SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
17 juillet 2025
VIDEO
SONKO PASSE À LA VITESSE SUPÉRIERE
« Chaque blocage aura un responsable identifié. » Le message du Premier ministre à son gouvernement ce lundi était sans ambiguïté : l'heure n'est plus aux excuses mais à l'action, avec sept mesures choc pour accélérer l'exécution des projets
Réuni avec son équipe gouvernementale, Ousmane Sonko s'est voulu insistant ce lundi. "Nous entrons dans une phase où chaque blocage aura un responsable identifié, chaque projet un échéancier précis et chaque ministre une feuille de route claire suivie et évaluée", a-t-il déclaré avec fermeté.
Le chef du gouvernement a d'emblée fixé le ton : "La parole de l'État engage. Il faut la traduire en acte avec méthode, exigence et efficacité." Cette mise en garde intervient à un moment qu'il qualifie de "décisif" pour l'action gouvernementale.
Pour concrétiser cette nouvelle approche, Ousmane Sonko a détaillé sept mesures phares :
1. Gare aux blocages administratifs "Aucun obstacle bureaucratique ne doit freiner l'action publique", a martelé le Premier ministre. Il a annoncé le déploiement d'une gestion digitalisée du courrier dans les trois prochains mois, promettant que "les courriers sans suite qui bloquent des projets structurants, c'est terminé".
2. Accélération des projets en cours Tous les projets financés actuellement doivent être accélérés. La Primature, en lien avec le BOG, assurera un suivi rapproché pour garantir leur exécution effective.
3. Lancement rapide des nouveaux projets Les projets inscrits dans la loi de finances rectificative doivent être lancés dans un délai maximal de 30 jours, avec un suivi assuré par la Primature.
4. Task force pour les projets en attente Une task force sera mise en place sous l'autorité de la Primature, regroupant le BOX, l'DGPPE, l'UNAPP, la CDC et la direction générale de la coopération. Des cabinets privés spécialisés seront mobilisés pour accélérer le travail.
5. Gouvernance renforcée des projets interministériels Les projets multisectoriels nécessitent une gouvernance claire. En attendant un modèle stable, la Primature abritera les projets impliquant plusieurs acteurs.
6. Suivi rigoureux des engagements internationaux Chaque ministère devra produire des rapports trimestriels sur l'état d'avancement des engagements internationaux et présidentiels.
7. Actualisation des feuilles de route Tous les ministères doivent actualiser leur feuille de route avant fin juillet, en cohérence avec les chantiers nationaux. Les ministères concernés (transport, industrie, justice, intérieur) ont jusqu'au 15 août pour présenter des plans détaillés de mise en œuvre.
Ousmane Sonko a également annoncé la présentation imminente d'un plan de redressement, d'abord en Conseil des ministres avant une présentation publique. "Les réformes prioritaires telles que la simplification administrative, l'emploi, l'attractivité des investissements doivent être mises en œuvre sans délai", a-t-il insisté.
Un premier bilan sera attendu fin septembre, tandis qu'un programme de communication soutenu sera déployé en août et septembre pour informer les populations.
Le Premier ministre a conclu en rappelant l'importance de la préparation des Jeux Olympiques de la jeunesse 2026, qualifiés d'"enjeu majeur pour le pays", nécessitant une "organisation rigoureuse et anticipée".
Cette prise de position marque une nouvelle étape dans l'action gouvernementale sénégalaise, avec une volonté affichée de transformer les promesses en réalisations concrètes.
VIDEO
BARTH PROMET UN NOUVEAU 23 JUIN À SONKO
"Nous allons le trouver dans l'Assemblée nationale, le sortir." L'ancien député ne mâche pas ses mots face au Premier ministre, qui évoque un possible retour au Parlement en cas d'éviction du gouvernement
Barthélémy Dias ne mâche pas ses mots. Dans un entretien accordé à TV5 Monde, le leader du nouveau mouvement politique "Senegal Bi Ñu Bokk" (Le Sénégal en partage) a lancé une menace directe à l'encontre d'Ousmane Sonko, qui a récemment évoqué un possible retour à l'Assemblée nationale en cas d'éviction du gouvernement.
"J'ai précisé hier que si c'était le cas, moi je retournerai à l'Assemblée nationale. Et comme je ne suis pas intéressé pour retourner à l'Assemblée nationale, nous allons reconstruire un 23 juin bis", a déclaré l'ancien député déchu, faisant référence aux violentes manifestations qui avaient secoué le Sénégal en 2012 sous le régime d'Abdoulaye Wade.
La menace se précise davantage : "Nous allons le trouver dans l'Assemblée nationale, le sortir pour qu'il comprenne que le Sénégal a toujours été et restera une démocratie, une République dans laquelle les lois en vigueur doivent être respectées".
Cette sortie de Barthélémy Dias intervient après les récentes déclarations d'Ousmane Sonko, qui avait laissé entendre qu'il pourrait regagner l'Assemblée nationale si le président Bassirou Diomaye Faye décidait de le renvoyer du gouvernement. Une perspective qui semble particulièrement irriter l'ancien maire de Dakar.
Dias, qui avait déjà annoncé qu'il ne siégerait pas à l'Assemblée nationale, considère manifestement que le Premier ministre doit "rester à sa place et faire preuve de tenue et de retenue et respecter tout de même l'intelligence des Sénégalais qui ne l'ont pas élu."
L'ancien maire déchu nourrit un double grief. D'une part contre Ousmane Sonko, qu'il accuse d'avoir orchestré sa destitution de la mairie de Dakar : "Ceux qui ont braqué la mairie de Dakar, quel que soit leur rang, leurs titres, leur grade, tout protocole respecté et observé, ils le regretteront. Ça c'est moi qui vous le promets".
D'autre part, il critique le président Diomaye Faye, estimant qu'il doit "respecter le choix des Sénégalais qui ont porté au premier tour leur choix sur sa modeste personne à 54% et exercer la charge de président de la République."
VIDEO
DOUDOU NDOYE DÉNONCE LA DÉRIVE DES PROCUREURS
Alors que l'actualité judiciaire fait polémique, l'ancien ministre de la Justice monte au créneau. Dans "Soir d'Info" sur TFM, l'avocat s'en prend frontalement aux pratiques des procureurs évoquant un système qui "détruit des vies"
L'ancien ministre de la Justice et avocat Doudou Ndoye a livré une critique acerbe du système judiciaire sénégalais lors de son passage dans l'émission "Soir d'Info" sur TFM ce lundi 15 juillet 2025. Au cœur de ses préoccupations : les pouvoirs jugés "excessifs" des procureurs.
S'exprimant sur l'actualité judiciaire marquée par l'incarcération récente de Badara Gadiaga, Maître Ndoye a pointé du doigt un dysfonctionnement structurel du système. "Les procureurs ont trop de pouvoir au Sénégal. Ils mettent des personnes en prison directement", a-t-il déclaré sans détour.
L'ancien garde des Sceaux établit une comparaison avec le système américain pour étayer son propos : "Aux États-Unis d'Amérique, seul un juge a le pouvoir de mettre quelqu'un en prison, pas un procureur. Un procureur c'est comme un avocat".
Plus virulent encore, Doudou Ndoye s'attaque au principe même de la présomption d'innocence tel qu'appliqué au Sénégal. "La présomption d'innocence est une fumisterie. Et c'est pire qu'une fumisterie, c'est une fumisterie légale", assène-t-il.
Il dénonce le paradoxe du système actuel : "On nous dit vous êtes présumé innocent. Mais on nous dit en même temps, je pense que vous êtes coupable, en prison".
L'avocat insiste sur ce qu'il considère comme le mal profond de la justice sénégalaise : l'incarcération sur la base de simples présomptions. "Au Sénégal, toutes les poursuites pénales reposent sur des présomptions de fautes. On va dire monsieur untel, nous pensons que vous avez commis telle faute. Ils ne disent pas nous donnons la preuve".
Cette pratique, selon lui, détruit des vies : "Présomption, c'est je crois, je pense. Je crois, je pense, je détruis votre vie. Et si un jour la preuve contraire est là et que vous êtes acquitté, vous avez fait 6 mois de prison".
Face à ces dysfonctionnements, Maître Ndoye plaide pour une réforme du système judiciaire : "Dans un pays comme le Sénégal qui doit progresser dans son droit, on doit progresser. On doit changer ces textes et donner plus de garanties à toutes les populations de notre pays pour qu'elles ne soient pas en prison pendant qu'elles sont jugées comme étant des innocents".
L'ancien ministre, qui défend notamment Farba Ngom dans le cadre d'une procédure judiciaire, appelle à s'inspirer du modèle américain où "vous ne pouvez pas penser que telle personne a commis un délit même si vous le savez et l'arrêter" sans l'intervention d'un juge.
DIALOGUE NATIONAL 2025, VOICI LES POINTS DE CONSENSUS ET DE DÉSACCORD
Le rapport final du Dialogue national remis ce lundi au chef de l'Etat révèle des désaccords majeurs sur plusieurs enjeux clés, notamment les libertés publiques et le cadre politique.
Les conclusions du dialogue national ont été officiellement remises au chef de l’Etat ce lundi 14 juillet 2025. Ce dialogue, tenu du 28 mai au 4 juin 2025, a réuni des institutions, la classe politique, la société civile, les médias et les citoyens via la plateforme Jubbanti. La lecture du document permet de dégager trois grands axes abordés : démocratie et libertés, processus électoral, et réformes institutionnelles. Le Soleil digital vous donne les points de consensus et ceux qui ont fait l’objet de divergences.
Des consensus majeurs pour un système plus transparent
Le dialogue a permis de s’accorder sur plusieurs points jugés cruciaux pour l’amélioration de la gouvernance démocratique :
-Fin du cumul des fonctions : interdiction de cumuler les fonctions de chef de l’État et de chef de parti, ou encore celles de membre du gouvernement et de chef d’exécutif territorial.
-Rationalisation du paysage politique : accord sur la nécessité de modifier la loi sur les partis politiques, d’encadrer leur financement, d’améliorer le fonctionnement et le contrôle des campagnes électorales.
-Unification des règles : un texte unique régissant l’organisation des partis et coalitions politiques est à l’étude, pour clarifier le cadre actuel jugé morcelé.
Plusieurs avancées ont aussi été enregistrées, traduisant une volonté partagée de moderniser et sécuriser le vote et le processus électoral:
-Adoption progressive du bulletin unique et expérimentation du vote électronique.
-Vote des détenus et des agents en mission (forces de sécurité, magistrats, journalistes) reconnu comme un principe.
-Inclusion accrue : inscription automatique des primo-électeurs, accessibilité pour les personnes handicapées, institutionnalisation des débats programmatiques.
-Parrainage maintenu, mais avec une réforme de son contrôle et une démarche de dématérialisation pour plus de transparence.
-Audit du fichier électoral et harmonisation de la loi sur la parité également approuvés.
Une troisième commission portée sur les réformes institutionnelles a été marquée par un large consensus autour de plusieurs propositions fortes :
-Création d’une Cour constitutionnelle aux compétences élargies, accessible et représentative.
Refonte de la justice électorale, afin de garantir clarté, proximité et rapidité dans les décisions.
-Mise en place d’un organe unique de gestion des élections, autonome, pluraliste, avec un ancrage constitutionnel.
Nouvel organe de régulation des médias, garantissant -à la fois la liberté d’expression et une meilleure régulation.
Des désaccords persistants sur des points sensibles
Malgré ces convergences, plusieurs sujets ont cristallisé les tensions entre les différentes parties.
Sur la démocratie et les libertés :
-Statut de Chef de l’Opposition : soutenu par la société civile, contesté par la majorité.
-Déchéance électorale : l’opposition exige qu’elle soit exclusivement prononcée par un juge, là où la majorité défend le système actuel à double régime (automatique et judiciaire).
-Saisine citoyenne du Conseil constitutionnel : perçue comme urgente par la société civile, mais jugée prématurée par la majorité.
-Création d’un Observatoire national de la démocratie : proposition controversée, perçue comme redondante par la majorité.
-Publication des sondages : la majorité reste favorable à l’interdiction, là où la société civile plaide pour une régulation encadrée.
-Réforme du cadre juridique des libertés publiques : opposition et société civile demandent la suppression de l’article 80 du Code pénal et une refonte de la loi sur les réunions publiques, ce que la majorité considère avec prudence.
-Calendrier électoral : débat sur un éventuel couplage présidentielles/législatives opposant deux visions du rythme démocratique.
-Régime politique : la majorité refuse d’aborder la question du régime semi-présidentiel, alors que la société civile demande un rééquilibrage des pouvoirs.
Fonds politiques : la question n’a même pas été débattue, la majorité refusant de l’aborder.
Sur le processus électoral :
Un seul désaccord explicite mais de taille. Il s’agit du mode de scrutin aux élections législatives et locales : la majorité veut conserver le système en place pour préserver la stabilité, tandis que l’opposition propose des réformes incluant un scrutin majoritaire à deux tours.
Sur les réformes institutionnelles :
Ici, aucun désaccord n’a été officiellement enregistré, même si des divergences subsistent sur les modalités d’application.
VIDEO
DIOMAYE MET FIN AUX SPÉCULATIONS SUR L’EXÉCUTIF
En recevant le rapport final du Dialogue national 2025, le président Faye a tenu à répondre aux rumeurs évoquant des tensions avec son Premier ministre. « Le Premier ministre, c’est mon ami. Nous n’avons aucun conflit », a-t-il lancé.
En recevant ce lundi 14 juillet les conclusions du Dialogue national 2025, le président Bassirou Diomaye Faye a tenu à clarifier certains points qui alimentent le débat public depuis quelques jours.
Il n’a pas manqué de rappeler les fondements de son engagement au service des Sénégalais.
« Le Premier ministre, c’est mon ami. Nous n’avons aucun conflit », a-t-il lancé, balayant d’un revers de main les spéculations sur d’éventuelles tensions au sommet de l’exécutif.
Le chef de l’État a souligné sa volonté de rester concentré sur les véritables priorités : « J’ai l’intention de continuer à travailler sur les attentes des Sénégalais. Le seul combat qui vaille, c’est le combat contre les difficultés que les Sénégalais endurent, que nous-mêmes endurons en tant que gouvernants, confrontés à un héritage difficile. »
Poursuivant dans son propos, Diomaye a lancé un appel à la responsabilité collective : « J’en appelle à tout un chacun. Nous devons tenir nos promesses. »
Il a réaffirmé les piliers de son action à la tête de l’État. Parmi eux, une gestion transparente, l’affirmation de la souveraineté nationale, une veille systématique sur les intérêts du peuple, la libération de la justice et la défense des libertés et des valeurs.
PAR MAMADOU DIOP DECROIX
DE LA JUSTE SOLUTION DES CONTRADICTIONS AU SEIN DU PEUPLE
Aujourd’hui, ce qui se déploie dans le pays et qu’on appelle improprement débat politique est typiquement l’expression d’un affrontement entre des intérêts économiques, sociaux et culturels immenses.
Le Président de Pastef a pris le Conseil national de son parti comme contexte et prétexte pour s’adresser aussi aux Sénégalais. Ceci explique la grande controverse consacrée à cette sortie dans le pays et sa diaspora. Cette prise de parole peut être perçue dans le fond et la forme comme un appel au peuple Sénégalais pour une mobilisation et un auto-ajustement destinés à vaincre le systèmenéocolonial non encore anéanti.
Aujourd’hui, ce qui se déploie dans le pays et qu’on appelle improprement débat politique est typiquement l’expression d’un affrontement entre des intérêts économiques, sociaux et culturels immenses. Cet affrontement oppose d’une part, les forces qui portent le projet de rupture approuvé par le peuple sénégalais le 24 mars 2024 et, d’autre part, celles qui avaient été partiellement défaites et dont l’objectif est de conserver pour l’instant tout ce qui peut l’être de leurs privilèges tout en étant à la manœuvre pour revenir aux affaires le plus rapidement possible. A cet égard, le tumulte actuel fait partie des enjeux du moment. Il symbolise la vague qui couve et couvre les manœuvres de fond et doit être pris comme tel. Cette vague est d’ailleurs perceptible à l’international, même si tout cela reste assez marginal dans le rapport de forces actuel.
Il se trouve cependant que dans le même temps où les forces pro-système se réorganisent, quelques pans de l’opinion qui soutiennent le gouvernement trouvent que les changements sont lents. Selon eux, la mise en place des leviers de la déconstruction et du démantèlement du système au triple plan institutionnel, politique et économique connaît des retards dont certains peuvent être justifiés mais aussi des obstructions délibérées dont il faut s’occuper. N’est-ce pas ce à quoi appelle le Président de Pastef ? En tout cas, le moment semble venu d’ajuster les démarches par la mise en place sans délai des leviers sans lesquels les changements annoncés resteront vains quelle que soit la bonne foi.
La problématique du parti
L’histoire des nations qui s’en sortent actuellement montre que le premier levier du renversement du système est d’abord et avant tout une force politique solide parce qu’unie, disciplinée, et dont les cadres sont imbus de leurs missions d’avant-garde au service du peuple. Dès lors que les orientations stratégiques sont déjà définies à travers l’Agenda de transformation, Pastef doit opérer les mutations nécessaires pour correspondre à cette force. N’est-ce pas le contenu qu’énonce son Président ?
La question de l’unité et de la cohésion
Le Président de la République a proclamé solennellement, depuis son adresse à la nation du 3 avril 2024 comme nécessité vitale, l’unité et à la cohésion nationales. Il est vrai que notre tissu national est solide comme l’airain ce qui lui a permis de tenir jusqu’ici face aux coups de boutoir venant de toutes parts mais le contexte de guerre dans le monde y compris jusques à nos frontières ne permet pas de perdre de vue cette exigence. Le Premier ministre pour sa part, en concluant sa Déclaration de Politique Générale (DPG), est revenu sur cette dimension en montrant que c’est seul un peuple uni autour de son gouvernement qui peut réaliser les objectifs de cette DPG. Or, cette unité doit se construire sur le terrain des luttes transformatrices sous peine d’être dénuée de toute capacité concrète à faire face et à vaincre. D’où l’importance pour les autorités de penser à la construction de ce rassemblement dont un Pastef reconfiguré et requinqué doit être la colonne vertébrale. C’est cela qui accélérera et renforcera tous les processus enclenchés comme l’agenda 2050, la reddition des comptes et la lutte contre la corruption. Oui ! les changements à opérer affecteront de gros intérêts à l’intérieur du pays et à l’extérieur. D’ores et déjà la résistance se met en place et tente de gagner en force. Le parti et le peuple rassemblés sont donc les armes indispensables pour faire face victorieusement dès lors que le courage et surtout la persévérance des acteurs sont au rendez-vous. La tâche centrale du moment semble être en conséquence de réussir cette double reconfiguration.
Le tumulte
A y regarder de plus près, le tumulte actuel dans le pays contient à la fois ce qui porte le changement et ce qui tire vers l’arrière. Le Premier ministre a évoqué sa visite en Chine. Cette visite (dont on n’a pas encore suffisamment parlé à mon gré), a été aussi marquée dit-il, par sa rencontre avec des responsables du parti communiste chinois. La Chine a traversé un siècle d’éclipse, dominée qu’elle a été par les puissances impérialistes d’Occident. Elle s’est libérée après des décennies de guerre de libération nationale où elle a perdu plus de vingt (20) millions de ses fils. Mao Ze Dong qui a conduit à la victoire cette épopée grandiose à la tête du parti, a légué par écrit beaucoup d’enseignements pour tous les peuples en lutte contre les mêmes forces de domination.
Voici ce qu’il disait en 1957 il y a plus de soixante (60 ans), de la situation de son pays qui venait à peine de recouvrer son indépendance mais était encore exclu de toutes les instances internationales, je le cite : « Comme je l’ai dit, dans notre société, les troubles parmi les masses sont une mauvaise chose et nous ne les approuvons pas. Cependant, de tels incidents peuvent nous inciter à en tirer des leçons, à éliminer la bureaucratie et à éduquer les cadres et les masses. En ce sens, une mauvaise chose peut se transformer en son contraire, en une bonne. Les désordres ont un double caractère. Ils peuvent tous être envisagés de ce point de vue… La situation de la Chine en tant que pays pauvre, auquel les droits sont déniés sur l’arène internationale, changera. Le pays pauvre deviendra un pays riche, l’absence de droits deviendra la plénitude des droits, c’est-à-dire qu’il se produira une conversion des choses en leur contraire ». fin de citation. Aujourd’hui, plus de 60 ans après cette prévision de Mao, la Chine est devenue, en termes de richesses, une économie resplendissante, première puissance commerciale du monde et deuxième économie en attendant d’en être la première sous peu.
Ces entreprises et institutions viennent de signer avec le Sénégal des accords et conventions pour 2500 milliards de francs CFA sans aucune condition préalable. En termes de représentation internationale, la Chine est passée de pays exclu comme un paria du système des Nations-Unies en 1957 à membre permanent du Conseil de sécurité parmi les 5 pays au monde dont le « NON » bloque toute décision dans le concert des nations. Le chemin a été long et n’aurait pu aboutir à la victoire sans de fortes convictions. Pour illustrer le sens réel de cette force de conviction, mentionnons la mort tragique du fils unique de Mao Zedong loin de sa terre natale. Mao Anying (28 ans) s’était porté volontaire pour aller aider le peuple Coréen dans sa guerre de libération nationale contre l’impérialisme pendant que son père était le grand dirigeant de la République Populaire de Chine et du grand peuple chinois. Un tel état d’esprit explique l’invincibilité de la Chine.
Lorsque les résistances au changement se produisaient, le Président Mao appelait à analyser les contradictions à l’œuvre dans les phénomènes en cours et à y distinguer celles qui opposaient le peuple à ses ennemis et celles qui étaient internes au peuple. Ces deux types de contradictions sont de nature différente. Aujourd’hui au Sénégal, les divergences de vues entre tous ceux qui travaillent à déchouquer le système en place sont des contradictions au sein du peuple. Elles se règlent par la discussion franche, par la critique et l’auto-critique. Le propos du Premier ministre relève de cette catégorie et balaie comme un fétu de paille une idée que depuis avril 2024 on essaie d’ancrer dans la tête des Sénégalais quant à la posture réelle du Président de la République dans sa relation avec le Premier ministre. Il positionne les deux autorités dans un rapport exempt d’hypocrisie et où les différences de vues s’expriment. On devrait plutôt s’en féliciter, en être fier et surtout rassuré lorsque, prévient le Premier ministre, ces rapports sont, quoi qu’il en soit, indestructibles, « màndu léen ci ». Au demeurant, cette hauteur de vue et la qualité de cette relation sont la garantit qu’à la fin de la journée, une unité supérieure arrive toujours à se forger pour de nouvelles avancées au bénéfice exclusif du peuple sénégalais.
On est loin des rapports entre Senghor et Dia pour plusieurs raisons dont on peut juste retenir la différence d’époque. Les années 60 sont des années de guerre froide opposant l’Occident à l’URSS. Les sympathies développées par Mamadou Dia vis-à-vis de l’expérience soviétique après une visite à Moscou (« je n’en suis pas revenu converti au communisme mais je sais que ce qui s’y fait est bon pour le peuple ») étaient synonyme de rupture avec la France ou du moins perçues comme telles et donc devait signer la rupture Dia -Senghor. Les événements de 1962 ne sont rien d’autre que cela. Tout le reste n’a été que justificatifs à posteriori. Aujourd’hui, dans un monde multipolaire, une politique de souveraineté et d’indépendance est déployée. Après sa première visite d’Etat hors d’Afrique réservée à la Chine, le Président de la République est reçu avec considération et respect à Washington par le Président des Etats-Unis d’Amérique. Quelques jours seulement auparavant, une visite en Chine du Premier ministre a été couronné par une rencontre avec le Président Xi JinPing dans une atmosphère empreinte là aussi de considération et respect avec la fameuse phrase du Président Xi parlant du Sénégal comme la perle de l’Afrique ce qui est annonciateur d’un niveau de coopération qui pourrait dépasser tout ce qu’on peut imaginer.
Concluons
Le Sénégal bénéficie sans doute, par les temps qui courent, de circonstances exceptionnelles pour être, à terme, un phare pour beaucoup de nos frères d’Afrique et de la diaspora. Les raisons sont les suivantes :
➢ Découverte et exploitation de ressources immenses auxquelles nous n’avions pas accès par le passé.
➢ Arrivée d’autorités politiques attachées à la lutte contre la corruption et à la récupération de nos richesses sans concession sur le principe du gagnant-gagnant.
➢ Une géopolitique mondiale qui positionne le Sénégal comme interlocuteur privilégié.
➢ Une opinion publique vigilante et exigeante.
Sur la base de ce qui précède et quelles que difficiles que soient la situation individuelle des uns et des autres, il demeure intangible que tout ce qui déstabilise le pouvoir aujourd’hui, promeut l’instabilité et menace la paix civile.
Ci nun la des.
LE RAPPORT FINAL DU DIALOGUE NATIONAL REMIS AU PRÉSIDENT FAYE
Fruit d’une large concertation, le document préconise une refondation politique axée sur la transparence, l’éthique et la participation citoyenne.
Dans un moment empreint de solennité et d’espoir, le facilitateur général du Dialogue national sur le système politique, Dr Cheikh Guèye, a remis officiellement le rapport final de cette large concertation au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, au Palais présidentiel.
Fruit de plusieurs semaines de travaux intensifs, ce rapport est le symbole d’un effort collectif pour repenser le système politique sénégalais. Plus de 700 participants issus de divers horizons — acteurs politiques, société civile, universitaires, syndicats, médias, jeunes et diaspora — ont pris part à ce processus jugé « inclusif » et « historique ».
Dans son discours, Dr Guèye a salué l’engagement du chef de l’État, qu’il a décrit comme attentif, ouvert et mobilisé pour faire du dialogue une réussite. Il a également rendu hommage à la diversité des contributions, au calme du Directoire, et à l’esprit de compromis qui a prévalu, malgré des divergences assumées.
Trois grandes commissions ont structuré les débats : la démocratie et les droits humains, le processus électoral, et les réformes institutionnelles. Le rapport qui en découle appelle à une refondation politique « lucide » et « inclusive », mettant l’accent sur l’éthique, la transparence, et la citoyenneté active.
Parmi les recommandations phares figurent la révision de la Constitution — notamment l’incompatibilité entre les fonctions de chef d’État et de chef de parti —, la refonte du code électoral, la création d’un organe indépendant de gestion des élections, et l’élargissement de la participation citoyenne dans l’élaboration et le contrôle des politiques publiques.
Mais au-delà des textes, le facilitateur a insisté sur la nécessité d’un changement de culture politique : « La démocratie n’est plus seulement un cadre juridique, mais une promesse de justice sociale et de dignité humaine », a-t-il déclaré. Il a aussi dénoncé la captation du pouvoir par l’argent, les logiques clientélistes et les dérives marchandes, plaidant pour une classe politique au service exclusif de l’intérêt général.
La mise en œuvre de ce rapport nécessite des étapes techniques importantes, notamment l’installation d’un comité ad hoc pour la rédaction des textes juridiques, une période transitoire de test des réformes, ainsi qu’une évaluation indépendante de leurs effets.
« Ce que nous vous remettons aujourd’hui, c’est plus qu’un rapport : c’est un levier de transformation, un acte de foi dans la République, un appel à l’audace réformatrice », a conclu Dr Guèye, appelant à une mobilisation collective pour un « Sénégal réconcilié avec ses valeurs profondes ».
LE SOMMET DE LA SERVITUDE
Diomaye Faye, élu sur une rhétorique anti-impériale, s'extasiant sur le golf devant Trump. Cette scène résume à elle seule la rencontre du 10 juillet à la Maison Blanche, analysée par Africa Is a Country comme une "mascarade diplomatique"
(SenePlus) - Un spectacle désolant s'est joué à la Maison Blanche au début du mois. Cinq chefs d'État africains - du Libéria, du Sénégal, du Gabon, de la Mauritanie et de la Guinée-Bissau - ont été convoqués pour ce qui était présenté comme un sommet "axé sur le commerce". Mais derrière les fastes diplomatiques se cachait une réalité bien plus sombre : celle d'un continent réduit au rang de faire-valoir dans le grand théâtre trumpien.
Selon l'analyse de Will Shoki, rédacteur en chef de la revue Africa Is a Country, cette rencontre avait "tous les attributs de la diplomatie - drapeaux, fanfare, corps de presse de l'aile ouest - mais ce qui s'est déroulé à la Maison Blanche de Trump ressemblait davantage à de l'art performatif". Une mise en scène où Donald Trump "ressemblait moins à un hôte qu'à un hôtelier coincé dans un hall surbooké, impatient de faire partir tout le monde".
L'épisode le plus révélateur de cette mascarade diplomatique s'est produit lors de l'échange entre Trump et le président libérien Joseph Boakai. "Où avez-vous appris à parler un si bel anglais ?" a demandé Trump devant les caméras, dans un sourire narquois. Cette question, rapporte Africa Is a Country, "n'était pas seulement une gaffe, c'était une révélation. Elle a exposé la fine membrane séparant l'ignorance de la condescendance et révélé à quel point la compréhension de l'histoire africaine par la classe politique américaine reste superficielle".
Le fait que Trump ignore que l'anglais est la langue officielle du Libéria depuis sa fondation par d'anciens esclaves américains dans les années 1800 n'est pas surprenant. Mais que personne dans la salle ne l'ait corrigé en dit long sur la nature de ces échanges.
Plus troublant encore fut le comportement du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Cet homme qui incarnait "une rupture générationnelle avec la France" et dont l'ascension symbolisait l'espoir d'une Afrique émancipée, a passé son temps avec Trump à "s'extasier sur le golf". Comme le souligne l'analyse d'Africa Is a Country : "L'ironie était frappante : un réformateur populiste de gauche de Dakar, élu sur la base de protestations de masse et de rhétorique anti-impériale, s'inclinant publiquement devant les caprices d'un magnat de l'immobilier devenu autocrate."
Le bilan de ce sommet est édifiant. "Les dirigeants sont venus chercher des investissements, une coopération sécuritaire et un soutien diplomatique. Ce qu'ils ont obtenu, ce sont des séances photo, des accords de déportation et de vagues assurances qu'ils ne feraient pas face à de nouveaux tarifs douaniers américains, du moins pas encore", résume Will Shoki dans Africa Is a Country.
Le soi-disant "pivot" vers le commerce s'est révélé être une diplomatie des ressources déguisée. Trump a vanté les intérêts américains dans la mine de potasse de Banio au Gabon, présenté le Sénégal comme un hub énergétique émergent et loué la "coopération sécuritaire" de la Mauritanie. En contrepartie, il a poussé pour des accords de "pays tiers sûr" - des arrangements qui verraient les nations ouest-africaines accueillir des migrants expulsés d'ailleurs, notamment du Venezuela.
Cette proposition, qualifiée d'"absurde en apparence et effrayante dans ses implications" par l'analyste d'Africa Is a Country, révèle la vision trumpienne de l'Afrique : "non pas un continent d'égaux, mais un enclos pour le surplus stratégique de l'Amérique : migrants indésirables, minéraux de terres rares, risques d'investissement offshore".
Ce qui distingue cette approche des administrations précédentes, c'est "la suppression du masque", observe Will Shoki. Là où les gouvernements antérieurs "faisaient au moins des gestes vers les droits humains et la bonne gouvernance, même en négociant des accords sur les ressources et en soutenant des régimes dociles", Trump "se dispense de la prétention. Il fait du sous-texte un texte".
Le spectacle de la Maison Blanche a ainsi révélé "un portrait du monde tel que Trump aimerait le voir - ordonné, déférent et dirigé par des négociateurs". Quelques jours plus tard, il imposait des tarifs douaniers à tout le monde, de Bruxelles à Ottawa. Le message était clair : sous Trump, la diplomatie dépend moins de règles que d'humeurs, moins de coopération que de commandement.
L'analyse d'Africa Is a Country se conclut sur une question fondamentale : "Combien de temps accepterons-nous ce genre de traitement ? Nos dirigeants ont tendance à parler du colonialisme et de ses héritages durables. Mais que signifie invoquer cette histoire tout en marchant volontairement dans ses équivalents modernes ?"
Cette interrogation résonne particulièrement dans un contexte où les peuples africains aspirent à plus de dignité et de respect sur la scène internationale. Comme le conclut Will Shoki : "Il n'y a pas de dignité à être traité comme une pensée après coup. Aucune stratégie à confondre accès et respect. Vous ne pouvez pas gagner selon les termes de Trump. Jouez son jeu, et vous avez déjà perdu."
Suite à l’arrestation de Badara Gadiaga, le président de Gueum Sa Bopp accuse Sonko d’étouffer les voix discordantes et de transformer le Pastef en parti-État autoritaire
Suite au placement sous mandat de dépôt de Badara Gadiaga, Bougane Guèye Dany, président du Mouvement Gueum Sa Bopp, monte au créneau. Il accuse le président du parti au pouvoir, Ousmane Sonko, de museler les voix discordantes et d’instaurer un climat autoritaire menaçant la démocratie sénégalaise.
Dans un post, le patron de Dmédias pointe du doigt le Premier ministre, qualifiant ses actions de celles d’un « apprenti dictateur ».
Selon Bougane, l'arrestation du du chroniqueur de la TFM s’inscrit dans une logique de « museler les voix discordantes ». Il affirme que le Pastef, parti aujourd’hui au pouvoir, se serait transformé en « parti-État », délaissant tout esprit de débat démocratique pour privilégier l’imposition par la force. M. Guèye Dany dénonce une stratégie claire : « faire taire au lieu de répondre, effacer au lieu de débattre, contraindre au lieu de convaincre. »
Pour le leader de Gueum Sa Bopp, l’enjeu va bien au-delà du cas de Badara Gadiaga. Il s’agit, selon lui, de la « survie même de notre démocratie », menacée par un régime intolérant ». Face à ces « dérives autoritaires de l’effaceur et son clan », Bougane Guèye Dany lance un appel à tous les démocrates, les exhortant à s’unir pour contrer ce qu’il perçoit comme une menace imminente contre les libertés fondamentales au Sénégal.
DEMBA KANDJI APPELLE À UN RETOUR À UN DÉBAT PUBLIC RESPECTUEUX
Le Médiateur de la République s’alarme de la montée des invectives sur les plateaux télévisés et les réseaux sociaux. Il plaide pour un renforcement de la régulation et appelle médias et animateurs à plus de responsabilité
Dans un entretien exclusif accordé à la Radio RTS de Sédhiou, le Médiateur de la République, le juge à la retraite Demba Kandji, est revenu sur la virulence grandissante du débat public au Sénégal, notamment sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux. Une situation qu’il juge préoccupante, appelant à un retour à un débat démocratique fondé sur les idées et non sur les invectives.
« L’injure est punie », rappelle d’emblée le magistrat à la retraite, avant d’exprimer sa profonde inquiétude face à la tournure que prennent les échanges publics : « Les réseaux sociaux, je m’en plaindrai toujours. Ce sont des instruments clivants qui divisent notre société. Aujourd’hui, tout le monde a dans sa poche un studio de télévision. Le réveil a été brutal. »
Face à cette situation, Demba Kandji estime que l’État doit agir. Il appelle à un renforcement du cadre législatif et des moyens accordés au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA). « Il y a une régulation à faire. Il faut donner plus de moyens au CNRA et appeler les responsables des médias à plus de vigilance. Ils doivent eux-mêmes jouer le rôle de censeurs. »
Il interpelle aussi les animateurs et journalistes qui donnent la parole : « Ceux qui tendent les micros devraient pouvoir dire ‘stop’ quand le débat dérape. Malheureusement, aujourd’hui, plus ça se déchaîne, plus c’est considéré comme attrayant, parce que ça génère des vues, de la monétisation. »
Demba Kandji dénonce une dérive où la quête de visibilité prend le pas sur la qualité du discours public. « C’est le nombre de vues qui compte. C’est la monétisation. Mais ceux qui commercialisent ces vues doivent aussi faire face à leurs responsabilités. »
Selon lui, l’espace public sénégalais glisse vers « l’inverse du débat » : un espace bruyant, désordonné, où tout le monde parle sans écouter, et où la parole est souvent utilisée comme arme plutôt que comme outil de construction collective.