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17 juillet 2025
VERS UN SCHEMA DIRECTEUR DE DEVELOPPEMENT SUR 25 ANS POUR FATICK, KAOLACK ET KAFFRINE
Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Moussa Bala Fofana, a présidé, hier, le lancement de l’atelier de prospective territoriale du pôle centre (Fatick, Kaolack et Kaffrine).
Dans la mise en œuvre des «Pôles territoires», le ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, à travers l’Agence d’aménagement des territoires (Anat), tient, du 14 au 16 juillet, à Diamniadio, un atelier de prospective territoriale du pôle centre. Deux instruments sont au cœur des échanges : l’élaboration du schéma directeur d’aménagement et de développement territorial (Sdadt) et la cartographie règlementaire des usages, des projections et des risques.
Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Moussa Bala Fofana, a présidé, hier, en présence de l’administration déconcentrée et décentralisée, le lancement de l’atelier de prospective territoriale du pôle centre (Fatick, Kaolack et Kaffrine). Selon lui, cette rencontre, qui s’étale sur trois jours, est bien plus qu’un atelier. «C’est le point de départ d’une œuvre collective de souveraineté territoriale, de justice sociale et de transformation», indique-t-il. Elle entre dans les directives des autorités de procéder à la mise en œuvre et à l’opérationnalisation de trois pôles-territoires, dont celui du centre qui regroupe les régions de Fatick, Kaolack et Kaffrine. Cet atelier de planification du développement économique territorial pour les 25 prochaines années vise, d’après la tutelle, à doter chaque pôle de deux instruments nécessaires pour la mise en œuvre de l’Agenda «Sénégal 2050». Il s’agit du Schéma directeur d’aménagement et de développement territorial (Sdadt), et de la cartographie règlementaire des usages, des projections et des risques. À travers ces deux instruments, a souligné M. le ministre, les autorités veulent transformer le désordre des projets isolés, en un territoire intelligemment orchestré. Moussa Bala Fofana a insisté sur l’importance de doter d’un schéma directeur, pour mener de façon efficace, efficiente, et avec plus d’impacts des politiques sur le plan territorial.
Le Sdadt, une boussole pour les pôles «Notre ambition est claire : transformer un potentiel latent en puissance réelle, faire du pôle centre un modèle de développement structuré, équilibré et endogène», décline-t-il. Il estime que cela passe par le Sdadt. Selon lui, cet outil vise à planifier de manière rationnelle, cohérente et lisible, à territorialiser les politiques publiques, à aligner des projets sectoriels sur une vision commune. «Le Schéma directeur d’aménagement et de développement territorial sera notre boussole pour les 25 prochaines années. Il définira quoi construire, où, pourquoi et comment», précise-t-il. Le ministre qui mise sur les principes de proximité, de réactivité et de subsidiarité, tient à ce premier instrument pour une meilleure exploitation des potentialités agricoles (production céréalière de mil, de maïs et de sésame), de ses ressources naturelles, de sa position stratégique (un carrefour) du pôle centre.
En effet, il souligne que dans ces régions, «l’attente a été trop longue en termes d’infrastructures, d’industries, etc.». Pour les perspectives, le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoire informe de la tenue prochaine des concertations pour le pôle de Dakar. De plus, Moussa Bala Fofana compte lancer une grande concertation de l’ensemble des ministères sur la territorialité. Un rendez-vous qui permettra à chaque ministère de connaitre son rôle dans chaque pôle. Après, les autorités vont lancer la loi sur les pôles-territoires.
Les acteurs territoriaux saluent une démarche inclusive
Les acteurs territoriaux du pôle Centre, dont le gouverneur de la région de Kaolack, Mouhamadou Moctar Watt, ont pris part à la rencontre visant à décliner les orientations dans les vingt-cinq prochaines années. Cela, dans le cadre du déploiement de l’Agenda 2050 dans les huit pôles-territoires. Pour le président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), Omar Ba, la maîtrise de l’information territoriale demeure un élément de base pour une bonne planification. «On ne peut pas planifier, encore moins fixer des objectifs, sans une maîtrise de l’information», a-t-il exposé. À l’issue des travaux, il souhaite que les résultats produits soient amplifiés. Sur ce point, il a insisté sur le portage qu’il faudra améliorer à travers des associations. Le président de l’Union des associations des élus locaux (Uael), Bailo Diallo, a salué la dynamique inclusive adoptée par la tutelle, en impliquant les associations.
«Nous nous sommes sentis chez nous, dans le ministère que vous gérez. Vous nous avez impliqués et responsabilisés», a-t-il témoigné. Le président de l’Uael a noté que cet atelier de prospective territoriale est important, dans la mesure où il met en exergue les potentialités. Abdoulaye Wilane, représentant des présidents des Conseils départementaux, indique que cette rencontre de prospective constitue un départ nouveau, dans un pays qui a longtemps fait le choix de la décentralisation. Avec cet atelier, il s’est dit optimiste, estimant avoir eu plus de chance que ses devanciers. «Nous pouvons apprendre de leurs erreurs et de leurs manquements», a déclaré M. Wilane.
LE DEBAT PUBLIC VIRE A L’INVECTIVE, IL FAUT LEGIFERER ET REGULER
Le Médiateur de la République, Demba Kandji, tire la sonnette d’alarme sur la dégradation du débat public au Sénégal.
Le Médiateur de la République, Demba Kandji, tire la sonnette d’alarme sur la dégradation du débat public au Sénégal.
Dans un entretien accordé à la radio RTS Sédhiou, l’ancien magistrat déplore la violence verbale qui gagne les plateaux de télévision et les réseaux sociaux, où les insultes prennent de plus en plus le pas sur les idées.
« L’injure est punie », rappelle-t-il d’emblée, avant de dénoncer l’impact nocif des réseaux sociaux sur la cohésion sociale. « Les réseaux sociaux, je m’en plaindrai toujours. Ce sont des instruments clivants qui divisent notre société », affirme-t-il avec gravité.
Pour Kandji, la situation devient critique. « Aujourd’hui, tout le monde a dans sa poche un studio de télévision. Le réveil a été brutal. » Selon lui, le débat démocratique bascule peu à peu dans le vacarme, le désordre et l’agressivité. Il déplore un espace public où la parole ne construit plus, mais attaque.
Face à cette dérive, le Médiateur appelle l’État à réagir. Il plaide pour une réforme du cadre législatif et un renforcement des moyens du CNRA, afin que l’institution puisse exercer un contrôle plus efficace. « Il y a une régulation à faire. Il faut donner plus de moyens au CNRA et appeler les responsables des médias à plus de vigilance. Ils doivent eux-mêmes jouer le rôle de censeurs. »
Demba Kandji interpelle également les animateurs et journalistes : « Ceux qui tendent les micros devraient pouvoir dire ‘stop’ quand le débat dérape. Malheureusement, aujourd’hui, plus ça se déchaîne, plus c’est considéré comme attrayant, parce que ça génère des vues, de la monétisation. »
Il fustige une logique où la recherche de buzz remplace la recherche de sens, où « c’est le nombre de vues qui compte. C’est la monétisation. Mais ceux qui commercialisent ces vues doivent aussi faire face à leurs responsabilités. »
Pour lui, le Sénégal glisse vers un non-débat, où personne n’écoute l’autre, où le discours n’élève plus mais divise. Il appelle à un sursaut collectif pour restaurer un débat démocratique digne, respectueux et fondé sur les idées.
UNE MARCHE POUR L’ACCÈS AUX SOINS DES PATIENTS DÉMUNIS AU CENTRE HOSPITALIER DE FANN
Des dizaines de personnes ont marché, avant-hier, aux alentours de l’hôpital Fann pour sensibiliser les populations sur la problématique de l’accès aux soins des personnes démunies.
Des dizaines de personnes ont marché, avant-hier, aux alentours de l’hôpital Fann pour sensibiliser les populations sur la problématique de l’accès aux soins des personnes démunies.
Le Centre hospitalier national universitaire de Fann (Chnuf) a organisé une randonnée pédestre, le 13 juillet, sur le thème : « Sport au service du social : pour accompagner un malade, je m’engage ». Cette activité, qui entre dans le cadre de la mobilisation et de la sensibilisation en faveur des patients démunis, est une initiative du service social de l’hôpital Fann. Dr Samba Cor Sarr, directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, a salué cette initiative qui, selon lui, ne peut être que salutaire dans le changement d’approche que le département de la Santé est en train d’insuffler.
« Ce changement, qui s’appuie sur la prévention, la promotion de la santé et le sport, constitue le cœur de notre secteur. Vous allez être agréablement surpris par la nouvelle facette du système de santé qui est en train de se construire. C’est une santé pour les populations et par les populations. Je pense que cela est très bien compris par l’ensemble des acteurs », a indiqué Dr Sarr. Les autorités peuvent soutenir ces approches par la mobilisation des moyens qui vont permettre d’atteindre les objectifs « en tant que système hospitalier, mais également en tant que référence par rapport à une santé de qualité pour tous ».
Pour la directrice du Centre hospitalier national universitaire de Fann, Khadidjatou Sarr Kébé, cette activité est tributaire du bon climat social. « Le service social central a organisé cet évènement, qui sera pérennisé au profit de nos patients. À l’hôpital de Fann, nous sommes une famille. Nous sommes une structure sociale et nous avons toujours cultivé la politique d’accessibilité des soins à tous », a-t-elle expliqué, rappelant que certains soins sont toujours coûteux au Sénégal.
L’ADDICTION SILENCIEUSE DE LA JEUNESSE
L’ère des paris sportifs en ligne n’a rien d’une parenthèse passagère. Elle traduit une lame de fond qui a profondément transformé les habitudes de nombreux jeunes, désœuvrés ou non, souvent en quête de gains rapides et sans effort.
L’ère des paris sportifs en ligne n’a rien d’une parenthèse passagère. Elle traduit une lame de fond qui a profondément transformé les habitudes de nombreux jeunes, désœuvrés ou non, souvent en quête de gains rapides et sans effort. Certains y trouvent une raison d’être ; beaucoup y perdent leur liberté.
À Guédiawaye, une commune populaire de la banlieue dakaroise, le quotidien de nombreux jeunes est rythmé par les « MS » – pour Mini Shop –, ces salles exiguës de moins de 15 m² où s’alignent écrans et guichets, épicentres d’un nouveau mode de vie centré sur le pari sportif. Appelé aussi « naar bi », ces endroits peuvent être plus spacieux pour devenir des « Game Centers ». Ainsi, ils accueillent un public plus large, mais la logique reste la même : celle de l’espoir, souvent déçu, d’un ticket gagnant.
« Personne ne t’a forcé »
Fatima, vendeuse dans un Mini Shop de Wakhinane, est vêtue d’un T-shirt vert floqué du logo d’un célèbre opérateur de paris. Souriante mais directe, elle coupe court à la plainte d’un joueur frustré : « Vous êtes “Dernier Sénégalais”, pas Premier ! ». « Personne ne t’a obligé à franchir la porte. T’es majeur et vacciné », rétorque-t-elle. À côté, un jeune homme à peine sorti de l’adolescence fixe un écran où des chiens virtuels courent. Concentré, il parie sur cette course numérique comme on miserait sur un Derby de Manchester. La ligne d’arrivée se rapproche, la tension monte… et le ticket tombe : perdant. Nouveau pari, nouvelle attente.
Assis par terre, Modou Awa, 36 ans, semble plus abattu que jamais. « Je suis né en 1989, même si mes papiers disent 1991. Mon corps fait plus jeune que mon âge », précise-t-il d’un ton résigné. Il joue depuis 2015. Son addiction est avouée. « J’ai déjà perdu des millions. Il y a cinq jours, 37 000 francs. La semaine d’avant, 55 000. Je perds plus que je ne gagne. Mon plus gros gain ici ? 177 000 francs, la veille d’un Magal. »
Six mois de sevrage, une rechute devant le MS
Modou Awa a tenté d’arrêter. Il a tenu six mois. « Mais un jour de déprime, je suis repassé devant ce Mini Shop. Et j’ai rechuté. » Autour de lui, d’autres visages familiers. La communauté des joueurs se forme dans la douleur partagée. Parfois, un gagnant offre 2 000 francs à ses camarades de galère. Un geste fraternel dans une économie de la perte. Abdou (nom d’emprunt), un ancien étudiant, a abandonné les études à cause de cette spirale. « Je ne voyais plus le temps passer. J’ai fini par rater mes examens. Aujourd’hui, je suis là, tous les jours. »
Une salle, mille visages
Le Mini Shop de Wakhinane-Nimzatt affiche trois panneaux interdisant l’entrée aux moins de 18 ans. Mais selon les témoins, il n’est pas rare de voir des adolescents franchir la porte.
Et les femmes ? Invisibles parmi les joueurs, elles sont pourtant présentes, parfois indirectement. « Une seule femme vient ici jouer régulièrement », témoigne Fatima. « Sinon, des jeunes viennent valider les paris faits par leurs mères », ajoute Modou Awa.
L’Université comme terrain de jeu
À l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, loin de la frénésie des salles physiques, les étudiants s’adonnent aux jeux de hasard via leurs smartphones. Un panel de cinq jeunes interrogés par l’association Éco Citoyen admet une pratique intensive. Pape Bâ, Master 1 de géographie : « 2 à 4 fois par jour ». Oumar Sy, Licence 3 en gestion : « 4 à 5 fois par jour ». Assane Doumbia, Master 2 d’économie : « Jusqu’à 10 fois ». Abdoulaye Fofana, étudiant à l’ISM : « Ma plus grosse désillusion ? 35 000 francs perdus en une journée »
Tous misent depuis leurs téléphones. Dans un pays où plus de 10 millions de personnes sont connectées à Internet, à 88 % via mobile (Artp, 2018), l’accessibilité renforce l’addiction. Les mises proviennent souvent de l’argent destiné à la restauration ou aux fournitures scolaires. L’euphorie d’un gain exceptionnel entretient l’illusion : « Une fois, j’ai gagné 1 050 000 francs en quatre jours », confie Fofana. « Depuis, je n’arrive plus à garder de l’argent avec moi », déplore Sy.
Bourama, la rédemption par la craie
Entre 2017 et 2019, Bourama, brillant étudiant en histoire, sombre dans l’addiction après avoir échoué à s’inscrire en master. « Je venais jouer dès le réveil. J’ai perdu des dizaines de milliers de francs. » Il rate les concours de la police et de l’ENA. Le Mini Shop devient son quotidien. Jusqu’au jour où un oncle lui propose de donner des cours dans une école privée. « Désormais, j’ai hâte d’être à lundi pour retrouver mes élèves. » Sorti du cercle infernal, Bourama a retrouvé un sens à sa vie : transmettre.
Quand le jeu devient pathologie
Pr Idrissa Ba, psychiatre et coordinateur du Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (Cepiad), explique : « L’addiction, c’est la perte de contrôle. Le plaisir devient obligation. Pour les jeux, la souffrance psychique est identique à celle liée à la drogue. »
Les chiffres sont alarmants :
• 95 % des parieurs de la Lonase sont considérés comme à risque
• 50 % sont dans une situation de jeu excessif
Le Cepiad est le seul centre spécialisé au Sénégal.
« Le traitement peut durer quelques semaines à plusieurs mois. L’essentiel, c’est de détecter tôt. »
Le droit dépassé par la technologie ?
Emmanuel Diokh, juriste spécialiste des TIC, alerte : « Les jeux en ligne ont fait sauter le verrou de l’âge. Avec un téléphone, n’importe qui peut parier. »
Le monopole de la Lonase, inscrit dans la loi depuis 1987, est menacé par la multiplication des plateformes (Premier Bet, SunuBet, 1XBet). Et les données personnelles des joueurs ? Souvent hébergées à l’étranger. « Le contenu publicitaire ne doit pas s’adresser directement aux mineurs. Mais qui contrôle les pop-ups ou les applications ? » Il appelle à un élargissement du cadre légal et à une responsabilisation des opérateurs.
LE SENEGAL DEFIERA L’AFRIQUE DU SUD, TENANTE DU TITRE
Repêchée comme meilleur troisième (3e), grâce à la victoire du Botswana sur la Tunisie 2 buts à 1, le Sénégal valide son ticket se projette sur le second tour. Les Lionnes affronteront l’Afrique du Sud, ce samedi 19 juillet 2025.
Troisième (3e) après la fin du premier tour pour sa poule, l'équipe nationale féminine du Sénégal a été repêchée parmi les meilleures (3e). L'entraîneur du Sénégal, Mame Moussa Cissé, a fait le bilan des trois matchs joués, sanctionnés par une victoire et deux défaites. Il s'est également projeté sur ce second tour et le quart de finale qui l’opposera, samedi prochain, à l’Afrique du Sud, le tenant du titre.
Repêchée comme meilleur troisième (3e), grâce à la victoire du Botswana sur la Tunisie 2 buts à 1, le Sénégal valide son ticket se projette sur le second tour. Les Lionnes affronteront l’Afrique du Sud, ce samedi 19 juillet 2025. Tenants du titre continental, les Banyana-Banyana ont étrillé, hier lundi, le Mali (4-0), pour s’emparer de la tête du groupe C.
Selon le sélectionneur Mame Moussa Cissé, c’est une autre compétition qui commence pour les Lionnes. «La manière dont on s'est qualifié était un des scénarios qu'on avait prévu. Nous avons travaillé sur le premier match pour déjà avoir les trois points et marquer le maximum de buts parce qu'on savait que ça pouvait compter dans un tour très difficile. Vu la qualité des matchs que nous avons fait, même si nous l'avons perdu contre les deux grands de cette poule, nous avons fait le tour dès le premier match et aujourd'hui ça nous a sécurisé. Je félicite les filles et c'est une autre compétition qui commence. Une deuxième qualification de suite pour les Lionnes du Sénégal»
Le sélectionneur des Lionnes estime n’avoir pas de préférence particulière entre le Mali ou l’Afrique du Sud. «Pour moi, je l'ai toujours dit, je ne choisis pas d'adversaire. L'adversaire qui viendra sera notre adversaire et on se donnera les moyens de faire le match qu'il faut. C'est deux équipes que nous connaissons. Quel que puisse être l'adversaire, par ailleurs, nous allons essayer de bien les étudier et de travailler sur leurs qualités et leurs forces mais aussi sur nos qualités, en rectifiant ce qui n'a pas été bien sur ce premier tour, pour nous permettre de faire le bon match», a-t-il indiqué au lendemain de la qualification, tout en rappelant l’objectif de la CAN.
«L’un des objectifs, c'était de nous qualifier en quart de finale, pour la deuxième fois ; de fait, c'est fait. Maintenant, l'autre objectif, aujourd'hui, est de passer ce tapis et de qualifier pour la première fois le Sénégal en demi-finale». Les autres rencontres des quarts de finale opposeront, vendredi, le Nigeria à la Zambie et le Maroc, pays hôte, au Mali. L’Algérie croisera le Ghana. A noter que le vainqueur entre l’Afrique du Sud et le Sénégal affrontera en demi-finales le Nigeria ou la Zambie.
POURQUOI LES ATTAQUES CONTRE LES BASES MILITAIRES SE MULTIPLIENT ET COMMENT Y REPONDRE
Terrorisme au Sahel, Plus de 30 soldats maliens ont été tués et l'une des bases militaires du pays a été prise d'assaut début juin 2025 lors d'une attaque contre la ville de Boulikessi menée par Jama'a Nusrat ul-Islam wa alMuslimin, un groupe lié à Qaïda.
Plus de 30 soldats maliens ont été tués et l'une des bases militaires du pays a été prise d'assaut début juin 2025 lors d'une attaque contre la ville de Boulikessi menée par Jama'a Nusrat ul-Islam wa alMuslimin (JNIM), un groupe lié à Al-Qaïda.
Le même groupe a lancé une attaque contre la ville historique de Tombouctou. L'armée malienne a affirmé avoir repoussé l'attaque de Tombouctou et tué 14 terroristes. Boulikessi a déjà été la cible de plusieurs attaques terroristes.
En octobre 2019, 25 soldats y avaient été tués. La cible était un camp militaire de la force G5 Sahel. Tombouctou est dans le collimateur des groupes terroristes depuis 2012. Le JNIM avait assiégé la ville pendant plusieurs mois en 2023. Tombouctou dispose d'un aéroport important et d'une base militaire clé.
Au Burkina Faso voisin, des combats ont opposé ces derniers mois l'armée et des groupes terroristes. Environ 40 % du pays est sous le contrôle de groupes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique. Les bases militaires du pays ont également été prises pour cible.
Le Mali et le Burkina Faso sont sous régime militaire. L'insécurité, en particulier la recrudescence des attentats terroristes, a été l'une des principales raisons invoquées par les juntes militaires pour prendre le pouvoir dans ces deux pays. Je mène des recherches sur le terrorisme et la formation de groupes insurgés en Afrique de l'Ouest et au Sahel depuis plus de dix ans. Ce que j'observe, c'est que les groupes terroristes deviennent plus audacieux et changent constamment de tactique, avec une augmentation des attaques contre les camps militaires dans toute la région.
Les camps militaires sont attaqués pour démoraliser les soldats et voler des munitions. Cela envoie également un message à la population locale, lui indiquant que les forces militaires sont incapables de protéger les civils. Je pense qu'il y a quatre raisons principales à l'augmentation des attaques à grande échelle contre les bases militaires dans la région:
• la perte de la base de drones américaine au Niger, qui a rendu la surveillance difficile
• l'augmentation des violations des droits humains commises au nom de la lutte contre le terrorisme
• l'absence d'une approche coordonnée de la lutte contre le terrorisme
• les changements constants de tactiques des terroristes.
Il est important d'identifier et de traiter ces problèmes pour contrer cette tendance.
POURQUOI LES ATTAQUES SE MULTIPLIENT-ELLES ?
Tout d'abord, il y a la perte de la base de drones américaine à Agadez, en République du Niger, en 2024, après la prise du pouvoir par l'armée dans le pays. J'étais initialement sceptique lorsque la base de drones a été mise en service en 2019. Mais elle a en fait eu un effet dissuasif sur les groupes terroristes. Les organisations terroristes opérant au Sahel savaient qu'elles étaient surveillées par des drones opérant depuis la base. Elles savaient que les informations de surveillance étaient partagées avec les États membres. La perte de la base a réduit les activités de reconnaissance et de surveillance dans la région.
Deuxièmement, l'augmentation des violations des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme dans la région divise les communautés et augmente le recrutement dans les groupes terroristes. Un rapport de Human Rights Watch publié en mai 2025 a accusé l'armée burkinabè et les milices alliées d'avoir tué plus de 130 civils lors d'opérations antiterroristes. Le rapport affirmait que les membres de l'ethnie peule étaient visés par ces opérations parce qu'ils étaient perçus comme ayant des liens avec des groupes terroristes. Les groupes terroristes sont connus pour utiliser de tels incidents afin de gagner le cœur et l'esprit des populations locales.
Troisièmement, l'absence d'approche coordonnée de la lutte contre le terrorisme dans la région est en train de réduire à néant les progrès réalisés au cours de la dernière décennie. Parmi les développements majeurs, on peut citer la dissolution du G5 Sahel. Ce groupe a été créé en 2014 afin de renforcer la coordination en matière de sécurité entre ses membres, à savoir la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad et le Niger. L'organisation a lancé des missions conjointes de lutte contre le terrorisme dans les États membres, mais elle a été dissoute en décembre 2023 après le retrait du Niger et du Burkina Faso.
L'affaiblissement de la Force multinationale mixte en raison du coup d'État militaire au Niger et du repositionnement stratégique compromet les initiatives de lutte contre le terrorisme. Les membres de la force étaient le Cameroun, le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Bénin. La force a pour mandat de lutter contre Boko Haram et d'autres groupes terroristes opérant dans le bassin du lac Tchad. Après sa création en 2015, la force opérationnelle a réalisé des progrès significatifs.
En janvier 2025, le Niger a suspendu son adhésion, mettant en péril la lutte contre le terrorisme dans la région. Quatrièmement, les groupes terroristes de la région affinent leurs méthodes. En avril 2025, des terroristes du JNIM ont été soupçonnés d'avoir lancé une attaque suicide à l'aide d'un drone contre des positions militaires togolaises.
De leur côté, les armées des pays du Sahel peinent à s'adapter aux nouvelles tactiques des terroristes. Ces dernières années, on a assisté à une prolifération des drones en Afrique par des États et des acteurs non étatiques.
COMMENT FREINER CETTE TENDANCE
Pour lutter contre la recrudescence des attaques perpétrées par des groupes terroristes, en particulier les attaques à grande échelle contre des positions militaires, quatre mesures immédiates s'imposent. Premièrement, les États-nations doivent investir dans leurs capacités de surveillance. La perte de la base de drones oblige les États du Sahel à trouver de toute urgence de nouveaux moyens de collecter et de partager des renseignements. La topographie de la région, principalement plate et avec peu de végétation, constitue un avantage, car les drones de reconnaissance peuvent facilement détecter les mouvements suspects, les camps terroristes et les itinéraires empruntés. Il est également nécessaire de réglementer l'utilisation des drones dans la région afin d'empêcher leur utilisation par des acteurs non étatiques.
En outre, les pays qui luttent contre le terrorisme doivent trouver un moyen d'améliorer les relations entre l'armée (et les milices alliées) et les populations touchées par le terrorisme. Ma dernière publication sur la question montre que les groupes d'autodéfense engagés par les forces militaires sont parfois complices de violations des droits de l'homme. Une formation aux droits de l'homme est essentielle pour les forces militaires et les milices alliées. Les sources de financement du terrorisme doivent être identifiées et bloquées. Les attentats terroristes à grande échelle nécessitent une planification, une formation et des ressources. Le financement provenant de l'exploitation minière illégale, du trafic et des enlèvements doit être identifié et éradiqué. Cela inclut également le partage de renseignements entre les États-nations.
Enfin, les pays du Sahel doivent trouver un mécanisme pour collaborer avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest. Compte tenu de l'augmentation du nombre et de l'intensité des activités terroristes dans le Sahel, des mesures immédiates sont nécessaires pour inverser cette tendance.
CREER UN PONT CULTUREL ENTRE ZIGUINCHOR ET DAKAR
Le Centre culturel régional Blaise Senghor de Dakar vibre cette semaine au rythme des couleurs, des sons et des saveurs de la Casamance. C’est dans ce lieu emblématique de la culture dakaroise qu’a été donné, le coup d’envoi de festival «Zig à Dakar»
Le Centre culturel régional Blaise Senghor de Dakar vibre cette semaine au rythme des couleurs, des sons et des saveurs de la Casamance. C’est dans ce lieu emblématique de la culture dakaroise qu’a été donné, lundi dernier, le coup d’envoi de la première édition du festival «Zig à Dakar», initié par la Fédération des acteurs culturels de la région de Ziguinchor.
L a cérémonie d’ouverture s’est tenue en présence de la Directrice du centre, de nombreuses figures du monde artistique, et surtout de M. Abdou Simone Diatta, secrétaire d’État à la Culture et aux Industries créatives, qui a officiellement lancé les festivités, au nom de la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture.
Dans son allocution, le représentant de l’État a salué l’initiative comme une «symphonie artistique exceptionnelle», mettant en lumière la richesse culturelle de la Casamance. Il a souligné que cette exposition est bien plus qu’un simple rassemblement d’œuvres : c’est une immersion multi sensorielle qui célèbre la diversité des arts plastiques, des arts de la scène, de la gastronomie et de la transmission intergénérationnelle. «L’émotion et la raison ne s’opposent plus, elles coexistent harmonieusement dans la création africaine contemporaine», a-t-il déclaré avec enthousiasme.
À la suite de cette ouverture solennelle, une visite guidée de l’exposition a permis aux invités de découvrir les œuvres présentées. Trois artistes ont pris la parole pour expliquer leur démarche créative. Le premier, Joachim Bassène, a axé son travail sur les enjeux environnementaux. À travers des matériaux de récupération, il dénonce la pollution croissante et invite à une prise de conscience collective. Il a également mis en lumière le parcours d’Angélique Diatta, son ancienne élève, aujourd’hui artiste à part entière, dont les œuvres traduisent une sensibilité nouvelle et engagée.
Djibril Goudiaby, coordonnateur du festival, est revenu, quant à lui, sur les objectifs de l'événement : créer un pont culturel entre Ziguinchor et Dakar, tout en valorisant la formation des jeunes, le développement durable à travers l’art et la transmission des savoir-faire traditionnels.
Cette première édition de «Zig à Dakar» s’annonce comme un moment fort de la saison culturelle. Elle invite les Dakarois à rencontrer la Casamance autrement : par la beauté, par le dialogue, par l’émotion. Le festival se poursuit toute la semaine avec des expositions, des performances et des rencontres artistiques.
377 TONNES POUR UNE VALEUR DE 550 MILLIONS DE FRANCS INCINEREES A GANDIGAL
Le préfet du département de Mbour, Amadou Diop, représentant le ministre de l’Industrie et du Commerce, a présidé la cérémonie officielle d’incinération de produits impropres à la consommation à Gandigal, dans la commune de Sindia.
Le préfet du département de Mbour, Amadou Diop, représentant le ministre de l’Industrie et du Commerce, a présidé la cérémonie officielle d’incinération de produits impropres à la consommation à Gandigal, dans la commune de Sindia. L’opération, qui s’est tenue dans la plus grande rigueur, a concerné 377 tonnes de marchandises, d’une valeur estimée à 550 millions de francs CFA.
Parmi ces produits impropres à la consommation saisis, 327 tonnes proviennent de la région de Dakar, tandis que les 50 tonnes restantes ont été interceptées dans le département de Mbour. Il s’agit essentiellement de denrées alimentaires périmées ou non conformes, telles que de la tomate en conserve et du lait, mais aussi de produits toxiques présentant un danger réel pour la santé des populations.
Le ministère du Commerce, à travers la Direction du Commerce intérieur, a réaffirmé sa volonté de renforcer la lutte contre les réseaux de distribution de produits impropres à la consommation. Un dispositif alliant sanctions, contrôles rigoureux et actions de sensibilisation a été mis en place pour protéger les consommateurs. Les autorités dénoncent la prolifération de ces produits dans les circuits de distribution informels, entre commerces de détail et entrepôts non agréés, souvent difficilement traçables.
Présent à la cérémonie, Cheikh Cissé, président de l’Unacois-Yessal, a tenu à remercier le gouvernement et le ministère du Commerce, saluant les efforts déployés pour sécuriser le marché. Il a, cependant, déploré une hausse inquiétante des quantités saisies en 2025 par rapport aux années précédentes. Selon lui, si certains détaillants sont de bonne foi, d’autres commerçants seraient parfaitement conscients de l’illégalité des produits qu’ils mettent en vente. «Ce n’est pas seulement une question d’expiration. Il faut que les commerçants soient vigilants sur la provenance, la qualité et les dates de péremption des produits qu’ils achètent», a-t-il martelé.
De son côté, le représentant des consommateurs a souligné la nécessité d’une traçabilité plus rigoureuse. Il a attiré l’attention sur le fait que certains produits saisis sont importés, tandis que d’autres proviennent de grossistes locaux ou de commerçants détaillants ; ce qui complique l’identification des responsabilités.
Cette opération d’incinération symbolise la détermination des pouvoirs publics à assainir le marché. Mais au-delà des mesures coercitives, c’est un appel à la responsabilité de tous les acteurs — importateurs, distributeurs, commerçants et consommateurs — qui a été lancé à Mbour. La sécurité alimentaire et la santé publique ne sauraient être sacrifiées sur l’autel du profit. C’est à ce prix que le commerce sénégalais pourra gagner en crédibilité et en confiance.
DES MÉDECINS ALERTENT SUR UN SUPPOSÉ ÉPISODE DE COVID
Les services d’urgences sont saturés, et une grande majorité des malades se retrouve sous perfusion. Tous viennent consulter pour des symptômes évoquant une forte grippe, mais qui rappellent aussi le paludisme : fièvre élevée, douleurs musculaires, nausée
Depuis quelques jours, les structures sanitaires font face à un afflux inhabituel de patients. Les services d’urgences sont saturés, et une grande majorité des malades se retrouve sous perfusion. Tous viennent consulter pour des symptômes évoquant une forte grippe, mais qui rappellent aussi le paludisme : fièvre élevée, douleurs musculaires, nausées persistantes, perte d’appétit
Mamadou Sarr trouvé au Centre de santé des HLM, c’est la seconde fois, confie qu’il revient dans cette structure de santé pour la même prise en charge. «Il y a deux jours, j'étais ici et le médecin m’a mis sous perfusion. Les tests de diagnostic rapide (TDR) pour le paludisme n’ont rien révélés ainsi que les analyses effectuées. Les douleurs sont devenues plus intenses et je suis revenu», a-t-il souligné. Dans cette même structure, une femme se plaint de maux de tête, la fièvre est montée à 39 degrés, bien que le paludisme soit très vite écarté par les analyses. Sous perfusion, elle se tord toujours de douleur. Les maux de tête restent intenses. Malgré cela, elle quitte le centre avec une ordonnance. Mais la douleur persiste, l’obligeant à revenir se faire consulter. Elle sera finalement admise aux urgences de l’hôpital général Idrissa Pouye (HOGIP) de Grand Yoff.
«J’ai vraiment souffert. De simples céphalées qui ont viré à un cauchemar. Les perfusions ne faisaient que me soulager pour un moment. Il m’a fallu une hospitalisation dans une clinique pour commencer à me sentir mieux après une semaine de navette entre les structures publiques», a affirmé Marie Ange Sagna.
Chez les médecins si d’aucuns confirment la présence de la Covid, en cette période, d’autres se veulent prudents. «C’est une période favorable à la Covid. La maladie est d’actualité et les gens doivent faire attention», alerte le docteur Omar Konaté, propriétaire de la clinique Keur Marie.
Et d’ajouter : « depuis quelques jours, nous enregistrons des patients qui présentent les mêmes symptômes que la Covid. Les analyses de routine sont négatives. Toutefois, la douleur et la fièvre persistent, malgré des traitements qui leur sont faits».
Dans d’autres structures, bien que des médecins soupçonnent la présence de la Covid, ils avancent que les cas sont loin d’être graves à plus forte raison critiques. Rappelons que la maladie à coronavirus (COVID) est une maladie infectieuse due au virus SARS-CoV2
La plupart des personnes infectées par le virus présentent une maladie respiratoire d’intensité légère à modérée et se rétablissent sans avoir besoin d’un traitement particulier. Certaines, cependant, tombent gravement malades et ont besoin de soins médicaux.
Les personnes âgées et celles qui ont un problème médical sousjacent, telle qu’une maladie cardiovasculaire, un diabète, une maladie respiratoire chronique ou un cancer, ont plus de risques de présenter une forme grave. Face à cette situation, les praticiens conseillent le respect des mesures barrières comme le port de masque, le lavage des mains, entre autres.
L'IMPOSSIBLE BICÉPHALIE
Selon le politologue Jean Charles Biagui, la récente sortie d'Ousmane Sonko contre le président de la République illustre l'impossibilité d'avoir "deux commandants en chef" dans le système politique actuel
Professeur de science politique à la faculté de droit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Jean Charles Biagui livre son analyse des récentes critiques formulées par le leader de Pastef - également Premier ministre - à l’encontre du président de la République. Dans cet entretien, il estime que cette sortie trahit « avant tout une crise de leadership » au sommet de l’État. Toutefois, il tient à écarter toute comparaison avec la crise de 1962 entre Senghor et Mamadou Dia. Pour lui, le différend actuel peut être vite surmonté et n’aura pas d’impact majeur sur la gouvernance, à condition que chacun reste fidèle à ses engagements de rupture.
Que vous inspire la récente sortie d’Ousmane Sonko ?
Le commentaire qui peut être fait concerne aussi bien la forme que le fond des propos du Premier ministre. Sur la forme, nous constatons qu'il profite d'une rencontre avec les membres de son parti politique pour évoquer des questions à la fois, partisanes et nationales. Pourquoi parle-t-il maintenant ? Pourquoi choisit-il ce format ? Pourquoi s'exprime-t-il uniquement en wolof ? Malheureusement, les propos de Sonko soulèvent beaucoup plus de questions que de réponses. Cette prise de parole coïncidence avec des interrogations légitimes sur la poursuite par le régime actuel, de la judiciarisation du débat politique. Les commentaires du leader de Pastef montre qu'il est impossible de faire la part des choses entre les interventions du Premier ministre et celles du chef de Parti. Sur le fond, ils révèlent la nature du régime politique sénégalais. Il s'agit d'un régime dans lequel l'essentiel des pouvoirs est entre les mains du président de la République. Dans celui-ci le Premier ministre à la marge de manœuvre que lui donne le seul chef de l'exécutif : le Président. Ousmane Sonko l'a bien compris
Peut-on parler de divergences au sommet de l’État, à l’image de celles survenues en 1962 ?
Il est évident que les divergences apparaissent au grand jour puisqu'elles sont exposées publiquement. On se doutait bien de quelques divergences notamment dans le choix des hommes et des femmes dans l'attelage gouvernemental et dans la haute administration. Un manque de convergence notamment dans le recrutement de personnalités qui ne partagent ni la vision panafricaine, ni la perspective souverainiste, ni l'idée de patriotisme de Pastef. Cela dit, ces contradictions ne peuvent pas être forcément comparées à celles de la crise de 1962 entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia. Nous ne sommes pas dans la même configuration politique ni même dans le même régime politique. Nous étions jusqu'en 1962 dans un régime parlementaire. Dans celui-ci, le président du Conseil partage le pouvoir exécutif avec le président de la République. Depuis 1963, nous sommes dans un régime que certains qualifient de régime présidentialiste afin de montrer la prépondérance du chef de l'État. Il est depuis lors la clé de voûte des institutions avec des pouvoirs qui de notre point de vue sont exorbitants pour un système qui se réclame de la démocratie libérale.
Quel impact cette situation (contradiction) entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye peut-il avoir sur la gouvernance du pays?
Cette crise au sommet du pouvoir peut être résolue assez rapidement et peut ne pas impacter considérablement la marche du pays si les uns et les autres respectent leurs promesses de rupture. Il n'y a pas d'autre issue. Toute séparation serait contreproductive et politiquement risquée pour chaque protagoniste. Le Sénégal a peu changé. Il faut l'admettre. Les pratiques des régimes précédents demeurent. L'arrogance est clairement perceptible. Le train de vie de l'État est toujours démesuré pour un pays parmi les moins nantis de la planète. Les libertés individuelles et collectives ne sont pas toujours garanties. La justice continue d'arbitrer les débats politiques houleux. Les politiques publiques encore illisibles. La politique étrangère reste conservatrice et peu guidée par le panafricanisme tant vanté dans l'opposition Par conséquent, il n'est pas de l'intérêt du pouvoir de laisser cette crise perdurer ou même de chercher à l'intensifier. J'ose espérer que les acteurs en sont conscients.
Existe-t-il un lien entre le renforcement des pouvoirs du Premier ministre et ces divergences ?
Les contradictions et les divergences de point de vue révélées par le Premier ministre et chef du parti au pouvoir montrent qu'il souhaite avoir une marge de manœuvre beaucoup plus importante. Est-ce qu'il aura plus de possibilités dans le cadre d'une réforme institutionnelle qui lui donnerait plus de pouvoir en tant que Premier ministre ? Rien n'est moins sûr Des pouvoirs d'ordre constitutionnel accordés au Premier ministre dans le cadre du régime sénégalais actuel peuvent même aboutir à une crise beaucoup plus profonde que celle qui est en cours. Il est peu envisageable d'avoir un exécutif bicéphale avec des pouvoirs propres à chaque acteur dans le cadre du système présidentialiste sénégalais. Estce qu'un régime parlementaire pourrait convenir ? Est ce qu'il faudrait proposer un régime original plus hybride ? Dans tous les cas, une réforme institutionnelle s'impose. Non pas pour régler des querelles ou des antagonismes particuliers mais pour que la séparation des pouvoirs soit une réalité et que personne ne puisse détenir l'essentiel du pouvoir. La crise actuelle est surtout une crise de leadership. Elle révèle qu'il est illusoire de penser qu'il est possible d’avoir deux commandants en chef dans l'ordre politique sénégalais actuel.