La cour de cassation de Paris a confirmé, selon Jeune Afrique, le verdit condamnant l’Etat à verser 256,8 millions d’euros soit 168,5 milliards de francs Cfa de dommages et intérêts à l’homme d’affaires
L’Etat du Sénégal doit dédommager Ibrahim Aboukhalil, alias Bibo Bourgi. La cour de cassation de Paris a confirmé, selon Jeune Afrique, le verdit condamnant l’Etat à verser 256,8 millions d’euros soit 168,5 milliards de francs Cfa de dommages et intérêts à l’homme d’affaires.
Cette sentence était rendue depuis 2019 mais les avocats du Sénégal avaient déposé un pourvoi pour casser le verdict. La Cour de cassation a confirmé le délibéré de la Cour d’appel de Paris.
En 2015, Bibo Bourgi comparaissait avec Karim Wade à la barre de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Reconnu coupable, l’homme d’affaires avait écopé d’une peine de 5 ans de prison pour complicité d’enrichissement illicite. La Crei avait demandé la confiscation des biens de l’homme d’affaires et le condamnait à s’acquitter du paiement de lourdes amendes.
De sa création à son abrogation, la Crei a a fait l’objet de vives controverses… Abandonnée très vite par les socialistes, elle a été ignorée par Wade, avant d’être ressuscitée par Macky Sall
De sa création à son abrogation, la Cour de répression de l’enrichissement illicite a eu à faire l’objet de vives controverses… Abandonnée très vite par les socialistes, suite à la peur des magistrats qui ne voulaient pas la présider à cause des disparitions mystérieuses de ses membres, elle a été ignorée par Wade, avant d’être ressuscitée par Macky Sall. Le ministre de la Justice a salué, hier, le courage de son dernier président Henri Grégoire Diop, disparu en même temps que la juridiction.
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) est morte, vive le Pool judiciaire financier (PJF). L’Assemblée nationale en a ainsi décidé, hier, avec plus de 120 députés sur les 165 que compte l’Assemblée nationale. Créée en 1981 par le régime socialiste, sous le président Abdou Diouf, la juridiction spéciale n’aura connu que trois ou quatre affaires, durant ses plus de 40 ans d’existence. Au début des années 1980, juste après sa création, la Crei avait en effet connu principalement des cas de deux directeurs généraux, en l’occurrence Bécaye Sène (réputé proche de Babacar Ba, dignitaire socialiste et rival de Diouf) et Baba Dioum, respectivement directeurs généraux de la Banque de l’habitat du Sénégal et de la Société nationale des forages, avant d’être rangé dans les tiroirs.
Au-delà des limites juridiques objectives de la loi portant création de la Crei, le ministre de la Justice Ismaila Madior Fall a également rappelé, hier, des considérations mystérieuses qui ont jalonné l’existence de cette juridiction d’exception. Rendant hommage au défunt président de la cour, Henri Grégoire Diop, décédé le jour où l’on examinait à l’Assemblée nationale le projet de loi, il déclare : ‘’Il faut aussi le dire dans l’évaluation, au temps des socialistes, une des raisons pour lesquelles elle a été abandonnée, c’est que les gens avaient peur de la Crei, parce qu’il se racontait des choses sur la cour. Mais le président Henri Grégoire a eu le courage de présider la juridiction ; il a eu le courage de répondre à l’appel de la justice. Parce que si tout le monde avait peur, la justice ne fonctionnerait pas…’’
Dans une lettre publiée dans la presse le 18 aout 2014, en plein procès Karim Wade, Nafissatou Diallo, responsable de la communication du PDS, rappelait d’ailleurs cette période sombre de la juridiction. ‘’La Cour de répression de l’enrichissement illicite d’Abdou Diouf, disait-elle, après trois ans d’activités et seulement trois dossiers bouclés, s’était simplement sabordée, à la suite de nombreux décès et autres affectations suspects. Présidée par le magistrat Gilbert André, nommé à la suite de nombreux désistements de juges pressentis, la Crei avait parmi ses assesseurs un certain Papa Maguèye Guèye, tandis que le juge Youssouf Sakho en était le procureur spécial. A la tête de sa brigade d’instruction, le commissaire Cheikh Bâ’’.
Un bon levier de lutte contre la prévarication des deniers publics
Selon la responsable libérale, toutes ces personnes sont aujourd’hui dans l’au-delà et ont perdu la vie pendant même la courte durée de vie de l’ancienne cour, qui n’avait pas fini d’instruire certains dossiers qualifiés de ‘’trop sensibles’’.
‘’Si les trois premiers ont disparu naturellement, le policier (Cheikh Ba), lui, est mort en mission commandée en Irak, d’un coup de feu reçu dans sa chambre d’hôtel. Et on avait vite fait de lier ce crime aux décès surprenants des autres membres de la Crei’’, fulminait la Karimiste, qui cite également parmi les victimes un technicien du théâtre national Daniel Sorano du nom de Mamadou Gassama, en plus de MM Sène et Dioum. ‘’Monsieur le Président de la Crei, voilà le contexte de création de juridictions d’exception en matière d’enrichissement. Cependant, après avoir longuement devisé sur l’aspect historique et contextuel de leur création, j’aimerais aborder le volet juridique’’, soulignait-elle, interpellant nommément le président Henri Grégoire, qui est décédé au même moment que la Crei.
Cette lettre a été écrite au moment où la juridiction traitait le cas de sa toute dernière victime, en l’occurrence Karim Wade. Alors la position du Parti démocratique sénégalais, et en particulier de leur candidat, était très attendue lors des débats de ce jeudi. Tour à tour, les libéraux se sont plus félicités de cette disparition de la juridiction controversée qu’ils considèrent comme leur victoire. Nafi Diallo de rapporter : ‘’Ce qui nous intéresse au PDS, c’est le Sénégal. Ç’aurait été certains, ils n’allaient jamais voter cette loi, ils allaient prôner son maintien, dans l’espoir de se venger. Mais la principale victime, Karim Wade, quand je lui en ai parlé, il m’a dit : ’La Crei n’est pas une bonne chose pour le Sénégal ; aucun citoyen sénégalais ne doit subir ce que j’ai subi.’
Répondant à ceux qui, parlant du dialogue, soutiennent qu’il a été un prétexte pour absoudre les péchés des voleurs, elle rétorque : ‘’Je rappelle que Karim n’a jamais été condamné ni pour vol ni pour détournement de deniers publics. On a pris tous les biens de Bibo Bourgi, issu d’une famille milliardaire, et on a dit que tous ses biens appartiennent à Karim Wade. Je rappelle que Karim Wade a été audité. On lui a envoyé l’IGE, la Cour des comptes ; c’est en prison qu’il a répondu à toutes les questions. Et on lui a donné un quitus.’’
Bara Gaye : ‘’Notre cœur saigne aujourd’hui’’
Dans son intervention, le président du groupe de la majorité, Oumar Youm, a tenu à remettre les choses à l’endroit. Pour lui, la Crei était une bonne chose, malgré ses limites et qu’en son temps, même les députés de l’opposition, notamment du PDS, l’avaient soutenue. ‘’L’intention était de lutter contre la prévarication des deniers publics. Ils (les gouvernants de l’époque) ont donc mis en place deux lois : une première qui incrimine l’enrichissement illicite. Une deuxième qui crée la Crei. Et le PDS n’était pas contre la loi, à l’époque. Dès lors, c’était devenu une loi du peuple sénégalais et en tant que tel, était tout à fait applicable. Et 22 ans après, cette infraction était consacrée par l’ONU, à travers la Convention de Mérida. Il faut donc rendre hommage aux hommes d’État qui ont été à l’origine de cette loi, dans le but de préserver les deniers publics. Maintenant, il s’agit juste de le moderniser, en le rendant conforme aux exigences de l’heure’’, soutient Me Youm, qui corrige : ‘’L’enrichissement illicite n’est pas supprimé. Nous n’avons pas peur d’être poursuivis. Nous avons créé une chambre spéciale qui est compétente pour plusieurs infractions, dont l’enrichissement illicite. On ne se débine donc pas. C’est faux de prétendre qu’on veut se soustraire.’’
Pour sa part, Bara Gaye a eu un sentiment bien particulier en ce jour marquant la suppression de la Crei. Des 165 députés de l’Assemblée nationale, il est, comme il l’a rappelé, le seul à avoir été attrait devant la défunte. ‘’Pour nous qui avons subi les affres de cette loi scélérate, notre cœur saigne aujourd’hui. Sur les 165 députés que compte cet hémicycle, je suis le seul à avoir subi cette injustice ; j’ai mal ; j’ai envie de dire tout ça pour ça. Au nom de quoi une telle loi a été appliquée dans une démocratie comme la nôtre ? Nous sommes d’accord pour la suppression de cette cour qui n’a pas sa place dans une démocratie comme la nôtre. La seule chose que nous regrettons, c’est que les gens attendent la veille de leur départ pour faire disparaitre la loi après l’avoir utilisée pour casser de l’opposant’’, s’interroge Bara Gaye qui rappelle : ‘’J’en profite pour rappeler que des collaborateurs de Wade lui avaient demandé, en 2011, de supprimer la loi, mais il avait refusé sous le prétexte qu’il ne voulait pas donner l’air de protéger les siens.’’
Par ailleurs, le maire de Yeumbeul-Sud exige des évaluations de la traque des biens mal acquis, ses actifs supposés, le cout de la traque avec les commissions rogatoires, la location du siège, les rémunérations des experts…
POOL JUDICIAIRE FINANCIER
Ce qu’il faut retenir
D’abord, le délit d’enrichissement illicite ne disparait pas, comme certains l’ont prétendu. Désormais, il est passible de poursuite devant le Pool judiciaire financier. Celui-ci est composé d’un collège de magistrats spécialisés, formés pour connaitre des infractions économiques et financières.
‘’Le PJF, selon la nouvelle disposition, est composé d’un parquet financier, un collège des juges d’instruction financier, une chambre de jugement financière, une chambre d’accusation financière, une chambre des appels financière, des assistants de justice spécialisés’’. Qu’en est-il des affaires qui étaient pendantes devant la défunte Crei ? Il résulte des dispositions transitoires qu’à compter de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, les procédures engagées devant le procureur spécial près la Crei seront dévolues au nouveau parquet financier.
LA VISION DE FATOU DIAGNE SUR L'ÉCONOMIE SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Selon la cheffe de division à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la première faiblesse majeure du Sénégal réside dans son système judiciaire et ses institutions
Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 22/07/2023
L'économiste Fatou Diagne, actuelle cheffe de division à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a partagé son point de vue éclairé sur l'économie sénégalaise lors du dernierépisode de l'émission Chronique d'un temps politique. Elle a été interviewée par l'universitaire Felwine Sarr, offrant ainsi un aperçu précieux de la structure, des forces et des faiblesses de l'économie du pays.
Fatou Diagne possède une expérience significative en matière d'économie, ayant travaillé pour la Banque mondiale, conduit des programmes et des études sur les finances publiques, les inégalités et la pauvreté. Son expertise est renforcée par son enseignement à l'université Gaston Berger de Saint-Louis et son travail en tant qu'analyste de notation souveraine. Ses domaines de recherche sont vastes, incluant les inégalités et les mesures du bien-être, l'adaptation au changement climatique, l'éducation, la fiscalité et la protection sociale.
Dans l'émission, elle a exposé que la structure de l'économie sénégalaise n'a pas beaucoup évolué au cours des cinq dernières décennies. Le Sénégal reste un pays largement dépendant du secteur des services, qui emploie plus de la moitié de la population. En revanche, les secteurs agricole et manufacturier ont connu un déclin prononcé depuis l'indépendance.
Aujourd'hui, seulement un cinquième de la population est engagé dans l'agriculture, la pêche et la foresterie. Toutefois, un élan est à prévoir dans le secteur des hydrocarbures avec le développement de l'industrie gazière.
En termes de croissance économique, le Sénégal se caractérise par une croissance très faible, même en comparaison avec d'autres pays africains. Diagne attribue cette croissance atone à deux facteurs principaux : une faible productivité et une croissance extrêmement variable. Le Sénégal est régulièrement exposé à des chocs économiques, affectant sa croissance.
Diagne souligne que ce manque de dynamisme économique ne découle pas d'un manque d'investissement ou de travail, mais plutôt d'une faible productivité. En d'autres termes, la production par personne et par unité de capital est très faible. Ceci suggère l'existence de problèmes majeurs en matière de compétences et d'éducation, soulignant la nécessité d'une réforme significative dans ces domaines pour stimuler la productivité et, par conséquent, la croissance économique.
Les principales faiblesses
Selon Fatou Diagne, la première faiblesse majeure du Sénégal réside dans son système judiciaire et ses institutions. La justice est le socle de l'État de droit et garantit les libertés de chaque citoyen à exercer ses droits. Toutefois, des déficiences dans le système judiciaire peuvent entraver ces libertés et affaiblir l'état de droit.
Ensuite, Diagne souligne l'exposition importante du Sénégal aux risques climatiques. En tant que pays vulnérable aux sécheresses, aux inondations et à l'érosion côtière, le Sénégal est de plus en plus exposé à ces menaces en raison du changement climatique. Cela rend le pays plus vulnérable aux chocs économiques et sociaux liés au climat.
Le troisième problème majeur identifié par l’universitaire Fatou Diagne est le système éducatif du Sénégal. Selon elle, le système éducatif actuel n'est pas suffisant pour répondre aux besoins de la population et du marché du travail, ce qui crée un problème de compétences au sein de la société.
Enfin, Diagne souligne que le Sénégal, comme beaucoup d'autres pays africains, est affecté par les faiblesses de ses voisins. L'instabilité ou les problèmes économiques dans les pays voisins peuvent avoir des effets d'entraînement sur le Sénégal, ce qui rend plus difficile la réalisation de la croissance économique et de la stabilité.
Les principaux atouts
Selon Diagne, l'un des atouts les plus importants du Sénégal est sa population jeune. Cette jeune population représente une force de travail dynamique et adaptable, prête à saisir les opportunités futures et à tirer parti des transformations technologiques du monde moderne.
De plus, la position géographique du Sénégal est un atout considérable. Sa situation sur la côte ouest de l'Afrique lui offre un accès privilégié aux marchés internationaux, ce qui peut faciliter le commerce et l'investissement étranger.
Enfin, et peut-être le plus important, est la cohésion nationale et la culture de tolérance et de compromis au Sénégal. Diagne souligne que cette cohésion, fruit d'une longue tradition de cohabitation harmonieuse entre différentes populations et cultures, est une force immatérielle majeure qui peut contribuer à la stabilité et à la prospérité du pays.
Histoire de la continuité malgré les changements apparents
L'histoire économique du Sénégal est marquée par des phases distinctes, de la colonisation à la période post-indépendance, en passant par les années socialistes et libérales. Cependant, selon Diagne, malgré les différents noms et sigles utilisés pour caractériser ces périodes, certaines continuités ont persisté.
En ce qui concerne l'agriculture, l'État a longtemps favorisé la modernisation aux dépens du secteur rural traditionnel. Ainsi, le financement de la modernisation a souvent appauvri le secteur rural, ce qui a ensuite alimenté l'urbanisation et l'industrialisation. Cette tendance à privilégier la grande agriculture moderne, au détriment des petits producteurs, s'est maintenue dans les politiques des 20 dernières années.
Concernant l'éducation, Diagne note une tendance persistante à l'élitisme. Alors que l'accès à l'école a été massifié depuis l'indépendance du Sénégal, l'accès à des compétences de qualité reste limité. De plus, malgré une augmentation du nombre de personnes sachant lire et écrire depuis 1988, le pays reste très en retard par rapport à la moyenne africaine. La politique éducative a aussi mené à une forte détérioration de la qualité de l'enseignement, avec de nombreux élèves qui quittent le système scolaire sans compétences de base en lecture et en mathématiques.
L’impact sur le bien-être des populations
L'évaluation du bien-être d'une population est un exercice délicat estime l’économiste Fatou Diagne. C'est particulièrement vrai pour le Sénégal, où malgré une croissance des revenus et une baisse de la pauvreté monétaire depuis les années 1990, plusieurs indicateurs suggèrent un mal-être persistant dans certaines parties de la population.
Les progrès réalisés depuis l'indépendance du Sénégal sont indéniables. Par exemple, l'espérance de vie est passée de 40 à 69 ans et la mortalité infantile a été divisée par quatre. Cependant, il faut tenir compte des nombreuses facettes du bien-être pour avoir une image complète de la situation.
Un indicateur clé est la mortalité maternelle, qui reste très élevée au Sénégal. Bien que la majorité des femmes sénégalaises aient maintenant accès à un personnel formé pour les accompagner pendant leur accouchement, une femme sur 80 risque encore de mourir en couche. Dans les pays riches, ce risque est de l'ordre d'une sur 5000 à 10000.
Le système éducatif sénégalais présente également des signes de mal-être. Malgré la massification de l'éducation, un tiers des jeunes Sénégalais ne sont ni à l'école, ni en formation, ni au travail. Cela représente non seulement une tragédie personnelle pour ces jeunes, mais aussi un échec collectif pour le pays.
En somme, bien que l'accès aux services publics se soit amélioré, la qualité de ces services est souvent dégradée. Le défi pour le Sénégal est de traduire ses progrès économiques en améliorations concrètes de la qualité de vie de sa population. Pour ce faire, des politiques ciblées sont nécessaires pour répondre aux besoins spécifiques des femmes, des jeunes et des populations rurales, tout en améliorant la qualité des services publics.
L’impact du PSE
Le Plan Sénégal Émergent (PSE), lancé en 2014, visait à transformer le Sénégal en un pays émergent à l'horizon 2035 par la mise en œuvre de politiques ambitieuses en matière d'infrastructures, d'éducation, de santé et de protection sociale. Toutefois, l'évaluation de son efficacité reste complexe et soulève des questions importantes.
Sur le plan économique, selon Fatou Diagne, le PSE visait à atteindre une croissance annuelle de 8%. Toutefois, cet objectif n'a pas été atteint en raison de divers chocs économiques, dont la crise du Covid-19 et diverses difficultés locales. De plus, la croissance économique alimentée par la découverte et l'exploitation d'hydrocarbures pourrait ne pas avoir d'impact significatif sur la vie quotidienne de la grande majorité de la population.
En ce qui concerne les infrastructures, bien qu'il y ait eu une augmentation notable des investissements, la question de l'efficacité de l'allocation des ressources et de la gestion des projets se pose. La construction de stades et de trains pourrait être remise en question par rapport à des investissements dans des secteurs plus essentiels tels que les hôpitaux et l'éducation. De plus, le coût élevé des infrastructures laisse à penser qu'une meilleure valeur pourrait être obtenue pour la population.
La chercheuse Fatou Diagne considère que dans le domaine de l'éducation, malgré une augmentation des investissements, les résultats en termes d'apprentissage réel restent décevants. Cela soulève la question de l'efficacité de la politique d'éducation et de la qualité de l'éducation fournie.
En matière de politique sociale, le PSE a introduit des bourses familiales et a étendu la couverture médicale universelle. Cependant, le ciblage de ces programmes est contesté, avec des preuves suggérant que les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables peuvent ne pas bénéficier pleinement de ces systèmes. De plus, la qualité des services de santé reste un défi majeur.
En conclusion, bien que le PSE ait permis de réaliser des progrès dans certains domaines, des défis considérables subsistent. L'amélioration de l'efficacité de l'allocation des ressources, la garantie d'une éducation de qualité et l'amélioration de la qualité des services de santé sont des priorités pour assurer le bien-être de tous les Sénégalais.
La question fondamentale reste celle des inégalités
Fatou Diagne identifie deux moments clés pour lutter contre la pauvreté et améliorer le bien-être de la population : 1) lorsque les individus produisent et apprennent, et 2) après le fonctionnement du marché, par le biais de la redistribution.
Elle souligne que la réduction des inégalités est un défi majeur pour le Sénégal, en raison d'une approche de développement qui a souvent sacrifié une partie de la population au nom de la modernisation. Il s’agit de prioriser une croissance redistributive qui bénéficie directement aux communautés et aux régions qui la génèrent.
Par ailleurs, l’économiste note que les politiques plus inclusives ne sont pas inconnues, mais qu'elles ont été appliquées de manière inefficace, souvent en raison d'un système politique conservateur qui renforce les intérêts particuliers existants. Cela a maintenu les élites en place, renforcé les monopoles et les structures de domination existantes, et a conduit à une augmentation des inégalités.
Pour aborder ces problèmes, il convient d’appliquer un prisme d'égalité à toutes les politiques, en particulier en ce qui concerne les droits des femmes, les personnes travaillant dans l'agriculture et la pêche, et la jeunesse du pays. Il est essentiel d'améliorer l'éducation pour tous et de renforcer les opportunités d'apprentissage pour la majorité de la population.
Diagne considère que la jeunesse du Sénégal et l'évolution rapide des capacités technologiques offrent une occasion unique de favoriser la transition vers une société plus égalitaire. Ces nouvelles technologies pourraient permettre de surmonter les défis actuels du système éducatif et de fournir des opportunités d'apprentissage de meilleure qualité à un plus grand nombre d'individus.
Que faire ?
Fatou Diange soulève des points importants concernant les défis du Sénégal en termes de mise en œuvre de politiques et de réformes efficaces. Le pays a les compétences techniques nécessaires et des plans et des programmes ont été établis, mais le système politique actuel pose des obstacles à la mise en œuvre de ces plans.
La chercheuse propose deux stratégies pour surmonter ces défis.
La première concerne l'application de politiques sociales égalitaires, en évitant de faire passer ces politiques à travers les structures existantes qui peuvent freiner le progrès. Par exemple les bons électroniques dans le domaine de l'agriculture ont réussi à améliorer l'accès aux engrais et à l'information dans d'autres pays, mais n'ont pas été mis en place au Sénégal à cause de la résistance de certains intermédiaires.
La deuxième stratégie est la décentralisation des politiques publiques. Une plus grande liberté au niveau local pourrait permettre plus d'expérimentation et une meilleure adaptation aux conditions locales, même dans un pays aussi centralisé que le Sénégal. On a l'exemple de la Chine, un pays centralisé où les politiques locales sont néanmoins adaptées aux conditions locales.
Ces deux stratégies nécessitent une volonté politique de réduire le rôle de l'État central et d'adopter des politiques égalitaires. Ces changements pourraient permettre de créer des institutions plus inclusives.
De la souveraineté économique
Concernant la souveraineté économique du Sénégal et son interaction avec l'économie mondiale, notamment à travers l'action des multinationales Fatou Diagne considère que ce problème n'est pas unique au Sénégal mais est un défi courant pour de nombreux pays africains.
Il y a un lien entre l'hyper-centralisation de l'État et l'incapacité des citoyens à exercer un contrôle, ce qui entraîne des situations où les richesses nationales sont captées par une élite qui peut se permettre de "brader" des ressources et autoriser l'action des multinationales.
Cette question est un problème réel, mais elle ne doit pas être la seule préoccupation. Il serait facile de blâmer tous les problèmes du pays sur les inégalités mondiales et les asymétries avec le monde extérieur, mais cela serait trop simpliste. Il est nécessaire de reconnaître que les problèmes internes sont liés à des structures de pouvoir qui dépassent celles de l'État et des autorités étatiques.
Il y a urgence de se concentrer sur des domaines tels que l'éducation et la distribution comme étapes clés pour relever les principaux défis. En effet, ces domaines sont essentiels pour le développement d'une économie inclusive et pour renforcer la capacité des citoyens à exercer un contrôle sur l'État.
Le choix du président est encore une énigme. C’est une cuisine interne à Benno et à l’Apr. Aucune immixtion étrangère dans le processus n’a lieu d’être. Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées. Mais il y a un bémol.
Le choix du président est encore une énigme. C’est une cuisine interne à Benno et à l’Apr. Aucune immixtion étrangère dans le processus n’a lieu d’être. Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées. Mais il y a un bémol. L’Apr ne s’appartient plus tout à fait tant qu’elle est aux affaires. On peut donc s’autoriser un petit grain de sel. Délivré le 3 juillet dernier, le message à la Nation du chef de l’Etat a reçu, du dedans comme au dehors, une ava- lanche de félicitations. Quarante-huit heures avant le discours de clarification, une question pas anodine a fusé au cours d’une audience du président avec les maires et pré- sidents de conseil départemental de même obédience. Dans quelles mains tomberons-nous si le général quitte ses troupes ? Avec qui vous nous laisseriez ? L’angoisse de Thérèse Faye Diouf s’est justifiée devant la réalité faite de peu de certitude et de lisibilité. Aucun leader naturel ne s’est imposé à côté du grand manitou resté « la seule constante » comme on disait dans l’ancien monde. La préparation obstinée d’un continuateur incontestable et incontesté n’a pas été soigneusement orchestrée pour que tout soit éclairé et ordonné comme du papier à musique à l’heure du choix.
Une primaire qui ne dit pas son nom
Le grand oral des impétrants auprès du patriarche Moustapha Niasse est un aveu. Il y a bel et bien une forme d’atermoiement. Tous des hommes sans l’ombre d’une femme, peut-être nés sous une bonne étoile, ils ont été soumis à un protocole pour voir l’élève le plus appliqué et peut-être même le moins perfide. Par ce procédé, les prétendants ont été en vérité quelque peu ballotés pour ne pas dire infantilisés. Dans cette primaire qui ne dit pas son nom, le miracle sera d’en sortir indemne et sans bobos. L’Alliance pour la République a beaucoup de mérite. Elle a établi en 2012 une performance de taille en coiffant sur le poteau les apparatchiks libéraux et socialistes. Ce serait un grand gâchis s’il avait le destin du météore. Cette formation politique doit absolument survivre à son chef. Ses divisions intestines attestent d’un manque d’instinct. Elles font dire qu’elle n’a jamais su être une véritable famille politique. La 3ème alternance viendra de ses turpitudes et déchirements. Après tout, ça ne sera pas une mauvaise nouvelle pour la démocratie qui va respirer. Comment comprendre que la plupart de ses délibérations finissent en quiproquos ? Les apéristes n’ont toujours pas compris que les organisations s’enrichissent de diversité et de talents qui s’acceptent sans se jalouser. En l’absence d’altruisme et de discipline, il ne faut pas s’étonner qu’en interne l’autocratie pulvérise la démocratie. D’où la trouvaille bien com- mode du blanc-seing, la carte blanche pour ne pas faire chou blanc et faire ensuite les choux gras de la presse à sensation.
Le parti n’est pas rempli d’apparatchiks
La plus grande surprise chez les marron-beige, c’est la multiplication comme des petits pains des candidats à la candidature. C’est le choc des égo à la place du choc des titans. On voit certes des profils relativement teintés de lucidité, mais à côté les ambitions paraissent extrêmement démesurées. L’envergure et le physique de l’emploi sont indispensables. Le manteau de président est trop long pour la plupart dans le quintet annoncé après l’enterrement de première classe du 2ème quinquennat. La cour d’honneur du palais requiert du beau linge. Pas un linge sale qu’on lave sur la place publique. N’est pas président qui veut. Le Sénégal n’est pas prêt d’ac- cueillir n’importe qui à sa tête qui finira par se perdre dans les méandres de l’Etat.
LES SÉNÉGALAIS VONT-ILS ÉLIRE QUELQU’UN QUI A ÉTÉ CONDAMNÉ POUR DETOURNEMENT ?
Invitée du grand entretien que le groupe Emedia a dédié aux candidats déclarés à la présidentielle, Aminata Touré a donné son avis sur la modification du code électoral pour permettre à Karim Wade et à Khalifa Sall de se présenter à la prochaine élection
Lors de la cérémonie de remise des conclusions du dialogue national, le président Macky Sall avait annoncé la saisine de l’Assemblée nationale en procédure d’urgence. « Nous allons donc, dans des délais très raisonnables, trouver les moyens de présenter à l’Assemblée nationale en procédure d’urgence, les mesures législatives mais aussi les mesures réglementaires, les décrets et autres arrêtés dans la suite qui vont refléter les accords qui ont été obtenus au profit de tous qui vont contribuer à la consolidation de notre modèle démocratique qui est un modèle extrêmement avancé », a déclaré le chef de l’Etat Macky Sall.
Invitée du grand entretien que le groupe Emedia a dédié aux candidats déclarés à l’élection présidentielle, Aminata Touré a donné son avis sur la modification du code électoral pour permettre à Karim Wade et à Khalifa Sall de se présenter pour l’élection présidentielle de février 2024. Elle s’interroge : « est-ce qu’on doit élire quelqu’un qui a détourné l’argent du pays ? Pour répondre à cette interrogation, elle estime qu’on ne doit pas être amnésique. Il y’a eu des scandales et cet argent pouvait servir à la construction des écoles, des hôpitaux, etc. ». À la question de savoir est-ce qu’elle a un précédent avec le fils de l’ancien président de la République, elle précise : « je n’ai aucun contentieux avec Karim Wade. Je ne le connais même pas. Je ne l’ai jamais salué. Par contre, je connais son père, le président Abdoulaye Wade. Je dois dire qu’il n’est même pas élégant de croire que c’est moi qui ai sacrifié Karim Wade. Quand on est en politique, il faut faire face à toutes les situations. J’ai subi toutes les formes de pression dans ce dossier mais heureusement que j’étais préparée à ça ».
MA THESE EN 180 SECONDES, MAME GNINY SENGHOR REPRESENTERA LE SENEGAL A RABAT
Mame Gniny Senghor a été sélectionnée hier, lors de l’édition 2023 de la finale nationale du concours « Ma Thèse en 180s ». Elle va représenter le Sénégal au concours international, prévu le 5 octobre prochain à Rabat, au Maroc.
Mame Gniny Senghor a été sélectionnée hier, lors de l’édition 2023 de la finale nationale du concours « Ma Thèse en 180s ». Elle va représenter le Sénégal au concours international, prévu le 5 octobre prochain à Rabat, au Maroc.
Cette finale nationale du concours a été organisée par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation en collaboration avec l’Agence universitaire de la francophonie (Auf) et la Coordination des écoles doctorales du Sénégal.
Cet événement scientifique est l’occasion pour les candidats et candidates de faire, « en trois minutes, un exposé clair, concis, convaincant et dans un langage accessible de leur projet de recherche ». L’objectif de ce concours national est de promouvoir l’activité scientifique, de stimuler la recherche et de favoriser le dialogue Science-Société.