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25 mai 2025
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COUP DE FORCE MILITAIRE AU GABON SUITE À LA RÉÉLECTION D'ALI BONGO
DERNIÈRE MINUTE SENEPLUS - Cet événement intervient alors que le pays est sous couvre-feu et que l'accès à Internet est coupé à l'échelle nationale, des mesures imposées par le gouvernement pour éviter la propagation de fausses nouvelles
Mercredi, un groupe de militaires a annoncé la fin du régime en place au Gabon, faisant suite à la proclamation officielle de la victoire du président Ali Bongo lors des élections présidentielles. Bongo, au pouvoir depuis 14 ans, avait été déclaré vainqueur avec 64,27% des suffrages.
À la suite de l'annonce de cette victoire, une douzaine de militaires sont apparus à l'écran sur Gabon 24, une chaîne de télévision hébergée au sein de la présidence elle-même. Ils se sont identifiés comme faisant partie du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et ont affirmé mettre fin au régime actuel, annulant par la même occasion les résultats des élections du 26 août 2023.
Ce groupe est composé de membres de la garde républicaine, reconnaissables à leurs bérets verts, et de soldats de l'armée régulière ainsi que des policiers. Quatre officiers supérieurs étaient présents à l'avant, deux colonels de la garde républicaine et deux colonels de l'armée régulière.
Cet événement intervient alors que le pays est sous couvre-feu et que l'accès à Internet est coupé à l'échelle nationale, des mesures imposées par le gouvernement pour éviter la propagation de fausses nouvelles et potentiellement de violences.
Après l'annonce militaire, des coups de feu ont été entendus à Libreville, la capitale.
Les militaires ont critiqué l'organisation des élections, affirmant qu'elles n'étaient ni transparentes, ni crédibles, ni inclusives. Ils ont exprimé leur inquiétude quant à la gouvernance du pays qui, selon eux, pourrait conduire le Gabon au chaos.
En conséquence, toutes les institutions de la République sont dissoutes et les frontières du pays fermées jusqu'à nouvel ordre.
Ali Bongo, 64 ans, avait accédé au pouvoir en 2009 après le décès de son père Omar Bongo Ondimba, qui avait régné sur le Gabon pendant plus de quatre décennies. Cette longévité au pouvoir a souvent été critiquée par l'opposition, qui dénonce une "dynastie Bongo" de plus de 55 ans.
Avant cette intervention militaire, les résultats des élections avaient été annoncés inopinément à 03H30 du matin. Selon ces chiffres, le principal rival de Bongo, Albert Ondo Ossa, n'avait obtenu que 30,77% des voix.
Albert Ondo Ossa avait préalablement dénoncé des "fraudes orchestrées par le camp Bongo". Il avait également revendiqué la victoire et appelé Bongo à passer le pouvoir pacifiquement. Choisi seulement huit jours avant le scrutin comme candidat principal de l'opposition, Ondo Ossa n'avait eu que peu de temps pour mener sa campagne.
Cet événement marque un tournant significatif pour le Gabon et soulève de nombreuses questions sur l'avenir politique du pays. La communauté internationale sera sans doute attentive à la manière dont cette crise sera résolue.
DES NIGÉRIENS DANS L'INCERTITUDE POUR LEURS ÉTUDES EN FRANCE
Près de 450 étudiants nigériens qui ont été admis dans des universités françaises et des écoles privées se retrouvent actuellement dans une situation difficile à l'approche de la rentrée universitaire. En cause, la situation politique à Niamey
Près de 450 étudiants nigériens qui ont été admis dans des universités françaises et des écoles privées se retrouvent actuellement dans une situation difficile à l'approche de la rentrée universitaire. Un article publié par RFI le 28 août 2023 met en lumière leur dilemme causé par la fermeture du consulat de France à Niamey depuis le coup d'État militaire au Niger en juillet dernier. En conséquence, aucun dossier de demande de visa n'est actuellement en cours de traitement.
Ces étudiants nigériens, qui avaient préparé leurs valises en vue de leur départ pour la France, font face à une impasse incertaine. Parmi eux se trouve Issa Ali, qui devait poursuivre ses études en école de commerce à Paris. D'autres sont également prêts à s'envoler pour la France, mais leurs projets sont suspendus depuis plusieurs semaines.
Cette situation a provoqué, selon RFI, une montée d'inquiétude et de stress parmi les étudiants. Adama Nouredine, âgé de 19 ans, a obtenu son baccalauréat et a été admis à l'Université de Caen en Normandie pour étudier le droit. Il dit être dans l'incertitude quant à son arrivée en France pour commencer sa première année universitaire à temps.
Face à cette situation critique, les étudiants nigériens se sont unis pour former le Collectif des étudiants admis aux universités françaises. Ils cherchent activement des solutions auprès des autorités françaises et nigériennes pour résoudre cette impasse. Adam Oumarou, président du Conseil des Nigériens de France (CONIF), explique à RFI que la situation est devenue intenable et qu'il est impératif de trouver des solutions pour ces étudiants.
Une proposition a été avancée pour transférer les dossiers de demande de visa des étudiants vers un pays voisin comme le Bénin, en attendant que le consulat français à Niamey rouvre ses portes. L'objectif est d'offrir aux étudiants une réponse claire et nette quant à leurs perspectives d'études en France. Les étudiants espèrent que les autorités françaises leur fourniront des pistes et des moyens pour résoudre cette situation rapidement, car le temps presse
La situation est particulièrement difficile pour les étudiants et leurs familles, étant donné les dépenses déjà engagées pour les frais de scolarité, les billets d'avion, les assurances et l'hébergement.
Malgré ces obstacles, les étudiants interrogés restent optimistes et déterminés à ne pas sacrifier leur année universitaire.
LE F24 ENTRETIENT LES NATIONS UNIES SUR LA SITUATION POLITIQUE AU SÉNÉGAL
La plateforme des Forces vives du Sénégal annonce avoir remis au bureau régional à Dakar du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) un « mémorandum sur l’état de la démocratie et des droits de l’homme dans le pays »
La plateforme des Forces vives du Sénégal F24 annonce avoir remis au bureau régional à Dakar du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) un « mémorandum sur l’état de la démocratie et des droits de l’homme au Sénégal » et l’avoir entretenu du « traitement réservé à l’opposant Ousmane Sonko [et à] 1.062 autres citoyens détenus pour leur opinion ou leur appartenance politique ».
« Une délégation de F24 conduite par son coordonnateur, Mamadou Mbodj, a rencontré, ce mardi 29 août 2023, le bureau régional du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, représenté par monsieur Ayeda Robert Kotchani », déclare la plateforme dans un communiqué parvenu à l’APS.
« Etaient présents à cette rencontre Aliou Sané, Yolande Camara, Me Abdoulaye Tine, Aminata Touré et Fatou Blondin Diop », affirment ses leaders.
Le communiqué de la plateforme réunissant des partis politiques et des organisations de la société civile ajoute que le représentant régional du HCDH, Ayeda Robert Kotchani, accompagné de plusieurs membres de l’institution, « a salué l’initiative avant de recevoir des mains du coordonnateur de F24 le mémorandum sur l’état de la démocratie et des droits de l’homme au Sénégal ».
Ce document a été « produit » par ladite plateforme, précise la même source.
Elle ajoute que « la délégation a aussi, par une lettre, attiré l’attention de la représentation diplomatique du traitement réservé à l’opposant Ousmane Sonko [et à] 1.062 autres citoyens détenus pour leur opinion ou leur appartenance politique ».
Des rencontres avec des institutions internationales, des représentations diplomatiques et des guides religieux
« Cette rencontre marque le démarrage d’une série » que la plateforme F24 aura « avec des institutions internationales, des représentations diplomatiques et des guides religieux », affirme le communiqué.
Ousmane Sonko, arrêté le 28 juillet, a été inculpé d’appel à l’insurrection, d’association de malfaiteurs, d’atteinte à la sûreté de l’État et de complot contre l’autorité de l’État.
L’opposant placé sous mandat de dépôt le 31 juillet est également accusé par le parquet de Dakar d’actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et de vol.
Le jour de son inculpation, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, a annoncé la dissolution de son parti.
« Pastef […] a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels », a argué M. Diome, ce que les responsables de ladite formation politique et ses militants ne cessent de nier.
M. Sonko, aujourd’hui en grève de la faim en prison, était classé troisième à l’élection présidentielle de 2019, derrière l’ancien Premier ministre Idrissa Seck et Macky Sall, qui s’est fait réélire.
Pastef-Les patriotes et d’autres formations politiques constituent l’un des principaux groupes parlementaires de la législature élue le 31 juillet 2022.
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NIGER : LE RAIDISSEMENT GÉNÉRALISÉ
Chassée de partout pourquoi la France s’accroche-t-elle au Niger ? Comment répliquera le quatuor Niger, Mali, Burkina Faso et Guinée ? Pourquoi le Burkina s’attaquera-t-il au Bénin? Quid du Mali qui a une frontière avec la RCI ? Décryptage du Colonel ADJE
Quatre pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest affûtent leurs armes pour une éventuelle intervention militaire au Niger pour, prétendument, rétablir l’ordre constitutionnel, réinstaller Bazoum dans ses fonctions pour faire démocratie. Il s’agit du Nigeria en tête, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Sénégal. Mais ont-ils évalué les conséquences incommensurables que peut engendrer cette intervention ?
D’ailleurs le quatuor composé de la Guinée, du Burkina Faso et du Mali se sont dits prêt à se joindre au Niger afin de répondre à cette attaque et contrairement à ce que l'on pensent peuvent faire mal dans la réplique. Dans la suite de l’entretien accordé à AfricaGlobe Tv, le colonel Mamadou Adje, stratège militaire fait une analyse de ce que peut être cette attaque.
Non seulement cette situation s’internationalise, mais ça ne manquera pas d’être un scénario apocalyptique. Dans la réplique aux forces de la CEDEAO, le quatuor Niger, Burkina et Guinée et Mali ne se contenteront pas de troupes qui sont sur son sol, les aéroports nigérians proches du Niger seront attaqués par le Niger, le Burkina Faso s’occupera du Bénin par le nord-ouest et ainsi de suite.
Dans quoi alors la CEDEAO s’engage-t-elle ? Quand bien même elles auraient quelques puissances militaires, il faut se rendre compte de ce que ces dernières années, le quatuor s’est bien équipé militairement.
S'agissant du coup d'État en question le colonel Adje estime qu'il est symptomatique de l'effritement de l'influence française en Afrique qu'il prédisait d'ailleurs depuis un an. Et si elle s'accroche malgré les ultimatums, c'est de bonne guerre. Dans cette crise, le colonel Mamadou note et à juste titre que de part et d'autre, il y a une sorte de radicalisation : le Général Tchani qui demande à l'ambassadeur de France de quitter Niamey, l'Élysée qui demande que l'ambassadeur la Cedeao qui gesticule dès le début et qui mobilise ses forces en vue d'une intervention.
Sur un autre point le colonel estime que ces épidémie de coup d'État relève une certaines mauvaises structuration ou restructuration des armées africaines. En effet l'on peut constater que dans la plupart des cas, les coup d'État sont opérées par les gardes présidentielle.
Voici donc une raison suffisante pour en finir avec ces gardes présidentielles qui sont peu ou prou une armée dans l'armée. Aussi, les autres pays garderaient à s'inspirer un peu du Sénégal où l'armée est organisée de sorte à être un agent de développent et que chaque soldat se sente utile. Toute chose qui inhibe selon lui, toute tentative de prise de pouvoir par la force.
MIMI TOURÉ, L'INTRÉPIDE
Athlète, basketteuse, judoka, Aminata Touré a appris l’art de faire face aux adversités les plus féroces. La ‘’bourreau’’ de Karim Wade devra se montrer résiliente face aux coups à venir de toutes parts dans le cadre de la présidentielle de 2024
Athlète, basketteuse, judoka, Aminata Touré a appris l’art de faire face aux adversités les plus féroces. Ancienne militante de la Ligue communiste des travailleurs (LCT), directrice de campagne de Landing Savané en 1993, à l’âge de 31 ans, la ‘’bourreau’’ de Karim Wade devra être endurante pour supporter les coups qui ne manqueront pas de venir de toutes parts : BBY, PDS, sans être assurée de pouvoir compter sur ses nouveaux coéquipiers de Yewwi Askan Wi, de l’ex-Pastef et de F24.
Elle a été révélée à la jeune génération en 2011-2012, à la veille de l'élection présidentielle. Ancienne directrice des Droits humains au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Aminata Touré décidait de tout abandonner pour répondre à l'appel de la patrie, dans un contexte de bouillonnement politique. Elle avait choisi de miser sur le candidat pour lequel peu d’analystes, pour ne pas dire aucun, prédisaient un destin présidentiel. Avec beaucoup d'humilité, elle précise : ‘’Je dois dire que l’initiative était venue de moi. J’avais pris l’initiative de le contacter pour lui apporter mon soutien. Avant, je le connaissais très rapidement quand il était au PDS (Parti démocratique sénégalais). Une fois on s’était rencontré aux Nations Unies brièvement.’’
Désignée comme directrice de campagne, Mimi signait ainsi son come-back dans l’arène politique sénégalaise, après plusieurs années passées dans le système des Nations Unies, où elle a occupé différents postes, de la base jusqu’aux sommets, en tant que directrice du Département des droits humains.
En effet, même si, pour la nouvelle génération, elle peut paraitre une illustre inconnue, Mimi est loin d’être une novice. En 1993 déjà, alors qu’elle avait seulement 31 ans, elle était directrice de campagne du candidat d’AJ/PADS, Landing Savane. Pour une femme, c'était déjà une prouesse dans le Sénégal de l'époque.
Nostalgique, elle revient sur cette étape décisive dans son parcours politique. ‘’En 2012, c’était, en effet, la deuxième fois que je faisais office de directrice de campagne. Je l’ai été pour la première fois avec Landing Savané qui, comme vous le savez, est un maoïste. J’avais à l’époque 31 ans’’.
En fait, Mimi était déjà une politicienne aguerrie, forgée dans la bonne vieille école de la gauche sénégalaise. C'est dans les années 1970, alors qu'elle avait à peine 14 ans, que la petite Aminata commençait son apprentissage de la politique. D’un père médecin et d’une mère sage-femme, elle a commencé à nourrir cette fibre militante en classe de 4e, grâce notamment au contact avec son professeur d’histoire et géographie Ibrahima Diagne. Y avait-il quelque chose qui la prédestinait à la chose politique ? Elle rapporte : ‘’Peut-être. J’ai toujours eu une aversion pour l’injustice. C’est ma nature. Et dès que j’ai rencontré le cadre intellectuel adéquat, je m’y suis intéressée. Avec mon professeur d’HG, on a été initié aux grandes luttes de l’émancipation – ça faisait partie du programme. L’histoire des révolutions m’a tout de suite passionnée.’’
Avant AJ, elle a été dans la très peu connue Ligue communiste des travailleurs (LCT), fondée en octobre 1976, devenue Mouvement pour le socialisme et l’unité (MSU) et qui fusionnera en 1988 avec le Mouvement démocratique populaire (MDP) de Mamadou Dia.
Avec la chute du Mur de Berlin en 1989, certains clivages gauche-droite ont disparu, mais le socle de l’engagement de l’ancienne PM est demeuré. Une vie de gauche qui semble la différencier fondamentalement de ses camarades de l’APR, dont la plupart sont issus surtout des flancs du PDS qui est un parti libéral. Le long du compagnonnage, Mimi rencontrera toutes sortes de difficultés, de crocs-en-jambe... D’un air moqueur, elle déclare avec le sourire : ‘’Je crois que l’APR est un cas spécifique qui mérite d’être étudié. Voilà des gens qui croient que faire de la politique, c’est combattre son frère de parti, pas l’adversaire qui est en face. Je pense qu’ils doivent retourner à l’école, pour être formés. Moi, je ne viens pas de cette tradition politique ; je viens d’une tradition de gauche, où la fraternité a un sens, où les débats sont contradictoires. Et de nos divergences naissent de grands accords qui nous permettent d’aller de l’avant. C’est comme ça que je conçois les choses’’.
Départ de l’APR
Pour autant, Mimi n’accepte pas d’avoir quitté l’APR de son plein gré. On l’a fait quitter parce qu’elle avait des divergences de points de vue. Un parti, pense-t-elle, ‘’ce n’est pas l’armée, ce n’est pas l’embrigadement, surtout quand on est intellectuel. Ce n’est pas parce que le chef a dit quelque chose que tout le monde doit être d’accord et que personne ne dépasse… Je n’ai vraiment pas la même perception’’, peste-t-elle avec toujours le même franc-parler.
Sur la 3e candidature qui, à l’en croire, a été la contradiction de trop, à la base de son éviction de l’Assemblée nationale, Mimi est convaincue que c’est en partie grâce au combat qu’elle y a consacré avec les Sénégalais que Macky Sall y a finalement renoncé, mais il avait la ferme intention de se représenter. Avez-vous alors été agréablement surprise le 3 juillet (lors de la déclaration de non-candidature) ? Elle : ‘’Non, aucun sentiment particulier. J’ai juste été satisfaite d’avoir obtenu une victoire. La question n’aurait jamais dû se poser. Ensemble, nous avons combattu le troisième mandat de Wade en 2012. D’autant plus qu’il y a des gens qui ont perdu la vie dans ce combat.’’
À l’Alliance pour la République, le discours est tout autre. Mimi, en fait, aurait juste mal digéré son éviction. ‘’En vérité, disait Farba Ngom sur le plateau de la 7TV, Mimi a même eu à défendre le deuxième quinquennat devant le président de la République, même si Macky Sall lui-même ne croyait pas en sa sincérité. À l’époque, elle lorgnait juste le poste. Je ne sais pas si sa position actuelle aurait été la même si on lui avait confié l’Assemblée nationale. Franchement, je ne saurais le dire’’. À propos de son engagement militant aux côtés du président de la République, Farba Ngom avait tenu à préciser : ‘’Elle n’était pas venue mettre ses compétences gratuitement au service de Macky Sall. Elle travaillait et on la payait. Ce n’était pas un engagement gratuit, comme nous autres qui avons tout misé sans contrepartie… Je dois aussi dire qu’elle est une excellente stratège politique. Il faut la lui reconnaitre. Ce n’est pas parce qu’on a un différend que je ne vais pas lui reconnaitre ses qualités. Elle est fine stratège, elle est très courageuse et elle sait se battre.’’
À l’Alliance pour la République et à Benno Bokk Yaakaar, ce sont les hommes qui se couchent, c’est Mimi qui élève la voix, debout, droite dans ses bottes.
Sportive dans l’âme, la Saloum-Saloum a en effet appris à faire face aux adversités les plus féroces. Athlète, basketteuse, judoka, elle a pratiqué plusieurs sports dans sa jeunesse. D’où peut-être elle tient son ‘’fighting spirit’’. Un brin provocateur, la militante des droits des femmes lance une pierre aux hommes : ‘’Aucun de ces hommes n’avait osé dire la vérité au président Macky Sall (elle rit). Après avoir défendu partout que le président Macky Sall a droit à un 3e mandat, quand il a déclaré qu’il ne sera pas candidat, ils se sont mis à chanter ses louanges pour saluer la décision... Vous voyez comme les gens peuvent être versatiles ! Et c’est pour ces raisons que les gens ont une certaine perception négative de la chose politique’’.
Ministre de la Justice au début de la seconde alternance, Mimi devient très vite la coqueluche d’une bonne partie de l’opinion. Deux dossiers ont largement contribué à sa notoriété : affaire Karim Wade et affaire Hissène Habré. La dame de fer, par moments, fait même de l’ombre au président de la République. Se permettant parfois de se désolidariser publiquement de certaines décisions rendues publiques par le porte-parole du gouvernement, à l’époque Abdou Latif Coulibaly. Dans un Sénégal où les populations étaient assoiffées de justice, Mimi tenait ainsi le bon bout. Contraint, pressé de toutes parts, Macky Sall finit par arbitrer en faveur de sa ministre de la Justice ; un grand camouflet pour le porte-parole de son gouvernement désavoué. Aujourd’hui encore, Mme Touré persiste et signe : ‘’Si c’était aujourd’hui, je serais encore aussi radicale. On ne doit pas transiger pour des infractions sur des deniers publics. Pourquoi nos jeunes prennent la mer par centaines, voire par milliers, c’est parce qu’ils n’ont aucune perspective économique sur leur avenir. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de perspectives, parce qu’il n’y a pas de ressources… Le gros problème de l’Afrique, c’est la corruption et c’est ce qui est à l’origine de beaucoup de nos maux. Et si on considère que c’est le plus gros problème, il faut y apporter des solutions appropriées. Mais ça n’a rien de personnel.’’
Croisade contre la mal gouvernance
Paradoxalement, Mimi défenseure de la justice dans l’affaire Karim Wade qu’elle a conduite de main de maitre, aphone sur l’exclusion de Khalifa et de Karim lors de la Présidentielle de 2019, enfile aujourd’hui la robe pour défendre avec véhémence Ousmane Sonko, n’hésite pas à charger la justice et s’érige en bouclier contre l’exclusion de candidats. À ceux qui seraient tentés de l’accuser de changer de discours par pur opportunisme, elle rétorque : ‘’Les chefs d’accusation ne sont pas les mêmes. Il ne faut pas non plus mélanger les serviettes et les torchons. Les faits sont différents… Dans cette affaire (Karim Wade), il ne s’est pas agi d’instrumentalisation de la justice. Les gens ont été traduits en justice pour des faits bien précis.’’ L’ancienne ministre de la Justice d’ajouter : ‘’Encore une fois, ça n’a jamais été personnel ; c’est le PDS qui a voulu en faire un faux argument parce qu’ils sont allés se réconcilier avec le président Macky Sall. Il fallait bien qu’ils servent un argument à leurs militants qui sont des opposants radicaux depuis toujours. Une fois qu’ils ont fait leurs arrangements en haut, il fallait bien trouver des alibis.’’
Au Parti démocratique sénégalais, ce discours a du mal à prospérer. Pour les partisans de Karim Wade, il ne fait l’ombre d’un doute que Mimi s’est impliquée personnellement pour faire mal à Karim en instrumentalisant l’institution judiciaire. ‘’Vous savez, quand on a perdu le pouvoir, le président Macky Sall avait lancé tous les corps de contrôle pour fouiller la gestion de Karim, mais ces derniers n’ont rien trouvé. Madame Aminata Touré est venue dépoussiérer la Crei pour pouvoir atteindre Karim Wade et le PDS. Elle s’est personnellement impliquée pour nous faire mal. Et c’était pour sa promotion personnelle. Nous qui l’avons vécu dans notre chair, nous savons quel rôle elle a eu à jouer dans cette affaire’’, se défendait dans ‘’EnQuête’’ la responsable de la communication du PDS, Nafissatou Diallo, suite à l’approbation de la destitution d’Aminata Touré de son poste de député.
Une chose est sûre, Mme Touré était ainsi devenue, grâce à ce dossier (Karim Wade), scrutée aussi bien sur le plan national qu’international, l’un des personnages les plus importants du régime. À la fois puissante et gênante, elle était également forte du soutien populaire des Sénégalais. À tel enseigne que certains avaient déjà vu sa promotion comme Première ministre comme un cadeau empoisonné pour mieux l’abattre. Nommée PM le 1er septembre 2013, elle est limogée le 4 juillet, soit 10 mois seulement après.
Mimi devint ainsi la détentrice du record du Premier ministre qui a le moins duré au poste depuis au moins 2000, pour ne pas dire de toute l’histoire du Sénégal. Pour justifier le limogeage du chantre de la bonne gouvernance, il est invoqué sa défaite aux élections locales de 2014, face au tout-puissant maire sortant Khalifa Ababacar Sall.
Sacrifiée selon beaucoup d’observateurs, Mimi prend ses distances et commence ses critiques contre le régime. Comme lot de consolation, elle sera nommée envoyée spéciale du président de la République en février 2015, poste honorifique qui ne signifie pas grand-chose aux yeux de nombre de Sénégalais.
Pour quelqu’un qui a été numéro 2 du régime, c’était loin d’être gratifiant. Mais la dame de fer l’accepte et fait profil bas. En 2019, à la faveur de l’élection présidentielle, Mimi revient en force en tant que patronne de l’équipe de campagne. Comme en 2012. Suite à la victoire du président au premier tour, elle retrouve encore un poste jugé à la dimension de son apport au sein du parti au pouvoir. Elle sera nommée présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), en remplacement d’Aminata Tall.
À ce poste, Mimi fait un peu mieux qu’à la primature, avec 17 mois. Limogée pour céder la place au nouvel allié Idrissa Seck, la ‘’rebelle’’ entre à nouveau dans le maquis et multiplie les critiques contre le régime du président Sall. C’est là qu’elle commence à se mêler au débat sur une éventuelle troisième candidature, avant d’accepter plus tard de rentrer à nouveau dans les rangs, en tant que coordinatrice nationale du pôle parrainage à Benno Bokk Yaakaar, ensuite tête de liste de la majorité présidentielle.
Au sortir de ces élections, alors qu’elle s’attendait à être portée à la tête de l’Assemblée nationale, elle fut lâchée par ses pairs et par le président. C’en était trop. Mimi se radicalise et prend son destin en main.
À la question de savoir si elle ne s’est pas sentie trahie, elle rétorque : ‘’En politique, les sentiments n’ont pas beaucoup d’importance. Ce n’est pas un jeu pour âmes sensibles. Mais je pense que fondamentalement, ce qu’il faut, c’est de la conviction, de l’engagement et toutes les qualités de la vie… Être politique ne signifie pas être sans valeur. C’est en tout cas ma conception.’’
Ambitions présidentielles
Née le 12 octobre 1962 à Dakar, Aminata Touré passe l’école primaire à Tambacounda où son père a été affecté, avant de rejoindre le lycée Gaston Berger de Kaolack après l’entrée en 6e, puis au lycée Van Vollenhoven de Dakar où elle a obtenu le baccalauréat. En France, l’ancienne lauréate du Concours général s’oriente en sciences économiques ; ce qui est un grand apport dans son parcours de femme politique. Les sciences économiques, selon elle, c’est fondamental dans la gestion de l’État. ‘’Être économiste, c’est une perspective qui permet à chaque être humain de pouvoir se loger, de pouvoir se nourrir, de remplir son objectif économique. C’est ça l’économie, au fond. Et c’est une science qui a beaucoup évolué. Aujourd’hui, on parle de sciences socioéconomiques. Parce qu’on s’est bien rendu compte qu’il y a la psychologie, le droit, la sociologie... Et tout ça, on en a besoin. Et je crois que c’est ce qui a manqué au président Macky Sall qui est fondamentalement géologue. Cette dimension sciences sociales lui a beaucoup manqué, à mon avis. C’est pourquoi, par exemple, il y a un déphasage total entre lui et sa jeunesse qu’il a du mal à comprendre’’.
Candidate à la Présidentielle de 2024, Mimi souffre cependant d’un défaut de base électorale. Mais elle donne souvent l’exemple de Macky Sall qui habite Mermoz à Dakar (même s’il vote à Fatick) et qui ne gagne pas dans l’école la plus proche de chez lui.
En sus de la bonne gouvernance qu’elle espère au cœur de la campagne, Aminata Touré accordera aussi une grande importance à l’investissement humain. ‘’Si je devais faire une critique de ces 11 ans, c’est qu’on n’a pas fondamentalement su faire la balance entre l’investissement infrastructurel et l’investissement humain. On n’a pas pensé à la construction du Sénégalais dans 10 ans, dans 20 ans, même si c’était dans le Yoonu Yookute... Pour ce faire, la culture est fondamentale. Mais sous nos cieux, quand vous nommez quelqu’un à la Culture, il pense qu’on l’a sanctionné. C’est d’ailleurs ce qui nous différencie des Chinois, par exemple. Il faut en revenir aux valeurs, aux fondements de notre société : le ‘ngor’, le ‘jom’… Construire le citoyen. Je crois que c’est le chantier. Il faut qu’on soit bienveillant les uns les autres’’.
En tant que femme candidate, l’ancienne tête de liste de BBY croit fort en son étoile pour la Présidentielle de 2024. Pour elle, être femme n’est plus un obstacle au Sénégal pour occuper certains postes. ‘’Je le crois très sincèrement pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’on a eu des exemples à la base. Il y a des femmes qui ont battu des hommes. J’aime bien citer l’exemple de Mahécor Diouf à Guédiawaye ; elle avait en face le frère du président, une ministre de la Jeunesse, un DG puissant : elle les a battus. Je pense que les Sénégalais sont plus intéressés par les profils que par les sexes. Ce qui est important, c’est surtout de connaitre le Sénégal, d’avoir de l’éthique’’.
Quand je serai présidente…
Si elle devient présidente, Mimi promet d’accorder une place importante à la Jeunesse qui constitue 70% de la population. Une frange dont les aspirations n’ont jamais été correctement prises en charge, selon elle par les différents régimes qui se sont succédé depuis l’indépendance. ‘’L’État n’a jamais pris la question de la Jeunesse au sérieux. À quelques exceptions près, le ministre de la Jeunesse a toujours été le moins diplômé ; c’est une indication.’’
Cela dit, même si elle constate l’échec de l’État dans la crise actuelle de la Jeunesse, Amina Touré estime que les parents ont également leur part de responsabilité. ‘’On se retrouve avec une jeunesse sur qui on veut faire reposer des responsabilités qui ne sont pas les siennes. Les jeunes paient les irresponsabilités sociales et familiales. Un jeune de 22 ans, 25 ou 30 ans il n’a pas vocation à nourrir sa famille, à s’occuper de sa mère, de ses sœurs. Ça, c’est le rôle du chef de famille. Les jeunes doivent mener leur vie, jouer au football... C’est vraiment trop de pression qu’on met sur la tête des jeunes’’, a-t-elle relevé, réagissant sur le fléau de l’émigration irrégulière.
Ancienne directrice des droits humains au FNUAP, Mme Touré est aussi une défenseure de la planification familiale ‘’volontaire’’. Pour elle, il faut amener les parents à planifier leurs naissances de manière volontaire. ‘’Ce n’est pas antinomique avec l’Islam, c’est ce que fait le Maroc, la Tunisie, même l’Arabie saoudite’’, justifie-t-elle.
L'ALGÉRIE PROPOSE UN PLAN DE TRANSITION DE SIX MOIS AU NIGER
Alger propose des discussions politiques "pendant six mois au maximum (...) avec la participation et l'approbation de toutes les parties au Niger sans exclusion", sous la tutelle d'une "autorité civile dirigée par une personnalité consensuelle
L'Algérie a proposé aux militaires qui ont pris le pouvoir au Niger "un plan de transition de six mois" avant un retour à l'ordre constitutionnel et démocratique, au lieu des trois ans qu'ils ont suggérés, a indiqué son chef de la diplomatie mardi.
Le nouvel homme fort du Niger le général Abdourahamane Tiani a appelé à "une période de transition qui durerait au maximum trois ans", a rappelé le ministre des Affaires étrangères algérien Ahmed Attaf, lors d'une conférence de presse à Alger. "Mais à notre avis, le processus peut être terminé en six mois, de manière à ce que le coup d'Etat (en cours, ndlr) ne devienne pas un fait accompli", a-t-il ajouté.
M. Attaf était à peine de retour d'une tournée dans trois pays de la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest): Nigeria, Bénin et Ghana. Le numéro deux de son ministère, Lounes Magramane, s'était rendu en parallèle à Niamey où il a pu s'entretenir avec le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine. Mais il n'y a pas rencontré le président déchu Mohamed Bazoum, a indiqué M. Attaf.
Le chef de la diplomatie n'a pas précisé si M. Bazoum ferait partie ou pas du plan de transition proposé par l'Algérie. Alger propose des discussions politiques "pendant six mois au maximum (...) avec la participation et l'approbation de toutes les parties au Niger sans exclusion", sous la tutelle d'une "autorité civile dirigée par une personnalité consensuelle et acceptée par tous les bords de la classe politique", afin de conduire au "rétablissement de l'ordre constitutionnel dans le pays", selon M. Attaf.
Le ministre a répété l'opposition de l'Algérie, qui partage près de 1.000 km de frontières avec le Niger, à toute intervention armée chez son voisin. "Nous rejetons une solution militaire, comment pourrions-nous autoriser l'utilisation de notre espace aérien pour une opération militaire ?", a souligné le ministre. Le président Tebboune a fait savoir le 6 août qu'il refusait "catégoriquement toute intervention militaire" extérieure au Niger qui représente, selon lui, "une menace directe pour l'Algérie".
Après le renversement le 26 juillet du président nigérien Bazoum, élu en 2021, la Cedeao a annoncé le 10 août son intention de déployer une force ouest-africaine "pour rétablir l'ordre constitutionnel au Niger". M. Attaf a mis en garde contre les "effets catastrophiques" d'une solution militaire qui risque de "pousser des milliers de Nigériens sur la voie de la migration", estimant qu'un nouveau conflit dans la région pourrait constituer "un incubateur supplémentaire pour le terrorisme et le crime organisé".
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IL Y A UNE CONSPIRATION ANTIDÉMOCRATIQUE EN COURS AU SAHEL
Le romancier guinéen Tierno Monénembo estime que « tout doit être fait pour décourager les coups d’État en Afrique », ajoutant que laisser faire pourrait conduire à un point de non-retour - ENTRETIEN
Le romancier guinéen Tierno Monénembo a signé une tribune dans les pages de l'hebdomadaire français Le Point où il estime que « tout doit être fait pour décourager les coups d’État en Afrique ».
Faut-il aller jusqu'à une intervention armée de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ? Comment doit évoluer la relation des États africains avec la France ?