Jean-Pierre Corréa est une voix radiophonique unique, mais aussi une plume corrosive. Ses analyses fines sur la vie politique, sociale et culturelle du Sénégal font références. Sa revue de presse était une référence journalistique au début de la RFM. Son credo : le respect de ses lecteurs et auditeurs et ne jamais insulter leurs intelligences. Son choix editorial : toujours préférer être le dernier à dire la vérité...Plutôt que le premier à dire une connerie...et décider lorsque l'on vous montre l'évidence…de regarder ailleurs.
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DIDIER AWADI INTERDIT DANS LES INSTITUTS FRANÇAIS ?
L'artiste sénégalais qui se produisait souvent dans les instituts français d'Afrique, aurait été interdit dans ces lieux, selon l'intéressé
Didier Awadi, qui se produisait souvent dans les instituts français d'Afrique, aurait été interdit dans ces lieux, selon l'intéressé. Il en a expliqué les raisons dans son entretien lundi au micro de RFM matin.
UNE PIROGUE CHAVIRE À SAINT-LOUIS, SIX CORPS SANS VIE REPÊCHÉS
L'embarcation transportait une soixantaine de personnes. Les opérations de sauvetage se poursuivent encore sur le terrain, sous la conduite d’une équipe des sapeurs-pompiers ainsi que des éléments de la Marine nationale
Six corps sans vie ont été repêchés, mercredi, à l’issue du chavirement d’une pirogue, le même jour, aux environs de 5 heures du matin, à hauteur de l’embouchure de Saint-Louis (nord), a appris l’APS de source sécuritaire.
Cette embarcation transportait une soixantaine de personnes, a-t-on précisé de même source.
Les sapeurs-pompiers, alertés, se sont déplacés sur les lieux du drame et ont pu repêcher six corps sans vie dont quatre acheminés à Louga (nord-ouest). Les deux autres ont été déposés à la morgue de l’hôpital régional de Saint-Louis.
Quatre personnes ont survécu à ce drame, indique la même source, selon qui les trois sont internés à la Marine nationale et le quatrième à l’hôpital régional de Saint-Louis.
Les opérations de sauvetage se poursuivent encore sur le terrain, sous la conduite d’une équipe des sapeurs-pompiers ainsi que des éléments de la Marine nationale.
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MILAN KUNDERA DÉCÉDÉ
Le romancier tchèque naturalisé français s’est éteint ce 12 juillet 2023, à l’âge de 94 ans. La parution en 1984 de son livre "L’Insoutenable légèreté de l’être", considéré comme un chef-d'œuvre, l'a fait connaître dans le monde entier
Le romancier tchèque naturalisé français s’est éteint ce 12 juillet 2023, à l’âge de 94 ans. La parution en 1984 de son livre "L’Insoutenable légèreté de l’être", considéré comme un chef-d'œuvre, l'a fait connaître dans le monde entier.
Milan Kundera s’était réfugié en France en 1975 avec son épouse, Vera, fuyant la Tchécoslovaquie communiste.
ABDOU MBOW PUBLIE UN ESSAI POLITIQUE
L’ouvrage intitulé ‘’Itinéraire d’un député au cœur de la République’’ et préfacé par Macky Sall, ‘’apporte quelques éclairages sur une séquence de la vie politique du Sénégal, qui peuvent être utiles à la veille d’enjeux majeurs, avec la présidentielle
Les éditions Cent mille milliards (France) viennent de publier le livre ‘’Itinéraire d’un député au cœur de la République’’, du député sénégalais Abdou Mbow, consacré aux ‘’péripéties de la vie politique sénégalaise depuis 2007’’.
L’ouvrage préfacé par le président de la République, Macky Sall, ‘’apporte quelques éclairages nouveaux sur une séquence de la vie politique du Sénégal, qui peuvent être utiles à la veille d’enjeux majeurs, avec l’élection présidentielle de février 2024’’, explique une note d’information de l’auteur reçue à l’APS.
Le député membre du groupe Benno Bokk Yaakaar aborde dans son livre ‘’les péripéties de la vie politique sénégalaise depuis 2007, avec la création de l’Alliance pour la République (le parti politique du chef de l’État), l’accession de Macky Sall à la magistrature suprême et ses douze années à la tête du pays’’.
‘’Pour les praticiens du droit, comme pour le simple citoyen soucieux de connaître le parlement sénégalais, ce livre est utile et indispensable’’, lit-on dans le document.
Abdou Mbow, journaliste de formation et titulaire d’un diplôme de Sciences Po Paris, selon une copie de la quatrième de couverture du livre, ‘’nous offre, dans un langage simple, franc et direct, un récit passionnant des arcanes du pouvoir législatif’’.
M. Mbow a été élu député en 2012. Réélu en 2017 et en 2022, il est membre de la législature actuelle.
Il a occupé plusieurs postes à responsabilités à l’Assemblée nationale : secrétaire élu, troisième vice-président de l’institution parlementaire et, aujourd’hui, président de sa commission chargée des affaires étrangères.
LA GUERRE DES TRANCHÉES
Même si le PS, l’AFP et la LD ont encore une fois réaffirmé leur fidélité à Benno Bokk Yaakaar, leur base militante exaspérée par la domination de l’APR au sein de la coalition présidentielle réclame un candidat hors de la mouvance ‘’aperiste’’
La non-candidature de Macky Sall semble avoir ouvert la brèche pour les responsables de partis alliés à Benno désireux de s’imposer au sein de la mouvance présidentielle. Même si le PS, l’AFP et la LD ont encore une fois réaffirmé leur fidélité à Benno Bokk Yaakaar, leur base militante exaspérée par la domination de l’APR au sein de la coalition présidentielle réclame un candidat hors de la mouvance ‘’aperiste’’.
La décision de Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat a déclenché un branle-bas de combat dans différents états-majors des partis qui composent Benno Bokk Yaakaar. De partout, les partis comme l’Alliance pour la République (APR), le Parti socialiste (PS) et même le Parti pour l’indépendance et le travail (PIT) se réunissent ou prévoient de se réunir pour discuter de la marche à suivre dans la perspective de la Présidentielle de 2024. La non-candidature de Macky Sall, chef incontesté de la Conférence des leaders de Benno, semble avoir rebattu les cartes.
Les partis alliés qui, pendant 12 ans, ont plié le genou face au diktat des ‘’marron-beige’’, semblent être dans les dispositions d’imposer leurs points de vue en haut lieu au sein de la mouvance présidentielle. Même si la dernière réunion du Secrétariat exécutif national (Sen) du PS n’a pas fait bouger les lignes dans ce sens en réaffirmant son ancrage entier au sein de Benno, une vraie lame de fond traverse la formation de Léopold Sédar Senghor depuis 2018, date de la scission avec les partisans de Khalifa Sall. À cette époque, le parti dirigé par feu Ousmane Tanor Dieng avait exclu 65 militants, dont l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, Barthélemy Dias et Aïssata Tall Sall. Ces anciens leaders du PS réclamaient un candidat socialiste pour la Présidentielle de 2019.
Le PS face à la tentation Khalifa Sall
Le Parti socialiste est désormais à la croisée des chemins, après une décennie de compagnonnage avec l’APR au sein de Benno. Les scissions de Taxawu Dakar de Khalifa Sall, de Jeunesse pour la démocratie et le socialisme (JDS) de Babacar Diop, actuel maire de Thiès, et d’Aissata Tall Sall (Osez l’Avenir) ont fragilisé les verts. Nul doute que les sirènes des retrouvailles avec Taxawu Sénégal requinqué par un retour au-devant de la scène de son leader Khalifa Sall risquent de sonner à nouveau à Colobane, si le Parti socialiste décide de se ranger derrière un candidat de l’APR. La base militante du PS ne supportant plus l’appétit vorace des responsables ‘’apéristes’’ accusés de truster tous les postes et autres nominations au sein des fonctions administratives et lors des investitures. Aminata Mbengue Ndiaye, patronne des socialistes, a été obligée de s’effacer pour laisser la place au maire de Louga Moustapha Diop dans son fief du Ndiambour. Le parti garde toujours une bonne structuration (fédération, sections) et quelques bastions sur la Petite Côte. De quoi susciter quelques ambitions. On prête déjà au maire Alioune Ndoye et au ministre de l’Assainissement Serigne Mbaye Thiam une volonté de se lancer dans la course.
Toutefois, la décision de la direction du parti de donner carte blanche à Aminata Mbengue Ndiaye pour discuter de cette question avec Macky Sall concernant le choix du prochain candidat de Benno à la Présidentielle, pourrait noyauter un probable candidat socialiste.
L’AFP ou le risque du statu quo
Du côté de l’Alliance des forces de progrès (AFP), qui semble être toujours sous la coupe du patriarche Moustapha Niasse, ancien président de l'Assemblée nationale, les choses semblent être dans l’expectative. Si la candidature d’Alioune Sarr avait semblé avoir secoué les progressistes, l’état-major autour du porte-parole Dr Malick Diop a rapidement réaffirmé leur ancrage dans Benno. La présence du “Totem” Moustapha Niasse, dernièrement coordonnateur du Dialogue national, pourrait noyauter toute tentative de révolte au sein des dirigeants du parti. Néanmoins, la base progressiste, soucieuse de peser dans les débats, ne serait pas contre un candidat de l’AFP pour la Présidentielle de 2024 au sein de Benno ou ailleurs.
De ce fait, Alioune Sarr pourrait constituer un appel d’air très puissant chez certains cadres de l’AFP exaspérés par la situation de leur parti à la remorque du parti présidentiel. Ce sentiment de jouer les seconds rôles avait conduit à l’exclusion, en 2015, de l’ex-chef des jeunesses progressistes, Malick Guèye et Cie qui réclamaient la possibilité d’une candidature progressiste pour la Présidentielle de 2017. Cet immobilisme avait poussé au départ de Malick Gakou, ancien n°2 du parti et plusieurs autres cadres comme Mamadou Goumbala qui iront créer le Grand parti. La formation progressiste qui avait prévu d’organiser un congrès pour trouver un successeur au secrétaire général du parti Moustapha Niasse pèche par une absence de véritables fiefs électoraux. Une situation qui pourrait le conduire vers le maintien du statu quo au sein de l’AFP et la réaffirmation de son ancrage à la décision de Macky Sall.
Même son de cloche à la Ligue démocratique (LD). À l’issue de la réunion du Secrétariat permanent du parti le 9 juillet dernier, les responsables du parti ont appelé à des concertations inclusives au sein de Benno Bokk Yaakaar pour désigner un candidat consensuel capable de conduire à une victoire massive en février 2024. ‘’Ce candidat, qu'il soit de l'APR ou d'un autre parti de la coalition, doit être désigné de façon consensuelle. Il doit être en mesure de rassembler toute la coalition. Qu'il soit de l'APR ou d'un autre parti importe peu. L'essentiel, c'est les modalités de sa désignation et son profil qui doivent emporter l'adhésion de toute la coalition ou à tout le moins du plus grand nombre’’, a affirmé Moussa Sarr, porte-parole de la LD.
Macky Sall, le faiseur de rois
À neuf mois de la présidentielle, Macky Sall doit faire un choix cornélien en étant dans l’obligation de proposer un candidat doté d’une importante assise au sein de l’APR et tout en recueillant l’assentiment des partis alliés. Le Secrétariat exécutif national (Sen) de l’APR qui s’est déroulé au palais présidentiel le 5 juillet dernier a donné carte blanche au président Macky Sall pour le choix du candidat de BBY. D’autant plus qu’au regard de la nouvelle configuration politique et des forces qui s’affrontent au sein de Benno, un candidat trop marqué ou estampillé APR risque de soulever l’ire des partis alliés. D’après nos sources, Macky Sall se voit régulièrement avec Moustapha Niasse, ancien président de l'Assemblée nationale. Nos radars du côté de l’avenue Léopold Sédar Senghor indiquent que le chef de l’État fait tout pour brouiller les pistes, les rumeurs sur son successeur font bon train. Si pour l’heure, les noms qui reviennent le plus sont Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Ba ou Abdoulaye Daouda Diallo, des surprises sont possibles. Des profils comme Boun Abdallah Dionne, ex-Premier ministre, Amadou Mame Diop, Président de l'Assemblée nationale et Moustapha Ba le discret argentier de l’État pourraient créer la surprise. Leurs parcours plus technocratiques auraient l’avantage de plaire à certaines parties de BBY désireuses de contester la suprématie ‘’aperiste’’. Pour l’APR, toute dissension au sein de la coalition risque d’entraver un peu plus les chances du camp présidentiel pour succéder à Macky Sall en février prochain. La perspective d’une implosion de Benno suscite la crainte chez ses dirigeants qui doivent aussi affronter d’autres candidats issus ou proches de la mouvance présidentielle comme Idrissa Seck et Arouna Coumba Ndoffène Diouf.
Par Diagne Fodé Roland
LE CAMP PATRIOTIQUE PEUT ET DOIT GAGNER LA SECONDE MI-TEMPS DU LAMB DE LA PRESIDENTIELLE 2024
Chaque camp semble dans l’attente de ce qui va se passer maintenant aprèsl’annonce du retrait forcé de sa troisième candidature illégale par le président Macky Sall
Chaque camp semble dans l’attente de ce qui va se passer maintenant aprèsl’annonce du retrait forcé de sa troisième candidature illégale par le président Macky Sall. Mais en réalité après ce beau score d’un but à zéro au cours de ce match, camp patriotique et camp néocolonialse préparent à la seconde mi-temps qui sera décisive. L’hécatombe provoquée par la répression dictatoriale néocoloniale n’a pas empêché le score victorieux du camp patriotique à la mi-temps : près de 50 assassinats plus les 14 de 2021, les nervis armés qui sévissent aux côtés et avec la police et la gendarmerie, près d’un millier d’arrestations qui continuent, un verdict inique contre notre candidat que l’autocratie a peur d’exécuter, les barricades illégales à son domicile, les incessantes interdictions illégales de manifester, la diversion du « dialogue national » pour diviser l’opposition et rallier une partie au nouveau complot anti-sonko suivie du terrorisme idéologique et médiatique du mensonge d’État sur « l’ennemi intérieur et extérieur » pour dissoudre Pastef-Les Patriotes et exclure de la présidentielle 2024 le capitaine du camp patriotique, etc. Le score victorieux de la première mi-temps montre à souhait l’échec des stratagèmes liberticides fondés initialement sur le double objectif d’imposer la troisième candidature anticonstitutionnelle et d’empêcher la participation du chef de l’opposition à la présidentielle.
Nouvelle stratégie de la dictature présidentielle
En retirant sa candidature hors la loi, la dictature présidentielle s’évertue maintenant en vain à rassembler le camp néocolonial jusque dans les rangs de l’opposition qui se divise en fractions dont les chefs aspirent tous à le remplacer lors de l’élection de février 2024 entre ceux qui rejoignent ouvertement le complot du « toutsauf Sonko » et ceux qui demandent « l’inclusion » de Sonko mais dont la priorité est de faire surtout campagne pour eux-mêmes. Le peuple observe les échauffements de ces candidats remplaçants tout en attendant la prochaine attaque d’État contre son candidat dont tous les sondages disent qu’il l’emporte au premier tour. La partie de « lewoto » actuelle est une préparation de ce qui va arriver. Sachant parfaitement que chaque fois que la dictature néocoloniale a agressé Sonko, le peuple, notamment la jeunesse, lui a spontanément infligé parsa mobilisation combative un recul malheureusement à un coût humain et matériel très élevé. Ce fut le cas en mars 2021 et juin 2023. Ce fut les cas de démonstration de force de l’espérance suscitée par Sonko lors des meetings, méga meetings, des numeku tours gazés par la police/gendarmerie ou agressés par les nervis-marrons du feu, etc. Ce fut le cas lors du rôle de moteur joué par Sonko, sans être candidat, lors de la campagne des législatives 2022.
Les nouveaux stratagèmes mis en place
Dans ces conditions, quels nouveaux stratagèmes sont mis en place par l’autocratie pour gagner la seconde mi-temps ?
- Arrêter Sonko, c’est prendre le risque d’un nouveau procès pour invalider sa condamnation inique pour « corruption de la jeunesse », alors qu’avant leur requalification, ont été rejetées, par le jugement inique, les accusations principales et uniques de « crime de viol et menace de mort ».
- Ne pas l’arrêter, c’est avouer en pratique la thèse du complot et instituer le pourrissement fondé sur l’arbitraire de la prison à domicile et maintenir cela jusqu’au moment des candidatures, lui permettre même éventuellement de déposer avant de faire invalider par le Conseil Constitutionnel celle de Sonko sous le prétexte du verdict inique de « 2 ans ferme ». C’est le scénario qui peut contraindre Sonko à se rendre pour obtenir un nouveau procès.
- Dissoudre Pastef-les patriotes comme « ennemi intérieur et extérieur » en montant un faux dossier de « connivence avec la rébellion casamançaise, de salafisme antirépublicain, d’atteinte au principe constitutionnel de la laïcité » et autres balivernes que ne cessent de répéter, notamment à l’envi nos renégats de l’ex-gauche devenue plus rien.
Pourquoi ces coups fourrés de l’État Macky/APR/BBY doivent échouer ?
Le peuple, notamment la jeunesse, espère par l’élection du candidat du camp patriotique en finir avec sa condamnation à risquer sa vie en traversant le désert ou les mers pour devenir sans papiers dans les pays impérialistes où arrivent les richesses dont le pillage est la principale cause du sous-développement et avec la mafia de la bourgeoisie bureaucratique des vols des deniers publics. Chaque fois que celui qui incarne cette espérance est victime d’attaque, le peuple s’est érigé en bouclier pour dire stop. Tel est le principal atout du camp patriotique. S’ajoute à cette force populaire décisive :
- l’affaiblissement en cours du pouvoir dictatorial du président par sa renonciation forcée : «le chat parti, les souris dansent» ;
- la division qui va aller crescendo dans son parti et dans sa coalition au-delà du facteur d’unité qu’est le « tout sauf Sonko », division qui va se traduire par une multiplicité des candidatures au sein des libéraux de l’APR, de BBY et du PDS sans oublier les sociaux libéraux du PS qui vont se diviser sur la question de rejoindre ou pas Taxaw;
- l’effet « trahison » de la capitulation présidentielle qui va démobiliser les partisans de sa troisième candidature qui se sentent lâchés en plein vol par sa renonciation ;
- la peur de la non garantie dorénavant de l’impunité chez les FDS et même chez les nervis d’exécuter des crimes contre le peuple suite aux déclarations internationales (ONU, etc) et les exigences nationales, africaines et internationales « d’enquêtes impartiales et indépendantes sur les morts, les tortures, les blessés, le complot, les atteintes liberticides, etc » ;
- l’opposition montante au sein de la magistrature entre l’exigence du respect de la séparation des pouvoirs par l’indépendance du judiciaire et la servilité à l’Exécutif,
- les tiraillements à tous les niveaux (administration, police, gendarmerie, armée, médias, intelligentsia, etc) entre respect de l’État de droit et l’État hors la loi diligenté par l’autocratie depuis surtout 2019;
- l’évolution contradictoire émancipatrice du « tout sauf Sonko » jusqu’ici majoritaire au sein des médias entre les réprimés et les complices de l’autocratie néocoloniale ;
- la recherche en cours par les impérialistes d’une alternative à Sonko président 2024 parmi une panoplie de choix présidentiels n’ayant aucune crédibilité aux yeux de l’immense majorité du peuple. Ce que les patriotes, les démocrates et les communistes révolutionnaires qui ont saisi l’enjeu libérateur pour le futur du pays de «l’inclusion» de Sonko doivent éviter et faire :
- le « vertige du succès » dont parlait Staline après une première bataille gagnée qui peut conduire à des excès langagiers outranciers que la dictature Macky/APR/BBY va prétexter pour continuer son arbitraire répressif ;si Sonko montre pour l’essentiel une stature de plus en plus affirmée « d’homme d’Etat », certaines outrances verbales inutiles personnalisées sèment le doute sur la maturité politique voire le jeu trouble de certains dans notre camp patriotique ;
- ne jamais confondre la contradiction et l’adversaire principaux avec les contradictions et rivaux secondaires ;
- l’affaiblissement du F24 et surtout sa division alors que seul le point de sa plateforme sur la candidature illégale a été obtenu et que « l’inclusion de tous les autres candidats », la libération de tous les détenus politiques, la transparence et le contrôle citoyen du fichier électoral, l’organisme ou la personnalité consensuel ne le sont pas, ces points sont à mettre en exergue pour poursuivre la VISIBILITÉ ET LA MOBILISATION DU F24 que l’autocratie par ces interdictions illégales de manifester cherche à museler;
- lier la bataille de principe pour « l’inclusion de tous » sauf Macky à la liberté de tous les prisonniers politiques, la justice pour les victimes de la répression de l’État hors la loi, l’annulation du verdict inique contre Sonko, la levée du blocus sans base légale de son domicile, le fichier électoral et l’organisation impartiale de la présidentielle ;
- rejeter les mots d’ordres aventuriers de « démission de Macky », de « levée des barricades policiers de Keur Gorgui » que les masses, dans leur bon sens, n’ont pas suivi ; - ne pas tomber dans le piège des supputations capitulares sur « le plan B » parce qu’une telle hypothèse n’appartient qu’aux résultats du rapport des forces à un moment donné et qu’à la seule décision de Sonko en raison même de l’agression permanente PERSONNALISÉE ET PERSONNIFIÉE contre notre candidat patriote et de l’impossibilité de tenir actuellement un congrès de PastefLes Patriotes
. La « ligne de masse » militante, c’est-à-dire la liaison permanente entre le militantisme patriotique de terrain avec le peuple est le secret que le pouvoir dictatorial cherche à détruire par les vagues successives d’arrestations pour n’importe quoi alors que tout le monde sait que « toucher à Sonko », c’est amener le peuple, principalement la jeunesse à reprendre la résistance massive dans la rue. Alors l’optimisme de la volonté doit primer sur le pessimisme des actuelles difficultés passagères pour passer du « lewoto » au « gal gal » qui mettra l’autocratie néocoloniale à terre et gagner ainsi la seconde mi-temps vers la fin du lamb de la présidentielle 2024.
«LE TRIBUNAL SOCIAL EST MALHEUREUSEMENT TRES SOURNOIS ET FAIT PLUS DE DEGATS QUE LA GROSSESSE ELLE-MEME»
Les conséquences sur la santé mentale et physique de la jeune maman sont terribles, selon le psychologue Dr Papa Ladjiké Diouf qui s’exprime sur les souffrances endurées.
De jeunes filles se sont aujourd’hui brusquement et violemment conduites dans une vie de détresse, d’angoisse et de charge bien très lourde sur leurs épaules. Les conséquences sur la santé mentale et physique de la jeune maman sont terribles, selon le psychologue Dr Papa Ladjiké Diouf qui s’exprime sur les souffrances endurées. Pour l’enfant, dit-il, l’affectivité maternelle en prend le plus souvent un gros coup.
En général comment se comporte une jeune fille devenue très tôt maman par accident social suite à une grossesse non désirée ?
Quand on parle de grossesse, il y a cette relation de partenariat relationnel entre la mère et le bébé. Qu’elle soit désirée ou pas, il y a toujours des conséquences au niveau psychique de la mère et du bébé. En cas de grossesse non désirée, il y a des répercussions qui peuvent être très négatives au niveau du développement moteur du bébé, et de son évolution comportementale. On dit souvent que cette dépression-là, qui survient avec cette grossesse non-désirée, a des conséquences sur la santé de la maman en général, notamment celles physiques et psychologiques, mais aussi sur celle du bébé au niveau moteur, cognitif... Il y a des spécialistes comme Fiaulde lequel parle de transmission prénatale des mécanismes de détresse psychologique chez le bébé. Le fait que la grossesse soit non désirée, la pression au niveau social et surtout familial, -dès fois on demande à cette jeune fille de choisir entre l’enfant qui va naitre et sa propre famille-, c’est très violent, très brutal. Ce qui amène certaines jeunes mères à aller vers l’avortement qui a des risques, ou le pire qui est l’infanticide. Généralement, il y a toute cette pression sociale autour de la grossesse non désirée. Il arrive dès fois même dans un ménage, que la grossesse soit non désirée. Quand il y a cet élément-là du fait que la grossesse n’est pas désirée, l’affectivité maternelle en prend un gros coup. Ce lien affectif qui devait exister entre le bébé et la mère qui l’a porté devient comme influencé négativement par l’état d’esprit de la mère, sa santé mentale et physique définitivement.
Quelles sont les conséquences de cette expérience douloureuse sur le plan psychologique?
Généralement, il y a comme un niveau de détresse psychologique qui accompagne cette réalité. Un niveau de détresse psychologique qui a des conséquences sur l’enfant. Il y a un gros risque à développer comme une dépression autant pendant la grossesse qu’une dépression post partum. Dès fois même, des idées suicidaires peuvent apparaitre de cette jeune mère. Dans nos communautés, cela va souvent aller jusqu’à l’infanticide ou même certaines que leurs parents, maman, grande sœur ou un parent influent dans la maison accompagnent à faire un avortement. Ce sont des avortements risqués. Mais si l’enfant arrive à naitre, parce que dans le ventre de sa maman, l’enfant, par rapport à ce lien, perçoit les émotions de sa mère. Donc la santé mentale de la mère a un impact sur la santé physique de l’enfant, mais aussi au niveau comportemental. Cette détresse de la mère devient une sorte de détresse auprès du bébé. Et souvent si l’enfant arrive à naitre, il porte cette détresse de la mère. Généralement cet enfant peut être victime de privation d’affection autant de la part de sa propre mère qui l’a mise au monde mais également de l’entourage de cette mère. L’enfant peut être victime de négligence et de mauvais traitement ou d’abandon. Beaucoup d’enfants sont jetés à la rue s’ils n’ont pas eu la chance d’être confiés à une pouponnière. Ce rejet de la famille augmente la détresse et le sentiment de rejet de la mère vis à vis de cet enfant. Si jamais cet enfant grandit dans la famille, généralement, c’est un enfant à qui on va rappeler tout le temps qu’il n’a pas été désiré. En revanche, il y a des familles, -c’est des exceptions-, où quand la vague passe, on se ressaisit et accueille l’enfant, et aussi aider la mère à bien élever son enfant. Mais généralement, c’est l’autre élément de rejet. Ce qui amène cette mère-là à perdre l’estime de soi, la confiance en elle. C’est très fréquent. Une personne qui rentre dans une dépression et qui vit une détresse psychologique énorme.
Dans beaucoup de familles, on a cette pudeur d’aborder les questions de sexualité avec les enfants. Ce manque de dialogue, de communication n’est-il pas un facteur favorisant ?
Par rapport à la réalité de l’éducation à la sexualité, c’est un gros défi à relever. On avait des mécanismes traditionnels comme le fameux «Leul» où la communauté, certains membres de la famille se chargeaient de cette éducation à la sexualité. Que ce soit les hommes ou les femmes. Malheureusement dans beaucoup de communautés, on s’est rendu compte que ces mécanismes ont disparu. Il n’y a rien qui les remplace. Avec ce vide, l’Internet, les réseaux sociaux ont malheureusement occupé ce vide. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes apprennent à travers leurs paires ou la pornographie, Internet... D’où les conséquences énormes au niveau de l’équilibre de leur sexualité et de la façon dont ils vivent et comprennent leur sexualité. Cela a aussi des conséquences énormes. Même pour les adultes qui rentrent en couple, on se rend compte que c’est un gros défi. L’équilibre au niveau de l’intimité du couple est devenu un gros défi. Les gens se cachent derrière des produits pour booster leur partenaire ou se booster eux-mêmes dans leur sexualité. Beaucoup ne connaissent vraiment pas leur corps. C’est difficile quand on ne connait pas son corps d’aller découvrir le corps de l’autre. C’est un enjeu majeur dans beaucoup de couples. Maintenant, en ce qui concerne ces jeunes, on se rend compte que le fait d’être très peu éduqués, très peu sensibilisés à ces questions-là les amène très souvent à être très vulnérables. Surtout quand ils font face à des personnes expérimentées et dès fois même à des prédateurs. Que ce soit au sein ou en dehors de la famille. C’est à partir de ce moment que les risques de grossesse non-désirées vont être présents. Il y a beaucoup de travail à faire sur la sensibilisation et l’éducation à ces questions. Et éviter de faire du déni. Parce qu’il y a beaucoup de dénis sur ces questions dans nos communautés.
Et le regard de la société..?
Quand la grossesse arrive, les conséquences sont là; au niveau à la fois psychique, psychologique, social... Mais la réalité, c’est surtout les conséquences sociales. Le tribunal social est malheureusement très sournois. Mais il fait plus de dégâts. Parce qu’il y a ce rejet. La personne est pointée du doigt comme étant une personne de mœurs légères, une mauvaise personne. Une étiquette qui, malheureusement va suivre cette femme et cet enfant né de cette union. Les hommes, dans nos communautés, très souvent, sont des privilégiés dans ce sens. Il y en a même qui s’en vantent. Moi j’ai vu dernièrement à la télé un homme qui se vantait d’avoir engrossé plusieurs femmes. Où sont tous ces enfants-là. J’ai travaillé en zone sud où il y a beaucoup d’enfants qui ne connaissent pas leurs pères. C’est un gros problème dans nos sociétés. La plupart de ces enfants ne sont pas déclarés. Ils vivent dans un pays. Mais c’est comme s’ils étaient des citoyens entièrement à part. Qui ne sont pas des citoyens à part entière. Je pense qu’il faut s’adresser au niveau juridique, social, dans les familles. Parce qu’un enfant a une mère mais il a aussi un père. Généralement les hommes sont protégés. Et puis, du point de vue même de ce tribunal social, un homme à femmes, on dit qu’il est don juan, qu’il est adulé même des fois. Mais une fille à gars, elle est vue comme une pute. C’est comme des soubassements d’une conscience collective reliée aux rapports de sexe. C’est pour dire que les conséquences sont nombreuses et peuvent être désastreuses. Les prisons pour femmes sont remplies de femmes qui ont commis un infanticide. Mais on traite l’infanticide, c’est comme si on traitait juste la fumée et le feu continue à brûler. C’est-à-dire que les vraies causes au niveau social ne sont pas réellement adressées. Un gros problème au niveau de nos sociétés où l’on veut changer les choses mais on continue à adopter les mêmes comportements. Et on veut des résultats différents. C’est aussi assez complexe. Plus d’éducation, je pense, plus de de sensibilisation, et puis aussi, au niveau juridique, changer certaines législations. Je pense que certaines législations doivent être vraiment changées pour donner plus d’équilibre sur ces questions.
L’IMMATURITE DU BASSIN CHEZ CES MAMANS ADOLESCENTES NE FACILITE PAS PARFOIS UN ACCOUCHEMENT NORMAL
Dr Khalifa Ababacar Guèye du service de gynécologie de l’hôpital de Pikine revient sur les complications et les zones comme Matam, Thiadiaye et Pikine où les cas sont plus fréquents.
Les conséquences gynécologiques des grossesses précoces sont surtout liées à l’immaturité du bassin dont les capacités ne permettent pas un accouchement normal lié à la taille de l’enfant chez les mamans adolescentes. Dr Khalifa Ababacar Guèye du service de gynécologie de l’hôpital de Pikine revient sur les complications et les zones comme Matam, Thiadiaye et Pikine où les cas sont plus fréquents.
Enfants et déjà mères, le gynécologue Dr Khalifa Ababacar Guèye les classent en trois catégories. Ce sont les mamans adolescentes qui ont contracté une grossesse suite à un mariage précoce et ou forcé, celles qui ont eu une grossesse précoce désirée ou non désirée et celles qui ont eu une grossesse précoce suite à un viol. Les complications sont surtout liées à l’immaturité de leurs organes notamment le bassin et le système immunitaire. D’abord pour celles qui ont un mariage précoce et forcé, elles rencontrent une complication du bassin en plus des risques liés à la prééclampsie. Avec sur l’immaturité du bassin, les capacités ne permettent pas un accouchement normal lié à la taille de l’enfant.
Le 2e cas, c’est-à-dire les grossesses non désirées, en plus des complications que rencontre la maman forcée à se marier un peu très tôt, il y a le problème de suivi et de déclaration. Ce qui retarde le suivi et augmente lesrisquessur l’enfant et la mère. Le 3e c’est une grossesse non désirée suite à un viol ou inceste avec un individu parfois non identifié ou identifié mais menaçant parce qu’étant un parent de la victime ou son cousin. Dans ces cas, il y a le plus souvent un lien familial avec la fille. Ou alors un linge sale où acteurs et auteurs préférent le laver en famille. Ce qui présente un cas particulier de l’acceptation de la grossesse et de l’enfant à naitre. Dr Guèye explique. «C’est surtout la pré-éclampsie sévère avec des crises pour les jeunes filles de moins de 25 ans. L’autre problème est lié à l’immaturité de leur bassin qui finit sa maturité à l’âge de 21 ans. Ce type de jeunes filles est plus exposé à la dystocie, à un accouchement difficile et sur qui on applique parfois la ventouse ou la césarienne. Parce que la fille est incapable d’accoucher par voie basse».
La césarienne justement, c’est un point en commun chez les mamans adolescentes. Elle a aussi ses conditions avec un retentissement sur les prochaines grossesses. Pas de grossesse rapprochée. C’est la première règle. «Parce qu’il y a toujours des risques liés à cette pratique. On demande de limiter à 4 ou 5 césariennes même s’il n’y a aucun document scientifique qui atteste qu’on ne doit pas dépasser 4 césariennes», a-t-il indiqué. L’autre type de petites mamans, ce sont celles-là qui ont eu une grossesse précoce hors mariage, désirée ou non désirée. «C’est une grossesse qui souffre d’un retard de suivi parce qu’on ne savait pas que la fille était enceinte. Ce sont en général des grossesses qui apparaissent tardivement. Leurs mamans peuvent être en travail et venir à l’hôpital sans carnet. Parce qu’elles ont camouflé la grossesse avec des habitudes vestimentaires surtout si elles avaient l’habitude de porter des habits amples à moins que la bonne ou son enseignant la soupçonne et s’en ouvre à la famille».
Dr Gueye dit avoir vécu l’expérience. Et c’est surtout, dit-il, «un manque de suivi qui expose la maman adolescente et son enfant. Or, le bilan prénatal est très important pour tenir compte des maladies latentes. Mais si la maman n’a pas respecté cette étape de la grossesse, elle expose l’enfant et on ne pourra pas prendre des mesures préventives». Ici, le géniteur peut refuser. Ce qui, selon le scientifique, peut alourdir les risques. Lesquels sont beaucoup plus complexes quand il s’agit d’une fille violée. «Pour les cas de viol, c’est beaucoup plus compliqué. Parfois on n’a pas les traces de suivi du violeur, si c’est un viol accidentel, si ce n’est pas un cas d’inceste. Dans les cas d’inceste, la jeune fille est sous menace permanente. On a deux cas où on a récupéré les filles. Des cas où le papa est en même temps grand père». Et c’est là où le danger est préoccupant car dépendant du « rétablissement de la maman». Sur ce point, il affirme que «l’enfant peut constituer la mauvaise cicatrice de cette expérience douloureuse». Laquelle influe sur la psychologie de la maman en général, et surtout la maman ado. « Ce sont les psychoses puerpérales. Un trouble grave qui survient le plus souvent dans la semaine qui suit l’accouchement. Une femme qui accouche et qui subitement devient absente. Qui dit que ce n’est pas son enfant. Elle refuse de le mettre au sein. Là, on garde l’enfant le temps d’un traitement. C’est après rétablissement, surtout quand elle même demande son enfant, qu’on le lui donne. Il y a également le «Baby blues» et la dépression post-partum». En faisant ce diagnostic, il souligne que le retentissement psychologique est parfois très difficile à cerner malgré la psychothérapie de soutien. «Les complications psychologiques sont très difficiles à évaluer. Elle peut se dire, cet enfant-là, «je vais le tuer».
Tu auras beau discuter, elle va se vider mais parfois à moitié malgré nos séances de tête à tête avec elle. Surtout quand l’enfant est issu d’un inceste. On a eu un cas où son père est le grand père de sa fille. Pour ce cas, on l’a récupérée et confiée à un couple qui l’a adopté. La fille perd tout contact avec son enfant. Il y a une procédure et des papiers à signer. Il y a un service social de l’hôpital et le ministère de la Santé qui gèrent parfois ces cas. A Liberté 6, il y a également un centre d’accueil coiffé par le ministère en charge de la Famille». Pour l’adoption, il y a des critères. Il faut que le couple ait cette envie d’adopter un enfant, qu’il soit un couple stérile certifié avec un certain niveau de vie. Les grossesses jeunes, on les rencontre plus dans la zone de Matam où en plus de l’immaturité du bassin, il y a l’excision. «A Matam, on avait même commencé une étude sur ces grossesses. Il y a un système de protection des enfants victimes de mariage précoce et forcé. On est allé jusqu’à brandir une injustice pour régler une injustice. On menace les parents en faisant parfois une descente dans la famille avec un policier et un suivi régulier jusqu’à ce que l’enfant atteigne un certain âge». Mais les cultures étant différentes, les grossesses précoces en milieu Hal Pularen sont un peu différentes de celles rencontrées chez les Sérères et en banlieue dakaroise. «C’est différent de ce qu’on rencontre à Thiadiaye où le mariage précoce n’est pas accompagné de l’excision.
A Dakar, comme à Pikine, c’est parfois des cas de grossesses non désirées. C’est lié surtout à la promiscuité, à la forte démographie en banlieue. On rencontre beaucoup de cas ici à Pikine comme partout dans certaines localités en milieu urbain «. Le gynécologue de l’Hopital a ainsi fait état de ces grossesses chez ces trois types de mamans jeunes. Des cas qui font foison et qui malheureusement n’atterrissent pas tous à l’hôpital. Premier signe d’alerte, ce sont surtout la baisse des performances scolaires avec la déconcentration, l’absentéisme, les notes qui dégringolent alertant l’enseignant, quand il s’agit d’une brillante élève. Dans ce cas, l’enseignant essaie de discuter avec elle avant de convoquer les parents qui les accompagnent pour une confirmation ou un suivi médical.
LE DRAME SANS FIN DE JEUNES MAMANS
Un bébé ! C’est neuf mois de grossesse, mais c’est aussi toute une vie de complications, de protection, de prise en charge et d’encadrement pour pouvoir espérer un avenir radieux
Un bébé ! C’est neuf mois de grossesse, mais c’est aussi toute une vie de complications, de protection, de prise en charge et d’encadrement pour pouvoir espérer un avenir radieux. De la grossesse à l’accouchement en passant par l’éducation, il y a à boire, à voir, à entendre, à redresser, à corriger et à faire. Ce qui n’est pas un « jeu » gagné d’avance ! Mais une grande responsabilité sur les épaules de la mère. Une très grande responsabilité même. D’où la maturité, les capacités, l’accompagnement social, psychologique et médical pour mener à bien une grossesse durant ses différentes étapes. Malheureusement, ces conditions essentielles dans la survie de la mère et son enfant connaissent parfois des manquements. Surtout pour les cas de grossesses précoces, ou non désirées et issues parfois de viol ou d’inceste avec surtout les conséquences gynécologiques. La honte, le repli sur soi, le camouflage avec des habits amples, la culpabilité... D’où l’infanticide et l’avortement clandestin qui ont aujourd’hui conduit plusieurs filles en prison. Coup de projecteur sur les dangers des grossesses précoces et l’importance de l’éducation sexuelle au sein de la famille.
GROSSESSES PRECOCES DESIREES OU NON DESIREES : Des «Bébés mamans» temoignent sur leur expérience douloureuse !
Elles sont très jeunes, très jeunes ces filles qui, par la force des choses, sont devenues très tôt mères. Et qui vont aussi devoir éduquer seules un enfant d’un propre père, grand-père, copain, cousin voire un inconnu. Ce qui n’est pas une chose aisée. N’est-il pas un crime de confier une telle tâche à un «bébé»?
En tout cas, ce vieux «kalabanté» de plus de 70 ans n’oubliera jamais ce plaisir charnel devenu subitement une bombe à la fois sociale et judiciaire. Il croupit depuis quelques mois en prison pour avoir engrossé sa propre petite fille. La maman de cette dernière, étant sa fille, était contrainte de quitter le domicile conjugal pour venir s’occuper d’un papa «malade». Un père qui va plutôt dévier sa prise en charge familiale sur sa fille en classe de CM1 à l’élémentaire pour l’avoir trompé avec de petits cadeaux et des pièces de 100 ou 200 francs. A chaque fois qu’elle venait déposer son repas dans sa chambre, il lui donnait de petits cadeaux. La fille aurait fini par trouver du plaisir à ces petits gestes. Le grand père en a profité pour faire des attouchementssur elle avant de passer plus tard à l’acte sexuel suivi de grossesse. C’est un témoignage d’un habitant du quartier où s’est déroulée la scène à Louga. Saphie, elle vient d’avoir ses 18 ans le 30 avril dernier. Elle a grandisans père, ni mère au milieu de ses frères et sœurs. Leurs parents sont décédés suite à un accident de la circulation. Ce qui n’avait pas trop affecté ses études pendant quelques années avant de tomber entre les mains d’un prédateur sexuel sur la route de l’école. Son bourreau qui a presque l’âge de son père l’a laissée aujourd’hui avec un enfant ce qui a occasionné l’arrêt de ses études. Elle vend de la crème glacée. Sa sœur, Khady, pense que la disparition de leurs parents y a joué un rôle. «Si papa et maman étaient là à nos côtés, je parie qu’elle n’allait jamais être mise en grossesse. Ils ne badinaient pas avec notre éducation. C’était presque comme une rigueur militaire», a-t-elle dit
Des histoires, des drames, des trajectoires…
Sadiya, elle aussi, est une autre maman adolescente qui s’est retrouvée dans cette même situation juste après l’obtention de son Brevet de fin d’études moyennes (Bfem). Après l’accouchement, sa douleur est plus que vive et intense. Rejetée par sa famille, elle s’était retrouvée toute seule avec un nouveau-né dans les bras. «Heureusement, j’ai été accueillie par cette femme qui m’a accepté comme femme de ménage. Elle travaille. Mais comme son mari est à l’extérieur, Alhamdoul’Allah, la charge du travail n’est pas trop lourde. En plus, elle adore le bébé. C’est comme si c’est son propre fils. Elle n’a pas eu d’enfant. Cela a peut-être joué, mais elle fait toute sa joie. Partout où elle part, si elle n’est pas au boulot, elle prend l’enfant avec elle», a-t-elle témoigné à l’endroit de cette bonne volonté qui l’a hébergée chez elle.
Elle est plus chanceuse que Ndèye, 19 ans, dont la vie est une succession d’échecs. Elle n’a pas su résister aux mains tendues en subissant abus sur abus. Fragile et instable, elle peine à s’occuper de son bébé à plein temps. Elle vit chez sa grandmère, très âgée. «Quand tu n’as pas quelqu’un pour t’encadrer, c’est dur», a-telle dit parlant de sa peine face à un «père» démissionnaire. Safi ne peut plus continuer à compter sur lui malgré son parcours scolaire interrompu. Des regrets, elle en a accumulés en pagaille. Surtout l’épisode des crises chez sa fille qui tombe souvent malade. Elle a vu son adolescence contrariée. La prise en charge d’un bébé maladif, dit-elle, «c’est une grande souffrance»! Son calvaire ne s’est pas arrêté après l’accouchement. Il s’amplifie même. Mais elle essaie tout de même de supporter la charge. Pour la nourriture, la petite maman fait du porte à porte. «Je squatte aussi les marchés et portait les bagages pour certaines dames venues s’approvisionner. On me donne 100 ou 200 francs. Il arrive dès fois que je tombe sur une bonne dame qui m’offre 500 ou 1000 francs». C’est avec surtout ce «petit boulot» qu’elle arrive à prendre soin de son enfant à côté de sa grand-mère.
A quelques petites minutes de chez Ndèye, Sali est une jeune mère qui vit la même situation difficile, même si c’est pour une raison différente. Plus connu sous le nom de «Maman», il y a un peu plus de 5 ans, l’adolescente expérimentait une toute nouvelle vie. Une vie de maman quand elle portait une grossesse à l’âge de 17 ans. Elle a terminé celle-ci dans le domicile familial, mais presque isolée. «Pendant mes trois derniers mois de grossesse, mon père m’a tourné le dos, ma maman aussi m’abreuvait d’injures. Je ne faisais que pleurer. Mais Dieu merci, j’ai eu une fille», a-t-elle narré. Elle qui dit porter sa fille dans son cœur. «C’est ma raison de vivre, sinon....»? Sinon quoi? Une question à laquelle elle refuse de répondre. Tout ce qu’elle souhaite aujourd’hui, c’est que son père redevienne comme avant. Il dit qu’elle ne me compte plus comme membre de la famille. Il refuse en quelque sorte d’accepter cet accident, cette expérience pourtant très douloureuse». Elle souhaite donc le pardon de son père très en colère contre elle. Un papa qui l’a rejetée dès l’annonce de la nouvelle. Tout parent souhaite le bonheur de ses enfants, sa réussite, son bien-être et son épanouissement. Une fille qui grandit, qui fonde un foyer et fait des enfants dans un couple, c’est aussi un autre souhait de tout parent. Si ce n’est pas le cas, cela fait mal, et provoque parfois le rejet de l’autre. Il arrive que les parents rejettent leurs filles enceintes. Des filles qu’on renie pour des «erreurs» de jeunesse.
Dans le cas de Mariama Faty, il n’y a pas eu de rejet, mais cela a fait naitre un sentiment d’échec. «Elle ne va plus à l’école. C’est un échec. Mais on a supporté. Cela n’a jamais été une situation rêvée. Les vœux des parents, c’est d’avoir une enfant qui va à l’école, qui réussit et qui a un bon avenir. Je ne suis pas cadre ni fonctionnaire. On avait fondé beaucoup d’espoirs sur elle. Malheureusement, je me suis retrouvée dans une situation que je n’ai jamais voulue. Je me disais que si elle a au moins le bac, un jour ou un autre, elle allait avoir une situation voulue. Mais en classe de troisième, la grossesse est survenue. Le bourreau, au début, il se présentait comme un père modèle. Il avait même promis le mariage.
Mais quelque temps après, ils’est évaporé. En tout cas, on n’a plus de ses nouvelles». Il serait en prison, selon la maman ado qui, avec ses parents,se chargent, de l’éducation de l’enfant. Un enfant de 5 ans qui demande souvent après son père qui, à sa naissance, se pointait à chaque occasion. En tout cas, cette vie, ses parents ne l’ont jamais rêvée. Cette déception! Mais mettre sa fille dans la rue avec son enfant n’a jamais été une bonne option pour lui. Un petit fils qu’il aime tant et qu’il entend assurer une inscription à l’école dès l’année prochaine. Il souligne que, «le jour où la famille de l’enfant prendra la décision de continuer sa scolarité et sa prise en charge, tant mieux. Sinon, on va se débrouiller jusqu’à la mesure du possible». Après 30 ans passés, Mégou ressent encore un sentiment de culpabilité. Elle avait contracté une grossesse alors qu’elle était encore adolescente. A 48 ans, elle s’en souvient avec des regrets comme si c’était aujourd’hui.
Sentiment de culpabilité, regrets
Alors qu’elle est devenue maman poule en charge de l’alimentation, du logement et de la scolarité de ses 5 enfants. Elle revient sur ces moments difficiles. L’enfant hors mariage est aujourd’hui cadre dans une société de la place. Il s’est même mis la corde au cou, il y a deux mois. «J’étais en relation avec un jeune homme comme moi quand j’étais jeune fille. On s’est retrouvé dans cette situation. Mais le problème c’était comment l’annoncer aux parents? C’était très difficile. J’ai finalement décidé de me taire et de les laisser constater. Maman, comme d’habitude, a été la première à porter des soupçons. Elle a essayé un tête-à-tête avec moi. Je lui ai dit et elle a affiché son mécontentement. C’est après qu’elle a informé mon papa que les choses ont tourné mal. Il m’a rejeté et m’ordonnant de quitter sa maison. C’est là où je suis allée me refugier auprès de ma grande sœur avec l’aval de son mari qui vivait en France». Comme si elle était en train de revivre la même situation, il y a 30 ans, elle parle à voix saccadée. Pour une grossesse accidentelle, tous ses rêves ont été mis en veilleuse. Sans sous, elle se retrouve dépendante des autres. Un sentiment de culpabilité l’anime depuis maintenant 30 ans.