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5 mai 2025
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
LE PRÉSIDENT ET L’AXIOME DE CHOIX
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre choisir quelqu’un qui pourrait gagner et ne s’avérait pas loyal à terme et quelqu’un qui serait loyal mais aurait peu de chance de gagner, c’était vite vu pour Macky Sall. Il faut d’abord gagner pour ensuite penser à la loyauté
L’accouchement fut difficile. Le président a la digestion lente. Choisir lui demande toujours du temps. Lui, l’apôtre des coalitions de longue durée et de la théorie des ensembles, ignore visiblement l’axiome de choix, fondement de cette théorie. Des signes avant-coureurs désignèrent le vainqueur bien avant son annonce et il n’eut point de fâcheuse surprise, le pronostic attendu s’avéra cette fois juste. Le choix du candidat de Benno s’est porté sur Amadou Ba. Un choix de raison plutôt que de coeur, un peu comme lors de son abdication du troisième mandat. Macky Sall est un ingénieur, pas un artiste. Il sait donner à la politique une tournure personnelle et est apparu au fil des ans comme un champion dans la préservation de ses intérêts en manipulant les circonstances. Après avoir donc attendu plus de deux mois, le candidat de Benno a enfin un visage. C’est important en politique.
On constatera qu’Amadou Ba est à chaque fois présent dans les moments de choix du président. On constatera aussi que chaque fois qu’il a fallu le nommer à une quelconque responsabilité, le président aura longuement hésité. Souvenez-vous de la formation du gouvernement à l’issue de l’élection présidentielle de 2019. L’annonce qui devait être une simple formalité prit une éternité. Amadou Ba était le point bloquant. Les négociations d’alors, achoppèrent principalement sur sa sortie du ministère des Finances. Il accepta contre mauvaise fortune bon coeur, le ministère des Affaires étrangères. Il n’y resta d’ailleurs pas longtemps.
L’autre épisode fut sa nomination au poste de Premier ministre en septembre 2022. Le poste, bien que remis au goût du jour par une procédure d’urgence, fut vacant pendant plus de neuf mois. Une éternité. Il avait fallu là encore, au président moult hésitations avant de lui proposer le fauteuil. Une sombre affaire d’achat d’armes impliquant le ministère de l’Environnement et celui des Finances tomba à propos pour le mettre en pole position et lui permettre de rafler la mise.
Bis repetita pour la désignation de son dauphin dans Benno, le président aura attendu des semaines avant de le nommer. Entre temps, à leur grand désavantage, une kyrielle de candidats eut le temps de fleurir dans leur camp, des clans s’installèrent et on vit naitre des bribes de compétition féroces entre les différents protagonistes. Les joutes entre candidats à la candidature, furent-elles à fleurets mouchetés, se firent jour et elles auront sans aucun doute, des séquelles dans les jours à venir.
Le président se devait de répondre à deux questions simples pour désigner le candidat de son camp : qui parmi les candidats pouvait gagner au premier tour ? Sur qui pourrait-il compter pour rester dans les arcanes du pouvoir après 2024 ?
A ces deux questions, Amadou Ba était la meilleure réponse : il tient la cote dans l’électorat national pour Benno, n’étant pas régionalement marqué donc aisément fédérateur ; il a le profil lisse, pas fortement estampillé APR pour les partenaires dans Benno qui souffraient en silence de l’hégémonie du parti du président ; il est enfin celui qui rassure les partenaires extérieurs du Sénégal.
Le choix d’Amadou Ba ne dérange dans le fonds que ses collègues de parti. Sa cote de désamour dans l’APR est forte. Les militants sont contre ce taiseux, qui, bien que dernier venu, a engrangé tous les privilèges sans jamais véritablement mouiller le maillot. On lui reproche de ne jamais l’avoir entendu égratigner le moindre opposant.
Mahamat Boun Abdallah fut pendant un long moment, son challenger à ce poste de candidat de Benno. Il est indubitablement, la personne sur laquelle Macky peut, sans aucune hésitation, compter en toutes circonstances. Il enfila le rôle de parfait second durant tout leur compagnonnage. S’il jouissait de l’avantage d‘être un bon compromis dans Benno n’y ayant pas d’ennemis déclarés, il portait le lourd handicap de ne pas capter en son nom, un électorat de masse hors de sa coalition.
Abdoulaye D. Diallo montra par moment ses muscles mais à vrai dire, il n’en avait pas beaucoup. Bien qu’homme de réseaux, il avait l’inconvénient d’être une personne du « milieu ». Il ne tranchait véritablement sur aucun des principaux critères du président : pouvoir gagner et être loyal -. Il pourrait certes gagner avec l’appareil de Benno, mais Amadou Ba pourrait mieux gagner que lui ; il est certes loyal au président mais Boun Abdallah est plus loyal que lui. Ces manquements en faisaient le moins bien placé du trio majeur.
Les autres candidats à la candidature ne présentaient pas d’intérêts particuliers aux yeux du président.
Avec ce choix, Macky fait un pari risqué en espérant que son futur d‘ex-président n’aura pas à regretter cet acte. Entre choisir quelqu’un qui pourrait gagner et ne s’avérait pas loyal à terme et quelqu’un qui serait loyal mais aurait peu de chance de gagner, c’était vite vu. La balance a penché du côté d’Amadou Ba. Il faut d’abord gagner pour ensuite penser à la loyauté. C’est cela la realpolitik.
Dorénavant, les yeux vont se tourner vers Amadou Ba.
Les caresses courtisanes vont changer de maitre. Cela a déjà commencé. Sa vie privée sera désormais auscultée sur toutes les coutures et mise sur la place publique par ses adversaires. Il sera leur cible désignée. Espérons qu’il aura la peau dure.
En attendant, nous autres citoyens devront aussi activer notre axiome de choix : il nous faudra nous aussi répondre à ces deux questions : les défis de 2024 pourront-ils se faire dans la continuité comme le suggère la candidature d’Amadou Ba, prudent et spécialiste dans l’accumulation des petits avantages politiques comme son maitre ? Ou faudrait-il un nouveau messie adepte de l’attaque frontale pour refonder ce pays, effacer le passé et enclencher les réformes dont nous avons besoin ?
Les prochains mois nous permettront, avec ce qui restera de candidats passés au filtre du parrainage, de redéfinir ce qui parait possible et de choisir des leaders capables d’imposer des transformations.
Ce sera notre ultime défi.
C. Tidiane Sow est Coach en Communication politique.
AMADOU BA RASSURE LES MARCHÉS
Les obligations en dollars du Sénégal arrivant à échéance en 2033 ont augmenté après que Macky Sall ait apporté son soutien à la candidature de son Premier ministre. Les obligations en euros arrivant à échéance en 2028 ont également connu une hausse
Dans un article publié par Bloomberg ce lundi 11 septembre, il est rapporté que les obligations en dollars du Sénégal arrivant à échéance en 2033 ont augmenté après que le président Macky Sall ait apporté son soutien à la candidature présidentielle de son Premier ministre. Les obligations en euros arrivant à échéance en 2028 ont également connu une hausse.
Le président Sall a publiquement soutenu le Premier ministre Amadou Ba, un technocrate de 62 ans, pour se présenter à la présidence lors des élections de février dans le pays. Cette décision a écarté la perspective d'une candidature controversée pour un troisième mandat. En réaction à cette annonce, les obligations du Sénégal arrivant à échéance en mai 2033 ont augmenté pour la troisième journée consécutive, se négociant au-dessus de 83 cents pour le dollar, atteignant ainsi leur plus haut niveau depuis près de deux semaines.
Yvonne Mhango, économiste pour l'Afrique subsaharienne chez Bloomberg Economics, a déclaré : « Nous considérons que le marché voit favorablement la nomination du Premier ministre Amadou Ba ». Elle a également souligné que cette nouvelle apporte un certain réconfort pour le Sénégal, en confirmant l'annonce de Macky Sall plus tôt cette année selon laquelle il ne se présenterait pas pour un troisième mandat, notamment après le coup d'État au Gabon qui a suscité des inquiétudes quant à la stabilité politique dans la région.
La nomination d'Amadou Ba devrait apaiser certaines inquiétudes des investisseurs après des années d'incertitude politique, alors que l'économie sénégalaise, d'une valeur de 31 milliards de dollars, se prépare à devenir un producteur de pétrole et de gaz. Le développement gazier de Greater Tortue Ahmeyim, d'une valeur de 4,8 milliards de dollars et dirigé par BP Plc et Kosmos Energy Ltd, devrait débuter sa production au premier trimestre de l'année prochaine après avoir fait face à des retards.
En juin, le Fonds monétaire international a approuvé des prêts d'un montant de 1,8 milliard de dollars pour soutenir l'économie de ce pays d'Afrique de l'Ouest. Le FMI prévoit une croissance réelle du produit intérieur brut de 8,8 % en 2024, grâce à la production de pétrole et de gaz.
Ces développements économiques et politiques sont perçus comme positifs par les investisseurs, ce qui se reflète dans la hausse des obligations du Sénégal sur les marchés financiers internationaux.
AMINATA TOURÉ INVITE AMADOU BA À UN DÉBAT CONTRADICTOIRE
La patronne de Mimi2024 souligne l'importance de confronter les différentes visions pour le Sénégal, maintenant que le président Macky Sall a finalement désigné son candidat, à quatre mois du début de la campagne électorale
Dans une déclaration publique faite le dimanche 10 septembre 2023, Aminata Touré, ancienne Première ministre et candidate à l'élection présidentielle de février 2024, a lancé une invitation au Premier ministre actuel, Amadou Ba, fraîchement désigné comme candidat de la majorité présidentielle. L'invitation vise à organiser un débat contradictoire entre les deux candidats, afin de confronter leurs idées, programmes et pratiques pour diriger le pays.
Aminata Touré souligne l'importance de confronter les différentes visions pour le Sénégal, maintenant que le président Macky Sall a finalement désigné son candidat, à quatre mois du début de la campagne électorale. Elle propose donc un débat public qui serait organisé par la presse sénégalaise, avec invitation de la presse internationale. En tant qu'ancienne Première ministre et candidate à l'élection de 2024, Aminata Touré est convaincue que sa proposition ne peut être refusée par le candidat du régime en place.
Elle se dit immédiatement disponible pour participer à ce débat et exhorte la presse sénégalaise à contribuer à faire de l'élection présidentielle de 2024 un choix basé sur les programmes et l'éthique de tous les candidats déclarés. Aminata Touré souhaite ainsi mettre en avant l'importance d'un processus électoral démocratique et transparent, où les électeurs pourront évaluer les propositions de chaque candidat de manière éclairée.
Aminata Touré, qui est également présidente du mouvement Mimi2024, conclut son invitation en exprimant sa volonté de participer activement à un débat démocratique et ouvert, dans le but de donner aux citoyens sénégalais toutes les informations nécessaires pour faire un choix éclairé lors de l'élection présidentielle de 2024.
par Bassirou Dieng
MACKY NE FAIT RIEN AU HASARD
Même s il a porté son choix sur Amadou Ba, Macky ne fera pas de lui son seul et unique candidat. Il va sans doute parrainer d’autres candidatures pour maximiser les chances de voir un de ses candidats sortir au deuxième tour
En décidant de porter son dévolu sur son parent Halpular, Amadou Ba, et en insistant sur le fait que ce dernier est le seul candidat de Benno Book Yaakar, le président Macky Sall semble vouloir se laver les mains de toutes accusations de parrainage d’un autre candidat issu des flancs de leur coalition. Hélas ! Même son insistance ne ferait changer d’avis ceux qui le connaissent, le pratiquent et qui savent qu’il ne fait rien au hasard, soufflant à la fois le chaud et le froid.
Il est un habitué de parrainage de candidatures. À preuve, lors des locales de 2022, il a parrainé plusieurs candidatures dont celles de Mame Mbaye Niang et autres, ce, malgré ses menaces. Même s il a porté son choix sur Amadou Ba, Macky ne fera pas de lui son seul et unique candidat. Il va sans doute parrainer d’autres candidatures pour maximiser les chances de voir un de ses candidats sortir au deuxième tour.
Aux Sénégalais de ne pas alors tomber dans son piège. Il sait mieux que quiconque que son candidat « imposé », Amadou Ba, ne peut faire partie des deux premiers qui seront au deuxième tour au soir du 25 février 2024. Il cherchera juste à effriter l’électorat de l’opposition en maximisant les chances de son parent Halpular Amadou Ba.
Que rien ne nous surprenne si demain d’autres candidatures naissent des flancs de Benno.
Que le peuple prenne ses responsabilités une bonne fois pour toute en infligeant une bonne raclée à Macky et sa bande dès le 25 février 2024.
Bassirou Dieng est Coordonnateur Mimi2024 du département de Pikine.
KHALIFA SALL ET AMADOU BA LANCENT LA PRÉCAMPAGNE
La pré-campagne électorale s'accélère, avec Khalifa Sall qui cherche à faire valoir sa candidature et à regagner du terrain politique, tandis qu'Amadou Ba devra rassembler le soutien de la coalition présidentielle et faire face aux dissensions internes
La scène politique sénégalaise est en plein mouvement à l'approche de l'élection présidentielle prévue pour février 2024. L'opposant Khalifa Sall a entamé une tournée de précampagne le dimanche 10 septembre, alors que le camp présidentiel a finalement désigné le Premier ministre, Amadou Ba, comme son candidat pour succéder à Macky Sall, le samedi 9 septembre.
Le camp de l'opposant Khalifa Ababacar Sall se prépare activement. Dimanche matin, l'ancien maire de Dakar a entamé sa tournée dans le département de Louga, tandis que sa plateforme en ligne pour l'élection présidentielle de 2024 a été officiellement lancée, marquant le début de la période de campagne pré-électorale. À 67 ans, Khalifa Sall fait face à un enjeu de taille, ayant été écarté de l'élection présidentielle de 2019 en raison d'une condamnation à cinq ans de prison ferme pour détournements de fonds publics. Depuis lors, il a bénéficié d'une grâce présidentielle et son parti a remporté des mairies et des sièges de députés grâce à la dynamique de la coalition de l'opposition Yewwi Askan Wi lors des élections locales de janvier 2022 et des élections législatives de juillet 2022. Toutefois, il a été exclu de cette coalition depuis sa participation au dialogue national initié par Macky Sall.
De son côté, le camp présidentiel a également pris une décision clé : le chef de l'État a choisi le Premier ministre Amadou Ba pour représenter sa coalition Benno Bokk Yaakar lors du scrutin de février 2024. Ce choix ne fait pas l'unanimité, car quelques jours avant cette annonce, le chanteur et homme d'affaires Youssou N'Dour avait quitté le camp de Macky Sall, suivi le samedi soir par le ministre de l'Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, qui a démissionné du gouvernement.
La pré-campagne électorale s'accélère au Sénégal, avec Khalifa Sall qui cherche à faire valoir sa candidature et à regagner du terrain politique, tandis qu'Amadou Ba devra rassembler le soutien de la coalition présidentielle et faire face aux dissensions internes. Les prochaines semaines seront cruciales pour les candidats et les partis politiques alors que la compétition électorale s'intensifie dans le pays.
par Madiambal Diagne
LES OUBLIS DE MIMI TOURÉ
Quand elle bat campagne en 2019 pour la réélection de Macky Sall, ne sait-elle pas que le président de la République a déjà nommé son propre frère, Aliou Sall, à un emploi public ?
(…) On ne peut pas ne pas avoir la gorge nouée, en relisant certains écrits de Mimi Touré. Pour exprimer son courroux parce qu’elle n’est pas choisie par le président Macky Sall pour le poste de présidente de l’Assemblée nationale, elle cherche aujourd’hui à faire le plus mal, en personnalisant le débat politique et surtout en adoptant la stratégie de la terre brûlée. Mimi Touré verse dans l’invective, et fait exactement ce qu’elle reproche avec hargne et véhémence à son prédécesseur lorsqu’elle accède à la fonction de Premier ministre, Abdoul Mbaye.
Le simple fait que de tous les responsables politiques sénégalais, du pouvoir comme de l’opposition, Mimi Touré ne trouve que la seule personne de Abdoul Mbaye pour lui apporter un soutien public dans cette nouvelle croisade contre Macky Sall, devrait lui faire prendre la mesure de son fourvoiement. On a beau vouloir être amnésique, on peut encore se remémorer les esclandres de la passation du témoin entre ces deux personnes. De même, qu’est-ce que Mimi Touré épargne à Abdoul Mbaye quand il sollicite la protection de l’ambassade de France (son autre Patrie) à Dakar estimant craindre pour sa vie, lorsqu’il est victime d’un cambriolage à son domicile ?
Justement, quelle est cette facilité à prêter à chaque fois au pouvoir politique, le sinistre dessein de chercher à assassiner des adversaires, sans jamais déposer une plainte, ni fournir la moindre preuve ? C’est devenu une rengaine que quiconque n’est pas d’accord avec le pouvoir politique sorte pour déclarer être dans la ligne de mire d’escadrons de la mort, alors que pas une seule fois quelqu’un n’est tué ou blessé !
Mimi fait des sorties à l’emporte-pièce, juste pour remuer le couteau dans la plaie. Elle voudrait porter le combat contre le népotisme du clan du président de la République qui justifierait le choix porté sur Amadou Mame Diop. Les juristes diront la pertinence ou l’adéquation ou la conformité d’une telle démarche avec les principes fondamentaux de la République.
Il reste qu’on peut se demander si Mimi Touré a encore toute sa tête.
Quand elle bat campagne en 2019 pour la réélection de Macky Sall, ne sait-elle pas que le président de la République a déjà nommé son propre frère, Aliou Sall, à un emploi public ?
Mieux, elle dit sur la nomination de Aliou Sall à la Caisse des dépôts et consignations, le 29 juillet 2017, au micro de la Rfm, et avec fermeté : «C’est le président de la République qui nomme aux fonctions civiles et militaires, point barre !»
Ne sait-elle pas également que Mansour Faye, frère de la Première Dame, est aux affaires depuis 2012 ? Pourtant, Aminata Touré battra campagne à Saint-Louis, en 2019, et aux élections législatives de juillet 2022 aux côtés du même Mansour Faye.
A cette dernière occasion, elle se félicite des réalisations ainsi que de la bonne gouvernance dans la ville de Saint-Louis et raille l’opposition : «Avec le pétrole et le gaz, nous ne donnerons pas nos richesses à des amateurs.» On peut sous-entendre alors que Mansour Faye n’apparaît pas comme un «amateur» aux yeux de Mimi Touré. Quid de Amadou Mame Diop que le Président Macky Sall lui préfère au Perchoir ? Mimi Touré battra campagne à ses côtés à Richard-Toll, et cela ne semble pas la déranger le moins du monde.
Il nous revient à l’esprit l’apostrophe de Michel Poniatowski à l’endroit de l’ancienne ministre Françoise Giroud : «Quand on a goûté aussi longtemps à la soupe, il est bizarre de lui trouver à la fin un goût amer.»
Par ailleurs, Mimi Touré s’épanche sur l’intention qu’elle prête au Président Macky Sall de se préparer à se déclarer candidat pour la présidentielle de 2024, et que cela justifierait qu’il n’ait pas voulu d’elle à la tête de l’Assemblée nationale.
L’argument apparaît bien spécieux, car on ne sait pas comment un président de l’Assemblée nationale pourrait empêcher un tel projet politique. Aussi, devant des personnes qui peuvent travailler l’oreille de Macky Sall en faveur de ses propres intérêts, Mimi Touré ne manifestera jamais une opposition à l’idée avancée d’une nouvelle candidature de Macky Sall. Peut-être que l’idée est prématurée ou que Mimi cache bien son jeu comme «Maisy Mouse», le célèbre personnage de Lucy Cousins.
De toute façon, elle finit par réaliser qu’elle a tout faux, car le 3 juillet 2023, à la face du monde, Macky Sall renonce à briguer un autre mandat présidentiel en 2024.
Je continue à croire que Mimi Touré vaut mieux que cette posture qu’elle s’obstine à se donner.
Mimi Touré est en train de travailler contre elle-même et est partie pour déposer un bouquet de chrysanthèmes sur sa carrière politique. Elle choisit de garder son mandat de députée et de quitter le groupe parlementaire Benno Bokk yaakaar. Une stupidité, lui avons-nous dit. (…)
Le maître de ses horloges : la preuve par Amadou Ba
(…) La bourrasque de juin 2023 passée, le Président Sall continue d’entretenir le mystère sur les intentions qui lui sont prêtées de se présenter à l’élection présidentielle de 2024. A la vérité, il me donne systématiquement des indices ou fait des réflexions qui montrent bien qu’il n’envisage pas une nouvelle candidature.
Depuis sa réélection en 2019, il agite l’éventualité qu’un groupe autour de Amadou Ba poursuive ses actions à l’horizon 2024. Quand je lui parle d’une modification des Statuts de l’Union internationale de la presse francophone (Upf) pour me permettre de rester à la tête de l’organisation faîtière de journalistes, il me fait une réflexion pleine de sous-entendus : «Le troisième mandat, ce n’est jamais une bonne chose.» Je lui réplique par la réflexion d’un ami africain : «Où a-t-on vu changer un bon père de famille ?»
A la restauration du poste de Premier ministre, son choix est déjà clair dans sa tête que ce sera Amadou Ba qui «pourra continuer au cas où je ne serais pas candidat en 2024».
Macky Sall me met dans la confidence, plusieurs mois auparavant. C’est fort de cela qu’à quelques heures de la nomination du Premier ministre, Amadou Ba est resté dans l’incertitude et semble ne pas savoir à quelle sauce il sera mangé. Je me permets de lui recommander d’avoir un costume prêt pour éventuellement aller répondre. «Si ce n’était pas toi, je crois qu’il me l’aurait dit», lui dis-je.
L’appel tant attendu tombe une demi-heure après. Il se rend au Palais par une porte dérobée et se voit notifier par le Président, sa décision de le nommer au poste de Premier ministre.
C’est ainsi que Amadou Ba se prête à un jeu de rôles devant les caméras de la Rts qui filment son entrée et son audience en tête-à-tête avec le président de la République.
Pour autant, Macky Sall reste mystérieux sur son éventuelle candidature pour 2024. Le 14 juin 2023, avant son départ pour l’Ukraine et la Russie, il confie sa décision de ne pas se porter candidat à son Premier ministre. Il me donne rendez-vous à Paris où il doit se trouver du 20 au 22 juin 2023.
Déjà le 19 juin 2023, en visite officielle à Lisbonne, au Portugal, il se lâche en public sur ses intentions, mais sa délégation se fait un point d’honneur de ne pas ébruiter la confession.
De retour de Paris, il reçoit les conclusions du dialogue politique et continue de distiller la possibilité qu’il puisse en arriver à ne pas être candidat. Dans le même temps, des élus locaux lancent une pétition pour le pousser à se déclarer candidat.
Le couple présidentiel décide d’aller passer la fête de la Tabaski à la Mecque. Une première !
De surcroît, les appuis traditionnels habituellement distribués à l’occasion de la fête font défaut. Le Premier ministre représente le chef de l’Etat à la cérémonie de la prière à la Grande Mosquée de Dakar. Je glisse à Amadou Ba : «Vous avez fini de faire une passation de pouvoirs dans notre dos.»
Quand le Président Sall finit, le 3 juillet 2023, de clarifier définitivement qu’il ne se portera pas candidat, on assiste à une flopée de candidatures à la candidature de Benno bokk yaakaar.
Le phénomène ne surprend personne
Le Président cache sa préférence pour son Premier ministre et laisse les ambitions s’exprimer. Il se veut inclusif et semble traiter tous les candidats d’une égale dignité. Il finit par jeter son dévolu sur son Premier ministre qui lui semble le plus «électable». «Il a, de tous nos gars, le plus d’atouts ou de chances pour se faire élire», pense-t-il toujours de Amadou Ba.
On verra en 2024…
Amadou Ba siège pour la première fois, le 19 novembre 2015, au Secrétariat national de l’Apr.
Le ministre de l’Economie et des finances vient d’adhérer officiellement au parti. Amadou Ba, qui milite un temps activement au Parti socialiste, met sous le boisseau son engagement de militant politique pour se consacrer à sa carrière de fonctionnaire.
C’est ainsi que le Président Wade le nomme Directeur général des Impôts et domaines en 2006. En le nommant au gouvernement, le Président Macky Sall choisit un technocrate. Mais devant la faiblesse de l’Apr à Dakar, l’idée me traverse l’esprit de suggérer au Président Sall d’encarter Amadou Ba dans son parti.
«Est-ce qu’il en voudra ?», s’interroge le président.
Je discute de la question avec Amadou Ba qui, il faut le dire, se montre un peu circonspect : «Cela risque d’être mal perçu par les partenaires étrangers que je fasse de la politique en tant que ministre des Finances», objecte-t-il. Je balaie d’un revers de main un tel argument en lui citant des exemples, aussi bien au Sénégal que dans tous les pays partenaires du Sénégal.
Nous en discutons plusieurs fois et il finit par donner son accord, disant qu’il ne saurait refuser quelque chose au Président Sall.
Le chef de l’Etat lui exprime l’intérêt de le voir renforcer l’Apr à Dakar et Amadou Ba n’hésite plus un instant.
Il devient membre de l’Apr
C’est ainsi qu’il sera très actif durant la campagne référendaire de 2016 et sera désigné tête de liste victorieuse de Benno bokk yaakaar aux Législatives 2017 et coordonnateur de la campagne électorale dans la région de Dakar à la Présidentielle de 2019…
MACKY SALL DÉMASQUÉ
Madiambal Diagne a décidé de montrer la face cachée de l’actuel locataire du Palais en lui consacrant un livre basé sur leurs échanges intimes. « Macky Sall derrière le masque » est une "Achronique de la trahison"
Pour la grande majorité des Sénégalais, leur président est un être froid, et à la limite sans compassion. Ce que Madiambal Diagne porte entièrement à faux. Le journaliste s’est dit surpris que les Sénégalais découvrent le côté «humain» du président de la République quand, dans son premier livre, il raconte la réaction de ce dernier quand on lui a annoncé la plainte de Adji Sarr contre Ousmane Sonko. C’est ce qui l’a incité à dévoiler un personnage dont l’écrivain Hamidou Anne estime que «les Sénégalais gagneraient à connaître».
Madiambal Diagne a décidé de montrer la face cachée de l’actuel locataire du Palais en lui consacrant un livre basé sur leurs échanges intimes. «Macky Sall derrière le masque» est une «chronique de la trahison. On ne parle pas de politique sans parler de trahison, avec des choses qui se font et se refont. Ce livre est aussi le portrait d’un Sénégalais qui s’empêche. C’est aussi un livre sur le compagnonnage entre les journalistes et les hommes politiques. Ce livre nous laisse voir une personnalité que les Sénégalais gagneraient à connaître», souligne l’écrivain Hamidou Anne, lors de la présentation de l’ouvrage, hier.
A grand renfort d’anecdotes des plus croustillantes, ce livre plonge le lecteur dans le cœur du pouvoir politique, le promenant dans les dédales et coulisses du monde feutré des plus hautes institutions de l’Etat. Ce témoin privilégié, qui souffle à l’oreille du chef de l’Etat, décrit les péripéties des grandes mutations politiques du Sénégal de ces douze dernières années (2012-2024), et même bien avant. Macky Sall a beau passer pour austère, rigide, il ne cache pas moins un côté débonnaire, sympathique et altruiste. On trouvera, à travers le récit captivant, des facettes de la complicité entre Macky Sall et son épouse Marième Faye Sall. «Madiambal nous explique comment on peut être fils de berger et de vendeuse de cacahuètes, et finir président de la République.
Quand il est arrivé au pouvoir, on lui dit qu’il n’y a pas de prestige sans distanciation. C’est probablement de là qu’est venu le masque «Niangal». Madiambal raconte un autre Macky Sall qui, en privé, aime faire des blagues», a dit hier Yoro Dia, le préfacier du livre, lors de la cérémonie de présentation de l’ouvrage. Le Quotidien donne ici à ses lecteurs, quelques bonnes feuilles.
Mardi 3 avril 2012, Macky Sall, élu tout nouveau président de la République, se rend à son bureau au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor à neuf heures. Après son installation la veille à la tête du pays, tout le Sénégal attend impatiemment et fiévreusement la nomination du chef du gouvernement. Il indique ses audiences de la journée à celui qui fait office pour lui de chef de protocole depuis quelques an-nées, Papa Samba Diop. Le Président lui souffle qu’il compte nommer l’ancien banquier, Abdoul Mbaye, comme Premier ministre et qu’il faudrait essayer de le localiser, non sans lui préciser de le faire avec la précaution, de ne rien laisser transparaître qui pourrait donner une idée à l’intéressé de cette intention.
Papa Samba Diop croit vouloir préciser l’instruction présidentielle : «Vous voulez parler de Cheikh Tidiane Mbaye, Mon-sieur le président ?», se risque-t-il. «Non, je dis bien Abdoul Mbaye. Tu pourras demander son numéro à Christophe Aubrun.» (Christophe Aubrun est un Français installé au Sénégal et ami du couple Sall, et fait partie des personnes qui aideront la Première Dame à lancer une fondation caritative.) La remarque du préposé au protocole peut s’expliquer, car des rumeurs dans les salons de Dakar, parvenues jusque dans certains médias, avancent que le Président Macky Sall envisagerait de nommer à ce poste, l’ancien directeur de la Sonatel (la Société nationale de téléphonie) et puîné de Abdoul Mbaye.
Cheikh Tidiane Mbaye figure parmi les personnalités reçues en audience par le président Sall, après la proclamation des résultats du second tour qui consacre sa victoire nette de plus de 65% des suffrages au second tour.
Le poste de Premier ministre est très couru. Abdoulaye Baba Diao, Pdg d’Itoc Sa, s’est activement proposé pour la fonction. A sa sortie d’une audience à la résidence du nouveau chef de l’Etat au quartier Mermoz, accompagné d’un de ses jeunes collaborateurs, El Hadji Abdoulaye Hussein dit Elou, il acceptera pour la première fois une interview avec la Rts. Baba Diao sera nommé ministre-conseiller auprès du président de la République. L’ancien Directeur général de la Fao, Jacques Diouf, est aussi approché. Entre les deux tours de la Présidentielle, Macky Sall, accompagné d’une délégation composée de Aminata Tall, Alioune Badara Cissé, entre autres, lui rend visite, et Jacques (mon propre candidat à ce poste) commence à travailler sur les stratégies pour anticiper sur une crise alimentaire et agricole qui est fort redoutée. Il sera finalement nommé lui aussi ministre-conseiller auprès du président de la République. Plus tard, quand le Président Sall se plaindra de son Premier ministre Abdoul Mbaye, je regrette qu’il n’ait pas porté son choix sur Jacques Diouf.
La Première Dame me rétorque : «On nous a dit que Jacques est malade.» «Comment ?», je lui assure que son époux n’est pas mieux portant que Jacques Diouf.
Macky Sall garde le silence
Macky Sall confie plus tard à des proches, qu’en 2010 déjà, alors qu’il est opposant, c’est sous la forme d’une boutade qu’il annonce à Cheikh Tidiane Mbaye qu’il en ferait son Premier ministre quand il sera président de la République.
Les deux hommes en rient
Deux ans plus tard, Macky Sall, devenu chef de l’Etat, lui en fait l’offre, mais Cheikh Tidiane Mbaye la décline. Le Président Sall cherche à ce moment-là un Premier ministre qui ne serait membre d’aucun parti politique, capable d’être équidistant des différentes coteries de la coalition qui l’a porté au pouvoir au soir du 25 mars 2012. Ce profil renvoie logiquement à un technocrate. On suggère au Président Sall le nom de l’ancien directeur de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis), Amadou Kane. Ce dernier a le handicap d’être le gendre de Amadou Makhtar Mbow, président et figure tutélaire des Assises nationales, ce forum organisé en 2008-2009 par les opposants au Président Abdoulaye Wade, devenu une plateforme politique.
Le «Père Mbow», comme on l’appelle affectueusement, s’y impliquera fortement.
Cheikh Tidiane Mbaye, nullement intéressé, souffle à l’oreille du Président, le nom de son aîné : «Abdoul peut être intéressé.» Le futur Premier ministre, qui est alors en voyage en France, rapplique illico presto quand il apprend que son profil intéresse le chef de l’Etat. Il ne semble donc pas être très surpris de l’appel d’un collaborateur du Président Sall. Abdoul Mbaye laisse au protocole plusieurs numéros de téléphone, manifestement impatient de recevoir le colis présidentiel que Papa Samba Diop prétexte vouloir lui remettre. Dix minutes plus tard, il rappelle pour demander si quelqu’un n’avait pas cherché à le joindre car il vient de découvrir un appel anonyme en absence. Il rappellera deux autres fois dans la journée pour être sûr que personne ne chercherait à le joindre en vain.
C’est tard le soir qu’il reçoit l’appel pour son audience avec le président Sall. Abdoul Mbaye dont le domicile est dans le quartier du Plateau, non loin de la présidence de la République, arrive sur les lieux en moins de cinq minutes chrono. La promptitude fait sourire. L’homme est sur son trente-et-un et conduit lui-même sa voiture.
En mars 2012, c’est-à-dire entre les deux tours de l’élection présidentielle, c’est Abdoul Mbaye qui organise, avec Christophe Aubrun, une rencontre du candidat Macky Sall avec un parterre d’hommes d’affaires à l’hôtel Terrou Bi de Dakar. Il semble qu’à cette occasion, il séduit le candidat Macky Sall.
A la fin de l’audience, et après l’annonce aux médias de la nomination du Premier ministre, le Président lui demande de dire à son chauffeur de se rapprocher. Abdoul Mbaye lui apprend qu’il conduit en personne et le Président le raille quelque peu : «Vous êtes devenu Premier ministre, vous ne pouvez pas conduire vous-même votre voiture, comme ça.»
Un gendarme est alors commis pour le ramener à son domicile. Sa nomination déroute de nombreux responsables politiques proches du Président Sall. Ils accusent le coup. Le moment n’est pas aux querelles et discussions, encore moins aux contestations, d’autant que de nombreux postes ou strapontins sont encore à pourvoir dans le Cabinet présidentiel, au gouvernement et dans toutes les autres institutions publiques. Il n’empêche que dès le lendemain de la nomination, de nombreux médias se déchaînent contre le nouveau Premier ministre. Le 4 avril 2012, je lui envoie un message de félicitations en lui souhaitant notamment «bonne chance». Il m’appelle le 5 avril 2012, juste au sortir de sa séance de passation de services avec son prédécesseur Souleymane Ndéné Ndiaye. Il veut me recevoir dès le lendemain 6 avril 2012, à 11 heures. Je lui indique un conflit d’agenda. Je ne le lui dis pas, mais j’ai une audience de prévue avec le président de la République. C’est ainsi que le nouveau Premier ministre me demande de passer le voir dans l’après-midi du même jour, à 17 heures.
Je suis au rendez-vous. Abdoul Mbaye est chaleureux, mais aussi assez préoccupé par l’accueil de feu que de nombreux médias ont réservé à sa nomination au poste de Premier ministre. Ce 6 avril 2012, plusieurs journaux font leur «Une» sur ses déboires judiciaires. Chacun y va de sa révélation, allant de ses liens troubles avec Hissène Habré, ancien président du Tchad, réfugié au Sénégal, dont il est le banquier attitré, à son inculpation encore pendante devant le Cabinet du Doyen des juges d’instruction de Dakar, pour une affaire d’escroquerie, de faux et usage de faux en écritures privées, l’opposant à un homme d’affaires Abdoulaye Baba Diakité, ou de ses démêlés judiciaires avec un autre homme d’affaires Ass Malick Sall ou au grand importateur de riz, Bocar Samba Dièye, ainsi que son différend avec l’homme d’affaires Pape Ndiamé Sène. Abdoul Mbaye tient à me remercier du fait que Le Quotidien, «son» journal, ne se mêle pas à ce qu’il considère comme une campagne incompréhensible. Le Premier ministre Mbaye me demande ce qu’il devrait faire devant une telle situation. Je lui fais remarquer, en ma qualité de président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal, le Cdeps, qu’il doit s’y faire, car, tant qu’il était un banquier ou un homme d’affaires dans le privé, ses affaires n’intéressaient pas grand monde. En revanche, dès l’instant qu’il est Premier ministre, les médias s’intéresseront à sa vie et à ses activités de tout temps. Je lui conseille de faire le dos rond, de laisser la bourrasque passer et ne pas s’engager dans une polémique avec les médias, mais surtout de chercher à développer des relations personnelles avec les journalistes.
Le soir même, j’informe ma rédaction de mon audience avec le Premier ministre Abdoul Mbaye, et la ligne de conduite reste de ne nous intéresser qu’aux faits, rien qu’aux faits. J’ai estimé que la précision était bien nécessaire, car tous les membres de la rédaction de notre journal n’ignoraient les relations que Abdoul Mbaye entretient avec Le Quotidien, avant qu’il ne soit nommé Premier ministre du Sénégal. Le journal Le Quotidien est son média favori et c’est à travers ses colonnes qu’il choisit de publier toutes ses contributions sur des questions économiques ou de religion. C’est ainsi que Le Quotidien a la primeur de la publication de la «Lettre de Kéba Mbaye à son fils». De notre côté, je fais publier gratuitement les avis et communiqués de la Fondation Kéba Mbaye. Cela fâche régulièrement certains de mes collaborateurs qui disent que «ces gens ont bien les moyens pour payer de la pub».
C’est donc un président Sall, visiblement tout content de son choix porté sur Abdoul Mbaye, qui m’apostrophe : «Mais Madiambal, tu n’as rien dit de mon Premier ministre, qu’est-ce que tu en penses ? Les gens devraient être surpris…» Il m’explique qu’il veut comme Premier ministre un technocrate, un cadre sans accointances politiques et nanti d’un parcours suffisant pour diriger un gouvernement de coalition. Je lui réponds que le choix répond à ses critères à lui, mais que, de mon point de vue, il risque de réveiller chez Abdoul Mbaye des ambitions refoulées. Prémonitoire, je mets le président Sall en garde qu’il le retrouverait fatalement sur son chemin à la prochaine élection présidentielle.
Ma réponse contrarie Macky Sall. Je crois savoir que le Président Abdou Diouf a fait un commentaire similaire, du genre : «J’espère qu’il ne laissera pas Macky au milieu du gué, comme Kéba l’a fait avec nous.» Le juge Kéba Mbaye, alors président du Conseil constitutionnel, démissionne en 1993, au moment de proclamer les résultats de l’élection présidentielle très contestée.
Au fil du temps, mes relations avec Abdoul Mbaye seront de plus en plus tendues.
L’homme d’affaires Abdoulaye Diakité rend visite à la rédaction du Quotidien et accorde un entretien. Le 21 mai 2012, Pape Ndiamé Sène rend publique une lettre adressée à Abdoul Mbaye et transmise par voie d’huissier. Le Quotidien s’en fait l’écho, comme la plupart des autres médias.
Des organisations humanitaires soulèvent l’affaire des meurtres et crimes économiques commis par Hissène Habré au Tchad. Le Quotidien traite l’information. Après une visite à Amral Goz, le sinistre cimetière où sont enterrées les milliers de victimes du régime de Hissène Habré, je prends ma plume. C’est à cette occasion qu’est posé le débat sur la responsabilité du Premier ministre en fonction, Abdoul Mbaye, qui «blanchirait» l’argent que Hissène Habré a emporté avec lui lors de sa fuite du Tchad. Abdoul Mbaye est le banquier de la famille Habré à Dakar, à la Biao-Sénégal devenue Compa-gnie bancaire pour l’Afrique de l’Ouest (Cbao) et à la Banque sénégalo-tunisienne (Bst), qu’il dirige tour à tour. Nous révélons que les relations entre Abdoul Mbaye et la famille Habré sont si particulières que quand Abdoul Mbaye quitte la Cbao pour la Bst, il emporte dans ses cartons son client Hissène Habré.
Pour la petite histoire, Abdoul Mbaye gagne en 2019 le procès qu’il intente contre moi pour diffamation dans l’affaire Hissène Habré. Les juges estimant qu’au moment où les comptes bancaires sont ouverts pour Hissène Habré, l’infraction de blanchiment d’argent n’existe pas encore ! Outré par les circonstances du procès, je me suis acquitté du paiement des dommages et intérêts sans attendre la signification de la décision de Justice.
Son conseil, Maître Ousseynou Fall, encaisse le chèque dès le lendemain. Le 18 mai 2012, le Premier ministre accompagne le Président Sall à la réunion du Directoire du parti présidentiel, l’Alliance pour la République (Apr). Le président tient à présenter son nouveau Premier ministre à ses compagnons politiques. Abdoul Mbaye se montre si enthousiaste qu’il offre d’intégrer immédiatement les rangs du parti. Le Président le coupe net : «Non, j’ai plutôt besoin de vous pour les affaires de l’Etat.» Abdoul Mbaye se retire pour laisser les responsables de l’Apr poursuivre leur réunion. Ses relations avec les personnalités politiques de l’Apr qui, pour la plupart, le prennent pour un intrus, ne sont pas au beau fixe.
Les mois suivants seront tumultueux. Le Premier ministre Mbaye a particulièrement dans son viseur la ministre de la Justice, Aminata Touré, qu’il prend pour son adversaire irréductible et qui participerait à chercher à le déstabiliser. Il accuse aussi Abou Abel Thiam, le porte-parole du Président Macky Sall, de publier sous des pseudonymes de virulents articles dans le journal Le Témoin. Abou Abel s’en explique avec le chef de l’Etat, à qui il dit : «Vous me connaissez assez pour savoir que si j’ai à l’attaquer, je le ferai à visage découvert.» Des proches du Premier ministre comme Ameth Amar, Mamadou Ndoye, organisent des discussions entre les deux hommes. Seulement, Abdoul Mbaye reste aussi persuadé que c’est Mamadou Diagna Ndiaye, banquier, homme d’affaires et proche collaborateur de l’Industriel Jean-Claude Mimran, employeur de Abdoul Mbaye à la Cbao, qui manipule tous ses détracteurs. Abdoul Mbaye et Mamadou Diagna Ndiaye ont des relations ouvertement hostiles et le Premier ministre se convainc que le président du Comité national olympique sportif sénégalais, le Cnoss, lorgne son fauteuil du 9ème étage du Building administratif, siège du gouvernement, que le président Sall baptisera du nom de l’ancien président du Conseil du gouvernement, Mamadou Dia.
Ces bisbilles ne sont sans doute pas étrangères à un coup de théâtre. Celui de la démission fracassante du gouvernement, le 13 février 2013, du ministre du Commerce, El Hadji Malick Gakou. Un bras de fer l’oppose au Premier ministre au sujet de l’homologation des prix de la farine de blé. Le ministre du Commerce se heurte violemment à son patron en réunion de Conseil des ministres. Le Premier ministre accuse son collaborateur de défendre les intérêts des meuniers, notamment ceux du Groupe Mimran, propriétaire des Grands Moulins de Dakar.
Se sentant désavoué, le ministre estime devoir mettre à l’aise le président de la République. Il se rend au domicile du leader de son parti, l’Alliance des forces de progrès (Afp), pour lui faire part de son intention de rendre le tablier. Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale, le dissuade tout en lui indiquant qu’il parlera avec le Président Sall et que ce dernier le recevra pour arrondir les angles. Le président Niasse réussit à éteindre l’incendie et le Président Sall promet de recevoir Malick Gakou le lendemain 13 février 2013. Il demande le contact téléphonique pour faire appeler le ministre Gakou. En tout état de cause, le Secrétariat du Président Sall ne réussit pas à joindre El Hadji Malick Gakou pour l’audience prévue ce soir-là à 20 heures. A l’heure de l’audience, le Président Macky Sall demande de faire entrer son ministre qui, malheureusement, n’est pas sur les lieux. Le chef de l’Etat en prend acte, considérant que son ministre reste sur sa décision de démissionner du gouvernement. De son côté, Malick Gakou, qui attend en vain de rencontrer le Président Sall et qui ne reçoit plus d’informations de la part de son chef de parti Moustapha Niasse, en conclut que le président de la République prend sans doute définitivement fait et cause pour son Premier ministre. Il dépose alors sa lettre de démission à la présidence de la République. Les médias en sont immédiatement informés. C’est en discutant tour à tour de la question avec le Président Sall et son ministre démissionnaire que nous découvrons que cette situation résulte d’un fâcheux quiproquo. En fait, il s’avère que le numéro de téléphone transmis au président de la République par le président Moustapha Niasse est erroné.
Dans sa paranoïa, Abdoul Mbaye moucharde à mon sujet auprès du Président qui m’interpelle : «Madiambal, tu tourmentes mon Premier ministre ; peux-tu le laisser tranquille ?» Je lui réponds : «Votre gars-là «du dara» !» (Il est méprisable). Je précise au président Sall qu’il n’y a aucune animosité personnelle, mais que mon journal a un rapport avec l’information, avec les faits. «Il aura des problèmes avec la terre entière s’il continue de croire que Diagna est derrière tout le monde et tient la plume des journalistes.»
Cet échange a lieu durant les péripéties de la nomination de Pape Alé Dieng à la Société nationale d’électricité, la Senelec. Le Président Macky Sall envisage d’en faire le Directeur général, tandis que le Premier ministre Abdoul Mbaye ne l’entend pas de cette oreille. Ses objections auraient été recevables s’il ne cherchait pas le poste pour son jeune frère, Cheikh Tidiane Mbaye.
J’interroge le président de la République à propos de cette situation que je trouve surréaliste. Je lui dis qu’avec cette affaire, on verrait qui de lui ou du Premier ministre décide de la nomination aux emplois publics.
Le mercredi 18 juillet 2012, Cheikh Tidiane Mbaye claque la porte de la réunion du Conseil d’administration de la Senelec. Président du Conseil d’administration de la Senelec, il est en ce temps-là également Directeur général de la Sonatel, annoncé comme futur Directeur général de la Senelec. Il exprime son désaccord sur la proposition de nommer Pape Alé Dieng au poste de Directeur général de l’entreprise. Le Conseil sera convoqué à nouveau la semaine suivante pour entériner la nomination de Pape Alé Dieng. Dans son édition du 31 juillet 2012, Le Quotidien titre : «Les Mbaye veulent plus de pouvoirs.» Article que je signe en fustigeant la volonté du Premier ministre d’empêcher la nomination de Pape Alé Dieng à la tête de la Senelec pour faire place à Cheikh Tidiane Mbaye, son jeune frère, président du Conseil d’administration de la société. Pour accompagner mon article, un de mes collaborateurs signe un billet intitulé «Les frères Dalton». Ce billet, qui «heurte» la famille Mbaye, serait mon œuvre que je fais signer par un de mes collaborateurs.
Une pratique totalement étrangère aux colonnes du Quotidien
La démission avec fracas de Cheikh Tidiane Mbaye est-elle le déclic qui sonne le glas de son frère à la Primature ? L’acte émeut fortement dans les allées du pouvoir et tout le monde semble se passer le mot pour s’indigner de l’effronterie. C’est peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Macky Sall vit mal cet épisode.
Histoire de limiter les dégâts, un ami commun, qui estime devoir arranger mes relations avec Abdoul Mbaye, me propose, au début d’octobre 2012, de nous inviter à dîner tous les deux, en «terrain neutre», dit-il. Je lui rétorque «qu’il n’y a pas besoin de nous voir en terrain neutre. Nous ne sommes pas en guerre et je considère que Abdoul Mbaye est le Premier ministre du Sénégal et, par égard pour cette fonction, il me revient de me déplacer pour le trouver à l’endroit qu’il m’indiquerait».
Ma réaction surprend Abdoul Mbaye qui propose de nous voir à sa résidence de la rue Gallieni dans le Plateau. Je m’évertue à lui faire comprendre qu’il n’y a aucune animosité et que nous pouvons continuer à entretenir les relations des plus cordiales. L’entretien se passe bien et le Premier ministre m’informe que le Président lui demande d’ailleurs de discuter avec moi sur l’économie numérique, sujet sur lequel j’ai quelques idées. Le Premier ministre Abdoul Mbaye me demande ainsi de lui préparer une note sur la question. J’en sors de son domicile, me disant qu’il sait dorénavant que personne ne manipule Le Quotidien… Seule fausse note de cette rencontre : son épouse me propose de la citronnade que j’accepte volontiers. Mais patatras ! Au moment du service, le fond de la carafe se brise et tout le contenu se répand sur elle.
On ne sait pas trop si l’homme est maladroit, rempli de lui-même ou méprisant, mais quelques jours plus tard, il prend prétexte de la fête de la Tabaski pour m’envoyer une enveloppe contenant la somme de cent cinquante mille francs par le chauffeur d’un autre ami, Mamadou Ndoye, témoin de notre rencontre. Dès que je reçois le colis, j’appelle cet ami pour lui demander de passer illico presto à mon domicile en lui disant que j’ai une information urgente pour Abdoul Mbaye. Une fois à mon domicile, je lui tends l’enveloppe pour qu’il la retourne, car je suis choqué et outré par son manque de respect et que je considère son geste comme du mépris. Je lui demande de préciser à Abdoul Mbaye que «tout Premier ministre qu’il est, je suis mieux logé et vis mieux que lui».
Cet épisode enterre définitivement nos relations.
Je raconte l’anecdote au président Macky Sall qui s’en navre. Cet esclandre empêche que je lui produise la note demandée, mais quelques jours plus tard, je constate que la problématique sera ajoutée à l’intitulé du ministère de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique, confié à Cheikh Bamba Dièye, à la faveur du remaniement gouvernemental du 29 octobre 2012. Polémiste à souhait, Abdoul Mbaye indispose les invités à la cérémonie de remise de sa décoration, le mardi 13 novembre 2012, de la Grand-Croix de l’Ordre national du mérite français (Onm), par l’ambassadeur de France, Nicolas Normand. Il s’en prend aux médias qui l’accablent, dit-il, au point que sa maman en est atteinte et en souffre, et donc ne peut se déplacer et assister à la cérémonie. Comme il est de tradition, il fait partie de la liste de personnalités proposées par le président de la République du Sénégal. A cette occasion, Abdoul Mbaye n’a pas manqué de chanter sa double nationalité française et sénégalaise.
Courant mars 2013, je suis approché par des amis de Madame Amy Diack, ex-épouse de Abdoul Mbaye. Elle est en contentieux avec lui devant le Tribunal civil. Je refuse de traiter leurs informations, indiquant que Le Quotidien ne serait preneur que d’une interview à visage découvert de Madame Amy Diack. Elle nous l’accorde le 8 juillet 2019. (…)
LE PARI LOGIQUE DE MACKY SALL
L’attente a été longue mais la montagne n’a pas accouché d’une souris. Comme l’avaient prédit beaucoup d’observateurs de la scène politique, le Président Macky Sall a finalement choisi l’actuel Premier ministre Amadou Ba pour défendre les couleurs ...
Alea Jacta est. Finalement Macky Sall a décidé de miser sur son Premier ministre Amadou Ba pour porter les couleurs du pouvoir à la prochaine élection présidentielle. Un choix logique. Mais comme l’a annoncé L’AS dans son édition du week-end, la décision de Macky Sall a suscité des secousses au sein de la coalition Benno Bokk yaakaar (BBy). Si Aly Ngouille Ndiaye a claqué la porte, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo, n’a pas dit clairement s’il allait se conformer ou non à la volonté de l’actuel locataire du Palais.
L’attente a été longue mais la montagne n’a pas accouché d’une souris. Comme l’avaient prédit beaucoup d’observateurs de la scène politique, le Président Macky Sall a finalement choisi l’actuel Premier ministre Amadou Ba pour défendre les couleurs du pouvoir à la prochaine élection présidentielle. Un choix approuvé par l’écrasante majorité des partis alliés de l’Apr et des membres du gouvernement. Récupération ? En tout état de cause beaucoup de ministres se sontfendus de déclarations pour faire le serment de soutenir le candidat du «grand patron. Mais déjà, il avait son réseau dans le gouvernement à l’image du ministre du Commerce, Karim Fofana, celui des Finances Moustapha Ba, celle de l’économie et celle de la femme Fatou Diané, Galo Bâ etc. A ceux-là il faut rajouter les ministres au bon flair politicien Abdoulaye Sow , Samba Ndiobène Kâ et Pape Malick Ndour etc.
LE PROFIL DE L’EMPLOI
Sorti de l'École nationale d'administration et de magistrature (Enam, devenu Ena),Amadou Ba est un inspecteur des impôts. Agé de 62 ans, à la tête du gouvernement depuis septembre 2022, il a occupé les postes de ministre de l'Économie et des Finances (2013 à 2019) et de ministre des Affaires étrangères jusqu'en 2020, avant de revenir comme Premier ministre après une traversée du désert. Le choix du chef de l’Etat n’a certes pas fait l’unanimité, mais il respecte une certaine logique du fait de l’expérience de l’homme dans la pratique de l’Etat et de sa loyauté envers l’actuel locataire du Palais qui visiblement lui voue une confiance totale sans en donner l’air.
À en croire, le journaliste Madiambal Diagne, le patron de Benno Bokk Yaakaar (BBY) avait porté son choix sur Amadou Ba depuis 2019. Mais comme nous l’avions annoncé dans notre édition du week-end, la décision du chef du gouvernement a suscité des secousses au sein de la mouvance présidentielle, notamment dans sa formation politique, l’Alliance pour la République (APR).Aussitôt la nouvelle annoncée, l’actuel ministre de l’Agriculture a claqué la porte du gouvernement.
DEMISSION D’ALY NGOUILLE NDIAYE
Considéré comme le ministre parrainé par le khalife général des mourides au sein de l’équipe dirigée par Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye va sans nul doute poser sa candidature pour devenir le successeur de Macky Sall à la tête du Sénégal. Sa proximité avec Touba joue en sa faveur et son épouse avait déjà commencé à baliser le terrain pour lui en enrôlant des associations, surtout au niveau de la diaspora. Entretenant d’excellentes relations avec Barthélémy Dias, Aïda Mbodj, entre autres, il n’a jamais fait la mouche du coche autour de ses ambitions présidentielles. Acteur majeur de la seconde alternance politique au Sénégal pour avoir soutenu et accompagné la coalition Macky 2012 à travers son mouvement pour la renaissance du Djolof, Aly Ngouille Ndiaye a fondu son mouvement au sein de l’Alliance pour la République (APR) en 2013. Il est également avantagé par sa connaissance de l’Etat pour avoir occupé plusieurs maroquins. Il est successivement ministre de l’Énergie, des Mines et de l’Industrie de 2012 à 2017 dans les gouvernements d’Abdoul Mbaye, Aminata Touré et Mouhammed Boune Abdalah Dionne. Puis ministre de l’Intérieur de 2017 à 2020. Mais il quitte le gouvernement le 1er novembre 2020. Au moment du remaniement du 17 septembre 2022 instituant le gouvernement du Premier ministre Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye est nommé ministre de l'Agriculture, de l'Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire. Ce après avoir été réélu maire de Linguère en janvier 2022.
ABDOULAYE DAOUDA DIALLO, LA PRESSION DES RELIGIEUX
Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE),Abdoulaye Daouda Diallo a été le premier à déclarer sa candidature pour diriger la mouvance présidentielle lors des joutes électorales de février 2024. Mais le Président Macky Sall a finalement choisi Amadou Ba pour porter la bannière du pouvoir. Très expérimenté dans la gestion des affaires étatiques, l’ancien premier flic du Sénégal jouit aussi d’une légitimité certaine sur le plan politique : membre fondateur de l’Apr et proche parmi les plus proches de Macky Sall, il se voyait comme le dauphin naturel. Qui plus est, il a eu à gravir tous les échelons. Ministre en charge du Budget, ministre de l’Intérieur, ministre des Infrastructures, ministre de l’Economie et des Finances, puis directeur de cabinet du président de la République. Et président du CESE. Il aura tout gravi. Hier, après la tombée de la nouvelle, sa maison de Fann Résidence était bondée de monde. Il faut souligner que cette fois-ci, il n’y avait pas de l’émotion, il n’y avait pas de larmes, comme lors de sa défénestration du gouvernement. Après la composition du gouvernement dirigé par Amadou Ba, il y avait un vent de rébellion et ses partisans disaient que le chef de l’Etat ne l’avait pas récompensé à la hauteur de son engagement. C’est tard dans la soirée qu’il a quitté son domicile pour aller rejoindre sa deuxième maison, avant de faire un détour chez Aly Ngouille Ndiaye. Il a dit à ses amis qu’il attend d’abord et qu’il n’a pas encore donné de consigne. Mais selon certaines indiscrétions, des chefs religieux sont en train de se démener pour qu’il n’y ait pas de fissure entre lui et le Président qui est son mentor. D’après nos informations, des familles religieuses sont intervenues, en particulier le khalife de Médina Gounass qui est très proche d’Abdoulaye Daouda Diallo.
DES REBELLIONS ETOUFFEES
Contrairement à Abdoulaye Daouda Diallo, l’ancien ministre de la Santé, lui, vient de ranger son épée dans la paix du fourreau. Abdoulaye Diouf Sarr a immédiatement fait un communiqué pour accepter de se ranger derrière le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). Tout comme Amadou Mame Diop, le président de l’Assemblée nationale qui s’est fendu d’un communiqué pour indiquer qu’il s’inscrit dans la même logique que le maire de Yoff. Il ne reste plus que Mame Boye Diao, le maire de Kolda, qui fait une conférence de presse mardi. Mais combien pèse-t-il en politique quand on sait qu’aux dernières Législatives, il avait même perdu la ville de Kolda qu’il partage avec d’autres ténors de la majorité dont le ministre Moussa Baldé, entre autres. En définitive, Amadou Bâ va devoir désormais sortir de griffes. Car sur le terrain politique est impitoyable.
ALPHA THIAM SE POSE COMME UN ANTISYSTEME
Alpha Thiam a été investi, hier, candidat de la «coalition Alpha Thiam 2024» à l'élection présidentielle du 25 février 2024. D'ores et déjà, le fils de l'ancien ministre Khoureychi Thiam se pose comme un antisystème.
Alpha Thiam a été investi, hier, candidat de la «coalition Alpha Thiam 2024» à l'élection présidentielle du 25 février 2024. D'ores et déjà, le fils de l'ancien ministre Khoureychi Thiam se pose comme un antisystème.
Il est arrivé à la cérémonie de son investiture avec un drapeau du Sénégal à la main. Alpha Thiam est le candidat de la «coalition Alpha Thiam 2024» à la Présidentielle de 2024. Devant ses supporters, le fils de l'ancien ministre Khoureychi Thiam a d'emblée appelé à un sursaut d'amour pour le Sénégal. Dans un discours puisé sur le champ lexical de la gauche et teinté de souverainisme, Alpha Thiam a déroulé devant une assistance totalement acquise à sa cause. Cette élection présidentielle de février 2024, selon lui, sera une grande chance à ne pas rater. « Par la voie des urnes, nous allons apporter le changement tant attendu par le peuple sénégalais pour conquérir notre indépendance et notre souveraineté. C'est cela notre projet. Il sera question de souveraineté nationale. Car le Sénégal ne saurait se développer sans la souveraineté. Nous voulons qu'en 2024, ce soit l'indépendance, le patriotisme, la souveraineté qui gagnent cette élection. Il est temps pour le Sénégal de briser les fers de l'esclavage», a déclaré le candidat de la «coalition Alpha Thiam 2024», qui demande un regain d'intérêt pour le Sénégal. Plus loin, il ajoute : «Nous avons décidé de nous engager en politique pour éliminer définitivement ce système qui, bien avant le colonialisme, continue de nous oppresser, de nous exploiter et de produire la misère. Le Sénégal fait partie des pays les plus pauvres de la planète. Dès lors, il est utopique de parler d'émergence. Depuis 1969, nos dirigeants n'ont fait que se gourer et se tromper de combat».
«IL FAUT DISQUALIFIER CES FONCTIONNAIRES MILLIARDAIRES A CETTE ELECTION PRESIDENTIELLE»
De l'avis d’Alpha Thiam, le Sénégal a fini d'être dégoûté par des politiciens fonctionnaires qui sont des millionnaires incapables de gérer la situation qui désespère la jeunesse de ce pays. «L'Afrique a retrouvé son indépendance grâce à une masse critique de patriotes et de souverainistes. Le Sénégal est le seul pays au monde où un fonctionnaire peut devenir milliardaire. Comment comprendre ces fonctionnaires milliardaires qui veulent diriger le Sénégal ? Il faut disqualifier ces fonctionnaires milliardaires à cette élection présidentielle. Il ne faut pas accepter qu'on impose un homme qui a été choisi par son propre camp à tous les Sénégalais. Il faut que cela cesse. Un vent de liberté a soufflé. Le Sénégal sait élire et il va le faire. Aucun Président ne peut nous choisir un Président», a pesté le fils de l'ancien ministre Khoureychi Thiam sous le régime libéral, qui demande la libération immédiate de tous les détenus politiques y compris Ousmane Sonko.
Dans son programme, il propose un contrat social avec les Sénégalais. D'ores et déjà, il s'est engagé, une fois élu, à renégocier les contrats léonins signés depuis l'indépendance. Alpha Thiam accuse, à ce titre, le régime en place d'une gestion calamiteuse des ressources naturelles et minières du pays. «Qu'est-ce qui s'est passé sur les attributions des licences de pétrole ? Qu'est-ce qui s'est passé avec les fonds de COVID19 ? Qu'en est-il de l'or de Sabodala ? Qu'en est-il de l'or du Falémé ? Quel est le montage foncier du TER et pour l'autoroute à péage ?» s'est-il interrogé avant de promettre de fournir toutes les réponses aux Sénégalais.
Le candidat de la «coalition Alpha Thiam 2024» propose en outre, dans ses priorités, un service militaire obligatoire pour tous les Sénégalais, de faire disparaître le corps des décisionnaires au niveau de l'enseignement, un pacte pour la jeunesse, une révolution verte pour la souveraineté alimentaire. Il propose aussi la nationalisation de certaines sociétés ou augmenter les parts de l'État dans ces entreprises notamment dans le secteur de l'eau, de l'électricité, du transport(autoroute à péage, le Ter), de faire émerger des champions économiques avec un programme boost Pme, Pmi, d'appliquer la réciprocité des visas et faire du wolof la langue officielle du Sénégal.
MADIAMBAL DIAGNE ASSURE L’AVENIR DE SES EMPLOYES
Les travailleurs du groupe Avenir Communication et du Quotidien «Le quotidien» ont reçu, ce samedi, des mains de leur Directeur général Madiambal Diagne les clés de leurs villas.
Les travailleurs du groupe Avenir Communication et du Quotidien «Le quotidien» ont reçu, ce samedi, des mains de leur Directeur général Madiambal Diagne les clés de leurs villas. La cérémonie de remise s'est tenue à Bambilor en présence du directeur de cabinet du ministre de l'Urbanisme du Logement et de l'Hygiène Publique, Abass Ndiaye.
Ils peuvent pousser un ouf de soulagement. La lancinante question de logement qui hantait leur sommeil est désormais résolue. Comme il l'avait annoncé, le patron du groupe de presse Avenir Communication, Madiambal Diagne a remis samedi les clés de villas à une vingtaine de ses employés. «Ce projet de logement destiné au personnel du Groupe Avenir Communication est un projet qui semble important et majeur car il améliore les conditions de vie de nos employés et de leurs familles. Et je pense qu'un investissement dans les ressources humaines constitue l'un des meilleurs investissements. Parce que sans les ressources humaines de qualité, sans les ressources humaines à même de pouvoir donner le meilleur d'elles-mêmes, je crois que le rayonnement ou le succès d'une entreprise ne serait évident», affirme Madiambal Diagne.
Le Directeur général du groupe Avenir Communication regrette de n’avoir pas pu saisir l'opportunité que constitue le programme des 100 mille logements pour les céder à ses travailleurs. A l’en croire, ces villas situées à la cité diaspora de Bambilor, aménagées grâce à l'appui de l’État qui a pris en compte la voirie, l'électrification mais aussi une politique d'exonération fiscale, lui ont coûté 12 millions de francs. Il souligne que les bénéficiaires ne vont payer que les 50% de cette somme en plusieurs tranches pour y accéder. «Nous avons acheté le logement à 12 millions de francs CFA. Étant entendu que l'État a subventionné une bonne partie du prix d'acquisition du logement avec une politique publique d'aménagement ou de fiscalisation. Pour le reste nous avons donné une contribution de l'entreprise à hauteur de 50% sur le prix du logement. Donc le logement est revenu à 6 millions aux travailleurs. Nous avons aussi voulu pousser la facilité en leur faisant des paiements mensuels étalés sur 10 ans. A raison de 50 000 F par mois, les employés vont rembourser ces crédits à l'entreprise directement», indique Madiambal Diagne.
Pour sa part, le directeur de cabinet du ministre de l'Urbanisme du Logement et de l'hygiène Publique, Abbas Ndiaye, se félicite de cette initiative. A ses yeux, Madiambal Diagne a montré la voie à tous les patrons en leur faisant savoir que le programme de 100 mille logements appartient à tous les Sénégalais.