SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
5 mai 2025
AMADOU BA FACE AU CHANTIER DE SA VIE
Ses proches sont contents à l’annonce du choix de Macky Sall de lui confier les clés de l’avenir de la coalition BBY. Mais le Premier ministre sait qu’il devra mouiller le maillot s’il veut assurer la continuité du pouvoir
Ses proches sont contents à l’annonce du choix de Macky de lui confier les clés de l’avenir de la Coalition BBY. Mais Amadou Ba sait qu’il devra mouiller le maillot s’il veut assurer la continuité du pouvoir. En effet, il devra affronter Khalifa Sall et Karim Wade que son mentor a évités durant deux mandats. Il va certainement le faire avec des troupes en ordre dispersé. Tout cela, avec un bilan de Macky Sall à assumer totalement. Amadou Ba est devant le chantier de sa vie.
«Fonctionnaire milliar-daire», «le Bazoum du Sénégal» ou «l’incarnation de la France-Afrique» ! Ces slogans lancés par des internautes avec un trop-plein de débit, ne vont pas gêner outre mesure le candidat de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby). Amadou Ba, pièce maîtresse et comptable du régime de Macky Sall, ne va certainement pas se garder de rappeler à ses concurrents la moyenne de croissance économique réalisée depuis 10 ans dont il est le grand artisan. Seulement, le bilan de Macky Sall n’est pas totalement rose. Comment assumer l’entièreté du legs tout en évitant le débit immatériel des 12 ans du régime ? Ce sera le plus grand défi de Amadou Ba.
En effet, le passage de Macky Sall à la tête de l’Etat a permis de redessiner le visage du Sénégal. Ses réalisations physiques innombrables contrastent avec les nombreux ratés dans la gouvernance. Auxquels s’ajoutent les démêlés judiciaires des adversaires politiques. Même si tout Sénégalais doit répondre de ses actes devant la Justice, le fait que des opposants présentés comme de probables candidats à la succession de Macky soient écartés de joutes électorales, a contribué à placer aux yeux de l’opinion, le régime dans le lot des gouvernements qui utilisent la Justice pour conserver le pouvoir. Et dans cette logique, Macky Sall, qui a pu éviter d’affronter Khalifa Sall ou Karim Wade, n’a pas fait un cadeau à son candidat en réhabilitant ces derniers. Quand il occupait les postes de ministre des Finances et des Affaires étrangères, Amadou Ba semblait éloigné des querelles politiciennes. Mais étant le Premier ministre du gouvernement de «combat» qui a emprisonné Ousmane Sonko, il est désormais lié à cette affaire.
Quelles sont les chances de Amadou Ba face à Khalifa Sall et Karim Wade dans un contexte de tension sur le plan économique et de forte contestation politique ? En tout état de cause, devant cette bataille qui s’annonce épique, l’ancien argentier du pays devra, à défaut d’élargir sa coalition, la conserver intacte pour préserver ses chances. Ce qui s’annnonce comme un autre souci. En effet, Aly Ngouille Ndiaye ne semble pas être dans les dispositions de se ranger derrière le choix de Macky. Sa démission du gouvernement de Amadou Ba en dit long sur ses intentions. Abdoulaye Daouda Diallo, moins incisif que l’ancien ministre de l’Agriculture, fait encore dans le clair-obscur. Il n’a toujours pas montré un signe d’approbation. Une rencontre serait prévue aujourd’hui avec Macky Sall pour le convaincre de rentrer dans les rangs.
Outre ces équations, Amadou Ba, qui est le seul membre de la coalition à avoir gagné à Dakar, devra réitérer cette performance au niveau national pour conserver le pouvoir. En effet, depuis 2019, Bby ne cesse de perdre du terrain. Aux dernières élections locales, le pouvoir avait expliqué la perte de certaines grandes villes comme la conséquence des divisions de ses membres. Après l’union sacrée décrétée derrière Mimi Touré pour les Législatives, l’opposition a failli réussir une cohabitation. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, l’opposition n’a obtenu un si grand nombre de sièges.
Cette dynamique qui s’est enclenchée depuis les Locales va-t-elle s’estomper avec Amadou Ba ? En tout cas, il a intérêt s’il veut assurer la continuité du pouvoir.
Toutefois, parmi ses chances de victoire, outre l’emprisonnement et la mise à l’écart de l’opposant le plus incisif, Ousmane Sonko, il y a surtout la césure advenue dans les rangs de ladite opposition, qui va devoir affronter Amadou Ba en rangs dispersés, avec des gens revendiquant la ligne de Ousmane Sonko, contre des militants de Taxawu, dirigés par Khalifa Sall, et ce qui reste des Libéraux qui croient encore en l’étoile de Karim Wade. Face à cela, si Amadou Ba ne gagne pas au premier tour d’une élection, il serait le dernier des tocards de ne pas se placer à un éventuel second tour !
MACKY SALL PROPOSE LE POSTE DE PREMIER MINISTRE À ABDOULAYE DAOUDA DIALLO
Abdoulaye Daouda Diallo semble maintenir sa position de se présenter à l'élection présidentielle de 2024 et pourrait bientôt démissionner de la présidence du CESE
Selon des sources de "L'As", le président sénégalais Macky Sall a tenté de réparer les dissensions au sein de son parti en offrant le poste de Premier ministre à Abdoulaye Daouda Diallo, président du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE). Les deux hommes ont eu un déjeuner au Palais présidentiel le lundi 11 septembre 2023, où Macky Sall a tenté de convaincre Diallo de renoncer à sa candidature à la présientielle.
Malgré les arguments avancés par le président, Abdoulaye Daouda Diallo aurait décliné poliment l'offre, prétextant qu'il devait consulter ses proches. Depuis samedi, Diallo multiplie les rencontres avec des personnalités politiques, dont Aly Ngouille Ndiaye, Harouna Dia et Boun Abdallah Dionne, ce dernier exprimant également sa déception. Abdoulaye Daouda Diallo semble maintenir sa position de se présenter à l'élection présidentielle de 2024 et pourrait bientôt démissionner de la présidence du CESE.
Cette proposition de Macky Sall intervient après les tensions suscitées par la désignation d'Amadou Ba comme candidat du parti Benno Bokk Yaakaar, auquel le président cherche à apporter une solution pour limiter les divisions. En offrant le poste de Premier ministre à Diallo, Macky Sall espérait rétablir un consensus au sein de son parti et maintenir une certaine cohésion en vue de la prochaine élection présidentielle.
PROPOS CONTROVERSÉS D'UN RESPONSABLE POLITIQUE DE DROITE SUR LA COLONISATION FRANÇAISE
Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs du parti Les Républicains (LR), a suscité la polémique en déclarant que la colonisation française en Afrique avait connu à la fois des "heures noires" et des "heures qui ont été belles"
Dans un entretien radio ce mardi 12 septembre 2023, Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs du parti de droite Les Républicains (LR), a suscité la polémique en déclarant que la colonisation française en Afrique avait connu à la fois des "heures noires" et des "heures qui ont été belles".
Critiquant la "repentance perpétuelle" qui, selon lui, affaiblit la France, il a lié cette attitude à l'échec de la politique africaine d'Emmanuel Macron, soulignant les récents putschs au Mali, au Burkina Faso et au Niger où une "forme de haine anti-française s'est exprimée".
Bruno Retailleau a affirmé que lors de ses visites en Afrique, il entendait plutôt le souhait d'une France forte et assumant son passé colonial sans repentance. Il a critiqué le président Macron pour sa tendance à exprimer des regrets et à attiser la haine de soi et le mépris des autres lors de ses déplacements dans ces pays.
Ces déclarations interviennent alors que la classe politique française débat vivement d'un projet de loi sur l'immigration, qui vise à durcir les règles d'expulsion tout en améliorant l'intégration.
Ce projet de loi prévoit également la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en pénurie, une mesure vivement contestée par la droite et l'extrême droite, qui dénoncent un effet d'appel d'air pour l'immigration irrégulière.
Le débat sur la colonisation et l'immigration agite donc la scène politique française, avec des prises de position divergentes et des tensions croissantes entre les différents partis.
par Birane Diop
MON SÉJOUR INOUBLIABLE À MARRAKECH ET ESSAOUIRA
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, j’ai appris à mes dépens que la vie ne tient qu’à un fil. Dans l’antre de la Médina, j’ai vu des enfants choqués, des femmes désemparées et des hommes complètement paniqués. La peur était totale
Située dans le centre du royaume chérifien aux nougats des djébels de l’Atlas, Marrakech est une ville très animée, bouillonnante et paradoxale, avec des gamins laissés à eux-mêmes, des artistes informels, des mendiants, des vendeurs à chaque coin de rue côtoyant de grosses caisses et des touristes venus de partout à travers le monde pour découvrir des lieux de brassage différents des leurs.
À bien des égards, Marrakech me fait penser à la capitale sénégalaise. Dakar, carrefour cosmopolite. Elles ont le même tempo dans une certaine mesure. Des villes foutraques mais attirantes, bouleversantes et élégantes, par-dessus tout qui marchent à leur rythme. En un mot, les deux villes incarnent les mêmes contrastes devant l’Eternel.
Dans un autre registre, Marrakech est faite aussi d’une architecture modeste et particulière, qui renvoie à un imaginaire tiré, à partir du substrat culturel marocain. Les Almoravides ont déposé leurs traces indélébiles dans ce bassin de vie de plus de 900 000 habitants.
De plus, « la ville rouge » est peuplée de gens simples et généreux, qui accueillent à bras ouverts ceux et celles qui viennent dans d’autres aires géographiques, voire d’autres contrées. Tous les semeurs d’espérance et d’hospitalité sont les bienvenus. Et l’altérité chère au grand poète contemporain de la langue arabe, in fine, de la Palestine, Mahmoud Darwich est une réalité, ici. J’en ai fait la belle expérience - moi le sénégalais internationaliste et produit de la civilisation universelle, vivant en France. Le magnifique peuple de Marrakech m’a rappelé cette vérité : À l’aune de la globalisation, sortir de sa zone de confort par le biais du voyage permet de regarder le monde sous un autre angle.
En outre, Marrakech est aussi une cité mystique, historique, de sens et d’utopies. Je le dis sans aucune réserve, elle a la culture chevillée au corps. La majestueuse et impressionnante mosquée Koutoubia construite au XIIe siècle, plus précisément en 1148, la célèbre place Jemaa el-Fna - lieu qui ne dort jamais, le Jardin secret, les souks de la Medina, la medersa Ben Youssef, symbolisent l’identité de Marrakech et de son ouverture sur l’international. Voilà, c’est tout cela Marrakech !
Jeudi 7 septembre 2023, 12h40. J’ai quitté « la ville rouge » à bord d’un bus de la compagnie Supratours. Destination Essaouira, située sur le littoral atlantique, précisément dans la région de Marrakech-Safi. Je dois passer deux jours paisibles dans cette ville romantique et sublime et ouverte aux étreintes du monde libre, avant de repartir à l’aéroport de Ménara pour prendre le vol FR3845. Mon premier jour à Essaouira a été agréable, à bien des égards. De 16h à 23h, j’étais dans les rues de la ville bleue blanche. J’ai visité le petit port de pêche. J’ai erré là-bas pendant quelques heures, en contemplant les bateaux et les oiseaux posés dessus. Après, ce pèlerinage, je suis allé dans un café, un lieu de vie très sympa pour me détendre, en même temps lire le livre « La violence des frontières : les réfugiés et le droit de circuler » de Reece Jones. Un livre majeur qui plaide à travers ses pages le droit universel de circuler. L’auteur montre brillamment l’échec des politiques migratoires établies par les pays du nord pour endiguer l’immigration clandestine. Ces gens à qui l’Occident et leurs pays de départ regardent à travers le prisme des statistiques, sont partis pour chercher une vie plus douce. J’ai fermé le livre à la page 106 pour saluer un jeune sénégalais, qui m’a lancé « ziarnala ku baax ». Je ne sais comment mais les Sénégalais se reconnaissent. Il suffit d’un simple regard pour identifier les nôtres. Après ces civilités d’usage, nous avons eu une longue discussion inoubliable en wolof sur l’exil et les blessures invisibles qu’il charrie.
Je suis retourné dans ma chambre d’hôtel pas tard, parce que tout simplement je devais appeler P. Il était minuit à Paris, et notre ami commun « Morphée » l’attendait dans son vaste royaume pour l’offrir une nuit réparatrice dans ses bras câlins.
Vendredi 8 septembre, deuxième jour de mon séjour, j’ai fermé la porte de la chambre à 14h pour aller visiter le centre culturel d’Essaouira, à quelques pas de mon hôtel. J’y ai passé juste une heure. Mais ces soixante minutes étaient paisibles et affriolantes.
À la suite de cette immersion, je me suis rendu au café Mogador pour admirer la beauté que m’offre la ville et par la même occasion relire l’essai de mon camarade d’esprit, Elgas « Les bons ressentiments ». Subséquemment ce dernier baroud au Mogador, j’ai décidé de me perdre complétement dans les entrailles d’Essaouira. Je suis venu ici pour découvrir et apprendre.
19h20, la nuit commence à tomber. La brise marine touche timidement les corps. Je pars aux souks de la Médina, lieux d’échange et de commerce, qui regroupent toutes sortes de produits artisanaux. Les souks apportent un supplément d’âme à Essaouira. J’ai flâné là-bas des heures avant que tout bascule. 23h12. Un séisme de magnitude 7 vient de frapper l’ouest du Maroc. La ville bleue blanche n’est pas épargnée par cette catastrophe. Elle est touchée dans sa chair. Oui, la terre a tremblé à Essaouira. J’ai vécu cette expérience épouvante et traumatisante à la fois, en direct. Bref, j’ai vu ma vie défiler devant mes yeux. C’est fou mais c’est vrai !
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, j’ai appris à mes dépens que la vie ne tient qu’à un fil. Et que l’Homme n’est absolument rien face à l’immensité de l’Univers et de ses secrets infinis. Oui, nous ne sommes que des poussières étoiles ; des êtres extrêmement fragiles et insignifiants.
Dans l’antre de la Médina, j’ai vu des enfants choqués, des femmes désemparées et des hommes complètement paniqués. La peur était totale. Elle se lisait sur les visages, tout âge confondu. Je crois que nos réactions anxiogènes révèlent une chose, eu égard à l’absurdité de la condition humaine : La mort surtout la mort brutale, voire impensée, est peut-être la plus grosse angoisse existentielle, qui frappe l’Homme et peuple parfois son hôtel d’insomnies.
J’ai une pensée émue aux victimes et à leurs proches. Que la force et la résilience rejoignent le vaillant et magnifique peuple marocain en ces moments difficiles. Cette tragédie laisse des cicatrices dans le corps social mais j’en suis certain, le Maroc s’en relèvera. En ce qui me concerne, je reviendrai dans ce pays accueillant et plein de charme. De plus, une histoire commune nous lie à jamais !
Par Mayoro MBAYE
LA BATAILLE DU DJOLOFF AURA BIEN LIEU
Cette terre du Djoloff reste importante dans la vie socio-économique du Sénégal. Elle est surtout remarquable par son histoire riche en événements majeurs. Aussi, dans sa vie politique récente que d’enseignements de par ses grandes figures contemporaines
Cette terre du Djoloff reste importante dans la vie socio-économique du Sénégal. Elle est surtout remarquable par son histoire riche en événements majeurs. Aussi, dans sa vie politique récente que d’enseignements de par ses grandes figures contemporaines.
Qui ne se souvient pas de Djibo Leyti Ka , de Daouda Sow , de Magatte Lo pour ne citer que ces trois des ogres de la politique qui ont vécu pour la politique et qui ont laissé des traces encore visibles. Eux n’avaient pas internet et les réseaux sociaux donc les confrontations de terrain étaient moins perceptibles
De nos jours se dessinent d’autres batailles avec des moyens de diffusion ultra rapides(radios communautaires, internet et ses canaux multiples). Cette fois ci le départ de Aly Ngouille Ndiaye du gouvernement, ouvre un vaste boulevard pour sa confrontation avec Samba Ndiobene Ka actuel Maire de Dahra
L’actuel Ministre du développement communautaire et de la solidarité nationale que certains traitent de maire par défaut puisque les terres de ses parents sont à quelques encablures. Il faut reconnaitre que la commune de Dahra économiquement est la plus importante du département
En effet, Dahra joue un rôle avant-gardiste pour les dix-huit autres. Si son édile peut rassembler ses pairs, a-t-il les ressources pour emporter l’adhésion d’une jeunesse très politisée et très au fait des actualités.
Une jeunesse qui réclame à corps et à cris une meilleure considération et plus de parts dans la répartition des retombées de la croissance
Le Djoloff est une terre d’émigration ne l’oublions pas donc de contacts permanents avec la diaspora. Tout le monde parle de Djoloff dans l’hexagone pour dire Sénégal
Dire que la bataille du Djoloff comme dans les livres d’histoire aura bel et bien lieu est un euphémisme. De grâce faites nous une bataille civilisée, avec desidées de développement du terroir et non d’insultes, d’invectives et de jets de pierre. Il est notoire qu’entre Aly Ngouille Ndiaye maire de Linguére et Samba Ndiobene Ka maire de Dahra ça n ‘ a jamais été le grand amour.
On a voulu jouer les convenances républicaines et la solidarité gouvernementale mais, ce qu’on a toujours caché dans les cœurs sera visible et on en voit le bout du nez
La réunion des maires de la localité après la désignation de Amadou Ba pour porter le drapeau de ce qui va rester du benno sonne comme un rappel des troupes. Qui pour jouer les bons offices ?
AMADOU BA, DE LA DISGRÂCE À LA CONSÉCRATION
Inimitiés personnelles avec certains caciques, suspicion de liens avec Sonko et déchéance politique... Le candidat de BBY à la présidentielle a dû surmonter un certain nombre de péripéties au sein même de sa famille politique
Amadou Ba, qui vient d’être consacré comme le prochain candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a dû surmonter un certain nombre de péripéties au sein même de sa famille politique. Inimitiés personnelles avec certains caciques, suspicion de ses liens avec Sonko et déchéance politique. Amadou Ba, qui a connu une traversée du désert après son départ du gouvernement en 2020, devra faire usage de tous ses artifices de bon diplomate pour tenter de restaurer l’unité au sein du régime présidentiel.
Ce n’est pas trahir le secret des dieux que de dire que la nomination d’Amadou Ba comme candidat de Benno Bokk Yaakaar (BBY) pour la présidentielle de 2024 est la récompense d’une vertu en politique : la patience. Le chef de l’État a justifié son choix, en soulignant ses "compétences professionnelles", "sa carrière diversifiée" ainsi que ses qualités de "rassembleur". Une nomination qui sonne comme une consécration pour l’ancien directeur des Impôts et des Domaines qui a subi les affres du ‘’Fast Track’’ (disparition du poste de PM) et l’ouverture vers une majorité élargie. Il s’est vu débarquer de son poste lors du remaniement gouvernemental du 1er novembre 2020.
Pour beaucoup d’observateurs, ce départ du gouvernement a été une disgrâce, dans la perspective d’une succession de Macky Sall qui venait freiner l'ascension de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances (2013-2019). Une ‘’traversée du désert’’ qui ne semble pas déplaire à ses ennemis au sein du camp présidentiel. En conflit ouvert ou larvé avec plusieurs pontes du régime dans l’entourage de Macky Sall, Amadou Ba mange son pain noir en silence.
Écarté de la course à la mairie de Dakar et de la tête de liste de Benno aux Législatives, Amadou Ba, parachuté comme coordinateur de l’APR comme lot de consolation, se fait discret en attendant patiemment son heure.
Ses apparitions discrètes aux côtés du président, lors de cérémonies religieuses et lors d’un déplacement à La Mecque, relancent les hypothèses concernant sa relation avec Macky Sall. Faites de suspicions et de méfiance, les relations entre Amadou Ba et son mentor n’ont pas toujours été au beau fixe.
À ce moment-là, certains partisans du président Macky Sall l’accusent d’entretenir une certaine proximité avec Ousmane Sonko, considéré comme un adversaire irréductible du régime. Il est aussi accusé de ne pas avoir mouillé le maillot dans la défense du président attaqué de toutes parts.
En témoigne sa prise de bec avec Mbaye Ndiaye, lors d’une rencontre politique aux Parcelles-Assainies en perspective des élections locales de janvier 2022, quand celui-ci mettait en garde l’ancien grand argentier de l’État contre toute ‘’trahison’’. Ce qui a fait sortir de ses gonds Amadou Ba. ‘’Monsieur le Ministre Mbaye Ndiaye, je sais que vous me voulez du bien. Vous œuvrez dans ce sens. Mais sachez que jusqu’à ce jour, jusqu’à ce jour, Dieu m’a gardé de certains actes’’, avait-il fulminé.
Il faut dire que Macky Sall n’a jamais su ‘’canaliser’’ son surpuissant ministre de l’Économie et des Finances, un des piliers du gouvernement qui s’est forgé dans les arcanes de la Génération du Concret de Karim Wade.
En effet, Amadou Ba n’a jamais réussi à intégrer le premier cercle des proches de Macky Sall. C’est avec un profond scepticisme qu’il fait sa rentrée politique en menant à la victoire la liste de Benno aux Législatives de 2017. Le responsable ‘’apériste’’ aux Parcelles-Assainies va rééditer l’exploit à la Présidentielle-2019. Il mène la campagne victorieuse de la majorité en soutien de la première dame Marième Faye Sall, une démarche qui ne manquera pas de rapprocher les deux personnages.
La rébellion de Mimi Touré éjectée de la course pour le poste du perchoir le repositionne au cœur de l’appareil étatique. La crainte d’une profonde sédition en interne aurait poussé le chef de l’État à jouer la carte de la sécurité, en ‘’clouant les mains d’Amadou Ba sur la table de la primature’’, afin d’éviter une possible fronde de la base ‘’apériste’’ excédée par le traitement infligé aux caciques républicains.
‘’Le palais a été durement secoué. Le roi s’est retrouvé nu. Macky Sall ne pouvait plus se permettre, face à cette rébellion, de laisser dehors un ponte du régime du poids d’Amadou Ba. Voilà pourquoi il a été nommé PM. Sa désignation était tellement inattendue qu’il ne l’a lui-même sue que le jour même, deux heures avant qu’elle ne soit rendue publique, selon Cheikh Yerim Seck dans son livre ‘’Macky Sall face à l’histoire : passage sous scanner d’un pouvoir africain’’.
Un Premier ministre sous surveillance
Dans cette relation de raison avec Macky Sall, sa nomination comme Premier ministre apparaît ainsi comme une prison dorée ou une primature sous surveillance. Assigné à un rôle de simple collaborateur, Amadou Ba se voit allouer un budget moindre que son prédécesseur et, ne disposant pas de locaux pour son cabinet, il est obligé de recevoir et de travailler au petit palais. Dans le même temps, les ministres sont sommés d’aller prendre les instructions directement au palais, soutient toujours Cheikh Yerim Seck dans son livre.
Malgré cette situation, Amadou Ba reste fidèle à sa ligne de conduite : la loyauté.
Ainsi arrive le moment de signer la charte qui va engager tous les candidats à la candidature de BBY. Lors de la conférence des responsables de la majorité, le Premier ministre ne déroge pas à sa règle et joue la carte de la loyauté et de l’humilité. Il fait savoir qu’il est candidat à rien et s’en remet à la décision du chef de l’État concernant le choix du candidat.
Risque d’implosion autour de sa candidature
Dans cette optique, le Premier ministre décide de se concentrer sur le travail. Le chef du gouvernement, qui s’est aussi vu attribuer les portefeuilles de l’Élevage et des Sports, cultive l’image d’un fonctionnaire dévoué aux dossiers de l’État. Il s’assure une présence sur le terrain et sous le feu des projecteurs, à l’occasion des évènements sportifs ou lors de la campagne pour l’approvisionnement en moutons pour la fête de l’Aïd.
En effet, malgré les multiples péripéties, l’ancien patron de la diplomatie a su faire le dos rond et attendre son heure. Les retards et les reports de la décision du chef de l’État ne le feront pas bouger d’un iota, n'hésitant pas à jouer la carte de la simplicité et de la modestie. Ainsi, il recadre son camarade ‘’Abdoulaye Diouf Sarr’’, quand ce dernier a évoqué que ‘’Dakar a deux candidats : Amadou Bâ et moi’’. ‘’Non, ne parle pas en mon nom, je suis candidat à rien’’, a-t-il répondu sèchement à l’ancien maire de Yoff, le 19 juillet dernier.
Pour l'heure, Macky Sall a exhorté ses ‘’collaborateurs, militants et sympathisants à soutenir le candidat choisi’’. Un appel qui ne semble pas être suivi par Aly Ngouille Ndiaye, qui dans la foulée de cette décision, a annoncé sa démission du gouvernement. Une démarche qui semble préparer une prochaine candidature pour la Présidentielle. Un scénario tant redouté par le chef de l’État qui, à travers ses décisions (réunions, charte, consultations tous azimuts) a toujours voulu éviter une multiplication des candidatures au sein de la majorité et éviter l’implosion de la majorité présidentielle. D’autres départs ou défections pourraient être enregistrés.
Mais avec un tel profil, le président semble avoir sauvé l’essentiel : la préservation d’une unité forte au sein de la majorité présidentielle.
Par Pape NDIAYE
AMADOU BA, LE SACRE D’UNE LONGUE PATIENCE
Figure emblématique de la vie politique nationale, icône de l’administration centrale et symbole de la diplomatie sénégalaise à l’international, le Premier ministre Amadou Ba a gravi tous les échelons pour s’imposer comme l’homme de la situation
Qui pourrait être le futur président de la République du Sénégal ? Le président Macky Sall a déjà désigné l’actuel Premier ministre Amadou Ba comme candidat de la mouvance présidentielle au scrutin du 25 févier prochain. Donc si le peuple électoral, seul souverain, lui accorde la majorité de ses suffrages, Amadou Ba sera le 5e locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor à Dakar
Figure emblématique de la vie politique nationale, icône de l’administration centrale et symbole de la diplomatie sénégalaise à l’international, le Premier ministre Amadou Ba a gravi tous les échelons pour s’imposer comme l’homme de la situation pour le camp présidentiel.
Après plus de deux ans de suspense et de tensions politiques, la déclaration du président Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat sonne comme une délivrance. Une délivrance qui a provoqué un tournant décisif pour la vie et la survie de la mouvance présidentielle (Bby) et particulièrement de l’Alliance Pour la République (Apr). Parce qu’au lendemain du discours d’adieu du président Macky Sall, tous les regards des apéristes étaient tournés vers le portrait-robot du candidat qui prendrait le relais de ses mains pour parcourir la dernière ligne droite de la présidentielle. Et qui sait ? franchir le premier la ligne d’arrivée au soir du 25 février prochain. Finalement, après plusieurs mois de suspense, le président Macky Sall a rendu son oracle et désigné Amadou Ba qui sera son dauphin politique sur lequel la majorité présidentielle jouera plus que jamais sa survie politique. Et si le processus électoral était un championnat de football finissant, on aurait pu dire que l’Apr ou Bby joue le maintien au pouvoir. Un défi majeur qui ne peut être relevé que dans l’union et la solidarité. Il est vrai qu’en faisant inscrire dans le marbre de la Constitution de 2016 que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs », le président Macky Sall n’imaginait sans doute pas que 2024, c’était demain ! Evidemment quand on s’amuse, le temps passe très vite…Un changement climatique « imprévisible » qui s’annonce hérissé d’embuches et de tiraillements entre les opportunistes, les fidèles, les traîtres, les saboteurs, les activistes, les taupes et caméléons de l’Apr. Face aux intempéries climatiques, l’heure n’est plus à la bagarre à bord de la barque si les passagers comptent arriver à bon port
Comme le disait le président Abdou Diouf, « rien ne sera plus comme avant ». Il est loin en tout cas le temps où le président de la République Macky Sall écartait voire limogeait ses proches collaborateurs et hauts cadres politiques qu’il soupçonnait à tort ou à raison de lorgner son fauteuil présidentiel en direction de 2024. Aujourd’hui, l’inévitable plan d’urgence qui s’impose au président sortant Macky Sall, c’est de créer une union sacrée autour du Premier ministre Amadou Ba, un candidat sérieux aux qualités techniques et politiques multidimensionnelles. Parce que Sa Majesté Macky II ne doit plus s’adonner à son éternel jeu paradoxal du diviser pour mieux régner, de couronner les perdants ou les médiocres pour mieux espérer des victoires futures dans des combats dont le champ offre des fronts sans répit
A bien des égards, comme nous l’avions déjà avancé dans ces colonnes, Amadou Ba semble être le mieux placé comme coach et capitaine d’équipe pour le maintien au pouvoir aussi bien de l’Apr que de Bby
Avant d’accéder à la fonction de Premier ministre, Amadou Ba a été (nous passons sur les autres fonctions antérieures!) successivement directeur des Impôts (2004), puis directeur général des Impôts et Domaines (2006), ministre de l’Economie et des Finances(2013), ministre de l’Economie, des Finances, du Plan et du Budget, puis ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (2019-2020). Assurément, Amadou Ba a marqué son passage à la tête du ministère de l’Economie et des Finances, une fonction dont il a été un des plus brillants titulaires. Un véritable forcené du travail ! Un vrai « guem » service. A preuve par ces six ans passés immeuble Peytavin où il était sur tous les fronts, se démultipliant en quatre, afin de renflouer les caisses de l’Etat. Une sorte de pêche aux fonds à l’échelle planétaire allant de conventions de financement à accords de partenariat en passant par des appuis budgétaires et autres subventions qui s’étaient traduites par les collectes — ou des promesses de financement — de plus de 5.000 milliards cfa à l’époque
Au-delà de son ancien statut d’argentier de l’Etat, l’actuel Premier ministre Amadou Ba est un poids lourd de la majorité présidentielle à Dakar, ville constituant un immense grenier électoral et où il a été de manière décisive le président de la République Macky Sall à inverser la tendance électorale grâce à son influence politique et sa force de frappe financière. Dakar où il a toujours évolué comme renfort de taille puisque le président Macky Sall ne l’y a jamais responsabilisé ou investi comme tête de liste. Pour les dernières élections locales et législatives, par exemple, le président Macky Sall et sa coalition Bby avaient misé sur Moussa Sy et Abdoulaye Diouf Sarr pour les Parcelles Assainies et Dakar, respectivement.
Après la Primature, enfin la Présidence ? En Amadou Ba, le président Macky Sall tient enfin son vrai dauphin en la personne d’Amadou Ba. Lequel est incontestablement l’homme qu’il faut à la place qu’il faut pour avoir fait ses preuves partout où il est passé. Le candidat de la majorité à la prochaine présidentielle est un homme à la fois calme, serein, discret et effacé. C’est aussi un technocrate doublé d’un fin politicien expérimenté, fédérateur et chevronné. Et surtout il est très bien introduit dans tous les foyers religieux, les mouvements de jeunesse et les associations sportives. Au sein de l’Apr, de nombreux observateurs et analystes s’accordent à reconnaitre qu’en dehors d’Amadou Ba, c’est le désert ! Certains ajouteront que son profil serait de nature à sauver l’Apr dans un contexte qui lui est défavorable.
Comme pour dire que l’heure a sonné pour Amadou Ba de frapper aux portes de la présidence de la République. Il en a les clés! Lui, le bon jockey doté d’un excellent « cheval » de bataille pour la survie de l’Apr et pour la continuité au pouvoir de l’actuelle majorité. L’autre atout d’Amadou Ba, c’est qu’il est un homme aux réseaux multiples reconnu pour son entregent et son efficacité en matière sociale. Encore, encore, Amadou Ba est un homme d’une courtoisie légendaire et d’une grande capacité d’écoute. Son seul et unique défaut, c’est qu’il est trop patient! Une patience définie comme l’aptitude d’un individu à se maîtriser face à une longue attente, à rester calme dans une situation de consécration ou de promotion. Ou alors face à des difficultés sociales, professionnelles et autres coups bas politiques. Certains philosophes et sociologues nous diront même que dans le monde des croyances, la patience est une vertu spirituelle voire une valeur morale. La patience, la longue patience serait mère de toutes les vertus. Donc la désignation d’Amadou Ba comme candidat de la mouvance présidentielle n’est autre que le sacre d’une longue patience.
L'ENA EST-ELLE DEVENUE UNE FABRIQUE DE TECHNO-POLITICIENS ?
L'École nationale d'Administration (EnA) est un fleuron pour avoir formé plusieurs générations de hauts commis de l'État. Force est de constater que les hauts fonctionnaires sortis de cette école ne se contentent plus d'être des soldats du service public.
L'École nationale d'Administration (EnA) est un fleuron pour avoir formé plusieurs générations de hauts commis de l'État. Mais depuis des années, force est de constater que les hauts fonctionnaires sortis de cette école ne se contentent plus d'être des soldats du service public. Entre le Premier ministre Amadou Ba, l'opposant historique Ousmane Sonko, le directeur de la CDC Mame Boye Diao, le président du CESE Abdoulaye Daouda Diallo ou encore des personnalités politiques comme le président du groupe parlementaire de YAW Birame Soulèye Diop, ou Bassiou Diomaye Faye, les énarques semblent se muer en tecno-politiciens qui lorgnent la magistrature suprême.
Le Président Macky Sall a presque tranché dans la douleur un match entre des inspecteurs des Impôts au sein de la mouvance présidentielle. Entre un Amadou Ba qui est l'heureux élu, Abdoulaye Daouda Diallo déçu mais qui n'a pas dit son dernier mot et le tonitruant Mame Boye Diao qui s'adressera à la presse aujourd'hui et qui, forcément, jettera un pavé dans la mare de l'alliance au pouvoir, la candidature de BBY s'est jouée entre d'anciens collègues de la direction des Impôts et domaines et formé dans la même école : l'ENA. Héritière d’une tradition d’excellence dans la formation professionnelle des hauts cadres nationaux et africains de l’Administration qui remonte à l’École fédérale d’Administration du Mali, l’ENA est devenue un établissement public à caractère administratif en octobre 2011. Ayant subi des mutations au fil des années, l'école Nationale d'Administration du Sénégal est évidemment le fruit d'une très longue histoire. Ses origines sont à chercher en effet dans l'histoire coloniale du Sénégal, de la France et de l'Afrique-Occidentale française (AOF). Elle est nommée École nationale d’Administration et de magistrature (ENAM) de 1975 à 1995. Comptant deux cycles de formation, l'ENA forme entre autres les administrateurs civils, les inspecteurs du Trésor, les inspecteurs des impôts et domaines, les conseillers des affaires étrangères, les inspecteurs des douanes et les inspecteurs du travail et de la sécurité sociale. En somme, la crème de l'administration. Mais depuis quelques années, on note l'avènement d'une génération qui ne se contente plus de mener à bien les hautes missions de service public mais dispute aussi le champ politique avec les autres acteurs de la vie publique. Et l'avènement du régime de Macky Sall a accentué cette ruée des hauts fonctionnaires vers la politique. Pratiquement, ce sont eux, surtout les inspecteurs des Impôts, qui alimentent la vie publique depuis lors. D'abord au sein de la mouvance présidentielle, le Président Sall a mis sur orbite plusieurs d'entre eux au rang desquels l'ex-ministre Mouhamadou Makhtar Cissé. Formé à l'ENAM et sorti avec le brevet de l'Inspecteur des Douanes, l'ancien directeur des Douanes et ex ministre du Budget, ce dernier est manifestement une tête bien faite eu égard à son parcours académique et professionnel. Mais l'Inspecteur général d'Etat a été aussi directeur de cabinet du Président Macky Sall qu'il a soutenu, surtout à Dagana lors des dernières joutes électorales. Écarté du gouvernement depuis 2019, beaucoup analystes ont fait savoir que c'est parce qu'il nourrissait une ambition présidentielle. Discret depuis lors, l'ancien enfant de troupe n'a pas dit son dernier mot. D'autant que sur les réseaux sociaux, certains de ses souteneurs mettent des affiches qui laissent entrevoir que ce brillant cadre sera de la partie en 2024.
AMADOU BA-SONKO, SYMBOLES D'UNE ADMINISTRATION «POLITISEE»
Dans cette galaxie des énarques du pouvoir figure aussi l'actuel président du Conseil Économique Social et Environnemental Abdoulaye Daouda Diallo. Si le choix porté sur le Premier ministre Amadou Ba est une pilule difficile à avaler pour ADD, c'est parce que l'Inspecteur des Impôts a soutenu politiquement le chef de l'État durant sa longue traversée du désert après son divorce avec le Président Abdoulaye Wade. L'ancien ministre des Finances ne peut en effet comprendre que son ancien patron qui a rejoint la «Cause» de l'APR tardivement et presque avec sinécure puisse être la personne qui va stopper son ambition de devenir président de la République. Muet depuis l'annonce du choix du candidat de BBY, Abdoulaye Daouda Diallo se fera certainement entendre dans les jours à venir. Il y a aussi le directeur de la CDC Mame Boye Diao qui fera face à la presse aujourd'hui. Très libre dans ses positions au sein de la mouvance présidentielle comme dans ses amitiés, le maire de Kolda est un aperiste ingérable. Il n'a jamais eu de problèmes par exemple à déclarer son amitié avec le leader du Pastef Ousmane Sonko. Lors des élections locales aussi, il avait fi du choix de Macky Sall (même si ce dernier a avoué plus tard qu'il avait béni sa liste) et avait confectionné sa propre liste qui remportera par la suite les élections locales à Kolda ville. Va-til soutenir Amadou Ba. On saura la réponse aujourd'hui. Mais ce qui est déjà sûr, c'est qu'il ne va pas jouer les seconds rôles en 2024. Mais les deux qui ont plus symbolisé l'hyper politisation de l'administration sont le Premier ministre Amadou Ba et le teigneux opposant et maire de Ziguinchor Ousmane Sonko. Acteur politique le plus marquant peut-être de ces 20 dernières années, l'opposant dirige une formation politique créée pratiquement par des «insoumis» de la direction des Impôts et Domaines. D'ailleurs, le secrétaire national du Pastef Bassirou Diomaye Faye avait révélé il y a quelques mois dans une interview à SENEWEB que le candidat déclaré de BBY Amadou Ba a fait tout pour les adhérer à l'APR. Le Pastef juridiquement inexistant aujourd'hui a permis à plusieurs cadres de l'administration de se révolter et de répondre à l'appel d'Ousmane Sonko. Et c'est devenu un secret de Polichinelle que la direction des Impôts est divisée entre sympathisants du maire emprisonné et hauts fonctionnaires proches du pouvoir. Et parfois même, ça débute à l'ENA. Et avec la désignation du Premier ministre Amadou Ba comme candidat de BBY, les divergences vont s'accentuer. Depuis samedi, on voit plusieurs d'entre eux mettre ce dernier sur leurs profils respectifs. Ancien directeur des Impôts, ex-ministre des Finances, ce dernier a un «réseau» au sein de l'administration. Il a participé aussi à la formation de plusieurs d'entredeux au sein dudit établissement.
UN PRESIDENT ENARQUE EN 2024 ?
Mais la tâche ne sera pas de tout repos pour le futé chef du gouvernement qui a toujours caché avec résilience son jeu. En effet, l'idéologie du Pastef a fortement pénétré la haute administration. Et si les chances de Sonko s'amenuisent de jouer en jour malgré l'enthousiasme encore grandissant de ses militants, il aura un rôle prépondérant à jouer en 2024. Et parmi ses potentiels remplaçants se trouvent des inspecteurs des Impôts très connus comme Bassirou Diomaye Faye et Birame Soulèye Diop, tous membres fondateurs du PASTEF. Sans oublier les potentiels souteneurs de Mame Boye Diao et d'ADD si ces derniers devaient se présenter. Mais dans tous les cas les hauts fonctionnaires seront bien ''trempés'' dans l'élection de 2024. L'ENAM jusque-là a produit des ministres, quatre Premiers ministres (Moustapha Niasse, Mame Madior Boye, Mamadou Lamine Loum, Amadou Ba), des députés, directeurs généraux et présidents d'institutions (Moustapha Niasse, Abdoulaye Daouda Diallo). Peut-être qu’en 2024, on va se retrouver avec un premier énarque.
DE LA MÉRITOCRATIE A LA LUTTE DES PRIVILEGES
Dans le même ordre d'idées, qu'ils soient juges, administrateurs civils, commissaires aux enquêtes économiques où inspecteur des impôts ou des Douanes, ces hauts fonctionnaires ont réussi à se hisser au sommet de la pyramide et avec beaucoup de mérite. Car n'oublions pas que l'ENA a permis à plusieurs Sénégalais de classe moyenne de se réaliser socialement grâce à l'excellence de leurs parcours. En ce sens, l'ENA a permis une égalité des chances au niveau de la haute administration. Mais force est de dire aussi que les hauts fonctionnaires essuient beaucoup de critiques. À tort ou à raison, ils sont critiqués pour leurs niveaux de vie qui frisent pas l'abondance. Certains ne peuvent pas comprendre que des fonctionnaires soient millionnaires ou milliardaires. Cette problématique est mise souvent au goût du jour. Et alimentera forcément la prochaine élection présidentielle. En outre, la politisation de la haute administration est-elle une bonne ou mauvaise nouvelle pour le fonctionnement du pays ? Est-ce que cette politisation ne détourne pas les hauts fonctionnaires de leur mission première qui est de servir l'État dans sa plénitude. Ces questions seront disséquées certainement dans les semaines à venir.
L’UNITÉ OU LE DÉLUGE
Le chef du gouvernement dont la candidature ne fait pas l’unanimité au sein surtout de l’Alliance pour la République aura ainsi la lourde tâche de remobiliser les troupes s’il espère devenir le prochain président du Sénégal
Soutenu et adoubé par le Président Macky Sall qui l’a désigné pour porter les couleurs du pouvoir à la prochaine élection présidentielle, le Premier ministre Amadou Ba a tout pour remporter les joutes électorales. Mais force est de constater que dans la mouvance présidentielle, « l’ennemi » est de l’intérieur, puisque presque dans toutes les localités où Benno Bokk Yaakaar (BBY) a perdu une élection, ce sont les responsables de la coalition au pouvoir qui y ont joué un grand rôle à cause de guerres de positionnement et de problèmes crypto-personnels. Le chef du gouvernement dont la candidature ne fait pas l’unanimité au sein surtout de l’Alliance pour la République (APR) aura ainsi la lourde tâche de remobiliser les troupes s’il espère devenir le cinquième président de la République du Sénégal. La tâche s’annonce difficile, car un combat n’est jamais gagné d’avance.
Après l’euphorie, place à la réalité du terrain. Le Premier ministre Amadou Ba a été désigné comme le candidat du pouvoir pour la prochaine élection présidentielle. Certains sont en train de le féliciter, d’autres rivalisent pour lui faire les yeux doux pour entrer dans ses bonnes grâces. Mais être désigné ne veut pas dire gagner. Le plus difficile reste à faire pour l’ancien ministre des Affaires étrangères quand on sait que partout où Benno Bokk Yaakaar (BBY) a perdu lors d’une élection, ce n’est pas systématiquement du fait de l’opposition mais plutôt de l’attitude de ses propres responsables. A Dakar par exemple, les partisans de l’ancien ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr avaient accusé l’actuel chef du gouvernement d’avoir saboté la campagne de la coalition au pouvoir durant les Locales, avec plusieurs candidatures dont celles de Mame Mbaye Niang et autres. A Tambacounda, les responsables s’accusent. Ce qui les a conduits à un faible score, lors des dernières élections locales et législatives
Donc l’enjeu principal aujourd’hui est de savoir si Amadou Ba va réussir à recoller les morceaux. Déjà, au sein de son parti l’Alliance pour la République (APR), qui est la locomotive de BBY, on n’a pas vu l’enthousiasme des structures. Celles-ci sont restées aphones depuis sa désignation. On n’a entendu ni la COJER, ni le MEER, ni le mouvement des femmes. Non seulement les structures régulières de l’APR sont restées aphones mais les personnes qui les symbolisent n’ont pas encore exprimé leur enthousiasme. Alors, la question qui taraude l’esprit des observateurs de la scène politique est de savoir si l’actuel chef du gouvernement réussira à remobiliser les troupes, ce qui est son plus grand défi.
Une tâche qui s’annonce déjà difficile avec la rébellion d’Abdoulaye Daouda Diallo. Tout le monde sait que même si l’actuel président du Conseil économique social et environnemental (CESE) rentre dans les rangs, il ne se donnera pas à fond pour l’aider parce qu’il n’est pas son candidat. On le lui a imposé. Il en est de même pour Harouna Dia qui, quoique proche du président de la République, est peut-être obligé de suivre la mouvance, mais il n’est pas forcément un homme d’Amadou Ba. Dans sa philosophie, l’actuel Premier ministre n’est pas un membre de l’APR dans les premières heures et il n’est pas un bon exemple, car le fait qu’il traîne la casquette de «fonctionnaire-milliardaire» pose problème pour lui. Si le maire de Kolda Mame Boye Diao est dans la rébellion, Moustapha Diop, Racine Sy et autres ont tous exprimé leur désir de se présenter à la prochaine élection présidentielle, sans compter le cas Aly Ngouille Ndiaye. Donc beaucoup d’autres dans les chaumières ne sont pas forcément en phase avec la décision du président de la République.
L’une des faiblesses d’Amadou Ba également, c’est que pendant tout le temps qu’il est aux affaires, il s’est limité seulement à Dakar. Il ne s’est pas fait de réseaux au niveau national. Dans les régions périphériques, les gens semblent ne pas le connaître très bien. Autrement dit, les responsables de BBY et de l’APR dans les coins les plus reculés du Sénégal disent ne pas le connaître pour la plupart du temps.
SES FORCES
La principale force d’Amadou Ba, en tant que candidat du pouvoir pour la prochaine élection présidentielle, est qu’il est parrainé par le chef de l’Etat Macky Sall et que ce dernier fera tout son possible pour le voir lui succéder après les joutes électorales prévues en février. Le locataire du Palais qui termine visiblement son mandat dans l’optimisme, avec de nombreuses réalisations à son actif grâce au Plan Sénégal Emergent (PSE), sera sans nul doute à ses côtés pour lui permettre de triompher de ses adversaires et d’assurer la continuité de ses réalisations comme il l’a toujours souhaité. Dire que l’actuel Premier ministre a le soutien de Macky Sall signifie aussi qu’il aura derrière lui la coalition Benno Bokk Yaakaar, qui depuis sa création jusqu’à ce jour, n’a jamais perdu une élection. Contrairement au parti au pouvoir où la rébellion est très visible, les alliés de l’APR dans la coalition BBY sont en phase avec le président de la République pour soutenir son candidat.
En sa faveur, les Dakarois peuvent se dire également que c’est la première fois qu’ils ont la chance d’élire un « boy Dakar » à la tête du pays. Puisque depuis son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal n’a connu que des présidents de la République qui viennent de l’intérieur du pays. Léopold Sédar Senghor vient de Joal, Abdou Diouf de Louga, Abdoulaye Wade de Kébémer et Macky Sall est natif de Fatick où il était d’ailleurs élu même maire de la ville. Etant donné que Dakar est presque le tiers de l’électorat, cela peut jouer également en sa faveur.
Sorti de l’École nationale d'administration et de magistrature (Enam, devenu Ena), il pourra bénéficier de l’appui des fonctionnaires, surtout de proches de l’opposant Ousmane Sonko disqualifié pour la prochaine Présidentielle. Ils pourraient voir en Amadou Ba un homme providentiel, pour ses relations personnelles avec le leader de Pastef. Mais aussi, il bénéficie d’une bonne réputation chez ceux qui le connaissent, car on susurre que c’est quelqu’un de très zen et qui ne s’énerve pas très vite.
La force de l’actuel chef du gouvernement relève également de ses milliards qui font fantasmer. Beaucoup disent qu’il est riche comme Crésus. Et comme le roi CFA est là, certains pourraient rejoindre la locomotive pour espérer quelque chose. Son défi donc et celui de la mouvance , c’est l’unité ou le déluge.
SUR 85 000 CONTRIBUABLES EN 2020, SEULS 25 000 PAIENT L'IMPÔT
Au Sénégal, le coût de l'impôt pèse sur les populations. C’est l’avis d’Elimane Pouye, inspecteur des impôts et domaines
Prenant part hier à l’atelier du Forum civil, l’inspecteur des impôts Elimane Pouye est largement revenu sur le système fiscal du Sénégal marqué par 31% de taux d'impôts directs et 69% de taux d'impôts indirects. Il révèle qu’en 2020, le répertoire de la Direction générale des impôts et domaines (DGID) était composé de 85 000 contribuables dont seuls 25 000 paient l'impôt.
Au Sénégal, le coût de l'impôt pèse sur les populations. C’est l’avis d’Elimane Pouye, inspecteur des impôts et domaines. En effet, il révèle que la Direction générale des impôts et domaines (DGID) a annoncé, lors du lancement de son programme Yaatal en mars 2020, que l'administration sénégalaise a dans son répertoire actuel 85 000 contribuables composées de personnes morales et personnes physiques exerçant une activité professionnelle, (particuliers, établissements publics, associations, administrations,) alors que le registre national des entreprises et des associations (NINEA) dénombre plus de 510 000 immatriculations
Et sur ces 85 000 contribuables, seuls 25 000 s’acquittent effectivement d’une contribution. Il informe par ailleurs que les résultats du recensement général des entreprises, effectué en 2016 par l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), fait état de 407 882 unités économiques des secteurs formel et informel disposant d'un local aménagé. Un décompte qui, retient-il, ne tient pas compte de l'activité agricole menée en milieu rural ni des entrepreneurs travaillant dans leur propre domicile. Dans le même temps, selon l'ANSD (Enquête nationale sur l'emploi au Sénégal), 45,7% de la population en âge de travailler avait accès à un emploi durant le dernier trimestre de l'année 2018 et plus de 6 000 000 millions de personnes âgées ont eu un emploi. Dès lors, sur une population fiscale de plus 6 millions de personnes, ne contribuent que 25 000 cotisants effectuant en sus des salariés (environ 300 000 pour le secteur privé et 145 000 pour le secteur public) soumis au régime de la retenue à la source.
Revenant sur les recettes fiscales, il annonce qu’en 2021, l'impôt sur les revenus était de 384,99 milliards contre 61,94 milliards. En 2022, il s’établit à 571,3 milliards contre 68,1 milliards, et 598,5 milliards contre 64,9 milliards en 2023. L'impôt direct qui se fait par prélèvement direct ou par déclaration est à 29%. L'impôt indirect est le coût qui pèse sur les citoyens. Ces impôts ont un effet sur la pauvreté. Cela signifie que notre système fiscal est un système d’intermédiation qui privilégie le capital plus que les personnes physiques et morales.