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1 juin 2025
L'APR BOYCOTTE SON PROPRE DIALOGUE
Fragilisé par les départs de ses figures emblématiques et les ordres de poursuite contre ses responsables, l'ancien parti présidentiel entre dans une zone de turbulence et fait le pari risqué de la résistance
Confronté à la perte de certains de ses leaders majeurs, l’Apr a pris le pari de boycotter le dialogue politique du 28 mai qu’il a lui-même institutionnalisé dans le calendrier républicain. L’ancien parti au pouvoir est entré dans une zone de turbulence politique et doit opérer une transition très incertaine avec certain de ses leaders historiques qui ont démissionné, alors que d’autres ont opté pour le boycott depuis les Législatives, frustrés par les investitures. Si elle n’a pas une page blanche sous les yeux, elle a dû peser et soupeser cette décision de la politique de la chaise vide. En évidence, l’ordre de priorité est d’imposer une forme de résistance alimentée par la succession des ordres de poursuite contre ses responsables politiques à l’image de Mansour Faye, attendu ce matin devant la Commission d’instruction de la Haute cour de justice dans le cadre du traitement du rapport de la Cour des comptes des fonds du Covid-19.
Certains de ses leaders ont décidé de participer au dialogue sous-couvert de leur mandat de maire, à l’image de Mamadou Mory Diaw et Abdoulaye Saydou Sow, édiles respectifs de Matam et Kaffrine. Et d’autres figures comme Harouna Dia, qui a eu un tête-à-tête avec Sonko lors de sa visite à Ouaga, Abdoulaye Daouda Diallo, en tant qu’ex-Président d’une institution, à savoir le Cese pourtant dissous par le régime.
Il faut se rendre compte aussi que les partis alliés à l’Apr dans la gestion du pouvoir pendant 12 ans comme le Ps, l’Afp, le Pit, vont participer au rendez-vous du 28 mai. Alors que le parti «Osez l’avenir», qui a réuni ses délégués régionaux et de la diaspora pour discuter de sa position sur le Dialogue national du 28 mai 2025, a, «après un débat approfondi», «décidé, à une très large majorité, de ne pas y participer». C’est une évidence non ? Présidente du Groupe parlementaire Takku Wallu, Aïssata Tall Sall est la muse des députés de l’opposition, une délégataire des pouvoirs de Macky Sall à l’Assemblée nationale.
VIDEO
BRIGITTE A-T-ELLE GIFLÉ EMMANUEL ?
Les images de l'arrivée du couple Macron à l'aéroport d'Hanoï divisent. Filmée par l'agence Associated Press, la séquence montre la Première dame française portant "vivement les deux mains au visage du président" avant leur descente d'avion
(SenePlus) - Une séquence filmée dimanche soir à l'aéroport d'Hanoï a déclenché une vague de commentaires sur les réseaux sociaux. Les images montrent le président français Emmanuel et Brigitte Macron au moment de leur arrivée au Vietnam pour une tournée asiatique, avec un geste de la Première dame qui a fait l'objet d'interprétations contradictoires.
La vidéo, tournée par l'agence américaine Associated Press, capture un moment particulier : « à l'ouverture de la porte de l'avion du président, la silhouette d'Emmanuel Macron apparaît, encore à l'intérieur de l'appareil. À ce moment-là, les deux bras de son épouse surgissent, sans qu'on puisse la voir en entier, et elle porte vivement les deux mains au visage du président dans ce qui peut ressembler à un petit coup », rapporte Le Parisien.
Les images montrent ensuite le chef de l'État qui « semble surpris, mais se tourne rapidement pour faire un salut vers l'extérieur ». Selon le journal, « le couple présidentiel s'engage sur l'escalier, Emmanuel Macron tend son bras à son épouse comme il en a l'habitude mais elle ne le saisit pas, et se tient à la main courante de la passerelle ».
Face à la circulation rapide des images « notamment sur plusieurs comptes habituellement hostiles à Emmanuel Macron », l'Élysée a d'abord adopté une stratégie défensive. Le Parisien révèle que « l'Élysée a d'abord démenti la véracité des images, avant qu'elles ne soient authentifiées ».
Confronté à l'évidence, l'entourage présidentiel a finalement livré sa version des faits. « Un proche du président a ensuite parlé d'une banale "chamaillerie" de couple », indique le quotidien. L'explication officielle s'est précisée lundi : « C'était un moment où le président et son épouse décompressaient une ultime fois avant le début du voyage en chahutant », a commenté l'entourage d'Emmanuel Macron auprès des journalistes suivant la tournée.
La communication présidentielle a tenté de minimiser l'incident en parlant d'un « moment de complicité ». Selon la même source citée par Le Parisien, « il n'en suffisait pas plus pour donner du grain à moudre aux complotistes », attribuant « les commentaires négatifs en premier lieu aux sphères prorusses ».
Cette polémique intervient au début d'une tournée diplomatique importante pour Emmanuel Macron. Le président français a entamé à Hanoï « une tournée d'environ une semaine en Asie du Sud-Est », précise Le Parisien. « Il se rendra aussi en Indonésie et à Singapour » dans le cadre de cette mission diplomatique.
L'AFRIQUE RÉCLAME SES DROITS HISTORIQUES
À Dakar, la Journée de l'Afrique a pris des allures de manifeste. Acteurs politiques, jeunes et organisations panafricaines ont réclamé samedi une justice qui "répare et élève", allant bien au-delà des simples compensations financières
À l'occasion de la Journée de l'Afrique qui commémore la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (UA), le 25 mai 1963, acteurs politiques, représentants de la jeunesse et organisations panafricaines se sont donné rendez-vous à Dakar avant-hier, samedi 25 mai 2025, pour réfléchir autour d'un thème : « Justice réparatrice pour les Africains : reconquérir la dignité et renforcer la redevabilité ». Les intervenants soutiennent mordicus qu'« il faut une justice qui répare et élève » et non uniquement une justice fondée sur la compensation financière.
Premier à prendre la parole, Désiré Assogbavi, conseiller Afrique à la Fondation Open Society, a dressé un tableau des blessures historiques infligées à l'Afrique : esclavage, colonisation, apartheid. « La justice réparatrice ne se limite pas à des compensations financières. Elle suppose la restitution des biens culturels, la reconnaissance des torts et l'établissement d'une gouvernance mondiale plus équitable », a-t-il souligné. M. Assogbavi a aussi alerté sur les défis actuels : mauvaise gouvernance, régression démocratique, flux financiers illicites et crises migratoires, autant d'obstacles qui entravent les ambitions de l'agenda 2063 de l'Union africaine.
Un autre intervenant s'est interrogé sur la situation incompréhensible de l'Afrique, dénonçant un système international injuste. Pour cause, malgré ses immenses ressources naturelles (or, cobalt, cacao, etc.), le continent reste confronté à la pauvreté, à la corruption et à des flux financiers illicites estimés à 89 milliards de dollars annuels. « Comment expliquer que 34 pays africains figurent parmi les moins avancés au monde ? », s'est-il demandé. Les crises politiques et les coups d'État récents (7 chefs d'État renversés entre 2020 et 2023) ont également été évoqués comme des symptômes de fragilité institutionnelle.
Dans une intervention, Mohamed Kamara, représentant du Conseil national de la jeunesse du Sénégal, a appelé à une justice réparatrice fondée sur la vérité historique et le dialogue politique inclusif. « Les jeunes ne doivent plus être des figurants. Nous devons être des acteurs dans la restitution de nos mémoires, la justice sociale et les politiques publiques », a-t-il martelé. Il a dénoncé les textes discriminatoires qui limitent l'accès des jeunes aux instances politiques, en particulier ceux qui empêchent les moins de 25 ans de siéger dans certaines institutions.
Une justice qui répare et élève
Pour Yassine Niasse, de l'organisation ONE – Open Society Foundations, la justice réparatrice doit être « frontale, décomplexée et intransigeante ». Elle ne peut se limiter à des excuses symboliques. Il faut restituer les richesses spoliées, réformer les règles commerciales internationales inéquitables et offrir aux Africains un vrai contrôle sur leurs ressources. « Récupérer la dignité passe aussi par la reconstruction identitaire et culturelle. Nous devons enseigner nos langues, nos sciences, et transmettre une fierté africaine consciente », a-t-elle plaidé. Cette journée, est devenue un espace de dialogue intergénérationnel, de mémoire historique et de construction d'un avenir plus équitable.
L'appel à l'action du ministre Ousseynou Ly
Dans un discours d'espoir, Ousseynou Ly, ministre-conseiller à la présidence de la République, a insisté sur l'importance de regarder en face notre propre responsabilité. « Nous ne pouvons pas exiger des réparations au monde tout en perpétuant nous-mêmes des injustices dans nos sociétés. Il faut d'abord s'assainir, se réconcilier avec notre propre histoire, avant de parler d'équité mondiale », a-t-il déclaré. Il a également rappelé l'importance de la commémoration du massacre de Thiaroye, en soulignant que « la vérité est la première étape vers la réparation ». Le ministre a encouragé la jeunesse et la société civile à transformer cette journée de commémoration en un moteur de mobilisation pour des actions concrètes. Il a réaffirmé l'engagement du Sénégal à porter haut les revendications de justice et de dignité pour tous les peuples africains.
Selon les participants, la Journée de l'Afrique 2025 s'est imposée comme un moment d'introspection collective et de projection stratégique. À travers les discours prononcés, un appel fort a été lancé : faire de la justice réparatrice un levier de transformation sociale, politique et économique pour un continent longtemps meurtri mais résolument tourné vers l'avenir. L'Afrique ne veut plus seulement se souvenir. Elle veut désormais agir, réparer et se relever avec dignité.
DIOR FALL SOW FULMINE CONTRE LES CAUTIONS
"Il n'y a pas de médiation. Il n'y a que rendre compte" : l'ancienne avocate générale, exige des condamnations fermes pour tous ceux qui ont détourné l'argent public. Elle fustige notamment le système de cautionnement milliardaire
De passage à l'émission Objection du dimanche 25 mai, Mme Dior Fall Sow a exprimé son opposition farouche contre la méthode de cautionnement que certaines personnalités impliquées dans le cadre de la reddition des comptes ont utilisé pour échapper à la prison. L'ancienne avocate générale principale auprès du Procureur du Tribunal International pour le Rwanda, « choquée » par ce procédé, appelle à condamner tous ceux qui ont détourné de l'argent public. Elle s'est également portée en faux contre le débat de plus en plus agité sur la Haute Cour de Justice, concernant son problème de double degré de juridiction.
Mme Dior Fall Sow a trouvé anormal de voir ce qui s'est passé, avec les fortunes qu'il y a eues au Sénégal et qui mettent en lumière des milliards amassés par des fonctionnaires. « Je pense que pour ce problème-là, il faut que ceux qui ont détourné l'argent rendent compte. Il n'y a pas de médiation. Il n'y a que rendre compte », fulmine-t-elle.
L'autre problème qui « me choque » dit-elle, ce sont les cautions. L'ancienne avocate dit ne pas comprendre que des gens puissent « amasser autant d'argents et venir ici déposer des sommes de 814 milliards comme cautionnement ? ».
L'ancienne parquetière est d'avis que, « quand les faits sont prouvés, que les comptes sont là, ils sont bien faits. Ils ont les faits qui sont concordants, mais il faut que les gens soient condamnés pour des faits comme ça. Parce que cet argent-là, ce n'est pas pour eux, c'est pour le pays. »
Par ailleurs, Mme Sow a rappelé à l'ordre ceux qui agitent le problème du double degré de juridiction de la Haute Cour de Justice. Un débat inopportun car, selon elle, depuis sa création en 2001, la Haute Cour de Justice a fonctionné à peu près deux fois, prenant les cas du président Mamadou Dia et de l'ancien Premier Ministre Idrissa Seck.
« Pourquoi on veut venir aujourd'hui pour dire qu'il y a un problème de double degré de juridiction. Il n'y en a pas parce qu'il y a des juridictions qui fonctionnent sans double degré de juridiction », a relevé l'ancienne avocate qui en veut pour preuve le Conseil constitutionnel, la Cour Suprême et même le cas de la Cour d'Appel qui, selon elle « quand elle condamne les avocats, il n'y a pas de double degré de juridiction ».
Par contre, déclare-t-elle, « Moi mon problème, c'est qu'il faut que les gens qui sont condamnés le soient parce que les faits sont constants. Ils sont prouvés, il n'y a aucune discussion, aucune contestation ».
RÉFORME DES HYDROCARBURES AU PARLEMENT
Un projet de loi "transformationnel" s'apprête à être examiné par les députés pour instaurer une gouvernance plus transparente et équitable des ressources en hydrocarbures du pays
Le gouvernement sénégalais s'apprête à soumettre à l'examen de l'Assemblée nationale un projet de loi ambitieux visant à opérer une transformation structurelle du secteur des hydrocarbures. C'est ce qu'a déclaré, à Saly, le ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, à l'ouverture d'un atelier consacré à la transparence dans la gouvernance des ressources extractives, à l'intention des parlementaires.
Dans son mot introductif, il a précisé que l'exécutif proposera des réformes législatives et réglementaires d'envergure, susceptibles d'instaurer une gouvernance plus rigoureuse et inclusive. Soulignant la nécessité d'une redevabilité permanente, le ministre a affirmé que chaque phase décisive du processus fera l'objet d'une information systématique de l'Assemblée nationale.
M. Diop a également mis en garde contre les dérives liées à la désinformation, en rappelant que la diffusion de données sensibles ou d'analyses erronées peut porter atteinte à la crédibilité du pays. Dans cette perspective, il a exhorté les députés à s'ériger en vecteurs fiables d'information auprès des citoyens.
Prenant la parole à son tour, le président de la Commission de l'énergie et des ressources minérales de l'Assemblée nationale, M. Babacar Ndiaye, a insisté sur la nécessité d'un contrôle strict du respect du cadre légal, en réaffirmant la mission de l'institution parlementaire dans la supervision de la gouvernance et de la transparence dans la gestion et la répartition des revenus issus des ressources naturelles. Il s'est enfin réjoui de l'adoption récente de la loi relative au partage des recettes pétrolières et gazières, perçue comme une avancée significative vers une meilleure équité dans la redistribution nationale.
LE DANGER DES BASES "LIBÉRÉES"
Fin juillet 2025, le Sénégal n'aura plus aucune base militaire étrangère sur son sol. Mais derrière l'euphorie de la "souveraineté retrouvée", des experts sécuritaires lancent un cri d'alarme : il faut inspecter les sites libérés avant toute réoccupation
Enclenché dès l'avènement du nouveau régime, le retrait des troupes militaires étrangères du Sénégal, devenu irréversible, amorce son dernier tournant. Mieux, le processus prendra fin d'ici fin juillet 2025, date à laquelle le Sénégal n'aura plus, sur son sol, aucune base militaire étrangère... Seulement, face à l'euphorie à cette idée de « souveraineté » retrouvée, de plus en plus de spécialistes de questions sécuritaires alertent sur les risques et dangers consistant à réoccuper les anciens sites et locaux libérés par les puissances étrangères, sans au préalable bien inspecter de fond en comble d'éventuels ou probables éléments de signalement ou de partage de données ou d'informations susceptibles de compromettre la sécurité nationale.
À partir de fin juillet 2025, le Sénégal ne devrait plus avoir sur son sol aucune base militaire étrangère. Alors que les nouvelles autorités ne cachent pas leur « fierté » face à cette « souveraineté » retrouvée, nombreux sont des spécialistes de questions sécuritaires qui attirent l'attention sur la « grosse erreur » qui consisterait à réoccuper les anciennes emprises libérées par les puissances étrangères, sans se donner le temps nécessaire de bien inspecter de fond en comble d'éventuels ou probables éléments de signalement ou de partage de données ou d'informations susceptibles de compromettre la sécurité nationale.
Selon eux, aujourd'hui, avec le départ de toutes les Forces armées étrangères, « il urge d'inspecter toutes les occupations, tous les sites et locaux, avant de s'y installer », alertent-ils, prenant pour prétexte la reprise de Protêt c'est-à-dire le retrait de l'Armée française des locaux jadis occupés au port autonome de Dakar. Non sans rappeler les cas suscitant encore des interrogations des sites déjà rétrocédés au Sénégal notamment, entre autres, le Camp de Bel-Air et autres libérés sous le régime de l'ancien président, Me Abdoulaye Wade, et les locaux de l'ancienne Ambassade des États-Unis d'Amérique (USA) au centre-ville de Dakar réaffectés au ministère de la Justice et qui abritent aujourd'hui l'une des plus hautes juridictions du Sénégal : le Conseil constitutionnel chargé de veiller sur la régularité et la constitutionnalité des lois et règlements et de garantir la sincérité des processus électoraux et de valider les résultats de toutes les élections, y compris l'installation du Chef de l'État élu dans ses fonctions.
Toujours pour étayer leur conviction sur la nécessité de prendre des précautions avant toute réoccupation des anciens domaines militaires des puissances étrangères, relativement aux questions de sécurité, ils remettent au goût du jour l'histoire du siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Éthiopie, espionné par une puissance étrangère.
En effet, dans l'une de ces publications, le 26 janvier 2018, soit la veille du 30e Sommet de l'organisation panafricaine prévu les dimanche 28 et lundi 29 janvier, le Monde Afrique avait révélé qu'il y a un an (en 2017), les informaticiens de la « Tour de verre moderne », entièrement construite, équipée et offerte en 2012 par la Chine à l'Afrique, ont découvert que l'intégralité du contenu de ses serveurs était transférée hors du continent, par cette même puissance étrangère. Selon le journal français, corroboré plus tard par des experts algériens et éthiopiens, le siège de l'UA à Addis-Abeba, en Éthiopie, a fait l'objet d'un « espionnage massif entre 2012 et 2017 ».
Donc, pendant cinq (5) ans non interrompus, des « partenaires » du continent se sont adonnés à cet exercice qui n'a été découvert qu'en janvier 2017.
par Vieux Savané
REDONNONS DE LA GRAVITÉ À NOS DÉBATS
À propos de l'homosexualité, que cherche-t-on à obtenir en réactivant une indignation qui, juridiquement, ne repose sur aucune vacance législative au moment où d'autres urgences, réelles celles-là, pressent de toute part ?
Vendredi dernier, un rassemblement présenté comme une « urgence nationale » appelait solennellement à la criminalisation de l'homosexualité. Il se trouve pourtant que l'article 319 du Code pénal sénégalais encadre déjà cette question en sanctionnant d'un à cinq ans d'emprisonnement tout « acte contre-nature avec un individu de son sexe ». Dès lors, que cherche-t-on à obtenir en réactivant une indignation qui, juridiquement, ne repose sur aucune vacance législative au moment où d'autres urgences, réelles celles-là, pressent de toute part ?
À l'heure où 75 % de la population a moins de 35 ans, le fait qu'une génération entière oscille entre résignation et exil devrait plutôt interroger. Ne serait-ce que parce que les jeunes sont de plus en plus nombreux à considérer que leur avenir ne se construira pas ici, dans un pays qui à leurs yeux peine à leur offrir des perspectives, de la sécurité et de la dignité. Leurs inquiétudes nous reviennent d'ailleurs dans des drames marins qui loin d'être des accidents isolés sont plutôt des symptômes d'une impasse nationale.
Ainsi, en septembre 2024, une pirogue a chaviré au large de Mbour, emportant au moins 29 vies, dont celles de femmes et d'un enfant. Quelques semaines plus tard, une embarcation dérivait au large de Dakar, transportant 30 corps en décomposition avancée. D'un autre côté, les zones rurales sont en déshérence pour la plupart, privées d'eau potable, d'électricité, de centres de santé, de routes, vivant au rythme des saisons. Sans compter que des familles entières sont broyées par la précarité, que les enfants-talibés continuent d'errer dans les rues, dans l'indifférence, exposés à la violence, à l'exploitation et à la perversité des adultes.
Il s'y ajoute que l'on constate par ailleurs l'inquiétant développement d'une violence inouïe à l'endroit des femmes à l'image de ces quelques exemples terrifiants. Rien qu'en ce mois de mai, un homme a été déféré au parquet, accusé d'avoir tué sa femme dans son sommeil, essayant de faire croire à une mort naturelle en se couchant ensuite à côté du cadavre. Une autre femme, mère de 4 enfants, a été abattue en plein jour par son époux suite à une dispute conjugale.
Alors oui, il y a urgence. Urgence de se pencher sur la violence faite aux femmes. Urgence pour l'emploi, l'éducation, la santé publique, la justice sociale, la sécurité alimentaire, la bonne gouvernance. Urgence pour une institution judiciaire forte et indépendante. Ces urgences ne sont ni abstraites ni lointaines : elles structurent la vie quotidienne de millions de Sénégalais. C'est à ces priorités-là que l'État doit répondre. C'est sur ces chantiers-là que doivent porter les débats nationaux.
La grandeur d'un pays se mesure en effet à sa capacité à affronter ses défis de front, non à se perdre dans des polémiques qui détournent l'attention du cœur du problème. Il ne s'agit pas ici de nier les convictions morales ou religieuses de quiconque, mais de rappeler que l'avenir d'un pays se construit dans la rigueur des politiques publiques, la solidarité nationale, la mise en place d'institutions fortes et dans l'investissement dans les générations futures.
Le Sénégal n'a plus le luxe de l'insouciance. Bien au contraire, il est temps de redonner de la gravité à nos débats et de l'espérance à notre jeunesse.
PAR Jean Pierre Corréa
MULTIPLE PHOTOS
PIERRE GOUDIABY ATÉPA, 50 ANS D’ARCHITECTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pierre me subjugua dès l'enfance. Son élégance, sa BMW noire, sa coiffure à la "Zoulou" lui donnaient l'allure d'un conquérant. Hommage à ce bâtisseur qui a façonné ma vie autant que ses édifices
Parce que « merci » est le plus beau mot de la langue francaise
Avant de vous délivrer mon propos, qui va tenter de raconter « MON » Pierre, je lève les yeux vers le ciel, et implore les prières de mon père Daniel, de mes oncles Emile Badiane et Charles Bernard, trois hommes immenses, qui ont compté pour Pierre et dont les rapports étroits que ces hommes entretenaient avec élégance et distinction, m’ont permis tout petit garçon, de croiser et de rencontrer mon cousin Pierre.
Merci à eux.
Mesdames, Messieurs, Honorables et distingués invités qui êtes tous venus rendre hommage au bâtisseur Pierre Goudiaby Atepa, qui célèbre avec vous les 50 ans de son cabinet d’Architecture, je vous dis bonsoir et bienvenue…
Je suis venu dire « Merci » à ce bâtisseur, qui est aussi mon cousin, parfois mon « oncle », souvent mon ami et toujours mon indéfectible soutien moral, quand il se pique de me protéger contre moi-même, de mes turbulentes embardées citadines, qui lui font dire, entre colère et regrets, que je suis un des meilleurs journalistes de notre pays, mais qu’il n’y avait que moi qui…ne le savait pas.
Alors, moi, Jean Pierre Corréa, je viens en ce jour de gratitudes, dire mon amour à Pierre, cet amour fraternel qui me lie à cet être exigeant, à en devenir de temps en temps intolérant à certaines de mes insouciances, ce qui n’est que sa façon à lui d’avoir pour moi…de la considération.
Tout petit déjà, Pierre me subjugua. Son élégance, son allant, sa BMW noire, sa coiffure à la « Zoulou », la casquette n’existait pas alors, son goût pour le théâtre, lui donnaient, à mes yeux d’adolescent émerveillé, l’allure d’un conquérant de tous les « ailleurs possibles » et des rêves à vivre.
Pierre, je dis « MERCI » d’avoir tellement exigé de moi, parce que devant être digne depuis 20 années, d’être la voix et la plume de nombreux de tes projets à travers le continent, ce qui m’a souvent terrifié, découvrant ces projets d’une telle beauté en 3D, parce que m’obligeant à poser mes mots et ma voix à ce haut niveau d’excellence et de créativité.
Merci de m’avoir ému si souvent, en me choisissant comme maître de cérémonie des mariages de tes filles, ce qui m’a souvent permis de deviner tes larmes coulant à chacune des ouvertures de bal nuptial, où tu les abandonnais, tout de même vigilant, aux bras de leurs époux.
Je vais à ce propos, te raconter une histoire qui m’est arrivée à une de ces occasions, où ton désir de perfection t’avait conduit à m’habiller. Tu rentrais de Chine. Me préparant à aller honorer et mon contrat et ta fille, je commençais alors à me vêtir de ce costume soyeux et confortable, je sentis un poids dans la poche du pantalon que j’enfilais, et quelle fut ma surprise, de découvrir ébahi, au fond de celle-ci, une plus que dodue liasse de yens. Tu imagines bien que j’ai tout de suite foncé changer ce cadeau du ciel, me téléportant Rue Sandiniéry, empocher le pourboire du vendeur chinois… Entre parenthèses et tout en sourires ….Je n’ai rien trouvé dans celui-là…Tu fus d’ailleurs en l’occurrence, étonné que je ne t’ai point talonné jusqu’à la fin de cette si belle fête…. Tu m’étonnes ! L’amuse-gueule était déjà si savoureux…
Encore et enfin, un grand MERCI de me donner ces joies d’écrire et de poser ma voix sur tous les films qui racontent tes rêves, tes projets et tes « délires », qui taquinent l’impossible.
Merci pour ta fidélité, ta ténacité et même parfois, merci pour tes « Niangals », qui rendent étroits et hasardeux tous les escaliers et couloirs de ton cabinet, ces Niangals dont tu me gratifies parfois, pour exiger « plus de mieux » de mon professionnalisme.
Pour conclure, ici, sous cette statue du Monument de la Renaissance, je vais rejoindre et sublimer ton appel à la jeunesse du Sénégal, à travers cette statue, qu’avec ton goût et ton appétit d’ailleurs, tu symbolisais à travers le petit garçon tout là-haut, qui pointe de son doigt l’horizon. Si tu avais la latitude d’en modifier la sculpture, tu lui aurais forgé le doigt pointé vers le bas, parce qu’enjoignant à notre jeunesse de rester et de rêver ici, parce que c’est ici que ça se passe.
Pierre, tu es une personne précieuse pour le Sénégal. Merci pour la collaboration à laquelle tu m’invites toujours et qui me permet de profiter de la folle et merveilleuse aventure de création d’un bâtisseur hors-normes. Merci Pierre.
En guise de post-scriptum : "J'ai la prétention de ne pas être aimé par tout le monde, parce que cela signifierait qu'on est aimé par n'importa qui"- Sacha Guitry.
Je te fais la promesse de m’évertuer à te mériter.
MAHOMET, AU-DELÀ DU PROPHÈTE
Comment un prédicateur rejeté par les siens est-il devenu le fondateur d'un empire théocratique ? L'itinéraire de Mahomet, étudié par l'historien Nabil Mouline, révèle les origines historiques de la fusion entre religion et politique en islam
(SenePlus) - Le prophète de l'islam a-t-il inventé la fusion du religieux et du politique ? Cette question, au cœur des débats contemporains sur l'islam politique, trouve ses racines dans la figure même de Mahomet, personnage aux multiples facettes qui transcende les catégories traditionnelles. Selon l'analyse de Nabil Mouline, chargé de recherche au CNRS, publiée dans Le Monde, le fondateur de l'islam apparaît comme « un personnage hybride, qui prétendait être à la fois dépositaire de l'autorité spirituelle et détenteur du pouvoir temporel ».
Né vers 570 à La Mecque selon la tradition, Mahomet incarne une synthèse inédite entre la fonction prophétique et le leadership politique. « Il est tour à tour dépeint comme un prédicateur, un sage, un ascète, un thaumaturge (faiseur de miracles), un législateur, un diplomate, et bien sûr un guerrier », souligne le chercheur. Cette multiplicité de rôles pose d'emblée un problème de classification, car Mahomet « peut théoriquement appartenir au moins à deux types de fonction : les prophètes et les monarques ».
L'originalité de la démarche de Mahomet s'enracine dans une conception théocratique du pouvoir clairement exprimée dans le Coran. Le texte sacré « présente le Dieu unique sous des traits monarchiques », explique Nabil Mouline. « En tant que Créateur, Allah est le seul roi légitime (al-malik al-haqq), le seul qui peut prétendre à la sacralité (al-malik al-quddus) et à la souveraineté absolue (malik al-mulk) ».
Cette vision théocratique s'accompagne d'une hiérarchie divine précise : « Assis sur son trône ('arsh, kursi), entouré d'anges obéissants et infatigables, il règne sur l'ensemble de l'univers ». Le Coran affirme ainsi que « le pouvoir et l'autorité sont des attributs exclusivement divins », correspondant à « la définition première du terme théocratie, le gouvernement de Dieu ».
Contrairement aux idées reçues, « le texte coranique ne donne pas une image négative de la royauté », précise le chercheur. Au contraire, « il semble que la monarchie soit le régime le plus naturel pour gérer les affaires d'une société selon le Coran ». Cette acceptation de la monarchie s'explique par son origine divine : « C'est Allah lui-même qui fait et défait les monarques en tant que souverain légitime de l'univers ».
L'exode de Médine : tournant vers le pouvoir politique
La transformation de Mahomet d'annonciateur religieux en leader politique s'opère lors de l'hégire, son exode vers Médine en 622. Durant la période mecquoise, « tout laisse penser qu'il n'avait alors pas d'ambition politique à proprement parler », note Nabil Mouline. Le futur prophète « se considère durant la plus grande partie de l'époque dite mecquoise comme un simple annonciateur (bashir) et avertisseur (nadhir) ».
Cependant, face au rejet de son message par la majorité de ses contemporains, Mahomet « est de plus en plus persuadé que le rétablissement de l'unicité divine doit impérativement s'appuyer sur un ordre politique ». L'installation à Médine marque « un véritable tournant dans la carrière de Mahomet. D'annonciateur et avertisseur, il se transforme petit à petit en véritable chef politique ».
« Dès son arrivée à Yathrib, Mahomet s'efforce de conforter sa place de leader », explique le chercheur. À l'instar de Moïse, « il aspire à devenir un grand législateur ». Pour organiser sa nouvelle communauté, il « met en place ou donne une nouvelle interprétation à plusieurs rituels » et « codifie un certain nombre de pratiques sociales ». Cette activité législatrice vise à « fixer l'orthopraxie, c'est-à-dire l'ensemble des comportements socioreligieux à même de garantir l'ordre, et surtout le salut ».
L'époque médinoise se caractérise par une dimension militaire assumée. « Pour des raisons religieuses, politiques, économiques et même personnelles, le combat dans le sentier de Dieu (al-jihad fi sabil Allah) est l'un des principaux éléments du projet du fondateur de l'islam », analyse Nabil Mouline. Mahomet « considère sa communauté comme le nouvel Israël auquel Dieu a promis une domination universelle et le salut éternel grâce à une nouvelle Alliance ».
L'héritage institutionnel : du califat à l'islam politique contemporain
Cette réorientation s'accompagne d'une rupture doctrinale majeure entre 624 et 630. Face au « refus des "gens du Livre" (c'est-à-dire les juifs et les chrétiens) de le reconnaître », Mahomet procède à une « arabisation » de sa religion. Il « proclame ainsi qu'il est le seul dépositaire de la religion d'Abraham (millat Ibrahim) » et que « sa communauté est le nouveau Peuple élu (khayr umma, umma wasat) chargé de sauver l'univers ».
Le changement de direction de la prière, désormais orientée vers la Kaaba plutôt que vers Jérusalem, symbolise cette « volonté de distinction ». La Kaaba devient « la demeure de Dieu sur terre érigée par Abraham et Ismaël », marquant l'autonomisation définitive de l'islam par rapport aux autres monothéismes.
« Grâce à son autorité charismatique, Mahomet a pu fonder un nouvel ordre social et poser les jalons d'une religion, d'un empire et d'une civilisation », conclut Nabil Mouline. Le prophète « a progressivement réussi à monopoliser l'autorité religieuse et le pouvoir politique, en se présentant comme le porte-parole et l'instrument d'Allah ».
Conscient de sa place dans l'histoire du salut, Mahomet « s'autoproclame Sceau des prophètes (khatam al-nabiyyin), c'est-à-dire l'ultime prophète, dont il incarne l'achèvement parfait ». Cette dimension eschatologique pose cependant un problème de succession : « Mahomet ne pouvant transmettre sa charge – d'autant que le Coran indique qu'il "n'est le père d'aucun de vos hommes" –, il ne désigne pas de successeur ».
La solution institutionnelle émergera après sa mort en 632 : « Et puisque le cycle prophétique est clos, la monarchie s'impose. C'est ainsi que le califat voit le jour ». Cette institution « consacre définitivement la réunion du politique et du religieux en islam inaugurée par Mahomet », établissant un modèle qui traverse les siècles jusqu'aux débats contemporains sur l'islam politique.
par Elhadji Mamadou Mbaye
NOUS NE VOULONS PAS D’UN DIALOGUE NATIONAL AU SERVICE DES ACTEURS POLITIQUES PROFESSIONNELS
EXCLUSIF SENEPLUS - Si l'objectif est de repenser le système politique sénégalais, il faut éviter d'en faire une nouvelle tribune pour des politiciens de métier déconnectés des réalités citoyennes
Pour le 28 mai 2025, le président de la République a appelé à un dialogue national entre l’ensemble des forces vives de la nation pour repenser notre système politique sénégalais.
Effectivement, le système politique sénégalais mérite d’être analysé, évalué, revu, contextualisé, endogénéisé, souverainisé... Cependant, nous devons éviter d’en faire un dialogue national de plus, au service des acteurs politiques professionnels.
Le débat actuel sur le dialogue est asphyxié par la participation ou non de tel ou tel autre homme politique, de tel ou tel autre parti politique. Le Sénégal compte près de 350 partis politiques, 348 exactement en 2024 pour 18 millions de Sénégalais. Inviter l’ensemble de ces partis (sur un nombre attendu d’environs 250 participants), c’est déjà politisé, voire électoralisé le débat et le centré sur les intérêts des politiciens qui ne représentent qu’une part infime du système politique sénégalais et des Sénégalais en général. Les acteurs politiques professionnels sont les hommes politiques qui ont fait de la politique leur métier. Au Sénégal, ils sont présents dans tous les partis politiques y compris dans les partis au pouvoir.
Les acteurs politiques professionnels sont souvent définis comme des pervers qui ont les cinq caractéristiques suivants : la première caractéristique est qu’ils sont machiavéliques, c’est-à-dire qu’ils sont prêts à utiliser toutes les ruses possibles pour atteindre leur objectif originel qui est celui d’être élu et de garder pouvoir par tous les moyens y compris par des moyens illégaux et illégitimes dépourvus de morale. Ils n’ont aucune loyauté même envers la parole donnée (goor sa wakh dja) et sont adeptes du wakh wakhet, une valeur centrale dans le champ politique sénégalais contemporain.
La seconde caractéristique, c’est qu’ils sont narcissiques : ils sont dans une rationalité instrumentale, ne pensant qu’à leurs propres intérêts ; les autres, y compris les électeurs et les citoyens ne sont que des objets à instrumentaliser au service de leurs propres intérêts. Ils développement le culte de la personnalité marqué par l’adulation excessive de leur personnalité par les membres de leurs partis et leurs sympathisants.
La troisième caractéristique de ces acteurs politiques est qu’ils sont également psychopathiques : ils manquent fondamentalement d’empathie envers les autres. Ils ont du mal à comprendre la souffrance des autres, pensant souvent que ces autres sont responsables de leurs propres souffrances, qu’ils ne veulent pas travailler, qu’ils sont fainéants et pour cela, ils disposent d’une mission presque divine de les « sauver » de leurs propres situations. Ils seraient les messies sans qui les Sénégalais tomberaient dans des abymes à la hauteur de leur espérance pour la politique.
La quatrième caractéristique des acteurs politiques professionnels, le sadisme, qui consiste en une jubilation à infliger de la souffrance aux autres particulièrement à leurs adversaires politiques soumis aux mêmes logiques. Ils sont prêts à les voir en prison, parfois morts… car la présence de ces derniers dans le même champ politique constitue selon eux leur destruction, ils ne sont pas ouverts à la co-construction du pays. Soit c’est eux ou les autres qui doivent disparaitre, mais ils ne peuvent ensemble, partager le débat politique.
Une cinquième et dernière caractéristique qui est propre aux acteurs politiques professionnels africains et sénégalais en particulier est qu’ils sont égocentriques ; ils pensent savoir plus que les principaux concernés, c’est-à- dire les citoyens, ce qui est bon pour eux. Ils produisent des visions du monde pour les populations sans les populations. Ils manquent d’altruisme, d’écoute, d’humilité. La colonisation incarnait cette contre-valeur, car l’Africain ne savait pas ce qui était bon pour lui. Nos hommes politiques en ont hérité et pensent que pour décider, il n’y a pas besoin de consulter les populations sur les problèmes qui les concernent.
Ainsi, le dialogue national prévu le 28 mai ne doit pas être un dialogue au service de la promotion de ces acteurs politiques professionnels. Il ne doit pas être un dialogue centré sur la démocratie électorale et l’organisation des élections pour les élire et leur donner encore plus de pouvoir.
Au contraire, ce dialogue doit redonner le pouvoir aux citoyens. Il doit se centrer sur la démocratie participative. Il doit se décentrer de la démocratie par les urnes. Il doit avoir pour objectif la démocratie substantive ou substantielle qui permet aux citoyens de pleinement participer à la vie politique et sociale à la fabrique, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques qui visent directement les problèmes auxquels ils sont confrontés. Il doit porter sur la démocratie au quotidien.
Le nouveau référentiel centré sur la souveraineté nationale nous l’exige. Ce référentiel pour un Sénégal juste, prospère et souverain doit être porté par les populations, par l’ensemble des forces vives de la nation. Si l’on veut un financement endogène des politiques publiques, si l’on veut que les Sénégalais soutiennent et participent à l’action publique, il faut leur redonner le pouvoir et les associer à l’action gouvernementale. Cela passe d’abord par une écoute active de leurs avis, de leurs craintes, de leurs préoccupations, de leurs propositions pour un système politique sénégalais renouvelé, plus proche d’eux et moins porté par des acteurs politiques professionnels pervers. En somme, le dialogue sur le système politique sénégalais doit d’abord être un débat citoyen par et pour les citoyens.
Elhadji Mamadou Mbaye est Enseignant-Chercheur en science politique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis.