Cissé de l’Ong 3D, le bilan de ce dialogue n’est pas aussi négatif. « Les précédents dialogues nous ont permis d’avancer sur certains nombres d’acquis, tels que l’élection du maire au suffrage universel direct et la revue du parrainage, le montant de la caution et la suppression du parrainage aux locales. Chaque dialogue a son lot de résultats », affirme-t-il.
Modification du Code pour écarter Karim Wade et Khalifa Sall
En 2020, les principaux points de discorde entre l’opposition et la majorité restent inchangés. La suppression du parrainage, réclamée par une partie de l’opposition, l’instauration du bulletin unique et la création d’une haute autorité chargée de l’organisation des élections demeurent toujours des points de discorde entre le pouvoir et l’opposition. En outre, l’opposition dénonçait la modification du Code électoral qui impose aux candidats de jouir de leurs droits civiques pour figurer sur les listes électorales et être candidats à l’élection. Une disposition perçue comme un moyen d’écarter les candidats Karim Wade et Khalifa Sall de la présidentielle de 2019.
Dialogue de 2023, processus d’isolation d’Ousmane Sonko
Le Dialogue de juin 2023 a connu quelques avancées à l’instar de l’abaissement de la fourchette du nombre de parrains entre 0,6 % à 0,8 % du fichier électoral, soit entre 44 231 et 58 975 signatures, ou la possibilité d’avoir le parrainage des députés et des élus territoriaux. Toutefois, il est finalement apparu aux yeux de beaucoup d’observateurs comme une opération visant à réhabiliter Karim Wade et Khalifa Sall dans leurs droits civiques et politiques. Ainsi, à la suite de ces concertations, l’Assemblée nationale va acter la modification des articles L28 et L29 du Code électoral, lesquels rétablissent dans leurs droits ces deux leaders politiques qui ont bénéficié d’une grâce présidentielle tout en ayant déjà purgé leur peine. Ces derniers qui avaient fait l’objet de condamnations avant d’être graciés par Macky Sall étaient désormais éligibles à la présidentielle de mars 2024. Ousmane Sonko (Pastef) qui avait décliné l’invitation au Dialogue national a été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse et à six mois avec sursis pour diffamation. Ces peines vont pousser le Conseil constitutionnel à invalider sa candidature pour la présidentielle de 2024.
Le Dialogue de février 2024, l’échec du report de l’élection
Le dernier Dialogue national a été convoqué le 26 février 2024 après le report surprise du scrutin du 3 février 2024, à quelques heures du démarrage de la campagne officielle. Au terme des travaux de deux jours, la date du 2 juin 2024 a été proposée pour la tenue de la présidentielle par les participants. En outre, le président sortant, Macky Sall, dont le mandat s’achevait le 3 avril 2025, a été autorisé par le Dialogue à rester en poste jusqu’à l’installation de son successeur.
Les conclusions des concertations prévoyaient aussi le maintien de la liste des 19 candidats déjà retenus par le Conseil constitutionnel, le réexamen complet des dossiers de candidatures, avec la vérification de l’exclusivité de la nationalité sénégalaise, et le projet de loi d’amnistie introduit pour son adoption à l’Assemblée nationale dès le jeudi 29 février 2024. Toutefois, les conclusions du Dialogue seront invalidées, le 15 février, par le Conseil constitutionnel qui va annuler le décret d’abrogation du décret convoquant le corps électoral et le report de la présidentielle adoptée par l’Assemblée nationale le 5 février. Ainsi, Macky Sall sera forcé de tenir les élections dans les « meilleurs délais » avant la fin de son mandat, le 3 avril 2024, permettant ainsi la tenue de la présidentielle le 24 mars 2024.
AUGUSTIN SENGHOR ENTRETIENT LE FLOU
Le président de la FSF a célébré les succès de son mandat tout en refusant de lever le voile sur ses intentions pour l'élection du 2 août 2025, laissant planer le doute sur une cinquième candidature
Augustin Senghor a fait le bilan de son 4ème mandat à la tête de la Fédération sénégalaise de football (2021-2025) ce samedi lors de l’Assemblée générale ordinaire. L’occasion pour lui de parler de ses faits d’arme mais aussi d’évoquer une prochaine candidature…
Ce samedi, c’était l’heure du bilan pour Augustin Senghor. Le dirigeant, qui a été réélu en 2021 pour un 4ème mandat de 5 ans, verra celui-ci prendre bientôt fin. Et en regardant dans le rétroviseur, le dirigeant se dit satisfait puisque durant cette période, les différentes équipes nationales ont effectué une belle moisson de titres : CAN 2021, CHAN 2023, CAN U20, CAN U17, CAN de Beach Soccer…
« C’était un mandat exceptionnel dans l’histoire du football Sénégalais. C’est le mandat qui a permis au Sénégal de gagner un premier trophée continental avec l’équipe A mais aussi avec toutes les catégories. Tous les ligues ont maintenant dans chaque département des clubs en compétition (…) Plus que jamais le football sénégalais a besoin de moyens pour rester sur le plateau de performance sur lequel il s’est installé depuis quelques années », a-t-il soutenu.
Augustin Senghor a ensuite été questionné sur une éventuelle candidature pour un 5ème mandat. Mais il a préféré maintenir le flou. « Je reste un passionné du football tout comme Abdoulaye Seydou Sow. Ce serait une erreur de penser que le Football peut se penser des compétences et des expériences de certains. Laissons les choses se faire. Ceux qui ont envie de se présenter le feront et ceux qui n’ont pas envie de se présenter ne se présenteront pas. C’est ça la règle du jeu démocratique … ». Il faudra donc attendre pour avoir une réponse définitive alors que l’Assemblée générale élective aura lieu le 2 aout 2025.
UNE CHAIRE ALINE SITOÉ DIATTA DANS LES UNIVERSITÉS
Le recteur de l'université de Ziguinchor propose d'ériger une chaire académique en l'honneur de cette prêtresse devenue symbole de la résistance pacifique contre le colonialisme français
Le recteur de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz), le Pr Alassane Diédhiou, a plaidé, jeudi dernier, en faveur d’une chaire Aline Sitoé Diatta, dans les universités sénégalaises. C’était à l’occasion d’un colloque tenu à Ziguinchor sur cette héroïne de la résistance coloniale en Casamance.
L’Université Assane Seck de Ziguinchor a abrité, jeudi dernier, un symposium commémoratif à l’occasion des 80 ans de la disparition d’Aline Sitoé Diatta, l’héroïne du « Kassa ». À cette occasion, le recteur de l’institution, le Pr Alassane Diédhiou, a lancé un appel fort : ériger une chaire universitaire à son nom et intégrer des modules spécifiques sur son parcours dans les cursus d’histoire, de sociologie, d’anthropologie et d’études postcoloniales. « Aline Sitoé Diatta est l’un des symboles les plus puissants de la résistance populaire contre le système colonial français », a affirmé le Pr Diédhiou.
Selon lui, cette figure centrale dans l’histoire coloniale de la Casamance incarne un croisement unique entre engagement spirituel, résistance politique et émancipation féminine. Dans un plaidoyer appuyé, et face à une assistance composée essentiellement d’universitaires et d’étudiants, Alassane Diédhiou a rappelé le rôle fondamental des institutions universitaires dans la déconstruction des narrations dominantes. Sur ce point précis, il les invite à « faire émerger des voix longtemps marginalisées ». Le Pr Diédhiou estime que les chercheurs ont la responsabilité de revisiter des figures comme Aline Sitoé Diatta, afin de nourrir un savoir critique enraciné dans les réalités africaines. Militante charismatique, Aline Sitoé Diatta s’est opposée aux réquisitions coloniales et prônait un retour aux pratiques agricoles traditionnelles, tout en incarnant une forte dimension spirituelle.
Ce positionnement original, alliant foi, terre et culture, confère à sa lutte un caractère profondément pacifique, loin des résistances armées, mais non moins déterminé. « Elle portait une critique implicite de l’aliénation coloniale et appelait à une réhabilitation de l’identité casamançaise », a expliqué M. Diédhiou. Née en 1920 à Kabrousse, dans le département d’Oussouye, Aline Sitoé Diatta fut perçue comme une prêtresse et une guide spirituelle dans son village. Sa popularité et son influence lui ont valu l’hostilité des autorités coloniales françaises. Arrêtée, elle fut déportée à Tombouctou, au Mali, où elle mourut en 1944 à l’âge de 24 ans. En ravivant son nom, le recteur invite les universités sénégalaises à reconnaître l’importance des savoirs endogènes, des luttes féminines et de la mémoire africaine dans la construction d’un avenir plus équitable.
UNE PROPOSITION DE LOI ANTI-HOMOSEXUALITÉ EN GESTATION
Le ministre Amadou Moustapha Ndieck Sarré a annoncé que le texte de loi, fruit d'une collaboration entre Pastef et des collectifs conservateurs, sera bientôt soumis au vote parlementaire
Le ministre porte-parole du gouvernement, Amadou Moustapha Ndieck Sarré, a annoncé l’imminence du dépôt d’une proposition de loi visant la criminalisation de l’homosexualité au Sénégal.
Cette déclaration a été faite lors de son passage dans l’émission « Nay Leer » sur la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts).
« La majorité des Sénégalais rejette l’homosexualité, et nous partageons cette position », a affirmé le ministre. Il a précisé que des discussions sont déjà en cours entre le groupe parlementaire de Pastef et le collectif conservateur And Saam Jikko yi, porteur du texte de loi.
« Le collectif a été reçu par les députés de Pastef. Ils ont discuté de la proposition de loi. Il ne reste plus qu’à rédiger le texte et à le soumettre au vote de l’Assemblée nationale », a-t-il expliqué.
M. Sarré a également tenu à rappeler la souveraineté du Sénégal en matière de législation sociale.
« Ni le président de la République ni le Premier ministre ne cèdent à aucune influence. Notre culture rejette l’homosexualité, et nous y sommes fermement opposés », a-t-il déclaré.
Cette sortie du ministre de la Formation professionnelle intervient au lendemain d’une manifestation organisée par le collectif Rappel à l’ordre, qui appelle à une loi plus stricte en matière de mœurs, en accord avec les croyances et les traditions sénégalaises.
UNE DÉBÂCLE QUI COÛTE CHER
L'élimination précoce des Lions du Sénégal en huitièmes de finale de la CAN 2024 en Côte d'Ivoire a lourdement pesé sur les finances de la Fédération sénégalaise de football. La trésorerie a chuté de plus de 2 milliards de francs CFA en un an
L’élimination précoce des Lions en 8es de finales de la Can-2023, organisée en 2024 en Côte d’Ivoire, a entrainé la baisse du chiffre d’affaires de la Fédération sénégalaise de football (FSF), selon le rapport financier de l’instance faitière pour l’année 2024.
En perspective de l’Assemblée générale ordinaire du 24 mai prochain, la Fédération sénégalaise de football (FSF) a publié ses rapports d’activités et financiers pour l’exercice 2024. À la date du 31 décembre 2024, marquant la fin de l’exécution budgétaire de l’année dernière, la caisse de la fédération a enregistré un solde de trésorerie de 1,817 milliard de francs CFA. Ce résultat laisse apparaitre une situation financière à la baisse par rapport à la fin de l’année 2023 où le solde de trésorerie était de 4,213 milliards.
Selon le rapport, cet écart s’explique par l’échec des Lions dans la défense de leur titre à la Can-2023 en Côte d’Ivoire. ‘’La variation négative de la trésorerie de 2 395 874 945 F CFA est due essentiellement à l’élimination précoce de l’équipe nationale A masculine à la Can Côte d’Ivoire-2024’’.
La bande à Sadio Mané a perdu en huitièmes de finale face aux Éléphants de la Côte d’Ivoire à l’issue de la séance des tirs au but (1-1, 4 tab 5), le 29 janvier 2024 au stade Charles Konan Banny de Yamoussoukro. Le bourreau des champions d’Afrique sortants avait remporté le trophée en s’imposant en finale contre le Nigeria (2-1). Ainsi, la baisse des créances de la fédération en ce qui concerne les prize money à recevoir de la Caf illustre ce manque à gagner. Si en 2023, l’instance dirigeante du football sénégalais a enregistré plus de 11 milliards de francs CFA en termes de créances relatives au prize money à recevoir de Caf Can 2025, la créance UFOA et la créance sur le ministère des Sports, celles-ci s’élèvent à seulement 1,169 milliard de francs CFA en 2024.
Cette déroute des Lions a aussi impacté sur le chiffre d’affaires de la FSF, qui a connu une baisse de 2,853 milliards de francs CFA. Il est estimé à 2,593 milliards de francs CFA en 2024 contre 5,446 milliards en 2023.
Le retard noté dans les travaux de reconstruction du stade Demba Diop a eu des conséquences sur les subventions reçues par la FSF, notamment de la part de l’État. ‘’La non-réception de la deuxième phase du stade Demba Diop et la suppression du tournoi HCCT entrainent une diminution des subventions reçues’’, a indiqué le rapport.
Lancée en mars 2023, l’exécution des travaux de reconstruction du stade, dont la fin était prévue pour juin 2025, a connu un retard. Lors d’une visite effectuée en avril dernier, le président de la FSF, Augustin Senghor, a déploré des retards accusés par les entreprises chargées du projet.
Les dépenses effectuées dans le cadre de l’exercice 2024 ont connu une baisse de plus de 603 millions de francs CFA, soit -18,02 % par rapport à 2023 où 3,346 milliards de francs CFA ont été décaissés contre 2,742 milliards de francs CFA, l’année dernière. Plus de 1,951 milliard de francs CFA a été consacré aux compétitions internationales, soit une baisse de 3,17 % (-63,931 millions de francs CFA) par rapport à 2023 où plus de 2 milliards de francs CFA ont été dépensés.
Détection des talents
La détection et la formation des jeunes talents étant un point focal de la mission de la Fédération sénégalaise de football, sa Direction technique nationale (DTN) a déroulé, en 2024, deux projets de détection pour les U13 et U15, dans le cadre du programme de détection des talents de la Fifa. En vue des JOJ 2026, la Fifa avait financé les activités de détection de la FSF pour la mise sur pied des équipes nationales de futsal en garçons et filles. ‘’En 2024, elle a encore financé nos compétitions nationales de futsal qui se sont tenues à la place de la Nation, qui a provoqué un réel engagement avec 12 équipes de filles et 12 équipes de garçons. On prit part à ce championnat les sélections nationales en garçons et filles. Pendant un mois, des compétitions ont eu lieu en cinq journées non-stop avec 10 matches par journée, ce qui fait 50 matches à la fin’’, a informé le rapport.
PAR ODOME ANGONE
CE QU’ÊTRE VILLAGEOIS(E) POUR MOI VEUT DIRE
Je m’appelle Odome Angone, je suis une villageoise née en pays fang, ngone Yendone, mone-ngone Essa-nvak, devenue universitaire, citoyenne gabonaise de nationalité espagnole, et ce n’est pas incompatible.
Je suis une villageoise née en pays fang, devenue universitaire (pour faire face à l’extractivisme cognitif), citoyenne gabonaise de nationalité espagnole.
Rembobinons :
Hier soir, pendant un moment d’échanges avec des collègues venus à Dakar pour notre école d’été décoloniale SIRA2, une conversation m’a poussé à décliner ma trajectoire personnelle, notamment la notion d’appartenance telle que je la vis et la pratique au quotidien.
Je dis souvent que je suis une villageoise en incursion à l’université. Je suis devenue enseignante-chercheuse pour plusieurs raisons :
- Par devoir de loyauté et dette communautaire pour honorer la lignée de femmes grâce à qui je dois le souffle. Je suis la 1ere femme de ma lignée de femmes à avoir brisé le plafond de verre des études universitaires, et pour rendre hommage à ma mère, à mes grands-mères, à mes aïeules, j’ai décidé d’aller jusqu’au bout.
- Maitriser mon propre narratif avec des outils endogènes
- En finir avec le faux complexe d’infériorité face à l’Occident et l’héritage colonial des diplômes universitaires
- Transmettre à la génération de ma fille et de mes nièces un capital social et culturel qui leur permettra de maitriser les codes pernicieux d’un monde élitiste et snobinard…
Je résiste aux secousses du sexisme, du racisme et du paternalisme à l’université pour faire bouger les lignes.
Etre une femme africaine universitaire peut sembler insignifiant pour ceux qui ignorent tout des plafonds de verre qui parsèment notre chemin.
Etre une femme africaine universitaire c’est devoir apprendre à recevoir des coups bas tout en ayant les outils intellectuels pour relativiser, anticiper, réagir de façon subtile sans baisser les bras.
Je résiste dans ce métier, parce qu’il me donne une illusion de liberté. L’on peut y gravir des échelons sans le quitus d’un quidam ; se déployer aux quatre coins de la planète grâce à l’usage à bon escient de sa matière grise. Cela me permet de résister et de me réinventer. Le réseau que l’on y tisse dépend de la créativité de soi.
LES BINATIONAUX, CES APATRIDES À GÉOMÉTRIE VARIABLE
Hors du portail de l’université, je me présente très souvent aussi comme une citoyenne gabonaise de nationalité espagnole. Je suis devenue espagnole littéralement sur « concours de circonstance ». J’utilise le terme « concours » parce que les formalités qui entourent le processus de naturalisation sont dignes d’un parcours herculéen fait d’examens (tests de langue et de culture générale) et de bureaucratie qui écrasent les corps de ceux qui en font la démarche.
Lorsque je dis que je suis citoyenne gabonaise, je reconnais un lien ombilical auquel je ne peux pas me soustraire, que nul ne peut me contester sauf à être de mauvaise foi.
Lorsque je dis que je suis citoyenne gabonaise, je fais référence à un territoire politique où sont enterrés mes ancêtres, mon placenta, lieu d’où je peux remonter mon arbre généalogique, là où je peux avoir l’illusion de vociférer sans que l’on ne s’avise à me dire : « rentre chez toi ! », là où je peux interpeller d’aucuns sans fléchir, là où je peux exiger au nom d’un droit du sol acquis par les hasards de l’histoire coloniale (oui, je reste très critique vis-à-vis du nationalisme et de l’intangibilité des frontières africaines).
Par-dessus-tout, je me réclame villageoise par conviction. Si je le pouvais, je vivrai littéralement au village. Un jour…
Le village, mon village, est le seul endroit au monde où je ne joue aucun rôle. Où je ne cherche pas à vernir mes rapports sociaux par peur de ne pas vexer ou de déplaire.
Au village, je vis sans m’encombrer du jeu des étiquettes et du paradigme des hiérarchies.
Au village, je peux me lever le matin, avec ma pâte d’arachide et mon manioc en main sans façon, peu m’importe.
Au village, je suis face à mon miroir intérieur, dans le pays de mon enfance.
Au village, personne ne sait vraiment ce qu’être enseignant-chercheur veut dire. Or c’est précisément aussi au village que je vais puiser la matière première de mes travaux, là où mon regard sur la science s’en trouve renouveler.
Au village, nul ne me demandera « d’où viens-tu ? ». Bien au contraire, c’est au village que je me reconnecte à l’essentiel, en guise d’autocritique et d’introspection continue.
C’est au village que je retrouve le sens véritable de la vie, où je me reconnecte à la base (dans tous les sens du terme).
Au village, je parle enfin la langue de mes entrailles, le fang. En fang, je n’ai plus besoin de traduire mes émotions par des « à peu-près linguistiques » dans une autre langue que je ne maitrise jamais assez.
Le fang est une langue très très riche. Pour une seule action on peut avoir un trésor d’expressions qui décrivent de façon poétique ce que l’on veut concrètement dire.
Le fang est aussi une langue qui s’adapte aux exigences de la dite « modernité ».
Le fang est une langue qui me permet de comprendre que l’éloquence est une rhétorique du quotidien.
Le fang est la langue qui me permet de faire lien social, de briser des frontières, d’embrasser divers modes de vie, de jouer avec les mots, de comprendre le sens consubstantiel de ce que la confiance en soi veut dire. C’est pourquoi j’ai besoin d’aller au village, pour me requinquer, pour ne pas perdre pied, pour affronter les tempêtes, pour faire face. Aller au village pour moi relève d’une démarche thérapeutique qui très souvent porte des fruits.
Parce qu’il n’y a pas d’arbre sans racines, point d’appartenance sans ancrage, être fang est pour moi un état d’esprit, un mindset qui me montre la voie.
Le Mvet-oyeng est le 1er outil de développement personnel en pays fang. Il rappelle aux membres de la communauté que nous sommes issus d’une longue lignée de héros et de héroïnes n’ayant jamais baissé les bras face à l’adversité. La théorie de l’immortalité qui s’y dégage souligne la règle des dualités qui se complètent, s’affrontent quelque fois pour se recréer. Les combats dans le Mvet disent que la contradiction est vitale, elle nous évite de nous complaire dans l’indolence de l’inertie et le piège des prêts à penser.
Je m’appelle Odome Angone, je suis une villageoise née en pays fang, ngone Yendone, mone-ngone Essa-nvak, devenue universitaire, citoyenne gabonaise de nationalité espagnole, et ce n’est pas incompatible.
PAR Mouhamadou Moustapha Dieye
UN MAL D’ACTU !
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce syndrome impose à l'actualité les stars du moment : le PJF, la Haute cour, Nguer Legréviste et Azoura Ladémence. Pendant ce temps, Goorgoorlu se demande comment il pourra passer la Tabaski vivant
Si vous faites partie du lot de Goorgoorlu qui a l’impression que quelque chose cloche dans l’actualité de Ndoumbélane, ne vous inquiétez pas. Vous êtes encore récupérables. Vous avez ce qu’on appelle le syndrome du mal d’actu. Il est causé par les très résistants parasites de la reddition des comptes et des injures publiques. Lorsque qu’ils vous attaquent, ils éradiquent systématiquement toute information susceptible de vous occuper et vous imposent les stars du moment : le parquet judiciaire financier, la Haute cour de justice, Nguer Legréviste et Azoura Ladémence.
La législature Pastef a voulu taper l’incruste avec son jouet préféré, l’amnistie, mais il semblerait qu’elle se soit découverte une sorte de timidité depuis que les Sages lui ont crié dessus. À préciser que cette timidité ne concerne pas les rutilantes Quatre-Quatre qu’il leur faut conduire pour ne pas émouvoir davantage El Malick du perchoir qui en a marre de les voir débarquer en Jakarta. On en était où ? Ah oui, le mal d’actu !
Souffrir du mal d’actu ne signifie pas forcément qu’il manque de diversité dans l’actualité. Cela veut simplement dire que la diversité est restreinte à des sujets qui se répètent et qui, très souvent, n’expliquent pas à Goorgoorlu comment il réussira à passer la Tabaski vivant, avec des femmes et des enfants dont les exigences ne tiennent pas forcément compte de la maigreur de son portefeuille. D’ailleurs, il doit bien se demander pourquoi on tient tant à lui parler des déboires judiciaires d’un individu réputé dément que l’on a décidé de ne plus poursuivre et d’un chroniqueur trop emmerdant pour continuer de discourir sur son ‘‘ami’’, Koor o maag. Heureusement qu’Izo le tailleur est là pour offrir de la nouveauté, lui qui a gracieusement accepté un bracelet électronique après avoir diplomatiquement refusé des sous d’un entrepreneur manifestement trop entreprenant.
Curieusement, on ne parle curieusement plus de justice pour les victimes depuis la décision des Sages. La posture de la législature Pastef se comprend un peu. Si elle n'arrive pas à prouver que des crimes au sens du droit international ont eu lieu au Sénégal entre 2021 et 2024 comme elle l'a déclaré urbi et orbi avec le fameux Blanc and co et qu'au final il n'en est rien, ça voudrait dire qu'ils ont sciemment donné une info corrompue à l'opinion publique sénégalaise pour des motivations politiques. Mais la contrevérité comme arme politique passerait mieux qu’une démonstration d’inculture à l’échelle nationale et internationale de la part du parti aux 4000 cadres, n’est-ce pas ? Ndoumbélane tranchera.
Dans ce mal d’actu persistant, il semble y avoir du nouveau qui peut au moins occuper autrement : Anta a quitté le FDR, peut-être aspire-t-elle à être un nouveau type de "résidu d'opposant", le temps nous le dira. En attendant, Barth le flingueur qui a gardé un silence trop long pour ne pas être suspect, est sorti du bois, un Sénégal 2029 en bandoulière. De toute façon, l’heure est au dialogue sur le système politique. Le président veut discuter. Koor o Maag, lui, trouve qu’il n’y a pas un problème de système. L’accession de son patron à la magistrature suprême semble lui donner raison, mais il ne faut pas le lui dire. Quand on risque d’avoir un premier ministre super fort, il ne faut surtout pas lui donner l’impression qu’il peut se tailler une ligne éditoriale différente de celle du président. Ce serait une hérésie communicationnelle à un niveau institutionnel.
EXCLUSIF SENEPLUS - Je me demande comment mon prédécesseur a pu dépenser les 1000 milliards de francs CFA que le pays dans l’unisson avait amassés pour lutter contre le Covid-19. Connaissait-il la notion d’Etat ?
Rupture systémique, que sais-je encore ? Ce mot, en est-il un attrape-tout, je ne puis le dire. En tous les cas, ce que je sais, c’est que le Sénégal marche sur des braises encore incandescentes enfouies dans le macadam des manifestations politiques réprimées dans le sang. Peuple pétri de dignité et de bravoure. Allez demander à mon prédécesseur la nature de ce peuple qui lui a tenu tête, lui, ses sbires, ses nervis et son clan.
En ce moment, je n’aimerais pas voir Macky Sall et même en fresque. Sachant ce qu’il fait en sourdine, je le laisse vaquer à ses obscures activités. Il se dit qu’il est devenu un sinistre personnage de lobbying intense. Me faire trébucher était son plan ourdi dès qu’il a quitté le pouvoir et s’est engouffré dans l’avion présidentiel que je lui avais prêté. A sa place, je me chercherais une brochette d’avocats parce que son sort risque d’être scellé et sous peu. Son clan est sur la sellette de dame Justice. L’œil du cyclone. Justice sera rendue tôt ou tard, mais pourvu qu’elle hâte le pas, qu’elle soit empreinte de célérité et qu’elle soit rendue au nom du peuple.
Trop de larmes, trop de sang, trop de haine et trop de rancœurs ont pavé son règne. Alors que le Sénégalais, cet être si spécial et si gentil en est un sans haine et ni violence. Je ne dis pas tout parce ce qu’on m’accuserait de sorcellerie. Mais à l’homosenegalensis, il lui faut son ccééb et son ataya pour se conformer dans la normalité culturelle. Nous ne connaissons pas la violence.
Demandez cela aux étrangers vivant parmi nous. Nous sommes loin de toute division, mais Macky Sall a installé ce pays dans la division. Sous son magistère, trop de désunions et la fibre sociale servant de lien entre ethnies allait rompre et fort heureusement que nous étions là et debout. Nous dansions près du précipice et le risque de nous y précipiter était là, un spectacle criard tel le soleil au zénith. Ma foi, je me demande comment mon prédécesseur a pu dépenser les 1000 milliards de francs CFA que le pays dans l’unisson avait amassés pour lutter contre le Covid-19. Question à brûle-pourpoint que continue de se poser l’ensemble des Sénégalais. Il se dit que la moisson fut belle et que le khalife de Touba avait même offert 200 millions de francs CFA.
Mon ami, mon frère, faiseur de roi, mon Premier ministre Ousmane Sonko, le farouche opposant d’alors avait sonné l’alerte. En fait, ce fut un véritable festin d’hyènes. Ce que semble dire un ministre d’alors du président Macky Sall, en l’occurrence Moustapha Diop, député et maire de la paisible ville du Ndiambour. Selon ce dernier, l’Etat ferait mieux de fouiller celles et ceux qui géraient des budgets de centaines de milliards. Pauvres de nous ! La gestion de Macky Sall, c’était « En veux-tu mon pote, en voilà ». La ripaille sur les deniers publics à outrance. Même la brave Mimi Touré, Premier ministre d’alors sous son magistère était tellement consternée et dépassée qu’elle en parle encore à travers journaux de presse, émissions de télévision et réseaux sociaux. Non ! Mon prédécesseur ne gérait pas un Etat. Connaissait-il la notion d’Etat ? En effet, il gérait un village. Même pas un village, il gérait une concession tribale. En fait, ce mot-bateau, les finances publiques me plongent dans un effroi terrible. Cette acception me fait peur et en même temps terriblement mal. Je ne peux imaginer la déliquescence de ce beau pays qui nous fait haleter de joie et de peine quand on en parle. Ma foi s’est cassée telle une pipe quand j’ai été au contact de la réalité. Réalité du pouvoir. Drue et humour caustique.
Mon Premier ministre, lui, s’y était déjà préparé. Brave et drapé d’un gentleman’s agreement sans faille. Quel homme ! Mon ami, le meilleur des Premiers ministres du Sénégal depuis les soleils des indépendances. Je sais qu’il ne dort plus du sommeil d’un juste depuis ce 24 mars 2024. Jour de gloire. Jour de renaissance. Jour de souveraineté du peuple. Le Sénégal, plongé dans l’obscurité naissante, retrouve le chemin tant chanté de l’espérance et de la transformation sociale. La reddition des comptes, promesse de campagne, est sur la bonne voie. La Cour des comptes est en branle.
En mon for intérieur, quand on gère les deniers publics, il faut savoir rendre compte. C’est cela un Etat qui se respecte et honore ses engagements vis-à-vis de son peuple. Le dessein et l’amour pour son peuple. Mes promesses de campagne tiennent la route. Quelques résidus de l’opposition disent le contraire. Moi Diomaye, je me cramponne fermement à mes paroles. Etre président de la République est un sacerdoce. Un destin. La noblesse de faire de la politique un art particulier mais autrement. Dans l’art de convaincre élégamment en ayant toujours raison et non de convaincre dans l’adversité et dans la haine. Jeu favori de mon prédécesseur. La Cour des comptes, le Pool judiciaire financier(PJF), la Haute Cour de justice(HCJ), la Division des investigations criminelles(DIC), bras armés de la justice sont en branle-bas de combat. Bon nombre d’anciens directeurs généraux(Dg), directeurs des affaires générales et de l’équipement(Dage) et ministres tombent et tomberont sous le couperet de la justice. L’opération Gokhi suit son cours. La normalité des affaires de la Cité. Une demande sociale forte.
En effet, le Sénégal per fas et nefas sera sur la voie de la rectitude morale. La raison de mon élection à la tête de ce pays. Qu’on ne m’aime ou qu’on ne m’aime pas, je suis élu pour remettre ce pays sur les rails d’une rupture systémique ; bonne gouvernance, transparence dans l’utilisation des deniers publics et transformation sociale pleine. Je n’ai pas hélas le choix et mon très brave Premier ministre en est très conscient. Je ne cesse de l’encenser devant une certaine presse abonnée au ‘’tok mouy dokh’’ et devant quelques reliques de cette opposition gangrenée par le manque d’idées voire absente et ayant passé les armes à un aréopage de chroniqueurs et d’intellectuels menteurs et nihilistes.
Que cela plaise ou non aux bailleurs de fonds, aux partenaires, je suis élu pour redresser ce pays déjà à terre. Recouvrer une pleine souveraineté est ma boussole. Ce qui fait avancer mon gouvernement et moi sur le chemin du développement. Même si tout n’est pas encore rose dans l’attelage gouvernemental, mais l’on avance doucement, sûrement mais fermement. L’on se redresse et rectifie le tir. Avoir Mimi Touré, El Amine Lo et Boubacar Camara à nos côtés, trois personnalités connaissant l’Etat profond ne peut être que bénéfique sous mon magistère. Et le Sénégal s’en porte très bien. Que grandes réalisations et infrastructures sortent de terre, cela peu nous chaut même si l’essentiel est ailleurs.
L’immatériel prévalant sur le matériel dans cette société de décadence où la culture du mensonge prend le dessus sur la vérité. En tous les cas, mon prédécesseur avait attendu plus de deux ans pour commencer à réaliser routes et infrastructures. Je comprends l’empressement de mes citoyens. Et mon gouvernement et moi nous attelons à la tâche gigantesque sur un chemin dantesque. Elle sera dure mais nous y arriverons inchallah. Et le peuple suivra. Rupture mémorielle. Rupture d’avec l’ancienne puissance coloniale, la France ayant perdu son aura en Afrique francophone. La rupture totale se fera à pas de velours mais elle se fera sûrement mais doucement. Un regard plus tourné vers l’Afrique. Le parti Pastef/Les patriotes soufflant un vent nouveau sur la démocratie africaine, tel est le dessein de ses membres et sympathisants. Recouvrer une pleine souveraineté alimentaire, recouvrer une pleine souveraineté industrielle, recouvrer une pleine souveraineté économique voire culturelle, recouvrer le plein emploi ; tels sont nos objectifs inscrits dans l’Agenda de transformation sociale à l’horizon 2050. Tenus à l’impossible, mon Premier ministre, mon gouvernement, mes conseillers et moi sommes condamnés à réussir et à remettre ce beau Sénégal sur les rails de la bonne gouvernance et quoi qu’en coûte le prix des sacrifices.
Je ne saurais terminer sans penser hélas à ce soldat de l’ombre de mon très cher Premier ministre, feu Pape Mignane Ndong, commandant et aide de camp, tombé sur le champ d’honneur. Requiescat in pace Mignane sérère. Amen.