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17 juillet 2025
SITEU AUTORISÉ À LUTTER CONTRE BALLA GAYE 2 LE 20 JUILLET
Le Tribunal Arbitral du Sport a suspendu provisoirement la sanction de deux ans infligée à Siteu par l’Organisation Régionale Antidopage Afrique Zone II & III.
Alors que son avenir sportif semblait compromis, Siteu vient de recevoir un véritable ballon d’oxygène. Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), saisi en urgence, a décidé de suspendre provisoirement la sanction de deux ans infligée au lutteur par l’Organisation Régionale Antidopage Afrique Zone II & III.
Conséquence directe : le combat explosif entre Siteu et Balla Gaye 2 est maintenu pour le 20 juillet, au grand soulagement des amateurs de lutte et des promoteurs.
La procédure ouverte par Siteu, représenté par l’avocat suisse Yvan Henzer, visait à contester la décision antidopage prononcée fin juin. Ce lundi, la Présidente de la Chambre arbitrale d’appel du TAS a donné raison au lutteur de Lansar, le rétablissant dans ses droits compétitifs en attendant le jugement sur le fond.
Dans sa décision, le TAS précise que « les effets de la décision rendue le 27 juin contre Moustapha Senghor sont provisoirement suspendus, ce dernier étant autorisé à participer aux compétitions de lutte jusqu’à droit connu sur le fond. »
L’annonce de la suspension avait jeté un froid sur l’arène nationale : les billets étaient déjà vendus, la promotion battait son plein, et l’enthousiasme du public atteignait des sommets. La crainte d’un report, voire d’une annulation du combat, avait enflammé les réseaux sociaux et provoqué une levée de boucliers dans le monde de la lutte.
Grâce à cette décision du TAS, le choc entre deux géants du sport sénégalais aura bien lieu ce week-end à l’Arène nationale. Un duel que beaucoup considèrent comme un tournant dans les carrières des deux champions.
ELIMANE KANE DÉNONCE LES "PROPOS INJURIEUX" DE SONKO
Le président de Legs Africa prône un débat démocratique sur le financement des ONG plutôt que des mesures unilatérales qu'il juge « scélérates »
Le président du think tank Leadership, éthique, gouvernance et stratégie pour l'Afrique (Legs Africa), Elimane Haby Kane, a analysé avec froideur et sans passion les propos du Premier ministre Ousmane Sonko sur la société civile.
À l'en croire, le débat sur le financement des ONG, notamment de la provenance extérieure de l'essentiel de ses ressources, précède l'arrivée du PASTEF au pouvoir. C'est pourquoi il propose d'aborder la question d'une manière démocratique et non par une loi scélérate et unilatérale.
Il a beau être d'avis avec le Premier ministre sur le financement de la société civile, Elimane Kane trouve que ses propos tenus, lors d'une réunion politique nationale du Pastef, sont « injurieux, excessifs et offensants ». « En osant injurier certains membres de la société civile, mais de qui parle-t-il (ndlr, Premier ministre) ? De quoi parle-t-il ? » s'interroge d'emblée le président de Legs Africa non sans ajouter : « Le Premier ministre nous a habitués à se tromper, se dédire ou ne pas être souvent précis dans ses propos. Alors que "mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" disait Albert Camus ».
Car, ce qu'on appelle « société civile » au Sénégal, selon Elimane Kane, est une abstraction et une perception imprécise et protéiforme d'acteurs et d'organisations qui ne renvoient pas à une réalité juridique. « La société civile n'existe pas dans la Constitution du Sénégal. Du préambule à l'article 103 de la loi fondamentale, le terme n'y figure pas. Même si le concept est différemment défini selon les auteurs (De Hegel à Sémou Pathé Guèye), la "société civile" renvoie effectivement à une réalité politique et socio-économique en gestation au Sénégal depuis les années 70, avec des évolutions marquées par l'évolution des idées et les événements politiques et économiques majeurs au niveau global et du contexte sénégalais », a-t-il écrit.
Elle évolue, poursuit-il, à la jonction de dynamiques locales propres et de dynamiques extérieures dans une perspective proche du tiers-secteur, entre l'État et le secteur privé. Déjà, il fait noter que dans le cadre d'un rapport annuel initié par un programme de renforcement des capacités de la société civile (PASC), il est répertorié près de 700 ONG et plus de 32 000 associations au Sénégal qui interviennent sur presque tous les secteurs sociaux et économiques et contribuent à hauteur de dizaines de milliards de francs CFA, créent des emplois, transforment des réalités, appuient le développement de collectivités territoriales et impulsent l'essentiel des réformes progressistes et consolidantes adoptées par l'État du Sénégal.
« La question du financement des ONG (...) est un débat déjà posé par elles-mêmes en considération des enjeux stratégiques et de la perspective de souveraineté »
Sur la question du financement des organisations de la société civile, Elimane Kane rappelle que c'est un débat déjà posé par elles-mêmes en considération des enjeux stratégiques et de la perspective de souveraineté. Un débat, dit-il, qui précède l'avènement de Pastef au pouvoir. « La provenance extérieure de l'essentiel du financement des ONG et certaines associations constitue une limite à la maîtrise de l'initiative politique, notamment les risques d'alignement à des agendas exogènes », relève le président de Legs Africa.
Cependant, il s'empresse de noter que ce sont les mêmes partenaires extérieurs qui financent aussi le gouvernement du Sénégal à travers sa politique de coopération soit en appui budgétaire ou en programmes. D'ailleurs, l'essentiel des dépenses sociales (Éducation - Santé - Protection sociale) proviennent de financements de partenaires extérieurs, note Elimane Kane.
« Sur cet aspect, je suis d'accord avec Monsieur le Premier ministre qu'il est important de revoir la question de l'origine des financements des ONG et associations, non pas pour éteindre leur action, mais pour mieux renforcer leur impact dans le prolongement du service public, à travers le développement de mécanismes de financement endogène par le contribuable sénégalais et la philanthropie nationale. Un débat à mener de manière démocratique et non par une loi scélérate et unilatérale », a précisé le président de Legs Africa.
Par Omar DIOUF
MOURIR LOIN DE CHEZ SOI…
Le sujet est délicat, puisque nous évoquons ici des dirigeants ou d’anciens dirigeants africains morts dans des hôpitaux loin de leur pays.
Le sujet est délicat, puisque nous évoquons ici des dirigeants ou d’anciens dirigeants africains morts dans des hôpitaux loin de leur pays. Le dernier date d’hier : l’ancien président du Nigéria Muhammadu Buhari, très respecté dans son pays et sur le continent, est décédé dans une clinique à Londres, en Angleterre.
Avant Buhari, d’autres chefs d’État africains en exercice sont décédés dans des hôpitaux ou cliniques hors de leur pays : Robert Mugabe, Omar Bongo, Sékou Touré… La liste est longue. Les évacuations sanitaires de nos gouvernants africains ou de grandes personnalités en exercice du pouvoir vers des cliniques internationales en Europe ou en Amérique ont toujours fait réagir leurs concitoyens demandant pourquoi ne pas avoir construit des infrastructures sanitaires de qualité dans leur pays. Une question encore d’actualité. Au-delà de former de bons médecins nationaux et de leur doter de plateaux médicaux de qualité, les Africains doivent se doter d’hôpitaux et de cliniques de standard international. Ainsi, l’on exorcisera la poisse « de mouroirs » collée à nos infrastructures de santé…
MADY TOURE VEND SON PROGRAMME POUR «TRANSFORMER LE FOOTBALL EN UN BIEN COMMUN»
A près Diourbel, l'équipe de campagne du candidat Mady Touré, pour la tête de la Fédération Sénégalaise de Football(FSF), était ce week-end à Thiès, pour rencontrer les présidents des clubs, afin de leur présenter le programme de Mady Touré 2025.
Mady Touré, président de Génération Foot, est toujours dans la course pour occuper le fauteuil de président de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), sous la bannière de Mady 2025. il était d’ailleurs ce week-end à Thiès, pour vendre son programme bâti sur 7 piliers, « pour transformer le football en un bien commun ».
A près Diourbel, l'équipe de campagne du candidat Mady Touré, pour la tête de la Fédération Sénégalaise de Football(FSF), était ce week-end à Thiès, pour rencontrer les présidents des clubs, afin de leur présenter le programme de Mady Touré 2025.
Selon Algaffe Ndiaye président de Walli daan de Thiès, porte-parole du candidat, ledit programme est bâti sur un socle de 7 piliers, qui déclinent 7 engagements, dont l'objectif est de transformer le football en un bien commun, où tout le monde trouve son compte. Il renseigne que le premier axe de ce programme tourne autour d'une gouvernance rénovée, qui comprend un certain nombre de changements. Le plus important à ses yeux porte sur le changement des textes, qui seront revus de fond en comble, avec la mise en place d'un conseil consultatif, qui va garantir la transparence et l'équité dans cette réforme. Le second pilier de ce programme tourne autour du football amateur, qui de l’avis du porte-parole, sera renforcé par plusieurs actions, activités et engagements, dont la plus importante est l'appui financier des clubs amateurs, avec l'accroissement des fonds alloués. Dans le cadre du football amateur, il a mis le curseur sur le coût élevé de la gestion des licences, notamment le coût du transport, de l'intérieur du pays jusqu'à Dakar.
A l’en croire, il est fréquent de voir un dirigeant se déplacer de l'intérieur du pays jusqu'à Dakar, pour juste récupérer une ou deux licences. Avec la digitalisation, il soutient que cela peut être évité. C'est pourquoi il fait comprendre qu’il est inscrit dans le programme une stratégie de décentralisation de la production de licences à travers la digitalisation du système. C'est ainsi que le dirigeant pourra, à partir de chez lui, faire valider la licence et aller juste à la ligue compétente pour se faire imprimer le document. « C'est quelque chose qui est possible, technologiquement faisable, et donc il n’y a pas de raison que notre système ne puisse pas s'inscrire dans cette dynamique », a-t-il indiqué.
Parlant spécifiquement de Thiès, il relève que la région souffre beaucoup d'un problème d'infrastructures et cette problématique est évoquée dans l'axe 6 du programme. En effet, selon ses propos, le stade municipal Maniang Soumaré est surexploité, avec des matchs à longueur de journée, sans compter les entraînements presque de 7 heures à 23 heures. Et pour lui, c'est vraiment une catastrophe, ce n'est pas viable et dans trois ans, la situation risque d'être plus compliquée. Il fait remarquer qu’à travers le partenariat préconisé par le programme, il s'agit d'impliquer tout le monde, pour que les fonds puissent être mobilisés, pour apporter la réponse idoine. Il mentionne aussi que le programme parle de pôles d'excellence, de pôles de développement et Thiès constitue une région où l'implantation d'un pôle est devenue nécessaire. « La Fédération ne construit pas de stades, ne peut pas construire de stades toute seule. C'est la raison pour laquelle, il est essentiel de mettre en marche une synergie autour des infrastructures, un partenariat fonctionnel et effectif », a-t-il avancé.
Selon le porte-parole, à Diourbel, l'équipe de Mady Touré 2025 a enregistré 40% de présence des présidents et à Thiès, la présence tourne autour de 50% des 22 clubs de la région. Et d’après lui, ces présidents sont des leaders locaux, qui peuvent en responsabilité prendre les décisions qu'il faut et qui sont nécessaires à la promotion du football national. L'objectif est de l'embellir, le rendre beaucoup plus fort, beaucoup plus performant.
"D’ICI QUELQUES ANNEES, UN CLUB SANS SECTION FEMININE NE POURRA PAS PARTICIPER AUX COMPETITIONS AFRICAINES"
Amina Dieng présidente des Amazones de Grand Yoff, candidate à la présidence de la Commission nationale du football féminin, a porté la voix du football féminin pour indexer beaucoup de manquements dans son management. C’est surtout sur le plan de l'assistance médicale des joueuses, mais aussi des subventions. Elle révèle que la CAF dégage chaque année un fonds unique de 500 000 dollars dédié au football féminin, mais il n’est malheureusement pas ressenti dans les clubs sénégalais. Elle expose qu’avec ce programme, les clubs seront accompagnés comme il se doit, pour avoir des équipes féminines. « Actuellement, Thiès ne compte qu'une seule équipe féminine en l'occurrence la Tigresse. Et la CAF a déjà indiqué que dans 3 ou 4 ans, les clubs n'ayant pas une section féminine ne pourront pas participer aux compétitions africaines. C'est pourquoi nous avons mis en place un système de plaidoyer pour permettre aux clubs de se doter d'équipes féminines. Le football féminin ne se limite pas seulement à la compétition, mais il y a aussi la formation, l'aspect mental, le leadership, la confiance en soi », a-t-elle développé.
Au regard de toutes ces considérations, elle reste convaincue que le football féminin doit aller entre les mains de celles qui le vivent, qui le construisent et qui le font rêver, avec une nouvelle dynamique. Elle a soutenu que le changement dans ce domaine passera également par le jet d'un nouveau regard dans la programmation des matchs féminins, qui actuellement se déroulent le matin, donc sans aucune visibilité, ce qui n'est pas de nature à promouvoir ce secteur. Elle met le doigt sur la nécessité de revoir tout cela, en allant vers la programmation de ces rencontres féminines en lever de rideau des matchs de ligue 1, pour mieux sensibiliser et attirer le public. Et au-delà de la visibilité, elle est d'avis que cette approche pourrait aussi attirer les sponsors. Ibrahima Diop dit Pape, 2e vice-président de Thiès Football Club (TFC), explique que les consignes de vote données ces dernières années par les présidents de Ligue, constitue une hérésie, une entrave à la liberté de choix des clubs. C'est ainsi que dès le lendemain du vote, les clubs sont oubliés ou ne reçoivent qu'une portion congrue des retombées des expéditions internationales comme le Mondial ou la Coupe d'Afrique des Nations (CAF)
FEMMES ET JEUNES, CIBLES PRIVILÉGIÉES DES GROUPES EXTRÉMISTES EN AFRIQUE
Selon la directrice de l’ONG Partners West Africa Sénégal,, ces groupes exploitent non seulement leur poids démographique mais aussi leurs vulnérabilités pour la logistique, la communication et la propagande.
Les femmes et les jeunes sont de plus en plus ciblés par les organisations extrémistes dans le cadre de leur communication et pour leur logistique, a révélé, lundi, le Professeur Adjaratou Aïdara Wakha Ndiaye, directrice de l’ONG Partners West Africa Sénégal.
‘’Les femmes et les jeunes constituent plus de 75% de la population africaine. Et les groupes armés extrémistes ciblent ces femmes et ces jeunes, qu’ils utilisent aujourd’hui pour la communication mais également pour la logistique’’, a-t-elle déclaré.
Le Professeur Adjaratou Aïdara Wakha Ndiaye s’exprimait lors d’un atelier de renforcement de capacités sur le rôle des femmes et des jeunes dans la prévention et la lutte contre les discours de haine, la polarisation, l’extrémisme violent et la radicalisation.
C’est donc dire selon elle que ‘’si ces couches ne sont pas outillées par les autorités étatiques, elles peuvent être utilisées par les organisations extrémistes’’.
Elle estime que ‘’les femmes pourraient participer à arrêter l’avancement de l’extrémisme violent dans les pays du Sahel’’.
”(…) Au-delà de tous les conflits, aussi bien politiques qu’économiques, qui secouent la région, nous femmes, on s’est dit que l’expérience tirée des conflits armés pourrait servir à anticiper l’avancée de l’extrémisme violent qui secoue tous nos pays. Justement, on constate que les femmes et les jeunes sont à la fois victimes et artisans, en tout cas, dans le cadre de la résolution de ces conflits’’, indique-t-elle.
A en croire Professeur Adjaratou Aïdara Wakha Ndiaye, les groupes extrémistes profitent de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour s’appuyer sur les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle, pour la communication, le recrutement et la propagande.
Mais, elles profitent aussi des fragilités et des vulnérabilités de certaines populations, ajoute-t-elle.
”Les vulnérabilités ne sont pas seulement économiques, les vulnérabilités sont psychologiques, les vulnérabilités aussi sont politiques, (…) parce que tous ces pays [du Sahel] sont des pays qui ont fait l’objet de coups d’État, des pays qui partagent des frontières avec la plupart de nos pays’’, explique-t-elle.
Selon elle, si ‘’ces jeunes et ces femmes sont de plus en plus les cibles des organisations extrémistes violentes’’, c’est “parce qu’elles ont compris que l’Afrique a un fort potentiel’’.
PAR SEYDOU KA
LES LIMITES DE L’ESPACE PUBLIC NUMÉRIQUE
Contrairement à l’argumentation rationnelle chère à Jürgen Habermas, l’un des théoriciens de l’espace public, les analyses convergent pour souligner la forte présence des expressions subjectives sur les réseaux sociaux.
Lors de ses tournées en Grèce, l’empereur romain Néron organisait des spectacles de chant au cours desquels il était formellement interdit aux spectateurs de quitter l’amphithéâtre pendant sa prestation. Cet exemple, remontant à l’Antiquité, illustre déjà un brouillage de la frontière entre la sphère publique-civile et la sphère ludique-marchande. Ce glissement a particulièrement pris de l’ampleur avec les réseaux sociaux. En offrant à chacun la possibilité d’exprimer son opinion, ces réseaux rejoignent l’utopie libertaire des fondateurs du web. Cependant, cette démocratisation de la parole suffit-elle à former une opinion publique éclairée ? Il est permis d’en douter.
D’abord, contrairement à l’argumentation rationnelle chère à Jürgen Habermas, l’un des théoriciens de l’espace public, les analyses convergent pour souligner la forte présence des expressions subjectives sur les réseaux sociaux. Si cette pluralité des modes d’expression favorise la diversité des opinions dans le débat public, elle ne signifie pas pour autant que tous ceux qui s’expriment aient la même influence. Comme l’explique S. Roginsky dans un article publié dans la revue Hermès le 26 novembre 2020, « pour s’en sortir sur les réseaux sociaux, il faut être super bon, avoir de la répartie, savoir retransmettre une information, faire entendre son idée, être très vigilant quant aux arguments des uns et des autres… C’est un monde dur, voire brutal ». En effet, la liberté d’expression, conjuguée à l’anonymat, débouche souvent sur des propos très agressifs, parfois encore plus virulents lorsqu’ils sont portés par des militants extrémistes qui, par la violence verbale, cherchent à imposer leur idéologie.
Une autre limite de l’espace public numérique réside dans le fait que l’expression politique n’est pas synonyme de communication politique. L’expression est une démarche unilatérale d’un sujet qui cherche à transmettre un sens, tandis que la communication est un processus réciproque de co-construction de sens. Outre la violence verbale, les recherches empiriques montrent que, le plus souvent, au sein des réseaux sociaux, on observe une juxtaposition d’opinions individuelles atomisées et destinées à servir un dessein partisan. Or, pour Jürgen Habermas, il n’existe d’espaces publics que dans la multiplicité de leurs occurrences, ici et maintenant, où des individus, situés socio-historiquement, se réalisent en tant que citoyens par l’exercice d’une raison universellement partagée.
À l’opposé de la fragmentation originelle des opinions individuelles, l’espace public est considéré comme une entité méta-discursive qui est, à la fois, le lieu et l’objet d’une éthique de la discussion. Les médias, en ce sens, constituent un facteur de rationalisation du débat public. La crise qui les frappe – crise due à des facteurs internes et externes à la profession – ne fait qu’intensifier cette fragmentation de l’opinion, renforçant ainsi une opinion publique qui se construit contre l’autre. « La rationalité discursive et l’idéal de transparence communicationnelle, supposée caractéristique de l’espace public, sont, en réalité, une modalité oppositionnelle d’un discours qui se construit en négatif de ce qu’il se tait et qui lui sert de repoussoir pour se donner à voir, à entendre ou parfois à sentir », écrit Oumar Kane, enseignant à l’Université du Québec à Montréal, dans sa contribution aux Mélanges offerts à Momar-Coumba Diop (Éditions Khartala, 2023).
Ces « points de silence » sont ceux entre lesquels le discours public de l’espace public se construit. Aujourd’hui, avec l’hégémonie de l’intimité dans une sphère privée repliée sur elle-même, le risque émerge que l’espace public, en tant que lieu d’expression par soi et pour soi, composé de monologues privés, finisse par subir une évolution topologique et se replie sur lui-même. Il en résulterait ainsi une dégénérescence majeure de l’idéal du vivre-ensemble.
L'ALTERNANCE EN TROMPE-L'ŒIL
Arrestations pour délit d'opinion, interdictions de sortie du territoire, conditions de détention dégradées : selon Afrikajom Center, la première année de Bassirou Diomaye Faye reproduit certaines dérives du régime précédent de Macky Sall
Afrikajom center a fait le bilan de l’an 1 de la présidence de Bassirou Diomaye Faye dans le premier numéro de sa publication intitulé Sunu GiS - GiS. il y examine tous les actes forts posés par le nouveau régime non sans mettre un coup de projecteur sur la situation des droits humains dans le pays. des tares du régime de Macky Sall persistent toujours.
L’an 1 du régime de Diomaye a été passé au peigne fin par le think tank Afrikajom Center. Résultat, entre 2024 et 2025, il a été enregistré plusieurs arrestations liées à des délits d'opinion, notamment dans le milieu de la presse, au sein de l'opposition politique et des activistes. “Ces arrestations ont suscité des protestations auprès de l'opinion publique, surtout dans le milieu des ONG internationales et locales de protection et de promotion des droits de l'Homme. Certains ont été arrêtés et détenus pour avoir émis une opinion critique ou dissidente du pouvoir”, lit-on dans la nouvelle publication de Afrikajom Center intitulée SUNU GisGis. Il a été également constaté à l’issue de la première année de gestion de Diomaye, plusieurs interdictions de sortie du territoire, visant certaines personnalités politiques sans notification et en l'absence de décision de justice préalable, ce qui a suscité des débats sur leur légalité et leur conformité avec les principes de l'État de droit.
Pour Alioune Tine et Cie, beaucoup de polémiques sur les détentions et les arrestations de journalistes, d'opposants politiques ou de dissidents pour fausses nouvelles ou offense au chef de l'État auraient pu certainement être évitées avec l'application des recommandations des Assises de la Justice. Ils estiment que malgré le changement de régime, des problèmes majeurs persistent. Il s’agit, notent-ils, de la restriction de l'espace civique avec les atteintes à la liberté d'opinion, d'expression et de la presse; les interdictions illégales de sortie du territoire de personnalités de l'opposition; la persistance des mauvaises conditions de détention; et la gestion difficile de la migration irrégulière.
En vue de renforcer la jouissance des droits civils et politiques et d'ouvrir l'espace civique, en plus des réformes annoncées, Afrikajom Center demande la libération de toutes les personnes arrêtées pour diffusion de fausses nouvelles; le respect rigoureux du régime déclaratif de manifestation; l’autorisation et l’encadrement des manifestations déclarées. Il estime d’ailleurs que les interdictions devraient être dûment motivées, en tenant compte de la jurisprudence de la Cour suprême en la matière. Il préconise aussi de promouvoir des peines alternatives à l'emprisonnement dans les cas de délits mineurs et dans les cas de délits d'opinion; de lutter contre les longues détentions préventives et d’encadrer la pratique de retour de parquet. Afrikajom Center demande en outre aux autorités de décrisper leurs relations avec la presse. A l’en croire, l’absence de concertation avec les acteurs concernés sur des décisions stratégiques concernant la presse crée malentendus, tensions inutiles et sape la portée des bonnes résolutions du gouvernement. Il les invite également à soigner les relations dégradées entre le ministre et les patrons de presse.
Pourquoi la mise en œuvre des fortes recommandations des assises nationales de la justice est retardée ?
Par ailleurs, il ne fait aucun doute que Sonko et Diomaye ont hérité d'institutions politiques et démocratiques obsolètes. Mais Afrikajom Center pense que les nouvelles autorités devraient engager dès maintenant toutes les réformes politiques et institutionnelles idoines pour engager avec succès la rupture historique promise par le projet. Selon le think tank dirigé par Alioune Tine, il est temps pour le gouvernement actuel de mettre en œuvre les recommandations des Assises nationales de la Justice, seul moyen pour l'État du Sénégal d'être en phase avec ses obligations internationales en matière de droits de l'Homme et de libertés fondamentales. Il est aussi temps, ajoute-t-il, de trouver les moyens d'endiguer le déficit de communication et de liens de confiance entre les gouvernants et les gouvernés, entre le pouvoir et la société sénégalaise.
Alioune Tine et Cie pensent aussi qu’au regard de l'héritage lourd et complexe du gouvernement de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, l'impératif catégorique est de réconcilier, de rassembler, de dialoguer, d'apaiser et de réparer les liens qui sont cassés entre les gouvernants et certains citoyens. L'objectif final, disent-ils, est de trouver collectivement les remèdes les plus appropriés et les plus consensuels pour soigner le Sénégal face aux changements rapides et disruptifs auxquels notre monde est confronté. Dans le passé, rappellent-ils, si des condamnations avaient été faites par la justice sénégalaise, elles ont été rejetées au plan régional et international parce que le Sénégal n'a pas respecté ses obligations internationales relatives à un procès équitable. Ils précisent que la grande leçon à tirer des échecs de la reddition des comptes dans le passé est la suivante :“la violation des droits humains des prévenus et des accusés, notamment le droit à la défense, le droit à la présomption d'innocence et le droit à un procès équitable affaiblissent, voire discréditent les meilleures intentions politiques et les meilleurs actes de reddition des comptes”.
Ainsi, Afrikajom Center voudrait que les nouvelles autorités commencent par changer les vieilles structures, les vieilles institutions politiques d'une démocratie en crise, bref refonder aurait dû être le commencement. D'ailleurs, souligne le think tank, le Président Bassirou Diomaye Faye l'avait très bien compris, quand il a appelé les Assises de la Justice trois mois seulement après son investiture, comme un premier pas, et un pas très important, vers le changement systémique. Non sans déplorer enfin le retard dans la mise en œuvre des fortes recommandations, alors même qu'elles sont consensuelles.
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UN QUATRIÈME CHEF D’INCULPATION SURPREND LES AVOCATS DE GADIAGA
Ils dénoncent l’ajout de l’accusation de réception, sollicitation ou acceptation de dons en vue de mener une propagande susceptible de compromettre la sécurité publique.
Badara Gadiaga a été placé sous mandat de dépôt ce lundi. Ses avocats, stupéfaits à la sortie des locaux du juge d’instruction, dénoncent l’ajout inattendu d’un quatrième chef d’inculpation : la réception, la sollicitation ou l’acceptation de dons, présents ou subsides en vue de mener une propagande susceptible de compromettre la sécurité publique.
DES HEMORRAGIES PEUVENT MEME ENTRAINER LA MORT PAR PERTE DE SANG INCONTROLEE
Dr Mouhamadou Moustapha Seck, gynécologue parle des conséquences de la pratique de l’excision
L’excision a encore de beaux jours au Sénégal. La pratique est de plus en plus récurrente au sein de nos communautés. Elle n’est pas sans conséquences sur le plan physique mais aussi psychologique. dans cet entretien accordé à «L’as », le gynécologue Dr Mouhamadou Moustapha Seck indique que des hémorragies peuvent même entraîner la mort par perte de sang incontrôlée.
Quelles sont les conséquences de l’excision sur le plan de la santé ?
Les conséquences sont de deux ordres; on peut avoir des complications aigues par exemple au cours de l’acte d’excision, il peut y avoir une douleur très vive et les parties génitales sont très vascularisés et ce sont des douleurs syncopales qui peuvent même entraîner une perte de connaissance. Il peut y avoir aussi des hémorragies qui peuvent même entraîner la mort par perte de sang incontrôlée. Quelques jours après, il peut y avoir une infection au niveau de la plaie. Il peut y avoir des complications urinaires. La nouvelle excisée peut avoir des problèmes pour faire sortir normalement ces urines
Quels sont les problèmes rencontrés par une excisée ?
Ce sont des problèmes au niveau des rapports sexuels parce qu’il faut que l’infibulation soit réparée. Les parties qui ont été cousues peuvent être décousues pour que l’acte sexuel puisse être fait pendant le mariage sinon plus tard il peut y avoir des problèmes de frigidité, perte de désir et plaisir pendant l’acte sexuel. Il y a les complications psychologiques parce que les séquelles psychologiques sont non négligeables et elle peut poursuivre l’excisée durant toute son existence.
Est-ce qu’une femme excisée peut avoir des difficultés pour avoir un enfant ?
Pendant l’accouchement, si toutefois, il y a une grossesse, il peut y avoir des déchirures lors du passage du fœtus parce que l’orifice vulvaire et vaginal sont réduits. Donc, il peut y avoir des problèmes lors de l’expulsion du fœtus avec l’installation de déchirure qui peuvent être à tous les niveaux de la partie génitale et être très difficile à réparer avec toutes leurs complications comme l’hémorragie, perte de sang, infection, difficulté pendant les rapports sexuels si toutefois ces déchirures ont été mal ou insuffisamment réparées. Il nous arrive de voir des excisées qui ont été opérées tout simplement parce qu’il n’y a pas une possibilité d’admettre une voie basse lors de leurs accouchements parce que l’orifice est extrêmement réduit et ne permet pas un accouchement par voie basse. C’est un type de malade que l'on doit opérer de façon préventive.
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LE GRAND MENSONGE DE LA DÉMOCRATIE À L’AFRICAINE
Dans un essai incisif, Ousmane Ndiaye démonte les idées reçues sur la démocratie en Afrique. De la fable du "discours de La Baule" aux prétendues "valeurs africaines incompatibles", l'auteur dénonce les mythes qui alimentent la crise démocratique actuelle
Le journaliste Ousmane Ndiaye vient de publier un essai critique intitulé "L'Afrique contre la démocratie, Mythes, déni et péril" aux éditions Riveneuve, qui promet de faire débat sur le continent. Dans un entretien accordé à France 24, l'auteur déconstruit les idées reçues sur la démocratie en Afrique et dénonce les dérives autoritaires actuelles.
Ousmane Ndiaye s'attaque frontalement aux discours comme celui du colonel Mamady Doumbouya, dirigeant de la junte guinéenne, qui déclarait à l'ONU en septembre 2023 que "ce modèle de démocratie" imposé "après le sommet de la Baule ne marche pas" et n'est pas adapté aux valeurs africaines.
"Postuler que la démocratie n'est pas adaptée aux valeurs africaines, c'est dire implicitement que l'Afrique, les valeurs africaines sont antidémocratiques", rétorque le journaliste. Il rappelle que l'histoire du continent témoigne de l'existence de formes démocratiques traditionnelles : "L'Europe n'a pas inventé la démocratie. La démocratie n'est pas une invention occidentale."
L'auteur dénonce également un autre mythe tenace : celui du discours de François Mitterrand à La Baule en 1990 comme déclencheur de la démocratisation africaine. "Les processus démocratiques ont été bien enclenchés avant la Baule", affirme-t-il. Selon le journaliste de TV5 Monde, ce discours était plutôt "un discours d'opportunisme qui embrasse un mouvement déclenché par les africains, les syndicats, les partis clandestins".
Face à la vague de coups d'État militaires au Sahel, Ousmane Ndiaye introduit le concept de "péril kaki". Il conteste la propagande selon laquelle "les civils ont échoué, il faut essayer les militaires". Au Mali, par exemple, "les militaires l'ont plus longtemps dirigé que les civils" depuis l'indépendance - 36 ans au total.
L'auteur souligne que "l'ingérence des militaires dans les processus politiques" constitue l'un des principaux obstacles à la démocratisation, ces armées étant "ultra-politisées depuis les indépendances".
L'essai n'épargne pas les figures emblématiques du panafricanisme. Ousmane Ndiaye dénonce le "détournement de l'idéal panafricain" par des dirigeants qui, "au nom du panafricanisme et de la lutte anti-impérialisme, ont fait une sorte de régime d'exception de dictature".
Il rappelle que le panafricanisme originel était "totalement lié à la démocratie" et constituait "une aspiration à la liberté" de la diaspora noire. "Le panafricanisme ne s'est jamais épanoui dans des espaces antidémocratiques et dictatoriaux", insiste-t-il.
Ousmane Ndiaye analyse également l'évolution des régimes post-indépendance. Selon lui, les conférences nationales des années 1990, censées rompre avec le parti unique, ont été détournées. Les anciens régimes ont compris qu'il fallait "faire une révolution de palais" en mettant en place des "fictions démocratiques".
Ces régimes disposent d'institutions en apparence démocratiques - "commissions nationales électorales indépendantes qui ne sont pas indépendantes", constitutions favorisant le pouvoir en place - mais sans fonctionnement réellement démocratique. Le Cameroun de Paul Biya illustre parfaitement cette "fiction démocratique" : malgré plusieurs élections, "le fonctionnement de l'État en soi n'est pas démocratique".