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30 mai 2025
PAR MODOU NDIAYE
D’UNE FRANCOPHONIE SUSPECTE À UNE ANGLOPHILIE ALÉATOIRE
C’est un fait que de plus en plus, on note une prise de distance de certains pays d’Afrique subsaharienne par rapport à la Francophonie. En effet, fin février début mars 2025 le Niger, le Burkina et le Mali ont annoncé au monde leur retrait...
C’est un fait que de plus en plus, on note une prise de distance de certains pays d’Afrique subsaharienne par rapport à la Francophonie. En effet, fin février début mars 2025 le Niger, le Burkina et le Mali ont annoncé au monde leur retrait de cette organisation Internationale. Trois ans auparavant, en 2022 le Gabon et le Togo, tout en restant membres de la Francophonie avaient également informé de leur adhésion au Commonwealth. Bien plus tôt, en 2009 le Rwanda ouvrait la voie du basculement vers la communauté anglophone en y adhérant, après avoir remplacé, l’année d’avant (2008) le français par l’anglais dans son système éducatif. Pour le cas du Sénégal, pour la première fois de l’histoire de l’OIF , le président n’a pas participé au sommet de l’institution, tenue cette année du 4 au 5 octobre en France. Cette absence ne pouvait pas passer inaperçu en raison du rôle pionnier du Sénégal dans la création de la Francophonie, le président Léopold S. Senghor figurant parmi ses fondateurs, et son successeur le président Abdou Diouf, en ayant été le Secrétaire Général de 2003 à 2014.
Malgré la présence de la Ministre de l’Intégration et des affaires étrangères, qui a représenté le Sénégal à ce sommet, cette absence du président a pu être interprétée comme l’amorce d’un détachement par rapport à la francophonie, interprétation confortée par la nouvelle décision d’introduction et de généralisation de l’anglais aux cycles préscolaire et élémentaire de l’école sénégalaise.
Après avoir souligné et discuté sommairement la montée de tendances francocentristes pouvant justifier le désamour constaté vis-à-vis de la francophonie, l’objet de cette communication est de s’interroger cependant sur la pertinence du virage tous azimuts vers l’anglais sur le terrain linguistique et éducatif.
1-Il faut rappeler que la francophonie de ses débuts jusqu’en 1995 était centré sur le français à l’exclusion de toutes les autres langues de l’espace francophone. Elle ne prônait que la promotion du français, sa défense et son illustration . Le rapport entre cette langue et celles africaines était alors un rapport conflictuel. Pour cette raison, la francophonie était mal vécue sinon rejetée par une bonne frange de l’élite africaine qui considérait qu’elle ne faisait que perpétuer le système glottophagique colonial, dans lequel l’emploi des langues africaines était interdit. En effet, l’arrêté 1207 du 27 octobre 1911 autorisant la création d’écoles maternelles stipule en son article 4 que « l’emploi des idiomes locaux est formellement interdit » et l’article 34 fixant l’organisation générale de l’enseignement, en son alinéa 4 précise qu’ « il est interdit aux maîtres de se servir avec leurs élèves des idiomes du pays ». En 1817 quand Jean DARD, le premier instituteur laïc envoyé officiellement par la France au Sénégal préconisa le recours aux langues sénégalaises pour dispenser les premiers enseignements, il fut immédiatement relevé et renvoyé en France.
Mais à partir de 1995, une nouvelle francophonie est déclarée au VIème sommet de Cotonou où le concept de partenariat linguistique est lancé par le président Abdou DIOUF. Le virage idéologique est confirmé par les Etats Généraux de Libreville convoqués en 2003 par Abdou DIOUF, devenu Secrétaire Général de l’OIF, et qui engagent la francophonie dans la prise en compte et la promotion de la diversité linguistique et culturelle ; diversité englobant celle interne au français avec l’existence de variétés régionales et celle multilingue renvoyant aux autres langues de l’espace francophone. Dans cette nouvelle perspective, le français, langue commune, continuera à être consolidé, mais les autres langues seront respectées et revalorisées, dans un rapport de complémentarité et non plus conflictuel.
Ce virage idéologique explique l’intérêt que l’OIF accorde depuis lors aux expériences d’enseignement bi/plurilingue menées dans plusieurs pays d’Afrique francophone, qui mettent en cohabitation le français et les langues africaines dans les systèmes éducatifs.
Cela s’est d’abord concrétisé par le programme LASCOLAF (Langues de Scolarisation en Afrique), mis en oeuvre dans six pays d’Afrique et qui consistait à faire le bilan des expérimentations d’enseignement bi-plurilingue. Cet intérêt est maintenu à travers l’initiative ELAN (Ecole et Langues Nationales) consistant à appuyer la poursuite et l’extension de cet enseignement bi-plurilingue, une fois constatée sa supériorité par rapport à l’enseignement exclusif en français,
Ce partenariat bien engagé et prometteur gagnerait à être consolidé pour une francophonie qui soit sentie par les africains comme un cadre de dialogue interculturel et de valorisation des langues et cultures africaines à côté du français.
Malheureusement, aujourd’hui il y a lieu de craindre un retour en force à une francophonie francocentriste , si l’on en juge par des éléments indicateurs de l’idéologie originelle .
1-Le premier type de ces éléments renvoie aux griefs exprimés par les pays qui prennent leur distance, griefs d’un déficit de démocratie interne, faisant que certaines décisions de l’organisation sont perçues comme imposées par la France et ne prenant pas en compte les aspirations et intérêts légitimes des africains.
2-Le deuxième type d’éléments renvoie aux analyses d’experts français comme celles qu’on peut lire dans le rapport de Jacques ATTALI, établi à la demande du président François HOLLANDE en 2014 et intitulé La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable et selon lesquelles réflexions :«Le progrès des langues dialectales en Afrique francophone est un risque pour la francophonie » (page 6)
C’est bien là une remise en cause du concept de partenariat. L’analyse est, du reste, mal fondée puisque l’enseignement bilingue par lequel se réalise ce partenariat à l’école a pour objectif d’améliorer la qualité des apprentissages à la fois des connaissances disciplinaires et de la langue française.
-Dans le même sens, Louis-Jean Calvet, Professeur à l’Université de Provence, dans un texte intitulé « Mondialisation, langues et politiques linguistiques », propose un schéma gravitationnel dans lequel l’anglais fonctionnerait comme une langue « hypercentrale » autour de laquelle graviterait une dizaine de langues « supercentrales » (le français, l’espagnol, l’arabe, le chinois et quelques autres grandes langues). Autour de ces langues supercentrales graviteraient à leur tour cent à deux cents langues dites « centrales » qui correspondraient aux principales langues locales véhiculaires. Chacune de ces langues serait à son tour le pivot de gravitation de plusieurs autres petites langues locales. L.-J. Calvet. considère que dans ce schéma à trois niveaux : Langue hypercentrale (internationale) / langue supercentrale (langue de l’Etat) / langue centrale (langue locale grégaire), il n y a de places que pour deux langues. Il affirme : “ la logique de la mondialisation suppose la disparition de la seconde de ces trois langues, la langue de l’Etat ” (p. 5). Et à la suite, il présente cette éventualité comme à risque pour la francophonie et le français à l’instar de ATTALI en affirmant :
« Il semble qu’en voulant systématiquement protéger ou promouvoir les « petites » langues (…) on joue avec le feu, surtout si cette protection se fait au détriment des langues intermédiaires, des langues des États. [càd des langues officielles actuelles] ( p. 7).
Une telle conception ne va pas dans le sens d’une francophonie qui « doit respecter la souveraineté des Etats, leurs langues et leurs cultures » comme stipulé dans la charte votée en 1995 à Cotonou par le VIe sommet des chefs d’états.
Du reste, à y regarder de près, Calvet surévalue les chances d’évolution de l’anglais en Afrique liées à la mondialisation, et ne justifie guère l’idée qu’il n y a que deux places pour trois langues, qui oblige à choisir soit le duo anglais-français ou le duo anglais-LN.
En effet, l’Afrique ne vit pas les mêmes contraintes que l’Europe face à la mondialisation. Les pays d’Europe sont engagés comme acteurs dans le processus de cette mondialisation. L’ouverture du marché et la mobilité de la main d’œuvre posent de plus en plus la nécessité d’une langue unique à vocation universelle : rôle que la langue anglaise semble être la mieux placée à remplir. Cela n’a pour autant amené aucun état européen à choisir l’anglais comme langue officielle, ni même l’UE à choisir l’anglais comme unique langue européenne.
L’Afrique, qui représente moins de 3% du marché mondial, n’est pas impliquée au même degré dans le processus de la mondialisation, du fait de la faiblesse de son économie et de ses infrastructures industrielles. La question d’une langue globale ne se pose pas directement par les réalités économiques.
L’exemple du Rwanda d’adopter en 2003 l’anglais comme langue officielle à côté du français et du Kinyarwandi et en 2008 comme langue d’enseignement en remplacement du français à tous les niveaux du système éducatif relève plutôt d’une démarche politique que d’une prise en compte de la dynamique du pays et de l’école rwandaise.
Dans la plupart des pays francophones d’Afrique subsaharienne la tentation est grande de copier cet exemple rwandais, le dernier en date étant l’Algérie. Cependant, il y a lieu de constater que cet exemple n’a pas donné les résultats escomptés si tant est que les résultats attendus étaient d’améliorer les performances scolaires et d’augmenter le nombre d’anglophones parmi l’élite rwandaise. En effet, l’introduction brutale de l’anglais comme medium de l’enseignement à l’école élémentaire en remplacement du français a plutôt entraîné, comme on pouvait s’y attendre, une grande cacaphonie dans le système éducatif avec pour conséquence un enseignement au rabais. Faisant, à mis parcours, le bilan de cette réforme, Joséphine Tuvuzimpundu (2014) fait le constat suivant:
« Quand la langue d’enseignement n’est maîtrisée ni par les élèves/étudiants ni par les enseignants, on ne peut s’attendre qu’à un enseignement catastrophique. Les enseignants eux-mêmes reconnaissent qu’ils n’arrivent plus à donner aux élèves ce qu’ils sont censés leur donner car, disent-ils, « on ne donne que ce que l’on a ». Un d’eux s’exprime avec regret :
« Avec le lancement brutal de cette réforme, nombre d’enseignants se sentent coupables de ne rien donner aux enfants car on ne donne que ce qu’on a. Il arrive que les élèves passent une semaine sans rien apprendre car les enseignants doivent apprendre quelques notions de ce qu’ils vont enseigner. Nous qui n’avons pas appris l’anglais pendant notre formation, il nous est difficile de l’apprendre au travail » (p. 19).
« Les enseignants sont donc tous obligés de se mettre à l’apprentissage de l’anglais. Cependant ils n’arrêtent pas de confesser que les enfants n’y gagnent rien » (p. 19).
Ce constat de Joséphine Tuvuzimpundu ne devrait nullement surprendre étant donné que le personnel enseignant rwandais est essentiellement francophone.
L’anglais est certes une langue dont il faut promouvoir l’usage eu égard au rôle important qu’il joue dans le monde . Ce rôle de lingua franca sur le plan international devrait cependant être considéré à sa juste mesure. En effet, cette représentation de l’anglais comme une langue globale, homogène partagée par tous, est en réalité un mythe.
La variation linguistique, observable dans toutes les langues de grande diffusion, fait qu’en réalité on ne parle pas tout-à-fait la même langue quand on est dans des aires culturelles et géographiques différentes. Les mêmes mots peuvent avoir des sens différents, de même que les mêmes réalités peuvent être désignés par des mots différents. Ainsi, pour l’anglais qui offre la meilleure illustration de cet état de fait parce qu’étant la langue la plus répandue dans le monde, il existe des divergences, entraînant même des ratés de communication et des incompréhensions, entre les différentes variétés parlées en Grande Bretagne, aux USA, en Australie, en nouvelle Zélande, au Ghana, au Nigéria, etc.
Même à l’intérieur des USA, les variétés d’anglais parlées à Brooklyn, à Boston, ou dans le Sud présentent parfois des différences lexicales qui impactent sur l’intercompréhension.
Ces faits de variation, que l’on feint d’ignorer quand on présente l’anglais comme une langue homogène, sont la source d’importants problèmes de communication avec assez souvent des conséquences catastrophiques. Ainsi, dans le domaine de la navigation aérienne, KENT, Jones dans un rapport intitulé Des inconvénients de la langue anglaise pour les communications aéronautiques internationales, (2010) affirme avoir relevé 569 accidents aériens dus à un déficit de communication entre pilotes et aiguilleurs du ciel ne parlant pas la même variété d’anglais.
Selon lui « Le manque de compétence de pilotes et d’aiguilleurs du ciel de langues maternelles différentes à utiliser la langue anglaise est cause d’accident d’avions. C’est d’ailleurs l’une des 5 catégories d’accidents selon la Fondation sur la Sécurité Aérienne » (p. 2)
Il ajoute qu’ « Il arrive même que les pilotes américains eux-mêmes se heurtent à des difficultés en utilisant la langue anglaise étant donné qu’ils parlent des dialectes et aussi du fait que l’anglais regorge d’homonymes et d’homophones, ce qui peut donner lieu à des interprétations erronées » (p. 2).
Il est par ailleurs constaté que , dans certaines entreprises internationales ayant un personnel de différentes nationalités, l’emploi de l’anglais a entraîné une baisse de performance due aux ratés de communication. Ce qui amène de plus en plus d’experts à préférer à la place d’une communication monolingue en anglais, une interaction plurilingue avec traduction et/ou interprétation. Ce que va faciliter aujourd’hui l’avancée technologique avec l’IA qui permet un échange en temps réel entre locuteurs de langues différentes. Si bien que de nos jours on apprendra une langue étrangère non plus par nécessité mais par luxe, pour le plaisir ou par atavisme, notre nature humaine nous prédisposant à cela.
En tout état de cause, la nécessité de promouvoir l’anglais ne devrait pas amener à risquer une perturbation des systèmes éducatifs par son introduction aux cycles préscolaire et élémentaire, introduction qui ne ferait qu’alourdir les charges d’apprentissages et éventuellement mutiler l’enseignement de disciplines fondamentales à l’épanouissement cognitif des élèves ainsi que celui essentiel des langues nationales .
Au Sénégal, la généralisation de cet enseignement exigera que l’ensemble du personnel enseignant ait une compétence satisfaisante et en langue anglaise et en didactique des langues étrangères, comme cela est suffisamment renseigné dans le cadre du bilinguisme français/ langues nationales. Cela nécessite un vaste programme de formation à la fois initiale et continu qu’on ne saurait réduire à un recyclage sommaire d’instituteurs bacheliers ou ayant fait l’université.
A notre avis, il n’ y a pas nécessité pour le Sénégal d’introduire l’anglais à l’école élémentaire, puisqu’il existe un long dispositif d’enseignement de cette langue, dans les cycles moyen-secondaire et universitaire, qu’il convient simplement d’ajuster pour réussir à améliorer les performances des élèves et des étudiants. L’anglais est, en effet, présent comme matière d’enseignement de la 6ème des lycées et collèges au doctorat. Ainsi, les élèves de terminal comme les étudiants toutes facultés confondues possèdent un stock lexical et grammatical qui leur confére une compétence au moins passive de l’anglais. L’ajustement consistera à renforcer la pratique de l’oral en multipliant dans les écoles et universités les clubs de langue anglaise, le constat étant fait que, les membres de ces clubs de langue attestent déjà d’un niveau de compétence orale en anglais assez satisfaisant.
Pour conclure, la francophonie offre certes à ses membres africains l’opportunité d’un cadre de solidarité et de collaboration aux avantages divers, en particulier sur le terrain de l’éducation et de la formation. Des efforts doivent cependant être faits pour lever les tendances au francocentrisme, maintenir et renforcer le partenariat linguistique et culturel engagé dans les années 90, consolider la dimension économique et élargir la démocratie à la prise en compte des aspirations des peuples et états africains à l’autonomie et la souveraineté. L’élan porté vers la langue anglaise qui s’explique à la fois par le dépit vis-à-vis de l’organisation francophone mais surtout par le rôle hégémonique de cette langue sur la scène internationale doit être lu avec réalisme comme déterminé par la dynamique mondiale, mais une dynamique qui, au-delà de la francophonie, constitue un défi au monde entier pour la diversité et la préservation des langues et cultures, quelles qu’elles soient, diversité qui fait la richesse et la beauté de l’humanité.
POUR UNE REFONTE DU PROCESSUS ÉLECTORAL
Simplifier le parrainage, rationaliser les partis politiques, moderniser le vote : une coalition d'acteurs politiques présente un catalogue de réformes pour adapter le système électoral sénégalais aux défis contemporains
Plusieurs partis politiques et mouvements citoyens plaident pour une refonte du système électoral sénégalais. Dans la déclaration ci-après, ils proposent notamment la suppression du parrainage, le financement public des partis et l'inscription automatique des citoyens sur les listes électorales.
"Le dialogue est une nécessité dans une démocratie pour arriver à des consensus robustes surtout en matière d'élections, de gouvernance et de validation de projets de société.
Le Sénégal vit sa troisième alternance politique qui suscite beaucoup d'espoir d'un avenir meilleur et d'un mieux vivre ensemble.
Nous saluons à juste titre la tenue du dialogue national initié par Monsieur le président de la République Bassirou Diomaye Faye. Dialogue qui doit être permanent et inclusif pour consolider les fondements de notre maturité démocratique.
Sur la forme, nous souhaitons l’inclusion des points suivants aux débats :
- La mise en place de conseils territoriaux au niveau des pôles territoires et l’élection des membres de ces assemblées territoriales
- Le vote électronique partiel ou généralisé
- Le vote par procuration
- La mise en place d’un ministère des données
- La mise en place d’un ministère en charge des élections
- La place de la diaspora dans les élections
Sur le fond, nous proposons ce qui suit :
Le nombre de partis politiques au Sénégal est pléthorique. Il est nécessaire de rationaliser les partis politiques.
Pour cela, nous proposons l'application des règles qui existent déjà et l'adoption de nouvelles règles pour faire évoluer les dispositions régissant les partis politiques.
Les partis politiques qui sont restés 15 ans et plus sans participer aux élections doivent être remis en cause. Ces dernières quinze années, il y a eu 2 élections présidentielles, 4 élections législatives, 3 élections territoriales représentant 3 cycles d’élections nationales.
De même, les partis politiques qui sont restés plus de 3 ans consécutifs sans avoir déposé auprès du ministère de l'intérieur et de la sécurité publique leurs états financiers et documents administratifs complétifs doivent être rappelés à l'ordre.
L'échelle de sanction peut aller jusqu'au retrait pur et simple de leur récépissé.
Nous demandons au ministère de l'intérieur et de la sécurité publique en charge du suivi administratif des partis politiques de publier chaque année la liste des partis politiques en règle et ceux qui ne sont pas en règle par rapport à la législation concernant les partis politiques.
Pour des raisons évidentes d'économies budgétaires dans un contexte de raréfaction des ressources financières et de crises économiques mondiales récurrentes, de relatives tensions budgétaires, de cohérence et de lisibilité politiques, le calendrier républicain doit être repensé et réorganisé.
Certaines élections pourraient être organisées concomitamment le même jour comme l'élection présidentielle et les élections législatives par exemples ou même les élections législatives et territoriales.
L'expérience acquise par le peuple sénégalais en matière d'élections, le niveau avancé de la technologie, l’utilisation de plus en plus courante des outils numériques par le plus grand nombre, la maîtrise du processus électoral, la maîtrise organisationnelle de la matière électorale par une administration rompue à la tâche et qui a accumulé des succès éclatants depuis plusieurs décennies, constituent des leviers adéquats pour relever le défi.
Le financement des partis politiques, pratique courante dans de nombreux pays démocratiques, est une nécessité car les partis politiques sont des institutions qui consolident la démocratie et sont la source des pouvoirs politiques qui œuvrent en principe pour l'intérêt général.
Pour éviter des abus de toutes sortes et la multiplication de sources douteuses de financement, l'encadrement du financement doit être réglementé.
Un des critères qui nous semble pertinent pour obtenir un financement est le nombre de conseillers municipaux obtenus à l'occasion d'élections territoriales car ces élections territoriales donnent une indication pertinente relative à l'ancrage territorial et du niveau de couverture géographique des partis politiques.
Le parrainage dans sa forme actuelle avec ses trois modalités (parrainage par les citoyens électeurs, parrainage par les députés, parrainage par les exécutifs de conseils municipaux et départementaux) doit être supprimé car injuste, inefficace, déséquilibré et sources de légitimes contestations.
Sur le plan technique, le contrôle du parrainage n'offre pas les garanties de transparence, de sécurité et d'équité.
Également le nombre de parrainage demandé quelle que soit la formule retenue est excessif et les trois modalités de parrainage actuellement en vigueur entraînent une rupture d'égalité entre les différentes candidatures de même que le tirage au sort pour déterminer l'ordre de passage en vue du contrôle du parrainage rajoute de l'aléatoire source d'iniquité.
Tous les électeurs sont égaux ! Par conséquent tous les parrains doivent être égaux.
Le nombre de parrainage exigé en ce qui concerne la modalité du parrainage des citoyens électeurs dans les 7 régions est une complication à la fois absurde, coûteuse, chronophage et injuste.
Nous proposons à la place du dispositif actuel, un seul mode de parrainage limité au maximum à 5 000 parrains exclusifs d'où qu'ils viennent.
La collecte de parrainage doit se faire de manière électronique pour en faciliter le recueil et le contrôle et pourrait permettre d’éviter les doublons. Les données personnelles seront ainsi mieux protégées et préservées car le risque d'une utilisation inappropriée voire frauduleuse sera ainsi réduit. Il est nécessaire de renforcer les procédés et processus techniques pour protéger les données personnelles objet de convoitises nationales et mondiales.
Nous partageons le vœu déjà exprimé par Monsieur le président de la république à savoir : tous les citoyens âgés de 18 ans et plus disposant de cartes d'identité nationale CEDEAO doivent être inscrits automatiquement sur le fichier électoral.
Ce procédé largement appliqué dans de nombreux pays démocratiques offre des avantages multiples dans une République.
République est issue du latin « RES PUBLICA » qui signifie chose publique, bien commun à tout un peuple. Donc la république appartient à tout le peuple, concerne tout le peuple, par conséquence, tout le peuple doit y être intégré, impliqué car chaque personne compte, chaque voix compte d’où la nécessité de disposer d’un fichier électoral le plus inclusif et large possible.
Un Etat démocratique doit faciliter la participation de tous aux élections. Nous devons continuellement et de manière volontariste et soutenue prendre les dispositions pratiques adéquates pour inviter, inciter, motiver, intégrer les citoyens sans exclusive aux processus démocratiques. Notre démocratie ainsi que le pouvoir et les candidats élus y gagnent en légitimité en plus de la légalité acquise du fait de leur élection dans les normes établies.
Autre avantage, les révisions et les inscriptions électorales ainsi que les modifications et distributions de cartes d'électeurs sont coûteuses au niveau logistique. Les citoyens ainsi que les agents de l’administration préposés, perdent beaucoup de temps avec des va et vient incessants. L'administration est souvent débordée en périodes pré électorales et nombreux sont les citoyens frustrés de ne pas disposer de leur carte en temps voulu sans compter les périodes de rush dans les commissions d'inscription et de distribution. De plus les cartes d'électeurs non retirées sont nombreuses.
La révision du Code électoral est une nécessité. Nous proposons les dispositions suivantes dans le cadre de cette révision souhaitée :
- Supprimer le parrainage dans sa forme actuelle.
- Mettre en pratique et encadrer le financement des partis politiques
- Intégrer l’élection des assemblées territoriales (conseils territoriaux) au niveau des pôles territoires.
- Mieux intégrer la diaspora dans la gouvernance élective.
- Mettre en place le bulletin unique.
- Légiférer en matière de vote électronique.
- Faire évoluer le fichier électoral.
- Rationaliser le calendrier républicain.
- Promouvoir le référendum par vote électronique pour certaines décisions majeures institutionnelles qui nécessitent une validation massive des populations notamment en matière constitutionnelle.
- Réviser les dispositions concernant la campagne électorale et l'équilibre au niveau des médias."
Ont signé :
- Pour le compte du parti Union Citoyenne Bunt-Bi, Dr. El Hadji Ibrahima Mbow ;
- Pour le compte de la Coalition Pôle Alternatif 3ème voie Kiraay ak Natangué, Dr. Mohamed Diallo ;
- Pour le compte du parti PJD le Parti Pour La Justice Et Le Développement, Monsieur Cheikh Ibrahima Diallo ;
- Pour le compte du parti PPR le Parti Pour La Rupture, Monsieur Ben Mady Faye ;
- Pour le compte du parti URV Union Pour La Restauration Des Valeurs, Monsieur Mamadou Fall Mbassou ;
- Pour le compte du parti UDR Union Démocratique Républicaine, Monsieur Pape Ndiaga Sow ;
- Pour le compte du mouvement pour l'émergence d'une Conscience Citoyenne Vac, Monsieur Abdourahmane Mbengue ;
- Pour le compte du mouvement BCG, Monsieur Cheikh Tidiane Gaye ;
- Ousseynou Nar Gueye : Éditorialiste, Communicant, Chargé de la communication Kiraay ak Natangué ;
- Imam Moustapha Niang : Imam de la Mosquée de Liberté 6 extension Mame Ansou Niang ;
- Imam Mohamed Niass : Imam de la Mosquée des Almadies ;
- Imam Babacar Samb : Imam de la mosquée de Liberté 5 ;
- Pour le compte du secteur informel, Monsieur Ousmane Sow ;
- Pour le compte des Mareyeurs, El Hadj Sagna
- Pour le compte des femmes transformatrices : Madame Ndeye Coumba Sy ;
- Pour le compte de l'organisation nationale des éleveurs du Sénégal : Omar Sow.
par Fatoumata Bernadette Sonko
FATOU SOW, PANSEUSE ET PENSEURE RÉSOLUE DU FÉMINISME AFRICAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Rendre hommage à cette militante, qui a défendu les femmes à une époque dystopique, c’est rendre audible et visible la vie plurielle des Sénégalaises. C’est résister à la tyrannie domestique
Il est des dates attendues comme celle consacrée à la célébration de celles qu’on ne célèbre jamais. Une date comme une évidence pour exhumer des vies ensevelies sous une couche d’invisibilité.
Rendre hommage à la professeure Fatou Sow, qui a défendu les femmes à une époque dystopique, c’est rendre audible et visible la vie plurielle des Sénégalaises. C’est vaincre le mythe vermoulu de leur infériorité. C’est battre en brèche leur prétendu statut de subordonnées. C’est résister à la tyrannie domestique. C’est faire face au mur du simplisme. C’est en finir avec le diktat d’un fondamentalisme de bazar qui fait tout pour asservir la gent féminine.
Célébrer cette infatigable militante, c’est l’honorer. C’est la reconnaître à sa dimension humaine et humaniste d’autant plus que la célébration, genre féminin, se conjugue essentiellement au masculin.
Avec sa loupe de sociologue, la pionnière a mis en lumière l’alliage de la politique, de la culture et du religieux, sous-tendu par les médias, pour soumettre les femmes et les réduire au silence.
Dans un contexte académique patriarcal où le féminisme est un mot piégé, Fatou Sow a dû « apprendre à transgresser » et à faire de sa classe un lieu d’émancipation et de liberté pour déconstruire le rapport de domination entre femmes et hommes.
Preuves à l’appui, cette femme de terrain a également transgressé le grand récit national en démystifiant les oripeaux de la fausse bienveillance et l’angle mort des politiques publiques destinées aux habituées absentes. Elle a mis à nu l’exploitation du travail des femmes à travers leur corps (tâches domestiques, éducation des enfants, accompagnement des malades, des hospitalisés, réconfort des familles endeuillées, etc.) et levé le voile sur les mécanismes mis en place pour se décharger sur ces taillables et corvéables à merci. Leur travail peu valorisé, voire minimisé est au fondement même de l’État patriarcal. Sinon comment comprendre l’incroyable décision de samaritains autorisant des femmes à rentrer plus tôt que prévu pour préparer le ndogou du ramadan ? Ces messieurs, servis en tout, mesurent-ils la lourdeur de la charge mentale des Sénégalaises avec ou sans enfant ?
Tout à leur volonté de communiquer, ces hérauts du patriarcat ignorent probablement que cette décision, d’une légèreté confondante, est tout sauf une avancée. Une impéritie sidérante ! Quoi de mieux pour rouiller l’ascenseur professionnel des travailleuses et guérir le syndrome de l’imposteur dont souffrent même les plus compétentes ? Mais, qui se soucient du sort de ces bâtisseuses sociales ployant sous le poids d’une « intersectionnalité » d’obligations ? Certainement pas, des manants se pavanant dans les cimes du pouvoir masculin.
Ce traitement inéquitable dont est victime près de la moitié de la population semble systémique. La défaite de l’équipe nationale de football, celle d’un lutteur ou la visite de l’influenceur italo-sénégalais Khaby Lame semblent avoir plus de portée que la première greffe de la moelle osseuse - de toute l’Afrique subsaharienne francophone - réalisée par la professeure en hématologie, Fatou Samba Diago Ndiaye et son équipe composée à 80% de femmes. Cette prouesse doublée d’une expertise locale au féminin frappe par son éphémérité, sans tambour, ni trompette, à l’exception de quelques lignes glissées dans le communiqué du Conseil des ministres. La minoration de cet exploit témoigne-t-elle d’un mépris de genre ? Parce que ni le président de la République, ni le premier ministre, ni les ministres de la Santé, de l’Enseignement supérieur ou encore de la Famille et des Solidarités, n’ont jugé nécessaire de recevoir ces championnes toutes catégories confondues de la science médicale pour les célébrer.
En écoutant les panélistes venu(e)s d’Afrique et d’ailleurs, on ne peut s’abstenir de se poser cette question : « Suis-je une femme ? » pour reprendre le titre de l’excellent ouvrage de Bell Hooks ou plutôt « suis-je considérée comme une personne à part entière ? » Cette question est fondamentale au regard de l’offensive masculiniste désinhibée.
Objectrice de conscience face aux assignations archaïques, la professeure Fatou Sow appelle les femmes à s’affranchir de l’enfermement culturel et religieux, à refuser de s’abîmer dans le conformisme et à démaquiller l’institutionnalisation de la culpabilité comme essence féminine. Il faut plutôt « transgresser pour progresser » conformément à son exhortation.
L’engagement sans concession de cette intellectuelle a semé les graines d’une révolution permettant de « démolir bloc par bloc » le système patriarcal par le savoir, car son impressionnant pedigree ne l’a guère érigée au rang de penseur, un titre essentiellement masculin, dans l’imaginaire collectif. Professeure Fatou Sow, qui a su trouver, par les mots, un remède aux maux des femmes, demeure à la fois une panseuse et une penseure.
Fatoumata Bernadette Sonko est enseignante-chercheure
Cesti-Ucad.
DIALOGUE NATIONAL, LE CDEPS PLAIDE POUR UNE RÉFORME DU CADRE JURIDIQUE
Dans un contexte de tensions entre le régime et la presse, l’organisation appelle à une révision du code de la presse et du code pénal, ainsi qu’à une réforme électorale incluant les médias privés.
Le dialogue national du 28 mai s’approche. Le président de la république, Bassirou Diomaye Faye, y a convié les forces vives de la nation. C’est le cas du conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS).
Le CDEPS a tenu à préciser ses attentes avant le dialogue. L’organisation estime que le « dialogue national » intervient dans contexte où le Sénégal connait de vives tensions entre le régime et la presse. Dans un communiqué, le CDEPS affirme que cette rencontre devra avoir comme objectif principal la protection de l’intangibilité et l’inviolabilité de la liberté de la presse qui passera « nécessairement par la révision du code de la presse, du code pénal et du code de procédure pénale, en ce qui concerne les délits de presse et les procédures prévues à cet effet. »
Le CDEPS soutient aussi qu’une réforme du code électoral est primordiale. Cette réforme doit concerner les dispositions portant sur la propagande et la publicité en période de pré-campagne et de campagne électorale pour les élections locales, législatives et présidentielles pour inclure la presse privée.
« Au 21ème siècle, il faut repenser les médias à travers une stratégie nationale d’information et de communication pour bâtir notre souveraineté nationale et internationale », déclare le CDEPS. Une telle stratégie, soutient le CDEPS, suppose des préalables tels que la mutation technologique des médias, une fiscalité propre aux secteurs stratégiques et névralgiques, un financement adéquat pour l’émergence de champions nationaux d’entreprises de presse et de télécommunications, une formation plus poussée des professionnels des médias.
Pour le CDEPS, les décisions prises par les autorités ont porté atteinte à la crédibilité de la presse en tant qu’entreprise citoyenne, mais aussi à la viabilité des sociétés éditrices. « Ces mesures perçues comme tendant à museler la presse ont été durement ressenties », affirme le conseil des diffuseurs. La presse a mené des combats pour faire face à cette situation sans pour autant avoir des retours positifs encore « moins une écoute compréhensive » de la part des autorités.
De ce fait, le conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal espère que ce « dialogue national » sera l’occasion de renouer le dialogue en les nouvelles autorités et la presse.
QUE DEVIENT NGOR ?
Trafic de stupéfiants, prostitution, vols à répétition : cette destination touristique prisée fait face à une criminalité galopante que tentent d'endiguer les autorités locales et un collectif citoyen baptisé "Gilets jaunes"
Le village de Ngor est confronté à plusieurs fléaux préoccupants comme le trafic de drogue, le vol, et la prostitution. Les autorités municipales, religieuses et coutumières, et un mouvement comptent lutter contre ces phénomènes.
Soixante kilogrammes de chanvre indien, 47 boules de stupéfiants appelés ‘’Dangoté’’ et 47 boules de haschich ont été saisies à Ngor, grâce un mouvement dénommé ‘’Gilets jaunes’’. Il y a également, durant cette même période, 71 arrestations, dont celles de 31 femmes. L’annonce a été faite par Cheikh Makhfouz Mbengue, chef notable des Gilets jaunes de Ngor, lors d’une conférence de presse tenue devant le siège du Conseil des notables les Freys du village.
Une rencontre visant à dénoncer les trafics de drogue, la prostitution et l’insécurité multiformes. Estimant que l’heure est grave, Cheikh Makhfouz Mbengue met en garde les jeunes : ‘’Tous ceux qui ont choisi cette voie en ont payé le prix. La drogue ne mène à rien du tout’’, a-t-il dit.
Dans la même veine, le président de Ngor Debout, Mamadou Ndiaye, note que l’actualité montre que la plupart des trafiquants de drogue arrêtés viennent de Ngor. ‘’Il y a des gens de la localité qui collaborent avec les vendeurs de drogue’’, a-t-il regretté. A l’en croire, à plusieurs reprises, des jeunes de Ngor se sont opposés aux interventions policières, ce qui pose un sérieux problème. ‘’Une fois, lors d'une perquisition prévue chez un trafiquant, ils ont pris les devants pour faire disparaître toutes les preuves avant l'arrivée des forces de l'ordre’’, a-t-il révélé demandant aux bailleurs de bien identifier ceux à qui ils louent leur maison. Il y a des victimes d’overdose, selon M. Ndiaye.
‘’Le problème est très profond. Ceux qui viennent contrecarrer l’intervention des forces de l’ordre sont de cette localité. Mais ce n’est pas toute la population. Et ce sont des fils et filles de la localité d’ici qui vendent de la drogue, ce ne sont pas des étrangers’’, a indiqué Mamadou Ndiaye.
Selon lui, ces jeunes tentent aussi de décrédibiliser les autorités coutumières ou religieuses pour que la vente de drogue gagne davantage de terrain.
Les trafiquants qui sont à Ngor ont commencé à faire du blanchiment d’argent, selon lui.
En outre, des vols sont désormais fréquents dans le village, de jour comme de nuit, d'après Mamadou Ndiaye. Sur ce point également, il considère que les malfrats sont des résidents de la commune. Un fait nouveau, car c’était très rare d’entendre des cas de vol ou d’agression dans le village de Ngor. Pis, Ngor étant une zone touristique, la prostitution gagne du terrain. Elle est pratiquée par des filles venues d’ailleurs, selon le président de Ngor Debout, qui souligne qu’elles interpellent les gens dans la rue pour proposer leur service.
Pour tous ces fléaux, Mamadou Ndiaye invite les populations à dénoncer de façon anonyme. Il demande aussi aux parents d'être vigilants. Pour lui, quand un chômeur arrive à faire certains achats ou à posséder certaines sommes d’argent, c’est suspect. Il a annoncé que la gendarmerie et la police feront régulièrement des patrouilles, les jours à venir.
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LA DÉFENSE DE MANSOUR FAYE CRIE AU SCANDALE
Placé sous mandat de dépôt par la haute cour de justice ce lundi, l'ancien ministre voit tous ses recours juridiques échouer. Ses avocats dénoncent une décision « politique » et le rejet systématique de leurs démarches
Mansour Faye reste derrière les barreaux. Malgré une batterie de recours déployée par ses avocats, l'ancien ministre a été placé sous mandat de dépôt par la commission d'instruction de la haute cour de justice. Lors d'une conférence de presse ce lundi 26 mai, ses conseils ont exprimé leur amertume face au rejet systématique de leurs démarches juridiques.
La défense du maire de Saint-Louis avait multiplié les initiatives pour éviter l'incarcération de leur client. Premier recours : une requête en contestation sérieuse, dans laquelle les avocats contestaient le bien-fondé des accusations. "Nous avons déposé une requête au fin de contestation sérieuse", ont-ils expliqué, précisant qu'ils communiqueront exceptionnellement ce document à la presse.
Deuxième tentative : une offre de cautionnement, dont le montant n'a pas été révélé. "Nous avons fait une offre de cautionnement. Cette offre de cautionnement a été rejetée", ont déclaré les avocats, refusant catégoriquement de divulguer la somme proposée malgré l'insistance des journalistes.
Enfin, troisième et dernier recours : une requête en inconstitutionnalité de la loi elle-même. "Nous avons déposé également une requête en inconstitutionnalité de la loi. Cette exception a été rejetée", ont-ils ajouté avec amertume.
"On ne nous a pas écoutés"
Face à ces échecs successifs, la frustration des avocats est palpable. "Nous avons la désagréable sensation qu'on ne nous a pas écouté. Si on nous a écouté, on nous a entendu. Si on nous a entendu, on ne nous a pas compris", ont-ils déploré lors de leur intervention.
Cette série de rejets alimente selon eux la thèse d'une "commande politique". Les conseils de Mansour Faye martèlent que leur client n'a aucune responsabilité dans l'affaire du marché de riz qui lui est reprochée, dans le cadre du programme de résilience économique et social durant la Covid-19.
Pour étayer l'innocence de leur client, les avocats avancent plusieurs éléments : Mansour Faye n'était pas membre de la commission d'attribution des marchés, un appel d'offres régulier a été organisé avec 30 soumissionnaires, et les prix appliqués (275 francs le kilo) avaient été confirmés par le ministère du commerce.
"Il n'est absolument à rien intéressé ni dans le marché ni dans quoi que ce soit", insistent-ils, dénonçant des "reproches politiques" émanant d'une "assemblée d'hommes politiques".
Dans un geste inédit, les avocats ont annoncé leur intention de transmettre l'ensemble de leurs documents juridiques aux médias, souhaitant que "l'information puisse être portée au public" pour démontrer l'innocence de Mansour Faye.
MANSOUR FAYE PLACÉ SOUS MANDAT DE DÉPÔT
L’ancien ministre et beau-frère de Macky Sall a été inculpé et écroué par la Haute Cour de justice, dans une affaire portant sur un préjudice provisoire estimé à 2,7 milliards de francs CFA
L’ancien ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, Mansour Faye, par ailleurs beau-frère de l’ex-président Macky Sall, est inculpé et placé sous mandat de dépôt.
Cela fait suite à son audition, ce lundi, par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice, selon Me Amadou Sall, l’un de ses avocats. « Nous avons fait une offre de cautionnement, mais elle n’a pas été acceptée », a-t-il déclaré. « Nous avons fait des contestations sérieuses, qui n’ont pas non plus été retenues », a ajouté la robe noire.
L’Assemblée nationale sénégalaise a examiné et adopté, le 8 mai dernier, une résolution visant à déférer l’actuel maire de Saint-Louis devant cette juridiction d’exception.
Il est soupçonné de détournement de deniers publics, d’escroquerie portant sur des fonds publics et de blanchiment de capitaux dans le cadre de la gestion des fonds Covid-19.
Le préjudice provisoire est estimé à 2,749 milliards de francs CFA.
Avant lui, quatre autres anciens ministres ont été entendus par la justice : Moustapha Diop et Aïssatou Sophie Gladima, placés sous mandat de dépôt ; Ndeye Saly Diop Dieng, libérée sous caution ; et Ismaïla Madior Fall, mis sous bracelet électronique.
CANCER DE L’ENFANT, LE SÉNÉGAL REJOINT LA GPACCM POUR FACILITER L’ACCÈS AUX MÉDICAMENTS
Chaque année, plus de 400 000 enfants à travers le monde sont diagnostiqués d’un cancer. Mais les chances de survie varient fortement selon les pays : elles dépassent 80 % dans les pays à revenu élevé contre à peine 30 à 50 % dans les pays à faible revenu
Le Sénégal vient d’intégrer la Plateforme mondiale pour l’accès aux médicaments contre le cancer de l’enfant (GPACCM), une initiative portée par l’Hôpital St. Jude, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Unicef et le Fonds stratégique de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS). Un tournant stratégique pour améliorer l’approvisionnement et la disponibilité de traitements vitaux destinés aux enfants atteints de cancer dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Chaque année, plus de 400 000 enfants à travers le monde sont diagnostiqués d’un cancer. Mais les chances de survie varient fortement selon les pays : elles dépassent 80 % dans les pays à revenu élevé contre à peine 30 à 50 % dans les pays à faible revenu. Une inégalité flagrante que la plateforme GPACCM entend corriger en facilitant l’accès équitable, abordable et durable à des médicaments de qualité, sans interruption.
L’initiative a officiellement été lancée au Sénégal lors d’une cérémonie tenue à Dakar en présence de nombreux partenaires internationaux. À cette occasion, le Dr Fatou Bintou Diagne, pédiatre oncologue à l’hôpital Dalal Jamm, a salué « un projet d'une portée exceptionnelle grâce à la collaboration de la Saint-Jude Hospital, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de l'Unicef et de l’OPS ».
Un espoir pour les enfants et leurs familles
« Cette plateforme, au-delà d'être un outil logistique, est un modèle de solidarité internationale, une réponse concrète aux disparités thérapeutiques et surtout, une lueur pour les milliers d'enfants et leurs familles », a insisté Dr Diagne. Selon elle, au Sénégal, les taux de guérison avoisinent actuellement 52 %, mais il reste beaucoup à faire : améliorer le diagnostic précoce, assurer la disponibilité continue des médicaments et rapprocher les soins des domiciles.
« Ce sont des traitements longs, qui s'étalent entre six mois et trois ans. Les familles doivent souvent faire des allers-retours coûteux. D’où la nécessité de décentraliser les soins et de former davantage de pédiatres en région », a-t-elle souligné.
Elle a également mis en exergue les efforts faits avec le ministère de la Santé et la division des maladies non transmissibles pour renforcer la reconnaissance précoce des signes de cancer chez l’enfant. « Actuellement, les leucémies représentent les premiers cas au Sénégal. Ce sont des cancers du sang qui évoluent rapidement et nécessitent des traitements spécifiques et disponibles sans rupture. La plateforme va justement permettre cela », a-t-elle expliqué.
L'engagement des partenaires
Mme Ayo Omotola, représentante de St. Jude Hospital, a souligné l’importance de l’engagement du Sénégal dans cette initiative : « Votre leadership a choisi de jouer un rôle critique dans l’avance des soins pour les enfants atteints de cancer, pas seulement au Sénégal, mais dans toute la région. C’est grâce à une simple mais puissante croyance : aucun enfant ne doit être privé de traitement à cause de son origine ou des ressources de sa famille. »
Selon elle, la plateforme est déjà opérationnelle dans des pays comme la Mongolie, l’Uzbekistan, le Népal ou la Zambie, et l’objectif est d’atteindre 50 pays et 120 000 enfants grâce à un investissement de 200 millions d’euros. « Le travail de chaque partenaire est essentiel. Ensemble, nous construisons un système durable qui offre des soins de qualité et sauve des vies. »
Dans le même élan, M. Santiago Millán, représentant de l'OMS Genêve, a rappelé que cette initiative « s’inscrit dans une réponse systémique aux défis complexes de la chaîne d'approvisionnement en médicaments pédiatriques contre le cancer ». Il a ajouté : « Nous travaillons à renforcer les capacités nationales pour planifier, estimer les besoins, commander, distribuer et utiliser efficacement les médicaments, afin d’assurer leur disponibilité continue pour chaque enfant, à chaque étape de son traitement. »
Une priorité nationale
Moustapha Barro, conseiller technique au ministère de la Santé, a affirmé que « le Sénégal a fait le choix de placer les cancers de l’enfant parmi les priorités de sa lutte contre le cancer ». Il estime entre 800 et 1 200 le nombre de nouveaux cas de cancers pédiatriques chaque année dans le pays, mais seulement 250 enfants sont actuellement pris en charge à l’hôpital Dalal Jamm.
Il a salué les efforts déjà accomplis depuis l’adhésion du Sénégal à l’initiative mondiale contre le cancer de l’enfant en 2021. « Grâce à notre collaboration avec l’OMS et le GFAOP, nous avons renforcé les capacités des prestataires de santé, mis en place un réseau national de soins et sensibilisé les acteurs communautaires à l’importance du diagnostic précoce. »
L’intégration du Sénégal à la plateforme GPACCM, selon lui, va permettre « de renforcer notre chaîne d’approvisionnement, d’appuyer les mécanismes de gouvernance pharmaceutique et d’optimiser l’utilisation des ressources disponibles ».
Cette plateforme marque un tournant dans la lutte contre les cancers pédiatriques au Sénégal. Elle offre une opportunité concrète d’agir de manière structurée pour améliorer l’accès aux traitements, réduire les abandons de soins et augmenter les chances de guérison. Le défi reste immense, mais les partenaires et acteurs engagés dans cette initiative ont réaffirmé leur détermination à faire de la lutte contre le cancer de l’enfant une priorité sanitaire absolue.
PAR SEYDOU KA
ÉTUDIANTS ÉTRANGERS, VECTEURS DU SOFT POWER
D’un trait d’humeur, Donald Trump a révoqué l’accueil d’étudiants étrangers à l’université Harvard. Même si un tribunal américain a temporairement bloqué cette décision, l’offensive est lancée. En effet, cette décision est le dernier acte de représailles
D’un trait d’humeur, Donald Trump a révoqué l’accueil d’étudiants étrangers à l’université Harvard. Même si un tribunal américain a temporairement bloqué cette décision, l’offensive est lancée. En effet, cette décision est le dernier acte de représailles contre les prestigieuses universités privées américaines considérées comme des repères de « wokistes » après la coupe des subventions fédérales (2,7 milliards de dollars pour Harvard).
L’administration Trump estime que les universités américaines dont Harvard se sont transformées en vivier des idées d’extrême gauche ou progressistes et argue de gaspillages massifs dans des programmes de diversité inutiles. Si la décision du président américain brise le rêve de milliers de jeunes étudiants dans le monde, en visant l’emblème du rayonnement des États-Unis dans le monde, elle risque d’écorner un peu plus le « soft power » américain. Théorisé par le politologue de renom Joseph Nye dans les années 80, ce concept fait référence à une diplomatie d’influence ou d’attraction par opposition à une politique de coercition. Dénonçant la décision visant Harvard, la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen a fait valoir que « les étudiants étrangers contribuent à notre économie, soutiennent l’emploi aux États-Unis et font partie de nos outils les plus puissants en matière de diplomatie et de soft power ».
Adepte d’une diplomatie transactionnelle, Trump ne pense qu’en termes de coercition et de paiement. Or, le succès du modèle américain au cours des huit dernières décennies est largement basé sur l’attractivité. Étudier dans un pays, c’est adopter sa culture, parler sa langue, avoir une certaine proximité affective. Ce qui crée des liens au-delà de la sphère du pouvoir et facilite les affaires. Pour preuve, les relations entre le Sénégal et la France débordent largement la coopération entre les deux gouvernements. Les universités américaines attirent chaque année des centaines de milliers d’étudiants étrangers notamment d’Asie. En 2023/24, quelque 1.126.690 étudiants étrangers étaient inscrits dans des universités à travers les États-Unis, un record, d’après des chiffres cités par l’Institute of International Education. Dans l’ordre, l’Inde, la Chine et la Corée du Sud fournissent les plus gros contingents, principalement dans les filières des mathématiques, de l’informatique et de l’ingénierie. S’il y a de plus en plus d’étudiants sénégalais qui choisissent désormais le Canada, les États-Unis, la Chine ou le Japon, l’écrasante majorité privilégie encore l’ancienne puissance coloniale.
Selon les données de l’ambassade de France au Sénégal, il y a près de 15.200 étudiants sénégalais en France dont 5.200 qui ont rejoint la France l’année dernière. Un chiffre bien supérieur aux 1.310 étudiants répertoriés en 2014. Beaucoup d’entre eux y vont très jeunes. Ce qui les expose au choc culturel, au racisme et parfois à la dépression (le cas de Diary Sow). Conscient de ces enjeux, l’État du Sénégal a lancé en 2022 des Classes préparatoires aux grandes écoles (Cpge), une initiative visant à apporter une solution aux parents désireux d’offrir à leurs enfants une formation d’excellence au Sénégal.
« Les Cpge ont pour valeur ajoutée pour notre pays de former de nouveaux profils d’élèves ingénieurs, des profils complémentaires de ceux des bacheliers recrutés par les écoles d’ingénieurs sénégalaises. C’est une richesse pour nos entreprises locales », expliquait le Pr Magaye Diop, directeur général des Cpge, dans un entretien accordé au « Soleil », précisant que le taux de réussite pour la première promotion est d’environ 83%. C’est d’abord un enjeu de souveraineté. Une façon de limiter la fuite des cerveaux – sur les milliers de jeunes sénégalais qui partent étudier à l’étranger peu d’entre eux reviennent participer au développement du pays alors que l’État a dépensé beaucoup d’argent pour les former. Or, ce sont les plus brillants. Ensuite, c’est une façon de préparer ces jeunes et de les armer psychologiquement à faire les bons choix avant de les laisser affronter le monde.
PAR SIDY DIOP
LA POLITIQUE DE L’ÉCOUTE
Il y a des mots qui ont le charme discret des évidences. « Dialogue » est de ceux-là. Il traverse les discours, s’invite dans les titres de conférences, couronne des initiatives que l’on espère salvatrices. Mais comme toute évidence trop bien portée...
Il y a des mots qui ont le charme discret des évidences. « Dialogue » est de ceux-là. Il traverse les discours, s’invite dans les titres de conférences, couronne des initiatives que l’on espère salvatrices. Mais comme toute évidence trop bien portée, il risque l’usure. Usé jusqu’au silence, jusqu’à ne plus faire sens. Et pourtant, au Sénégal, ce mot retrouve aujourd’hui une fraîcheur. Il reprend du souffle. Il s’enracine dans une promesse : celle d’un président nouvellement élu qui, au lieu de crier, choisit de parler. Ou mieux : d’écouter. Bassirou Diomaye Faye, en convoquant un dialogue national pour le 28 mai 2025, a pris le parti — rare en politique — de croire aux vertus du débat. Non pas ce simulacre de débat où chacun campe sur ses positions, mais le dialogue comme lieu de friction féconde, où la parole devient pont et non mur.
Il ne s’agit pas d’un simple exercice de style. Les termes de référence, transmis depuis le 7 avril à l’ensemble des forces politiques, aux représentants de la société civile, aux dignitaires religieux et coutumiers, dessinent une ambition plus vaste : refonder le système politique sénégalais. Voilà un mot fort : refonder. Il implique que quelque chose est à reconstruire, non par effraction, mais par intelligence partagée.
Trois axes structurent ce chantier : démocratie et droits humains, processus électoral, et réformes institutionnelles. C’est ample. Presque vertigineux. Car il faudra, au fil de ces échanges, poser des questions que d’aucuns croyaient tranchées, mais qui, en vérité, ne l’ont jamais été. Le financement des partis ? Opacité. Le système de parrainage ? Contesté. Le bulletin unique ? Encore tabou. Le rôle de la justice dans les élections ? Éminemment sensible. Rien, dans ces sujets, ne se prête au raccourci. Tout appelle nuance, rigueur, compromis.
Il faut du courage pour ouvrir ces dossiers-là. Non pas le courage du héros, mais celui, plus exigeant, du médiateur. Il faut surtout, pour les mener à bien, une foi obstinée dans la parole échangée, dans cette alchimie incertaine où chacun, un jour, accepte de ne pas avoir raison seul.
Le dialogue en politique n’est pas une mode ni un luxe. C’est une nécessité. Une respiration. Dans les sociétés qui bruissent de tensions, d’injustices accumulées, de frustrations contenues, le dialogue est une forme d’hygiène collective. Il évite l’inflammation. Il retarde — parfois prévient — l’irréparable. Mais dialoguer ne signifie pas diluer. Ni ajourner. Le président Diomaye Faye semble l’avoir compris : il ne s’agit pas de parler pour différer l’action, mais pour mieux l’orienter. Ce que suggère aussi sa volonté d’inclusion. Car pour que le dialogue soit fécond, encore faut-il que les chaises autour de la table ne soient pas toutes occupées par les mêmes. Autorités religieuses et coutumières, acteurs économiques, représentants des jeunes et des femmes, anciens opposants comme alliés d’hier — tout le monde est convié. Reste à savoir si tout le monde répondra. Et surtout : si tout le monde sera écouté.
La démocratie sénégalaise, souvent citée en exemple dans la région, ne manque ni de vitalité ni de contradictions. Elle est vivante, bruyante, vibrante. Mais elle a, comme toutes les démocraties, besoin de se réinventer pour durer. Le dialogue national de mercredi prochain pourrait bien en être le levier. À condition, bien sûr, qu’il échappe au formalisme. À condition qu’il accepte l’inconfort du désaccord. À condition qu’il ne soit pas un théâtre, mais un chantier.
On pourrait dire, avec un brin de scepticisme, que le Sénégal n’en est pas à sa première tentative. Que des dialogues, des concertations, des forums, le pays en a connus. Et que, souvent, ces espaces ont accouché de promesses vite oubliées. Oui. Mais ce qui fait la force d’un dialogue, ce n’est pas son intitulé. C’est l’esprit qui l’anime. Or il se pourrait bien que l’heure, cette fois, soit différente. Moins verticale. Moins verrouillée. Plus ouverte. Il y a, dans la démarche actuelle, une forme de maturité politique. Une conscience que la vérité ne se décrète pas, mais se construit. Qu’elle n’est ni dans les bureaux ministériels, ni dans les seuls slogans militants, mais dans l’interstice. Là où s’échangent, parfois maladroitement, des visions du pays que tout oppose — sauf peut-être l’essentiel : la volonté de le faire tenir debout.
En invitant le pays à se parler, Bassirou Diomaye Faye prend un risque. Celui d’être contredit. Celui d’être débordé. Celui, même, de voir surgir ce qu’il ne voulait pas entendre. Mais il faut rendre grâce à ce risque-là. Car en politique, le plus grand péril, ce n’est pas le tumulte. C’est le silence. C’est le huis clos. Le dialogue est peut-être lent. Il n’offre pas de victoire immédiate, pas de trophée. Mais il laisse derrière lui un sol plus solide. Il construit du commun. Et dans les temps troublés que traverse le monde, cela vaut toutes les lois votées à la hâte.
Alors que la date du 28 mai approche, souhaitons que ce moment ne soit pas une parenthèse. Mais un début. Non d’une ère miraculeuse, mais d’une habitude salutaire : se parler, encore et encore, pour continuer à faire société.