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17 juillet 2025
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REVUE DE LA PRESSE SENEGALAISE DU JEUDI 17 JUILLET 2025
L’actualité de ce jour est dominée par la diplomatie économique, la gouvernance publique, la situation judiciaire sous tension, et les questionnements autour des figures phares de la scène politique et sportive nationale
RELANCE DIPLOMATIQUE, FINANCES PUBLIQUES ET GOUVERNANCE : AU CŒUR DE L’ACTUALITE
Dans son édition du jour, Le Soleil met en avant la coopération entre le Sénégal et le Cap-Vert, titrant : « Dakar-Praia : la nouvelle dynamique ». Le quotidien national revient sur la visite officielle et les opportunités économiques et culturelles qui en découlent.
Du côté de Sud Quotidien, l’accent est mis sur la transparence budgétaire avec pour titre : « La reddition des comptes marque le pas ». Le journal s’intéresse aux difficultés rencontrées dans l’audit et le contrôle de la gestion des deniers publics.
WalfQuotidien s’attaque aux incohérences économiques avec sa une : « Discordances sur la recette de l’État ». Le journal pointe du doigt le rebascage du Produit Intérieur Brut (PIB) et les chiffres jugés contradictoires concernant une révision estimée à 2500 milliards FCFA.
AFFAIRES POLITIQUES ET TENSIONS JUDICIAIRES : UNE ACTUALITE TOUJOURS BRULANTE Yoor-Yoor affiche un titre évocateur : « L’inéluctable confrontation ! », abordant les rapports explosifs entre pouvoirs exécutif et organisations non gouvernementales sur le contrôle de leurs financements.
Dans le même registre, L’Évidence titre : « Les promesses de Cheikh Diey balayées par les eaux », une métaphore qui traduit l’impatience de l’opinion face aux engagements non tenus.
De son côté, Direct News met en avant une dénonciation forte : « Mamadou Diouf dénonce le blocage de la France ». Il s’agit des obstacles diplomatiques relevés par le politologue sur des questions de coopération et d’investissement.
Le Quotidien revient, quant à lui, sur une actualité judiciaire sensible : « Les détenus toujours en otage ». Le journal dénonce la situation des prisonniers dits « politiques » encore sous mandat de dépôt.
Les Échos suit de près le bras de fer entre magistrats et politiques : « Moustapha Diakhaté parle et charge des magistrats », tout en évoquant une « grosse bataille » à la chambre d’accusation hier.
Enfin, Libération révèle une enquête délicate sur la criminalité transfrontalière : « La Su infiltre et cerne une filière », parlant de réseaux de trafic que la police a commencé à démanteler.
VIE MUNICIPALE, TUBERCULOSE ET NOUVELLES INITIATIVES SOCIALES Le Point aborde la santé publique avec optimisme : « Une Révolution dans le traitement de la Tuberculose avec le séquençage du Bacille de Koch ». Il met en avant les avancées scientifiques majeures qui devraient transformer la prise en charge de cette maladie au Sénégal.
Dans le même quotidien, un encadré signale : « Une nouvelle ère pour les fonctionnaires des Collectivités Territoriales », une lueur d’espoir pour la réforme de la fonction publique locale.
EnQuête résume un épisode : « Clap de fin », avec une photo d’archives marquant la clôture d’un dossier judiciaire ou politique retentissant.
POP se penche sur la gestion du pays : « Ni détail près, on est dans la même situation qu’en 1962 », citation qui met en exergue le parallèle historique entre contexte actuel et passé.
FOCUS SUR OUSMANE SONKO ET SES PROCHES
Le quotidien L’AS donne la parole à Abdou Mbow : « Abdou Mbow sans détour ». L’article décortique sa sortie médiatique sur la situation d’Ousmane Sonko, dont la sortie est également reprise par Point Actu : « Diomaye et Sonko calment le jeu, la base attise le feu ».
DANS LE SPORT : TENSIONS ET AMBITIONS
Sur le terrain sportif, Point Actu Sport s’intéresse à Lamine Yamal avec « Lamine Yamal prolonge et change de numéro ! », tandis que Stades annonce : « Pour salaire non payé, Aliou Cissé menace de quitter », une nouvelle qui secoue la tanière des Lions.
Le journal Record met en lumière la confiance de l’ancien gardien Tony Sylva : « Moi, je vote pour le Manko ». Il salue une nouvelle génération prometteuse pour la CAN 2025.
Enfin, Rewmi Sports met l’accent sur la situation du sélectionneur national : « Aliou Cissé toujours sans salaire », un dossier qui dure et alimente la polémique autour de la Fédération Sénégalaise de Football.
"Ils ont été élus pour gouverner, non pour satisfaire leurs besoins égoïstes de revanche." L'ancien ministre Amadou Sall et ses confrères avocats ont vertement critiqué mercredi la gestion du pouvoir actuel, dénonçant une justice "infestée de préfets"
Emmené par Maître Antoine Vey, avocat aux barreaux de Paris et de Genève, et son homologue sénégalais Maître Amadou Sall, ancien ministre, le collectif d'avocats de l'opposition sénégalaise a organisé une conférence de presse pour dénoncer ce qu'ils qualifient de "dérive autoritaire" du régime actuel.
Maître Amadou Sall a rappelé que le Sénégal s'était fait remarquer "par une formidable avancée en matière de respect des droits de l'homme et de la démocratie" depuis 1993, avec des élections libres et apaisées en 1993, 2000, 2007, 2012, 2019 et 2024. Cependant, selon lui, "nous avons cette désagréable sensation qu'à ce système démocratique, à ce système de liberté se substitue un système autoritaire où aucune voix discordante n'est tolérée".
L'avocat a particulièrement critiqué l'état de la justice sénégalaise, citant un ancien juge démissionnaire selon lequel "certains juges se comportent comme des préfets de justice". Il a souligné le paradoxe d'un président qui parle de "libérer la justice" alors qu'un magistrat dénonce une institution "infestée de préfets de justice".
Cette situation aurait des répercussions directes sur l'économie du pays. "On a gouverné dans le brouhaha et le vacarme", a déclaré Me Sall, expliquant que cette gouvernance crée "une tension sur nos finances publiques" et décourage les investisseurs privés qui "réalisent qu'il y a une certaine forme d'instabilité liée à une énorme contrainte sur les libertés".
Le collectif a multiplié les saisines devant la Cour de justice de la CEDEAO, obtenant gain de cause dans plusieurs affaires, notamment dans le dossier Diop concernant l'interdiction administrative de sortie du territoire. Les avocats se disent "absolument convaincus" que le groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires condamnera les arrestations de "journalistes, chroniqueurs, hommes publics et politiques".
"Ils ont été élus pour gouverner, non pour satisfaire leurs besoins égoïstes de revanche", a lancé l'ancien ministre, ajoutant : "Ils n'ont pas été élus pour chercher des voleurs, pour attraper des voleurs. Ils ont été élus pour gouverner."
Se présentant comme des "remparts de la liberté", les avocats espèrent que les autorités "auront le temps de s'arrêter et de se ressaisir parce qu'il y va de l'intérêt de notre pays".
PAR AMADOU TIDIANE WONE
PARABOLES ET FARIBOLES
Paraboles. Dans un billet du mois d’avril 2024 j’utilisais, parlant du pays, la parabole d’un avion en panne entre ciel et terre. Et je soulignais l’obligation de le réparer en plein vol, pour conduire les passagers, sains et saufs, à bonne destination.
Paraboles. Dans un billet du mois d’avril 2024 j’utilisais, parlant du pays, la parabole d’un avion en panne entre ciel et terre. Et je soulignais l’obligation de le réparer en plein vol, pour conduire les passagers, sains et saufs, à bonne destination. Le Pavillon Sénégal venait juste de changer d’équipage et de … direction ! Un nouveau cap vers une nouvelle espérance…
Je n’ignorais pas alors qu’au cours de cette réparation, le vol Jub, en direction de Jubbanti pourrait traverser des zones de turbulences… Dans ces cas-là, le sang-froid et le jubboo des pilotes seraient la seule garantie du Jubbal défini comme plan de vol. Le commandant de bord, et le copilote, étant les premiers gages d’un passage sans encombre vers des zones de navigation plus sereines. Par leur maîtrise, ils doivent transmettre au personnel navigant de bord, hôtesses et stewards [collaborateurs proches et militants, sympathisants et souteneurs actifs] le flux de self-control nécessaire pour rassurer les passagers en cabine, le peuple souverain. Trouver les mots justes, pour apaiser et réconforter. Contenir les énergies négatives et diffuser les ondes positives…
La sécurité du vol, en ces circonstances particulières, revient à tous les passagers selon des niveaux de responsabilités étagés. Dans la cabine de pilotage, nul bruit perturbateur ne doit déconcentrer ceux qui ont la charge de conduire le vol à destination. Sans encombre. En cabine aucun discours dissonant ou incendiaire ne devrait perturber la quiétude des passagers. Écoute des consignes, confiance absolue aux pilotes et au personnel navigant sont les règles de conduite à tenir… Parvenir, sains et saufs, à Jubbanti vaut bien une cure de silence studieux…
Que la Paix et l’entente règnent dans le cockpit ! Telle est ma prière…
Fariboles… S’il y’a bien un métier, inlassablement hasardeux, c’est bien celui de ”chroniqueur”. Du moins dans sa version sénégalaise. Un genre bien tropical qui évolue sans normes ni limites. Au gré de l’inspiration du parleur. Car, quant au fond, la chronique à la sauce sénégalaise a ceci de singulier qu’elle est d’abord nuisible, désobligeante, médisante et bien souvent commanditée. Dans la jungle des réseaux…asociaux, elle fait office d’arme de destruction ciblée et d’instrument de règlement de comptes par procuration. A qui profite la chronique pour ne pas dire le crime ? Une question à se poser à chaque attaque frontale ad hominem….
Var etc. Pour parler de l’actualité récente dans notre pays : qui peut, raisonnablement, cautionner les propos outranciers tenus sur le plateau de Jakarlo par un chroniqueur qui, il y’ a peu, chantait les louanges de celui qu’il abhorre aujourd’hui ? Cf. Var… Est-il acceptable ou même tolérable de traiter de manière si irrespectueuse un homme, au mépris de ses fonctions républicaines ? Au demeurant, n’est-ce pas le même chroniqueur qui critiquait vertement le propriétaire de la chaîne qui lui donne aujourd’hui la parole et de la visibilité ? On peut donc s’attendre à ce qu’il change, sans aucune gêne, de posture ou d’imposture à la faveur du sens du vent.
Dire que tout cela est préoccupant est bien la moindre des choses ! Les insultes, la médisance, le mensonge et la malveillance s’étalent désormais au grand jour. La honte ne tue plus. Que de personnalités dont les propos seraient utiles à la nation gardent le silence de crainte de se voir invectiver par des voix non autorisées. Ou alors, qu’à la faveur des nouveaux outils, au service de l’inintelligence réelle, leurs propos soient déformés et transformés par l’intelligence artificielle…
L’heure est grave ! Tous les jours, et sous nos yeux, des équilibres moraux et spirituels millénaires subissent des coups de boutoir qui ne laisseront personne indemne. L’adversité politique ne justifie pas la complicité, active ou passive, avec les forces de désagrégation de nos valeurs culturelles les plus sacrées. Sous ce rapport, une réaction collective de forte amplitude devient urgente et nécessaire. Afin que la graine ne meure…
DIOMAYE ANNONCE UN COMITÉ POUR TRADUIRE LES RÉFORMES DU DIALOGUE NATIONAL
Composé d’experts, d’acteurs politiques et de représentants de la société civile, ce comité aura pour mission de concrétiser les réformes consensuelles en faveur d’un État de droit renforcé et d’une gouvernance plus participative.
Le président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye, a annoncé la mise en place prochaine d’un comité spécial chargé de traduire en textes les recommandations issues du dialogue national sur le système politique. Ce comité, dont la création est prévue dans un délai de trois mois, aura pour mission de proposer les textes législatifs et réglementaires nécessaires à la mise en œuvre des réformes consensuelles convenues au terme des concertations.
Cette décision fait suite à la clôture réussie du dialogue national, au cours duquel diverses forces vives de la Nation, dont la plateforme Jubanti, ont pris part à des discussions intenses sur l’avenir institutionnel et démocratique du pays. Le chef de l’État a salué la mobilisation et la contribution patriotique de tous les participants, soulignant que les recommandations adoptées visent à renforcer l’État de droit, la démocratie sénégalaise et la confiance des citoyens envers les institutions.
En dotant le pays de ce comité, le président Faye affiche sa volonté de passer de la parole à l’action, en s’assurant que les réformes ne restent pas à l’état de promesses, mais qu’elles se traduisent rapidement par des changements concrets. Le comité réunira des experts juridiques, des représentants des partis politiques, de la société civile et des institutions publiques, afin de garantir un processus inclusif, rigoureux et transparent.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de refondation institutionnelle portée par le nouveau pouvoir, dans le respect des principes républicains et des aspirations profondes du peuple sénégalais à une gouvernance plus juste, plus responsable et plus participative.
LE SÉNÉGAL RENFORCE LA TRANSPARENCE ET LA REDISTRIBUTION DES REVENUS MINIERS
La mise à jour du cadre réglementaire et le renforcement des mécanismes de traçabilité visent à garantir une meilleure répartition des revenus extractifs et à consolider la confiance des citoyens et des partenaires dans la gouvernance du secteur.
Dans le cadre de son engagement continu pour une gouvernance responsable des ressources naturelles, le Sénégal intensifie ses efforts pour se conformer aux exigences de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), édition 2025. Ce processus marque une étape clé dans la consolidation d’un secteur extractif éthique, inclusif et durable.
Le gouvernement a été instruit de finaliser l’actualisation du cadre réglementaire régissant les secteurs minier, pétrolier et gazier, afin de répondre aux standards internationaux de transparence. L’objectif est de garantir un suivi rigoureux des contrats, des flux financiers et des contributions des entreprises extractives à l’économie nationale.
Au cœur de cette réforme figure également la nécessité d’une redistribution équitable des revenus issus des ressources naturelles, notamment au profit des communautés locales affectées par les activités extractives. Cela passe par une meilleure traçabilité des fonds, une participation accrue des citoyens dans la gestion des retombées économiques, et un renforcement des mécanismes de redevabilité.
Avec cette dynamique, le Sénégal ambitionne de faire de ses ressources naturelles un véritable levier de développement durable, de justice sociale et de transformation structurelle de son économie. Ce choix de transparence et d’équité est un signal fort adressé aux investisseurs, aux partenaires au développement et à l’ensemble des citoyens.
MAURITANIE, LA COMMUNAUTÉ SÉNÉGALAISE EN GRÈVE CONTRE LES ABUS
Commerces, chantiers et services tenus par des Sénégalais resteront fermés pour protester contre ce qu’elle qualifie de harcèlement systématique, malgré les accords bilatéraux signés entre Dakar et Nouakchott.
Malgré les accords signés entre le Sénégal et la Mauritanie et les assurances répétées de la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Yassine Fall, les rafles et les tracasseries contre les ressortissants sénégalais se poursuivent. Exaspérés par ce qu’ils qualifient de harcèlement systématique, les Sénégalais établis en Mauritanie ont décidé de passer à l’action. À partir de ce mercredi, ils observeront 48 heures de « journées mortes », une grève générale durant laquelle tous les commerces, chantiers et services tenus par des Sénégalais vont être fermés en signe de protestation.
Selon le journal L’Observateur, la communauté sénégalaise en Mauritanie subit depuis des années des contrôles abusifs, des humiliations et des expulsions arbitraires. La situation se serait considérablement dégradée depuis le mois de Ramadan 2024, avec une recrudescence de rafles ciblées, particulièrement à Nouakchott, où les Sénégalais sont souvent interpellés sans motif valable.
Pour régulariser leur séjour, les ressortissants sénégalais doivent se rendre aux postes frontaliers de Rosso, Diama ou Matam afin d’obtenir une carte de séjour temporaire de trois mois, délivrée par la police mauritanienne contre le paiement de 15 000 F CFA. Une procédure jugée contraignante et coûteuse, d’autant plus que les expulsions se multiplient malgré la détention de ces documents.
Les Sénégalais de Mauritanie affirment avoir maintes fois alerté les autorités de Dakar, mais sans résultat tangible. Cette grève de 48 heures vise donc à forcer une réaction des deux gouvernements. La communauté espère que ce mouvement fera enfin bouger les lignes pour mettre un terme à ce qu’elle perçoit comme une violation flagrante de ses droits.
LE MIRAGE DE LA RENÉGOCIATION PÉTROGAZIÈRE
Dirigée par El Hadj Ibrahima Diop, la structure censée réviser les accords n'a toujours pas engagé de discussions formelles avec les compagnies pétrolières. Un silence qui tranche avec les ambitions affichées du gouvernement
Derrière les déclarations d’intention du Gouvernement, se cachent de réels obstacles qui rendent difficile la matérialisation de la volonté de l’État de renégocier les contrats, en particulier dans le projet GTA.
Qu’est donc devenue la Commission nationale de renégociation des contrats ? Voilà bientôt un an que cette structure a été mise en place et placée sous la présidence de Monsieur El Hadj Ibrahima Diop, inspecteur des Impôts et Domaines à la retraite. Depuis lors, pas grand-chose ne fuite. Même accéder aux textes règlementaires qui régissent la Commission est quasi-impossible. Ce qui peut se présenter comme un vrai paradoxe pour un gouvernement qui se veut chantre de la transparence. A plusieurs reprises en effet, EnQuête a interpellé les services compétents de la Primature pour accéder audit texte, mais en vain. “Nous allons vous revenir dès que le texte sera disponible”, répète-t-on sans cesse.
Ainsi, à date, on ne connait ni la composition, ni les missions, ni les prérogatives, encore moins les conditions dans lesquelles travaille cette Commission au coeur de la renégociation des contrats. Mais le plus curieux, confient certaines sources, c’est que malgré le bruit, la Commission n’a même pas entamé des discussions formelles avec les compagnies qui restent dans le plus grand flou. “Ce que je puis vous assurer c’est que la Commission ne mène aucune discussion directe avec les compagnies. Il peut y avoir peut-être quelques contacts avec le ministère ou Petrosen, mais la Commission, elle n’a pas saisi de manière formelle les compagnies”, renseignent certaines sources.
Après Woodside, l’État vers un bras de fer avec BP
Alors que les compagnies ne cessent de s’interroger sur leur devenir avec un État imprévisible, le Premier ministre a fait une nouvelle sortie qui ne va guère rassurer les investisseurs. S’adressant à ses militants, Ousmane Sonko leur a demandé de se remobiliser parce que son gouvernement va vers des combats. L’un des grands combats qu’il a voulu donner en exemple c’est le combat de la renégociation des contrats, en particulier dans le domaine gazier. “Nous allons renégocier par force notre gaz”, affirme le Premier ministre. A l’entendre, les compagnies n’auront d’autre choix que d’accéder aux requêtes de son gouvernement. “Ils sont obligés de nous donner ce que nous demandons. Pour le moment, on leur a écrit mais ils traînent les pieds. Nous allons à coups sûrs vers un bras de fer”, a-t-il poursuivi.
Selon Ousmane Sonko, il s’agit-là d’une promesse qu’ils entendent mettre en oeuvre… Cela va permettre, d’après lui, de faire rentrer beaucoup d'argent dans les caisses de l’État et de réduire de manière considérable les coûts de l'énergie au Sénégal. “Nous ne pouvons accepter que les multinationales nous imposent les contrats déjà signés pour refuser la renégociation. Ce sont des combats qui vont venir et nous comptons sur la mobilisation de la jeunesse et du peuple. On a besoin d'un peuple qui fasse bloc derrière son Gouvernement. Si on le fait avant la fin du mandat, vous allez voir les résultats”, indique le Premier ministre.
Ce que demande le gouvernent
En fait, les nouvelles autorités veulent augmenter la quantité de gaz domestique. Elles en veulent bien plus que ce qui est prévu dans le cadre des contrats, quasi impossible selon certains spécialistes interpellés par EnQuête. A en croire ces interlocuteurs, le régime a fixé la barre bien trop haut. “Ce qu’elles demandent est énorme, alors que c’est un projet qui a coûté extrêmement cher à l’opérateur. Ce dernier a connu beaucoup de surcoûts, notamment à cause de la covid, de la guerre en Ukraine, les difficultés avec le FPSO, les installations sous marines…. Et comme pour ne rien arranger, la Douane est en train de leur réclamer beaucoup d’argent pour de présumées fraudes douanières….”
Sous Macky Sall, l’État avait déjà mis en place le projet gas to power avec le Réseau gazier du Sénégal (RGS). Un projet qui reposait essentiellement sur le champ Yaakaar Teranga dont une bonne partie devait être utilisée domestiquement. Malheureusement, ce projet a connu quelques difficultés avec le retrait de BP et l’absence d’un nouveau repreneur. Pour GTA, la part réservée au gaz domestique était très faible. Elle était fixée à 35 mmscf (millions de pieds cubes stands) par jour sur une production journalière estimée en moyenne à environ 356 mmscf (2,5 millions de tonnes par an). Tout le reste, selon les explications des spécialistes, est dédié à l’export. “Avec cette quantité (35 mmscf), vous pouvez alimenter une centrale à gaz de 250 à 300 mw”, renseigne un de nos interlocuteurs.
Les menaces sur le projet gas to power
C’est donc le projet gas to power qui est sérieusement menacé avec les difficultés de développement de Yaakaar Teranga. Le gouvernement veut-il alors se tourner vers GTA pour sauver le projet ? Selon certaines confidences, le nouveau régime exigerait en tout cas 300 mmscf dans le cadre des renégociations, soit presque 10 fois plus que ce qui est dans le contrat initial. Il est peu probable que BP accède à une telle revendication, estiment nos sources, car selon eux, le projet peut difficilement le supporter.
“Le modèle GTA reposait essentiellement sur l’exportation, pas sur l’alimentation du marché domestique. Ils ont fait des investissements lourds en fonction de ce business modèle. Si ce n’était que pour faire du gaz domestique, ils n’auraient pas eu besoin de liquéfier le gaz, de construire ce FLNG…”, renchérissent nos sources qui signalent que la première phase du projet peut difficilement être rentable pour les compagnies.
“La situation est déjà assez carabinée pour BP…”
La situation, selon elles, est déjà assez carabinée pour l’entreprise britannique. “Entre ce que veut le gouvernement et ce que le projet peut permettre en ce moment, je ne pense pas qu’ils puissent trouver un accord dans ces conditions. Ce qui fait que les relations sont assez tendues il faut le reconnaitre”, précisent nos sources.
C’est dans ce contexte que des rumeurs commencent à courir et font état d’une volonté de BP de vendre ses actions. Nos sources sont perplexes par rapport à cette information. “J’avoue que je n’ai aucune information sur une volonté de se retirer. De toute façon, ils peuvent difficilement trouver repreneurs dans ces conditions, car il est peu probable de gagner de l’argent dans la première phase du projet”, réagissent les experts.
Nous avons sollicité la compagnie britannique pour apporter des éclairages mais ses services n’ont pas réagi à nos sollicitations.
PAR Elhadji Mamadou Mbaye
LE SÉNÉGAL A BESOIN D’UN EXÉCUTIF AVEC UN POUVOIR POLITIQUE FORT ET ÉCLAIRÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - La volonté de déconcentrer le pouvoir présidentiel est louable en théorie, mais elle demeure difficilement applicable avec la faiblesse des contre-pouvoirs, l’inefficience administrative et la fragmentation de la légitimité politique
Le champ politique de l’action publique en Afrique est traversé par de nombreuses forces centrifuges, qui compromettent l’efficacité de la réponse gouvernementale face aux préoccupations majeures des populations.
Les nouvelles autorités sont élues pour apporter des solutions appropriées, rapides, efficaces et durables aux problèmes des citoyens. Elles sont seules comptables de leur bilan, sur lequel elles seront jugées. Il n’en va pas de même pour les autorités judiciaires ou pour la haute administration, qui, trop souvent, s’accommodent d’une gestion fondée sur la continuité plutôt que sur des ruptures structurelles et des transformations systémiques de la société.
À l’image des despotes éclairés du XVIIIe siècle en Europe — tels que Catherine II de Russie ou Frédéric II de Prusse — qui, à l’ère des Lumières, ont jeté les bases des États modernes, les pays africains ont aujourd’hui besoin, dans un contexte de nécessaire transformation en profondeur de leurs sociétés, de figures politiques éclairées, visionnaires, capables de faire face à un système marqué par des forces fragmentées au sein des pouvoirs législatif, judiciaire, exécutif, mais aussi parmi les autres composantes dites « forces vives » de la société : membres influents de la société civile, figures religieuses, acteurs médiatiques et autres leaders d’opinion. La simple continuité administrative ne saurait être un levier de progrès, surtout en Afrique et au Sénégal où des réformes structurelles s’imposent et doivent concerner l’ensemble des segments de la société.
Et si Ousmane Sonko avait raison ?
La gravité de la crise, les lenteurs dans la mise en œuvre des décisions attendues par la population — à l’origine du vote massif de mars 2024 —, l’appel à une gouvernance éthique et morale, et le maintien de dialogues permanents sur des sujets exigeant pourtant des décisions fermes et immédiates : tout cela constitue, non des signes de progrès, mais des fenêtres d’opportunité pour les forces conservatrices. Ces dernières exploitent ces dynamiques pour freiner les réformes structurelles portées par l’agenda de transformation nationale. Il existe ainsi un « Big Brother » systémique, composé d’acteurs disposant d’un accès privilégié à l’information, y compris confidentielle, et de réseaux d’influence ancrés au sein de la présidence, de la Justice, de la Primature et de l’Assemblée nationale. Leur double stratégie consiste à retarder les réformes d’une part, et à encourager d’autre part les nouveaux dirigeants à céder aux tentations du pouvoir, conscients du caractère éphémère de leur mandat.
Les engagements initiaux sont vite oubliés. Certains des actuels responsables, bien que désormais aux commandes, n’étaient que des suiveurs hier encore. En l’absence d’un encadrement rigoureux, ils risquent de reproduire les pratiques anciennes et de perpétuer les dérives du régime précédent. Au Sénégal, la mémoire politique est courte ; les luttes passées et les promesses électorales tendent à s’effacer rapidement.
Dans le contexte particulier de la transition entre la fin du mandat de Macky Sall et l’avènement du président Diomaye Faye, plusieurs facteurs pèsent sur l’exercice du pouvoir : l’inexpérience de certaines autorités dans la gestion publique, la jeunesse d’une part importante de la base militante, la gravité de la crise économique, la pluralité des promesses formulées par Ousmane Sonko, la permanence des archives numériques via les réseaux sociaux, la liberté parfois partisane de la presse, et enfin la sensibilité accrue des citoyens quant au respect des droits et libertés. Tous ces éléments contribuent à fragiliser la légitimité de l’Exécutif.
Trois dynamiques méritent une attention particulière car elles affaiblissent structurellement le pouvoir politique de l’Exécutif :
1. La réduction volontaire de l’hyperprésidentialisme par le président lui-même, marquée notamment par sa mise en retrait de son parti ;
2. L’indépendance renforcée du pouvoir judiciaire vis-à-vis de l’exécutif ;
3. Le regain d’autorité d’une haute administration fidèle aux traditions étatiques sénégalaises.
Ces évolutions contribuent à un rééquilibrage institutionnel. Si cela répond à une exigence démocratique, il n’en demeure pas moins que dans nos contextes africains et sénégalais, cela peut également limiter la capacité d’agir de l’Exécutif. La volonté de déconcentrer le pouvoir présidentiel est louable en théorie, mais elle demeure difficilement applicable dans des environnements institutionnels et culturels marqués par la faiblesse des contre-pouvoirs, l’inefficience administrative et la fragmentation de la légitimité politique.
L’Exécutif dispose d’une légitimité électorale que ne partagent ni l’administration, ni la justice, ni même le pouvoir législatif souvent conditionné par la vision du chef de l’Etat. L’Exécutif doit donc être en mesure de mettre en œuvre sa vision, son programme, prendre des décisions audacieuses et piloter des politiques publiques ambitieuses. Sans un pouvoir symbolique fort, son autorité s’effrite et ses réformes peuvent être retardées par des inerties bureaucratiques.
Dans le cas du président Diomaye Faye, la période des « cent premiers jours » aurait dû être mise à profit pour initier des mesures décisives, à l’instar de Franklin D. Roosevelt après la Grande Dépression de 1929. En 1933, Roosevelt a adopté dès les premiers mois des réformes majeures : soutien au secteur bancaire, refonte agricole, programmes pour l’emploi… Cette efficacité s’expliquait par la légitimité populaire immédiate et l’hésitation temporaire de l’opposition. Passé ce délai critique, les résistances s’exacerbent, les habitudes reprennent le dessus, et les fenêtres d’opportunité se referment.
Le Sénégal n’est ni la France ni les États-Unis. Dans une société majoritairement analphabète, où le sentiment patriotique reste fragile, le pays a besoin d’un pouvoir exécutif fort, porteur d’une vision claire pour la nation. Cette vision doit être partagée par l’ensemble des institutions : Parlement, justice, administration. Or, la stratégie « Sénégal 2050 » est encore peu appropriée, voire méconnue, par ces dernières.
Un tel projet de transformation ne peut réussir sans une administration loyale et compétente, un pouvoir judiciaire facilitateur, un législatif proactif, et des leaders d’opinion capables d’engager les populations autour des objectifs communs. D’autant plus que le mandat présidentiel est désormais de cinq ans, et non plus de sept : un laps de temps réduit pour engager des réformes structurelles profondes.
Elhadji Mamadou Mbaye est Enseignant-Chercheur, Département de science politique, UGB.
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ABIBATOU BA BRISE LE PLAFOND DE VERRE
Élève modèle depuis la seconde avec des moyennes entre 17 et 18, la jeune fille vient de franchir un cap historique en obtenant la première mention très bien jamais décernée au lycée agricole de Bignon en série S5
Abibatou Ba, élève en terminale série S5, a marqué l'histoire du lycée agricole de Bignon en décrochant la toute première mention très bien de l'établissement au baccalauréat 2025. Une performance d'autant plus remarquable qu'elle reconnaît elle-même que "le bac 2025 n'était vraiment pas facile".
Élève modèle depuis la seconde avec des moyennes oscillant entre 17 et 18, cette bachelière a choisi la série S5 pour suivre sa sœur jumelle, un choix qu'elle ne regrette absolument pas. "Les filles sont plus en mesure d'exceller dans les matières scientifiques", affirme-t-elle avec conviction.
Ses ambitions sont claires : ingénierie, pétrochimie, agroalimentaire, génie civil ou médecine figurent parmi ses projets d'avenir. Cependant, malgré son excellence, elle se heurte aux restrictions d'accès aux grandes écoles pour la série S5, une situation que son lycée espère voir évoluer.
Discrète et studieuse, Abibatou privilégie la lecture, la cuisine et les balades aux réseaux sociaux, incarnant parfaitement la réussite par le travail et la persévérance.