LA FRANCOPHONIE DÉPÊCHE UNE NOUVELLE MISSION ELÉCTORALE À MADAGASCAR
Dans le cadre de l’appui par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) du processus en vue des élections du 9 novembre 2023 à Madagascar, la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, y a en effet dépêché une mission.
Micheline Calmy-Rey, Envoyée spéciale de la Secrétaire générale pour le suivi de la situation à Madagascar, conduit la mission d’information et de contact à Tananarive.
Dans le cadre de l’appui par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) du processus en vue des élections du 9 novembre 2023 à Madagascar, la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, y a en effet dépêché une mission. Celle-ci séjournera sur place du 3 au 6 septembre 2023.
Selon un communiqué reçu par la rédaction de Emedia, elle aura pour objectif de s’enquérir de l’évolution du processus électoral et d’informer les différentes parties prenantes sur la contribution de l’OIF pour des élections libres, fiables, démocratiques et apaisées à Madagascar.
L’Envoyée Spéciale et sa délégation seront reçues par les hautes autorités du pays et rencontreront également les acteurs politiques, ainsi que des représentants des partenaires bilatéraux et multilatéraux de Madagascar, souligne le document, ajoutant que la mission se clôturera avec une séance de travail avec les membres du Groupe des Ambassadeurs francophones.
L’OIF compte 88 États et gouvernements : 54 membres, 7 membres associés et 27 observateurs.
GAMOU DANS L'HIVERNAGE, LE BRIGADE D'HYGENE AFFUTE SES ARMES
Le service d’hygiène de Tivaouane se prépare activement au prochain Gamou, qui a la particularité cette année de se tenir pendant l’hivernage, a indiqué le lieutenant Moussa Dione de la brigade du service d’hygiène de la cité religieuse.
Tivaouane, 5 sept (APS) – Le service d’hygiène de Tivaouane se prépare activement au prochain Gamou, qui a la particularité cette année de se tenir pendant l’hivernage, a indiqué le lieutenant Moussa Dione de la brigade du service d’hygiène de la cité religieuse.
L’hivernage est une période propice à la prolifération des vecteurs pathogènes, dont les moustiques, a-t-il dit à l’APS, ajoutant que d’ici dix ans, le Gamou se tiendra en saison des pluies, qui rime avec la propagation de maladies.
La prévention s’impose surtout au moment où est apparu à Kédougou, le chikungunya, une maladie qui peut facilement se déporter d’un lieu à un autre à travers les moyens de transport et les animaux, a soutenu Dione.
Une raison suffisante, d’après lui, pour “mettre le paquet sur la prévention, afin de minimiser tous les risques sanitaires liés à ces maladies“.
Les Gamou des années à venir ne seront vraiment pas identiques aux Gamou passés, et celui de cette année n’échappera pas à la règle de ce grand changement, a relevé le responsable.
Selon lui, le niveau central, notamment la brigade nationale des services d’hygiène en est “tellement conscient qu’il déploie tous les gros moyens pour assurer une couverture correcte du Gamou“.
Le commandement, a-t-il noté, a tenu des réunions internes, en sus des comités départementaux de développement (CDD), du comité régional de développement (CRD) ou du comité national de développement (CND) qui ne va pas tarder.
Une série de réunions de coordination se sont tenues, dont la dernière en date s’est tenue la semaine passée. Elle regroupait, à Tivaouane, la brigade d’hygiène, le niveau central et la Brigade régionale d’hygiène (BRH) de Thiès, qui ont pris toute une journée pour faire l’état des lieux “dans le seul but d’assurer une meilleure préparation“.
Le lieutenant Dione a ajouté qu’une correspondance contenant une expression en produits de désinfection, a été adressée au maire de la commune Demba Diop Sy.
“Nous sommes sûrs que nous pouvons compter sur ma sensibilisation des marabouts pour mieux réussir notre mission d’asseoir la prévention et l’hygiène avant, durant et après le Gamou“, a dit le lieutenant Moussa Dione.
LES DESSOUS DE LA PERTE D'INFLUENCE DE PARIS AU SAHEL
La violence de la colonisation et la dépossession des peuples colonisés ont créé des ressentiments durables. La France éprouve des difficultés à concilier son héritage colonial avec les aspirations des sociétés sahéliennes
Dans un article publié le 2 septembre 2023, le journal Le Monde met en lumière les raisons de la perte d'influence croissante de la France au Sahel, autrefois considéré comme son "pré carré" en Afrique. Les récents coups d'État au Mali, au Burkina Faso et maintenant au Niger ont exacerbé le rejet de la présence française, avec des slogans anti-français et des demandes de départ militaire. Cet article analyse les différentes dimensions de cette crise et explore les facteurs qui ont contribué à cette perte d'influence.
Le poids du passé colonial et de la "Françafrique"
Le passé colonial français et la période de la "Françafrique" ont laissé des traces profondes dans les relations entre la France et ses anciennes colonies. La violence de la colonisation et la dépossession des peuples colonisés ont créé des ressentiments durables. De plus, pendant des décennies, la France a soutenu des régimes autoritaires corrompus en échange de privilèges économiques, ce qui a contribué à une image négative de la France en Afrique.
L'émergence des groupes islamistes radicaux
Une autre dimension de la perte d'influence de la France au Sahel est liée à l'émergence de groupes islamistes radicaux. Ces groupes profitent des faiblesses des États sahéliens et véhiculent un rejet des valeurs occidentales importées. Ils s'opposent au modèle politique post-colonial laïc et captent la déception d'une jeunesse en quête de sens. Ainsi, la présence française est perçue comme porteuse de ces valeurs rejetées, ce qui renforce leur opposition.
L'instrumentalisation de l'anti-françaisme par les putschistes
Une tendance observée dans les récents coups d'État sahéliens est l'utilisation de l'anti-françaisme comme levier pour asseoir le pouvoir des putschistes. En prenant la France comme bouc émissaire extérieur, ces acteurs politiques cherchent à canaliser les frustrations de la population et à gagner en légitimité auprès de leur base. Cette instrumentalisation de l'anti-françaisme contribue à la défiance envers la France et à la remise en cause de sa présence militaire.
La concurrence étrangère croissante
La perte d'influence de la France au Sahel est également accentuée par la concurrence croissante d'autres puissances étrangères. La Russie, la Turquie et la Chine cherchent à combler le vide laissé par la France en proposant leur propre modèle de partenariat. Cette concurrence affaiblit la position de la France et remet en question sa capacité à défendre ses intérêts face à ces nouveaux acteurs.
Le malaise français et les difficultés à se réinventer
Enfin, cette crise révèle un malaise français face aux évolutions en cours au Sahel. La France éprouve des difficultés à concilier son héritage colonial avec les aspirations des sociétés sahéliennes en quête de nouvelles formes de relations. Entre la nostalgie d'une influence passée et la nécessité de s'adapter aux réalités actuelles, la France se retrouve dans une position délicate, cherchant à redéfinir sa politique en Afrique.
La perte d'influence de la France au Sahel est le résultat d'un ensemble de facteurs complexes. Le poids du passé colonial et de la "Françafrique", l'émergence des groupes islamistes radicaux, l'instrumentalisation de l'anti-françaisme par les putschistes, la concurrence étrangère croissante et les difficultés de la France à se réinventer sont autant d'éléments qui ont contribué à cette situation. Pour regagner de l'influence, la France devra réexaminer sa politique en Afrique, en tenant compte des aspirations des populations locales et en proposant des partenariats plus équilibrés et respectueux.
DECES DE SALIF KEITA, LES OBSEQUES PREVUES MERCREDI A BAMAKO
Les obsèques de Salif Keita, ancien international malien de football décédé samedi à Bamako à l’âge de 76 ans, sont prévues mercredi, a annoncé le ministère malien de la Jeunesse et des Sports, dans un communiqué reçu par l’APS, mardi.
Dakar, 5 sept (APS) – Les obsèques de Salif Keita, ancien international malien de football décédé samedi à Bamako à l’âge de 76 ans, sont prévues mercredi, a annoncé le ministère malien de la Jeunesse et des Sports, dans un communiqué reçu par l’APS, mardi.
La cérémonie se tiendra à 15h à la place du Cinquantenaire à Bamako, a précisé le ministère sur ses comptes sociaux. Un dernier hommage sera rendu à la légende du football malien, ajoute la même source.
Salif Keita, premier ballon d’or africain en 1970, s’était révélé entre 1962 et 1972 à Saint-Etienne en France. Il avait débuté sa carrière à l’AS Real de Bamako avec qui il a remporté trois fois la Coupe du Mali. Le défunt fut aussi sociétaire du Stade malien.
Surnommé la panthère noire, Salif Keita a remporté trois fois le Championnat de France avec Saint-Etienne (1968, 1969 et 1970) ainsi que deux Coupes de France (1968 et 1970).
« La panthère noire s’en est allée, emportant avec elle un morceau de notre club. Salif Keita, nous pleurons ta disparition », a salué Saint-Etienne sur ses comptes sociaux.
En cinq saisons avec les Verts, Keita a inscrit 140 buts en 185 matchs. La légende malienne a poursuivi sa carrière à l’Olympique de Marseille.
Par la suite il avait déposé ses baluchons à Valence en Espagne, puis au Sporting Portugal, avant de partir aux États-Unis d’Amérique.
CHANGEMENT DANS LA SÉCURITÉ PERSONNELLE DU PRÉSIDENT BISSAU-GUINÉEN
Les généraux Tomas Djassi et Horta Inta ont été désignés respectivement chef de la sécurité présidentielle et chef d'état-major particulier du chef de l'État, dans un contexte de putschs répétitifs sur le continent
Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a récemment nommé deux responsables chargés de sa sécurité dans le but de prévenir tout risque de coup d'État dans le pays. Ces nominations interviennent dans un contexte marqué par les récents coups d'État survenus en Afrique, notamment au Niger et au Gabon, qui ont été menés par des responsables de la sécurité présidentielle.
Les généraux Tomas Djassi et Horta Inta ont été désignés respectivement chef de la sécurité présidentielle et chef d'état-major particulier du président de la République. Ces postes, qui étaient vacants depuis plusieurs décennies, ont été officiellement investis lors d'une cérémonie au palais présidentiel en présence du président Embalo.
Le général Djassi, qui occupait auparavant le poste de chef de la garde nationale, une unité d'élite de l'armée, est crédité d'avoir contribué à faire échouer un coup d'État en février 2022 visant le président Embalo. Quant au général Inta, il était à la tête du commissariat central de Bissau, une institution qui a souvent été dirigée par des militaires.
Interrogé par la presse, le président Embalo a déclaré qu'il n'y aurait pas de répétition des événements du passé, faisant référence à la tentative de coup d'État qu'il affirme avoir subie en février 2022, et a assuré que les nouvelles nominations renforceraient la sécurité présidentielle et empêcheraient tout mouvement suspect.
La Guinée-Bissau a connu une instabilité politique chronique depuis son indépendance en 1974, avec de nombreux coups d'État ou tentatives de coup d'État. Cette initiative vise donc à maintenir la stabilité dans le pays et à prévenir toute menace contre l'ordre constitutionnel.
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CINQ CHOSES À SAVOIR SUR ALI BONGO
Fis et successeur du président Omar Bongo (1967-2009), il contrôlait d’une main de fer un pays où le taux de chômage des jeunes avoisine les 35%. Retour en images sur cinq éléments-clés de la vie d’Ali Bongo
Au Gabon, le coup d’Etat du 30 août 2023 met fin à quatorze ans de règne d’Ali Bongo. Fis et successeur du président Omar Bongo (1967-2009), il contrôlait d’une main de fer un pays où le taux de chômage des jeunes avoisine les 35%.
Retour en images sur cinq éléments-clés de la vie d’Ali Bongo.
par Hamidou Anne
PASTEF N'AVAIT PAS SA PLACE DANS NOTRE DÉMOCRATIE
Le Sénégal ne peut tolérer un mouvement qui se dit politique alors qu’il n’est qu’un appareil insurrectionnel dont le champ lexical ne s’extirpe jamais de la mort, de la sédition et de la haine. Comment ce fascisme décomplexé a-t-il pu prospérer ?
L’histoire retiendra du président Abdoulaye Wade, entre autres, la grande loi sur la parité. Du président Macky Sall, je retiendrai plusieurs choses dont deux me semblent importantes : la loi sur le parrainage qui modernise notre démocratie et le décret portant dissolution du parti Pastef, qui enlève l’épine institutionnelle fasciste de la compétition électorale. A part le MFDC, durant ses quarante dernières années, la plus grande menace pour la paix civile, la démocratie et la liberté au Sénégal était représentée par un parti qui a décidé de diviser les Sénégalais selon des critères ethniques, moraux voire religieux, d’élargir les fractures dans le corps national et de promouvoir la guerre civile.
En politique, il s’agit d’une compétition des réponses aux questions que les citoyens se posent. Le débat est consubstantiel à la matière politique et doit demeurer dans le cadre de la loi et de la civilité. Sauf qu’on ne peut pas demander à des fascistes de se conformer aux lois de la République. Car partout, leur objectif ultime est de faire en sorte que la République, qui garantit la justice, les libertés et l’égalité, s’effondre pour laisser libre cours à la violence la plus sauvage. En me penchant depuis 2018 sur ce parti, depuis la déclaration de son leader, qui appelait au retour de la peine de mort et à l’application de la torture dans les commissariats, j’avais décelé son Adn fasciste, ses méthodes violentes, son discours arrimé à la haine et son imaginaire issu des univers séparatistes et islamistes qui se joignent pour créer un cocktail dangereux pour l’État de droit. Le parti dissous, par ses méthodes, rappelle pour qui s’intéresse à l’histoire des idées fascistes, aux squadristi, la fameuse milice des «chemises noires» dans les années vingt, qui ont installé Mussolini au pouvoir grâce à la Marche sur Rome de 1922. La Caravane de la liberté de juin 2023, entre Ziguinchor et Dakar, était une perpétuation, certes involontaire, de cette tradition fasciste.
Quand il existait encore, le Pastef s’était illustré par sa haine de la démocratie plurielle, son intolérance au débat et par l’attitude factieuse de ses dirigeants qui n’hésitent jamais à invoquer la figure du martyr religieux conformément à l’idéologie totalitaire que promeuvent beaucoup de ses cadres-dirigeants ; ceux-là issus des groupuscules salafistes ou fréristes incubés à l’université et qui dans Pastef concevaient l’activité politique comme relevant d’un prosélytisme islamiste. Chez Pastef, la haine des institutions est allée jusqu’à l’attaque de bâtiments publics et même la profanation de l’Assemblée nationale le 12 septembre 2022. Les auteurs de ces forfaits, qui se disent «Patriotes» nourris au complotisme, chauffés par une puissante machine de propagande et manipulés par des leaders sans scrupule qui ont fait du mensonge à grande échelle une seconde nature politique m’ont rappelé les «Proud Boys», groupuscule fasciste pro-Trump, dont les membres ont envahi le Capitole en janvier 2021.
Dissoudre Pastef, c’est mettre un terme à la profanation des institutions républicaines, permettre une respiration démocratique et ramener le débat public dans le rythme de la confrontation des idées et non dans la concurrence morbide. Le Sénégal ne peut tolérer un mouvement qui se dit politique alors qu’il n’est qu’un appareil insurrectionnel dont le champ lexical ne s’extirpe jamais de la mort, de la sédition et de la haine.
Ce parti dissous avait normalisé dans notre espace public l’insulte et la violence factieuse, importé les pratiques de l’extrémisme religieux et recouru sans cesse au discours et aux appels incessants à l’insurrection. Intellectuels, journalistes, hommes politiques, autorités religieuses et coutumières, simples citoyens, nul n’était épargné par la furie de la meute qui utilisait internet, notamment pour commettre ses sinistres forfaits.
Ce parti ne s’était pas arrêté là : il avait mis à exécution ses menaces par des actions violentes ayant provoqué des pertes en vies humaines et des destructions de biens publics et privés en mars 2021 et en juin 2023. Pour rappel, Alioune Tine, sympathisant du parti dissous ou banal rentier, avait annoncé la couleur en menaçant notre pays de la «guerre civile» en cas de tenue d’un procès sur l’affaire Sweet Beauté. Le vice-président du groupe Yewwi au parlement avait appelé en février 2023 à la «guerre» contre l’État du Sénégal.
Un parti qui normalise l’usage de cocktails Molotov contre les symboles de l’État, les infrastructures vitales comme les moyens de transport, les usines d’eau et d’électricité et les populations civiles dont le seul tort est de monter dans un bus pour rejoindre leurs familles, ne peut pas exister en démocratie. Dans l’école de ce parti, le premier module de formation des militants est vraisemblablement les insultes aux généraux, magistrats et autorités dépositaires de la force publique. Parce que nous avons choisi la démocratie qui a accouché de deux alternances paisibles, on ne saurait accepter que la politique devienne le règne de la violence verbale et physique gratuite. On ne peut accepter que l’infâmie soit acceptée comme norme dans la pratique politique.
Des universitaires, gens de médias, avocats et autres crieurs publics, au demeurant respectables pour certains, ont fustigé le décret portant dissolution du Pastef et appelé à son retrait au nom de «l’ordre constitutionnel et de la pluralité». N’ont-ils pas suivi les appels répétés à l’insurrection, l’appel au meurtre du chef de l’État, les menaces vis-à-vis des juges et les injures à l’armée ? Ont-ils oublié les refus de comparaître devant les tribunaux qui ont tous été soutenus par ce parti ? N’ont-ils pas visionné les images du véhicule d’un leader politique qui fonce sur des gendarmes préposés à la sécurité à Mbacké ? Je convie ces démocrates en pantoufles, pétitionnaires à la petite semaine, à un exercice : voir ou revoir la vidéo du meeting de Keur Massar du parti dissous du 22 janvier dernier. Les discours guerriers, les invocations sacrificielles, les injures publiques, le recours au registre du djihad, le festival d’offenses aux institutions républicaines durant cette manifestation font froid dans le dos. Comment ce fascisme décomplexé, qui se manifeste par une haine viscérale du Sénégal, a-t-il pu prospérer au cœur de notre démocratie ? Comment expliquer cette attraction de certains parmi nos plus brillants compatriotes, qui se disent démocrates, progressistes et certains républicains, pour le fascisme dont le projet totalitaire, outre ses aspects misogynes, extrémistes et ethnicistes, est l’effondrement de la République ?
Le plus grave : personne parmi les pétitionnaires n’a dénoncé le communiqué du 1er juin du parti dissous ainsi que son appel du 2 juin qui demandent à l’Armée de perpétrer un coup d’État de façon explicite. En étant la seule organisation politique à publier de tels appels, qui ont été suivis de manifestations insurrectionnelles ayant provoqué plusieurs morts, le parti ne laissait pas le choix à l’État du Sénégal, qui était obligé de procéder à sa dissolution pour être en conformité avec la Constitution. Mon ami Massamba Diouf le rappelle de manière éloquente dans une tribune sur Seneweb le 9 août dernier : «Les leçons de l’histoire de notre jeune État sont, à ce propos, les suivantes : dans ce pays on ne prend pas le pouvoir par le coup de force partisan contre l’ordre institutionnel et la séparation des pouvoirs ; on ne force pas le résultat d’une élection par l’assassinat des juges ; on n’accède pas au pouvoir par la stratégie de la défiance et de la terreur. Adhérer aux principes constitutionnels, respecter les lois de la République, accepter de se soumettre à la justice, gagner des élections, voici aujourd’hui encore et, nous l’espérons, pour toujours les seules voies pour parvenir à la tête du Sénégal. Et c’est une bonne nouvelle».
En France, face à la menace des ligues fascistes, qui ont organisé la marche le 6 février 1934 contre la démocratie et les institutions républicaines ayant provoqué une vingtaine de morts, les autorités avaient réagi. En 1936, le gouvernement de Léon Blum a procédé par décret à la dissolution des ligues fascistes qui constituaient dans ce pays, comme c’était le cas avec le Pastef au Sénégal, une menace pour la démocratie et l’État de droit.
Le dissensus, dans le cadre des lois, est la sève de la démocratie. C’est à la suite de la confrontation des idées que le peuple tranche par les urnes. Un parti qui refuse de se conformer à notre tradition démocratique et à l’organisation de la société politique sénégalaise n’a pas sa place dans notre espace public quel que soit son nombre d’élus ou de militants et quel que soit la longueur de son arc de soutien. Depuis 2021, nous savons désormais sur qui nous ne pouvons compter parmi nos penseurs et leaders publics quand la République est menacée. Cela nous engage, nous républicains, démocrates et patriotes à bâtir des consensus forts autour de la République. Notre prochain grand défi est de ramener ces masses séduites par le discours démagogique dans le giron de la République. Les partis qui se conforment à nos lois, les intellectuels encartés ou non, tous les démocrates et républicains soucieux du Sénégal doivent être au cœur d’un travail de production d’idées et de rêves afin d’inventer un nouvel imaginaire de progrès social qui garantit l’ancrage de cette belle idée qu’est la République au cœur du paysage politique et social.