SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
17 juillet 2025
PAR MOUSTAPHA SÈNE
LA MINE GRISE DES RIVERAINS DES MINES D’OR
Sabodala est un cas d’école pour les leçons à tirer des impacts pluriels qu’a créés le rush vers ce nouvel Eldorado, effectué dans le contexte où l’expérience de l’État du Sénégal en matière de gouvernance des ressources extractives était embryonnaire.
Des termes « dividendes » et « développement durable », on en a entendu beaucoup parler dans la région aurifère de Kédougou qui a célébré ce 11 juillet 2025 la Journée mondiale de la Population. Et notamment lors du panel scientifique organisé ce 10 juillet 2025, en marge de cette journée où il est ressorti qu’avec une population jeune et un taux brut de natalité parmi les plus élevés du Sénégal (40,1 ‰ en 2023), la région de Kédougou présente un potentiel humain immense. Et qu’il existe les défis majeurs liés à un rapport de dépendance démographique élevé (environ 80 dépendants pour 100 actifs) et un taux de Neet (Ni en emploi, ni en études, ni en formation) alarmant de près de 60 % chez les 15-24 ans.
Ces deux expressions, on en a encore parlé (et la surchauffe terminologique ne s’est pas encore estompée) quand il a été annoncé la contribution d’environ 1,6 milliard de FCfa, débloquée en 2024 pour soutenir les populations dans leurs projets, à l’occasion de la présentation, quelques jours auparavant mais dans la même semaine, par le Directeur général de Sabodala Gold Operation (SGO), du Rapport sur le développement durable 2024 d’Endeavour Mining dont il est également le Vice-président chargé des affaires publiques pour le Sénégal, le Mali et la Guinée. Et qui a indiqué que la SGO qui emploie dans la mine du même nom 2 700 personnes (dont 95 % de Sénégalais et 9 % de femmes, incluant des emplois directs et indirects) a contribué aux caisses de l’État à hauteur de 116 milliards de francs CFA, soit 16 milliards de moins que l’année précédente ; sur un chiffre d’affaires de 337 milliards de francs CFA « dont 90 % ont été dépensés au Sénégal » correspondant à une production de 229 000 onces, soit environ 7 tonnes (« 22 % de moins que ce qui a été produit l’année dernière »).
Ce bilan 2024 de l’exploitation de l’or par Sabodala Gold Operation sur le site minier éponyme n’est pas sans liens avec la dynamique démographique singulière de Kédougou qui, selon le Chef de service régional de la Statistique et de la Démographie M. Talla Awa DIOP est marquée par « la migration des jeunes, fortement liée à l’orpaillage et qui a été identifiée comme un facteur central ». Car si cette migration juvénile apporte une main-d’œuvre, « elle pèse aussi lourdement sur les services sociaux déjà fragiles et expose les populations à des conditions de vie précaires ».
L’alternative à cela, proposée par les experts démographes, au-delà de l’appel urgent porté par le Ministre de l’Éducation nationale de la promotion d’une éducation de qualité, d’une formation professionnelle adaptée et d’un accès renforcé aux services de santé (notamment en santé reproductive, face à un Indice synthétique de fécondité-Isf-de 6,4 enfants par femme en 2017) c’est : le nécessaire recentrage des investissements ciblés dans le capital humain, la diversification économique au-delà du secteur minier, et à une meilleure gestion des flux migratoires.
Les chiffres du rapport de Endeavour mining tout comme la tenue quasi-concomitante à Kédougou de la Journée mondiale de la population autour du thème du dividende démographique montrent à suffisance que Sabodala reste encore et pour plusieurs raisons, un cas d’école. D’abord pour ce qu’il constitue comme site pionnier abritant le premier grand projet d’exploitation industrielle de l’or au Sénégal. Où l’arrivée sans cesse croissante, dans la zone aurifère, d’une main-d’œuvre allochtone risque d’exacerber les frustrations de jeunes locaux demandeurs d’emplois (souvent sans qualifications requises) ; et occasionner malheureusement des manifestions parfois violentes comme en témoignent les évènements tragiques rapportés par l’expert-chercheur Mamadou L. Diallo dans un article du site EchoGéeo oublié en en 2009 : « Le 23 décembre 2008, une violente manifestation fut organisée par les jeunes habitants de Kédougou. Le bilan humain et matériel des évènements est lourd : un mort par balle du côté des civils, plusieurs blessés, une trentaine de manifestants arrêtés, des édifices publics (préfecture, mairie, tribunal) saccagés, des dossiers officiels brulés ». L’analyse que fait ce chercheur de cet épisode de triste mémoire est sans appel : « le sentiment de l’insuffisance des retombées minières du projet minier de Sabodala était à l’origine de cette révolte ».
Sabodala est également un cas d’école pour les leçons à tirer des impacts pluriels qu’a créés le rush vers ce nouvel Eldorado, effectué dans le contexte particulier de 2009 où l’expérience de l’État du Sénégal en matière de gouvernance des ressources extractives était encore embryonnaire. Autant d’éléments confortés par les chercheurs du Laboratoire LARTES de l’Université Cheikh Anta Diop pour qui : « l’exploitation minière engendre également, de façon intrinsèque, des impacts négatifs importants ». Et que l’expérience a montré ailleurs, l’usage de produits chimiques (cyanure et le mercure) peut engendrer des ravages écologiques considérables comme la pollution des sources d’approvisionnement en eau, la contamination des terres cultivables, la mise en danger de la santé des travailleurs et des communautés minières »… Toute une kyrielle de risques mis en évidence dans un rapport d’analyse diagnostique commandité par l’organisation « La Lumière » (basée à Tambacounda) ; document dans lequel est signalé le cas d’une compagnie minière junior qui, en 2003, « avait pollué aux métaux lourds le fleuve Kérékonko, menaçant la vie de centaines de villageois qui dépendent de cette source pour leur approvisionnement en eau potable. »
NOUVELLE GRÈVE DE 48 HEURES À L’INITIATIVE DU SYTJUST–UNTJ
Cette décision fait suite à une réunion jugée infructueuse avec l’administration et à l’absence de réponse concrète du gouvernement face aux revendications des travailleurs de la justice.
L’entente syndicale SYTJUST–UNTJ, représentant les travailleurs de la justice, a annoncé mercredi, un nouveau mot d’ordre de grève de 48 heures, prévu pour les jeudi 17 et vendredi 18 juillet 2025.
Cette décision intervient après un mois de mobilisation continue, débutée le 18 juin, sans qu’aucune réponse satisfaisante ne soit apportée à leurs revendications. Ces acteurs de la justice réclament entre autres l’augmentation des indemnités de logement et de participation à la judicature, le rappel des 19 mois de prime, l’élargissement du fonds commun des greffes, l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2, et le reclassement des agents des hiérarchies B et C totalisant au moins 5 ans d’ancienneté.
Dans un communiqué, l'Entente fait état d’une réunion infructueuse tenue le 14 juillet 2025 avec les représentants de l’administration.
Les syndicalistes déplorent particulièrement l’absence du ministre de la Fonction publique, alors en mission à l’étranger.
« Nous avions proposé un report de la réunion pour permettre un dialogue responsable avec des autorités habilitées à prendre des engagements politiques », a déclaré l’entente syndicale.
« Cependant, l’administration a insisté pour la maintenir, alors même qu’aucun des responsables présents ne pouvait s’engager au nom du gouvernement. »
Un manque de considération dénoncé
Pour les grévistes, cette situation est le reflet d’un manque de considération de la part des autorités face aux défis rencontrés par le secteur de la justice.
Ils estiment que « l’inertie du gouvernement et l’absence totale de décisions concrètes » ne font qu’aggraver le dysfonctionnement du service public de la justice, avec des répercussions significatives pour les professionnels du secteur et les citoyens.
L’Entente SYTJUST–UNTJ exige l’ouverture immédiate de négociations de haut niveau avec des décideurs politiques, et la signature d’un protocole d’accord intégrant l’ensemble des points revendiqués, assorti d’un échéancier clair et contraignant.
Le syndicat appelle l’ensemble de ses membres à « continuer la lutte dans l’unité et la détermination » afin d’obtenir le respect de leurs droits et d’assurer un service public de la justice de qualité.
L'AFRIQUE EN FIGURANTS
"Une Afrique subalterne, silencieuse, docile" : c'est ainsi que le sociologue Francis Akindès analyse la photographie officielle du 9 juillet dernier à la Maison-Blanche. Et s'ils avaient dit non ?, s'interroge l'universitaire
(SenePlus) - Une photographie prise le 9 juillet 2025 à la Maison-Blanche fait polémique et suscite une réflexion sur les rapports de force dans la diplomatie internationale. L'image montre Donald Trump, confortablement installé derrière le Resolute Desk du Bureau ovale, tandis que cinq chefs d'État africains se tiennent debout en arrière-plan, alignés comme des figurants.
Cette mise en scène protocolaire, captée en marge d'un dîner officiel, réunit le président américain avec ses homologues sénégalais Bassirou Diomaye Faye, mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema, libérien Joseph Boakai et bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló. La configuration de cette photo officielle interpelle par son symbolisme : un seul homme assis au centre, les autres relégués à l'arrière-plan.
Pour le sociologue Francis Akindès, professeur à l'Université Alassane-Ouattara de Bouaké, cette photographie dépasse la simple maladresse protocolaire. Dans un éditorial publié par Jeune Afrique, l'universitaire ivoirien analyse ce cliché comme révélateur d'une "hiérarchie implicite et brutale, celle d'un monde où l'Afrique, toujours représentée mais rarement actrice, doit se conformer à la scénographie du dominant".
L'expert souligne que Trump "y trône avec cette morgue propre aux riches incultes, entouré de dirigeants qui cautionnent malgré eux, par leur présence figée, l'idée d'un ordre diplomatique déséquilibré". Cette analyse met en lumière les enjeux symboliques d'une rencontre qui aurait pu prendre une tout autre tournure protocolaire.
Akindès pousse la réflexion plus loin en questionnant : "Remplacez Trump par un président français, portugais ou britannique : aurait-on toléré pareille mise en scène en Afrique ?" Cette interrogation fait écho à l'humiliation subie par Volodymyr Zelensky, "pourtant chef d'un État européen en guerre", qui "avait provoqué la stupeur", alors qu'ici "la résignation semble devenue la norme".
Le sociologue développe un scénario alternatif qui aurait pu changer la donne diplomatique. "Imaginons un autre scénario si ces chefs d'État africains avaient décliné cette disposition... S'ils avaient simplement dit : asseyons-nous tous ?", interroge-t-il dans les colonnes de Jeune Afrique.
Selon l'universitaire, ce refus aurait eu plusieurs vertus. "Symboliquement, il aurait affirmé une souveraineté assumée, une dignité qui ne négocie pas sa posture. Cela aurait rompu avec cette mise en scène récurrente d'une Afrique toujours en attente, toujours reconnaissante. Une Afrique qui ne prend jamais l'initiative de son image."
L'analyse géopolitique d'Akindès révèle que "le contexte était propice" à une telle prise de position. "Trump avait déjà insulté le continent par ses propos méprisants. Une réaction coordonnée aurait provoqué un débat mondial sur la manière dont on regarde, reçoit et, parfois, humilie les dirigeants africains."
L'expert compare cette occasion manquée aux pratiques d'autres puissances émergentes : "Cela aurait été un geste fort, comparable à ceux que savent poser la Chine, l'Inde ou le Brésil, qui savent refuser ce qui offense." Cette référence illustre comment d'autres nations parviennent à imposer leur dignité dans les rapports internationaux.
Pour Akindès, l'impact politique d'un tel geste aurait été considérable : "Ce geste aurait été salué par des millions d'Africains fatigués des mises en scène humiliantes. Dans un monde où les symboles comptent, se lever pour exister n'a de valeur que si l'on choisit aussi quand se tenir debout ou assis."
Le sociologue insiste sur le fait que "poser pour une photo, ce n'est jamais neutre". Il estime que "ce jour-là, en s'alignant derrière un homme qui a publiquement rabaissé leur continent, ces dirigeants ont, à leurs corps défendant, contribué à valider un récit qui n'est pas le leur. Celui d'une Afrique subalterne, silencieuse, docile."
L'éditorial de Francis Akindès dans Jeune Afrique se conclut sur une note prospective. "Une autre histoire reste à écrire. Les photos peuvent être recadrées, les gestes réinventés. À condition que l'Afrique accepte enfin de poser, non pas au second plan mais bien au premier, et pourquoi pas debout, mais pour elle-même et parce qu'elle l'aura choisi."
PAR SOULEYMANE DIAM SY
ET LE RÊVE PARISIEN SE BRISA !
Notre interlocuteur a toujours rêvé d’aller en France. « J’ai toujours rêvé de me promener dans les rues de Paris », nous dit-il au cours d’un trajet. Même étant le bras technique d’une grande société de la place, ce rêve ne l’a jamais quitté...
Nos grand-places, nos moyens de transport en commun, nos lieux de rencontre ou de travail reflètent nos comportements et nos identités. C’est notre pays en miniature. On y discute de tout et de rien. On y apprend les vertus et les tares de notre société. Commerçant et chauffeur de "clando" à ses heures perdues, notre interlocuteur a toujours rêvé d’aller en France. « J’ai toujours rêvé de me promener dans les rues de Paris », nous dit-il au cours d’un trajet. Même étant le bras technique d’une grande société de la place, ce rêve ne l’a jamais quitté. C’est pourquoi il a déployé toute l’énergie et les moyens à ses dispositions pour tenter l’émigration. Ses deux tentatives se sont soldées par un échec cuisant. Il nous raconte ainsi sa mésaventure.
Piqué par une folle envie de partir, il a embarqué dans une pirogue en 2008 pour se rendre en Espagne. Mais mal lui en a pris ; leur embarcation a échoué sur les côtes espagnoles. Il faisait partie des survivants. Plus tard, lui et ses compagnons d’infortune ont été rapatriés au pays. Cette mésaventure n’a guère réfréné son ardeur et son envie de fouler le sol européen et particulièrement français. Loin de se décourager, il a, à nouveau, tenté un coup qui n’a pas abouti. Il a pris une embarcation de fortune à la recherche de l’eldorado en Europe au prix de sa vie. Vainement. C’est en frôlant la mort qu’il s’est rendu compte du danger que représente le fait de vouloir tenter l’aventure en eaux troubles. Il s’est alors résigné à rester dans son pays et à explorer d’autres opportunités. Aujourd’hui, son business marche. Il s’est réalisé dans son propre pays.
L’exemple de notre interlocuteur, il y en a à foison dans notre pays. In fine, il s’agit de croire en soi pour réaliser ses rêves, même les plus fous. Dans un entretien accordé au Soleil, le directeur général de l’Agence française de développement (Afd), Rémy Rioux, rappelait qu’un jeune sur trois dans le monde sera africain dans 25 ans. « Les chaînes de valeurs vont bientôt se reconfigurer. Tandis que d’autres régions du monde vieillissent, l’énergie, la créativité, la force se trouvent de plus en plus en Afrique. Peut-être que tout le monde ne l’a pas encore compris pleinement. Mais nous, à l’Afd, nous le sentons très fort et nous investissons dans l’avenir du continent. Et quand nous venons au Sénégal, nous sommes encore plus convaincus », expliquait-il.
C’est dire que l’Afrique regorge d’opportunités d’investissement. C’est le continent d’avenir. Ce qui justifie d’ailleurs la ruée des partenaires occidentaux et asiatiques vers l’Afrique. Parfois, il vaut mieux rester chez soi sans travail que d’aller s’aventurer là où la sécurité n’est pas garantie. Certains passent la nuit à la belle étoile et ont du mal à trouver de quoi se nourrir. Récemment, l’administration Trump a menacé d’élargir drastiquement ses restrictions de voyage. Les ressortissants de trente-six nouveaux pays, dont vingt-cinq en Afrique, parmi lesquels le Sénégal, sont dans le collimateur. Si le président des États-Unis met à exécution sa menace de rapatrier des émigrés qui sont dans une situation irrégulière, celle-ci doit être perçue comme une opportunité. Il ne doit pas y avoir place pour une quelconque inquiétude ou angoisse.
D’ailleurs, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, a donné le ton en mettant fin au feuilleton du stage de préparation de l’Équipe nationale féminine de basket aux États-Unis. Après le refus de l’ambassade américaine de délivrer le visa à une partie de la délégation, le chef du gouvernement a tout simplement ordonné l’annulation du stage au pays de l’Oncle Sam. Il a tenu à exprimer sa profonde gratitude à la République populaire de Chine, « qui a accordé plusieurs dizaines de bourses de préparation à nos athlètes ainsi qu’à leurs encadreurs, dans la perspective des Jeux olympiques de la Jeunesse Dakar 2026 ». Dans la foulée, il a réaffirmé la nouvelle doctrine de coopération : « une coopération libre, équilibrée, fondée sur le respect mutuel et le bénéfice partagé ».
AFFAIRES IMPLIQUANT BACHIR FOFANA ET MOUSTAPHA DIAKHATÉ, NOUVEAU RENVOI DU DÉLIBÉRÉ
Poursuivis pour diffusion de fausses nouvelles et offense au chef de l’État, les deux prévenus restent en détention, dans l’attente d’un jugement désormais fixé au 23 juillet.
Le Tribunal de Dakar a une nouvelle fois reporté ses verdicts dans les affaires impliquant Moustapha Diakhaté et Bachir Fofana attendus ce mercredi 16 juillet 2025. Le délibéré a été reporté au 23 juillet prochain, prolongeant ainsi la détention des deux accusés, dont les dossiers continuent de susciter l’attention.
Bachir Fofana, chroniqueur, est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles. Les accusations portent sur ses déclarations concernant un marché d’acquisition de véhicules destinés à l’Assemblée nationale, qu’il aurait attribué à une personnalité impliquée dans une affaire de corruption.
Le parquet a requis six mois d’emprisonnement, dont trois fermes, accompagnés d’une amende de 200 000 FCFA. Sa demande de mise en liberté provisoire a été rejetée, le maintenant en détention dans l’attente du jugement définitif.
Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, est quant à lui juger pour offense au chef de l’État. Il est accusé d’avoir qualifié les plus hautes autorités de « gougnafiers », un terme jugé outrageant. Les réquisitions du parquet sont similaires à celles de son coaccusé : six mois de prison, dont trois ferme, et une amende de 200 000 FCFA.
FIN DU PARTENARIAT ENTRE L’OLYMPIQUE LYONNAIS ET L’AS DAKAR SACRÉ-CŒUR
Initiée en 2015, cette collaboration a permis de renforcer les capacités du club sénégalais en s’inspirant du modèle lyonnais, malgré l'absence de débouchés en Ligue 1 pour les jeunes talents formés dans ce cadre.
C’est une page qui se tourne dans l’histoire du football sénégalais et de la coopération sportive internationale. Ce mercredi 16 juillet 2025, l’Olympique Lyonnais a officiellement annoncé, via un communiqué, la fin de son partenariat avec l’AS Dakar Sacré-Cœur (DSC), après dix années de collaboration.
Initié en 2015, ce partenariat visait à bâtir un modèle durable de formation locale au Sénégal, inspiré de la méthode lyonnaise. Durant cette décennie, les deux clubs ont multiplié les échanges techniques et humains. De nombreux formateurs de l’OL ont effectué des missions à Dakar, notamment sous la coordination de Julien Négri, manager de la cellule internationale. En retour, plusieurs jeunes talents sénégalais ont intégré le club lyonnais, à l’image d’Abdoulaye Niakhaté Ndiaye, aujourd’hui à Brest et international sénégalais.
Dans son communiqué, l’OL salue « dix années d’échanges fructueux placés sous le signe de la formation, de l’excellence et des valeurs humaines », et souhaite à l’AS Dakar Sacré-Cœur « le meilleur pour la suite de son développement ». Si aucun joueur issu de cette coopération n’a réussi à s’imposer en équipe première de l’OL ni à fouler les pelouses de Ligue 1, l’apport en expertise technique reste indéniable pour le club sénégalais, qui a su tirer profit de l’expérience et du savoir-faire lyonnais.
Le partenariat avait été renouvelé une dernière fois en décembre 2023 pour s’achever en juin 2025. Cette séparation s’inscrit dans une période de réorganisation pour l’OL, récemment maintenu en Ligue 1 et engagé dans de nouveaux chantiers structurels, notamment sous la direction de Michele Kang.
Dakar Sacré-Cœur devra désormais tracer sa route sans l’appui de son prestigieux partenaire français. La fin d’une collaboration exemplaire dans le paysage du football africain et européen.
PAR Thierno Alassane Sall
DIOMAYE MOOY SONKO OU LES DEUX FACES D’UNE MÉDAILLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il a donné le sentiment que l'essentiel n'était pas l'outrage à la magistrature, les insultes à la société civile ou la censure des médias, mais plutôt la préservation de ses relations personnelles avec son « ami »
Le président Faye a parlé. Après les propos outrageants de son Premier ministre, la nation attendait une posture d’autorité adossée aux principes de la République. Mais ce que nous avons entendu, c’est tout autre chose. Il a réussi la prouesse de choquer presque autant que son Premier ministre, en tentant de banaliser les déclarations de ce dernier. Pire encore, il a donné le sentiment que l’essentiel ne résidait ni dans l’outrage fait à la magistrature, ni dans les insultes adressées à la société civile, ni dans la censure choquante des médias, ni dans le refus obstiné d’admettre la démocratie et la liberté d’expression comme principes sacro-saints dans notre pays. Mais plutôt dans la nécessité de préserver la qualité de ses relations personnelles avec son « ami » Ousmane Sonko.
Ce glissement est grave. Car des magistrats ont été gravement mis en cause. Des accusations aussi violentes que gratuites ont été proférées contre une institution dont l’indépendance est le socle de tout État de droit. La société civile, qui a œuvré pour la transparence, la justice et la démocratie, a été prise pour cible de manière indigne. Or, dans la sortie-réponse du président, ces attaques seraient reléguées au second plan. Comme si l’émotion légitime de beaucoup, choqués par l’outrance du Premier ministre, ne méritait ni réponse claire, ni condamnation ferme.
Il est d’autant plus tragique que ce silence sélectif du président survienne à un moment où la parole présidentielle était attendue comme celle d’un garant de l’unité nationale et de la hauteur républicaine. Que valent désormais ses refrains répétés sur la nécessité de libérer la Justice (otage de qui ?), si lui-même n’est pas en mesure de prononcer un mot de compassion envers les magistrats, ni d’exprimer un soutien minimal aux acteurs de la société civile agressés ? Et surtout, que valent ces engagements s’il se refuse à reconnaître que ces attaques viennent d’un homme qui « détient une part de son autorité » ? Car c’est bien cela : Ousmane Sonko, en tant que chef du gouvernement, agit au nom du président de la République. Il n’est pas un opposant. Il n’est pas un militant lambda. Il est le Premier ministre d’un gouvernement adoubé par le président Bassirou Diomaye Faye.
Et si le chef de l’État ne parvient pas, dans un moment aussi grave, à trouver les mots justes pour recadrer, condamner ou au moins désapprouver ces sorties irresponsables, alors que peut-on attendre de lui face à des crises plus profondes ? En refusant d’assumer son rôle d’arbitre, en se montrant plus soucieux de ménager son parti que de défendre les institutions, il donne l’image d’un pouvoir otage des émotions de ses militants. Cela interroge, profondément, sur sa capacité à gouverner avec la rigueur, la neutralité et l’autorité qu’exige sa fonction. Si le Président fait mine de ne pas remarquer l’attitude intolérable et persistante d’insubordination de certains de ses ministres et DG, comment l’opinion peut-elle croire à ses déclarations ?
Il faut donc se rendre à l’évidence. Sans partager ses méthodes, ni ses outrances, Ousmane Sonko touche un point juste lorsqu’il évoque une crise d’autorité au sommet de l’État. Car il n’y a pas d’autorité là où la fonction présidentielle se dilue dans des considérations personnelles. Il n’y a pas d’autorité là où l’on hésite à rappeler à l’ordre ceux qui franchissent les lignes rouges de la République. Il n’y a pas d’autorité lorsqu’on ne prend pas la défense de ceux qui incarnent les corps intermédiaires, essentiels à l’équilibre démocratique.
Mais il faut aussi ne pas s’y tromper. Cette séquence n’est pas un malentendu. Elle est révélatrice. Ce que nous vivons n’est pas seulement une crise de gouvernance, c’est une lutte de pouvoir entre deux hommes, un épisode de plus du Protocole du Cap Manuel, passé entre les deux non en considération de l’intérêt général mais de leurs carrières politiques propres. En effet, tout porte à croire que la guerre froide entre Diomaye et Sonko résulte de l’application de ce pacte pour la gestion, ou plutôt la dévolution, du pouvoir suprême à conquérir de l’un vers l’autre.
Cette guerre n’a rien à voir avec des projets divergents pour le Sénégal. Elle est, avant tout, un affrontement des ambitions, une bataille d’ego.
Diomaye et Sonko ont en effet une conception commune de la Justice. C’est pourquoi il n’est pas apparu paradoxal aux yeux du président qu’au moment où il parle de libérer la Justice, des prisonniers d’opinion continuent à affluer dans les geôles de la République comme jamais. Son parquet, qui est capable d’une intraitable sévérité contre des pécadilles quand il s’agit d’Abdou Nguer, de Moustapha Diakhaté ou encore de Badara Gadiaga, se bouche les oreilles pour ne pas entendre les propos d’Ousmane Sonko. La balance de la justice est rarement apparue aussi manifestement truquée. Les citoyens attendent, non des incantations, mais des actes du président Diomaye pour rétablir l’égalité de traitement entre citoyens. Ici et maintenant. Pas dans un futur incertain, après l’application de recommandations d’assises derrière lesquelles le président aime à trouver refuge.
C’est en cela qu’il prouvera qu’Ousmane Sonko a tort de l’accuser d’être derrière les arrestations tous azimuts. Autrement, notre religion restera inchangée sur sa responsabilité première et ultime dans les dérives autoritaires qui poussent des cohortes de citoyens en prison pour leurs opinions. Laisser croire que ce serait au contraire du seul fait du Premier ministre serait une sérieuse confirmation que ce dernier détient seul la réalité du pouvoir.
Du reste, il n’y a personne pour croire que la sortie du président signe la fin de la guerre. C’est une posture tactique qui vise à pousser l’autre camp à d’autres fautes, jouer sur le pourrissement de la situation, mobiliser des forces avant de contre-attaquer.
Pendant ce temps, la notation du Sénégal par les instituts internationaux va continuer à se dégrader, entraînant notre pays plus encore dans les tréfonds. La misère s’amplifie, le chômage croît, les difficultés de toutes sortes assaillent les citoyens. En somme, le Sénégal est au bord de la rupture. Est-ce cette rupture dont parlaient Diomaye et Sonko ?
À trop laisser pourrir cette drôle de guerre, le président portera une lourde responsabilité dans la chute à laquelle le Sénégal semble promis
Thierno Alassane Sall est député à l’Assemblée nationale.
VERS LA MISE EN PLACE D’UN CADRE REGLEMENTAIRE
Sur le chemin de la souveraineté pharmaceutique, le Sénégal veut s’appuyer sur les plantes médicinales. L’État veut mettre sur le marché au moins 10 médicaments à base de plantes médicinales.
L’État veut mettre sur le marché au moins 10 médicaments à base de plantes médicinales. C’était l’objectif de la réflexion entamée lors d’un atelier sur les essais cliniques, tenue, hier, entre décideurs politiques, universitaires, tradi-praticiens et experts.
Sur le chemin de la souveraineté pharmaceutique, le Sénégal veut s’appuyer sur les plantes médicinales. Hier, lors d’un atelier sur les essais cliniques des médicaments à base de plantes, organisé par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts), des acteurs du monde universitaire, des tradi-praticiens, et autres spécialistes se sont accordés sur la mise en place d’un cadre réglementaire. « Notre ambition est d’essayer d’avoir un cadre qui soit beaucoup plus conventionnel, maîtrisé, pour produire des médicaments de qualité et dont on maîtrise la posologie. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale est dans cette optique. Avec la relance de l’industrie pharmaceutique locale, il est envisagé des médicaments à base de plantes », a déclaré Aynina Cissé, vice-président de l’Ansts. D’après Serigne Omar Sarr, de l’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique (Arp), l’État du Sénégal vise, dans cette approche, à commercialiser au moins 10 médicaments.
Pour cela, Khady Diatta Badji, enseignante en botanique et cryptogamie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), a préconisé la protection et la préservation de la végétation pour une gestion durable des écosystèmes. L’universitaire prône aussi l’aménagement de nouvelles aires d’exploitation rationnalisées, comme les jardins botaniques de plantes médicinales. De plus, Mme Badji a appelé à « assurer une production suffisante de ressources végétales tout en sauvegardant les espèces en voie de disparition ». Dans cette perspective, le professeur Serigne Omar Sarr, de l’Arp, a informé qu’un dispositif réglementaire est mis en place, en collaboration avec le Comité national pour l’éthique et la recherche scientifique. « Il s’agit d’éviter les dérives connues par le passé, avec des expérimentations menées sur l’homme sans précaution ni règles éthiques et déontologiques. Cet encadrement réglementaire vise à accélérer le processus », a expliqué M. Sarr. Dans la nouvelle dynamique, Khady Diatta Badji a recommandé des innovations technologiques basées sur des biofertilisants. Selon elle, celles-ci peuvent jouer un « rôle primordial dans la production de matières végétales naturelles, en quantité et en qualité ».
Pour le vice-président de l’Ansts, l’heure est venue de valoriser des médicaments conçus à partir des plantes. L’objectif, selon Aynina Cissé, est qu’ils aient la même valeur que les médicaments conventionnels importés. Cela passe par une conscience environnementale, de l’avis de Khady Diatta Badji. « Pour construire une route, il y a des baobabs qui sont terrassés. Il faut combien d’années pour avoir un baobab ? Des fois, on ne pense pas aux effets néfastes parce qu’il y a la route à ériger. Pour des immeubles, on terrasse des arbres qui ont fait des millénaires », a-t-elle regretté.
CETTE DECOUVERTE OBTENUE LOCALEMENT VA FAIRE TACHE D’HUILE
Le Professeur Souleymane Mboup, président de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique (Iressef) explique le processus ayant mené aux découvertes sur la tuberculose.
Babacar Guèye DIOP et Mbacké Bâ |
Publication 16/07/2025
Dans la fraicheur de son bureau, le Professeur Souleymane Mboup, président de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique (Iressef) explique le processus ayant mené aux découvertes sur la tuberculose. D’après M. Mboup, cette réalisation participe à la souveraineté sanitaire à laquelle aspirent les autorités du pays. Il se félicite au passage du partenariat gagnant-gagnant entre son institut et le Programme national de lutte contre la tuberculose.
Quelle est la plus-value apportée par vos recherches dans le cadre de la lutte contre la tuberculose?
La tuberculose est une maladie qui date vraiment de très longtemps, mais qui pose quand même des difficultés. Déjà, c’est une maladie très contagieuse et dont le diagnostic n’est pas facile. Pendant longtemps, c’est ça qui a posé vraiment le problème. Le traitement aussi n’est pas facile. Et surtout, avec ce traitement, s’il n’est pas bien mené, ça entraîne ce qu’on appelle des résistances. Ça donne encore beaucoup plus de problèmes, parce que beaucoup de ces bactéries multi résistantes sont très difficiles à traiter, mais surtout sont très chères à traiter. Donc, ça reste un problème important de santé publique. Ce qu’on a vu évoluer, c’est qu’au tout début, le diagnostic était le problème majeur de la tuberculose, parce que ça demandait des conditions déjà de sécurité qui n’existent pas. Ça demandait également des moyens et, surtout, c’est une bactérie qui est très difficile à cultiver. Tout ça faisait que c’était assez limité dans le temps. Après, il y a eu quelques progrès avec les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose qui ont mis des stratégies pour améliorer un peu le diagnostic et la prise en charge. C’est tout récemment qu’il y a eu des méthodes presque révolutionnaires qui permettent maintenant d’avoir un diagnostic beaucoup plus simplifié, en tout cas beaucoup plus accessible. Le problème avant, c’était la longueur du temps que le diagnostic prenait, et surtout l’antibiogramme classique, qui demandait plusieurs semaines. Ce qui fait que si un individu était infecté, il fallait parfois des semaines ou des mois pour pouvoir vraiment confirmer le diagnostic.
Avec vos travaux, est ce que le diagnostic est plus rapide ?
Maintenant, on a des techniques vraiment révolutionnaires qui permettent de faire ce diagnostic assez rapidement. Mais le problème de l’antibiogramme reste quand même toujours une équation. Parce qu’il faut savoir justement quel traitement adapter en fonction du type de tuberculose. Donc, il faut dire aussi qu’il y a aussi différentes espèces de mycobactéries. Tout ça n’est pas toujours facile à mettre en œuvre avec le diagnostic classique. Et c’est là justement où l’Iressef, grâce à la Covid-19 en particulier, a vraiment développé la plateforme de génomique. Cette plateforme de génomique a énormément servi durant la Covid-19, comme au cours d’autres pandémies, Ebola, etc. C’est cette nouvelle technologie maintenant que les responsables de la génomique ont utilisée pour l’appliquer à d’autres pathologies, dont la tuberculose. Ça donne énormément d’informations. Rapidement, on peut savoir réellement toutes les caractéristiques d’une espèce, mais on peut également savoir surtout les profils de résistance et les traitements qui sont adaptés.
En quoi cette découverte est-elle une révolution ?
Tout se faisait en Europe. Maintenant, on a toute cette capacité de le faire ici, au Sénégal. C’est vraiment révolutionnaire ! Ça permet d’enrichir, parce qu’il y a beaucoup de données et c’est l’intérêt. Donc, avoir quand même une équipe qui a cette capacité de faire le séquençage et de contribuer, c’est exceptionnel. Ce sont ces données qui permettent d’avoir énormément d’informations pour le type de bactéries, mais également pour la résistance, le traitement. L’équipe a réussi à le faire de manière vraiment extraordinaire.
Est-ce que vous travaillez avec le Programme national de lutte contre la tuberculose (Pnt) ?
Absolument. Ma principale formation, c’est la bactériologie et la virologie. Depuis le départ, on a travaillé dans un laboratoire qui était historiquement connu pour avoir découvert une souche de «Mycobacterium tuberculosis» dans le monde. C’était à la Faculté de médecine, au laboratoire de bactériologie-virologie. Donc, ça veut dire que depuis le départ, le laboratoire avait été associé vraiment au partenariat entre le Programme de lutte contre la tuberculose et également le laboratoire de bactériologie. C’est sur cette base-là que beaucoup de gens, d’ailleurs, qui sont au programme, surtout dans le domaine du labo, ont été formés par nous et par nos services. Mais on a toujours tenu un partenariat exceptionnel.
Le labo de haute sécurité que vous avez vu, continue à servir au Programme de lutte contre la tuberculose. C’est un partenariat gagnant-gagnant dans lequel, justement, chacun peut contribuer et apporter quelque chose. Nous, notre technologie et savoir-faire associés aux moyens du Pnt, c’est un partenariat exceptionnel. En plus maintenant, on va ensemble dans des projets de recherche que l’on fait ensemble. Je voudrais vraiment me féliciter de ce partenariat extraordinaire, et même la possibilité d’être un des sites du Programme national de la tuberculose pour les aider à l’amélioration du diagnostic, etc.
De façon globale, comment voyez-vous la lutte contre la tuberculose au Sénégal ?
Je pense qu’il y a encore des problèmes. La tuberculose reste un problème de santé publique, mais je vois qu’il y a des efforts considérables qui sont en train d’être déployés, et surtout des stratégies innovantes. Il y a, le programme de lutte contre la tuberculose mais le fait d’être ouvert à des stratégies innovantes, je crois que ça va énormément aider. L’Iressef et le Pnt, ont récemment conduit, lors de la Journée mondiale sur la tuberculose des enquêtes sur le terrain. C’était vraiment une stratégie innovante, et je pense que de plus en plus, ça va être appliqué. Cela va énormément aider le Pnt et faire même du Sénégal un modèle de programme contre la tuberculose. Ce qui fait ça, c’est l’originalité, c’est vraiment le partenariat et la collaboration entre les différents programmes où chacun apporte quelque chose.
Comment votre découverte va contribuer à l’accès à la souveraineté sanitaire à laquelle les autorités actuelles aspirent ?
Déjà, le fait de pouvoir accéder à ces technologies et de faire des résultats, sans l’aide de personne d’autre, c’est une prouesse. C’est l’expertise sénégalaise. De plus en plus, on pourra le faire. On a apporté notre contribution à de nouvelles connaissances sur le plan mondial. Je crois que cette découverte obtenue localement, va faire tache d’huile. Ce qui fait qu’on peut l’appliquer énormément. Donc, c’est aussi de permettre d’utiliser le potentiel sénégalais, non seulement pour le Sénégal, mais pour aussi la sous-région, et même avoir la possibilité d’utiliser notre expertise nationale pour l’appliquer à nos besoins réels. Je crois qu’en termes de souveraineté, on ne peut pas avoir mieux. Il s’agit aussi d’être innovant et d’attirer les autres aussi, qu’ils soient Européens, Américains ou Africains, parce qu’on apporte quelque chose qu’ils n’ont pas toujours la possibilité d’avoir.
L’IRESSEF REUSSIT LE SEQUENÇAGE DU BACILLE DE KOCH
Pour la première fois au Sénégal, des chercheurs de l’Iressef, sous la direction du Pr Souleymane Mboup, ont réussi le séquençage complet du génome du complexe Mycobacterium tuberculosis, l’agent responsable de la tuberculose.
Pour la première fois au Sénégal, des chercheurs de l’Iressef, sous la direction du Pr Souleymane Mboup, ont réussi le séquençage complet du génome du complexe Mycobacterium tuberculosis, l’agent responsable de la tuberculose. Cette avancée scientifique majeure, fruit d’un travail pointu de la plateforme génomique de l’institut, permet désormais d’identifier les mutations génétiques de la bactérie et d’adapter les traitements selon les résistances détectées. Notre reporter a visité le fameux laboratoire et s’est entretenu avec le Pr Souleymane Mboup.
Dans le secret des labos de l’Iressef
Désormais, l’agent pathogène de la tuberculose peut être identifié. La prouesse a été réalisée par l’équipe de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef), dirigée par le Professeur Souleymane Mboup. Immersion à Diamniadio, auprès des chercheurs qui ont ouvert leurs portes au journal «Le Soleil».
Derrière les portes closes d’un bâtiment discret, une armée de chercheurs, techniciens et biologistes mène une guerre silencieuse contre les virus, les bactéries et autres ennemis microscopiques. En blouses blanches, ils scrutent, analysent et innovent pour protéger la santé publique. Ici à Diamniadio, l’équipe de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef), dirigée par le Professeur Souleymane Mboup, a réalisé pour la première fois au Sénégal le séquençage complet du génome du complexe « Mycobacterium tuberculosis».
Une évolution majeure dans la lutte contre la tuberculose. « Il n’y a pas eu jusqu’ici de séquence qui a été réalisée au Sénégal sur la tuberculose. Donc, c’était un challenge pour nous de faire ce travail scientifique. En plus de ce challenge, on s’est dit qu’il faut utiliser les données scientifiques à but de santé publique. Donc, la tuberculose étant un vrai problème de santé publique, il fallait quand même aider aussi les cliniciens à surpasser ce travail d’approximation», explique le Dr Seyni Ndiaye, biologiste.
Dans la froideur du laboratoire, plusieurs écrans témoignent de la traque des virus et bactéries. Normes de sécurité oblige, les personnes extérieures doivent se munir d’uniformes couvrant tout leur corps. «Si la personne ne connaît pas son statut vaccinal, il ne peut pas accéder au laboratoire», précise le Dr Abdou Padane, pharmacien biologiste et responsable de la plateforme génomique de l’Iressef. Les travaux ont été conduits par la plateforme génomique de l’Iressef, sous la direction du Dr Abdou Padane, dans le cadre de l’enquête nationale de pharmaco-résistance de 2023, menée en collaboration avec le Programme national de lutte contre la tuberculose (Pnt). Dans la lutte contre la tuberculose, l’intérêt de la recherche de lressef est qu’il est désormais possible d’identifier les agents pathogènes, responsables de la tuberculose. «Maintenant, on arrive à les caractériser et ça a un intérêt dans le traitement. Quand on arrive à caractériser et qu’on connaît les espèces et leurs mutations. Ça permet aux cliniciens de pouvoir connaitre les molécules qui sont sensibles et les molécules résistantes. On va utiliser les molécules sensibles pour traiter», expose Dr Seyni Ndiaye. Le séquençage génomique consiste à décoder l’Adn d’un agent pathogène comme le Mycobacterium tuberculosis. Concrètement, cela permet aux chercheurs d’identifier précisément les caractéristiques génétiques de la bactérie, notamment la détection des mutations responsables de la résistance aux antibiotiques, la personnalisation du traitement, un gain de temps et l’amélioration du pronostic, ainsi qu’un suivi épidémiologique et une prévention plus efficaces.
Technologie de pointe
Selon Dr Padane, les traitements diffèrent selon l’espèce. Ainsi, si l’Iressef fait connaitre l’espèce au clinicien, cela facilite le traitement. « On sort les mutations pour isoler les résistants. Donc, si le clinicien traite un patient qui est résistant, il va changer de traitement. Non seulement cela a un intérêt sur le diagnostic mais aussi dans la prise en charge », souligne Dr. Padane. Dans les salles de labo, c’est une constellation de technologies de pointe. Les machines ont pris le relais de l’œil humain. Entre bras robotisés et séquenceurs d’Adn, l’Irresef a offert à ses équipes les moyens de leurs ambitions. «On veut faire en sorte que les récepteurs disposent de ces technologies pour qu’on puisse répondre aux problèmes de santé dans le monde. Il y a trois générations dans les séquenceurs. Nous avons les séquenceurs de première génération, de deuxième et de troisième génération», signale M. Padane. Ces outils sophistiqués permettent d’identifier l’espèce et sa famille. Une fois que le séquençage est terminé, il y a un groupe de jeunes formés qui poursuivent les travaux.
Après ce travail, une équipe est chargée de s’assurer de la qualité de séquençage. «On fait le contrôle de la qualité de ces séquences et on identifie de quel pathogène s’agit-il. Quand l’identification est faite et qu’on confirme que le type de micobactériens tuberculosis, on va connaitre la lignée et la résistance. Cela veut dire que ce pathogène va résister à telle antibiotique ou pas. Si le pathogène est sensible, on va transmettre l’information aux biologistes qui, à leur tour, vont donner la nouvelle aux médecins. Il revient à ce dernier de prendre une décision par rapport au traitement adéquat», expose Mamadou Ndao, membre de l’équipe. Tout un travail qui permet aujourd’hui de faciliter la lutte contre tuberculose.