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5 mai 2025
L'ENA EST-ELLE DEVENUE UNE FABRIQUE DE TECHNO-POLITICIENS ?
L'École nationale d'Administration (EnA) est un fleuron pour avoir formé plusieurs générations de hauts commis de l'État. Force est de constater que les hauts fonctionnaires sortis de cette école ne se contentent plus d'être des soldats du service public.
L'École nationale d'Administration (EnA) est un fleuron pour avoir formé plusieurs générations de hauts commis de l'État. Mais depuis des années, force est de constater que les hauts fonctionnaires sortis de cette école ne se contentent plus d'être des soldats du service public. Entre le Premier ministre Amadou Ba, l'opposant historique Ousmane Sonko, le directeur de la CDC Mame Boye Diao, le président du CESE Abdoulaye Daouda Diallo ou encore des personnalités politiques comme le président du groupe parlementaire de YAW Birame Soulèye Diop, ou Bassiou Diomaye Faye, les énarques semblent se muer en tecno-politiciens qui lorgnent la magistrature suprême.
Le Président Macky Sall a presque tranché dans la douleur un match entre des inspecteurs des Impôts au sein de la mouvance présidentielle. Entre un Amadou Ba qui est l'heureux élu, Abdoulaye Daouda Diallo déçu mais qui n'a pas dit son dernier mot et le tonitruant Mame Boye Diao qui s'adressera à la presse aujourd'hui et qui, forcément, jettera un pavé dans la mare de l'alliance au pouvoir, la candidature de BBY s'est jouée entre d'anciens collègues de la direction des Impôts et domaines et formé dans la même école : l'ENA. Héritière d’une tradition d’excellence dans la formation professionnelle des hauts cadres nationaux et africains de l’Administration qui remonte à l’École fédérale d’Administration du Mali, l’ENA est devenue un établissement public à caractère administratif en octobre 2011. Ayant subi des mutations au fil des années, l'école Nationale d'Administration du Sénégal est évidemment le fruit d'une très longue histoire. Ses origines sont à chercher en effet dans l'histoire coloniale du Sénégal, de la France et de l'Afrique-Occidentale française (AOF). Elle est nommée École nationale d’Administration et de magistrature (ENAM) de 1975 à 1995. Comptant deux cycles de formation, l'ENA forme entre autres les administrateurs civils, les inspecteurs du Trésor, les inspecteurs des impôts et domaines, les conseillers des affaires étrangères, les inspecteurs des douanes et les inspecteurs du travail et de la sécurité sociale. En somme, la crème de l'administration. Mais depuis quelques années, on note l'avènement d'une génération qui ne se contente plus de mener à bien les hautes missions de service public mais dispute aussi le champ politique avec les autres acteurs de la vie publique. Et l'avènement du régime de Macky Sall a accentué cette ruée des hauts fonctionnaires vers la politique. Pratiquement, ce sont eux, surtout les inspecteurs des Impôts, qui alimentent la vie publique depuis lors. D'abord au sein de la mouvance présidentielle, le Président Sall a mis sur orbite plusieurs d'entre eux au rang desquels l'ex-ministre Mouhamadou Makhtar Cissé. Formé à l'ENAM et sorti avec le brevet de l'Inspecteur des Douanes, l'ancien directeur des Douanes et ex ministre du Budget, ce dernier est manifestement une tête bien faite eu égard à son parcours académique et professionnel. Mais l'Inspecteur général d'Etat a été aussi directeur de cabinet du Président Macky Sall qu'il a soutenu, surtout à Dagana lors des dernières joutes électorales. Écarté du gouvernement depuis 2019, beaucoup analystes ont fait savoir que c'est parce qu'il nourrissait une ambition présidentielle. Discret depuis lors, l'ancien enfant de troupe n'a pas dit son dernier mot. D'autant que sur les réseaux sociaux, certains de ses souteneurs mettent des affiches qui laissent entrevoir que ce brillant cadre sera de la partie en 2024.
AMADOU BA-SONKO, SYMBOLES D'UNE ADMINISTRATION «POLITISEE»
Dans cette galaxie des énarques du pouvoir figure aussi l'actuel président du Conseil Économique Social et Environnemental Abdoulaye Daouda Diallo. Si le choix porté sur le Premier ministre Amadou Ba est une pilule difficile à avaler pour ADD, c'est parce que l'Inspecteur des Impôts a soutenu politiquement le chef de l'État durant sa longue traversée du désert après son divorce avec le Président Abdoulaye Wade. L'ancien ministre des Finances ne peut en effet comprendre que son ancien patron qui a rejoint la «Cause» de l'APR tardivement et presque avec sinécure puisse être la personne qui va stopper son ambition de devenir président de la République. Muet depuis l'annonce du choix du candidat de BBY, Abdoulaye Daouda Diallo se fera certainement entendre dans les jours à venir. Il y a aussi le directeur de la CDC Mame Boye Diao qui fera face à la presse aujourd'hui. Très libre dans ses positions au sein de la mouvance présidentielle comme dans ses amitiés, le maire de Kolda est un aperiste ingérable. Il n'a jamais eu de problèmes par exemple à déclarer son amitié avec le leader du Pastef Ousmane Sonko. Lors des élections locales aussi, il avait fi du choix de Macky Sall (même si ce dernier a avoué plus tard qu'il avait béni sa liste) et avait confectionné sa propre liste qui remportera par la suite les élections locales à Kolda ville. Va-til soutenir Amadou Ba. On saura la réponse aujourd'hui. Mais ce qui est déjà sûr, c'est qu'il ne va pas jouer les seconds rôles en 2024. Mais les deux qui ont plus symbolisé l'hyper politisation de l'administration sont le Premier ministre Amadou Ba et le teigneux opposant et maire de Ziguinchor Ousmane Sonko. Acteur politique le plus marquant peut-être de ces 20 dernières années, l'opposant dirige une formation politique créée pratiquement par des «insoumis» de la direction des Impôts et Domaines. D'ailleurs, le secrétaire national du Pastef Bassirou Diomaye Faye avait révélé il y a quelques mois dans une interview à SENEWEB que le candidat déclaré de BBY Amadou Ba a fait tout pour les adhérer à l'APR. Le Pastef juridiquement inexistant aujourd'hui a permis à plusieurs cadres de l'administration de se révolter et de répondre à l'appel d'Ousmane Sonko. Et c'est devenu un secret de Polichinelle que la direction des Impôts est divisée entre sympathisants du maire emprisonné et hauts fonctionnaires proches du pouvoir. Et parfois même, ça débute à l'ENA. Et avec la désignation du Premier ministre Amadou Ba comme candidat de BBY, les divergences vont s'accentuer. Depuis samedi, on voit plusieurs d'entre eux mettre ce dernier sur leurs profils respectifs. Ancien directeur des Impôts, ex-ministre des Finances, ce dernier a un «réseau» au sein de l'administration. Il a participé aussi à la formation de plusieurs d'entredeux au sein dudit établissement.
UN PRESIDENT ENARQUE EN 2024 ?
Mais la tâche ne sera pas de tout repos pour le futé chef du gouvernement qui a toujours caché avec résilience son jeu. En effet, l'idéologie du Pastef a fortement pénétré la haute administration. Et si les chances de Sonko s'amenuisent de jouer en jour malgré l'enthousiasme encore grandissant de ses militants, il aura un rôle prépondérant à jouer en 2024. Et parmi ses potentiels remplaçants se trouvent des inspecteurs des Impôts très connus comme Bassirou Diomaye Faye et Birame Soulèye Diop, tous membres fondateurs du PASTEF. Sans oublier les potentiels souteneurs de Mame Boye Diao et d'ADD si ces derniers devaient se présenter. Mais dans tous les cas les hauts fonctionnaires seront bien ''trempés'' dans l'élection de 2024. L'ENAM jusque-là a produit des ministres, quatre Premiers ministres (Moustapha Niasse, Mame Madior Boye, Mamadou Lamine Loum, Amadou Ba), des députés, directeurs généraux et présidents d'institutions (Moustapha Niasse, Abdoulaye Daouda Diallo). Peut-être qu’en 2024, on va se retrouver avec un premier énarque.
DE LA MÉRITOCRATIE A LA LUTTE DES PRIVILEGES
Dans le même ordre d'idées, qu'ils soient juges, administrateurs civils, commissaires aux enquêtes économiques où inspecteur des impôts ou des Douanes, ces hauts fonctionnaires ont réussi à se hisser au sommet de la pyramide et avec beaucoup de mérite. Car n'oublions pas que l'ENA a permis à plusieurs Sénégalais de classe moyenne de se réaliser socialement grâce à l'excellence de leurs parcours. En ce sens, l'ENA a permis une égalité des chances au niveau de la haute administration. Mais force est de dire aussi que les hauts fonctionnaires essuient beaucoup de critiques. À tort ou à raison, ils sont critiqués pour leurs niveaux de vie qui frisent pas l'abondance. Certains ne peuvent pas comprendre que des fonctionnaires soient millionnaires ou milliardaires. Cette problématique est mise souvent au goût du jour. Et alimentera forcément la prochaine élection présidentielle. En outre, la politisation de la haute administration est-elle une bonne ou mauvaise nouvelle pour le fonctionnement du pays ? Est-ce que cette politisation ne détourne pas les hauts fonctionnaires de leur mission première qui est de servir l'État dans sa plénitude. Ces questions seront disséquées certainement dans les semaines à venir.
L’UNITÉ OU LE DÉLUGE
Le chef du gouvernement dont la candidature ne fait pas l’unanimité au sein surtout de l’Alliance pour la République aura ainsi la lourde tâche de remobiliser les troupes s’il espère devenir le prochain président du Sénégal
Soutenu et adoubé par le Président Macky Sall qui l’a désigné pour porter les couleurs du pouvoir à la prochaine élection présidentielle, le Premier ministre Amadou Ba a tout pour remporter les joutes électorales. Mais force est de constater que dans la mouvance présidentielle, « l’ennemi » est de l’intérieur, puisque presque dans toutes les localités où Benno Bokk Yaakaar (BBY) a perdu une élection, ce sont les responsables de la coalition au pouvoir qui y ont joué un grand rôle à cause de guerres de positionnement et de problèmes crypto-personnels. Le chef du gouvernement dont la candidature ne fait pas l’unanimité au sein surtout de l’Alliance pour la République (APR) aura ainsi la lourde tâche de remobiliser les troupes s’il espère devenir le cinquième président de la République du Sénégal. La tâche s’annonce difficile, car un combat n’est jamais gagné d’avance.
Après l’euphorie, place à la réalité du terrain. Le Premier ministre Amadou Ba a été désigné comme le candidat du pouvoir pour la prochaine élection présidentielle. Certains sont en train de le féliciter, d’autres rivalisent pour lui faire les yeux doux pour entrer dans ses bonnes grâces. Mais être désigné ne veut pas dire gagner. Le plus difficile reste à faire pour l’ancien ministre des Affaires étrangères quand on sait que partout où Benno Bokk Yaakaar (BBY) a perdu lors d’une élection, ce n’est pas systématiquement du fait de l’opposition mais plutôt de l’attitude de ses propres responsables. A Dakar par exemple, les partisans de l’ancien ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr avaient accusé l’actuel chef du gouvernement d’avoir saboté la campagne de la coalition au pouvoir durant les Locales, avec plusieurs candidatures dont celles de Mame Mbaye Niang et autres. A Tambacounda, les responsables s’accusent. Ce qui les a conduits à un faible score, lors des dernières élections locales et législatives
Donc l’enjeu principal aujourd’hui est de savoir si Amadou Ba va réussir à recoller les morceaux. Déjà, au sein de son parti l’Alliance pour la République (APR), qui est la locomotive de BBY, on n’a pas vu l’enthousiasme des structures. Celles-ci sont restées aphones depuis sa désignation. On n’a entendu ni la COJER, ni le MEER, ni le mouvement des femmes. Non seulement les structures régulières de l’APR sont restées aphones mais les personnes qui les symbolisent n’ont pas encore exprimé leur enthousiasme. Alors, la question qui taraude l’esprit des observateurs de la scène politique est de savoir si l’actuel chef du gouvernement réussira à remobiliser les troupes, ce qui est son plus grand défi.
Une tâche qui s’annonce déjà difficile avec la rébellion d’Abdoulaye Daouda Diallo. Tout le monde sait que même si l’actuel président du Conseil économique social et environnemental (CESE) rentre dans les rangs, il ne se donnera pas à fond pour l’aider parce qu’il n’est pas son candidat. On le lui a imposé. Il en est de même pour Harouna Dia qui, quoique proche du président de la République, est peut-être obligé de suivre la mouvance, mais il n’est pas forcément un homme d’Amadou Ba. Dans sa philosophie, l’actuel Premier ministre n’est pas un membre de l’APR dans les premières heures et il n’est pas un bon exemple, car le fait qu’il traîne la casquette de «fonctionnaire-milliardaire» pose problème pour lui. Si le maire de Kolda Mame Boye Diao est dans la rébellion, Moustapha Diop, Racine Sy et autres ont tous exprimé leur désir de se présenter à la prochaine élection présidentielle, sans compter le cas Aly Ngouille Ndiaye. Donc beaucoup d’autres dans les chaumières ne sont pas forcément en phase avec la décision du président de la République.
L’une des faiblesses d’Amadou Ba également, c’est que pendant tout le temps qu’il est aux affaires, il s’est limité seulement à Dakar. Il ne s’est pas fait de réseaux au niveau national. Dans les régions périphériques, les gens semblent ne pas le connaître très bien. Autrement dit, les responsables de BBY et de l’APR dans les coins les plus reculés du Sénégal disent ne pas le connaître pour la plupart du temps.
SES FORCES
La principale force d’Amadou Ba, en tant que candidat du pouvoir pour la prochaine élection présidentielle, est qu’il est parrainé par le chef de l’Etat Macky Sall et que ce dernier fera tout son possible pour le voir lui succéder après les joutes électorales prévues en février. Le locataire du Palais qui termine visiblement son mandat dans l’optimisme, avec de nombreuses réalisations à son actif grâce au Plan Sénégal Emergent (PSE), sera sans nul doute à ses côtés pour lui permettre de triompher de ses adversaires et d’assurer la continuité de ses réalisations comme il l’a toujours souhaité. Dire que l’actuel Premier ministre a le soutien de Macky Sall signifie aussi qu’il aura derrière lui la coalition Benno Bokk Yaakaar, qui depuis sa création jusqu’à ce jour, n’a jamais perdu une élection. Contrairement au parti au pouvoir où la rébellion est très visible, les alliés de l’APR dans la coalition BBY sont en phase avec le président de la République pour soutenir son candidat.
En sa faveur, les Dakarois peuvent se dire également que c’est la première fois qu’ils ont la chance d’élire un « boy Dakar » à la tête du pays. Puisque depuis son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal n’a connu que des présidents de la République qui viennent de l’intérieur du pays. Léopold Sédar Senghor vient de Joal, Abdou Diouf de Louga, Abdoulaye Wade de Kébémer et Macky Sall est natif de Fatick où il était d’ailleurs élu même maire de la ville. Etant donné que Dakar est presque le tiers de l’électorat, cela peut jouer également en sa faveur.
Sorti de l’École nationale d'administration et de magistrature (Enam, devenu Ena), il pourra bénéficier de l’appui des fonctionnaires, surtout de proches de l’opposant Ousmane Sonko disqualifié pour la prochaine Présidentielle. Ils pourraient voir en Amadou Ba un homme providentiel, pour ses relations personnelles avec le leader de Pastef. Mais aussi, il bénéficie d’une bonne réputation chez ceux qui le connaissent, car on susurre que c’est quelqu’un de très zen et qui ne s’énerve pas très vite.
La force de l’actuel chef du gouvernement relève également de ses milliards qui font fantasmer. Beaucoup disent qu’il est riche comme Crésus. Et comme le roi CFA est là, certains pourraient rejoindre la locomotive pour espérer quelque chose. Son défi donc et celui de la mouvance , c’est l’unité ou le déluge.
SUR 85 000 CONTRIBUABLES EN 2020, SEULS 25 000 PAIENT L'IMPÔT
Au Sénégal, le coût de l'impôt pèse sur les populations. C’est l’avis d’Elimane Pouye, inspecteur des impôts et domaines
Prenant part hier à l’atelier du Forum civil, l’inspecteur des impôts Elimane Pouye est largement revenu sur le système fiscal du Sénégal marqué par 31% de taux d'impôts directs et 69% de taux d'impôts indirects. Il révèle qu’en 2020, le répertoire de la Direction générale des impôts et domaines (DGID) était composé de 85 000 contribuables dont seuls 25 000 paient l'impôt.
Au Sénégal, le coût de l'impôt pèse sur les populations. C’est l’avis d’Elimane Pouye, inspecteur des impôts et domaines. En effet, il révèle que la Direction générale des impôts et domaines (DGID) a annoncé, lors du lancement de son programme Yaatal en mars 2020, que l'administration sénégalaise a dans son répertoire actuel 85 000 contribuables composées de personnes morales et personnes physiques exerçant une activité professionnelle, (particuliers, établissements publics, associations, administrations,) alors que le registre national des entreprises et des associations (NINEA) dénombre plus de 510 000 immatriculations
Et sur ces 85 000 contribuables, seuls 25 000 s’acquittent effectivement d’une contribution. Il informe par ailleurs que les résultats du recensement général des entreprises, effectué en 2016 par l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), fait état de 407 882 unités économiques des secteurs formel et informel disposant d'un local aménagé. Un décompte qui, retient-il, ne tient pas compte de l'activité agricole menée en milieu rural ni des entrepreneurs travaillant dans leur propre domicile. Dans le même temps, selon l'ANSD (Enquête nationale sur l'emploi au Sénégal), 45,7% de la population en âge de travailler avait accès à un emploi durant le dernier trimestre de l'année 2018 et plus de 6 000 000 millions de personnes âgées ont eu un emploi. Dès lors, sur une population fiscale de plus 6 millions de personnes, ne contribuent que 25 000 cotisants effectuant en sus des salariés (environ 300 000 pour le secteur privé et 145 000 pour le secteur public) soumis au régime de la retenue à la source.
Revenant sur les recettes fiscales, il annonce qu’en 2021, l'impôt sur les revenus était de 384,99 milliards contre 61,94 milliards. En 2022, il s’établit à 571,3 milliards contre 68,1 milliards, et 598,5 milliards contre 64,9 milliards en 2023. L'impôt direct qui se fait par prélèvement direct ou par déclaration est à 29%. L'impôt indirect est le coût qui pèse sur les citoyens. Ces impôts ont un effet sur la pauvreté. Cela signifie que notre système fiscal est un système d’intermédiation qui privilégie le capital plus que les personnes physiques et morales.
LES CHEFS D’ENTREPRISE PARTAGENT LEUR JOIE ET LEUR PEINE
La Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) a publié ce mois-ci la note de conjoncture du deuxième trimestre 2023.
La Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) a publié ce mois-ci la note de conjoncture du deuxième trimestre 2023. Dans la partie réservée à l’emploi, les chefs d’entreprise ne cachent pas leur amertume face à un climat des affaires délétère. Pour autant, ils demeurent convaincus que les perspectives économiques sont reluisantes.
L’opinion des chefs d’entreprise compte pour évaluer le climat des affaires dans le pays. C’est pourquoi la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) leur donne la parole dans sa note de conjoncture pour recueillir leur avis en matière d’emploi dans différents secteurs.
Dans le rapport de la DPEE, il est établi que le climat des affaires s’est amélioré, en rythme trimestriel. En effet, note-t-on, l’indicateur synthétique, calculé sur la base des soldes d’opinion, s’est renforcé de 2,6 points et s’est situé au-dessus de sa moyenne de long terme. «Cette situation reflète l’optimisme des prestataires de services et des commerçants enquêtés», lit-on dans le rapport de la DPEE. Qui ajoute que sur un an, l’indicateur du climat des affaires s’est contracté de 2,2 points
Pour autant, il est noté que dans le sous-secteur industrie, les contraintes à l’activité les plus sérieuses sont la concurrence supposée déloyale (31%), l’insuffisance de la demande (29%), l’approvisionnement difficile en matières premières (28%) et le recouvrement de créances (27%). Conséquence, le climat des affaires s’est dégradé de 2,0 points dans le sous-secteur, en rythme trimestriel, du fait du pessimisme des chefs d’entreprise interrogés sur l’évolution des carnets de commande reçus, de la production et des stocks de produits finis
Concernant le sous-secteur des «bâtiments et travaux publics», indique l’enquête de la DPEE, les interrogés ont évoqué comme difficultés, le recouvrement difficile des créances (92%), la fiscalité (68%), la demande (38%), l’accès au foncier (32%), la concurrence (30%), l’accès au crédit(17%), le coût des intrants (15%) et la vétusté des équipements (15%). Ainsi, il est établi que l’indicateur du climat des affaires de ce sous-secteur s’est légèrement réduit de 0,6 point, reflétant l’orientation défavorable des soldes d’opinion sur les commandes privées et publiques (reçues et attendues) et l’activité générale.
Dans les services, les chefs d’entreprise enquêtés ont relevé majoritairement les difficultés de recouvrement des créances (49%), la concurrence jugée déloyale (46%), l’insuffisance de la demande (26%), la fiscalité (18%) et les délestages d’électricité (8%) comme principales contraintes à l’activité. Toutefois, l’enquête renseigne que l’indicateur du climat des affaires s’est consolidé de 5,2 points dans le sous-secteur, en rythme trimestriel, en liaison avec l’optimisme des prestataires de service relatif aux tarifs réellement appliqués, au chiffre d’affaires réalisé et à sa perspective.
Pour ce qui est du commerce, il est relevé que les difficultés citées par les enquêtés ont été le recouvrement des créances (70%), la fiscalité (44%), la concurrence jugée déloyale (43%), l’approvisionnement difficile en marchandises (30%), l’accès au crédit (26%), l’insuffisance de la demande (26%) et les délestages d’électricité (13%). Cependant, l’indicateur du climat des affaires dans ce sous-secteur s’est renforcé de 3,0%, à la faveur de l’optimisme des commerçants sur la variation des soldes d’opinion relatifs aux commandes (reçues et prévus) et aux chiffres d’affaires (réalisés et attendus).
Macky propose le poste de PM à A DD
Après les secousses liées à la désignation d’Amadou Ba candidat de Benno Bokk Yaakaar, le Président Macky Sall est en train de recoller les morceaux pour limiter la casse. D’après des sources de «L’As», le président du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo a déjeuné hier au Palais avec le Président Macky Sall. De sources dignes de foi, de onze heures à la mi-journée, les deux hommes ont taillé bavette. Le chef de l’Etat tente ainsi raisonner son poulain dont la rébellion l’a tout de même surpris. Macky Sall a tout fait pour lui faire comprendre que son choix de cœur est lui qu’en l’espèce, il fallait choisir un candidat plus consensuel. Mais visiblement , le président du Cese n’entend pas gober ces arguments. Pour le convaincre, Macky Sall lui aurait même proposé le poste de Premier ministre. Non seulement, il devait poursuivre et terminer le mandat mais il serait reconduit si Benno gagne la présidentielle. Une proposition poliment déclinée par Abdoulaye Daouda Diallo sous prétexte qu’il va se concerter avec ses proches. Il faut rappeler que depuis samedi, l’ancien ministre de l’Intérieur multiple les rencontres. Il s’est rendu chez Aly Ngouille Ndiaye aurait parlé à Harouna Dia et Boun Abdallah Dionne qui est également amer. Le Président du CESE semble camper sur sa position, à savoir se présenter à la Présidentielle de 2024. Il pourrait donc démissionner bientôt de la présidence du Cese.
Birima Mangara candidat à la Présidentielle
Le très discret ancien ministre du Budget Birima Mangara entend se présenter à la Présidentielle. Pour ainsi se conformer à la loi, l’enfant chéri de Keur Samba Kane a d’abord déposé sa lettre de démission de l’Ige où il était retourné depuis son départ du gouvernement. Généreux, pieux, proche parmi les plus proches de la famille en général de Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, Birima Mangara devrait compter sur ses prières et même son soutien notamment dans le Baol et dans la diaspora. Fonctionnaire émérite, Mangara a gravi tous les échelons au niveau de l’administration qu’il embrassée très jeune comme contrôleur avant de devenir plus tard Inspecteur des impôts et domaines. Admis en même temps au concours d’entrée à la cour des comptes, il a préféré rejoindre l’Ige. C’est là que le chef de l’Etat l’a déniché pour en faire un directeur de cabinet adjoint avant de le bombarder ministre délégué en charge du Budget. Il était d’ailleurs pressenti pour succéder à Amadou Ba avant qu’une cabale n’interrompe son ascension fulgurante et la confiance que lui vouait Macky Sall. Désormais, il renoue les contacts et multiplient les réunions. L’objectif est de triompher le 25 février prochain.
Une coalition pour élire Aly Ngouille
La plateforme dite « coalition de soutien du Djolof au président Aly Ngouille Ndiaye» a réaffirmé sa détermination à porter la candidature du maire de Linguère pour l’élection présidentielle de février 2024. A cet effet, les membres de ladite plateforme s’engagent à travailler d’arrache-pied pour mobiliser les Sénégalais autour de sa candidature. Ils estiment que «Aly Ngouille Ndiaye porte un attachement profond pour le Sénégal, son pays et à son développement économique, sa stabilité et sa cohésion sociale». Pour les membres de la plateforme, le maire de Linguère a toujours affirmé son sens de l’honneur par son respect de la parole donnée et de ses engagements auprès des citoyens de tous bords. Ils soulignent aussi qu’Aly Ngouille Ndiaye a eu à contribuer à travers les différents postes qui lui ont été confiés dans la création d’emplois, l’accompagnement des jeunes et des femmes au Djolof. « Vu la détermination affichée de ses partisans à voir le président Aly Ngouille Ndiaye briguer la magistrature suprême pour servir les Sénégalais et accompagner le pays pour son envol économique, son autosuffisance alimentaire, et une prospérité partagée, et vu l’espoir et l’enthousiasme que cette candidature a suscité au sein des populations du Djolof en particulier et des Sénégalais en général, nous réitérons notre engagement ferme à travailler pour la mobilisation de tous les Sénégalais pour un soutien sans équivoque à Aly Ngouille Ndiaye», déclarent les souteneurs de l’ancien ministre de l’Intérieur.
Le tournoi dédié à Sonko à Mbam interdit
C’est comme s’ils s’étaient passé le mot. Toute initiative des partisans d’Ousmane Sonko est systématiquement interdite par l’administration territoriale. Le sous-préfet de l'arrondissement de Djilor (département de Foundiougne) a pris un arrêté pour interdire le tournoi de football organisé par la zone 10 de la commune de Mbam dénommé «coupe du président Sonko». Il évoque les mêmes motifs : menaces de troubles à l'ordre public
L'activiste Kayzfof placé en garde à vue en France
L'activiste Kayzfof est placé en garde à vue au commissariat du 8e arrondissement de Paris, France. Il est poursuivi pour agression, menaces à l’encontre d’une personne chargée de mission de service public, appel à l'insurrection contre les biens des français, rapporte Ledakarois221. Il avait posté une vidéo sur sa chaîne YouTube où il avait fait une descente à l'Hôtel Sofitel Arc de Triomphe pour, selon lui, s'en prendre au ministre des Transports aériens, Doudou Ka qui y séjournait avec une délégation ministérielle. Suite à une plainte de ce dernier et de l'hôtel, Kayzfof a été convoqué hier à 18h et placé en garde à vue après son audition. Il sera présenté au procureur aujourd’hui.
37 personnes arrêtées par la gendarmerie à Khossanto
La brigade de la gendarmerie de Khossanto (Kédougou, est) a arrêté trente-sept personnes lors des affrontements qui ont éclaté lundi dans cette commune et au village de Mama Khono où plusieurs jeunes protestent contre la modification de l’arrêté du préfet du département de Saraya sur le recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée, a appris l’Aps du maire de Khossanto Mahamady Sissoko. « Les gendarmes continuent d’arrêter les gens jusque chez eux. J’ai demandé à tous de rentrer chez eux. Mais les arrestations continuent. Ce qui n’est pas normal », a indiqué Mahamady Sissoko, maire de la commune de Khossanto qui a perdu son propre frère dans les manifestations violentes notées lundi dans cette localité. Les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestations qui avaient connu un moment de répit ont repris à 20 heures à cause des arrestations, selon le maire de la commune de Khossanto. Mahamady Sissoko a appelé au calme et à la sérénité en demandant à la population de rester chez elle pour éviter les affrontements avec les forces de défense et de sécurité. Plus tôt dans la journée, deux personnes ont été tuées lundi lors de ces manifestations qui ont éclaté dans la commune de Khossanto. Les manifestants ont barré la route reliant Sabodala à Bembou à l’aide de débris de briques, de branches et de troncs d’arbres, bloquant toute circulation dans la zone.
Une pirogue débarque 87 migrants à Tenerife
L’émigration clandestine est loin de connaître une pause. Après le départ massif ce weekend de jeunes des côtes sénégalaises pour rejoindre l’Espagne, une autre pirogue a été secourue hier par la marine espagnole. Elle avait embarqué à bord 87 migrants dont une femme à destination de Tenerife.
Le Premier ministre rend visite aux Lions
Le Premier ministre, ministre des Sports, Amadou BA, a rendu visite hier aux Lions de football en prélude au match amical qui oppose le Sénégal à l’Algérie prévu aujourd’hui au Stade Me Abdoulaye Wade. Amadou Ba a exprimé le soutien du président de la République à la bande à Sadio Mané. Selon Amadou Ba, cette visite permet de constater de visu les conditions de préparation de l’équipe tout en réitérant les encouragements à l’endroit de la bande à Sadio Mané qui aura à cœur de prendre sa revanche sur les Fennecs d’Algérie, vainqueurs de la CAN 2019 aux dépens du Sénégal. Le Premier ministre, ministre des Sports était accompagné du ministre de l’Urbanisme par ailleurs vice-président de la Fédération sénégalaise de Football, Abdoulaye Sow et son collègue de la jeunesse, Pape Malick Ndour.
Les adieux de l’ambassadeur de la Grèce L'ambassadeur de la Grèce à Dakar est en fin de mission au Sénégal. Efthymios-Georges Costopoulos a fait ses adieux au président de la République lors de l’audience que ce dernier lui a accordé. Il a été fait commandeur dans l'ordre national du Lion. Efthymios-Georges Costopoulos a évoqué avec le chef de l'Etat les nombreux défis à relever dans plusieurs domaines, notamment la question du changement climatique.
Faly Seck soutient la candidature d’Amadou Ba
Le candidat de Benno Bokk Yaakaar à la Présidentielle, Amadou BA, peut compter sur le maire de Ross-Béthio. Pour Faly Seck, le président de la coalition Benno Bokk Yaakaar a fait le bon choix. Il s’est réjoui du choix porté sur Amadou Ba par Macky Sall et la majorité présidentielle. A ses yeux, c’est un choix judicieux et cohérent pour poursuivre la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE). Pour la victoire de la mouvance présidentielle, le Directeur de l’Administration générale et de l’Équipement du ministère des Collectivités Territoriales pense que tout le monde doit œuvrer dans ce sens. C’est pourquoi il a demandé à ses militants et ceux du département de Dagana de soutenir la candidature d’Amadou Ba. Il réaffirme son engagement et sa détermination à travailler pour une victoire de la coalition Benno Bokk Yaakaar à l’élection présidentielle.
Le Mner/Podor en phase avec Macky Sall
Le mouvement départemental des enseignants républicains de Podor se dit très satisfait du choix porté sur le Premier ministre Amadou Ba, candidat de la coalition BBY à l’élection présidentielle de 2024. Dans une note parvenue à « L'As », ces enseignants républicains appellent tous les militants à l’unité.
592 personnes consultées et soignées à Dabo
Avec l’appui du député maire Idrissa Baldé, des consultations médicales gratuites ont été organisées à Dabo. Lors de cette journée, plus de cinq cent quatre-vingt-douze personnes ont été consultées et soignées d'après l’infirmier chef de poste de Dabo, Ousseynou Keita. Des techniciens de la santé et une équipe médicale composée d’une trentaine de spécialistes ont été mobilisés pendant les deux jours qu’a duré ce camp. Il s’agit d'une équipe médicale de trente personnes dont des spécialistes en pneumologie, chirurgie générale, diabétologie, médecine générale, ophtalmologie, gynécologie, pédiatrie, urologie, dermatologie. L’infirmier chef de poste de Dabo en a profité pour distribuer des moustiquaires en vue de lutter contre le paludisme qui, souvent, connaît une recrudescence pendant les mois de septembre et d’octobre. Les populations bénéficiaires des consultations médicales gratuites ont salué l’initiative du député-maire de Dabo et demandé la pérennisation de telles actions pour soulager les populations des villages de la localité
Par Aliou SALL
PATHE DIAGNE, LAMANE DE LA PENSEE*
Notre conférence Sargal …. célèbre Pathé Diagne le linguiste. Mais peut-on, pour autant, réduire Pathé Diagne (PD) à un linguiste, si prestigieux que soit le titre ?
Saint-Louis (3 au 5 décembre 2018) : Colloque international sur le thème Globalisation, langues nationales et développement en Afrique.
Notre conférence Sargal …. célèbre Pathé Diagne le linguiste. Choix ne pouvait être plus heureux que celui-là car ses travaux dans cette discipline font autorité. «Familier de la linguistique européenne, du structuralisme saussurien, des travaux de Louis Hjelmslev et de la glossématique de Roman Jakobson et de l’École de Prague »,Pathé a ,dès le début des années 60, participé, par ses travaux aux États-Unis, à l’avènement de la linguistique transformationnelle et générative. Dans la mouvance de l’École de Emon Bach, il a contribué en collaboration avec Joseph Wilkins, aux travaux de linguistique comparative initiés au sein de la West African Linguistic Society et réalisé, au début des années 1960, à l’Université de Carbondale, Illinois, le premier Manuel du Français et le premier Manuel du Wolof, selon la méthode transformationnelle ou générative . Dans la foulée, Pathé Diagne rédigera, en collaboration avec les professeurs Joseph Greenberg et David Dalby, la partie introductive à la linguistique historique, du volume I de l’Histoire Générale de l’Afrique publiée par l’UNESCO. Pathé est, de toute évidence, un linguiste hors pair et le choix fait par l’Institut d’Études Avancées (IEA) de lui rendre hommage est on ne peut plus justifié.
Mais peut-on, pour autant, réduire Pathé Diagne (PD) à un linguiste, si prestigieux que soit le titre ? Assurément non L’homme aurait encore pu être retenu si l’Institut d’Études Avancées (IEA) avait décidé de célébrer un économiste, un philosophe ou un historien des civilisations, voire un exégète du livre Saint des musulmans , Al Quran, qu’il a traduit en wolof.
Car PD est tout cela; il est aussi à l’aise dans la discussion sur les formes pronominales que sur les cycles économiques ; tout aussi capable de disserter de paléontologie génétique et d’archéologie linguistique de l’ère ramakushi il y a 8000 à 10000 ans avant JC que de la restauration de sa ville natale St Louis pour en faire une cité d’avenir, portant au Blues people comme les appelle LeroiJones la même attention que celle qu’il porte à la statuaire olmèque précolombienne. Tout se passe comme s’il avait fait sien le fameux « Homo sum et nil humanum a me alienum est …. »
C’est que « les humanités » n’ont pas de secret pour lui. Par la diversité des champs qu’il explore et la rigueur avec laquelle il les laboure, PD fait penser immédiatement à Cheikh Anta Diop avec qui il a, au demeurant, de nombreuses similarités et affinités sur lesquelles je dirai deux mots.
D’où lui vient cette capacité ? Lorsque je lui pose cette question, et l’interroge sur son itinéraire intellectuel, Pathé me répond que son itinéraire intellectuel est simplement celui d’un homme qui a pu s’offrir le luxe de fréquenter les bibliothèques plus que de raison. Je ne crois pas que ce soit si simple ; quelque chose me suggère qu’il y a là un raccourci trompeur, ou une simplification outrancière.
Aujourd’hui, je voudrais me risquer à donner quelques clés à cette question. Et je voudrais en privilégier trois
Certes, Pathé est curieux intellectuellement mais la curiosité ne suffit pas à expliquer sa richesse et sa densité car, si elle ne s’adosse à rien, la curiosité peut mener au dandysme intellectuel et à l’éclectisme bon enfant, fréquents dans les salons mondains mais tout à fait aux antipodes de la pensée structurée et dense de Pathé .
1) Pathé Diagne est dense parce qu’il est travailleur ou, plus justement, chercheur.
Un chercheur, c’est d’abord quelqu’un qui apprend, s’initie. Pathé n’a pas de mal à le comprendre lui qui , dès le jeune âge, a baigné dans une atmosphère studieuse où l’on enseigne que Ku Jangul doo tari (Qui n’a pas appris, ne peut réciter sa leçon). Cette atmosphère, c’est celle de l’école coranique d’abord qu’il fit chez Youssoupha Sall et qui le marquera profondément ; il aurait pu la faire chez lui ou d’autres oncles car dans la famille de Tafsir Oumar Sall dont il est un descendant direct par sa mère Rokhaya Sall, les érudits étaient nombreux, y compris parmi les femmes dont l’une d’elles, Maam Taam, tenait un daara féminin. Le daara saintlouisien est alors une école de vie, un lieu où l’on se forme à plusieurs disciplines. PD y apprend le Coran mais aussi son intérêt pour la linguistique s’y forme, avec l’apprentissage du wolofal, qu’il maitrisera avant même d’aller à l’école française. Mais le daara est aussi un lieu où l’on se forme à la tolérance, à la solidarité, à l’humilité. Ces qualités, PD les mettra à profit et les affinera au petit lycée de la rue Neuville et plus tard au lycée Faidherbe à St louis, où PD fait partie des plus brillants élèves ;même s’il est déjà contestataire il est connu et reconnu, réputé pour ses capacités intellectuelles. Diagne Pathé, ainsi qu’il est appelé alors, se distingue par son gout pour la littérature française, singulièrement la poésie.
Mais il étonne aussi par son avidité à chercher le savoir hors des sentiers battus qui le conduira à lire, Nations Nègres et Culture en une nuit, alors qu’il n’est qu’en seconde. De St Louis, il rejoindra le lycée Van Vollenhoven à Dakar, autre centre d’excellence, où il s’illustrera également en passant haut la main les deux parties du baccalauréat qui lui ouvrent l’accès à l’enseignement supérieur
Après un passage à l’Université de Dakar sanctionné par deux licences en lettres et en sciences économiques, PD va s’inscrire à la Sorbonne et à l’École Pratique des Hautes Études en Sciences Sociales, deux institutions où officient les grands maitres des sciences sociales de l’époque. Ses professeurs ont pour noms Georges Balandier, Georges Gurvitch, Leroi Gourhan, Gilles Martinet ,G.Manessey, E.Benveniste, L.Homburger, Piveteau, L.V Thomas, R.Aron. Ils font autorité dans les domaines de la sociologie, de l’anthropologie, du comparatisme, de l’égyptologie, de l’archéologie, et de la paléontologie… Il fréquente aussi Sciences Po où officie un certain Raymond Aron. PD s’intéresse davantage à ces disciplines qu’aux sciences économiques dans lesquelles il s’illustrera pourtant en soutenant une thèse sur l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest . Il approfondit sa connaissance des travaux de Cheik Anta Diop dont il deviendra l’ami et à qui il consacrera d’ailleurs un ouvrage :Cheikh Anta Diop et l’Afrique dans l’histoire du monde.
Il s’intéresse à la Harlem Renaissance et sera un des premiers Sénégalais de sa génération à se rendre aux USA et à participer aux combats intellectuels des Afro-Américains avec qui il cheminera à Dakar lors du Festival mondial des arts nègres, en 1966, et à Alger avec le Festival culturel panafricain tenu en 1969
C’est fort ce tout cela que PD va, vers la fin de la décennie 60, s’installer à Dakar pour y poursuivre une carrière de chercheur. Lorsqu’il pose ses pénates à l’Institut Fondamentale de l’Afrique noire (IFAN) de l’Université de Dakar il a déjà commis deux ouvrages devenus des classiques: Une grammaire moderne du wolof –seul avant lui le grammairien Senghor s’était risqué à un tel exercice pour une langue africaine, en l’occurrence le Sereer- et le Pouvoir politique traditionnel en Afrique de l’Ouest alors que nombre de ses professeurs dont Balandier et Martinet l’avaient assuré chacun dans son territoire que ses thèses ne trouveraient pas d’éditeur dans la France bien-pensante.
A l’IFAN, il va poursuivre les travaux de linguistique entamés à Paris .Il le fait avec brio et publie coup sur coup des ouvrages qui feront date : l`Anthologie wolof de la littérature universelle, IFAN, Dakar 1970, l`Anthologie de la littérature wolof, IFAN, Dakar, I971, témoignent de cette intense activité intellectuelle. PD se lance aussi dans la traduction en wolof de classiques de Sophocle, de Tolstoï, de Shakespeare, de Buchner, de Gogol, etc. Plus que jamais il fait sien l’adage « xam sa lakk xamm sa bopp » (si tu connais ta langue, tu connais ton identité).
Sa décontraction le fait remarquer des chercheurs qui, en passant devant son bureau dont la porte est toujours ouverte ,l’entendent chanter, siffloter, commenter un match de football, fredonner des accords de Thelonious Monk ou disserter sur la rencontre entre le Neandertal et l’Homo sapiens avec une égale aisance ne donnant jamais l’impression d’être en peine. PD va être remarqué aussi hors de l’IFAN par des cinéastes comme Ousmane Sembene ou Johnson Traore avec qui il va collaborer sur différents projets . Hors du Sénégal, PD est connu aux USA où il se rend régulièrement à partir de 1967 alors que le Black Power prend son envol en 1972. Il dispense des cours dans plusieurs universités mais surtout il dialogue avec un grand nombre de nationalistes afroaméricains . Molefi Asante, Leroi Jones qui deviendra Amir Baraka, Ron Karenga qui n’est pas encore Maulana,Stokely Carmichael qui s’installera dans la Guinée de Sékou Toure sous le nom de Kwame Toure.
Pourtant travailler à Dakar participait de la gageure . Pouvoir surmonter les conditions de travail difficiles, ne suffisait pas . Il fallait y ajouter une grande dose d’audace. D’autant qu’ à la différence de ces chercheurs qui labourent les terrains bien balisés de leurs thèses Pathé se pose en défricheur, un de ceux qui n’ont de cesse de questionner, voire bousculer les doxa et les idées reçues .Ce trait de caractère, cette indépendance d’esprit lui vaudra d’être combattu par le système mandarinal français qui se déploie à pleines voiles au Sénégal à l’époque avec une université qui est la 17 eme de France et un IFAN qui est encore très largement français. PD sait que les mécanismes coopérationnels de la France gaulliste et ne lui feront pas de cadeau; il a devant lui l’exemple de Cheikh Anta Diop réduit au rang d’ermite dans son laboratoire de carbone avec un salaire de misère de 150 dollars. Mais cette perspective n’effraie pas PD qui du reste affiche un souverain mépris pour les biens matériels . L’historien des civilisations va continuer à s’engager sur un terrain où la controverse est particulièrement vive. Dans le sillage de CAD combattu par l’Université, il défend les thèses de Nations Nègres et culture. Il fera preuve sur ce terrain de la même rigueur que celle qu’il met à défendre les langues africaines. L’ère /aire ramakushi, à laquelle il va consacrer plusieurs ouvrages d’une rare érudition, l’occupe. .Pour autant, l’historien ne se désintéressera pas d’une histoire plus immédiate, en particulier celle des « mésaventures africaines » de la France gaullienne pour reprendre le sous-titre de son ouvrage De la République de Felix Éboué à la Francafrique de Charles de Gaulle.
Pour réaliser ses projets, pour faire triompher son intelligence, et ses intuitions géniales, PD mobilise cette qualité qu’il possède en abondance: son audace. Et un côté rebelle qu’il possédait déjà au lycée Faidherbe et qui lui fit préférer le béret basque aux couvre-chef plus classiques. Et l’audace, Pathé n’en manque point ; qui allait le conduire à affronter l’establishment euro ou sémito-centriste et attraire en justice, en France, un certain Jean Daniel, éditorialiste du Nouvel Observateur qui fut déclaré coupable et condamné. Une audace qui allait le conduire à déconstruire les paradigmes d’un certain Léopold Sedar Senghor devenu le servant de la francophonie après avoir été le chantre de la négritude. Senghor était alors au summum de son imperium politique et intellectuel et résumait sa philosophie d’une maxime : « Sévir sans faiblesse coupable ni cruauté inutile » Telle était sa position face à ses adversaires politiques depuis la mise sur pied du régime présidentiel en 1963 mais aussi face aux intellectuels. Pour le monocrate qu’il était devenu en instaurant un présidentialisme exacerbé en lieu et place d’un régime parlementaire dont il se défit en 1962, le maitre mot était sévir, au risque de susciter une résistance à laquelle PD prit une part active, même si elle est peu connue. Le festival d’ Alger en 1969 marqua le paroxysme de l’ affrontement Diagne-Senghor qui jusqu’alors avait été à fleurets mouchetés.
Senghor n’est pas à Alger mais il y a dépêché deux poids lourds de son gouvernement :Assane Seck et Amadou Makhtar Mbow. Ils seront bien incapables cependant de faire face à la puissance de feu d’un PD d’autant plus à l’aise qu’il ne cherche rien ni dans les cénacles du pouvoir, ni dans les rangs de l’opposition .Senghor réagira avec une sévérité qui frise la cruauté : PD sera renvoyé de l’IFAN. Mais alors qu’ à l’époque coloniale il s’est trouvé un Boissier Palun pour faire plier ou pour contourner une sanction excessive prise contre Pathé par l’administration du lycée Faidherbe, en 1969 il ne se trouve plus personne pour faire entendre raison à un Senghor d’autant plus ferme qu’il voit en PD un exemple qu’il ne faut pas laisser prospérer. PD restera de marbre face à la décision de l’autocrate et continuera son combat sans jamais faire de concessions . Par intégrité intellectuelle autant que politique, il refuse la soumission à un ordre senghorien suranné. Il va quitter l’institution universitaire où il aurait pu faire carrière mais la victoire de Senghor est une victoire à la Pyrrhus car PD aura laissé des traces de son passage avec une production intellectuelle de qualité sous la forme de plusieurs livres et de dizaines d’articles.
L’intégrité de Pathé se double d’une humilité qui est un autre trait majeur. PD n’est pas homme des paillettes ou des ors et dorures. La lumière, il ne la cherche pas ,pas plus qu’il ne tire la couverture à lui. Les rampes des projecteurs, il les abhorre et lorsqu’il ne peut y échapper, il cherche un commensal avec qui les partager ou attribue ses mérites a d’autres. Pathé est un homme généreux.
2) La densité de PD est celle d’un homme généreux :
Cette générosité s’exprime de diverses manières :elle prend d’abord la forme de la solidarité avec les plus vulnérables. Les raisons de son expulsion de Faidherbe sont éclairantes à cet égard. C’est en effet pour ne pas servir de témoin à charge à un professeur français corrige par un élève sénégalais que PD fut l’objet cd représailles. Il préféra prendre quelques libertés avec la vérité plutôt que de dire une vérité qui aurait pu nuire à son camarade.
Cette solidarité avec les plus vulnérables explique sans doute son intérêt pour une certaine approche de l’ histoire : celle qui rétablit la vérité sur ceux-là qu’on tend à oublier, donne voix aux sans -voix, sert ceux-là que le destin semble desservir. Il pense comme Chinua Achebe que les lions ont besoin de leurs historiens. Il rétablit ainsi la vérité sur Jean Bart, qui avait en fait pour nom Jambar Diagne, était lamane maitre de terre. C’est ce trait d’esprit qui explique aussi qu’il se soit intéressé au Faidherbe de 1870 plutôt qu’au Gouverneur de St Louis car le vainqueur des Prussiens dut sa victoire aux soldats originaires des quatre communes, héros pas suffisamment chantés.
Cette générosité prend aussi la forme d’une ouverture d’esprit remarquable. Rien n’en témoigne davantage que la ligne éditoriale de la maison d’ édition qu’il fonda en 1974. Sankore, ainsi qu’il l’appela pour souligner l’ouverture, accueillit tenants et adversaires de l’ethnophilosophie ,marxistes et libéraux, laudateurs et contempteurs de Cheikh Anta Diop. La librairie éponyme amplifiait les controverses fécondes mais surtout les démocratisait car Sankoré qui était central spatialement parlant, était libre d’accès. .Toutes les langues s’y parlaient et toutes les générations y étaient également bienvenues, tout comme les formes d’expression: s’y rencontraient les cinéastes, les peintres et sculpteurs ; les romanciers et les musiciens, les mathématiciens et les chanteurs de khassaides, les juristes et les anarchistes autoproclamées. PD était d’autant plus enclin à débattre que ce n’est pas un homme de chapelle. Il est en fait de ceux qui, en politique comme dans d’autres sphères, ne transigent pas sur la souveraineté du sujet. Souveraineté comprise comme chez Spinoza comme la capacité de dire non.
Cette capacité à dire non Pathé la porte en bandoulière car il est l’héritier d’une tradition communale citoyenne qui s’est forgée au sein d’un Saint Louis comptoir multiracial, multiculturel et multiconfessionnel depuis l’époque du négoce transocéanique alors que les monarchies de droit divin régnaient en Europe et les califats despotiques en Orient. Dans le passage Nehme où se nichait Sankore, non seulement on pouvait dire non mais on était encouragé à le dire. Et ce dans la langue de son choix. Comme s’il se fût agi de mettre en pratique les propos de Serigne Moussa Ka inscrits en épigraphe de son ouvrage sur la littérature wolof selon lesquels « toute langue est belle qui chante chez l’esclave la dignité et chez l’homme célèbre l’intelligence » Et lorsque l’espace ou le temps de la librairie s’avérait contraignant, PD invitait les protagonistes du jour à poursuivre la discussion ailleurs. C ‘était souvent chez lui. L’agora se déplaçait alors de Ponty à Yoff Ranrhar où le cebbu jenn St louisien servi face à l’ Atlantique finissait par avoir raison des ardeurs des uns et des autres ou réussissait le tour de force de mettre d’accord, de réconcilier les protagonistes et devenait ainsi un liant renforcé par la magie du lieu et la majesté d’une Fat Sow, tout à la fois complice intellectuelle de PD, hôtesse prévenante et commensale taquine.
La générosité conduit aussi PD à reconnaître à ses interlocuteurs ou à ses sujets beaucoup plus de qualités qu’euxmêmes ne s’en trouvent ou ne s’en connaissent. C’est ainsi qu’à propos d’un évènement comme Mai 68, PD est un des rares de sa génération à en avoir saisi, à mon sens, l’esprit profond. La lecture qu’il en fait est particulièrement valorisante car là où beaucoup de sa génération ne voient qu’une simple disruption, si ce n’est, pire encore, mimétisme de la part d’étudiants manipulés par des Albo-européens, PD dans sa grande générosité autant que lucidité lit Mai 68 comme une manifestation d’envergure qui se distingue des autres manifestations politiques par la très grande générosité, le désintéressement, le dévouement de la plupart des acteurs de ce mouvement, singulièrement des plus jeunes. Il est, sous ce rapport, «frère d’âme », comme dirait mon neveu David Diop, du situationniste Raoul Vaneighem pour qui la révolution est une offrande à l’amour. C’est encore de générosité que fait preuve Pathé lorsqu’il attribue à ce qu’il appelle l’esprit de Saint Louis ou de Tafsir Omar, son grand-père maternel, des qualités dont je persiste à croire qu’elles lui sont propres..
C’est encore sur le compte de la générosité que s’inscrit son sens aigu de l’amitié. Chez PD générosité rime avec amitié. Une amitié élevée au rang de mystique. PD ne renie aucun de ses amis, même ceux qui ont fait des choix aux antipodes des siens. Tout au plus peut-il s’en éloigner, pour ne pas les gêner, comme ce fut le cas avec Diouf au pouvoir ( Président de la République du Sénégal en 1981 après avoir été Premier Ministre entre 1970 et 1980); mais jamais il ne les fustigera. Sa fidélité en amitié explique aussi qu’il ne se soit jamais joint au chœur des critiques de Présence Africaine bien que la Société Africaine de Culture (SAC) à laquelle il prêta pendant fort longtemps ses lumières ne l’ait pas payé en retour et ait même contribué, par sa tiédeur à faire couler l’Association internationale des arts et cultures (AIFESPAC).
J’en arrive à un autre trait de caractère de PD : c’est l’intégrité. C’est une intégrité morale résultant d’une éducation stricte et quelque peu aristocratique avec ce que cela comporte non de mépris mais de détachement par rapport aux oripeaux des nouveaux riches; mais l’intégrité de PD elle est aussi une intégrité intellectuelle qui pousse à un sacrosaint respect des faits. Cette intégrité, rien n’en témoigne davantage que le portrait qu’il dresse de Félix Éboué en qui il voit « le dépositaire et le légataire d’une tradition communale citoyenne …antérieure aux révolutions républicaines du 18eme siècle… » PD. rétablit la vérité sur Éboué parce qu’il ne supporte pas l’injustice de l’oubli, la falsification de l’Histoire de la Résistance par De Gaulle et ses épigones, « la mémoire absentée ». L’intégrité s’exprime par sa volonté et sa capacité à écouter et à parler, à présenter et à partager. Pathé aime communiquer, mais moins pour rallier quelqu’un à sa cause, recruter des talibés ou des militants que pour inciter au dépassement, faire bouger les lignes et faire voir en chacun ce qu’il a de mieux. Son intégrité conduira PD à toujours dire ses limites pour inviter d’autres à le dépasser; les faiblesses de ses argumentaires, il ne les cachera jamais et s’il y a une chose dont il a pu souffrir ce n’est pas de la contestation de ses idées, révolutionnaires sur bien des points, mais de leur insuffisante contestation, en raison de débats insuffisants auxquels il était pourtant prêt, qu’il voulait même susciter. Loin de vouloir marquer un territoire, qu’il aurait pu considérer comme le sien pour l’avoir débroussaillé, PD invite les autres à y planter leurs pénates s’ils le souhaitent, sans payer un ticket d’entrée. C’est assez rare chez les chercheurs formés à l’esprit de la rivalité féroce, forcené, distincte de l’émulation saine, pour mériter d’être souligné
*A SUIVRE
NOTA : Le décès de Pathé Diagne survenu le 23 Aout 2023 à Dakar a remis à l’ordre du jour tout l’intérêt du texte que Dr Alioune Sall a servi à l’auditoire lors du colloque international sur le thème Globalisation, langues nationales et développement en Afrique – Hommage à deux pionniers de la linguistique africaine : Arame FAL et Pathé Diagne. Sud Quotidien reproduit en deux jets cette conférence magistrale qui a été prononcée dans la foulée du lancement de l’Institut d’Études avancées (IEA) de Saint-Louis en 2018, sous le titre Pathé Diagne, lamane de la pensée, au linguiste, éditeur et économiste qui, depuis de nombreuses années, a vécu dans la pénombre.
Par ALIOUNE SALL
«APRES L’ALGERIE, ON ESPERE JOUER CONTRE LE MALI, LE MAROC ET LA FRANCE AU SENEGAL»
Finis les matches amicaux avec les sélections supposées faibles. Aliou Cissé veut désormais du lourd.
Finis les matches amicaux avec les sélections supposées faibles. Aliou Cissé veut désormais du lourd. Après le Brésil à Lisbonne, l’Algérie ce soir au stade du Président Abdoulaye Wade, le sélectionneur des Lions voudrait affronter le Mali (en pourparlers pour le 14 octobre) puis le Maroc voire la… France. La seule condition, c’est que l’ancien capitaine du Sénégal souhaite que ces rencontres se déroulent à Dakar. Il l’a fait savoir en conférence d’avant match hier, lundi 11 septembre, au stade Me Wade. Morceaux choisis.
LES FORFAITS DE BOULAYE, ISMAÏLA ET FORMOSE
«On a trois garçons qui sont indisponibles. Formose est venu avec une blessure à la cheville. Après l’IRM, on s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas tenir sa place. Concernant Boulaye (Dia), il a été opéré du genou et c’est un peu difficile les reprises quand vous restez longtemps sans jouer. Ismaïla (Sarr) s’est blessé au courant de l’opposition du vendredi. Il a ressenti une douleur derrière la cuisse. Mais, on a un bon groupe et assez large. Lors de la publication de la liste, on était prêt à toute éventualité. On a la possibilité de remplacer les joueurs blessés. C’est l’opportunité de voir les joueurs qui n’ont pas l’habitude de commencer de débuter et aider l’équipe à gagner cette rencontre. Et on a bien préparé ce match qui va en direction de la CAN».
LES RETROUVAILLES AVEC L’ALGÉRIE
«Depuis l’annonce de ce match, beaucoup de gens me posent cette question. Il y a beaucoup de choses qui se sont passées depuis 2019. Les deux équipes ont changé depuis 2019. Il y a une génération qui est passée et une autre qui est arrivée. Ce qui est important, ce match s’inscrit dans la progression de l’équipe. On n’a pas beaucoup de temps de préparation durant la période de CAN. Je le dis et je le répète, on a la chance de se qualifier au bout de quatre journées. Que ce soit la 5ème journée contre le Bénin, le Brésil et aujourd’hui l’Algérie, nous sommes en préparation de cette CAN. Au mois d’octobre, on aura le Mali ici et on ira jouer le Cameroun. C’est une planification qu’on a mise en place. Demain (aujourd’hui), ça sera un très grand match parce qu’il y aura de très bons joueurs».
SON DUEL AVEC BELMADI
«Avec Djamel Belmadi, on a pratiquement des destins similaires. Il a été international, il a évolué dans les clubs que j’ai joués et il est de Champigny là où j’ai grandi. Depuis 2019, les comparaisons sont là. Effectivement, on a perdu deux matchs en 2019. Ce sont ces matchs qui nous ont permis de gagner la CAN en 2022. Ils nous ont également permis de qualifier une nouvelle fois à la Coupe du monde. On s’est refait et on a répondu présent à toutes les compétitions. En réalité, ce n’est pas Djamel et moi qui allons jouer. Demain (Aujourd’hui), je ne serai pas sur le terrain mais je donnerai de la force à mes joueurs. C’est un gros match et ce sont ces matchs que nous désirons. Et ça s’inscrit seulement dans le jeu. Ce n’est pas une question de revanche ou de vengeance. Je n’ai pas de vengeance ou de revanche à prendre. On a perdu la finale en 2019, mais on est restés longtemps sur le toit du continent. De 2019 à aujourd’hui, si on regarde les performances des deux équipes, je crois que le Sénégal est audessus».
L’INTÉGRATION DES BINATIONAUX
«S’il faut comprendre dans l’évolution du football africain, c’est que l’Afrique reste l’Afrique, ça ne changera pas avec ses réalités. Les réalités d’aujourd’hui sont différentes. A notre époque, c’était plus compliqué. Maintenant pour les binationaux, ils s’adaptent rapidement. J’en ai pas mal dans notre équipe et d’ailleurs un est le capitaine. Il n’est pas né ou grandi au Sénégal. Il y a quelques années, on se posait la question sur leur motivation et je n’aime pas trop en parler. Car ce sont des Sénégalais à 100%. Même s’ils ne sont pas nés au Sénégal, leurs parents ou leurs grands-parents resteront Algériens ou Sénégalais. Il faut dire que les binationaux s’intègrent de mieux en mieux parce que les conditions sont différentes».
LA POLYVALENCE DE GANA GUÈYE
«Gana, c’est plus de 100 sélections. Vous savez la confiance que j’ai pour lui pour tout ce qu’il a eu à faire pour cette équipe nationale en termes de régularité, de performance et de patriotisme. C’est un exemple pour les plus jeunes. Avec sa capacité de jouer comme relayeur, il arrive à marquer des buts et faire des passes décisives. Je me rappellerai toujours de son but contre le Bénin (CAN-2019). Comme je l’ai toujours dit, il a les qualités offensives. Même si son poste de prédilection, c’est devant la défense. Mais, si l’entraîneur doit faire en sorte d’avoir un équilibre dans son équipe. Tout ce qui est important, c’est le groupe et non les individualités. Sentinelle ou pas, je sais que Gana a les qualités de jouer partout sur le terrain».
SA LONGÉVITÉ EN ÉQUIPE NATIONALE
«Dans tout projet, ce n’est pas une histoire de vitesse ou de se précipiter. Quand j’ai pris l’équipe nationale du Sénégal, l’objectif c’était de se qualifier à la CAN ensuite à toutes les Coupes du monde. Une équipe, ça ne se construit pas du jour au lendemain. Chaque année et chaque compétition, vous apprenez. Concernant le bon comportement des équipes nationales du Sénégal, c’est un projet en collaboration avec les clubs. On a deux centres techniques qui nous permettent de regrouper toutes nos catégories d’équipe nationale. On a des entraîneurs qui sont chevronnés et qui travaillent beaucoup. Je peux citer Pape Thiaw, Malick Daf… mais c’est une volonté fédérale et du directeur technique national (Mayacine Mar, Ndlr)».
LA STRATÉGIE CONTRE LES FENNECS
«On prépare ce match depuis quatre, cinq jours et on est prêts à affronter cette équipe algérienne qui est une très grande équipe. Ce sont ces genres de match que l’Afrique a besoin. Après, c’est le Mali et j’espère que le Maroc ou la France viendront ici. Il y a quelques années, on n’aurait pas choisi un match comme ça. Aujourd’hui, avec la progression de cette équipe nationale, on est obligés de jouer les gros matchs. Avec la structure qu’on a, on ne peut pas se permettre de rester pendant deux ans sans recevoir les grandes équipes».
L’ARABIE SAOUDITE…
«C’est un phénomène parce que beaucoup de joueurs africains choisissent l’Arabie saoudite. C’est la nouvelle destination. Comme je l’ai déjà dit, l’Europe reste l’Europe, mais ailleurs, il y a des choses qui sont en train de se faire. Laissons ce championnat se mettre en place avec toutes ces stars. Mais le peu de choses que j’ai vu lors de ces deux mois de début de compétition, il faut dire que ça beaucoup changé».
PLUS QU’UN MATCH DE PRESTIGE, UN TEST MAJEUR
Le Sénégal s’achemine vers un test important en direction de la CAN 2023. Ce sera lors du match amical qui l’oppose à l’Algérie, ce mardi 12 septembre au stade Abdoulaye Wade de Dakar (19h00 GMT).
Le Sénégal s’achemine vers un test important en direction de la CAN 2023. Ce sera lors du match amical qui l’oppose à l’Algérie, ce mardi 12 septembre au stade Abdoulaye Wade de Dakar (19h00 GMT). Plus qu’un match de gala ou de prestige, cette confrontation entre les deux derniers champions d’Afrique, sera un bon baromètre dans la phase de préparation. La gagne sera importante pour la confiance à quelques mois des qualifications de la Coupe du monde prévue en novembre prochain et du rendez-vous continental de janvier prochain en Côte d’Ivoire.
L e Sénégal affronte ce mardi 12 septembre au stade du Président Abdoulaye Wade de Diamniadio, l’Algérie. Ce match amical de prestige mettra aux prises les deux derniers champions d’Afrique (2019 et 2021). Leur dernière confrontation en match officiel remonte à la finale de la CAN le 19 juillet 2019 au stadium du Caire, remportée par les Verts (1-0) grâce à un but de Bounedjah. Après avoir réussi à garder leur invincibilité dans le cadre des qualifications à la CAN2023, la rencontre sera surtout un test grandeur nature à deux mois de l’ouverture des qualifications pour la Coupe du Monde 2026. Mais aussi en direction de la Coupe d’Afrique des nations dont le coup d’envoi prévu dans 6 mois en Côte d’Ivoire. Plus qu’un match de gala, le choix de jouer les Fennecs d’Algérie comme sparring-partners permettra aux champions d’Afrique en titre d’engranger plus de confiance et à son sélectionneur d’avoir plus de certitudes sur son groupe qui, du reste, est déjà amputé par ses deux atouts offensifs notamment les attaquants Ismaïlia Sarr et Boulaye Dia. Ces deux joueurs, éléments clés du dispositif d’Aliou Cissé, se sont montrés décisifs lors de la victoire de prestigieuse obtenue au cours du match amical remporté devant le Brésil (4- 2) en juin dernier. Ce, grâce à un doublé de Sadio Mané. «Le choix de ce match réside dans le jeu, la progression de notre équipe. Ce ne sera pas un match-revanche mais, pour suivre une politique sportive mise en place par le directeur technique national et la Fédération sénégalaise de football», avait expliqué Aliou Cissé.
(0 à 0) à domicile, face à la Tanzanie à domicile (Annaba), l’Algérie a, de son côté, terminé invaincu dans leur groupe avec 5 succès et 1 nul en 6 parties. Mais, le doute s’est installé depuis quelques temps au sein de la formation d’Algérie. Cette dernière performance de la bande à Ryad Mahrez contre la Tanzanie est considérée dans l’opinion algérienne comme l’une des pires de l’ère Belmadi et une prestation à oublier au plus vite. Dans cet élan, le sélectionneur entend aborder cette rencontre avec beaucoup d’ambitions.
«Le match face au Sénégal nous permettra de voir qu’elle est vraiment la personnalité de nos joueurs. On ira là-bas avec beaucoup d’ambitions et pour faire un résultat», a promis Djamel Belmadi. A noter que le Sénégal et l’Algérie se sont jusque-là affrontés 23 fois, pour neuf matchs amicaux, quatre rencontres de Coupe d’Afrique des nations (CAN), quatre matchs comptant pour les qualifications à la Coupe du monde (2002 et 2010) et quatre rencontres qualificatives pour la CAN (1984 et 1994). Les Fennecs se sont imposés à treize reprises, les Lions quatre fois. Six de leurs rencontres ont terminé par un nul.
L’ETAT INVITÉ À PRODUIRE UN RAPPORT POUR MONTRER LES MOYENS DE LA PERFORMANCE
Birahim Seck revient sur la « communication à outrance » autour du taux de pression fiscale du Sénégal
Le Forum Civil a organisé hier, lundi 11 septembre, un atelier de renforcement de capacités au profit des parlementaires sur la mobilisation des ressources fiscales et la lutte contre les flux financiers illicites au Sénégal. Birahim Seck a profité de cette occasion pour revenir sur la « communication à outrance » autour du taux de pression fiscale du Sénégal. Selon lui, le ministère des Finances et du budget devrait produire un rapport sur la mobilisation des ressources fiscales au lieu de verser dans la communication.
Les services du ministère des Finances et du budget ont informé la semaine passée que le Sénégal a enregistré un taux de pression fiscale de 18,2% en 2022 et occupe la première place au niveau communautaire.
Selon le coordonnateur du Forum Civil Birahim Seck, le ministère des Finances et du budget ne devrait pas se glorifier de ce résultat. Parce que, dit-il, notre pays n’a toujours pas atteint le seuil défini par l’Uemoa qui est de 20%. Il s’exprimait hier, lundi 11 septembre, lors de l’atelier de renforcement de capacités au profit des parlementaires sur la mobilisation des ressources fiscales et la lutte contre les flux financiers illicites au Sénégal, organisé par le Forum Civil. « Nous voulons un peu mettre les pendules à l’heure, parce qu’il y a quelques jours, il y a une communication à outrance autour de la pression fiscale au niveau du Sénégal. Le ministère des Finances s’est auto glorifié de la position du Sénégal comme leader en matière de pression fiscale au niveau de l’Uemoa. Le Forum Civil a toujours attiré l’attention du ministère de faire attention dans ses communications. Déjà en 2016, nous étions à un taux de pression fiscale de 19%, en 2022 un taux de 18%. Nous n’avons même pas atteint le taux de pression fiscale de 20% qui est la norme indiquée par l’Uemoa », se désole le coordonnateur du Forum Civil. Il pense que le ministère des Finances et du budget doit être beaucoup plus modeste dans la communication et travailler davantage à une recevabilité.
Selon lui, pour convaincre les Sénégalais, le ministère devrait aujourd’hui pouvoir produire un rapport qui mentionne réellement les moyens qui sont utilisés pour atteindre une certaine performance. « Par exemple, aujourd’hui on ne peut pas nous dire le nombre d’agents mobilisés pour une mobilisation des ressources, ni le nombre de missions déployées encore moins le nombre d’entreprises ciblées ainsi que les missions qui sont abouties ou pas. Nous sommes dans un monde transparent. Le ministère des Finances doit apprendre à communiquer de façon transparente avec des chiffres réels, mais pas uniquement à verser toujours dans la communication », suggère t-il. A l’issue de cet atelier, la cellule sénégalaise du réseau des parlementaires de lutte contre les flux financiers illicites pour la fiscalité équitable sera mise en place.
DES MAIRIES À L’ARRÊT, DES REQUÉRANTS EN SOUFFRANCE
A Dakar, la grève des collectivités territoriales n’a pas épargné les centres d’état civil. Beaucoup d’entre sont à l’arrêt, pour ne pas dire désertés à la suite du mot d’ordre des travailleurs, à partir de ce lundi 11 septembre
A Dakar, la grève des collectivités territoriales n’a pas épargné les centres d’état civil. Beaucoup d’entre sont à l’arrêt, pour ne pas dire désertés à la suite du mot d’ordre des travailleurs, à partir de ce lundi 11 septembre. Les activités sont à l’arrêt dans les mairies, au grand des requérants de pièces d’état civil ou autres.
En ce premier jour de la semaine, un calme inhabituel anime les centres d’état civil à Dakar. C’est le cas à la mairie de Mermoz-Sacré coeur à proximité de la pharmacie de Baobab. La cour est déserte, calme, les portes et fenêtres sont toutes fermées. On dirait un jour férié alors qu’en vérité, tel n’est pas le cas. Nous sommes en début de semaine en effet et les travailleurs des collectivités territoriales sont en ordre de bataille face aux autorités étatiques centrales et locales relativement à leurs doléances. Et pour contraindre ces dernières à satisfaire leurs revendications, Ils ont décidé de repartir au front par une grève de 5 jours à compter de ce lundi 11 septembre. Principales victimes, les populations venues à la recherche de pièces d’état civil, d’extraits de naissance et autres. « Ici, à la mairie, le gardien m’a dit de venir le lundi, mais je ne peux pas attendre puisque j’ai un cas urgent à régler. Du coup, je pars à la police de Dieuppeul pour me trouver un certificat de résidence. Le plus tôt sera le mieux », nous informe Omar Cissé, un commerçant croisé à la porte de la mairie avec sa moto.
En allant vers le stade Demba Diop, une vieille femme trouvée à l’arrêt de bus sous le chaud soleil se plaint elle aussi de la grève des collectivités, contrainte de rentrer chez elle sans avoir le certificat de naissance cherché. Il faut dire que ces cas sont loin d’être spécifiques en ce premier jour d’application des 120 heures de grève des collectivités territoriales. Dans les autres mairies de Dakar également, le calvaire est le même pour les requérants de pièces d’état civil, contraints de patienter ou d’user de mille pirouettes pour décrocher l’hypothétique papier qu’ils recherchent dans les mairies de Dakar. Et dire qu’il reste encore quatre jours de grève.