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17 juillet 2025
LE SÉNÉGAL ET LA FRANCE VEULENT RÉINVENTER LEUR PARTENARIAT
Présent à la célébration du 14 juillet à Dakar, Mary Teuw Niane, directeur de cabinet du président sénégalais, a affirmé la volonté des deux pays de bâtir une coopération renouvelée, fondée sur la souveraineté, l’innovation économique...
Le Sénégal et la France se sont inscrits dans une perspective de renouvellement de leur partenariat à travers des actes concrets d’une coopération répondant aux exigences de l’heure, a souligné Mary Teuw Niane, le directeur de cabinet du président de la République.
‘’Face à des contextes nationaux nouveaux, des populations plus exigeantes et des situations régionales et internationales particulièrement complexes, le Sénégal et la France doivent réinventer leur partenariat et saisir les nouvelles opportunités qui existent’’, a-t-il notamment indiqué.
Représentant l’Etat sénégalais à une réception organisée à la résidence de l’ambassade de la France à Dakar dans le cadre de la fête nationale française, M. Niane a relevé que les questions prioritaires d’adaptation aux changements climatiques, de sécurité et de gestion des migrations, entre autres, constituent des défis majeurs à relever ensemble.
‘’Je suis heureux de pouvoir affirmer que nos deux gouvernements se sont déjà inscrits dans cette perspective et posent les actes concrets d’une coopération renouvelée, toujours dynamique et répondant surtout aux exigences de l’heure’’, a dit le directeur de cabinet du président de la République.
Il assure en avoir pour preuve ‘’la gestion exemplaire du processus de rétrocession des emprises militaires françaises à Dakar, fruit de la convergence de vues des plus hautes autorités politiques de nos deux pays et qui a été parfaitement mise en œuvre par nos hiérarchies militaires respectives’’.
Mary Teuw Niane a martelé qu’au plan économique, la volonté de renouveler le partenariat bilatéral été réaffirmée lors de l’audience que le Premier ministre, Ousmane Sonko, a accordée dernièrement à Nicolas Dufourque, directeur général de BPI France.
‘’A cette occasion, il a été convenu de renforcer notre partenariat économique dans une vision commune, bâtir une coopération respectueuse de la souveraineté des deux pays, axée sur la transformation industrielle, le soutien aux PME locales et la création d’emplois durables’’, a-t-il fait valoir.
Les prochaines rencontres bilatérales à l’agenda, telles que le séminaire intergouvernemental, constituent des occasions précieuses pour continuer les échanges et fixer ensemble les priorités dans le cadre d’une coopération toujours plus dynamique et efficace, a-t-il dit.
De nombreux acteurs politiques, de la société civile et du monde culturel ont répondu à l’invitation de l’ambassade française à l’occasion de la célébration ce 14 juillet de la fête nationale de la France.
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BIRAM DAH ABEID SOUS PRESSION À DAKAR
Convoqué par le ministère sénégalais de l'Intérieur suite aux plaintes mauritaniennes, l'opposant Biram Dah Abeid se dit prêt à quitter le Sénégal si l'ordre lui était donné. L'affaire indigne la société civile sénégalaise
La capitale sénégalaise aurait-elle cédé aux pressions de Nouakchott ? Cette question agite les milieux politiques et associatifs après la convocation de Biram Dah Abeid, opposant mauritanien de premier plan, par le ministère sénégalais de l'Intérieur.
Selon un communiqué publié par l'Initiative de Résurgence Abolitionniste, le mouvement dirigé par Biram Dah Abeid, ce dernier a été convoqué il y a quelques jours par le ministre de l'Intérieur sénégalais. Lors de cette rencontre, les autorités sénégalaises lui ont fait part des plaintes formulées par le gouvernement mauritanien concernant des déclarations qu'il aurait tenues, sans toutefois préciser la nature exacte de ces propos.
Le député mauritanien, habitué des séjours à Dakar, a réaffirmé sa volonté de ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures du Sénégal. Néanmoins, il a fait savoir qu'il quitterait le territoire sénégalais si une injonction officielle lui était adressée en ce sens.
Biram Dah Abeid n'est pas un opposant ordinaire. Figure emblématique de la lutte contre l'esclavage en Mauritanie, il s'est hissé au rang de principal adversaire du pouvoir en place à Nouakchott. Lors des dernières élections présidentielles mauritaniennes, il a d'ailleurs terminé en deuxième position.
Ses séjours réguliers au Sénégal s'inscrivent dans une tradition d'accueil des opposants politiques africains par Dakar, une pratique qui semble aujourd'hui remise en question.
Cette convocation a suscité de vives réactions au sein de la société civile sénégalaise. Les membres contactés par France 24 ont d'ailleurs exprimé leur consternation face à cette situation, rappelant que "le Sénégal a toujours été un pays d'accueil pour les hommes politiques africains".
Le FRAPP (Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine), a manifesté son inquiétude suite à cette convocation. Le mouvement appelle les autorités sénégalaises à protéger Biram Dah Abeid et à lui garantir sa liberté de mener ses activités sur le territoire sénégalais.
LE GOUVERNEMENT ACCUSE DE DÉNATURER LE PROJET DE LOI SUR L’ACCÈS À L’INFORMATION
Le Forum Civil alerte sur les écarts entre l'avant-projet élaboré par la société civile et le texte actuellement entre les mains du gouvernement, appelant à une révision conforme aux engagements pris par le Sénégal
La société civile s’investit à travers le Forum civil, pour que la loi sur l’accès à l’information soit votée. c’est dans ce cadre qu’une rencontre d’échanges vient de réunir à Thiès les différents acteurs autour de l’avant-projet. Mais Daouda Diop, chargé de programme au Forum civil, relève que le projet de texte qui est entre les mains du gouvernement est différent de l’avant-projet sur lequel les acteurs sont tombés d’accord. Et avec la rencontre de Thiès, il s’agit d’identifier les manquements, de rediscuter, de revoir tous les contours de cette problématique.
Les revenus susceptibles d’être mobilisés par le Sénégal, à travers l’exploitation du gaz et du pétrole, sont de nature à accélérer sa longue marche vers l’autonomie, par l’augmentation de l'investissement public. Cependant, le risque d'attentes démesurées met en évidence un besoin de transparence et de responsabilité dans la prise de décision etla hiérarchisation des priorités. Cet objectif ne peut pour autant être atteint, sans la contribution de tous les acteurs, parlementaires, gouvernementaux, institutionnels, de la société civile et de la presse et de ce point de vue, il est nécessaire de renforcer leurs capacités sur les avants projets de texte sur l’accès à l’information. C’est tout le sens de la rencontre d’échanges de Thiès, initiée par le Forum Civil. Selon Daouda Diop chargé de programme au niveau du forum civil, c’est dans le cadre de la mise en œuvre d'un programme dit «à égalité», financé par OXFAM.
A l’occasion de cette rencontre de Thiès, il souligne qu’il s'agit de voir comment faire un plaidoyer, pour que la loi sur l'accès à l'information puisse être votée. En clair, l'idée consiste à revoir les avant-projets ou le projet de texte, qui est dans le circuit du gouvernement. Dans la même veine, il renseigne que depuis un certain temps, la société civile, à travers le forum civil, s'est beaucoup investi dans le processus, allant dans le sens d'élaborer un avant-projet de texte sur l'accès à l'information. Cela a été fait depuis un certain temps avec d'autres acteurs comme Article 19, et qui sont dans le partenariat dit "Pour un Gouvernement Ouvert"(PGO). «Mais le constat est que depuis un certain temps, après que les acteurs ont fait ce travail, le projet de texte qui est entre les mains du gouvernement, et susceptible d'être adopté en conseil des ministres, n'est pas le même. En tout cas, il ne contient pas l'ensemble des dispositions qui étaient dans l'avant-projet de texte sur lequel les acteurs sont tombés d’accord. C'est la raison pour laquelle nous sommes à Thiès, notamment la société civile, certains acteurs de l'administration, mais également les médias, pour rediscuter et revoir tous les contours de cette problématique. C'est pour voir quels sont les manquements, pour la conformité à laquelle le Sénégal a souscrit, notamment la loi modèle de l'Union Africaine (UA), mais également d'autres dispositions pertinentes relatives aux conventions internationales souscrites par le Sénégal», a expliqué le chargé des programmes du Forum Civil.
L'idée de la rencontre de Thiès, c'est donc, à l’en croire, de discuter, laisser la parole aux acteurs après avoir présenté le projet, les limites mais également les différentes exceptions qui sont dans le projet, les laisser discuter, formuler des propositions, des recommandations, pour que le gouvernement du Sénégal puisse aller dans le sens du vote d'une loi sur l'accès à l'information. Il informe que le président de la République a fait deux sorties à travers lesquelles il a évoqué quatre principales textes que le gouvernement devait prendre en compte dans un temps réduit. Il y a le projet de texte sur la protection des lanceurs d'alertes, mais également le texte sur l'avant-projet de loi sur l'accès à l'information. «Donc nous rappelons au président de la République et au gouvernement les engagements qu'ils ont pris par rapport à l'adoption de ce texte, parce que c'est un processus qui date depuis plus de 10 ans. Si la plus haute autorité évoque ce texte, nous pensons qu'il est donc dans les dispositions de pouvoir aller dans le sens de l'adopter. Mais nous aimerions également que ce texte puisse être revu, rediscuté, pour une conformité avec les nouvelles dispositions ou les standards internationaux, relatifs à l'information », a-t-il fait savoir.
« Avec cette loi, un citoyen peut saisir les juridictions dediees, en cas de refus par une industrie extractive, de delivrer l’information demandée »
D’après Daouda Diop, cette loi devrait forcément permettre aux populations de bénéficier de plus de retombées des industries extractives. C'est parce que pour demander plus, il faut une maîtrise minimum des informations. L'accès à l'information est donc pour lui, un pilier fondamental, pour pouvoir parler de transparence et de recevabilité, parce qu’on ne peut pas en parler sans que les citoyens ne puissent avoir l'accès à l'information. C'est en effet cette information qui leur permettra de pouvoir évaluer les politiques publiques, le travail que le gouvernement est en train de faire à travers les actions publiques, les missions qui lui sont confiées. Mais relativement aux industries extractives, le chargé de programme au Forum Civil soutient que cette loi pourrait renforcer le dispositif déjà en place. Il y a déjà un dispositif relatif aux industries extractives, à travers l'adhésion du Sénégal à l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), qui propose un certain nombre d'exigences et de divulgation d'informations.
En tout cas, il laisse croire que le Sénégal est en train de travailler dans ce cadre, mais la loi sur l'accès à l'information pourrait renforcer ce dispositif. «Dans la situation actuelle, si un citoyen voudrait avoir une information dans le secteur extractif et que cette information lui soit refusée, il n'a pas a priori les possibilités de pouvoir porter un recours auprès des juridictions, en tout cas auprès des personnalités ou des autorités dédiées, pour pouvoir avoir cette information. Donc c'est la loi sur l'accès à l'information qui permettra aux citoyens de pouvoir, une fois que l'information demandée lui est refusée, d’aller devant les instances ou les juridictions dédiées, pour émettre des recours qui leur permettraient de pouvoir être satisfaits, par rapport à cette information dont ils ont besoin», at-il mentionné.
LE DUR CHOIX ENTRE LE PARTI ET L’ÉTAT
"Le parti, c'est l'État" selon Ousmane Sonko qui veut des "espaces" de concertation avec Pastef sur les orientations gouvernementales. Une vision que ne partage pas Bassirou Diomaye Faye, déterminé à gouverner en président de tous les Sénégalais
Au-delà des dossiers judiciaires qui divisent le binôme au sommet, Pastef les patriotes fait face à des divergences profondes autour de la primauté de l’Etat ou du Parti. Alors que Sonko veut que le parti soit au cœur de la gestion l’Etat, Diomaye veut être au-dessus de la mêlée.
Élu le 24 mars à la tête de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye n’avait pas perdu du temps pour se libérer de ses fonctions au sein de son parti “Les patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef)”. Dès le 26 mars, soit deux jours après son élection, la presse rapportait sa démission, tout en précisant qu’il reste un membre simple. Par cet acte, disait-il lors de son discours à la Nation du 3 avril 2024, il entendait se “mettre au-dessus de la mêlée”. Et dans le même sillage, il avait appelé à de larges concertations non seulement sur la Justice, mais aussi sur le système politique.
Cette décision, elle n’est pas tombée ex nihilo. Depuis plusieurs années, elle est une doléance de la société civile et de plusieurs forces vives de la Nation. En 2012, elle faisait partie des recommandations fortes des Assises nationales, avant d’être reprise plus tard par la Commission nationale de réforme des institutions présidée à l’époque par le président Amadou Makhtar Mbow. Cette recommandation, le candidat Bassirou Diomaye Faye l’avait endossée, en signant la charte des assises nationales lors de la dernière présidentielle. A date, sa matérialisation constitue l’un des actes forts du président Faye depuis qu’il est à la tête de ce pays. A plusieurs reprises d’ailleurs, cet acte a été magnifié par le Parti qui s’en prévaut comme un acquis important de l’an 1 du président.
Diomaye au dessus de la mêlée, Sonko dans la mêlée
Mais si Diomaye s’efforce depuis lors de rester au-dessus de la mêlée, son Premier ministre, lui, n’a jamais cessé d’être dans la mêlée. En soi, on ne saurait le lui reprocher puisqu’il est encore le président de son Parti. Le problème, c’est de vouloir remettre en cause la volonté présidentielle, faisant fi des engagements que le parti a toujours pris. De l’avis du président de pastef, ce serait une grave erreur pour Diomaye de s’éloigner du parti qui l’a mené au pouvoir. Tous les présidents qui ont perdu le pouvoir ont été victimes de ce phénomène, selon lui, avec un leader qui s’éloigne de sa base, à cause des manoeuvres du système.
La conviction de Sonko en fait, c’est qu’il n’y a pas de dichotomie à faire entre le parti et l’État. “...Quelqu'un a parlé de l'État et du parti. Maintenant, on parle d'Etat parti pastef. On en parle comme si c'était une anomalie alors que c'est ce qui est normal, parce que les gens ont élaboré leurs programmes, ils se sont battus et obtenu la confiance des citoyens…. Il faut avoir le courage de travailler avec ceux qui croient au programme; il faut aussi assumer cette responsabilité: les échecs et les réussites”, lâche le président de Pastef, s’empressant d’ajouter pour se justifier: “Ce n'est pas une affaire de partage de postes. Nous parlons de travailler pour les Sénégalais….”
Diomaye avait démissionné du BP du Parti, Sonko veut des réunions avec le parti pour définir les orientations de l’Etat
C’est là une divergence profonde entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Depuis qu’il est à la tête du Sénégal, Faye a rappelé à plusieurs occasions sa volonté d’être à équidistant des Sénégalais, de veiller à une administration juste de l’institution judiciaire. Pour Diomaye, 64 ans après les indépendances, “le moment est venu de tirer les leçons de nos réussites et de nos échecs, pour une gouvernance publique plus moderne, plus républicaine et plus respectueuse des droits humains.” C’est dans ce cadre qu’il avait inscrit les assises de la Justice tenues il y a un peu plus d’un an, montrant ainsi la haute importance qu’il accorde à l’indépendance de la Justice. En dehors de sa sortie malencontreuse dans laquelle il justifiait les pressions contre la Justice, Diomaye s’est très peu immiscé - en tout cas publiquement- dans le fonctionnement de cette institution.
D’ailleurs, dans cette sortie, il allait à la rescousse des membres de son parti qui ne cessaient d’accabler le ministre de la Justice en l’accusant d’être trop lent -pour ne pas dire faible- dans la reddition des comptes. Un point de vue réaffirmé par le Premier ministre dans sa dernière sortie. Pour lui, il y a plusieurs personnes de l’ancien ministre qui devaient être en prison et qui ne sont toujours pas inquiétées.
Digérant très mal certaines décisions de justice défavorables à son camp, le président de Pastef ne rate plus une occasion pour rappeler que c’est le parti qui est aux commandes, que les fonctionnaires doivent être des exécutants dans sa conception de l’État. “...Ce que j'ai dit est valable pour tous les pays. Quand vous prenez le pouvoir, vous venez avec votre programme, votre vision, vos équipes. Durant le temps de votre mandat, l’administration est un instrument pour appliquer votre vision”, argue-t-il avant de souligner avec force: “...C'est pourquoi durant cette période c'est vous l'État. C'est vous l'État. Même si le pouvoir est exercé dans le cadre des lois et règlements, c'est à vous de dire à l’administration ce que vous voulez et elle doit s'exécuter. C'est valable pour les hauts fonctionnaires comme pour tout le monde.”
Le parti va-t-il tuer l’État ?
De l’avis d’Ousmane Sonko, le parti doit donc être placé au cœur des affaires. “On ne doit pas exclure le parti dans la marche de l'État. On doit avoir des espaces où le Premier ministre, le PR, certains responsables discutent des orientations et des décisions”, soutient le Premier ministre qui insiste: “Rien ne doit échapper aux responsables du parti. Ils doivent savoir quelle est la politique diplomatique du pays, quelles sont nos préoccupations sécuritaires... sinon on fera ce que les autres faisaient et ça va produire les mêmes résultats.”
“Nous sommes un parti de combat. Nous nous sommes battus pour accéder au pouvoir. Nous allons continuer ce même combat pour réaliser nos engagements vis à vis du peuple.” Ousmane Sonko l’a réaffirmé avec force pour rappeler aux fonctionnaires qu’ils doivent se soumettre. Pastef, selon lui, s’est battu pendant trois ans pour faire fléchir l’État en étant dans l’opposition.
Dans ce combat, il compte d’abord et avant tout sur ses militants. Appelant les responsables à mouiller davantage le maillot pour faire face à ce qu’il considère comme une résistance du système, il estime qu’il est fondamental que le Parti conserve son identité et son âme. Cette identité et cette âme, il serait le mieux placé pour la définir. “Je suis le mieux placé pour dire quelle a été la ligne tracée pour le parti. Si quelqu'un ne se sent plus dans cette ligne, il n’a qu'à quitter. Le parti restera un parti de combat comme il l'a été dans l'opposition. Nous allons le rester pour réaliser les engagements”, soutient-il, martelant à qui veut l’entendre que “parti bi moo moom mbir yi.” C’est à dire que le parti doit être aux manettes.
Ce que disaient Diomaye et Sonko
Il faudrait remonter à la conférence de presse conjointe à la veille de l’élection présidentielle pour comprendre un peu mieux les divergences d’approches entre les deux personnalités au sommet de l’État. Il ressortait déjà des propos de Sonko à l’époque que lui a parfois pensé à des représailles en cas de victoire, mais Diomaye lui a toujours été contre toute idée de représailles. Et c’est le président de Pastef lui même qui raconte: ‘...Comme Diomaye ne parle pas beaucoup, certains avaient peur de lui, disait-il non sans ironie. Mais je tiens à les rassurer que Diomaye est bien moins sévère….”
Pour justifier son propos, il rappellait les échanges lors d’une réunion entre lui, Birame Souleye Diop et Diomaye. “...A l'époque, la répression était infernale. Je leur ai dit: si jamais on prend le pouvoir ils vont le regretter ces gens. Diomaye me dit: non président; il faut oublier ça. Il n'y aura pas de chasse aux sorcières. Pas de vengeance....” En prison, Ousmane a remis le sujet sur la table -cette fois pour le tester et voir si sa position a changé selon ses dires- mais la réponse a été la même. “Il m’a dit: jamais président. Nous ne devons pas commettre les mêmes erreurs que nos prédécesseurs. Si on prend le pouvoir, nous devrons laisser la justice faire son travail. Nous ne devons pas être là à chercher à nous venger. Je tenais à faire ce témoignage”, rapportait Ousmane Sonko.
Ousmane semblait finalement rejoindre son poulain, en affirmant qu’il n’y aura pas de vengeance. Mais aujourd’hui, c’est lui qui essaie de mettre la pression sur la Justice pour accélérer la reddition des comptes. Pour les décisions favorables à son camp, il garde souvent le silence, mais pour les décisions défavorables, il monte au créneau, allant jusqu’à parler de manque d’autorité pour commenter certaines décisions ou inerties.
VERS UN NOUVEAU PARTENARIAT BILATERAL ALIGNE SUR LA VISION 2050
L’ambassadrice de France au Sénégal et en Gambie, lors de la réception hier à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet 2025, a reconnu que la France et le Sénégal sont en train de dialoguer.
La fête nationale du 14 juillet a été célébrée hier à la résidence de l’ambassade de France. cet événement a accueilli une bonne partie des forces vives de la nation sénégalaise. Une occasion pour l’ambassadrice Christine Fages et le directeur du cabinet du Président Diomaye, Mary Teuw Niane, de réaffirmer la tenue d’un séminaire intergouvernemental franco sénégalais d’ici la fin de l’année pour définir les nouvelles bases de la coopération entre les deux pays.
Le nouveau régime au Sénégal, souvent présenté comme antifrançais, refuse catégoriquement d’être catalogué ainsi. Il est par contre pour une réinvention de la coopération par l’action et par un dialogue politique constant.
L’ambassadrice de France au Sénégal et en Gambie, lors de la réception hier à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet 2025, a reconnu que la France et le Sénégal sont en train de dialoguer. Christine Fages précise qu’il s’agit d’un dialogue franc, équilibré, et assumé qui permet de remettre à plat l’ensemble de la coopération entre les deux pays pour identifier ce que l’on veut continuer, approfondir, transformer ou arrêter.
Poursuivant, elle affirme que ce dialogue se veut gagnant-gagnant au service des intérêts et de la souveraineté des deux nations. Christine Fages a d’ailleurs soutenu hier que d’ici la fin de l’année, les gouvernements français et sénégalais devraient se rencontrer à Dakar au cours d’un séminaire intergouvernemental pour définir au plus haut niveau, autour des premiers ministres des deux gouvernements, le contenu de ce partenariat bilatéral renouvelé, assumé et fondé sur les intérêts stratégiques respectifs des deux pays et alignés sur la Vision 2050. Et notre intérêt stratégique aujourd’hui, c’est de travailler avec un Sénégal fort et prospère, souligne-t-elle.
Christine Fages indique par ailleurs que conformément aux orientations établies dès 2022 par le Président Macron, la France va restituer au Sénégal les emprises militaires des Eléments français au Sénégal, dans quatre jours. A l’en croire, cette reconfiguration ouvre la voie à de nouvelles modalités de coopération en matière de défense avec le Sénégal, fondées sur un respect mutuel et un principe de complémentarité garantissant la préservation des intérêts des deux pays.
Selon elle, ce partenariat se traduit aussi par un engagement économique fort de la France aux côtés du Sénégal. Au Sénégal, informe-t-elle, les 270 entreprises françaises représentent plus de 30 000 emplois formels, qui sont occupés à 90% par des Sénégalais. “Nous sommes, en fonction des années, un des deux premiers partenaires commerciaux du Sénégal avec 1,2 Milliards €”, at-elle affirmé. Non sans renseigner que la France au Sénégal, c’est 3,5 milliards d’euros engagés en 2024 dans plus de 250 projets dans des domaines clés pour le pays comme l’éducation, la formation, la création d’entreprises, la santé, la sécurité alimentaire, l’environnement ou la mobilité urbaine.
Venu représenter l’Etat du Sénégal, le Directeur de cabinet du président de la République, Mary Teuw Niane, a indiqué que les relations entre le Sénégal et la France se sont renforcées au fil des années. Non sans rappeler que la France est l’un des principaux partenaires du Sénégal sur le plan économique et culturel. Il soutient que la dynamique d'échanges commerciaux entre les deux pays a augmenté de 10% et les investissements directs des français au Sénégal ont augmenté de 15%.
Toutefois, face à un contexte national nouveau, des populations plus exigeantes et des situations régionales et internationales particulièrement complexes, Christine Fages estime que le Sénégal et la France doivent réinventer leur partenariat pour saisir de nouvelles opportunités qui existent dans un environnement stimulant. De ce point de vue, souligne-t-il, les questions prioritaires d'adaptation au changement climatique, de sécurité, et de gestion de migration, entre autres, sont des défis majeurs que “nous sommes appelés à relever ensemble”.
Mary Teuw Niane d’assurer que le Sénégal et la France sont déjà inscrits dans cette perspective et posent les actes concrets d’une coopération dynamique et répondant aux exigences de l’heure.
Par Kadialy GASSAMA
AVEU D’ECHEC DE PASTEF OU RESILIENCE DU SYSTEME ?
Après avoir promis aux populations monts et merveilles pour l’amélioration de leurs conditions de vie et d’existence, les théoriciens de Pastef développent aujourd’hui un nouveau discours axé sur la résilience du système
Après avoir promis aux populations monts et merveilles pour l’amélioration de leurs conditions de vie et d’existence, les théoriciens de Pastef développent aujourd’hui un nouveau discours axé sur la résilience du système, comme phénomène de blocage pour la réalisation des transformations attendues dans notre pays. Le système et ses nombreux goulots d’étranglement coriaces, comme un iceberg plus dur que le roc, est devenu la nouvelle trouvaille politique des pastéfiens pour expliquer leur inertie. Si nous sommes dans un pays où l’agriculture est aux abois, tandis que le Btp bat de l’aile, un pays où l’armée des chômeurs continue de se massifier, favorisant davantage l’émigration clandestine, un pays où les atteintes aux libertés d’opinion et d’expression font légion et atteignent leur paroxysme, comment expliquer cette situation chaotique que traverse le Sénégal actuel à l’opinion nationale et internationale ?
Il ne faudrait surtout pas, de nouveau, servir aux populations exténuées, un discours populiste pour justifier l’immobilisme économique et social actuel au Sénégal. Quand les pastéfiens brandissent un projet d’usine de montage automobiles Mercedes comme une réalisation économique tangible, alors que le Sénégal produisait ses propres voitures «Gaïndé» made in Sénégal il y a des décennies, nous nous rendons compte de l’absence manifeste d’ambition des pastéfiens pour leur pays et de méconnaissance de son histoire industrielle. Des usines de montage automobiles et même de trains, il en existe plusieurs au Sénégal depuis Mathusalem. La véritable bataille pour le développement industriel du Sénégal, c’est la construction par notre pays de camions, de tracteurs, de matériels agricoles, de pirogues insubmersibles à partir de la mise en valeur et de l’exploitation de nos mines de fer au Nord du Sénégal.
Le populisme sur lequel se sont appuyés les marchands d’illusions d’hier, qui déclaraient urbi et orbi posséder toutes les solutions clés en main pour résoudre les difficultés des Sénégalais en deux mois, lesquels sont incapables aujourd’hui de fournir de bonnes semences aux paysans pour deux campagnes agricoles successives, ni d’élaborer pour l’instant un plan viable de stabilisation financière et de relance économique à la suite de difficultés générées par des chocs plus exogènes qu’endogènes, ne peut conduire, en effet, qu’à une désillusion totale.
Aveu d’échec ou résilience du système ?
Le système résiste-t-il à la révolution systémique pastéfiènne ? Nous n’en sommes plus à une situation héritée de «ruine de l’Etat» ou de «falsification des chiffres et de surendettement». Nous en sommes aujourd’hui à la résistance pernicieuse et multidimensionnelle du système.
La survenue de cette situation alarmante, qui va de mal en pis, résulte maintenant de la résilience du système à la révolution systémique pastéfienne. Le problème, aujourd’hui, pour nos marchands d’illusions d’hier qui ont fait croire aux populations la mise en œuvre d’un projet rédempteur, c’est d’essayer à nouveau de faire accepter l’idée que la révolution systémique pastéfienne est bloquée par la résilience du système et, au demeurant, que ces politiciens des temps nouveaux n’avaient pas aperçu la partie immergée de l’iceberg dont ils mettront toute la durée du mandat actuel à le combattre, renvoyant les transformations attendues aux calendes grecques. C’est autant dire que les pastéfiens sont entrain de préparer l’opinion à un nouveau deal politique, en reconnaissant implicitement que les transformations promises ne seront effectives qu’à l’horizon 2029, à partir du moment où réellement toutes les résistances au système coriace pourront être totalement vaincues. Autrement dit, les pastéfièns mettent le focus sur la Présidentielle de 2029 en justifiant l’immobilisme actuel par la résilience du système lui-même. Mais, en réalité, qu’est-ce que cela veut dire, ce nouvel obstacle au développement du Sénégal qui s’appelle «résilience du système», si ce n’est l’invention d’une nébuleuse pour justifier un échec patent, comme si nous étions devant des hommes théoriques, dans un monde théorique. Chassez le naturel, les marchands d’illusions reviennent toujours au galop dans l’art de tromper les consciences populaires. Mais comme Abraham Lincoln le disait : «On peut tromper une partie du peuple tout le temps, et tout le peuple un certain temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps.»
Kadialy GASSAMA
Economiste Rufisque
Par Moustapha FALL
SONKO-DIOMAYE, UNE ALCHIMIE POLITIQUE À L’ÉPREUVE DU POUVOIR
La récente prise de parole de Ousmane Sonko, dans ce qui s’apparente à une tentative de reconquête de sa base politique, a relancé les débats sur la solidité du tandem qu’il forme avec le Président Bassirou Diomaye Faye.
La récente prise de parole de Ousmane Sonko, dans ce qui s’apparente à une tentative de reconquête de sa base politique, a relancé les débats sur la solidité du tandem qu’il forme avec le Président Bassirou Diomaye Faye. Cette sortie médiatique, loin d’être anodine, vient mettre en lumière les dynamiques complexes qui traversent le duo, souvent résumé par la célèbre périphrase : «Sonko moy Diomaye, Diomaye moy Sonko.» Il est important de rappeler que cette formule n’est pas née dans l’euphorie de la campagne électorale de 2023. Elle est l’expression d’une fraternité ancienne, forgée dans les couloirs de l’université, dans les luttes syndicales et les combats citoyens menés bien avant l’accession au pouvoir. Leur relation, enracinée dans l’histoire commune et le respect mutuel, a toujours transcendé les ambitions personnelles.
Une sortie interprêtée, surinterprêtée, instrumentalisée
Dans un contexte où chaque mot prononcé par une figure politique est disséqué, commenté, voire détourné, les déclarations de Sonko ont suscité une vague de réactions contrastées. Certains y ont vu un signal de désaccord, voire un début de rupture ; d’autres, un simple rappel fraternel à l’ordre politique. En vérité, il serait précipité et injuste d’y voir une volonté de délégitimer Diomaye ou de fragiliser son autorité présidentielle. Ce qui est en jeu ici n’est pas tant une querelle d’hommes qu’une alerte sur les forces qui entourent et influencent l’exercice du pouvoir. Comme l’a brillamment exprimé le constitutionnaliste Pr Oumar Dia : «Rien ne résiste au pouvoir : ni l’amitié, ni la parenté, ni la camaraderie de parti, ni même la foi.» Cette réflexion doit être le point de départ d’une lecture lucide de la situation. Loin des procès d’intention ou des jugements hâtifs, elle invite à interroger le système lui-même, sa capacité à altérer les rapports humains, à dénaturer les engagements initiaux.
Pouvoir, loyauté et épreuve du réel
Le pouvoir, par sa nature, est une épreuve. Abraham Lincoln ne disait-il pas : «Presque tout homme peut faire face à l’adversité. Mais si vous voulez tester son caractère, donnez-lui le pouvoir ou l’argent.» La remarque est d’une pertinence remarquable dans le contexte actuel du Sénégal. Face aux réalités de l’Etat, aux contraintes de la gouvernance, aux pressions internes et externes, il est normal que des divergences apparaissent dans les approches, les méthodes, voire les priorités. Ainsi, l’intervention de Ousmane Sonko pourrait aussi être lue comme l’expression d’une inquiétude sincère, celle d’un homme profondément attaché aux idéaux de justice, d’éthique, de transparence, et qui sent peut-être poindre certaines dérives ou certaines inerties dans la mise en œuvre du projet politique qu’ils portent ensemble.
Deux figures, deux roles, une même exigence
Il est fondamental ici de faire la part des choses entre l’homme Bassirou Diomaye Faye et l’institution qu’il incarne. Le président de la République, en tant que chef de l’Etat, ne peut plus être le militant partisan qu’il a été. Il est aujourd’hui le garant de l’unité nationale, le représentant de tous les citoyens sénégalais, au-delà des clivages et appartenances. C’est dans cette transformation du rôle que peuvent surgir les malentendus. Là où Sonko conserve une liberté de ton et de critique propre à son statut de leader politique, Diomaye est tenu par les exigences de la posture présidentielle : devoir de réserve, neutralité, équilibre. C’est à ce niveau que réside le «démon du détail» dont pourraient se nourrir les adversaires du régime pour instiller le doute, semer la discorde et fragiliser cette alliance historique.
Les risques de la division, l’urgence de la lucidité
Ce serait une grave erreur pour Diomaye de céder aux flatteries de circonstance ou de se laisser enfermer dans une opposition stérile entre «lui et Sonko». Ceux qui essaieront d’opposer les deux hommes par des discours binaires - «vous êtes bon, lui est extrême» ou l’inverse- ne poursuivent qu’un objectif : celui d’affaiblir leur projet commun. Il est donc impératif de comprendre que Sonko ne lui doit plus rien, ni en retour personnel, ni en loyauté aveugle. Le lien qui les unit doit être préservé non pas par la dette ou la gratitude, mais par la convergence des idéaux qu’ils ont portés ensemble : changement systémique, rupture avec les anciennes pratiques, reddition des comptes, transparence dans la gestion des ressources, justice pour les martyrs. Diomaye, en tant que Président, doit garder à l’esprit que son Premier ministre demeure, pour beaucoup de Sénégalais, le garant moral du projet. Il est l’âme militante de cette ambition collective. Sa rigueur, son patriotisme, son abnégation au travail ne sont pas des qualités anecdotiques : elles constituent un socle de confiance qu’il serait dangereux de négliger.
Tenir la barre du changement
En définitive, la cohésion du binôme Sonko-Diomaye est une condition sine qua non pour la réussite du projet de transformation du Sénégal. Toute rupture, même feutrée, serait une aubaine pour les ennemis du progrès, pour les tenants du système ancien qui n’attendent qu’un faux pas pour se repositionner. Nous appelons donc à la lucidité, à la hauteur de vue, à l’élégance politique. Il faut garder le cap sur le véritable objectif : un changement systémique, durable, centré sur la justice, l’inclusion et l’intégrité. Ce combat n’est pas personnel, il est historique. Que Le Seigneur des mondes préserve cette unité entre Sonko et Diomaye, si précieuse pour notre avenir collectif, et qu’il protège ce projet pour lequel tant de jeunes ont consenti le sacrifice ultime. Le Sénégal mérite cette transformation. L’Histoire ne pardonnera ni les trahisons ni les renoncements.
HUGHLEY FACE AU DILEMME
Blessures et incertitudes retardent la composition de l'équipe nationale féminine de basket. L'entraîneur doit trancher sur les cas préoccupants de Fatou Babou Diagne et Julie Dacosta avant l'Afrobasket du 27 juillet au 3 août
Avec un groupe de 17 joueuses en préparation à Saly Portudal depuis deux semaines, l’entraîneur national, Otis Hughley Jr, devrait dévoiler la liste des 12 vendredi prochain. Le technicien américain devra ainsi vider les cas Fatou Babou Diagne et Julie Dacosta, qui indisposent le staff médical.
La liste de l’Equipe nationale féminine pour l’Afrobasket prévu du 27 juillet au 3 août 2025 est attendue vendredi prochain. En effet, Le Quotidien a appris que le sélectionneur, Otis Hughley Jr, se donne encore la semaine pour dévoiler le groupe devant défendre les couleurs nationales lors des joutes d’Abidjan.
Après une présélection de 23 joueuses, finalement réduite à 17 le 7 juillet dernier, le groupe aborde la dernière semaine de sa préparation à Saly Portudal.
La liste des 12 Lionnes était pourtant attendue depuis la semaine dernière. Un retard qui s’explique, apprend-on, par l’incertitude qui plane sur l’état de santé de certaines joueuses.
C’est le cas surtout du pivot Fatou Babou Diagne. Arrivée blessée, la native de Thiès aurait du mal à sortir de l’infirmerie. Avec le groupe depuis la première phase de la préparation au Stadium Marius Ndiaye, son cas inquiète le staff médical.
L’autre préoccupation du coach des Lionnes demeure le manque de compétition de l’ancienne joueuse d’Unimed Campinas au Brésil. Sélectionnée lors du dernier Championnat d’Afrique des clubs par l’Asc Ville de Dakar, Fatou Diagne boite vers un forfait pour l’Afrobasket à Abidjan. Très proche du technicien américain, elle est d’ailleurs pressentie, en cas de forfait de dernière minute, pour intégrer le staff technique afin d’user de son expérience auprès des Filles.
L’autre cas qui trouble le sommeil du patron du staff technique est celui de Julie Dacosta. L’ailière-forte, qui évolue en Espagne depuis quelques années, inquiète par rapport à l’état de son genou. Blessée au cours de la saison, l’ancienne joueuse du Dakar Université Club (Duc) a aussi été, malheureusement, touchée à la cheville pendant la préparation à Saly.
Autant d’incertitudes qui modifient les plans de l’entraîneur national. Toutefois, à moins d’une semaine du départ pour Abidjan, Otis Hughley Jr dispose encore de quelques jours pour rendre sa liste définitive
A noter que la cérémonie de remise du drapeau national est aussi annoncée pour vendredi prochain. Alors que le départ pour Abidjan est programmé le 20 juillet prochain. Avant d’entamer la compétition, la sélection va livrer deux matchs amicaux, face au Mali et au Soudan du Sud.
Finaliste lors du dernier Afrobasket, le Sénégal évoluera dans le Groupe C, aux côtés de l’Ouganda et de la Guinée.
Par Baba DIENG
IL FAUT DÉFENDRE LA RÉPUBLIQUE
Notre bonhomme, le Premier ministre Ousmane Sonko, a, curieusement, beaucoup de temps pour épiloguer sur tout, malgré les nombreux défis -l’économie et la sécurité- qui se posent avec gravité devant nous
Notre bonhomme, le Premier ministre Ousmane Sonko, a, curieusement, beaucoup de temps pour épiloguer sur tout, malgré les nombreux défis -l’économie et la sécurité- qui se posent avec gravité devant nous. Dans ma dernière chronique, je disais qu’il a enfin retrouvé son milieu naturel, c’est-à-dire les «lives», où l’opposant continue de s’attaquer à tout ce qui gesticule. La fonction de Premier ministre n’a décidément pas d’emprise sur les lubies d’un homme colérique et belliqueux, incapable de gérer ou dissimuler ses émotions. Ses croisades ont pour cible ses adversaires politiques, la Société civile, la Justice «corrompue», les médias et, tenez-vous bien, le président de la République Bassirou Diomaye Faye, lequel est pourtant son chef. Bref, il est en mauvais termes avec tout le monde.
Les agitations et menaces du Premier ministre permettent au moins de comprendre une chose : il se rend compte, enfin, de l’importance de la courtoisie dans le débat public. Il considère, avec une susceptibilité paranoïaque, les opinions des Sénégalais sur son travail comme des diatribes visant à désacraliser l’institution qu’il incarne. Les institutions de la République, enseigne le Premier ministre, doivent être impérativement respectées. Ce prêche est fabuleux, très fabuleux, mais c’est le prêcheur, malgré tous ses pouvoirs, qui est illégitime. En effet, il n’y a pas, dans ce pays, une institution qui n’a pas été attaquée et désacralisée par le leader de Pastef et ses groupies. Après les magistrats, les médias, ce sont les membres de la Société civile, pourtant si enfiévrés naguère à défendre Pastef et ses turpitudes, qui sont traités de «fumiers», lors de l’installation du Conseil national du parti.
Le chef du gouvernement, et il faut le rappeler, a manqué de respect à plusieurs reprises au président de la République, en prenant toujours le plaisir de l’apostropher. L’on se souvient qu’il avait annoncé, après la nomination de M. Samba Ndiaye, que des «mesures correctives» seront prises pour corriger la mauvaise décision du chef de l’Etat. Dans sa dernière sortie, il lui reproche, entre autres, son atonie devant les critiques sévères qui lui sont adressées à longueur de journée par ses opposants. Selon lui, son petit frère -qui commence visiblement à être métamorphosé par l’institution présidentielle au point de renier ses «engagements»- peut mettre le holà à ces attaques frontales dirigées contre lui. A condition, bien sûr, d’avoir la volonté et la sincérité de le faire. Du fait de la «responsabilité historique» qu’il a dans l’avènement du Président Diomaye Faye, celui-ci lui doit bien ce service... On notera, à l’évidence, que le Premier ministre reste toujours obsédé par son amour-propre et son ambition présidentielle, même s’il prétend le contraire.
Lors de sa croisade spectaculaire contre le président de la République, il a dit, avec colère et acrimonie, que le «Sénégal a un problème d’autorité». En termes plus clairs : le chef qu’il a lui-même «choisi» n’a pas les coudées franches pour diriger ce pays. Il en veut pour preuve les insulteurs publics qui sévissent impunément sans que l’autorité suprême ne prenne la décision de les arrêter manu militari. Ce qui est une contrevérité, car toutes les voix dissonantes croupissent dans les geôles. Cette déclaration fracassante visant à torpiller l’autorité du président de la République est aussi, pour le Premier ministre, une occasion de quémander les rênes du pays. «Qu’on me laisse gouverner», a-t-il tonné. Car, assure-t-il, s’il était là où il devrait être, c’est-à-dire à la tête de l’Etat, beaucoup de choses n’allaient pas se passer ainsi. Etrange déclaration pour quelqu’un qui avoue - pourquoi l’avouer ?- être indifférent au fauteuil présidentiel de son «dôm’ou ndèye».
Dans une tribune en date du 22 novembre 2024 publiée dans ces colonnes, «Diomaye, un roi sans royaume», nous avions dit que la victoire de Pastef aux Législatives est une manière, pour Ousmane Sonko, d’avoir une arme fatale braquée contre le président de la République. Dans son dernier discours-fleuve, le «meilleur Premier ministre de tous les temps» a pris le soin de montrer qu’il incarne l’unique voie à suivre, que le parti majoritaire à l’Assemblée nationale est sa propriété, que c’est grâce à lui si ses serviteurs arrivent à gagner des élections. Après le rappel à l’ordre et les récriminations du guide suprême, l’on a vu, sur les réseaux sociaux, des dignitaires du parti, et non des moindres, lui témoigner leur soutien et leur fidélité. Nous écrivions ceci : «Ces Législatives étaient aussi, pour Ousmane Sonko, l’occasion d’exhiber à nouveau son autorité, de montrer qu’il est le baron, et que c’est lui qui est à «l’origine» de l’élection du président de la République. D’où le choix du parti Pastef au détriment de la Coalition «Diomaye Président» [...]. Ousmane Sonko, en décidant d’aller aux Législatives sous la bannière de sa formation politique, a voulu se jauger, confirmer qu’il est le chef suprême et détenir une grande partie du pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye. Avec ses députés, le Premier ministre, déjà puissant, va continuer à monter en puissance dans l’attelage gouvernemental et institutionnel. Il est le timonier du navire, le maître du jeu, l’ange ou l’archange. Celui qui fait gagner toutes les élections.»
La situation que nous vivons, avec ce duo (est-ce que c’est toujours le mot qui sied ?), est plus que jamais inédite : nous avons un Président détaché de tout ce qui est parti politique pour, ditil, se mettre au-dessus des querelles partisanes, et un Premier ministre détenteur du parti majoritaire à l’Assemblée nationale [...]. Les pouvoirs sont réellement partagés : le président de la République a le Pouvoir exécutif et le Premier ministre, lui, dispose du Parlement, avec une légitimité encore réaffirmée. Face au chef du gouvernement débordant d’ambitions, il va sans dire que l’autorité du président de la République, déjà largement effilochée, va continuer à être torpillée. Ousmane Sonko a désormais plus d’assurance dans ses agissements : il a un réel pouvoir qu’il peut brandir et utiliser selon ses fantasmes. Dieu Seul sait jusqu’où cet homme peut aller -ou faireavec du pouvoir. «C’est mieux de s’appuyer sur quelque chose que de s’en tenir à rien, après tout.»
Il est évident que le Premier ministre conjugue mal sa légitimité et sa place, quoique volumineuse, dans le pouvoir politique. C’est ce qui le pousse à agir à rebrousse-poil de ses prérogatives, sapant ainsi, peut-être même volontairement, l’autorité du chef de l’Etat. Mais son orgueil et ses foucades ne doivent pas primer sur les intérêts du Sénégal. Aujourd’hui, au regard des énormes défis qui nous attendent, le pays ne peut pas se permettre une guerre picrocholine, ou une crise institutionnelle fomentée de toutes pièces, au sommet de l’Etat. Face à la menace réelle pour la stabilité de nos institutions que constituent les agissements du Premier ministre, une seule obligation s’impose à tous les républicains : défendre la République.
LA BOMBE À RETARDEMENT DU VIH
Selon l'ONUSIDA, 6,6 millions de personnes supplémentaires pourraient être infectées d'ici 2029 si le déficit de financement n'est pas comblé
L'ONU s'inquiète de la fin de l'USAID dans la lutte contre le VIH/SIDA. D’ici à 2029, si le déficit de financement n'est pas comblé, 6,6 millions de personnes supplémentaires pourraient être infectées en raison de la perte du plus grand donateur mondial, responsable de 73% de l'ensemble des ressources internationales consacrées à la riposte au sida.
A l'occasion de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4), Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONUSIDA, a déclaré aux journalistes que les coupes budgétaires dans le domaine du développement international mettaient en péril la riposte au sida. Mme Byanyima a indiqué qu'en 2024, le nombre de décès liés au sida s'élevait à 630 000 pour l'année. Et dans quatre ans, il pourrait atteindre 4,2 millions. «On voit qu'une pandémie en déclin pourrait ressurgir. La crise est réelle, elle est ressentie dans le monde entier», a-t-elle ajouté. .
L'ONUSIDA exhorte les pays donateurs à maintenir le cap d'une transition progressive. Les dirigeants doivent aller au-delà des conceptions traditionnelles du financement de la santé et du développement et adopter la justice en matière de dette, la justice fiscale, la justice en matière de propriété intellectuelle et l'investissement public mondial. Elle a déclaré : «Aujourd'hui, le poids de l'évasion fiscale et d'autres abus fiscaux privent l'Afrique de 2,5 fois plus d'argent qu'elle n'en reçoit par l'intermédiaire de l'aide».
Un choc comparable à une pandémie ou une guerre
Selon les scientifiques, la fin des soutiens américains, décidée au début du mandat de Donald Trump, «risque d'interrompre brutalement, voire d'inverser deux décennies de progrès pour la santé des populations vulnérables», explique Davide Rasella, l'un des coauteurs de l'étude et chercheur au Barcelona Institute for Global Health, cité dans un communiqué. Pour de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, «le choc qui en résulterait serait d'une ampleur comparable à celle d'une pandémie mondiale ou d'un conflit armé majeur». Pour parvenir à de telles conclusions, les auteurs de l'étude ont examiné les données de 133 pays. Cet examen, préalable à leur modélisation des effets de la fin de l'USAID, leur a permis d'estimer rétrospectivement que les programmes financés par l'agence américaine avaient permis d'éviter 91 millions de décès dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire entre 2001 et 2021. Les programmes soutenus par l'USAID ont notamment été liés à une diminution de 15% des décès, toutes causes confondues, ont calculé ces chercheurs. Pour les enfants de moins de cinq ans, la baisse des décès a été deux fois plus importante (32%). L'impact le plus fort de cette aide a été observé pour des maladies évitables. La mortalité due au VIH/SIDA a ainsi été réduite de 74%, celle du paludisme de 53% et celle des maladies tropicales négligées de 51% dans les pays bénéficiaires du niveau d'aide le plus élevé par rapport à ceux avec peu ou pas de financement de l'USAID, selon l'étude.
« C'est le moment d'augmenter, pas de réduire l'aide »
Et alors que d'autres donneurs internationaux majeurs, principalement européens, comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou la France, ont aussi annoncé des coupes dans leurs budgets d'aide étrangère, la publication de cette étude est, pour les chercheurs, le moyen d'alarmer les dirigeants internationaux. La baisse des financements d'aides risque d'entraîner encore plus de décès dans les années à venir», a prévenu Caterina Monti, une autre coauteure de l'étude chercheuse à l'ISGlobal. «C'est le moment d'augmenter, pas de réduire» l'aide, plaide encore Davide Rasella.