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10 août 2025
par Birane Diop
MON SÉJOUR INOUBLIABLE À MARRAKECH ET ESSAOUIRA
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, j’ai appris à mes dépens que la vie ne tient qu’à un fil. Dans l’antre de la Médina, j’ai vu des enfants choqués, des femmes désemparées et des hommes complètement paniqués. La peur était totale
Située dans le centre du royaume chérifien aux nougats des djébels de l’Atlas, Marrakech est une ville très animée, bouillonnante et paradoxale, avec des gamins laissés à eux-mêmes, des artistes informels, des mendiants, des vendeurs à chaque coin de rue côtoyant de grosses caisses et des touristes venus de partout à travers le monde pour découvrir des lieux de brassage différents des leurs.
À bien des égards, Marrakech me fait penser à la capitale sénégalaise. Dakar, carrefour cosmopolite. Elles ont le même tempo dans une certaine mesure. Des villes foutraques mais attirantes, bouleversantes et élégantes, par-dessus tout qui marchent à leur rythme. En un mot, les deux villes incarnent les mêmes contrastes devant l’Eternel.
Dans un autre registre, Marrakech est faite aussi d’une architecture modeste et particulière, qui renvoie à un imaginaire tiré, à partir du substrat culturel marocain. Les Almoravides ont déposé leurs traces indélébiles dans ce bassin de vie de plus de 900 000 habitants.
De plus, « la ville rouge » est peuplée de gens simples et généreux, qui accueillent à bras ouverts ceux et celles qui viennent dans d’autres aires géographiques, voire d’autres contrées. Tous les semeurs d’espérance et d’hospitalité sont les bienvenus. Et l’altérité chère au grand poète contemporain de la langue arabe, in fine, de la Palestine, Mahmoud Darwich est une réalité, ici. J’en ai fait la belle expérience - moi le sénégalais internationaliste et produit de la civilisation universelle, vivant en France. Le magnifique peuple de Marrakech m’a rappelé cette vérité : À l’aune de la globalisation, sortir de sa zone de confort par le biais du voyage permet de regarder le monde sous un autre angle.
En outre, Marrakech est aussi une cité mystique, historique, de sens et d’utopies. Je le dis sans aucune réserve, elle a la culture chevillée au corps. La majestueuse et impressionnante mosquée Koutoubia construite au XIIe siècle, plus précisément en 1148, la célèbre place Jemaa el-Fna - lieu qui ne dort jamais, le Jardin secret, les souks de la Medina, la medersa Ben Youssef, symbolisent l’identité de Marrakech et de son ouverture sur l’international. Voilà, c’est tout cela Marrakech !
Jeudi 7 septembre 2023, 12h40. J’ai quitté « la ville rouge » à bord d’un bus de la compagnie Supratours. Destination Essaouira, située sur le littoral atlantique, précisément dans la région de Marrakech-Safi. Je dois passer deux jours paisibles dans cette ville romantique et sublime et ouverte aux étreintes du monde libre, avant de repartir à l’aéroport de Ménara pour prendre le vol FR3845. Mon premier jour à Essaouira a été agréable, à bien des égards. De 16h à 23h, j’étais dans les rues de la ville bleue blanche. J’ai visité le petit port de pêche. J’ai erré là-bas pendant quelques heures, en contemplant les bateaux et les oiseaux posés dessus. Après, ce pèlerinage, je suis allé dans un café, un lieu de vie très sympa pour me détendre, en même temps lire le livre « La violence des frontières : les réfugiés et le droit de circuler » de Reece Jones. Un livre majeur qui plaide à travers ses pages le droit universel de circuler. L’auteur montre brillamment l’échec des politiques migratoires établies par les pays du nord pour endiguer l’immigration clandestine. Ces gens à qui l’Occident et leurs pays de départ regardent à travers le prisme des statistiques, sont partis pour chercher une vie plus douce. J’ai fermé le livre à la page 106 pour saluer un jeune sénégalais, qui m’a lancé « ziarnala ku baax ». Je ne sais comment mais les Sénégalais se reconnaissent. Il suffit d’un simple regard pour identifier les nôtres. Après ces civilités d’usage, nous avons eu une longue discussion inoubliable en wolof sur l’exil et les blessures invisibles qu’il charrie.
Je suis retourné dans ma chambre d’hôtel pas tard, parce que tout simplement je devais appeler P. Il était minuit à Paris, et notre ami commun « Morphée » l’attendait dans son vaste royaume pour l’offrir une nuit réparatrice dans ses bras câlins.
Vendredi 8 septembre, deuxième jour de mon séjour, j’ai fermé la porte de la chambre à 14h pour aller visiter le centre culturel d’Essaouira, à quelques pas de mon hôtel. J’y ai passé juste une heure. Mais ces soixante minutes étaient paisibles et affriolantes.
À la suite de cette immersion, je me suis rendu au café Mogador pour admirer la beauté que m’offre la ville et par la même occasion relire l’essai de mon camarade d’esprit, Elgas « Les bons ressentiments ». Subséquemment ce dernier baroud au Mogador, j’ai décidé de me perdre complétement dans les entrailles d’Essaouira. Je suis venu ici pour découvrir et apprendre.
19h20, la nuit commence à tomber. La brise marine touche timidement les corps. Je pars aux souks de la Médina, lieux d’échange et de commerce, qui regroupent toutes sortes de produits artisanaux. Les souks apportent un supplément d’âme à Essaouira. J’ai flâné là-bas des heures avant que tout bascule. 23h12. Un séisme de magnitude 7 vient de frapper l’ouest du Maroc. La ville bleue blanche n’est pas épargnée par cette catastrophe. Elle est touchée dans sa chair. Oui, la terre a tremblé à Essaouira. J’ai vécu cette expérience épouvante et traumatisante à la fois, en direct. Bref, j’ai vu ma vie défiler devant mes yeux. C’est fou mais c’est vrai !
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, j’ai appris à mes dépens que la vie ne tient qu’à un fil. Et que l’Homme n’est absolument rien face à l’immensité de l’Univers et de ses secrets infinis. Oui, nous ne sommes que des poussières étoiles ; des êtres extrêmement fragiles et insignifiants.
Dans l’antre de la Médina, j’ai vu des enfants choqués, des femmes désemparées et des hommes complètement paniqués. La peur était totale. Elle se lisait sur les visages, tout âge confondu. Je crois que nos réactions anxiogènes révèlent une chose, eu égard à l’absurdité de la condition humaine : La mort surtout la mort brutale, voire impensée, est peut-être la plus grosse angoisse existentielle, qui frappe l’Homme et peuple parfois son hôtel d’insomnies.
J’ai une pensée émue aux victimes et à leurs proches. Que la force et la résilience rejoignent le vaillant et magnifique peuple marocain en ces moments difficiles. Cette tragédie laisse des cicatrices dans le corps social mais j’en suis certain, le Maroc s’en relèvera. En ce qui me concerne, je reviendrai dans ce pays accueillant et plein de charme. De plus, une histoire commune nous lie à jamais !
Par Mayoro MBAYE
LA BATAILLE DU DJOLOFF AURA BIEN LIEU
Cette terre du Djoloff reste importante dans la vie socio-économique du Sénégal. Elle est surtout remarquable par son histoire riche en événements majeurs. Aussi, dans sa vie politique récente que d’enseignements de par ses grandes figures contemporaines
Cette terre du Djoloff reste importante dans la vie socio-économique du Sénégal. Elle est surtout remarquable par son histoire riche en événements majeurs. Aussi, dans sa vie politique récente que d’enseignements de par ses grandes figures contemporaines.
Qui ne se souvient pas de Djibo Leyti Ka , de Daouda Sow , de Magatte Lo pour ne citer que ces trois des ogres de la politique qui ont vécu pour la politique et qui ont laissé des traces encore visibles. Eux n’avaient pas internet et les réseaux sociaux donc les confrontations de terrain étaient moins perceptibles
De nos jours se dessinent d’autres batailles avec des moyens de diffusion ultra rapides(radios communautaires, internet et ses canaux multiples). Cette fois ci le départ de Aly Ngouille Ndiaye du gouvernement, ouvre un vaste boulevard pour sa confrontation avec Samba Ndiobene Ka actuel Maire de Dahra
L’actuel Ministre du développement communautaire et de la solidarité nationale que certains traitent de maire par défaut puisque les terres de ses parents sont à quelques encablures. Il faut reconnaitre que la commune de Dahra économiquement est la plus importante du département
En effet, Dahra joue un rôle avant-gardiste pour les dix-huit autres. Si son édile peut rassembler ses pairs, a-t-il les ressources pour emporter l’adhésion d’une jeunesse très politisée et très au fait des actualités.
Une jeunesse qui réclame à corps et à cris une meilleure considération et plus de parts dans la répartition des retombées de la croissance
Le Djoloff est une terre d’émigration ne l’oublions pas donc de contacts permanents avec la diaspora. Tout le monde parle de Djoloff dans l’hexagone pour dire Sénégal
Dire que la bataille du Djoloff comme dans les livres d’histoire aura bel et bien lieu est un euphémisme. De grâce faites nous une bataille civilisée, avec desidées de développement du terroir et non d’insultes, d’invectives et de jets de pierre. Il est notoire qu’entre Aly Ngouille Ndiaye maire de Linguére et Samba Ndiobene Ka maire de Dahra ça n ‘ a jamais été le grand amour.
On a voulu jouer les convenances républicaines et la solidarité gouvernementale mais, ce qu’on a toujours caché dans les cœurs sera visible et on en voit le bout du nez
La réunion des maires de la localité après la désignation de Amadou Ba pour porter le drapeau de ce qui va rester du benno sonne comme un rappel des troupes. Qui pour jouer les bons offices ?
AMADOU BA, DE LA DISGRÂCE À LA CONSÉCRATION
Inimitiés personnelles avec certains caciques, suspicion de liens avec Sonko et déchéance politique... Le candidat de BBY à la présidentielle a dû surmonter un certain nombre de péripéties au sein même de sa famille politique
Amadou Ba, qui vient d’être consacré comme le prochain candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a dû surmonter un certain nombre de péripéties au sein même de sa famille politique. Inimitiés personnelles avec certains caciques, suspicion de ses liens avec Sonko et déchéance politique. Amadou Ba, qui a connu une traversée du désert après son départ du gouvernement en 2020, devra faire usage de tous ses artifices de bon diplomate pour tenter de restaurer l’unité au sein du régime présidentiel.
Ce n’est pas trahir le secret des dieux que de dire que la nomination d’Amadou Ba comme candidat de Benno Bokk Yaakaar (BBY) pour la présidentielle de 2024 est la récompense d’une vertu en politique : la patience. Le chef de l’État a justifié son choix, en soulignant ses "compétences professionnelles", "sa carrière diversifiée" ainsi que ses qualités de "rassembleur". Une nomination qui sonne comme une consécration pour l’ancien directeur des Impôts et des Domaines qui a subi les affres du ‘’Fast Track’’ (disparition du poste de PM) et l’ouverture vers une majorité élargie. Il s’est vu débarquer de son poste lors du remaniement gouvernemental du 1er novembre 2020.
Pour beaucoup d’observateurs, ce départ du gouvernement a été une disgrâce, dans la perspective d’une succession de Macky Sall qui venait freiner l'ascension de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances (2013-2019). Une ‘’traversée du désert’’ qui ne semble pas déplaire à ses ennemis au sein du camp présidentiel. En conflit ouvert ou larvé avec plusieurs pontes du régime dans l’entourage de Macky Sall, Amadou Ba mange son pain noir en silence.
Écarté de la course à la mairie de Dakar et de la tête de liste de Benno aux Législatives, Amadou Ba, parachuté comme coordinateur de l’APR comme lot de consolation, se fait discret en attendant patiemment son heure.
Ses apparitions discrètes aux côtés du président, lors de cérémonies religieuses et lors d’un déplacement à La Mecque, relancent les hypothèses concernant sa relation avec Macky Sall. Faites de suspicions et de méfiance, les relations entre Amadou Ba et son mentor n’ont pas toujours été au beau fixe.
À ce moment-là, certains partisans du président Macky Sall l’accusent d’entretenir une certaine proximité avec Ousmane Sonko, considéré comme un adversaire irréductible du régime. Il est aussi accusé de ne pas avoir mouillé le maillot dans la défense du président attaqué de toutes parts.
En témoigne sa prise de bec avec Mbaye Ndiaye, lors d’une rencontre politique aux Parcelles-Assainies en perspective des élections locales de janvier 2022, quand celui-ci mettait en garde l’ancien grand argentier de l’État contre toute ‘’trahison’’. Ce qui a fait sortir de ses gonds Amadou Ba. ‘’Monsieur le Ministre Mbaye Ndiaye, je sais que vous me voulez du bien. Vous œuvrez dans ce sens. Mais sachez que jusqu’à ce jour, jusqu’à ce jour, Dieu m’a gardé de certains actes’’, avait-il fulminé.
Il faut dire que Macky Sall n’a jamais su ‘’canaliser’’ son surpuissant ministre de l’Économie et des Finances, un des piliers du gouvernement qui s’est forgé dans les arcanes de la Génération du Concret de Karim Wade.
En effet, Amadou Ba n’a jamais réussi à intégrer le premier cercle des proches de Macky Sall. C’est avec un profond scepticisme qu’il fait sa rentrée politique en menant à la victoire la liste de Benno aux Législatives de 2017. Le responsable ‘’apériste’’ aux Parcelles-Assainies va rééditer l’exploit à la Présidentielle-2019. Il mène la campagne victorieuse de la majorité en soutien de la première dame Marième Faye Sall, une démarche qui ne manquera pas de rapprocher les deux personnages.
La rébellion de Mimi Touré éjectée de la course pour le poste du perchoir le repositionne au cœur de l’appareil étatique. La crainte d’une profonde sédition en interne aurait poussé le chef de l’État à jouer la carte de la sécurité, en ‘’clouant les mains d’Amadou Ba sur la table de la primature’’, afin d’éviter une possible fronde de la base ‘’apériste’’ excédée par le traitement infligé aux caciques républicains.
‘’Le palais a été durement secoué. Le roi s’est retrouvé nu. Macky Sall ne pouvait plus se permettre, face à cette rébellion, de laisser dehors un ponte du régime du poids d’Amadou Ba. Voilà pourquoi il a été nommé PM. Sa désignation était tellement inattendue qu’il ne l’a lui-même sue que le jour même, deux heures avant qu’elle ne soit rendue publique, selon Cheikh Yerim Seck dans son livre ‘’Macky Sall face à l’histoire : passage sous scanner d’un pouvoir africain’’.
Un Premier ministre sous surveillance
Dans cette relation de raison avec Macky Sall, sa nomination comme Premier ministre apparaît ainsi comme une prison dorée ou une primature sous surveillance. Assigné à un rôle de simple collaborateur, Amadou Ba se voit allouer un budget moindre que son prédécesseur et, ne disposant pas de locaux pour son cabinet, il est obligé de recevoir et de travailler au petit palais. Dans le même temps, les ministres sont sommés d’aller prendre les instructions directement au palais, soutient toujours Cheikh Yerim Seck dans son livre.
Malgré cette situation, Amadou Ba reste fidèle à sa ligne de conduite : la loyauté.
Ainsi arrive le moment de signer la charte qui va engager tous les candidats à la candidature de BBY. Lors de la conférence des responsables de la majorité, le Premier ministre ne déroge pas à sa règle et joue la carte de la loyauté et de l’humilité. Il fait savoir qu’il est candidat à rien et s’en remet à la décision du chef de l’État concernant le choix du candidat.
Risque d’implosion autour de sa candidature
Dans cette optique, le Premier ministre décide de se concentrer sur le travail. Le chef du gouvernement, qui s’est aussi vu attribuer les portefeuilles de l’Élevage et des Sports, cultive l’image d’un fonctionnaire dévoué aux dossiers de l’État. Il s’assure une présence sur le terrain et sous le feu des projecteurs, à l’occasion des évènements sportifs ou lors de la campagne pour l’approvisionnement en moutons pour la fête de l’Aïd.
En effet, malgré les multiples péripéties, l’ancien patron de la diplomatie a su faire le dos rond et attendre son heure. Les retards et les reports de la décision du chef de l’État ne le feront pas bouger d’un iota, n'hésitant pas à jouer la carte de la simplicité et de la modestie. Ainsi, il recadre son camarade ‘’Abdoulaye Diouf Sarr’’, quand ce dernier a évoqué que ‘’Dakar a deux candidats : Amadou Bâ et moi’’. ‘’Non, ne parle pas en mon nom, je suis candidat à rien’’, a-t-il répondu sèchement à l’ancien maire de Yoff, le 19 juillet dernier.
Pour l'heure, Macky Sall a exhorté ses ‘’collaborateurs, militants et sympathisants à soutenir le candidat choisi’’. Un appel qui ne semble pas être suivi par Aly Ngouille Ndiaye, qui dans la foulée de cette décision, a annoncé sa démission du gouvernement. Une démarche qui semble préparer une prochaine candidature pour la Présidentielle. Un scénario tant redouté par le chef de l’État qui, à travers ses décisions (réunions, charte, consultations tous azimuts) a toujours voulu éviter une multiplication des candidatures au sein de la majorité et éviter l’implosion de la majorité présidentielle. D’autres départs ou défections pourraient être enregistrés.
Mais avec un tel profil, le président semble avoir sauvé l’essentiel : la préservation d’une unité forte au sein de la majorité présidentielle.
Par Pape NDIAYE
AMADOU BA, LE SACRE D’UNE LONGUE PATIENCE
Figure emblématique de la vie politique nationale, icône de l’administration centrale et symbole de la diplomatie sénégalaise à l’international, le Premier ministre Amadou Ba a gravi tous les échelons pour s’imposer comme l’homme de la situation
Qui pourrait être le futur président de la République du Sénégal ? Le président Macky Sall a déjà désigné l’actuel Premier ministre Amadou Ba comme candidat de la mouvance présidentielle au scrutin du 25 févier prochain. Donc si le peuple électoral, seul souverain, lui accorde la majorité de ses suffrages, Amadou Ba sera le 5e locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor à Dakar
Figure emblématique de la vie politique nationale, icône de l’administration centrale et symbole de la diplomatie sénégalaise à l’international, le Premier ministre Amadou Ba a gravi tous les échelons pour s’imposer comme l’homme de la situation pour le camp présidentiel.
Après plus de deux ans de suspense et de tensions politiques, la déclaration du président Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat sonne comme une délivrance. Une délivrance qui a provoqué un tournant décisif pour la vie et la survie de la mouvance présidentielle (Bby) et particulièrement de l’Alliance Pour la République (Apr). Parce qu’au lendemain du discours d’adieu du président Macky Sall, tous les regards des apéristes étaient tournés vers le portrait-robot du candidat qui prendrait le relais de ses mains pour parcourir la dernière ligne droite de la présidentielle. Et qui sait ? franchir le premier la ligne d’arrivée au soir du 25 février prochain. Finalement, après plusieurs mois de suspense, le président Macky Sall a rendu son oracle et désigné Amadou Ba qui sera son dauphin politique sur lequel la majorité présidentielle jouera plus que jamais sa survie politique. Et si le processus électoral était un championnat de football finissant, on aurait pu dire que l’Apr ou Bby joue le maintien au pouvoir. Un défi majeur qui ne peut être relevé que dans l’union et la solidarité. Il est vrai qu’en faisant inscrire dans le marbre de la Constitution de 2016 que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs », le président Macky Sall n’imaginait sans doute pas que 2024, c’était demain ! Evidemment quand on s’amuse, le temps passe très vite…Un changement climatique « imprévisible » qui s’annonce hérissé d’embuches et de tiraillements entre les opportunistes, les fidèles, les traîtres, les saboteurs, les activistes, les taupes et caméléons de l’Apr. Face aux intempéries climatiques, l’heure n’est plus à la bagarre à bord de la barque si les passagers comptent arriver à bon port
Comme le disait le président Abdou Diouf, « rien ne sera plus comme avant ». Il est loin en tout cas le temps où le président de la République Macky Sall écartait voire limogeait ses proches collaborateurs et hauts cadres politiques qu’il soupçonnait à tort ou à raison de lorgner son fauteuil présidentiel en direction de 2024. Aujourd’hui, l’inévitable plan d’urgence qui s’impose au président sortant Macky Sall, c’est de créer une union sacrée autour du Premier ministre Amadou Ba, un candidat sérieux aux qualités techniques et politiques multidimensionnelles. Parce que Sa Majesté Macky II ne doit plus s’adonner à son éternel jeu paradoxal du diviser pour mieux régner, de couronner les perdants ou les médiocres pour mieux espérer des victoires futures dans des combats dont le champ offre des fronts sans répit
A bien des égards, comme nous l’avions déjà avancé dans ces colonnes, Amadou Ba semble être le mieux placé comme coach et capitaine d’équipe pour le maintien au pouvoir aussi bien de l’Apr que de Bby
Avant d’accéder à la fonction de Premier ministre, Amadou Ba a été (nous passons sur les autres fonctions antérieures!) successivement directeur des Impôts (2004), puis directeur général des Impôts et Domaines (2006), ministre de l’Economie et des Finances(2013), ministre de l’Economie, des Finances, du Plan et du Budget, puis ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (2019-2020). Assurément, Amadou Ba a marqué son passage à la tête du ministère de l’Economie et des Finances, une fonction dont il a été un des plus brillants titulaires. Un véritable forcené du travail ! Un vrai « guem » service. A preuve par ces six ans passés immeuble Peytavin où il était sur tous les fronts, se démultipliant en quatre, afin de renflouer les caisses de l’Etat. Une sorte de pêche aux fonds à l’échelle planétaire allant de conventions de financement à accords de partenariat en passant par des appuis budgétaires et autres subventions qui s’étaient traduites par les collectes — ou des promesses de financement — de plus de 5.000 milliards cfa à l’époque
Au-delà de son ancien statut d’argentier de l’Etat, l’actuel Premier ministre Amadou Ba est un poids lourd de la majorité présidentielle à Dakar, ville constituant un immense grenier électoral et où il a été de manière décisive le président de la République Macky Sall à inverser la tendance électorale grâce à son influence politique et sa force de frappe financière. Dakar où il a toujours évolué comme renfort de taille puisque le président Macky Sall ne l’y a jamais responsabilisé ou investi comme tête de liste. Pour les dernières élections locales et législatives, par exemple, le président Macky Sall et sa coalition Bby avaient misé sur Moussa Sy et Abdoulaye Diouf Sarr pour les Parcelles Assainies et Dakar, respectivement.
Après la Primature, enfin la Présidence ? En Amadou Ba, le président Macky Sall tient enfin son vrai dauphin en la personne d’Amadou Ba. Lequel est incontestablement l’homme qu’il faut à la place qu’il faut pour avoir fait ses preuves partout où il est passé. Le candidat de la majorité à la prochaine présidentielle est un homme à la fois calme, serein, discret et effacé. C’est aussi un technocrate doublé d’un fin politicien expérimenté, fédérateur et chevronné. Et surtout il est très bien introduit dans tous les foyers religieux, les mouvements de jeunesse et les associations sportives. Au sein de l’Apr, de nombreux observateurs et analystes s’accordent à reconnaitre qu’en dehors d’Amadou Ba, c’est le désert ! Certains ajouteront que son profil serait de nature à sauver l’Apr dans un contexte qui lui est défavorable.
Comme pour dire que l’heure a sonné pour Amadou Ba de frapper aux portes de la présidence de la République. Il en a les clés! Lui, le bon jockey doté d’un excellent « cheval » de bataille pour la survie de l’Apr et pour la continuité au pouvoir de l’actuelle majorité. L’autre atout d’Amadou Ba, c’est qu’il est un homme aux réseaux multiples reconnu pour son entregent et son efficacité en matière sociale. Encore, encore, Amadou Ba est un homme d’une courtoisie légendaire et d’une grande capacité d’écoute. Son seul et unique défaut, c’est qu’il est trop patient! Une patience définie comme l’aptitude d’un individu à se maîtriser face à une longue attente, à rester calme dans une situation de consécration ou de promotion. Ou alors face à des difficultés sociales, professionnelles et autres coups bas politiques. Certains philosophes et sociologues nous diront même que dans le monde des croyances, la patience est une vertu spirituelle voire une valeur morale. La patience, la longue patience serait mère de toutes les vertus. Donc la désignation d’Amadou Ba comme candidat de la mouvance présidentielle n’est autre que le sacre d’une longue patience.
L'ENA EST-ELLE DEVENUE UNE FABRIQUE DE TECHNO-POLITICIENS ?
L'École nationale d'Administration (EnA) est un fleuron pour avoir formé plusieurs générations de hauts commis de l'État. Force est de constater que les hauts fonctionnaires sortis de cette école ne se contentent plus d'être des soldats du service public.
L'École nationale d'Administration (EnA) est un fleuron pour avoir formé plusieurs générations de hauts commis de l'État. Mais depuis des années, force est de constater que les hauts fonctionnaires sortis de cette école ne se contentent plus d'être des soldats du service public. Entre le Premier ministre Amadou Ba, l'opposant historique Ousmane Sonko, le directeur de la CDC Mame Boye Diao, le président du CESE Abdoulaye Daouda Diallo ou encore des personnalités politiques comme le président du groupe parlementaire de YAW Birame Soulèye Diop, ou Bassiou Diomaye Faye, les énarques semblent se muer en tecno-politiciens qui lorgnent la magistrature suprême.
Le Président Macky Sall a presque tranché dans la douleur un match entre des inspecteurs des Impôts au sein de la mouvance présidentielle. Entre un Amadou Ba qui est l'heureux élu, Abdoulaye Daouda Diallo déçu mais qui n'a pas dit son dernier mot et le tonitruant Mame Boye Diao qui s'adressera à la presse aujourd'hui et qui, forcément, jettera un pavé dans la mare de l'alliance au pouvoir, la candidature de BBY s'est jouée entre d'anciens collègues de la direction des Impôts et domaines et formé dans la même école : l'ENA. Héritière d’une tradition d’excellence dans la formation professionnelle des hauts cadres nationaux et africains de l’Administration qui remonte à l’École fédérale d’Administration du Mali, l’ENA est devenue un établissement public à caractère administratif en octobre 2011. Ayant subi des mutations au fil des années, l'école Nationale d'Administration du Sénégal est évidemment le fruit d'une très longue histoire. Ses origines sont à chercher en effet dans l'histoire coloniale du Sénégal, de la France et de l'Afrique-Occidentale française (AOF). Elle est nommée École nationale d’Administration et de magistrature (ENAM) de 1975 à 1995. Comptant deux cycles de formation, l'ENA forme entre autres les administrateurs civils, les inspecteurs du Trésor, les inspecteurs des impôts et domaines, les conseillers des affaires étrangères, les inspecteurs des douanes et les inspecteurs du travail et de la sécurité sociale. En somme, la crème de l'administration. Mais depuis quelques années, on note l'avènement d'une génération qui ne se contente plus de mener à bien les hautes missions de service public mais dispute aussi le champ politique avec les autres acteurs de la vie publique. Et l'avènement du régime de Macky Sall a accentué cette ruée des hauts fonctionnaires vers la politique. Pratiquement, ce sont eux, surtout les inspecteurs des Impôts, qui alimentent la vie publique depuis lors. D'abord au sein de la mouvance présidentielle, le Président Sall a mis sur orbite plusieurs d'entre eux au rang desquels l'ex-ministre Mouhamadou Makhtar Cissé. Formé à l'ENAM et sorti avec le brevet de l'Inspecteur des Douanes, l'ancien directeur des Douanes et ex ministre du Budget, ce dernier est manifestement une tête bien faite eu égard à son parcours académique et professionnel. Mais l'Inspecteur général d'Etat a été aussi directeur de cabinet du Président Macky Sall qu'il a soutenu, surtout à Dagana lors des dernières joutes électorales. Écarté du gouvernement depuis 2019, beaucoup analystes ont fait savoir que c'est parce qu'il nourrissait une ambition présidentielle. Discret depuis lors, l'ancien enfant de troupe n'a pas dit son dernier mot. D'autant que sur les réseaux sociaux, certains de ses souteneurs mettent des affiches qui laissent entrevoir que ce brillant cadre sera de la partie en 2024.
AMADOU BA-SONKO, SYMBOLES D'UNE ADMINISTRATION «POLITISEE»
Dans cette galaxie des énarques du pouvoir figure aussi l'actuel président du Conseil Économique Social et Environnemental Abdoulaye Daouda Diallo. Si le choix porté sur le Premier ministre Amadou Ba est une pilule difficile à avaler pour ADD, c'est parce que l'Inspecteur des Impôts a soutenu politiquement le chef de l'État durant sa longue traversée du désert après son divorce avec le Président Abdoulaye Wade. L'ancien ministre des Finances ne peut en effet comprendre que son ancien patron qui a rejoint la «Cause» de l'APR tardivement et presque avec sinécure puisse être la personne qui va stopper son ambition de devenir président de la République. Muet depuis l'annonce du choix du candidat de BBY, Abdoulaye Daouda Diallo se fera certainement entendre dans les jours à venir. Il y a aussi le directeur de la CDC Mame Boye Diao qui fera face à la presse aujourd'hui. Très libre dans ses positions au sein de la mouvance présidentielle comme dans ses amitiés, le maire de Kolda est un aperiste ingérable. Il n'a jamais eu de problèmes par exemple à déclarer son amitié avec le leader du Pastef Ousmane Sonko. Lors des élections locales aussi, il avait fi du choix de Macky Sall (même si ce dernier a avoué plus tard qu'il avait béni sa liste) et avait confectionné sa propre liste qui remportera par la suite les élections locales à Kolda ville. Va-til soutenir Amadou Ba. On saura la réponse aujourd'hui. Mais ce qui est déjà sûr, c'est qu'il ne va pas jouer les seconds rôles en 2024. Mais les deux qui ont plus symbolisé l'hyper politisation de l'administration sont le Premier ministre Amadou Ba et le teigneux opposant et maire de Ziguinchor Ousmane Sonko. Acteur politique le plus marquant peut-être de ces 20 dernières années, l'opposant dirige une formation politique créée pratiquement par des «insoumis» de la direction des Impôts et Domaines. D'ailleurs, le secrétaire national du Pastef Bassirou Diomaye Faye avait révélé il y a quelques mois dans une interview à SENEWEB que le candidat déclaré de BBY Amadou Ba a fait tout pour les adhérer à l'APR. Le Pastef juridiquement inexistant aujourd'hui a permis à plusieurs cadres de l'administration de se révolter et de répondre à l'appel d'Ousmane Sonko. Et c'est devenu un secret de Polichinelle que la direction des Impôts est divisée entre sympathisants du maire emprisonné et hauts fonctionnaires proches du pouvoir. Et parfois même, ça débute à l'ENA. Et avec la désignation du Premier ministre Amadou Ba comme candidat de BBY, les divergences vont s'accentuer. Depuis samedi, on voit plusieurs d'entre eux mettre ce dernier sur leurs profils respectifs. Ancien directeur des Impôts, ex-ministre des Finances, ce dernier a un «réseau» au sein de l'administration. Il a participé aussi à la formation de plusieurs d'entredeux au sein dudit établissement.
UN PRESIDENT ENARQUE EN 2024 ?
Mais la tâche ne sera pas de tout repos pour le futé chef du gouvernement qui a toujours caché avec résilience son jeu. En effet, l'idéologie du Pastef a fortement pénétré la haute administration. Et si les chances de Sonko s'amenuisent de jouer en jour malgré l'enthousiasme encore grandissant de ses militants, il aura un rôle prépondérant à jouer en 2024. Et parmi ses potentiels remplaçants se trouvent des inspecteurs des Impôts très connus comme Bassirou Diomaye Faye et Birame Soulèye Diop, tous membres fondateurs du PASTEF. Sans oublier les potentiels souteneurs de Mame Boye Diao et d'ADD si ces derniers devaient se présenter. Mais dans tous les cas les hauts fonctionnaires seront bien ''trempés'' dans l'élection de 2024. L'ENAM jusque-là a produit des ministres, quatre Premiers ministres (Moustapha Niasse, Mame Madior Boye, Mamadou Lamine Loum, Amadou Ba), des députés, directeurs généraux et présidents d'institutions (Moustapha Niasse, Abdoulaye Daouda Diallo). Peut-être qu’en 2024, on va se retrouver avec un premier énarque.
DE LA MÉRITOCRATIE A LA LUTTE DES PRIVILEGES
Dans le même ordre d'idées, qu'ils soient juges, administrateurs civils, commissaires aux enquêtes économiques où inspecteur des impôts ou des Douanes, ces hauts fonctionnaires ont réussi à se hisser au sommet de la pyramide et avec beaucoup de mérite. Car n'oublions pas que l'ENA a permis à plusieurs Sénégalais de classe moyenne de se réaliser socialement grâce à l'excellence de leurs parcours. En ce sens, l'ENA a permis une égalité des chances au niveau de la haute administration. Mais force est de dire aussi que les hauts fonctionnaires essuient beaucoup de critiques. À tort ou à raison, ils sont critiqués pour leurs niveaux de vie qui frisent pas l'abondance. Certains ne peuvent pas comprendre que des fonctionnaires soient millionnaires ou milliardaires. Cette problématique est mise souvent au goût du jour. Et alimentera forcément la prochaine élection présidentielle. En outre, la politisation de la haute administration est-elle une bonne ou mauvaise nouvelle pour le fonctionnement du pays ? Est-ce que cette politisation ne détourne pas les hauts fonctionnaires de leur mission première qui est de servir l'État dans sa plénitude. Ces questions seront disséquées certainement dans les semaines à venir.
L’UNITÉ OU LE DÉLUGE
Le chef du gouvernement dont la candidature ne fait pas l’unanimité au sein surtout de l’Alliance pour la République aura ainsi la lourde tâche de remobiliser les troupes s’il espère devenir le prochain président du Sénégal
Soutenu et adoubé par le Président Macky Sall qui l’a désigné pour porter les couleurs du pouvoir à la prochaine élection présidentielle, le Premier ministre Amadou Ba a tout pour remporter les joutes électorales. Mais force est de constater que dans la mouvance présidentielle, « l’ennemi » est de l’intérieur, puisque presque dans toutes les localités où Benno Bokk Yaakaar (BBY) a perdu une élection, ce sont les responsables de la coalition au pouvoir qui y ont joué un grand rôle à cause de guerres de positionnement et de problèmes crypto-personnels. Le chef du gouvernement dont la candidature ne fait pas l’unanimité au sein surtout de l’Alliance pour la République (APR) aura ainsi la lourde tâche de remobiliser les troupes s’il espère devenir le cinquième président de la République du Sénégal. La tâche s’annonce difficile, car un combat n’est jamais gagné d’avance.
Après l’euphorie, place à la réalité du terrain. Le Premier ministre Amadou Ba a été désigné comme le candidat du pouvoir pour la prochaine élection présidentielle. Certains sont en train de le féliciter, d’autres rivalisent pour lui faire les yeux doux pour entrer dans ses bonnes grâces. Mais être désigné ne veut pas dire gagner. Le plus difficile reste à faire pour l’ancien ministre des Affaires étrangères quand on sait que partout où Benno Bokk Yaakaar (BBY) a perdu lors d’une élection, ce n’est pas systématiquement du fait de l’opposition mais plutôt de l’attitude de ses propres responsables. A Dakar par exemple, les partisans de l’ancien ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr avaient accusé l’actuel chef du gouvernement d’avoir saboté la campagne de la coalition au pouvoir durant les Locales, avec plusieurs candidatures dont celles de Mame Mbaye Niang et autres. A Tambacounda, les responsables s’accusent. Ce qui les a conduits à un faible score, lors des dernières élections locales et législatives
Donc l’enjeu principal aujourd’hui est de savoir si Amadou Ba va réussir à recoller les morceaux. Déjà, au sein de son parti l’Alliance pour la République (APR), qui est la locomotive de BBY, on n’a pas vu l’enthousiasme des structures. Celles-ci sont restées aphones depuis sa désignation. On n’a entendu ni la COJER, ni le MEER, ni le mouvement des femmes. Non seulement les structures régulières de l’APR sont restées aphones mais les personnes qui les symbolisent n’ont pas encore exprimé leur enthousiasme. Alors, la question qui taraude l’esprit des observateurs de la scène politique est de savoir si l’actuel chef du gouvernement réussira à remobiliser les troupes, ce qui est son plus grand défi.
Une tâche qui s’annonce déjà difficile avec la rébellion d’Abdoulaye Daouda Diallo. Tout le monde sait que même si l’actuel président du Conseil économique social et environnemental (CESE) rentre dans les rangs, il ne se donnera pas à fond pour l’aider parce qu’il n’est pas son candidat. On le lui a imposé. Il en est de même pour Harouna Dia qui, quoique proche du président de la République, est peut-être obligé de suivre la mouvance, mais il n’est pas forcément un homme d’Amadou Ba. Dans sa philosophie, l’actuel Premier ministre n’est pas un membre de l’APR dans les premières heures et il n’est pas un bon exemple, car le fait qu’il traîne la casquette de «fonctionnaire-milliardaire» pose problème pour lui. Si le maire de Kolda Mame Boye Diao est dans la rébellion, Moustapha Diop, Racine Sy et autres ont tous exprimé leur désir de se présenter à la prochaine élection présidentielle, sans compter le cas Aly Ngouille Ndiaye. Donc beaucoup d’autres dans les chaumières ne sont pas forcément en phase avec la décision du président de la République.
L’une des faiblesses d’Amadou Ba également, c’est que pendant tout le temps qu’il est aux affaires, il s’est limité seulement à Dakar. Il ne s’est pas fait de réseaux au niveau national. Dans les régions périphériques, les gens semblent ne pas le connaître très bien. Autrement dit, les responsables de BBY et de l’APR dans les coins les plus reculés du Sénégal disent ne pas le connaître pour la plupart du temps.
SES FORCES
La principale force d’Amadou Ba, en tant que candidat du pouvoir pour la prochaine élection présidentielle, est qu’il est parrainé par le chef de l’Etat Macky Sall et que ce dernier fera tout son possible pour le voir lui succéder après les joutes électorales prévues en février. Le locataire du Palais qui termine visiblement son mandat dans l’optimisme, avec de nombreuses réalisations à son actif grâce au Plan Sénégal Emergent (PSE), sera sans nul doute à ses côtés pour lui permettre de triompher de ses adversaires et d’assurer la continuité de ses réalisations comme il l’a toujours souhaité. Dire que l’actuel Premier ministre a le soutien de Macky Sall signifie aussi qu’il aura derrière lui la coalition Benno Bokk Yaakaar, qui depuis sa création jusqu’à ce jour, n’a jamais perdu une élection. Contrairement au parti au pouvoir où la rébellion est très visible, les alliés de l’APR dans la coalition BBY sont en phase avec le président de la République pour soutenir son candidat.
En sa faveur, les Dakarois peuvent se dire également que c’est la première fois qu’ils ont la chance d’élire un « boy Dakar » à la tête du pays. Puisque depuis son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal n’a connu que des présidents de la République qui viennent de l’intérieur du pays. Léopold Sédar Senghor vient de Joal, Abdou Diouf de Louga, Abdoulaye Wade de Kébémer et Macky Sall est natif de Fatick où il était d’ailleurs élu même maire de la ville. Etant donné que Dakar est presque le tiers de l’électorat, cela peut jouer également en sa faveur.
Sorti de l’École nationale d'administration et de magistrature (Enam, devenu Ena), il pourra bénéficier de l’appui des fonctionnaires, surtout de proches de l’opposant Ousmane Sonko disqualifié pour la prochaine Présidentielle. Ils pourraient voir en Amadou Ba un homme providentiel, pour ses relations personnelles avec le leader de Pastef. Mais aussi, il bénéficie d’une bonne réputation chez ceux qui le connaissent, car on susurre que c’est quelqu’un de très zen et qui ne s’énerve pas très vite.
La force de l’actuel chef du gouvernement relève également de ses milliards qui font fantasmer. Beaucoup disent qu’il est riche comme Crésus. Et comme le roi CFA est là, certains pourraient rejoindre la locomotive pour espérer quelque chose. Son défi donc et celui de la mouvance , c’est l’unité ou le déluge.
SUR 85 000 CONTRIBUABLES EN 2020, SEULS 25 000 PAIENT L'IMPÔT
Au Sénégal, le coût de l'impôt pèse sur les populations. C’est l’avis d’Elimane Pouye, inspecteur des impôts et domaines
Prenant part hier à l’atelier du Forum civil, l’inspecteur des impôts Elimane Pouye est largement revenu sur le système fiscal du Sénégal marqué par 31% de taux d'impôts directs et 69% de taux d'impôts indirects. Il révèle qu’en 2020, le répertoire de la Direction générale des impôts et domaines (DGID) était composé de 85 000 contribuables dont seuls 25 000 paient l'impôt.
Au Sénégal, le coût de l'impôt pèse sur les populations. C’est l’avis d’Elimane Pouye, inspecteur des impôts et domaines. En effet, il révèle que la Direction générale des impôts et domaines (DGID) a annoncé, lors du lancement de son programme Yaatal en mars 2020, que l'administration sénégalaise a dans son répertoire actuel 85 000 contribuables composées de personnes morales et personnes physiques exerçant une activité professionnelle, (particuliers, établissements publics, associations, administrations,) alors que le registre national des entreprises et des associations (NINEA) dénombre plus de 510 000 immatriculations
Et sur ces 85 000 contribuables, seuls 25 000 s’acquittent effectivement d’une contribution. Il informe par ailleurs que les résultats du recensement général des entreprises, effectué en 2016 par l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), fait état de 407 882 unités économiques des secteurs formel et informel disposant d'un local aménagé. Un décompte qui, retient-il, ne tient pas compte de l'activité agricole menée en milieu rural ni des entrepreneurs travaillant dans leur propre domicile. Dans le même temps, selon l'ANSD (Enquête nationale sur l'emploi au Sénégal), 45,7% de la population en âge de travailler avait accès à un emploi durant le dernier trimestre de l'année 2018 et plus de 6 000 000 millions de personnes âgées ont eu un emploi. Dès lors, sur une population fiscale de plus 6 millions de personnes, ne contribuent que 25 000 cotisants effectuant en sus des salariés (environ 300 000 pour le secteur privé et 145 000 pour le secteur public) soumis au régime de la retenue à la source.
Revenant sur les recettes fiscales, il annonce qu’en 2021, l'impôt sur les revenus était de 384,99 milliards contre 61,94 milliards. En 2022, il s’établit à 571,3 milliards contre 68,1 milliards, et 598,5 milliards contre 64,9 milliards en 2023. L'impôt direct qui se fait par prélèvement direct ou par déclaration est à 29%. L'impôt indirect est le coût qui pèse sur les citoyens. Ces impôts ont un effet sur la pauvreté. Cela signifie que notre système fiscal est un système d’intermédiation qui privilégie le capital plus que les personnes physiques et morales.
LES CHEFS D’ENTREPRISE PARTAGENT LEUR JOIE ET LEUR PEINE
La Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) a publié ce mois-ci la note de conjoncture du deuxième trimestre 2023.
La Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) a publié ce mois-ci la note de conjoncture du deuxième trimestre 2023. Dans la partie réservée à l’emploi, les chefs d’entreprise ne cachent pas leur amertume face à un climat des affaires délétère. Pour autant, ils demeurent convaincus que les perspectives économiques sont reluisantes.
L’opinion des chefs d’entreprise compte pour évaluer le climat des affaires dans le pays. C’est pourquoi la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) leur donne la parole dans sa note de conjoncture pour recueillir leur avis en matière d’emploi dans différents secteurs.
Dans le rapport de la DPEE, il est établi que le climat des affaires s’est amélioré, en rythme trimestriel. En effet, note-t-on, l’indicateur synthétique, calculé sur la base des soldes d’opinion, s’est renforcé de 2,6 points et s’est situé au-dessus de sa moyenne de long terme. «Cette situation reflète l’optimisme des prestataires de services et des commerçants enquêtés», lit-on dans le rapport de la DPEE. Qui ajoute que sur un an, l’indicateur du climat des affaires s’est contracté de 2,2 points
Pour autant, il est noté que dans le sous-secteur industrie, les contraintes à l’activité les plus sérieuses sont la concurrence supposée déloyale (31%), l’insuffisance de la demande (29%), l’approvisionnement difficile en matières premières (28%) et le recouvrement de créances (27%). Conséquence, le climat des affaires s’est dégradé de 2,0 points dans le sous-secteur, en rythme trimestriel, du fait du pessimisme des chefs d’entreprise interrogés sur l’évolution des carnets de commande reçus, de la production et des stocks de produits finis
Concernant le sous-secteur des «bâtiments et travaux publics», indique l’enquête de la DPEE, les interrogés ont évoqué comme difficultés, le recouvrement difficile des créances (92%), la fiscalité (68%), la demande (38%), l’accès au foncier (32%), la concurrence (30%), l’accès au crédit(17%), le coût des intrants (15%) et la vétusté des équipements (15%). Ainsi, il est établi que l’indicateur du climat des affaires de ce sous-secteur s’est légèrement réduit de 0,6 point, reflétant l’orientation défavorable des soldes d’opinion sur les commandes privées et publiques (reçues et attendues) et l’activité générale.
Dans les services, les chefs d’entreprise enquêtés ont relevé majoritairement les difficultés de recouvrement des créances (49%), la concurrence jugée déloyale (46%), l’insuffisance de la demande (26%), la fiscalité (18%) et les délestages d’électricité (8%) comme principales contraintes à l’activité. Toutefois, l’enquête renseigne que l’indicateur du climat des affaires s’est consolidé de 5,2 points dans le sous-secteur, en rythme trimestriel, en liaison avec l’optimisme des prestataires de service relatif aux tarifs réellement appliqués, au chiffre d’affaires réalisé et à sa perspective.
Pour ce qui est du commerce, il est relevé que les difficultés citées par les enquêtés ont été le recouvrement des créances (70%), la fiscalité (44%), la concurrence jugée déloyale (43%), l’approvisionnement difficile en marchandises (30%), l’accès au crédit (26%), l’insuffisance de la demande (26%) et les délestages d’électricité (13%). Cependant, l’indicateur du climat des affaires dans ce sous-secteur s’est renforcé de 3,0%, à la faveur de l’optimisme des commerçants sur la variation des soldes d’opinion relatifs aux commandes (reçues et prévus) et aux chiffres d’affaires (réalisés et attendus).
Macky propose le poste de PM à A DD
Après les secousses liées à la désignation d’Amadou Ba candidat de Benno Bokk Yaakaar, le Président Macky Sall est en train de recoller les morceaux pour limiter la casse. D’après des sources de «L’As», le président du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo a déjeuné hier au Palais avec le Président Macky Sall. De sources dignes de foi, de onze heures à la mi-journée, les deux hommes ont taillé bavette. Le chef de l’Etat tente ainsi raisonner son poulain dont la rébellion l’a tout de même surpris. Macky Sall a tout fait pour lui faire comprendre que son choix de cœur est lui qu’en l’espèce, il fallait choisir un candidat plus consensuel. Mais visiblement , le président du Cese n’entend pas gober ces arguments. Pour le convaincre, Macky Sall lui aurait même proposé le poste de Premier ministre. Non seulement, il devait poursuivre et terminer le mandat mais il serait reconduit si Benno gagne la présidentielle. Une proposition poliment déclinée par Abdoulaye Daouda Diallo sous prétexte qu’il va se concerter avec ses proches. Il faut rappeler que depuis samedi, l’ancien ministre de l’Intérieur multiple les rencontres. Il s’est rendu chez Aly Ngouille Ndiaye aurait parlé à Harouna Dia et Boun Abdallah Dionne qui est également amer. Le Président du CESE semble camper sur sa position, à savoir se présenter à la Présidentielle de 2024. Il pourrait donc démissionner bientôt de la présidence du Cese.
Birima Mangara candidat à la Présidentielle
Le très discret ancien ministre du Budget Birima Mangara entend se présenter à la Présidentielle. Pour ainsi se conformer à la loi, l’enfant chéri de Keur Samba Kane a d’abord déposé sa lettre de démission de l’Ige où il était retourné depuis son départ du gouvernement. Généreux, pieux, proche parmi les plus proches de la famille en général de Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, Birima Mangara devrait compter sur ses prières et même son soutien notamment dans le Baol et dans la diaspora. Fonctionnaire émérite, Mangara a gravi tous les échelons au niveau de l’administration qu’il embrassée très jeune comme contrôleur avant de devenir plus tard Inspecteur des impôts et domaines. Admis en même temps au concours d’entrée à la cour des comptes, il a préféré rejoindre l’Ige. C’est là que le chef de l’Etat l’a déniché pour en faire un directeur de cabinet adjoint avant de le bombarder ministre délégué en charge du Budget. Il était d’ailleurs pressenti pour succéder à Amadou Ba avant qu’une cabale n’interrompe son ascension fulgurante et la confiance que lui vouait Macky Sall. Désormais, il renoue les contacts et multiplient les réunions. L’objectif est de triompher le 25 février prochain.
Une coalition pour élire Aly Ngouille
La plateforme dite « coalition de soutien du Djolof au président Aly Ngouille Ndiaye» a réaffirmé sa détermination à porter la candidature du maire de Linguère pour l’élection présidentielle de février 2024. A cet effet, les membres de ladite plateforme s’engagent à travailler d’arrache-pied pour mobiliser les Sénégalais autour de sa candidature. Ils estiment que «Aly Ngouille Ndiaye porte un attachement profond pour le Sénégal, son pays et à son développement économique, sa stabilité et sa cohésion sociale». Pour les membres de la plateforme, le maire de Linguère a toujours affirmé son sens de l’honneur par son respect de la parole donnée et de ses engagements auprès des citoyens de tous bords. Ils soulignent aussi qu’Aly Ngouille Ndiaye a eu à contribuer à travers les différents postes qui lui ont été confiés dans la création d’emplois, l’accompagnement des jeunes et des femmes au Djolof. « Vu la détermination affichée de ses partisans à voir le président Aly Ngouille Ndiaye briguer la magistrature suprême pour servir les Sénégalais et accompagner le pays pour son envol économique, son autosuffisance alimentaire, et une prospérité partagée, et vu l’espoir et l’enthousiasme que cette candidature a suscité au sein des populations du Djolof en particulier et des Sénégalais en général, nous réitérons notre engagement ferme à travailler pour la mobilisation de tous les Sénégalais pour un soutien sans équivoque à Aly Ngouille Ndiaye», déclarent les souteneurs de l’ancien ministre de l’Intérieur.
Le tournoi dédié à Sonko à Mbam interdit
C’est comme s’ils s’étaient passé le mot. Toute initiative des partisans d’Ousmane Sonko est systématiquement interdite par l’administration territoriale. Le sous-préfet de l'arrondissement de Djilor (département de Foundiougne) a pris un arrêté pour interdire le tournoi de football organisé par la zone 10 de la commune de Mbam dénommé «coupe du président Sonko». Il évoque les mêmes motifs : menaces de troubles à l'ordre public
L'activiste Kayzfof placé en garde à vue en France
L'activiste Kayzfof est placé en garde à vue au commissariat du 8e arrondissement de Paris, France. Il est poursuivi pour agression, menaces à l’encontre d’une personne chargée de mission de service public, appel à l'insurrection contre les biens des français, rapporte Ledakarois221. Il avait posté une vidéo sur sa chaîne YouTube où il avait fait une descente à l'Hôtel Sofitel Arc de Triomphe pour, selon lui, s'en prendre au ministre des Transports aériens, Doudou Ka qui y séjournait avec une délégation ministérielle. Suite à une plainte de ce dernier et de l'hôtel, Kayzfof a été convoqué hier à 18h et placé en garde à vue après son audition. Il sera présenté au procureur aujourd’hui.
37 personnes arrêtées par la gendarmerie à Khossanto
La brigade de la gendarmerie de Khossanto (Kédougou, est) a arrêté trente-sept personnes lors des affrontements qui ont éclaté lundi dans cette commune et au village de Mama Khono où plusieurs jeunes protestent contre la modification de l’arrêté du préfet du département de Saraya sur le recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée, a appris l’Aps du maire de Khossanto Mahamady Sissoko. « Les gendarmes continuent d’arrêter les gens jusque chez eux. J’ai demandé à tous de rentrer chez eux. Mais les arrestations continuent. Ce qui n’est pas normal », a indiqué Mahamady Sissoko, maire de la commune de Khossanto qui a perdu son propre frère dans les manifestations violentes notées lundi dans cette localité. Les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestations qui avaient connu un moment de répit ont repris à 20 heures à cause des arrestations, selon le maire de la commune de Khossanto. Mahamady Sissoko a appelé au calme et à la sérénité en demandant à la population de rester chez elle pour éviter les affrontements avec les forces de défense et de sécurité. Plus tôt dans la journée, deux personnes ont été tuées lundi lors de ces manifestations qui ont éclaté dans la commune de Khossanto. Les manifestants ont barré la route reliant Sabodala à Bembou à l’aide de débris de briques, de branches et de troncs d’arbres, bloquant toute circulation dans la zone.
Une pirogue débarque 87 migrants à Tenerife
L’émigration clandestine est loin de connaître une pause. Après le départ massif ce weekend de jeunes des côtes sénégalaises pour rejoindre l’Espagne, une autre pirogue a été secourue hier par la marine espagnole. Elle avait embarqué à bord 87 migrants dont une femme à destination de Tenerife.
Le Premier ministre rend visite aux Lions
Le Premier ministre, ministre des Sports, Amadou BA, a rendu visite hier aux Lions de football en prélude au match amical qui oppose le Sénégal à l’Algérie prévu aujourd’hui au Stade Me Abdoulaye Wade. Amadou Ba a exprimé le soutien du président de la République à la bande à Sadio Mané. Selon Amadou Ba, cette visite permet de constater de visu les conditions de préparation de l’équipe tout en réitérant les encouragements à l’endroit de la bande à Sadio Mané qui aura à cœur de prendre sa revanche sur les Fennecs d’Algérie, vainqueurs de la CAN 2019 aux dépens du Sénégal. Le Premier ministre, ministre des Sports était accompagné du ministre de l’Urbanisme par ailleurs vice-président de la Fédération sénégalaise de Football, Abdoulaye Sow et son collègue de la jeunesse, Pape Malick Ndour.
Les adieux de l’ambassadeur de la Grèce L'ambassadeur de la Grèce à Dakar est en fin de mission au Sénégal. Efthymios-Georges Costopoulos a fait ses adieux au président de la République lors de l’audience que ce dernier lui a accordé. Il a été fait commandeur dans l'ordre national du Lion. Efthymios-Georges Costopoulos a évoqué avec le chef de l'Etat les nombreux défis à relever dans plusieurs domaines, notamment la question du changement climatique.
Faly Seck soutient la candidature d’Amadou Ba
Le candidat de Benno Bokk Yaakaar à la Présidentielle, Amadou BA, peut compter sur le maire de Ross-Béthio. Pour Faly Seck, le président de la coalition Benno Bokk Yaakaar a fait le bon choix. Il s’est réjoui du choix porté sur Amadou Ba par Macky Sall et la majorité présidentielle. A ses yeux, c’est un choix judicieux et cohérent pour poursuivre la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE). Pour la victoire de la mouvance présidentielle, le Directeur de l’Administration générale et de l’Équipement du ministère des Collectivités Territoriales pense que tout le monde doit œuvrer dans ce sens. C’est pourquoi il a demandé à ses militants et ceux du département de Dagana de soutenir la candidature d’Amadou Ba. Il réaffirme son engagement et sa détermination à travailler pour une victoire de la coalition Benno Bokk Yaakaar à l’élection présidentielle.
Le Mner/Podor en phase avec Macky Sall
Le mouvement départemental des enseignants républicains de Podor se dit très satisfait du choix porté sur le Premier ministre Amadou Ba, candidat de la coalition BBY à l’élection présidentielle de 2024. Dans une note parvenue à « L'As », ces enseignants républicains appellent tous les militants à l’unité.
592 personnes consultées et soignées à Dabo
Avec l’appui du député maire Idrissa Baldé, des consultations médicales gratuites ont été organisées à Dabo. Lors de cette journée, plus de cinq cent quatre-vingt-douze personnes ont été consultées et soignées d'après l’infirmier chef de poste de Dabo, Ousseynou Keita. Des techniciens de la santé et une équipe médicale composée d’une trentaine de spécialistes ont été mobilisés pendant les deux jours qu’a duré ce camp. Il s’agit d'une équipe médicale de trente personnes dont des spécialistes en pneumologie, chirurgie générale, diabétologie, médecine générale, ophtalmologie, gynécologie, pédiatrie, urologie, dermatologie. L’infirmier chef de poste de Dabo en a profité pour distribuer des moustiquaires en vue de lutter contre le paludisme qui, souvent, connaît une recrudescence pendant les mois de septembre et d’octobre. Les populations bénéficiaires des consultations médicales gratuites ont salué l’initiative du député-maire de Dabo et demandé la pérennisation de telles actions pour soulager les populations des villages de la localité
Par Aliou SALL
PATHE DIAGNE, LAMANE DE LA PENSEE*
Notre conférence Sargal …. célèbre Pathé Diagne le linguiste. Mais peut-on, pour autant, réduire Pathé Diagne (PD) à un linguiste, si prestigieux que soit le titre ?
Saint-Louis (3 au 5 décembre 2018) : Colloque international sur le thème Globalisation, langues nationales et développement en Afrique.
Notre conférence Sargal …. célèbre Pathé Diagne le linguiste. Choix ne pouvait être plus heureux que celui-là car ses travaux dans cette discipline font autorité. «Familier de la linguistique européenne, du structuralisme saussurien, des travaux de Louis Hjelmslev et de la glossématique de Roman Jakobson et de l’École de Prague »,Pathé a ,dès le début des années 60, participé, par ses travaux aux États-Unis, à l’avènement de la linguistique transformationnelle et générative. Dans la mouvance de l’École de Emon Bach, il a contribué en collaboration avec Joseph Wilkins, aux travaux de linguistique comparative initiés au sein de la West African Linguistic Society et réalisé, au début des années 1960, à l’Université de Carbondale, Illinois, le premier Manuel du Français et le premier Manuel du Wolof, selon la méthode transformationnelle ou générative . Dans la foulée, Pathé Diagne rédigera, en collaboration avec les professeurs Joseph Greenberg et David Dalby, la partie introductive à la linguistique historique, du volume I de l’Histoire Générale de l’Afrique publiée par l’UNESCO. Pathé est, de toute évidence, un linguiste hors pair et le choix fait par l’Institut d’Études Avancées (IEA) de lui rendre hommage est on ne peut plus justifié.
Mais peut-on, pour autant, réduire Pathé Diagne (PD) à un linguiste, si prestigieux que soit le titre ? Assurément non L’homme aurait encore pu être retenu si l’Institut d’Études Avancées (IEA) avait décidé de célébrer un économiste, un philosophe ou un historien des civilisations, voire un exégète du livre Saint des musulmans , Al Quran, qu’il a traduit en wolof.
Car PD est tout cela; il est aussi à l’aise dans la discussion sur les formes pronominales que sur les cycles économiques ; tout aussi capable de disserter de paléontologie génétique et d’archéologie linguistique de l’ère ramakushi il y a 8000 à 10000 ans avant JC que de la restauration de sa ville natale St Louis pour en faire une cité d’avenir, portant au Blues people comme les appelle LeroiJones la même attention que celle qu’il porte à la statuaire olmèque précolombienne. Tout se passe comme s’il avait fait sien le fameux « Homo sum et nil humanum a me alienum est …. »
C’est que « les humanités » n’ont pas de secret pour lui. Par la diversité des champs qu’il explore et la rigueur avec laquelle il les laboure, PD fait penser immédiatement à Cheikh Anta Diop avec qui il a, au demeurant, de nombreuses similarités et affinités sur lesquelles je dirai deux mots.
D’où lui vient cette capacité ? Lorsque je lui pose cette question, et l’interroge sur son itinéraire intellectuel, Pathé me répond que son itinéraire intellectuel est simplement celui d’un homme qui a pu s’offrir le luxe de fréquenter les bibliothèques plus que de raison. Je ne crois pas que ce soit si simple ; quelque chose me suggère qu’il y a là un raccourci trompeur, ou une simplification outrancière.
Aujourd’hui, je voudrais me risquer à donner quelques clés à cette question. Et je voudrais en privilégier trois
Certes, Pathé est curieux intellectuellement mais la curiosité ne suffit pas à expliquer sa richesse et sa densité car, si elle ne s’adosse à rien, la curiosité peut mener au dandysme intellectuel et à l’éclectisme bon enfant, fréquents dans les salons mondains mais tout à fait aux antipodes de la pensée structurée et dense de Pathé .
1) Pathé Diagne est dense parce qu’il est travailleur ou, plus justement, chercheur.
Un chercheur, c’est d’abord quelqu’un qui apprend, s’initie. Pathé n’a pas de mal à le comprendre lui qui , dès le jeune âge, a baigné dans une atmosphère studieuse où l’on enseigne que Ku Jangul doo tari (Qui n’a pas appris, ne peut réciter sa leçon). Cette atmosphère, c’est celle de l’école coranique d’abord qu’il fit chez Youssoupha Sall et qui le marquera profondément ; il aurait pu la faire chez lui ou d’autres oncles car dans la famille de Tafsir Oumar Sall dont il est un descendant direct par sa mère Rokhaya Sall, les érudits étaient nombreux, y compris parmi les femmes dont l’une d’elles, Maam Taam, tenait un daara féminin. Le daara saintlouisien est alors une école de vie, un lieu où l’on se forme à plusieurs disciplines. PD y apprend le Coran mais aussi son intérêt pour la linguistique s’y forme, avec l’apprentissage du wolofal, qu’il maitrisera avant même d’aller à l’école française. Mais le daara est aussi un lieu où l’on se forme à la tolérance, à la solidarité, à l’humilité. Ces qualités, PD les mettra à profit et les affinera au petit lycée de la rue Neuville et plus tard au lycée Faidherbe à St louis, où PD fait partie des plus brillants élèves ;même s’il est déjà contestataire il est connu et reconnu, réputé pour ses capacités intellectuelles. Diagne Pathé, ainsi qu’il est appelé alors, se distingue par son gout pour la littérature française, singulièrement la poésie.
Mais il étonne aussi par son avidité à chercher le savoir hors des sentiers battus qui le conduira à lire, Nations Nègres et Culture en une nuit, alors qu’il n’est qu’en seconde. De St Louis, il rejoindra le lycée Van Vollenhoven à Dakar, autre centre d’excellence, où il s’illustrera également en passant haut la main les deux parties du baccalauréat qui lui ouvrent l’accès à l’enseignement supérieur
Après un passage à l’Université de Dakar sanctionné par deux licences en lettres et en sciences économiques, PD va s’inscrire à la Sorbonne et à l’École Pratique des Hautes Études en Sciences Sociales, deux institutions où officient les grands maitres des sciences sociales de l’époque. Ses professeurs ont pour noms Georges Balandier, Georges Gurvitch, Leroi Gourhan, Gilles Martinet ,G.Manessey, E.Benveniste, L.Homburger, Piveteau, L.V Thomas, R.Aron. Ils font autorité dans les domaines de la sociologie, de l’anthropologie, du comparatisme, de l’égyptologie, de l’archéologie, et de la paléontologie… Il fréquente aussi Sciences Po où officie un certain Raymond Aron. PD s’intéresse davantage à ces disciplines qu’aux sciences économiques dans lesquelles il s’illustrera pourtant en soutenant une thèse sur l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest . Il approfondit sa connaissance des travaux de Cheik Anta Diop dont il deviendra l’ami et à qui il consacrera d’ailleurs un ouvrage :Cheikh Anta Diop et l’Afrique dans l’histoire du monde.
Il s’intéresse à la Harlem Renaissance et sera un des premiers Sénégalais de sa génération à se rendre aux USA et à participer aux combats intellectuels des Afro-Américains avec qui il cheminera à Dakar lors du Festival mondial des arts nègres, en 1966, et à Alger avec le Festival culturel panafricain tenu en 1969
C’est fort ce tout cela que PD va, vers la fin de la décennie 60, s’installer à Dakar pour y poursuivre une carrière de chercheur. Lorsqu’il pose ses pénates à l’Institut Fondamentale de l’Afrique noire (IFAN) de l’Université de Dakar il a déjà commis deux ouvrages devenus des classiques: Une grammaire moderne du wolof –seul avant lui le grammairien Senghor s’était risqué à un tel exercice pour une langue africaine, en l’occurrence le Sereer- et le Pouvoir politique traditionnel en Afrique de l’Ouest alors que nombre de ses professeurs dont Balandier et Martinet l’avaient assuré chacun dans son territoire que ses thèses ne trouveraient pas d’éditeur dans la France bien-pensante.
A l’IFAN, il va poursuivre les travaux de linguistique entamés à Paris .Il le fait avec brio et publie coup sur coup des ouvrages qui feront date : l`Anthologie wolof de la littérature universelle, IFAN, Dakar 1970, l`Anthologie de la littérature wolof, IFAN, Dakar, I971, témoignent de cette intense activité intellectuelle. PD se lance aussi dans la traduction en wolof de classiques de Sophocle, de Tolstoï, de Shakespeare, de Buchner, de Gogol, etc. Plus que jamais il fait sien l’adage « xam sa lakk xamm sa bopp » (si tu connais ta langue, tu connais ton identité).
Sa décontraction le fait remarquer des chercheurs qui, en passant devant son bureau dont la porte est toujours ouverte ,l’entendent chanter, siffloter, commenter un match de football, fredonner des accords de Thelonious Monk ou disserter sur la rencontre entre le Neandertal et l’Homo sapiens avec une égale aisance ne donnant jamais l’impression d’être en peine. PD va être remarqué aussi hors de l’IFAN par des cinéastes comme Ousmane Sembene ou Johnson Traore avec qui il va collaborer sur différents projets . Hors du Sénégal, PD est connu aux USA où il se rend régulièrement à partir de 1967 alors que le Black Power prend son envol en 1972. Il dispense des cours dans plusieurs universités mais surtout il dialogue avec un grand nombre de nationalistes afroaméricains . Molefi Asante, Leroi Jones qui deviendra Amir Baraka, Ron Karenga qui n’est pas encore Maulana,Stokely Carmichael qui s’installera dans la Guinée de Sékou Toure sous le nom de Kwame Toure.
Pourtant travailler à Dakar participait de la gageure . Pouvoir surmonter les conditions de travail difficiles, ne suffisait pas . Il fallait y ajouter une grande dose d’audace. D’autant qu’ à la différence de ces chercheurs qui labourent les terrains bien balisés de leurs thèses Pathé se pose en défricheur, un de ceux qui n’ont de cesse de questionner, voire bousculer les doxa et les idées reçues .Ce trait de caractère, cette indépendance d’esprit lui vaudra d’être combattu par le système mandarinal français qui se déploie à pleines voiles au Sénégal à l’époque avec une université qui est la 17 eme de France et un IFAN qui est encore très largement français. PD sait que les mécanismes coopérationnels de la France gaulliste et ne lui feront pas de cadeau; il a devant lui l’exemple de Cheikh Anta Diop réduit au rang d’ermite dans son laboratoire de carbone avec un salaire de misère de 150 dollars. Mais cette perspective n’effraie pas PD qui du reste affiche un souverain mépris pour les biens matériels . L’historien des civilisations va continuer à s’engager sur un terrain où la controverse est particulièrement vive. Dans le sillage de CAD combattu par l’Université, il défend les thèses de Nations Nègres et culture. Il fera preuve sur ce terrain de la même rigueur que celle qu’il met à défendre les langues africaines. L’ère /aire ramakushi, à laquelle il va consacrer plusieurs ouvrages d’une rare érudition, l’occupe. .Pour autant, l’historien ne se désintéressera pas d’une histoire plus immédiate, en particulier celle des « mésaventures africaines » de la France gaullienne pour reprendre le sous-titre de son ouvrage De la République de Felix Éboué à la Francafrique de Charles de Gaulle.
Pour réaliser ses projets, pour faire triompher son intelligence, et ses intuitions géniales, PD mobilise cette qualité qu’il possède en abondance: son audace. Et un côté rebelle qu’il possédait déjà au lycée Faidherbe et qui lui fit préférer le béret basque aux couvre-chef plus classiques. Et l’audace, Pathé n’en manque point ; qui allait le conduire à affronter l’establishment euro ou sémito-centriste et attraire en justice, en France, un certain Jean Daniel, éditorialiste du Nouvel Observateur qui fut déclaré coupable et condamné. Une audace qui allait le conduire à déconstruire les paradigmes d’un certain Léopold Sedar Senghor devenu le servant de la francophonie après avoir été le chantre de la négritude. Senghor était alors au summum de son imperium politique et intellectuel et résumait sa philosophie d’une maxime : « Sévir sans faiblesse coupable ni cruauté inutile » Telle était sa position face à ses adversaires politiques depuis la mise sur pied du régime présidentiel en 1963 mais aussi face aux intellectuels. Pour le monocrate qu’il était devenu en instaurant un présidentialisme exacerbé en lieu et place d’un régime parlementaire dont il se défit en 1962, le maitre mot était sévir, au risque de susciter une résistance à laquelle PD prit une part active, même si elle est peu connue. Le festival d’ Alger en 1969 marqua le paroxysme de l’ affrontement Diagne-Senghor qui jusqu’alors avait été à fleurets mouchetés.
Senghor n’est pas à Alger mais il y a dépêché deux poids lourds de son gouvernement :Assane Seck et Amadou Makhtar Mbow. Ils seront bien incapables cependant de faire face à la puissance de feu d’un PD d’autant plus à l’aise qu’il ne cherche rien ni dans les cénacles du pouvoir, ni dans les rangs de l’opposition .Senghor réagira avec une sévérité qui frise la cruauté : PD sera renvoyé de l’IFAN. Mais alors qu’ à l’époque coloniale il s’est trouvé un Boissier Palun pour faire plier ou pour contourner une sanction excessive prise contre Pathé par l’administration du lycée Faidherbe, en 1969 il ne se trouve plus personne pour faire entendre raison à un Senghor d’autant plus ferme qu’il voit en PD un exemple qu’il ne faut pas laisser prospérer. PD restera de marbre face à la décision de l’autocrate et continuera son combat sans jamais faire de concessions . Par intégrité intellectuelle autant que politique, il refuse la soumission à un ordre senghorien suranné. Il va quitter l’institution universitaire où il aurait pu faire carrière mais la victoire de Senghor est une victoire à la Pyrrhus car PD aura laissé des traces de son passage avec une production intellectuelle de qualité sous la forme de plusieurs livres et de dizaines d’articles.
L’intégrité de Pathé se double d’une humilité qui est un autre trait majeur. PD n’est pas homme des paillettes ou des ors et dorures. La lumière, il ne la cherche pas ,pas plus qu’il ne tire la couverture à lui. Les rampes des projecteurs, il les abhorre et lorsqu’il ne peut y échapper, il cherche un commensal avec qui les partager ou attribue ses mérites a d’autres. Pathé est un homme généreux.
2) La densité de PD est celle d’un homme généreux :
Cette générosité s’exprime de diverses manières :elle prend d’abord la forme de la solidarité avec les plus vulnérables. Les raisons de son expulsion de Faidherbe sont éclairantes à cet égard. C’est en effet pour ne pas servir de témoin à charge à un professeur français corrige par un élève sénégalais que PD fut l’objet cd représailles. Il préféra prendre quelques libertés avec la vérité plutôt que de dire une vérité qui aurait pu nuire à son camarade.
Cette solidarité avec les plus vulnérables explique sans doute son intérêt pour une certaine approche de l’ histoire : celle qui rétablit la vérité sur ceux-là qu’on tend à oublier, donne voix aux sans -voix, sert ceux-là que le destin semble desservir. Il pense comme Chinua Achebe que les lions ont besoin de leurs historiens. Il rétablit ainsi la vérité sur Jean Bart, qui avait en fait pour nom Jambar Diagne, était lamane maitre de terre. C’est ce trait d’esprit qui explique aussi qu’il se soit intéressé au Faidherbe de 1870 plutôt qu’au Gouverneur de St Louis car le vainqueur des Prussiens dut sa victoire aux soldats originaires des quatre communes, héros pas suffisamment chantés.
Cette générosité prend aussi la forme d’une ouverture d’esprit remarquable. Rien n’en témoigne davantage que la ligne éditoriale de la maison d’ édition qu’il fonda en 1974. Sankore, ainsi qu’il l’appela pour souligner l’ouverture, accueillit tenants et adversaires de l’ethnophilosophie ,marxistes et libéraux, laudateurs et contempteurs de Cheikh Anta Diop. La librairie éponyme amplifiait les controverses fécondes mais surtout les démocratisait car Sankoré qui était central spatialement parlant, était libre d’accès. .Toutes les langues s’y parlaient et toutes les générations y étaient également bienvenues, tout comme les formes d’expression: s’y rencontraient les cinéastes, les peintres et sculpteurs ; les romanciers et les musiciens, les mathématiciens et les chanteurs de khassaides, les juristes et les anarchistes autoproclamées. PD était d’autant plus enclin à débattre que ce n’est pas un homme de chapelle. Il est en fait de ceux qui, en politique comme dans d’autres sphères, ne transigent pas sur la souveraineté du sujet. Souveraineté comprise comme chez Spinoza comme la capacité de dire non.
Cette capacité à dire non Pathé la porte en bandoulière car il est l’héritier d’une tradition communale citoyenne qui s’est forgée au sein d’un Saint Louis comptoir multiracial, multiculturel et multiconfessionnel depuis l’époque du négoce transocéanique alors que les monarchies de droit divin régnaient en Europe et les califats despotiques en Orient. Dans le passage Nehme où se nichait Sankore, non seulement on pouvait dire non mais on était encouragé à le dire. Et ce dans la langue de son choix. Comme s’il se fût agi de mettre en pratique les propos de Serigne Moussa Ka inscrits en épigraphe de son ouvrage sur la littérature wolof selon lesquels « toute langue est belle qui chante chez l’esclave la dignité et chez l’homme célèbre l’intelligence » Et lorsque l’espace ou le temps de la librairie s’avérait contraignant, PD invitait les protagonistes du jour à poursuivre la discussion ailleurs. C ‘était souvent chez lui. L’agora se déplaçait alors de Ponty à Yoff Ranrhar où le cebbu jenn St louisien servi face à l’ Atlantique finissait par avoir raison des ardeurs des uns et des autres ou réussissait le tour de force de mettre d’accord, de réconcilier les protagonistes et devenait ainsi un liant renforcé par la magie du lieu et la majesté d’une Fat Sow, tout à la fois complice intellectuelle de PD, hôtesse prévenante et commensale taquine.
La générosité conduit aussi PD à reconnaître à ses interlocuteurs ou à ses sujets beaucoup plus de qualités qu’euxmêmes ne s’en trouvent ou ne s’en connaissent. C’est ainsi qu’à propos d’un évènement comme Mai 68, PD est un des rares de sa génération à en avoir saisi, à mon sens, l’esprit profond. La lecture qu’il en fait est particulièrement valorisante car là où beaucoup de sa génération ne voient qu’une simple disruption, si ce n’est, pire encore, mimétisme de la part d’étudiants manipulés par des Albo-européens, PD dans sa grande générosité autant que lucidité lit Mai 68 comme une manifestation d’envergure qui se distingue des autres manifestations politiques par la très grande générosité, le désintéressement, le dévouement de la plupart des acteurs de ce mouvement, singulièrement des plus jeunes. Il est, sous ce rapport, «frère d’âme », comme dirait mon neveu David Diop, du situationniste Raoul Vaneighem pour qui la révolution est une offrande à l’amour. C’est encore de générosité que fait preuve Pathé lorsqu’il attribue à ce qu’il appelle l’esprit de Saint Louis ou de Tafsir Omar, son grand-père maternel, des qualités dont je persiste à croire qu’elles lui sont propres..
C’est encore sur le compte de la générosité que s’inscrit son sens aigu de l’amitié. Chez PD générosité rime avec amitié. Une amitié élevée au rang de mystique. PD ne renie aucun de ses amis, même ceux qui ont fait des choix aux antipodes des siens. Tout au plus peut-il s’en éloigner, pour ne pas les gêner, comme ce fut le cas avec Diouf au pouvoir ( Président de la République du Sénégal en 1981 après avoir été Premier Ministre entre 1970 et 1980); mais jamais il ne les fustigera. Sa fidélité en amitié explique aussi qu’il ne se soit jamais joint au chœur des critiques de Présence Africaine bien que la Société Africaine de Culture (SAC) à laquelle il prêta pendant fort longtemps ses lumières ne l’ait pas payé en retour et ait même contribué, par sa tiédeur à faire couler l’Association internationale des arts et cultures (AIFESPAC).
J’en arrive à un autre trait de caractère de PD : c’est l’intégrité. C’est une intégrité morale résultant d’une éducation stricte et quelque peu aristocratique avec ce que cela comporte non de mépris mais de détachement par rapport aux oripeaux des nouveaux riches; mais l’intégrité de PD elle est aussi une intégrité intellectuelle qui pousse à un sacrosaint respect des faits. Cette intégrité, rien n’en témoigne davantage que le portrait qu’il dresse de Félix Éboué en qui il voit « le dépositaire et le légataire d’une tradition communale citoyenne …antérieure aux révolutions républicaines du 18eme siècle… » PD. rétablit la vérité sur Éboué parce qu’il ne supporte pas l’injustice de l’oubli, la falsification de l’Histoire de la Résistance par De Gaulle et ses épigones, « la mémoire absentée ». L’intégrité s’exprime par sa volonté et sa capacité à écouter et à parler, à présenter et à partager. Pathé aime communiquer, mais moins pour rallier quelqu’un à sa cause, recruter des talibés ou des militants que pour inciter au dépassement, faire bouger les lignes et faire voir en chacun ce qu’il a de mieux. Son intégrité conduira PD à toujours dire ses limites pour inviter d’autres à le dépasser; les faiblesses de ses argumentaires, il ne les cachera jamais et s’il y a une chose dont il a pu souffrir ce n’est pas de la contestation de ses idées, révolutionnaires sur bien des points, mais de leur insuffisante contestation, en raison de débats insuffisants auxquels il était pourtant prêt, qu’il voulait même susciter. Loin de vouloir marquer un territoire, qu’il aurait pu considérer comme le sien pour l’avoir débroussaillé, PD invite les autres à y planter leurs pénates s’ils le souhaitent, sans payer un ticket d’entrée. C’est assez rare chez les chercheurs formés à l’esprit de la rivalité féroce, forcené, distincte de l’émulation saine, pour mériter d’être souligné
*A SUIVRE
NOTA : Le décès de Pathé Diagne survenu le 23 Aout 2023 à Dakar a remis à l’ordre du jour tout l’intérêt du texte que Dr Alioune Sall a servi à l’auditoire lors du colloque international sur le thème Globalisation, langues nationales et développement en Afrique – Hommage à deux pionniers de la linguistique africaine : Arame FAL et Pathé Diagne. Sud Quotidien reproduit en deux jets cette conférence magistrale qui a été prononcée dans la foulée du lancement de l’Institut d’Études avancées (IEA) de Saint-Louis en 2018, sous le titre Pathé Diagne, lamane de la pensée, au linguiste, éditeur et économiste qui, depuis de nombreuses années, a vécu dans la pénombre.