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8 août 2025
53,6% DE LA POPULATION SÉNÉGALAISE EST COUVERTE PAR L’ASSURANCE MALADIE
Médecin de santé publique et économiste de la santé, docteur Bocar Mamadou Daff est Directeur général de l’Agence de la couverture maladie universelle depuis 2017. Dans cet entretien, il est revenu sur le bilan de la Cmu, ses obstacles et ses ambitions
Médecin de santé publique et économiste de la santé, docteur Bocar Mamadou Daff, ancien Directeur de la Santé de la reproduction et de la survie de l’Enfant au ministère de la Santé et de l’action sociale, est Directeur général de l’Agence de la couverture maladie universelle (Cmu) depuis 2017. Dans cet entretien accordé à Bés bi, il revient sur le bilan de la Cmu, les obstacles, la dette due aux hôpitaux, mais aussi sur l’actualité politique et ses ambitions.
Quel bilan faites-vous de la situation de la couverture maladie au Sénégal depuis votre arrivée en 2017 ?
Disons que pour le Sénégal, grâce à la volonté politique des autorités, nous pensons que nous avons un très bon résultat. Cela n’a pas été évident parce que lorsque nous avions commencé, nous étions autour de 11 à 20% de couverture dans le secteur formel et le secteur informel réunis. Et lorsqu’on a mis en place cette agence en 2015, il y a eu beaucoup de progrès et il fallait d’abord, avec les deux approches que nous avions, le régime assistantiel et le régime assurantiel, essayer d’informer et de sensibiliser les populations pour que tout le monde puisse comprendre ce que c’est la couverture maladie universelle.
Parce que nous n’en avions pas l’habitude au Sénégal, surtout pour les cibles que nous avions, notamment le monde rural et le secteur informel. Et donc, nous sommes allés sensibiliser les populations et installer des mutuelles de santé partout. Nous avons réussi cela et nous avons fait des efforts pour arriver à ce que ce programme soit connu, que les gens s’en approprient. Dans un premier temps, nous avons installé dans chaque commune au moins, une mutuelle de santé. Par la suite, nous en avons fait une évaluation au bout de 7 ans et nous avons réorienté nos stratégies.
Mais les Sénégalais se sont-ils réellement appropriés la Cmu et qu’est-ce que cela a apporté aux populations ?
Je pense que oui parce que, de plus en plus, les gens viennent par eux-mêmes pour adhérer ou pour chercher une lettre de garantie pour aller se soigner. Si je prends simplement le cas des enfants de 0 à 5 ans que nous prenons en charge, on estime que plus de 14 millions d’enfants sont venus se traiter durant cette période de 7 ans. Ce n’est pas que 14 millions d’enfants existent au Sénégal, mais c’est par épisode, c’est-à-dire un enfant peut venir, une fois, deux fois ou 3 fois. Nous avons aussi pris en charge plus de 600 000 personnes âgées de 60 ans et plus dans le cadre du Sésame.
On a également pris en charge près de 150 000 cas de césarienne pour les femmes enceintes. Nous avons eu plus de 15000 séances de dialyse pour une cohorte de 5000 et quelques personnes. Ce qui est un résultat tangible et cela signifie en réalité que c’est traitable grâce à ce programme. Maintenant, ce qu’il faut reconnaitre dans une assurance maladie, c’est qu’à chaque fois on a besoin d’évoluer, car lorsqu’on le faisait, on est même allés plus loin que ce qui avait été défini, car on nous avait dit de prendre en charge les soins de base (postes et centres de santé). Mais très vite, il y a eu un glissement et nous sommes partis pour prendre en charge les soins hospitaliers, la chirurgie, le scanner…
Donc, véritablement, le package est assez élargi. Et si c’était à chiffrer sur un pourcentage, on peut dire que nous en sommes à 53,6% de la population sénégalaise couverte grâce à ces régimes d’assistance. Mais à côté de cela, il y a l’assurance maladie à partir des mutuelles de santé. Figurez-vous que ceux qui figurent dans les mutuelles de santé et qui viennent cotiser pour eux-mêmes chaque année et pour chaque personne sont environ 2,5 millions de personnes. Par exemple : quelqu’un qui a sa famille de 10 personnes, il cotise 35 000 par an pour pouvoir se soigner.
Il y a une autre cohorte, par exemple, ceux qui bénéficient des bourses familiales et de la carte d’égalité des chances, ce sont des gens qui n’ont pas les moyens d’adhérer et là, le gouvernement nous a demandé d’adhérer pour ces personnes et leurs familles. Ils sont plus de 2, 1 millions qui sont dans cette cohorte là et qui sont pris en charge à 100%. Donc, avec ces deux régimes, on peut dire que plus de la moitié de la population sénégalaise est couverte.
Pouvez-vous revenir sur le mode d’adhésion ?
Il est vrai que les gens ne comprennent pas toujours comment cela se passe. En réalité, pour adhérer, ce n’est pas très compliqué. Comme je l’ai dit, les cibles qui sont définies pour l’assistance médicale sont connues. En ce qui concerne l’adhésion à la mutuelle de santé, il y a les non cotisants (enfants de moins de 5 ans et personnes âgées de 60 ans, personnes à dialyser et femmes enceintes qui ont besoin d’une césarienne) et les bénéficiaires classiques (les volontaires qui viennent pour adhérer).
Là, il suffit d’aller au niveau de votre mutuelle et pour adhérer, il faut donner 1000 francs et on vous donne une carte. Là, vous indiquez le nombre de personnes que vous voulez prendre en charge dans votre famille. Et à partir de ce moment, chaque personne doit payer 3500 francs par an. La cotisation se fait en une ou deux tranches. Ensuite, il faut donner sa photo pour que les gens ne trichent pas. Et maintenant quand vous adhérez, nous prenons quelques précautions, car il y a une période d’observation d’un mois, et c’est pour éviter que quelqu’un n’attende qu’il ne soit malade, pour venir adhérer et se traiter. Et à la fin, les prestataires envoient la facture, en ce qui nous concerne, l’agence ou bien la mutuelle de santé va payer les 80% des prestations et l’individu ne paye que 20%. Cela aussi c’est important, car si on fait la gratuité, les gens auront tendance à abuser des soins.
Depuis que vous êtes à la tête de cette agence, quels sont les obstacles auxquels vous avez eu à faire face ?
Pour l’assurance maladie, le premier bémol, c’est la communication. Et je pense que nous devons communiquer davantage. Malheureusement dans nos ressources, l’essentiel va vers les prestations parce que comme c’est un programme social, souvent les décideurs ne comprennent pas trop bien quand on leur dit que cette partie de l’argent sert à la communication. Donc, cette part qui est destinée à cette communication est assez limitée. Ce qui fait que nous n’atteignons pas souvent toutes les cibles que nous voulons atteindre dans les délais, pour permettre à tout le monde d’adhérer, parce qu’il y a beaucoup de choses à expliquer.
Aujourd’hui, si nous n’avons pas atteint les objectifs de 75% qu’on s’était fixés, c’est parce que simplement, au début, on avait été très ambitieux, on avait pas mesuré l’importance du travail, la nécessité de la sensibilisation, la communication et on avait pas imaginé que les Sénégalais ont l’habitude de la solidarité, mais d’une solidarité agissante. Ils n’ont pas l’habitude de solidarité de prévoyance. Il y a aussi le problème de la mobilisation des ressources, c’est-à-dire les cotisations.
La troisième chose, toujours sur les ressources, c’est aussi l’Etat qui, pour l’essentiel, subventionne ces soins en donnant un certain montant. Et sur ce point-là, il faut reconnaitre que l’Etat a fait beaucoup d’efforts par rapport à ce qui se passe dans la sous-région. Le gouvernement est arrivé autour de 20 milliards de budget à 23 milliards par an. Mais c’est insuffisant comparé aux besoins réels pour couvrir ces 53%, un besoin qui est estimé aujourd’hui à 65 milliards. Ce qui fait que c’est la moitié simplement du budget qui est là. Donc, il faut jongler avec ce qui fait que vous rencontrez souvent des gens qui vous disent que vous avez des dettes et il faut les payer.
Justement, est–ce que vous pouvez chiffrer les dettes que vous avez envers les hôpitaux et autres structures sanitaires ?
Il faut dire que tous les systèmes d’assurances ont des dettes, mais le plus important aujourd’hui, c’est que si les dettes existent, c’est parce que les Sénégalais vont se soigner. Le 30 avril 2023, nous étions à 15 milliards de dettes, mais le gouvernement, avec notre budget de 23 milliards, et le surplus de 10 milliards qu’on nous a accordés, cela nous permettra de régler cette question-là. Les gens s’accrochent souvent à cette dette, mais je l’appelle simplement un retard de paiement, car une fois que l’Etat a engagé les gens à utiliser cette procédure-là pour soigner les populations, il prendra les dispositions pour payer. C’est vrai que cela peut prendre du temps avec les lenteurs administratives, mais, de plus en plus, les prestataires de soins commencent à le comprendre.
Quelles sont les performances majeures de la Cmu ?
Les performances majeures, c’est de passer en un temps record de 20 à 53%, comparé au reste de la sous-région, nous sommes les premiers. Et cela est un motif de satisfaction. La deuxième chose, c’est que le programme est aujourd’hui bien connu de l’ensemble des Sénégalais, le reste ce sont les modalités d’accès que les gens ne comprennent pas. Partout où vous allez, il y a un point qui indique qu’on fait l’assurance maladie. Et ça c’est très important. Le troisième, c’est que les populations qui étaient des laissées-pour-compte, c’est-à-dire le monde rural, le secteur informel, les pauvres qui n’ont jamais eu d’assurance sont maintenant pris en charge. La question d’équité prend du sens à partir de ce programme-là qui est très important. Les autres performances, c’est que nous allons vers des réformes pour renforcer le système. Et au bout d’une année, nous avons pu presque terminer toutes les procédures de réforme.
Où en êtes-vous avec les projets de votre prédécesseur, feu Cheikh Mbengue, notamment la Cmu élève ?
La Cmu-élève, c’est très important et je me rappelle avoir eu une discussion technique sur ce sujet, avec mon prédécesseur qui était un bon ami. J’estimais que la Cmu-élève est un grand avantage, car justement cela permettait de couvrir les enfants, sans avoir à trop dépenser, car la plupart du temps, ce sont des enfants qui ne sont pas souvent malades, en dehors des risques d’accidents pendant les gymnastiques et autres. Donc, ils peuvent cotiser et aider les gens à se soigner. Car, en réalité, l’assurance maladie c’est la mise en commun des risques. C’était un avantage qui permettait de remonter un peu le taux de couverture de la population qui est très jeune du reste. Ce qui fait qu’on allait équilibrer les comptes.
L’idée était que chaque année, à l’ouverture des classes, on demande aux enfants de payer pour l’assurance. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à ce niveau parce que les académies considèrent que la destination de cet argent, c’est tout à fait autre chose. Mais quand même, nous sommes à quelque chose, comme 140 000 à 200 000 enfants qui sont encore dans les mutuelles, ce qui signifie que c’est encore faible à ce niveau-là.
Comment analysez-vous la situation actuelle du pays à quelques mois de l’élections présidentielle de 2024 ?
Je dois d’abord me féliciter que le pays ait retrouvé sa sérénité : les choses sont devenues un peu plus calmes, nous sommes retournés dans ce que nous n’aurions jamais dû quitter. De plus en plus, on se rend compte que toutes nos valeurs pour lesquelles nous étions connus nous reviennent et c’est à l’honneur du Sénégal, car nous sommes regardés par le monde entier. Il ne faut pas qu’on oublie notre responsabilité vis-à-vis de l’Afrique, et de l’Afrique de l’Ouest en particulier. On doit aller au-delà de ce que nous représentons nous-mêmes.
Comment appréciez-vous le choix du Président Macky Sall de faire de Amadou Ba le candidat de la coalition Bby ?
J’étais très heureux en apprenant la nouvelle et tout de suite je me suis dit que maintenant, je vais pouvoir m’engager sans difficultés. Mais au-delà de tout cela, le plus important, c’est qu’on a remarqué que certains candidats qui s’étaient déclarés commencent à revenir. Je pense qu’ils ont pris la bonne option de revenir pour qu’on travaille ce pays, parce qu’on a un très bon programme économique et de développement qui prend en compte les différents aspects sur la gouvernance, sur le capital humain…
Il y a eu beaucoup de candidatures qui s’étaient déclarées, elles sont toutes valables, mais je pense que lorsqu’on a évoqué les noms, le cœur des gens battait pour Amadou Ba, pour l’essentiel. Justement parce qu’il est un homme d’expérience, un homme de paix qui sait négocier, et on ne doute pas qu’ils vont tous travailler avec l’accompagnement du président de la République à ramener les autres qui se sont proposés à être candidat pour qu’on travaille tous ensemble, pour qu’on puisse gagner ensemble.
Votre base c’est à Kanel, quelles sont vos perspectives politiques ?
Dans le cadre du soutien à Amadou Ba, comme indiqué par le président de la République, nous envisageons de nous déplacer dans le département de Kanel où nous allons faire une caravane de 4 jours à partir du 14 octobre. Nous allons terminer par un grand meeting à Kanel, pour expliquer le choix d’Amadou Ba et pourquoi il faut le soutenir, expliquer le bilan et les programmes sociaux que le président a mis en place et dont Matam a bénéficié. Puisque c’est la période de l’ouverture des classes, nous allons en profiter pour donner des kits scolaires et faire adhérer les « ndongos daaras », en complément de ce qu’a fait le Waqf.
LIGUE PRO DE FOOTBALL, LA DATE DU DÉMARRAGE DU CHAMPIONNAT DÉJÀ CONNUE
La réunion du Conseil d’Administration de la Ligue sénégalaise de Football professionnel (Lsfp) tenue samedi dernier, à son siège, a pris d’importantes mesures pour la nouvelle saison 2023/2024.
La réunion du Conseil d’Administration de la Ligue sénégalaise de Football professionnel (Lsfp) tenue samedi dernier, à son siège, a pris d’importantes mesures pour la nouvelle saison 2023/2024. Décalage du démarrage des championnats pros de Ligue 1 et 2, tirage au sort des calendriers desdites compétitions, budget de la ligue pro et modifications de certains règlements ont été au centre des points retenus.
Après le comité exécutif de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) tenu, il y a quelques semaines, la Ligue professionnelle s’y est elle aussi mise à pied pour définir les contours de la nouvelle saison et fixer les dates adéquates. Ainsi les championnats pros de Ligue 1 et 2 dont le démarrage était fixé au 14 octobre, ont été repoussés à une semaine plus tard, notamment le 21 octobre. De l’avis du vice-président chargé des compétitions et de la communication de la Lsfp, Pape Momar Lô, le calendrier de la saison 2023-2024 a été adopté sous sa nouvelle forme en tenant compte de deux événements majeurs qui vont se produire. La phase finale de la Can de football en Côte d’Ivoire (13 janv-11 fév 2024) et les élections présidentielles du 25 février 2024 ont été prises en compte.
« Nous allons démarrer le 21 octobre 2023. Pour la première version, la Lsfp avait prévu de démarrer le 14 octobre 2023. Mais cette date coïncidera avec le match amical entre le Sénégal et le Mali, et les acteurs du football ont des responsabilités au niveau de l’équipe nationale. C’est pourquoi, on a préféré décaler d’une semaine, sans pour autant toucher aux bornes définies par la Fédération sénégalaise de football (Fsf), à savoir qu’on puisse terminer la saison le 8 juin 2024 avec la Coupe du Sénégal », souligne-t-il.
Et pour ce changement apporté dans le démarrage de la saison de football, le chargé des compétitions au niveau de la ligue pro, rassure que les clubs ont été informés. D’ailleurs le tirage au sort du calendrier des deux divisions (Ligue 1 et Ligue 2) se fera samedi prochain en direct sur la chaîne privée 2Stv. Le conseil d’Administration de la Ligue pro a également planché sur l’évaluation et le renforcement des capacités des commissaires de matches qui se fera le 30 septembre. Avec un budget reconduit de 800 millions de Francs Cfa, la Ligue pro compte faire face aux multiples dépenses qui se présenteront à elle durant cette saison.
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NDATTE YALLA MBODJ, CHEFFE DE GUERRE ET SYMBOLE DE LA RÉSISTANCE COLONIALE
À Dagana, ancienne capitale du Walo, Ndatté Yalla Mbodj ou Ndete Yalla, héroïne de la résistance coloniale, disparue en 1860, est toujours présente. Une grande statuette en bronze est érigée en face de la préfecture, sise au quartier Ndeugueum.
À Dagana, ancienne capitale du Walo, Ndatté Yalla Mbodj ou Ndete Yalla, héroïne de la résistance coloniale, disparue en 1860, est toujours présente. Une grande statuette en bronze est érigée en face de la préfecture, sise au quartier Ndeugueum. Cette architecture fait l’objet de convoitise des visiteurs…
Il est 14 heures lorsque l’équipe du Soleil arrive à Dagana, sous une chaleur accablante. Ce lundi 4 septembre 2023, jour de Magal de Touba, les rues propres sont désertes. Les Daganois ont sans doute répondu à l’appel de Cheikh Ahmadou Bamba. À l’image des autres Sénégalais issus d’autres horizons, la plupart des habitants sont partis pour le grand Magal. Après un petit tour dans la ville avec ses habitations modernes, nous arrivons au quartier Ndeugueum. Les commerces et plusieurs maisons situés le long de la route principale sont fermés.
Devant la Préfecture, une présence s’impose. Celle de Ndatté Yalla Mbodj. Sa statue est érigée sur la place éponyme. L’image est la représentation de la photo prise par Abbé David Boilat, le 2 septembre 1850. Cette héroïne du Walo qui a su tenir tête aux colons est assise sur une sorte de lit en bambou, avec sa longue d’honneur de pipe à la bouche. Sa pipe qu’elle a retrouvée (elle était cassée et réparée) contraste avec le reste de la statue dont la couleur bronze a subi l’usure du temps. Il est terni et devenu gris sur certaines parties. Même la couleur rouge s’y est invitée. Sœur de Ndjeumbeut Mbodj, la dernière souveraine du Waalo a été intronisée reine, à Nder, le 1er octobre 1846, après la disparition de sa frangine aînée, suite à une maladie pulmonaire. Malgré son statut de femme, elle a régné en véritable « Brack », nom donné aux souverains du Walo.
Parcours d’une reine-chef de guerre
La cheffe de guerre a opposé une farouche résistance aux colons français et achève le processus du contrôle du pouvoir initié par les « Linguère », dès le 17e siècle. Car, à partir de 1846, le nom de Ndatté Yalla a commencé à figurer sur les accords et actes officiels signés entre le Walo et les Français. Auparavant, il n’y avait que la signature des hommes. Et à travers toutes ces correspondances adressées à la colonie, elle ne cessait de réaffirmer sa volonté de défendre sa souveraineté sur toute l’étendue du Walo.
En 1847, elle impose un blocus autour de l’île de Saint-Louis et revendique ses droits sur les îles de Boyo et de Sor. « Nous vous prévenons aussi que nous n’avons vendu l’île de Sor à personne et que nous n’avons pas l’intention de la vendre. On aurait dit que les gens du Sénégal y ont établi des lougans sans nous demander et sans notre consentement, nous vous demandons des explications à cet égard », écrit-elle dans une de ses lettres référencées aux archives nationales du Sénégal. C’est la lettre n°95 parvenue au Gouverneur de Saint-Louis le 27 février 1851.
Elle revient à la charge dans une autre correspondance en date du 23 mai de la même année. « Le but de cette lettre est de vous faire savoir que l’île de Boyo m’appartient depuis mon grand-père jusqu’à moi, aujourd’hui. Il n’y a personne qui puisse dire que ce pays lui appartient, il est à moi seule. Je n’ai pas vendu ce terrain à personne, je ne l’ai confié à personne ni à aucun blanc ».
Désobéissance civile
Le 5 novembre 1850, elle interdit tout commerce dans les marigots de sa dépendance. Au-delà de défendre sa souveraineté, Ndatté Yalla n’avait cure des menaces du Gouverneur. Elle continue les pillages autour de Saint-Louis et refuse de rembourser les dommages commis comme le réclamaient les Français. Avec cette mesure, la guerre devenait inévitable, car les Français voulaient assurer la sécurité de leur commerce dans la vallée du fleuve. C’est dire que c’est le début du déclin.
Car, outre les Français et les menaces grandissantes aux frontières du Walo, à l’intérieur du royaume, la « Linguère » devait faire face à l’hostilité des chefs de province, notamment les « kangam » qui voyaient d’un mauvais œil le pouvoir grandissant de l’étranger, notamment le mari de la reine, appelé le Maarosso.
Avec l’arrivée de Faidherbe en 1854, le Walo va être le premier à subir les coups de la politique de conquête du Sénégal. Le 5 février 1855, Faidherbe déclencha la bataille et les troupes du Walo seront finalement battues le 25 février 1855 par la puissance technologique de l’ennemi.
Le Gouverneur Faidherbe partit de Saint-Louis avec une colonne de 1.100 hommes pour atteindre le 25 février les environs de Nder où il bâtit les troupes de la Linguère Ndatté Yalla. La capitale Nder fut prise et brûlée ainsi que plus de 40 villages, dont Ndombo, Thiago, et Mbilor. Plus de 100 résistants walo-walo furent tués et près de 150 faits prisonniers. La Reine et ses partisans s’exilèrent à Ndimb, à la frontière du Walo avec la province du Ndiambour.
Cependant, même si elle fait partie du quotidien des Daganois, par sa présence, Ndatté Yalla Mbodj que la sociologue Fatou Sow Sarr considère comme « le symbole de l’égalité et de l’équité du genre au Sénégal », est-elle connue par l’actuelle génération ?
Une statue tant convoitée
La réponse servie par Issa Dièye porte à le croire. Assis sous l’arbre planté devant leur maison qui fait face à la statue, l’homme et son frère Amadou Dièye profitent de la brise du fleuve qui adoucit par moment le climat. Les deux frangins discutent en attendant que le thé préparé par un jeune leur soit servi. Issa Dièye a une connaissance qui frise la misogynie, le stéréotype. « Tout ce que je sais de Ndatté Yalla, c’est qu’elle était une princesse qui usait de son charme, de ses rondeurs pour séduire les rois », dit-il. Son frère semble pressé de rectifier. « C’était la dernière reine du Walo. C’est une résistance qui a prouvé que la femme joue un grand rôle dans un état. C’est dire que les femmes sénégalaises, africaines même n’ont pas besoin de chercher des modèles en Occident », explique Amadou Dièye. Aussi bien sur l’histoire de la « Linguère » que sur la présence de sa statue, les deux frangins ont des points de vue divergents. Issa qui avoue ne s’être jamais pris en photo devant la statue en évoquant des arguments religieux, trouve que la place de celle-ci est à Nder. Son frère pense que la proximité fait qu’il n’a jamais pensé prendre une photo avec la statue. Pour lui, les gens devraient mettre de côté l’aspect religieux et penser ce qu’a symbolisé la reine du Walo dans l’histoire du Sénégal.
Pour Mbathio Cassé, un panneau aurait permis aux Daganois de mieux connaître leur héroïne. « Lorsque la statue venait d’être érigée, il y avait toutes les informations. Maintenant, il n’y en a plus », se désole la dame, trouvée dans son salon. Celle qui dit ne pas savoir grand-chose sur la dernière reine du Walo a juste entendu que celle-ci « était une brave femme qui savait tenir tête aux hommes ». Et contrairement aux frères Dièye, Mme Cassé ne s’est pas fait prier pour se photographier devant la statue. Ce, dit-elle, à l’image de beaucoup de pèlerins, lors des gamous.
Cependant, ce n’est pas du côté des pèlerins que la statue suscite convoitise. À Nder aussi, l’on se désole que Dagana soit choisi au détriment de leur terroir. « C’est ici que la statue devait être érigée », regrette Issère Thioye. Son père, notable à Nder, n’en dit pas moins. Mamadou Thioye considère que le choix de Dagana a été guidé par des raisons purement politiques. « Nder renferme l’histoire du Walo donc, c’est ici la place de la statue », soutient le notable. Mais, pour le chef du village de Nder, une certaine confusion entretenue entre l’histoire de « Talataay Nder » et le règne de Ndatté Yalla font croire à certains que la statue devait être érigée à Dagana. Or, relève Abdoulaye Diaw, « on peut considérer les femmes de Nder comme les aïeules de Ndatté Yalla Mbodj et de sa sœur Ndieumbeut Mbodj ».
En fait, l’histoire de Nder, notamment le sacrifice des femmes qui se sont immolées par le feu dans une case pour échapper à la captivité est survenu en 1820. Or, Ndatté Yalla Mbodj a régné bien après, de 1846 à 1855.
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A LA DÉCOUVERTE DE LA PREMIÈRE USINE A VAPEUR D’EAU D’AFRIQUE NOIRE
Mbakhana, un village de la commune de Gandon (région de Saint-Louis), a accueilli, dans les années 1880, la première usine à vapeur d’eau en Afrique noire afin d’approvisionner, en eau potable, Saint-Louis, pendant 67 ans.
Mbakhana, un village de la commune de Gandon (région de Saint-Louis), a accueilli, dans les années 1880, la première usine à vapeur d’eau en Afrique noire afin d’approvisionner, en eau potable, Saint-Louis, pendant 67 ans. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un bâtiment en ruine qui menace de tomber. Le site, dans un état de délabrement assez avancé, est abandonné et exposé aux effets dévastateurs du temps.
Nichée à côté des dunes de sable qui s’élèvent fièrement en plein cœur de la forêt de la paisible commune de Gandon, à 12 km de Saint-Louis, Mbakhana porte encore les vestiges de son passé. Le village, qui a abrité la première usine à vapeur d’eau en Afrique, a la forme d’une savane avec ses marigots, ses lacs, cette fraîcheur humide impuissante face aux vagues de chaleur. Il faut abandonner le véhicule et progresser encore sur la terre fine, aux allures de carrière, entre les pieds de manguiers et des palmiers, pour prendre la direction de l’usine. Au bout d’une piste mal dégagée, se dresse la demeure de Mamadou Keita dit Iba. Il se passionne à expliquer l’histoire de cette infrastructure qui permettait d’étancher la soif des habitants de l’ancienne capitale du Sénégal.
Dans une grande concession, aux bâtiments dépourvus de peinture, le notable à la chevelure blanche, radio scotchée à l’oreille, accepte volontiers de trainer délicatement sa silhouette à l’aide d’un morceau de bois, pour braver la chaleur et nous conduire sur l’un des sites classés patrimoine historique par le Sénégal.
Natif de la commune, Iba Keita, qui accuse le poids des années, est d’une bonté qui frise la naïveté. Visage ridé, il est joyeux comme une drille lorsqu’il évoque le passé et le présent de l’usine.
Dans cette partie du département de Saint-Louis, sur la route qui mène à Dagana et parsemé de cours d’eau, le souffle humide du vent se heurte à une température qui déshydrate le corps. Mbakhana, non loin du village de Ndiawdoune, contigu à Diama, est composé de quelques maisons en dur. Il faut prendre la droite du rond-point de Diama, à côté des vastes champs de pommes de terre des Grands domaines du Sénégal (Gds) pour entrer dans ce village peuplé de Wolofs et de Peuls. Mbakhana ressemble à une immense carrière truffée d’arbres, l’élégance d’une vierge et la forme d’un site en pleine urbanisation. Château d’eau, poteaux électriques et paraboles décorent l’endroit qui a abrité la première usine à vapeur d’eau d’Afrique noire. Mais, comme pratiquement tous les édifices de l’époque coloniale, l’usine garde encore son imposante posture devant la forêt dense qui l’étouffe.
Située à quelques mètres du fleuve, elle est devenue un bâtiment sombre et décati qui manque d’entretien. Par conséquent, des pans de murs lâchent et se détachent. La rouille a fini de ronger le fer du portail. Les rats s’y prélassent. Les animaux domestiques y errent, notamment les chèvres qui ont érigé ce monument en lieu de repos. « Il y avait des tuyaux qui aspiraient l’eau. On puisait dans le lac pour refouler l’eau traitée à Bango où, en période d’hivernage, l’eau était salée. Il y avait une usine à Bango qui recevait l’eau de Mbakhana et qui était immédiatement, après traitement, envoyée à Khor qui avait des châteaux d’eau. À partir de là, toute la région de Saint-Louis était desservie en eau potable », relate Iba Keita.
67 ans de mise en service
Aujourd’hui, la ville de Saint-Louis s’approvisionne en eau potable à partir de la réserve d’eau douce de Bango, alimentée par des défluents du delta du fleuve Sénégal. Et, Mbakhana se morfond dans son passé piétiné. Sur une stèle fixée au mur de l’ancienne usine, le message suivant a été gravé : « Sept mois par an, lors de la décrue du fleuve Sénégal, l’île de Saint-Louis se retrouve entourée d’eau salée. Jusqu’au milieu du 19e siècle, l’eau douce destinée aux habitants était alors apportée par un bateau-citerne qui la prélevait assez loin en amont du fleuve. En 1859, Faidherbe fut le premier à entreprendre la réalisation d’un projet destiné à transformer le marigot de Kassak, au Nord-Est de Saint-Louis, en un réservoir naturel d’eau douce. Après divers aléas, ce projet fut finalement mené à bien par le Gouverneur Brière de l’Isle. Une première usine fut construite à Mbakhana. Elle était équipée de deux machines à vapeur avec leurs chaudières et leurs pompes. L’eau du marigot était refoulée sur la ville par une conduite longue de 17 km, traversant le fleuve au moyen d’un siphon. Ainsi, les machines furent construites en 1882 et l’usine va entrer en activité en 1885 ».
Mais, les usines de Mbakhana ne sont plus ces magnifiques monuments, entourés de somptueux jardins, à côté des masses d’eaux. Le temps a mis leur âme en errance pour enfouir leur superbe dans les méandres de la déchéance. Fenêtres défalquées, murs fissurés, tuyaux vétustes…Les deux poteaux en fer qui se chargeaient de propager la fumée sont toujours debout, mais portent les stigmates de la vieillesse. C’est un endroit qui menace de s’affaisser. « Vous voyez qu’on utilisait du bois pour faire fonctionner la machine à vapeur où on mettait l’eau du fleuve », explique Iba Keita, la mort dans l’âme en voyant le site dans cet état. « Tout le matériel venait de France, mais les montages ont été réalisés à Mbakhana. Comme les bateaux ne pouvaient pas accéder à notre village, depuis Saint-Louis, on les transportait à travers des pirogues pour les acheminer ici », précise le sexagénaire, nostalgique.
Laissé à l’abandon dans la brousse, depuis sa fermeture en 1952, après 67 ans de mise en service, l’usine de Mbakhana possède toujours sa désuète cheminée, haute de 18 mètres et les machines sont dans un état cahoteux car, martyrisées par l’usure. N’empêche, le village, comme Dékheulé avec le mausolée de Lat Dior ou encore la statue de Ndatté Yalla à Dagana, garde son histoire, ses petits secrets que l’histoire lui a réservés. En attendant peut-être une réhabilitation.
CONSTRUCTION DE L’USINE DE MBAKHANA
Deux Européens et des Africains à l’ouvrage
La réalisation de l’usine à vapeur d’eau de Mbakhana a été faite par deux Européens et des travailleurs africains. À titre comparatif, le chemin de fer avait mobilisé une centaine d’Européens.
Les travaux destinés à approvisionner Saint-Louis en eau potable, à partir de Mbakhana, sont sensiblement concomitants de ceux de la pose de la voie ferrée reliant Dakar à Saint-Louis finalement créée en 1883. Les deux réalisations ne présentent toutefois que peu de points de ressemblance. Le seul ouvrage d’art important de la voie ferrée, c’est le pont de Leybar, à la sortie de Saint-Louis. Par contre, le refoulement d’eau potable, dans une conduite longue de 17 kilomètres, devant, en outre, traverser le grand bras du fleuve Sénégal, large de 600 m, constituait une opération très délicate, et qui l’aurait déjà été, même si elle avait été effectuée en métropole. Dans un bulletin réalisé par l’autorité coloniale, sur l’érection de cette infrastructure, il est recueilli 2 témoignages qui émanent tous de spécialistes de l’époque et permettant d’apprécier l’importance des difficultés qu’il fallut surmonter.
En effet, en 1871, Canton, Directeur du service des Ponts et chaussées de la colonie, faisait observer, à propos du projet d’adduction d’eau : « Ce n’est pas un simple commandant du génie, même assisté de son directeur, qui peut exécuter convenablement une construction aussi délicate, aussi soumise à une foule d’éventualités (charge, engorgement et incrustation des tuyaux, terrains mouvants d’appui, coups de bélier, etc.), toutes plus difficiles à prévoir les unes que les autres. Il y faudrait des gens de choix, déjà plus que rares dans le service si renommé des Ponts et Chaussés de la métropole ». Pour sa part, Blazy, sous-directeur du service des Ponts et chaussées, en 1869, montrait « l’exploit que constituera, treize ans plus tard, la traversée en siphon du grand bras du fleuve… ».
Pourtant, les entrepreneurs de la ville de Paris, qui ont à leur disposition les ouvriers les plus habiles, dirigés par les ingénieurs les plus capables et les plus expérimentés, n’ont réussi à immerger le siphon du pont de l’Alma (situé à Paris et qui enjambe la Seine, Ndlr) qu’après un premier échec. Or, ajoutait Blazy, dans le Sénégal, la profondeur atteint jusqu’à dix mètres et la largeur est trois fois plus grande. « Ce qui accroît encore le caractère exceptionnel de la réalisation de l’adduction d’eau de la ville de Saint-Louis, c’est qu’elle fut effectuée par deux Européens et des travailleurs africains. Dans le cas du chemin de fer, par contre, une équipe d’ingénieurs dirigeait plusieurs centaines d’ouvriers européens, eux-mêmes assistés par des manœuvres africains », soulignait Blazy. Et elle fonctionna jour et nuit, 8 mois sur 12, de 1885 à 1952.
ABDOURAHMANE BA, CHEF DE VILLAGE DE MBAKHANA
« Au temps des colons, l’activité était dense à Mbakhana»
Il est âgé, marche difficilement et traîne les séquelles de la vieillesse dans sa langue qui articule délicatement. Visage émacié, Abdourahmane Ba retrouve une forme d’énergie, d’un autre âge, lorsqu’il lui est demandé de décliner l’origine du nom du village qu’il dirige : Mbakhana. Prudent certes dans la déclinaison des versions, le vieux remonte le temps pour revenir sur l’histoire de ce terroir qui a accueilli la première usine à vapeur d’eau en Afrique noire.
Pouvez-vous nous retracer l’histoire du village de Mbakhana ?
Ce que je peux vous dire, c’est ce que nous ont raconté nos pères et grands-pères. Pour certains, ce sont des légendes, surtout par rapport au nom Mbakhana. Il y a deux versions. Du temps des colons, nos ancêtres, qui étaient des ouvriers, n’avaient pas de bonnes relations avec les Maures venus de l’autre côté de la Mauritanie. En cas de conflit, nos parents se servaient de leurs casquettes pour y mettre du sable et le déverser sur le fleuve, afin de pouvoir atteindre l’autre rive. C’est pour qu’en cas de surprise, qu’ils aient un chemin pour se sauver afin de revenir en force. Donc, ces casquettes étaient remplies de sable qu’on déversait sur le fleuve pour pouvoir traverser. Il leur permettait d’atteindre l’autre rive. L’autre version dit que Mbakhana signifie machine ingénieuse en grec. Mais, exactement, nous ne pouvons pas vous certifier d’où est venu le nom Mbakhana. Il y a juste des vieux qui ont raconté ces histoires que beaucoup considèrent comme des légendes.
Qui ont été les premiers habitants de Mbakhana ?
Je ne peux pas vous donner l’année exacte mais nous avons appris que ce sont les Peulhs qui sont les premiers à s’installer à Mbakhana. Après, les Sarakholés sont venus et ensuite les Wolofs. Les Peuls venaient du Fouta et comme ce sont de grands nomades, ils ont marché jusqu’ici pour y élire domicile. À Mbakhana, les populations s’activent principalement dans l’agriculture et l’élevage. Nous sommes dans le riz, dans la culture de pomme de terre, etc. Il faut savoir que les populations sont les premières à s’installer à Mbakhana avant l’usine. D’autres versions disent le contraire. Quand les colons sont venus pour installer les machines, ils ont trouvé à Mbakhana des gens. D’ailleurs, certains parmi eux étaient des ouvriers dans l’usine. Aujourd’hui, selon le dernier recensement de 2013, on était à 1.111 habitants. Depuis, la population a augmenté.
Que symbolise pour vous l’ancienne usine à vapeur d’eau ?
Au temps des colons, l’activité était dense à Mbakhana. Le téléphone, la voiture…toutes les commodités existaient dans le village. Il y avait un bureau, un atelier mécanique, un atelier de forge…Mais, à un certain moment, tout a disparu parce que l’usine ne fonctionnait plus. Ceux qui travaillaient dans l’usine ont été transférés à Saint-Louis. Après la fermeture de l’usine à vapeur, il y a eu cette idée d’ériger une usine à gasoil. Elle a été mise sur pied. On pompait l’eau pour la transporter à Saint-Louis. Elle s’est aussi arrêtée à un moment donné. On a érigé l’usine en patrimoine national mais, aujourd’hui, elle ne nous sert à rien. Le matériel s’est détérioré avec le temps, il est usé. Pourtant, elle abritait des soirées dansantes comme ‘’Pencum Mbakhana’’ avec des tam-tams. L’argent servait à financer quelques activités du village, à aider les élèves nécessiteux, des malades qui ont besoin d’aide. On avait créé une association pour gérer les retombées de la fréquentation de l’ancienne usine. Mais, comme nous n’avons pas les moyens de l’entretenir, parce que c’est un grand bâtiment, le monument s’est dégradé avec le temps. Aujourd’hui, c’est un endroit fréquenté par des animaux. On ne peut plus l’utiliser. De l’herbe sauvage commence à coloniser les lieux et c’est le repaire des reptiles, des souris, des rats. Notre bijou n’est plus beau à voir. Le bâtiment menace de s’affaisser.
MAMADOU KEITA, NOTABLE
« Des Belges ont promis de réhabiliter le site de l’usine»
Oubliée par les autorités, l’ancienne usine à vapeur d’eau cherche des bonnes volontés pour lui donner la dimension historique de son rang. Lors d’une visite à la fin des années 2000, des Belges avaient promis aux villageois de faire du site un endroit fréquentable. « Des Belges sont venus vers les années 2007-2008 en visite pour nous promettre de le réhabiliter. Depuis, on attend toujours », explique Mamadou Keita dit Iba, notable. Même avec son état de dégradation, l’ancienne usine continue de recevoir des touristes, selon M. Keita. D’ailleurs, les populations de Mbakhana s’étaient organisées pour créer une association qui gérait les fonds générés par le monument, patrimoine historique du Sénégal. « On avait des retombées grâce à l’Association « Cap sur Toundou Mbakhana’’, dont j’étais le président. On avait des recettes et ces sommes nous permettaient d’aider les écoles primaires, des malades… », liste Iba Keita. Il appelle l’État à « réhabiliter le site pour booster le tourisme dans le village ».
OUVERTURE DES CAMPS CITOYENS DU 20 AU 22 SEPTEMBRE 2023
La première édition des Camps citoyens organisés par ‘Etat-major général des Armées se tiendra dans la période du 20 au 22 septembre 2023. Pendant trois jours, mille jeunes Sénégalais, âgés de 15 à 20 ans, seront au contact de la communauté militaire
La première édition des Camps citoyens organisés par ‘Etat-major général des Armées se tiendra dans la période du 20 au 22 septembre 2023. Pendant trois jours, mille jeunes Sénégalais, âgés de 15 à 20 ans, seront au contact de la communauté militaire dans des camps répartis sur le territoire national.
Le lancement des activités aura lieu le mercredi 20 septembre 2023 dans les différentes zones militaires: Dakar, Saint-Louis, Kaolack, Tambacounda, Ziguinchor, Kolda et Thiès, sous la présidence des commandants de zone.
A Dakar, la cérémonie est prévue à partir de 07H30 au camp Général ldrissa Fall (Ex Leclerc, Liberté 6). Animée par le Bataillon de la musique des Forces armées, elle sera marquée notamment par une levée des Couleurs.
Les Camps citoyens ont pour objectifs, entre autres, le renforcement de l’esprit civique et du sentiment patriotique, une meilleure connaissance des institutions et symboles de la République et des défis sécuritaires nationaux. Une initiation au secourisme est aussi prévue, de même qu’une sensibilisation à la protection de l’environnement et à l’utilisation des réseaux sociaux. C’est aussi l’occasion de découvrir des opportunités d’emploi dans les Armées.
LA FRANCOPHONIE EN DÉSACCORD AVEC L’OPERATION DE L’AZERBAÏDJAN
La Secrétaire générale de la Francophonie, Mme Louise Mushikiwabo, condamne fermement l’opération militaire lancée par l’Azerbaïdjan dans l’enclave du Haut-Karabagh et appelle à la cessation immédiate de cette offensive.
La Secrétaire générale de la Francophonie, Mme Louise Mushikiwabo, condamne fermement l’opération militaire lancée par l’Azerbaïdjan dans l’enclave du Haut-Karabagh et appelle à la cessation immédiate de cette offensive.
Dans un communiqué, elle adresse les plus sincères condoléances et les pensées solidaires de la Francophonie aux familles des personnes tuées et des blessées.
Mme Mushikiwabo réaffirme l’importance du respect du cessez-le feu du 10 novembre 2020 et l’attachement de l’Organisation internationale de la Francophonie au règlement pacifique du différend entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
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POINTE SARENE, LE FUTUR JOYAU TOURISTIQUE POINTE LE BOUT DU NEZ
Si elle a été sous-cotée par le passé, Pointe Sarène se prépare à ravir la vedette aux autres localités de la Petite-Côte. Avec sa baie en demi-cercle jalonnée de filaos, la localité a tout pour séduire son monde à qui elle a aussi une histoire à raconter
Si elle a été sous-cotée par le passé, Pointe Sarène se prépare à ravir la vedette aux autres localités de la Petite-Côte. Avec sa baie en demi-cercle, jalonnée de filaos, la localité a tout pour séduire son monde à qui elle a aussi une histoire à raconter.
L’origine du nom ne se cherche pas loin. Pas besoin de se triturer pour trouver la genèse de Pointe Sarène. Ce village, marqué géographiquement par une pointe au nord tel un nez sur le visage, a repris tout bonnement cette caractéristique de la nature. Sarène renvoie à « chez les Sarr » en Wolof. Ainsi, c’est à Mbotte Sarr que l’on doit le peuplement actuel.
Pointe Sarène est l’un des villages pour ne pas dire le dernier village constitué sur la Petite-Côte. Paradoxalement, il est aujourd’hui l’un des plus attractifs sur le plan touristique. Tout le monde s’accorde à dire qu’il est l’avenir du tourisme balnéaire au Sénégal. D’ailleurs, les premiers signes commencent à se faire ressentir avec ce grand complexe hôtelier qui vient d’y ouvrir ses portes. Et d’autres grands projets sont en cours, tandis que l’Ètat, à travers la Sapco, est en train de dérouler un programme d’aménagement pour faciliter l’installation de réceptifs hôteliers.
Tel un coin paradisiaque qu’il compte devenir, Pointe Sarène, contrairement à Nianing, Mballing et Warang, n’est pas en bordure de la route nationale. Il faut arpenter le nouveau sentier goudronné pour déboucher sur le grand hôtel en question. À partir de là, le chemin est loin d’être fini. Il faut encore continuer vers la gauche, dépasser un baobab repère pour accéder au village centre. Pointe Sarène se dévoile alors sous toutes ses coutures. Un petit village les pieds dans l’eau.
Par la grâce de Mbotte Sarr et de Wade
Pointe Sarène ou Ponto Sarène, en langue wolof, est la terre d’accueil de Mbotte venu avec son oncle, raconte Mbaye Sarr, neveu et porte-parole de l’actuel chef de village, Michel Sarr. « C’est vers les années 1800 que nos ancêtres sont venus ici. Pointe fait partie des derniers-nés des villages sur la Petite-Côte », renseigne Mbaye. Ils sont venus de Djéguème, précisément de Sandiara. Ils vivaient d’agriculture, de chasse et d’élevage. Quand Mbotte est venu s’installer, d’autres peuplements sont venus comme les Saint-Louisiens, les Niominkas, les Gandiolais et les Lébous de Yenn. Chaque communauté exerçant son métier d’origine. Le souci de voir Pointe Sarène rayé de la mémoire collective s’est dissipé lorsque Abdoulaye Wade a donné le nom de l’avion présidentiel à cette localité. De quoi rendre fiers les habitants du village.
Pointe Sarène sera la nouvelle station balnéaire
Avec l’appui de la Sapco, Pointe Sarène est devenue une localité très prisée. « Ils nous ont dit que toutes les erreurs commises à Saly seront rattrapées ici », lance Mbaye Sarr. Une nouvelle destination certes prisée mais qui souhaite garder ses valeurs. C’est ainsi que Mbaye Sarr est convaincu que les barrières naturelles existantes participeront à préserver le village centre. « Nous avons deux bras de mer de part et d’autre du village. En plus, nous avons l’océan atlantique au Sud et la forêt classée au Nord », détaille Mbaye Sarr, porte-parole du chef de village. Cette barricade va leur octroyer une quiétude, loin des dérives qu’une station balnéaire peut créer. Il souhaite que les visiteurs ou les touristes qui se rendront à Pointe Sarène soient décemment habillés. D’ailleurs, un protocole d’accord a été signé stipulant que tout investisseur respectera ce que veut le village.
Les dix mille habitants de Pointe Sarène ont comme chef Michel Sarr. Il assure la chefferie depuis 1984, il était âgé de 28 ans à l’époque. Navigateur de formation, il succède à l’intérimaire papa d’un de ses amis. L’année d’entrée en fonction coïncide avec le début de sa carrière de navigateur. Il troque rapidement sa profession contre la chefferie et les terres agricoles bien que sa maman ne fût pas d’accord. C’est dans l’agriculture, dit-il, qu’il a bâti sa fortune. Il est d’avis que Pointe Sarène présente un modèle achevé de cohabitation entre les musulmans et les chrétiens. Lui-même étant chrétien, il a des sœurs musulmanes. Il a, d’ailleurs, dans le cadre d’un partenariat, clôturé le cimetière des musulmans d’abord avant celui des chrétiens.
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VERS UN RENFORCEMENT DE CAPACITÉS DES CARRELEURS
Au total mille jeunes ouvriers carreleurs bénéficieront bientôt à Dakar d’une formation professionnelle de haut niveau ou master class destinée à renforcer leurs capacités, a appris l’APS, mardi.
Dakar, 20 sept (APS) – Au total mille jeunes ouvriers carreleurs bénéficieront bientôt à Dakar d’une formation professionnelle de haut niveau ou master class destinée à renforcer leurs capacités, a appris l’APS, mardi.
‘’Cette master class de 1000 jeunes ouvriers carreleurs, prévue du 5 au 6 octobre prochain au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES), vise à renforcer, former et accompagner la jeunesse sénégalaise’’, a dit le président de l’union des jeunes entrepreneurs sénégalais (UJES), Mathieu Kadiona, lors d’un point de presse organisé en prélude à cette formation.
Il a précisé qu’après Dakar, »cette master class se poursuivra au niveau des autres localités du pays ».
Il s’est félicité de l’attitude ’’bien posée avec une vision claire » de l’union des carreleurs sénégalais tout en insistant sur le rôle de l’UJES qui, a-t-il souligné, vise un accompagnement de ‘’taille’’ pour cette association.
» L’objectif visé, est de créer un déclic dans la vie des carreleurs, en leur donnant des outils pouvant les permettre de réorganiser leur vie quotidienne », a-t-il encore soutenu, ajoutant qu’ aujourd’hui, nous savons un secteur informel qui gagne du terrain, et notre rôle est de former et sensibiliser les jeunes évoluant dans ce secteur.
Selon lui, »si nos entreprises sont formelles, nous pourront travailler par rapport à la création d’emplois’’.
M. Kadiona s’est réjoui de la prise de conscience des jeunes carreleurs, qui selon lui, sont entrain de comprendre qu’il est possible de rester et de gagner sa vie dans son pays, en apportant des solutions à leurs soucis de se former.
‘’On avait entamé des séances de travail avec l’UJES pour accéder à des journées de formation en entreprenariat, raison pour laquelle nous sommes venus avec tous les carreleurs’’, a pour sa part, expliqué, le président de l’union nationale des carreleurs du Sénégal, Mamadou Ndiaye, soulignant l’importance de cette formation qui leur permettra de valoriser et de sécuriser leur métier.
GAMOU 2023, L'ETAT MET LES PETITS PLATS DANS LES GRANDS
Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement Serigne Mbaye Thiam a dévoilé mardi à Tivaouane une batterie de mesures qui devraient permettre de parer à tout risque de perturbation de l’approvisionnement en eau, lors du Gamou 2023.
Tivaouane, 19 septembre (APS) – Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement Serigne Mbaye Thiam a dévoilé mardi à Tivaouane une batterie de mesures qui devraient permettre de parer à tout risque de perturbation de l’approvisionnement en eau, lors du Gamou 2023.
A la tête d’une délégation, Serigne Mbaye Thiam était venu évaluer l’état d’avancement des travaux et des actions mis en œuvre par son département dans la commune de Tivaouane dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, en perspective du gamou annuel qu’abrite cette localité, fief de la confrérie tidiane du Sénégal.
Il a indiqué que des travaux d’extension des capacités de production des quatre forages déjà réalisés dans la cité religieuse, sont en cours.
“On peut également noter, a-t-il ajouté, le dédoublement du piquage au niveau des adducteurs du lac de Guiers (ALG). L’année dernière on avait un seul piquage sur l’ ALG 1, cette année, pour parer à d’éventuelles pannes, nous avons fait un deuxième piquage sur l’ ALG 2“.
Il a annoncé la mise en place, cette année, de “plusieurs sources d’approvisionnement“ de Tivaouane par l’adducteur du lac de Guiers numéro 1 et par l’adducteur du lac de Guiers numéro 2, en plus du déploiement d’une “batterie de forages“.
Une telle mesure va “doubler la capacité de stockage“, puisqu’aux trois châteaux d’eau existants qui pouvaient contenir un cumul de 1700 mètres-cube, s’est ajouté un quatrième que ses services ont finalisé et qui, à lui seul, fait 2000 mètres-cube.
“ A côté de ces travaux nous avons des mesures d’appoint qui consistent à déployer des camions citernes et des bâches à eau pour alimenter les populations dans le besoin“, a-t-il poursuivi, faisant remarquer qu’une manifestation où la population est démultipliée, implique des besoins en eau importants.
Selon lui, ses services entendent tirer toute la leçon des conséquences de la panne survenue l’année dernière dans le dispositif de transfert d’eau à partir du Lac de Guiers, et qui avait causé des désagréments dans l’approvisionnement, lors du Gamou 2022.
Abordant le volet assainissement, le ministre s’est beaucoup réjoui des “progrès“ accomplis en termes d’évacuation des eaux usées . Le témoignage d’une famille a montré le “grand apport“ de l’action de l’État, a-t-il dit, relevant que “des familles qui procédaient à des vidanges de fosses septiques toutes les semaines ont énormément soufflé grâce à la canalisation“. Ce qui représente pour elles une augmentation de leur pouvoir d’achat, grâce à ces dépenses en moins.
Serigne Mbaye Thiam a promis de continuer à augmenter les branchements au réseau d’eaux usées, dont il a visité la station de traitement.
AMADOU BA A TIVAOUANE
Le Premier ministre, Amadou Ba, est arrivé à Tivaouane (ouest), mardi, en milieu de journée, pour les préparatifs du Maoulid, la célébration de la naissance du prophète Mouhamad, a appris l’APS des autorités administratives locales.
Dakar, 20 sept (APS) – Le Premier ministre, Amadou Ba, est arrivé à Tivaouane (ouest), mardi, en milieu de journée, pour les préparatifs du Maoulid, la célébration de la naissance du prophète Mouhamad, a appris l’APS des autorités administratives locales.
Cette fête musulmane sera célébrée mercredi 27 septembre.
Selon l’agenda de sa visite reçu de la gouvernance de Thiès (ouest), le chef du gouvernement rendra visite au khalife général des tidjanes, Serigne Babacar Sy.
Il visitera ensuite le chantier de l’hôpital El Hadji-Malick-Sy en présence du directeur régional de la santé de Thiès.
Cette infrastructure est en construction aux frais de l’État.
Au cours de son séjour, Amadou Ba va procéder au lancement de la construction de la route reliant Tivaouane à Méouane.
Le Premier ministre visitera ensuite le château d’eau de la grande mosquée de Tivaouane.
Il rendra visite aux khalifes de Ndiassane et de Thiénaba, avant de regagner Dakar dans la soirée, selon le programme reçu de la gouvernance de Thiès.