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17 juillet 2025
377 TONNES POUR UNE VALEUR DE 550 MILLIONS DE FRANCS INCINEREES A GANDIGAL
Le préfet du département de Mbour, Amadou Diop, représentant le ministre de l’Industrie et du Commerce, a présidé la cérémonie officielle d’incinération de produits impropres à la consommation à Gandigal, dans la commune de Sindia.
Le préfet du département de Mbour, Amadou Diop, représentant le ministre de l’Industrie et du Commerce, a présidé la cérémonie officielle d’incinération de produits impropres à la consommation à Gandigal, dans la commune de Sindia. L’opération, qui s’est tenue dans la plus grande rigueur, a concerné 377 tonnes de marchandises, d’une valeur estimée à 550 millions de francs CFA.
Parmi ces produits impropres à la consommation saisis, 327 tonnes proviennent de la région de Dakar, tandis que les 50 tonnes restantes ont été interceptées dans le département de Mbour. Il s’agit essentiellement de denrées alimentaires périmées ou non conformes, telles que de la tomate en conserve et du lait, mais aussi de produits toxiques présentant un danger réel pour la santé des populations.
Le ministère du Commerce, à travers la Direction du Commerce intérieur, a réaffirmé sa volonté de renforcer la lutte contre les réseaux de distribution de produits impropres à la consommation. Un dispositif alliant sanctions, contrôles rigoureux et actions de sensibilisation a été mis en place pour protéger les consommateurs. Les autorités dénoncent la prolifération de ces produits dans les circuits de distribution informels, entre commerces de détail et entrepôts non agréés, souvent difficilement traçables.
Présent à la cérémonie, Cheikh Cissé, président de l’Unacois-Yessal, a tenu à remercier le gouvernement et le ministère du Commerce, saluant les efforts déployés pour sécuriser le marché. Il a, cependant, déploré une hausse inquiétante des quantités saisies en 2025 par rapport aux années précédentes. Selon lui, si certains détaillants sont de bonne foi, d’autres commerçants seraient parfaitement conscients de l’illégalité des produits qu’ils mettent en vente. «Ce n’est pas seulement une question d’expiration. Il faut que les commerçants soient vigilants sur la provenance, la qualité et les dates de péremption des produits qu’ils achètent», a-t-il martelé.
De son côté, le représentant des consommateurs a souligné la nécessité d’une traçabilité plus rigoureuse. Il a attiré l’attention sur le fait que certains produits saisis sont importés, tandis que d’autres proviennent de grossistes locaux ou de commerçants détaillants ; ce qui complique l’identification des responsabilités.
Cette opération d’incinération symbolise la détermination des pouvoirs publics à assainir le marché. Mais au-delà des mesures coercitives, c’est un appel à la responsabilité de tous les acteurs — importateurs, distributeurs, commerçants et consommateurs — qui a été lancé à Mbour. La sécurité alimentaire et la santé publique ne sauraient être sacrifiées sur l’autel du profit. C’est à ce prix que le commerce sénégalais pourra gagner en crédibilité et en confiance.
DES MÉDECINS ALERTENT SUR UN SUPPOSÉ ÉPISODE DE COVID
Les services d’urgences sont saturés, et une grande majorité des malades se retrouve sous perfusion. Tous viennent consulter pour des symptômes évoquant une forte grippe, mais qui rappellent aussi le paludisme : fièvre élevée, douleurs musculaires, nausée
Depuis quelques jours, les structures sanitaires font face à un afflux inhabituel de patients. Les services d’urgences sont saturés, et une grande majorité des malades se retrouve sous perfusion. Tous viennent consulter pour des symptômes évoquant une forte grippe, mais qui rappellent aussi le paludisme : fièvre élevée, douleurs musculaires, nausées persistantes, perte d’appétit
Mamadou Sarr trouvé au Centre de santé des HLM, c’est la seconde fois, confie qu’il revient dans cette structure de santé pour la même prise en charge. «Il y a deux jours, j'étais ici et le médecin m’a mis sous perfusion. Les tests de diagnostic rapide (TDR) pour le paludisme n’ont rien révélés ainsi que les analyses effectuées. Les douleurs sont devenues plus intenses et je suis revenu», a-t-il souligné. Dans cette même structure, une femme se plaint de maux de tête, la fièvre est montée à 39 degrés, bien que le paludisme soit très vite écarté par les analyses. Sous perfusion, elle se tord toujours de douleur. Les maux de tête restent intenses. Malgré cela, elle quitte le centre avec une ordonnance. Mais la douleur persiste, l’obligeant à revenir se faire consulter. Elle sera finalement admise aux urgences de l’hôpital général Idrissa Pouye (HOGIP) de Grand Yoff.
«J’ai vraiment souffert. De simples céphalées qui ont viré à un cauchemar. Les perfusions ne faisaient que me soulager pour un moment. Il m’a fallu une hospitalisation dans une clinique pour commencer à me sentir mieux après une semaine de navette entre les structures publiques», a affirmé Marie Ange Sagna.
Chez les médecins si d’aucuns confirment la présence de la Covid, en cette période, d’autres se veulent prudents. «C’est une période favorable à la Covid. La maladie est d’actualité et les gens doivent faire attention», alerte le docteur Omar Konaté, propriétaire de la clinique Keur Marie.
Et d’ajouter : « depuis quelques jours, nous enregistrons des patients qui présentent les mêmes symptômes que la Covid. Les analyses de routine sont négatives. Toutefois, la douleur et la fièvre persistent, malgré des traitements qui leur sont faits».
Dans d’autres structures, bien que des médecins soupçonnent la présence de la Covid, ils avancent que les cas sont loin d’être graves à plus forte raison critiques. Rappelons que la maladie à coronavirus (COVID) est une maladie infectieuse due au virus SARS-CoV2
La plupart des personnes infectées par le virus présentent une maladie respiratoire d’intensité légère à modérée et se rétablissent sans avoir besoin d’un traitement particulier. Certaines, cependant, tombent gravement malades et ont besoin de soins médicaux.
Les personnes âgées et celles qui ont un problème médical sousjacent, telle qu’une maladie cardiovasculaire, un diabète, une maladie respiratoire chronique ou un cancer, ont plus de risques de présenter une forme grave. Face à cette situation, les praticiens conseillent le respect des mesures barrières comme le port de masque, le lavage des mains, entre autres.
L'IMPOSSIBLE BICÉPHALIE
Selon le politologue Jean Charles Biagui, la récente sortie d'Ousmane Sonko contre le président de la République illustre l'impossibilité d'avoir "deux commandants en chef" dans le système politique actuel
Professeur de science politique à la faculté de droit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Jean Charles Biagui livre son analyse des récentes critiques formulées par le leader de Pastef - également Premier ministre - à l’encontre du président de la République. Dans cet entretien, il estime que cette sortie trahit « avant tout une crise de leadership » au sommet de l’État. Toutefois, il tient à écarter toute comparaison avec la crise de 1962 entre Senghor et Mamadou Dia. Pour lui, le différend actuel peut être vite surmonté et n’aura pas d’impact majeur sur la gouvernance, à condition que chacun reste fidèle à ses engagements de rupture.
Que vous inspire la récente sortie d’Ousmane Sonko ?
Le commentaire qui peut être fait concerne aussi bien la forme que le fond des propos du Premier ministre. Sur la forme, nous constatons qu'il profite d'une rencontre avec les membres de son parti politique pour évoquer des questions à la fois, partisanes et nationales. Pourquoi parle-t-il maintenant ? Pourquoi choisit-il ce format ? Pourquoi s'exprime-t-il uniquement en wolof ? Malheureusement, les propos de Sonko soulèvent beaucoup plus de questions que de réponses. Cette prise de parole coïncidence avec des interrogations légitimes sur la poursuite par le régime actuel, de la judiciarisation du débat politique. Les commentaires du leader de Pastef montre qu'il est impossible de faire la part des choses entre les interventions du Premier ministre et celles du chef de Parti. Sur le fond, ils révèlent la nature du régime politique sénégalais. Il s'agit d'un régime dans lequel l'essentiel des pouvoirs est entre les mains du président de la République. Dans celui-ci le Premier ministre à la marge de manœuvre que lui donne le seul chef de l'exécutif : le Président. Ousmane Sonko l'a bien compris
Peut-on parler de divergences au sommet de l’État, à l’image de celles survenues en 1962 ?
Il est évident que les divergences apparaissent au grand jour puisqu'elles sont exposées publiquement. On se doutait bien de quelques divergences notamment dans le choix des hommes et des femmes dans l'attelage gouvernemental et dans la haute administration. Un manque de convergence notamment dans le recrutement de personnalités qui ne partagent ni la vision panafricaine, ni la perspective souverainiste, ni l'idée de patriotisme de Pastef. Cela dit, ces contradictions ne peuvent pas être forcément comparées à celles de la crise de 1962 entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia. Nous ne sommes pas dans la même configuration politique ni même dans le même régime politique. Nous étions jusqu'en 1962 dans un régime parlementaire. Dans celui-ci, le président du Conseil partage le pouvoir exécutif avec le président de la République. Depuis 1963, nous sommes dans un régime que certains qualifient de régime présidentialiste afin de montrer la prépondérance du chef de l'État. Il est depuis lors la clé de voûte des institutions avec des pouvoirs qui de notre point de vue sont exorbitants pour un système qui se réclame de la démocratie libérale.
Quel impact cette situation (contradiction) entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye peut-il avoir sur la gouvernance du pays?
Cette crise au sommet du pouvoir peut être résolue assez rapidement et peut ne pas impacter considérablement la marche du pays si les uns et les autres respectent leurs promesses de rupture. Il n'y a pas d'autre issue. Toute séparation serait contreproductive et politiquement risquée pour chaque protagoniste. Le Sénégal a peu changé. Il faut l'admettre. Les pratiques des régimes précédents demeurent. L'arrogance est clairement perceptible. Le train de vie de l'État est toujours démesuré pour un pays parmi les moins nantis de la planète. Les libertés individuelles et collectives ne sont pas toujours garanties. La justice continue d'arbitrer les débats politiques houleux. Les politiques publiques encore illisibles. La politique étrangère reste conservatrice et peu guidée par le panafricanisme tant vanté dans l'opposition Par conséquent, il n'est pas de l'intérêt du pouvoir de laisser cette crise perdurer ou même de chercher à l'intensifier. J'ose espérer que les acteurs en sont conscients.
Existe-t-il un lien entre le renforcement des pouvoirs du Premier ministre et ces divergences ?
Les contradictions et les divergences de point de vue révélées par le Premier ministre et chef du parti au pouvoir montrent qu'il souhaite avoir une marge de manœuvre beaucoup plus importante. Est-ce qu'il aura plus de possibilités dans le cadre d'une réforme institutionnelle qui lui donnerait plus de pouvoir en tant que Premier ministre ? Rien n'est moins sûr Des pouvoirs d'ordre constitutionnel accordés au Premier ministre dans le cadre du régime sénégalais actuel peuvent même aboutir à une crise beaucoup plus profonde que celle qui est en cours. Il est peu envisageable d'avoir un exécutif bicéphale avec des pouvoirs propres à chaque acteur dans le cadre du système présidentialiste sénégalais. Estce qu'un régime parlementaire pourrait convenir ? Est ce qu'il faudrait proposer un régime original plus hybride ? Dans tous les cas, une réforme institutionnelle s'impose. Non pas pour régler des querelles ou des antagonismes particuliers mais pour que la séparation des pouvoirs soit une réalité et que personne ne puisse détenir l'essentiel du pouvoir. La crise actuelle est surtout une crise de leadership. Elle révèle qu'il est illusoire de penser qu'il est possible d’avoir deux commandants en chef dans l'ordre politique sénégalais actuel.
La presse de ce jour met en lumière les clarifications du Président Diomaye. Sur le front judiciaire et économique, de nouvelles révélations pourraient secouer le pays. Le football féminin et la lutte traditionnelle, offrent une respiration
Ce matin, la scène politique sénégalaise reste dominée par les clarifications du président Bassirou Diomaye Faye face aux spéculations sur une supposée crise entre lui et le Premier ministre Ousmane Sonko.
Le Soleil ouvre sur un titre sans équivoque : « Pas de conflit entre le Premier ministre et moi », reprenant les mots rassurants du président Diomaye Faye pour apaiser les tensions et rumeurs. Une position partagée par Sud Quotidien qui titre à son tour : « Il n’y a aucun conflit » et met en avant la rencontre et l’échange direct entre les deux hommes.
EnQuête revient aussi sur cette sortie apaisante avec un gros plan titré : « Diomaye Faye calme le jeu ». Dans la même veine, L’AS titre également sur la déclaration ferme du chef de l’État : « Il n’y a aucun conflit entre Sonko et moi ».
Pour Le Quotidien, le message est clair : « Diomaye referme la faille », soulignant ainsi la volonté présidentielle de consolider l’unité au sommet de l’État. Direct News abonde dans le même sens avec : « Le PR Diomaye réaffirme sa posture de rassembleur ».
Point Actu insiste sur la redirection du débat public par le président avec ce titre : « Diomaye Faye recentre le débat sur les urgences de l’heure ». Rewmi Quotidien pour sa part, évoque une « Supposée dualité au sommet » mais conclut sur le fait que « Président Diomaye brise le silence ».
WalfQuotidien titre plus frontalement : « Les vérités de Diomaye », en évoquant les explications apportées sur ses relations avec Sonko. De même, Les Échos insiste sur l’image du chef de l’État : « Diomaye dans ses habits de président de la République », et signale au passage l’offensive de Pastef sur la mairie malgré sa minorité : « Pastef, pourtant minoritaire, veut s’emparer de la mairie ».
Dans Source A, le ton se veut plus piquant avec : « Diomaye si loin de Sonko », soulignant un éloignement stratégique, alors que « Sonko et le procureur bombardés de critiques » alimentent les polémiques judiciaires.
Libération ouvre pour sa part un autre front avec une enquête sur les finances : « Révélations sur une mafia », laissant entendre que le gouvernement pourrait bientôt dévoiler de nouveaux dossiers brûlants.
L’info s’intéresse aux affaires culturelles : « Greffages, perruques et Kessal interdits au Grand Théâtre », une décision qui ne manque pas de faire réagir le secteur du spectacle.
LE SPORT A LA UNE
Côté sport, Point Actu Sport met en avant les Lionnes qui « affronteront l’Afrique du Sud en quarts de finale ». Le même sujet est repris par Record qui salue la performance de Habib Diarra : « au bon souvenir de Bobba Diop ».
La lutte sénégalaise reste aussi à l’honneur avec Rewmi Sports+, Dakar Sport et Record qui annoncent tous le duel très attendu : « Balla Gaye 2 – Siteu ». Dakar Sport précise : « Et le TAS sauva le combat Balla Gaye 2 – Siteu », confirmant que le combat aura bien lieu malgré les incertitudes.
LE GOUVERNEMENT DÉDRAMATISE L'ABAISSEMENT DE SA NOTE PAR STANDARD & POOR'S
Les autorités maintiennent leurs objectifs et revendiquent une "trajectoire de consolidation maîtrisée" malgré les turbulences financières
(SenePlus) - Le ministère des Finances et du Budget a réagi ce lundi 14 juillet à la révision de la note souveraine du pays par l'agence de notation Standard & Poor's (S&P). Dans un communiqué de presse, les autorités prennent acte de cette décision qui établit désormais la note à "B-" avec une perspective négative, contre "B+" précédemment.
Loin de dramatiser cette dégradation, le gouvernement affirme sa détermination à poursuivre ses efforts de redressement économique. "La République du Sénégal prend acte de cette décision et tient à réaffirmer son engagement en faveur de la transparence budgétaire et à rassurer l'ensemble de ses partenaires sur la capacité de l'État à faire face à ses engagements qui n'est nullement remise en cause par cette révision", indique le ministère des Finances dans son communiqué.
Pour justifier cette position, les autorités mettent en avant plusieurs éléments qu'elles jugent rassurants. En premier lieu, "la publication des données provisoires relatives au stock de la dette publique pour 2023 et 2024 s'inscrit dans une dynamique de transparence renforcée, conformément aux instructions des plus hautes autorités", précise le document officiel.
Le ministère souligne que ces chiffres "résultent d'un exercice de fiabilisation des données mené avec l'appui d'un cabinet international indépendant, portant sur l'ensemble du portefeuille de la dette de l'administration centrale".
Concernant l'évolution du ratio dette/PIB, critère scruté par les agences de notation, le gouvernement fait valoir que "l'augmentation des ratios dette/PIB ne prend pas encore en compte les résultats attendus de l'exercice de rebasage du PIB, qui seront publiés dans les mois à venir". Selon le ministère, "cet exercice, en préparation depuis un certain temps, permettra de donner une image plus précise de la taille de l'économie sénégalaise en adoptant un périmètre aligné sur son niveau de développement économique".
Sur le plan des relations avec les institutions financières internationales, les autorités se montrent optimistes. "Les discussions avec le Fonds Monétaire International (FMI) se poursuivent de manière proactive et constructive, avec l'objectif de tenir une réunion du Conseil d'Administration sur le 'misreporting' dans les plus brefs délais", annonce le communiqué.
Le ministère précise que "les autorités sénégalaises soucieuses de renforcer la transparence et la confiance, ont partagé tous les livrables issus de l'exercice de réconciliation et de fiabilisation réalisé par le cabinet international indépendant".
En matière de financement, le bilan dressé par les autorités apparaît positif. "Le plan de financement pour 2025 est mis en œuvre conformément à nos objectifs. Depuis le début de l'année, des ressources substantielles ont été mobilisées aussi bien auprès des partenaires extérieurs que sur le marché domestique notamment à travers des émissions de titres publics ayant attiré des investisseurs étrangers aux côtés des acteurs régionaux, ainsi que deux (2) Appels Publics à l'Épargne qui ont été menés avec succès", détaille le ministère des Finances.
Par ailleurs, le gouvernement indique que "le Sénégal prépare activement sa stratégie de financement pour 2026, conformément à son approche de planification budgétaire prospective".
En conclusion de son communiqué, l'exécutif sénégalais réaffirme sa volonté réformatrice. "Le gouvernement reste mobilisé et engagé dans la mise en œuvre des réformes nécessaires avec responsabilité, transparence et rigueur sous la supervision des plus hautes autorités", assure le ministère.
Les autorités promettent également de maintenir "sa disponibilité à dialoguer avec toutes les parties prenantes et à communiquer en toute transparence sur l'évolution de la situation économique et financière du pays", selon le communiqué.
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SONKO PASSE À LA VITESSE SUPÉRIERE
« Chaque blocage aura un responsable identifié. » Le message du Premier ministre à son gouvernement ce lundi était sans ambiguïté : l'heure n'est plus aux excuses mais à l'action, avec sept mesures choc pour accélérer l'exécution des projets
Réuni avec son équipe gouvernementale, Ousmane Sonko s'est voulu insistant ce lundi. "Nous entrons dans une phase où chaque blocage aura un responsable identifié, chaque projet un échéancier précis et chaque ministre une feuille de route claire suivie et évaluée", a-t-il déclaré avec fermeté.
Le chef du gouvernement a d'emblée fixé le ton : "La parole de l'État engage. Il faut la traduire en acte avec méthode, exigence et efficacité." Cette mise en garde intervient à un moment qu'il qualifie de "décisif" pour l'action gouvernementale.
Pour concrétiser cette nouvelle approche, Ousmane Sonko a détaillé sept mesures phares :
1. Gare aux blocages administratifs "Aucun obstacle bureaucratique ne doit freiner l'action publique", a martelé le Premier ministre. Il a annoncé le déploiement d'une gestion digitalisée du courrier dans les trois prochains mois, promettant que "les courriers sans suite qui bloquent des projets structurants, c'est terminé".
2. Accélération des projets en cours Tous les projets financés actuellement doivent être accélérés. La Primature, en lien avec le BOG, assurera un suivi rapproché pour garantir leur exécution effective.
3. Lancement rapide des nouveaux projets Les projets inscrits dans la loi de finances rectificative doivent être lancés dans un délai maximal de 30 jours, avec un suivi assuré par la Primature.
4. Task force pour les projets en attente Une task force sera mise en place sous l'autorité de la Primature, regroupant le BOX, l'DGPPE, l'UNAPP, la CDC et la direction générale de la coopération. Des cabinets privés spécialisés seront mobilisés pour accélérer le travail.
5. Gouvernance renforcée des projets interministériels Les projets multisectoriels nécessitent une gouvernance claire. En attendant un modèle stable, la Primature abritera les projets impliquant plusieurs acteurs.
6. Suivi rigoureux des engagements internationaux Chaque ministère devra produire des rapports trimestriels sur l'état d'avancement des engagements internationaux et présidentiels.
7. Actualisation des feuilles de route Tous les ministères doivent actualiser leur feuille de route avant fin juillet, en cohérence avec les chantiers nationaux. Les ministères concernés (transport, industrie, justice, intérieur) ont jusqu'au 15 août pour présenter des plans détaillés de mise en œuvre.
Ousmane Sonko a également annoncé la présentation imminente d'un plan de redressement, d'abord en Conseil des ministres avant une présentation publique. "Les réformes prioritaires telles que la simplification administrative, l'emploi, l'attractivité des investissements doivent être mises en œuvre sans délai", a-t-il insisté.
Un premier bilan sera attendu fin septembre, tandis qu'un programme de communication soutenu sera déployé en août et septembre pour informer les populations.
Le Premier ministre a conclu en rappelant l'importance de la préparation des Jeux Olympiques de la jeunesse 2026, qualifiés d'"enjeu majeur pour le pays", nécessitant une "organisation rigoureuse et anticipée".
Cette prise de position marque une nouvelle étape dans l'action gouvernementale sénégalaise, avec une volonté affichée de transformer les promesses en réalisations concrètes.
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BARTH PROMET UN NOUVEAU 23 JUIN À SONKO
"Nous allons le trouver dans l'Assemblée nationale, le sortir." L'ancien député ne mâche pas ses mots face au Premier ministre, qui évoque un possible retour au Parlement en cas d'éviction du gouvernement
Barthélémy Dias ne mâche pas ses mots. Dans un entretien accordé à TV5 Monde, le leader du nouveau mouvement politique "Senegal Bi Ñu Bokk" (Le Sénégal en partage) a lancé une menace directe à l'encontre d'Ousmane Sonko, qui a récemment évoqué un possible retour à l'Assemblée nationale en cas d'éviction du gouvernement.
"J'ai précisé hier que si c'était le cas, moi je retournerai à l'Assemblée nationale. Et comme je ne suis pas intéressé pour retourner à l'Assemblée nationale, nous allons reconstruire un 23 juin bis", a déclaré l'ancien député déchu, faisant référence aux violentes manifestations qui avaient secoué le Sénégal en 2012 sous le régime d'Abdoulaye Wade.
La menace se précise davantage : "Nous allons le trouver dans l'Assemblée nationale, le sortir pour qu'il comprenne que le Sénégal a toujours été et restera une démocratie, une République dans laquelle les lois en vigueur doivent être respectées".
Cette sortie de Barthélémy Dias intervient après les récentes déclarations d'Ousmane Sonko, qui avait laissé entendre qu'il pourrait regagner l'Assemblée nationale si le président Bassirou Diomaye Faye décidait de le renvoyer du gouvernement. Une perspective qui semble particulièrement irriter l'ancien maire de Dakar.
Dias, qui avait déjà annoncé qu'il ne siégerait pas à l'Assemblée nationale, considère manifestement que le Premier ministre doit "rester à sa place et faire preuve de tenue et de retenue et respecter tout de même l'intelligence des Sénégalais qui ne l'ont pas élu."
L'ancien maire déchu nourrit un double grief. D'une part contre Ousmane Sonko, qu'il accuse d'avoir orchestré sa destitution de la mairie de Dakar : "Ceux qui ont braqué la mairie de Dakar, quel que soit leur rang, leurs titres, leur grade, tout protocole respecté et observé, ils le regretteront. Ça c'est moi qui vous le promets".
D'autre part, il critique le président Diomaye Faye, estimant qu'il doit "respecter le choix des Sénégalais qui ont porté au premier tour leur choix sur sa modeste personne à 54% et exercer la charge de président de la République."
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DOUDOU NDOYE DÉNONCE LA DÉRIVE DES PROCUREURS
Alors que l'actualité judiciaire fait polémique, l'ancien ministre de la Justice monte au créneau. Dans "Soir d'Info" sur TFM, l'avocat s'en prend frontalement aux pratiques des procureurs évoquant un système qui "détruit des vies"
L'ancien ministre de la Justice et avocat Doudou Ndoye a livré une critique acerbe du système judiciaire sénégalais lors de son passage dans l'émission "Soir d'Info" sur TFM ce lundi 15 juillet 2025. Au cœur de ses préoccupations : les pouvoirs jugés "excessifs" des procureurs.
S'exprimant sur l'actualité judiciaire marquée par l'incarcération récente de Badara Gadiaga, Maître Ndoye a pointé du doigt un dysfonctionnement structurel du système. "Les procureurs ont trop de pouvoir au Sénégal. Ils mettent des personnes en prison directement", a-t-il déclaré sans détour.
L'ancien garde des Sceaux établit une comparaison avec le système américain pour étayer son propos : "Aux États-Unis d'Amérique, seul un juge a le pouvoir de mettre quelqu'un en prison, pas un procureur. Un procureur c'est comme un avocat".
Plus virulent encore, Doudou Ndoye s'attaque au principe même de la présomption d'innocence tel qu'appliqué au Sénégal. "La présomption d'innocence est une fumisterie. Et c'est pire qu'une fumisterie, c'est une fumisterie légale", assène-t-il.
Il dénonce le paradoxe du système actuel : "On nous dit vous êtes présumé innocent. Mais on nous dit en même temps, je pense que vous êtes coupable, en prison".
L'avocat insiste sur ce qu'il considère comme le mal profond de la justice sénégalaise : l'incarcération sur la base de simples présomptions. "Au Sénégal, toutes les poursuites pénales reposent sur des présomptions de fautes. On va dire monsieur untel, nous pensons que vous avez commis telle faute. Ils ne disent pas nous donnons la preuve".
Cette pratique, selon lui, détruit des vies : "Présomption, c'est je crois, je pense. Je crois, je pense, je détruis votre vie. Et si un jour la preuve contraire est là et que vous êtes acquitté, vous avez fait 6 mois de prison".
Face à ces dysfonctionnements, Maître Ndoye plaide pour une réforme du système judiciaire : "Dans un pays comme le Sénégal qui doit progresser dans son droit, on doit progresser. On doit changer ces textes et donner plus de garanties à toutes les populations de notre pays pour qu'elles ne soient pas en prison pendant qu'elles sont jugées comme étant des innocents".
L'ancien ministre, qui défend notamment Farba Ngom dans le cadre d'une procédure judiciaire, appelle à s'inspirer du modèle américain où "vous ne pouvez pas penser que telle personne a commis un délit même si vous le savez et l'arrêter" sans l'intervention d'un juge.
DIALOGUE NATIONAL 2025, VOICI LES POINTS DE CONSENSUS ET DE DÉSACCORD
Le rapport final du Dialogue national remis ce lundi au chef de l'Etat révèle des désaccords majeurs sur plusieurs enjeux clés, notamment les libertés publiques et le cadre politique.
Les conclusions du dialogue national ont été officiellement remises au chef de l’Etat ce lundi 14 juillet 2025. Ce dialogue, tenu du 28 mai au 4 juin 2025, a réuni des institutions, la classe politique, la société civile, les médias et les citoyens via la plateforme Jubbanti. La lecture du document permet de dégager trois grands axes abordés : démocratie et libertés, processus électoral, et réformes institutionnelles. Le Soleil digital vous donne les points de consensus et ceux qui ont fait l’objet de divergences.
Des consensus majeurs pour un système plus transparent
Le dialogue a permis de s’accorder sur plusieurs points jugés cruciaux pour l’amélioration de la gouvernance démocratique :
-Fin du cumul des fonctions : interdiction de cumuler les fonctions de chef de l’État et de chef de parti, ou encore celles de membre du gouvernement et de chef d’exécutif territorial.
-Rationalisation du paysage politique : accord sur la nécessité de modifier la loi sur les partis politiques, d’encadrer leur financement, d’améliorer le fonctionnement et le contrôle des campagnes électorales.
-Unification des règles : un texte unique régissant l’organisation des partis et coalitions politiques est à l’étude, pour clarifier le cadre actuel jugé morcelé.
Plusieurs avancées ont aussi été enregistrées, traduisant une volonté partagée de moderniser et sécuriser le vote et le processus électoral:
-Adoption progressive du bulletin unique et expérimentation du vote électronique.
-Vote des détenus et des agents en mission (forces de sécurité, magistrats, journalistes) reconnu comme un principe.
-Inclusion accrue : inscription automatique des primo-électeurs, accessibilité pour les personnes handicapées, institutionnalisation des débats programmatiques.
-Parrainage maintenu, mais avec une réforme de son contrôle et une démarche de dématérialisation pour plus de transparence.
-Audit du fichier électoral et harmonisation de la loi sur la parité également approuvés.
Une troisième commission portée sur les réformes institutionnelles a été marquée par un large consensus autour de plusieurs propositions fortes :
-Création d’une Cour constitutionnelle aux compétences élargies, accessible et représentative.
Refonte de la justice électorale, afin de garantir clarté, proximité et rapidité dans les décisions.
-Mise en place d’un organe unique de gestion des élections, autonome, pluraliste, avec un ancrage constitutionnel.
Nouvel organe de régulation des médias, garantissant -à la fois la liberté d’expression et une meilleure régulation.
Des désaccords persistants sur des points sensibles
Malgré ces convergences, plusieurs sujets ont cristallisé les tensions entre les différentes parties.
Sur la démocratie et les libertés :
-Statut de Chef de l’Opposition : soutenu par la société civile, contesté par la majorité.
-Déchéance électorale : l’opposition exige qu’elle soit exclusivement prononcée par un juge, là où la majorité défend le système actuel à double régime (automatique et judiciaire).
-Saisine citoyenne du Conseil constitutionnel : perçue comme urgente par la société civile, mais jugée prématurée par la majorité.
-Création d’un Observatoire national de la démocratie : proposition controversée, perçue comme redondante par la majorité.
-Publication des sondages : la majorité reste favorable à l’interdiction, là où la société civile plaide pour une régulation encadrée.
-Réforme du cadre juridique des libertés publiques : opposition et société civile demandent la suppression de l’article 80 du Code pénal et une refonte de la loi sur les réunions publiques, ce que la majorité considère avec prudence.
-Calendrier électoral : débat sur un éventuel couplage présidentielles/législatives opposant deux visions du rythme démocratique.
-Régime politique : la majorité refuse d’aborder la question du régime semi-présidentiel, alors que la société civile demande un rééquilibrage des pouvoirs.
Fonds politiques : la question n’a même pas été débattue, la majorité refusant de l’aborder.
Sur le processus électoral :
Un seul désaccord explicite mais de taille. Il s’agit du mode de scrutin aux élections législatives et locales : la majorité veut conserver le système en place pour préserver la stabilité, tandis que l’opposition propose des réformes incluant un scrutin majoritaire à deux tours.
Sur les réformes institutionnelles :
Ici, aucun désaccord n’a été officiellement enregistré, même si des divergences subsistent sur les modalités d’application.