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9 juin 2025
500 JEUNES SENEGALAIS BENEFICIERONT DU PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT DURABLE DE BOEING
L’ONG JA Africa et Boeing ont procédé, mardi, au lancement d’un programme de développement durable au Sénégal, dont l’objectif est d’encourager l’innovation, l’entrepreneuriat et l’autonomisation économique des jeunes sénégalais
Dakar, 11 juil (APS) – L’ONG JA Africa et Boeing ont procédé, mardi, au lancement d’un programme de développement durable au Sénégal, dont l’objectif est d’encourager l’innovation, l’entrepreneuriat et l’autonomisation économique des jeunes sénégalais, a t-on appris auprès des initiateurs.
Le programme de développement durable de Boeing au Sénégal s’étendra sur deux ans et se déroulera en trois étapes, en commençant par des camps d’innovation.
Dans un document, les initiateurs expliquent que les participants auront ensuite la possibilité de s’inscrire au programme d’éducation à l’entrepreneuriat numérique de Junior achievement (JA DEEP), afin d’améliorer leurs compétences entrepreneuriales et leur état d’esprit.
Le programme s’achèvera par un concours de présentation d’entreprise, au cours duquel les participants pourront montrer notamment leur potentiel.
»Grâce à ce programme de Boeing, nous allons autonomiser 500 jeunes sénégalais âgés de 15 à 25 ans en vue de leur permettra de trouver des solutions aux problèmes climatiques’’, a indiqué la directrice générale de Junior Achievements Africa (JA Africa), Simi Nwogugu.
Selon Mme Nwogugu, qui intervenait lors d’un webinaire marquant le lancement officiel du programme, le problème climatique a un impact négatif sur plusieurs pays, notamment le Sénégal. Plus qu’une formation, ce programme pourrait être un ‘’catalyseur de changement’’ pour le pays, a t-elle estimé.
‘’On croit fermement que cela va donner aux jeunes les compétences nécessaires pour faire face aux défis d’aujourd’hui et construire un meilleur avenir’’, a-t-elle laissé entendre, tout en insistant sur le fait que l’entreprenariat demeure un outil puissant de transformation positive.
Elle a souligné que grâce à l’entreprenariat, il sera possible de stimuler la croissance économique et créer des emplois. ‘’Et en intégrant cet esprit dans les jeunes, le pays va donner une priorité aux populations et à la planète’’, a-t-elle ajouté.
‘’Grâce à notre partenariat avec Boeing, nous allons donner à ces jeunes, le soutien nécessaire pour développer des solutions commerciales innovantes et durables. En exploitant leur créativité et leur passion, nous pouvons impacter les communautés, les industries et finalement notre planète’’, a-t-elle fait valoir.
Pour le président de Boeing pour l’Afrique de l’Ouest et Orientale, Kuljit Ghata-Aura, ce programme va jouer un rôle central non seulement dans l’éducation et l’autonomisation des jeunes, mais aussi dans »la promotion du développement durable et le changement positif ».
‘’Il va inspirer la prochaine génération et donner une plateforme d’apprentissage du numérique. La durabilité est non seulement cruciale pour notre planète, mais raisonne également dans le millénium’’, a-t-il avancé.
Il a noté que ce programme comble le fossé entre la passion des jeunes pour la protection de la planète et les compétences pratiques requises dans des solutions fonctionnelles aux défis du monde.
‘’Nous adoptons une approche multiforme pour lutter contre le changement climatique et espérons que les jeunes envisageront une contribution à notre parcours de développement durable basé sur la collaboration’’, a-t-il poursuivi.
»C’est un programme important pouvant aider les jeunes à trouver des solutions durables pour lutter contre le changement climatique’’, a quant à elle salué la cheffe de mission adjointe par intérim de l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal, Sophia O’Donnell, se félicitant du travail du ministre de la Jeunesse dans la recherche de solutions aux problème des jeunes.
YACINE FALL, LA CONSÉCRATION DE LA PETITE GÉNIE DE NDANDE
Désignée meilleure élève du Sénégal au Bfem, en 2020, cette pensionnaire du lycée de Ndande a élevé la barre plus haut avec une mention très bien au baccalauréat 2023 (17,96/20)
Yacine Fall, 20 ans, continue de faire parler d’elle. Désignée meilleure élève du Sénégal au Bfem, en 2020, cette pensionnaire du lycée de Ndande a élevé la barre plus haut avec une mention très bien au baccalauréat 2023 (17,96/20). Lesoleil.sn est allé à la rencontre de ce petit génie.
Dans son quartier Darou Diène sis au cœur de Ndande, Yacine Fall est visiblement devenue une star. Malgré une forte canicule qui sévit dans cette partie du Cayor, en ce lundi 10 juillet, adultes, enfants et plus petits, tous sont fiers de nous orienter vers sa maison familiale.
« Yacine habite là-bas », « Oui c’est elle la meilleure élève », « Allez tout droit », « C’est le bâtiment de couleur blanche juste au fond »…Ici, tout le monde connaît ce « petit génie », comme l’appelle affectueusement Abou Latif Diène, son ancien camarade de classe.
Ses performances au baccalauréat 2023, détaillées dans son relevé de notes, font le tour de la toile. Avec une mention très bien en Série S2, cette pensionnaire du lycée de Ndande, dans le département de Kébémer, a tout simplement confirmé. En effet, pour cette année, elle a obtenu une moyenne de 17,65/20 au premier semestre et 18,13/20 au second.
Mais dans cet exploit, Yacine Fall n’y trouve rien d’exceptionnel. « C’est naturel », insiste-t-elle, visiblement très avare en parole.
Durant son cursus scolaire, Yacine s’est fixée des objectifs qu’elle a, aujourd’hui, atteints. « J’ai la sensation que j’ai fait ce que je devais faire », murmure-t-elle, entourée de ses deux parents et de son petit frère.
Son secret ? Le travail. « Je ne me fixe pas de limites, j’ai toujours persévéré », lâche la fille, élancée et de teint clair.
Yacine ne détient pas de téléphone. Mais selon elle, la raison est toute simple : « Je ne veux pas être distraite ».
Yacine n’a jamais eu une moyenne en dessous de 17/20 !
Bien qu’étant en Série scientifique, la meilleure élève du Sénégal lors du Bfem 2020 n’a jamais pour autant sous-estimé les matières littéraires. Ses notes (16/20 en Français, 18/20 en philosophie et en Anglais) lors du baccalauréat le prouvent amplement.
« Faire focus sur les matières scientifiques ? Cela m’aurait empêché de travailler sur les autres matières et moi, je me suis toujours dit que je pouvais trouver mon avenir dans n’importe quelle filière », confie-t-elle à lesoleil.sn, rappelant que « toutes les matières sont liées ».
Issue d’une famille modeste, la nouvelle bachelière dit « réfléchir » sur son avenir parce que, souligne-t-elle, « durant toute l’année scolaire, je m’étais concentrée sur le baccalauréat », même si elle admet qu’au Collège, elle rêvait devenir policière, médecine puis écrivaine.
Proviseur du lycée de Ndande, Kady Diédhiou fait remarquer que son établissement a toujours été un lycée d’excellence. Il compte plus de 1700 élèves et polarise environ 46 villages.
« Cette année-ci, c’est peut-être la confirmation », dit-elle, le sourire aux lèvres. Elle informe que la moyenne au premier tour du bac tourne autour de 60%, avec 18 mentions déjà au tableau.
Mais pour le cas de Yacine Fall, elle parle de « consécration » d’un travail acharné.
« Elle est un pur produit de Ndande qui a fait toutes ses études dans la localité. Mais, le plus impressionnant, c’est qu’elle n’a jamais eu une moyenne annuelle en-dessous de 17 », ajoute Mme Diédhiou, qui vient d’écouler trois années à la tête ce lycée.
Elle dépeint son élève comme étant timide, effacée et très disciplinée. « C’est un grand plaisir que nous avons eu, à travers ma personne, toute l’équipe pédagogique, d’avoir encadré une élève aussi brillante que Yacine », ajoute la professeure d’Education physique et sportive (Eps) de formation. Elle plaide auprès des autorités étatiques un accompagnement qu’il faut pour sa « fille » Yacine Fall dans ses études supérieures « afin de réaliser ses rêves ».
BRAS DE FER SUR LES COURS EN LIGNE À L'UCAD
Une partie des étudiants dit non aux cours en ligne, qui nuirait, selon eux, à l’égalité des chances
À Dakar, l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) a basculé sur l’enseignement en ligne à la mi-juin pour ses 90 000 étudiants. Cette décision fait suite aux violents affrontements à la suite de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko. Une partie des étudiants dit non aux cours en ligne, qui nuirait, selon eux, à l’égalité des chances.
Les allées de l’UCAD sont désertes, quelques rares voitures traversent le campus. Les étudiants, eux, ont dû quitter les lieux après les évènements du 1er juin.
Les cours en présentiel ne reprendront pas avant octobre ou novembre et les amicales d’étudiants sont vent debout contre la décision de passer à l’enseignement en ligne.
« Le Sénégal ne s’est pas encore préparé à faire des cours en ligne, s'insurge Modou Diagne, président de l’amicale des étudiants de Sciences juridiques et politiques. Matériellement et techniquement, c’est impossible. Il y a des étudiants qui habitent au fin fond du pays et qui ne parviennent pas à se connecter. »
COUPE DU MONDE 2026, LE TIRAGE AU SORT DES ELIMINATOIRES AFRICAINES PREVU, JEUDI
Le tirage au sort des éliminatoires africaines de la Coupe du monde de football masculine 2026, aura lieu, jeudi, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, à 15h GMT, a annoncé la Confédération africaine (CAF), dans un communiqué publié, mardi.
Dakar, 11 juil (APS) – Le tirage au sort des éliminatoires africaines de la Coupe du monde de football masculine 2026, aura lieu, jeudi, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, à 15h GMT, a annoncé la Confédération africaine (CAF), dans un communiqué publié, mardi.
Cette 23e édition de la Coupe du monde est co-organisé par les Etats-Unis, le Canada et le Mexique du 11 juin au 19 juillet 2026.
Selon le communiqué, ‘’le tirage au sort sera effectué en direct sur les plateformes numériques de la CAF, ainsi que sur son site internet à 15h00 GMT, juste après la fin de la 45e Assemblée ordinaire de la CAF qui se tiendra également à Abidjan.’’
La prochaine édition du mondial verra la participation, pour la première fois, de 48 équipes au lieu des 32 habituelles. L’Afrique aura droit à neuf représentants qualifiés directement.
Les équipes qui prendront part aux éliminatoires seront réparties en neuf poules. Les vainqueurs de chaque groupe seront automatiquement qualifiés pour la Coupe du monde de la FIFA 2026.
Les quatre meilleurs deuxièmes des poules joueront dans un tournoi de barrage de la CAF. Le vainqueur de ce tournoi participera à un deuxième et dernier barrage de la FIFA auxquels prendront part cinq autres équipes. Les deux premiers se qualifieront pour la Coupe du monde, précise le communiqué de la CAF.
Cinq pays ont représenté l’Afrique lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Il s’agit du Cameroun, du Ghana, du Maroc, du Sénégal, et de la Tunisie.
UN MAL A COMBATTRE
La lutte contre la corruption est une affaire tous, a rappelé, mardi, le président de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), invitant les Sénégalais à s’approprier le travail de l’institution.
Dakar, 11 juillet (APS) – La lutte contre la corruption est une affaire tous, a rappelé, mardi, le président de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), invitant les Sénégalais à s’approprier le travail de l’institution.
‘’Tous les Sénégalais doivent s’approprier le travail de l’OFNAC pour qu’ensemble, nous luttons parce qu’il n’y a pas de politique de lutte contre la corruption sans tout le monde, notamment les médias et les organisations de la société civile’’, a dit le magistrat Serigne Bassirou Guèye, ajoutant que »l’OFNAC ne doit pas être une affaire d’intellectuels ou de certains cercles’’.
Serigne Bassirou Guèye s’exprimait lors de la commémoration de la septième édition de la Convention africaine de lutte contre la corruption (CUAPLC) placée sous le thème : ‘’La convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, 20 ans après : défis et perspectives’’.
L’Union africaine a adopté à Maputo (Mozambique), le 11 juillet 2003, cette convention ratifiée à ce jour, par 47 Etats membres de l’UA dont le Sénégal, le 15 février 2007.
Pour le président de l’OFNAC, la lutte contre la corruption ne doit pas être une affaire d’élite.
Il a aussi rappelé le rôle de la prévention dans la lutte contre le fléau.
»Le premier pilier doit être la prévention qui englobe l’éducation contre la corruption. Une éducation dans le sens de faire détester à tout le monde la corruption. Une éducation qui tend à faire en sorte que partout au Sénégal, on trouve un message ou un comportement qui puisse vous rappeler que la corruption est un fléau dont il faut unir les efforts pour combattre’’, a dit M. Guèye.
Il a révélé que le Sénégal travaille actuellement sur une étude sur ‘’le coût et la perception de la corruption’’.
‘’Il y a une étude qui est en train d’être faite par un cabinet et qui va clairement dire le coût de la corruption au Sénégal. Elle sera bientôt finalisée et les résultats seront portés à votre attention’’, a-t-il promis.
Serigne Bassirou Guèye a salué les efforts du Sénégal dans la lutte contre la corruption. ‘’Nous avons fait beaucoup d’efforts. C’est pourquoi, nous pouvons dire que 20 ans après nous sommes sur une bonne dynamique’’, a-t-il soutenu.
‘’Aujourd’hui, nous avons une structure bien ancrée ; il suffit juste de la booster un peu’’, a-t-il dit, notant que ‘’l’accent doit être mis sur la prévention’’.
Pour lui, ‘’l’OFNAC doit être au-devant de la scène en ce qui concerne la lutte contre la corruption’’.
Il dit avoir trouvé ‘’une structure solidement implantée avec des départements très adaptés de prévention, d’investigations et de déclaration de patrimoine’’.
‘’Deux ans après sa création, l’OFNAC s’est vu conférer la compétence exclusive en matière de réception, de contrôle et de conservation des déclarations de patrimoine’’, vante-t-il.
A cela, s’ajoute, selon lui, la création intervenue en 2021 de l’Office national de recouvrement des avoirs criminels (ONRAC). Selon lui, cette structure a déjà entrepris deux activités concluantes de ventes aux enchères de produits confisqués.
M. Guèye a déclaré que ‘’le Sénégal célèbre cette journée depuis plusieurs années pour marquer son adhésion’’ à la lutte contre la corruption. ‘’Le Sénégal fait partie des premiers pays à ratifier et à appliquer ces conventions’’, a-t-il soutenu.
Au nom du Secrétaire général de la présidence de la République, Ousmane Khouma, conseiller juridique du chef de l’Etat, a déclaré que ‘’l’organisation de cette journée africaine de lutte contre la corruption témoigne de la réalité de la prise en compte de cette question cruciale par le gouvernement de la République’’.
‘’Nous nous réjouissons particulièrement de cette célébration conjointe OFNAC-CESAG’’, a ajouté Ousmane Khouma.
Il a aussi salué le travail accompli par l’OFNAC ‘’dans le cadre de la vulgarisation des différentes conventions visant à lutter contre la corruption’’.
La situation socio-politique que traverse aujourd’hui le pays, tourne autour de la personne de Ousmane Sonko. C’est du moins l’avis du rappeur Dj Awadi, qui pense que le leader du parti Pastef est incontournable dans la recherche de la paix dans le pays. «Si on est dans une dynamique de paix, jusqu’ à régler les deux «K», Khalifa Sall et Karim Wade, on est en mesure, dans le même ordre d’idées, de cogiter sur le cas du leader du parti Pastef. Qu’on le veuille ou pas, Ousmane Sonko fait partie du problème, donc il fait partie de la solution, que l’on discute de son cas», a déclaré le lauréat du prix RFI 2003, invité à l’émission Rfm matin.
Pour Awadi, le leader du parti Pastef, qui cristallise les passions, ne peut pas être écarté de la crise politique actuelle dans le pays. «Sonko fait partie du problème, il fait partie de la solution», a martelé Didier Awadi.
Cependant, le rappeur n’a pas manqué de déplorer les nombreuses pertes en vies humaines. «Des personnes, des anonymes qui meurent pour la démocratie sans Justice», a-t-il dit. Avant de réclamer «que justice soit faite». A son avis, il n’y avait pas un cadre de confiance pour que Ousmane Sonko puisse participer au dialogue national. Toutefois, le cofondateur du Positive Black Soul pense qu’il y a des bonnes volontés qui s’activent pour que le pays ne sombre pas dans l’instabilité. C’est dans ce sens qu’il a invité à arrêter de promouvoir la culture de la violence, de la défiance et de promouvoir les échanges.
«Interdit» dans les Instituts français
Par ailleurs, le rappeur a annoncé qu’il lui est interdit de se produire dans les Instituts français. Il se dit accusé de d’avoir des sentiments anti-français.
par Mouhamed Abdallah Ly
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À PROPOS DES MOTS DE LA RÉSISTANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - « Projet bi », « mu sell mi », « focus », « mortal combat », « deuxième vague », « maintien rekk ! »... Analyse de l’inventivité lexicale des jeunes engagés dans la « résistance » prônée par Ousmane Sonko
Si l’on pense comme Bourdieu que parler est un « jeu aux enjeux notoires » (1982) ou encore comme Foucault que les mots font partie de « ce par quoi et pour quoi les acteurs sociaux luttent (1971), sans doute conviendrait-il de s’intéresser à l’inventivité lexicale des jeunes sénégalais engagés dans la « résistance » prônée par le président Ousmane Sonko. Ces jeunes, qu’on le veuille ou non, constituent l’avant-garde des franges de la société qui portent une exigence d’émancipation du Sénégal, vis-à-vis des puissances impérialistes, ainsi qu’une quête radicale de démocratisation et de moralisation de la vie politique. Le rapport de force qui les confronte aux réseaux de pouvoirs institués a un versant lexical.
En effet, les jeunes insurgés opposent, à ceux qui cherchent à pérenniser l’ordre dominant des mots d’ordre, sinon des mots, tandis que leurs antagonistes, forts d’une « idéologie d’aînesse » (Mbembe, 1985), leur jettent à la figure des critiques fondamentalement normatives. Or, cette polarisation ne fait que renforcer le pouvoir d’identification des jeunes à des mots et à des mots d’ordre qui deviennent en quelque sorte l’emblème de leur appartenance à une « communauté de résistance ».
Ainsi, ces mots et expressions font partie de « l’idiome commun » à travers lequel ils échangent, se reconnaissent, s’encouragent, bref s’inscrivent dans une sociabilité langagière des « insurgés ». La notion « d’idiome commun » pourrait être perçue, ici, comme inappropriée car au fond, c’est uniquement à un niveau lexical, et non syntaxique ou phonétique par exemple, que ces jeunes militants se distinguent. Mais il n’en demeure pas moins que leur vocabulaire finit par avoir quelque peu la matérialité d’un « we code » (Gumperz, 1989) à travers lequel ils renforcent leur cohésion tout en se démarquant des « locuteurs-conservateurs » du « système ».
Du point de vue sociolinguistique, ces mots et expressions tels que « projet bi », « mu sell mi », « focus », « mortal combat », « deuxième vague », « maintien rekk ! », etc. sont forgés via les mécanismes de l’emprunt (« focus », « projet »), de l’alternance codique (« maintien rekk »), du jeu avec le langage (« sélection présidentielle » vs « élection présidentielle »), du détournement de mots (« dealogue » pour « dialogue »), de l’extension de sens (« deuxième vague »), etc. A y regarder de près, la fabrique de ces mots et mots d’ordre démarcatifs, et non moins subversifs, ne relève pas du jaillissement de signifiants nouveaux mais repose sur un réordonnancement de signifiants déjà-là. Néanmoins, ce réordonnancement s’opère dans un écart à la langue admise lorsqu’il s’agit du wolof et dans une distanciation par rapport à la norme scolaire lorsqu’il s’agit du français. Passons au crible la dernière trouvaille en vogue : « maintien rekk ! ». Cette expression a conquis depuis quelques semaines une saillance et une récurrence dans les dits et écrits des jeunes résistants. « Maintien rekk » n’est pas né ex nihilo. L’expression a été forgée par des acteurs précis, dans un contexte précis, que l’on peut retracer en lisant le récit qui va suivre.
« C’est en subissant l’épreuve du feu que le fer gagne en éclat »
Bentaleb Sow est un jeune sénégalais membre de Pastef-Les patriotes mais aussi membre de FRAPP, France Dégage ! (voir première photo en illustration)
Son militantisme dans ces deux foyers ardents de la résistance lui ont valu d’avoir eu plusieurs fois maille à partir avec la justice. En août 2017 déjà, il avait été arrêté en compagnie de Kémi Seba, après une plainte de la BCEAO qui leur reprochait d’avoir brûlé un billet de 5000 CFA. Dans le contexte du projet de décapitation de Pastef et de liquidation du président Sonko, Bentaleb Sow ne pouvait que difficilement échapper à la traque qui a envoyé près d’un millier de personnes en prison. Élargi, il y a quelques semaines, après onze journées d’interrogatoires, voici globalement ce qu’il a raconté sur sa page Facebook : « J'ai été kidnappé le 31 mai à 19h par des éléments en civil de la gendarmerie sans qu'aucune infraction ne me soit notifiée. J'ai été entendu devant maître Michel Mahécor Diouf qui lui aussi était étonné que pendant toute l'audition aucune infraction ne m'ait été notifiée. C'était du « je t'arrête et après je cherche quoi te coller ». Et pour ça faut pas compter sur Bentaleb. Ils ont mis sur la table plus d'une vingtaine de captures de mes posts (surtout ceux des évènements de Ziguinchor), sur la cagnotte des veilleurs, sur « l'attaque » des maisons de responsables politiques. Ils m'ont fiché (photos, empreintes et tout le reste) et le jeudi soir, au moment de signer mon pv d'audition, j'ai découvert les charges retenues contre ma petite personne : atteinte à la sûreté de l'État, participation à des attroupements. J'ai été déféré au parquet le vendredi et voilà le début du processus visant à casser mon moral. 11 nuits de privation de liberté, enfermé entre 4 murs et 6 retours de parquets, me traînant chaque jour entre la cave du tribunal et les cellules de la Section de recherche. J'ai alors décidé d'entamer le jeudi une grève de la faim illimitée et totale pour le respect de mes droits malgré la réticence de mes avocats dont Ndeye Coumba Kane (amuma sa fay ! Toujours présente) et maître Tall sous le regard de maîtres Moussa Sarr, Bamba Cissé, Faty Diallo senior et junior. J'avais les arguments pour ! Je ne suis pas un mouton qu'on trimballe chaque jour d'enclos à enclos et si je savais que cette séquestration allait durer plus d'une semaine j'allais entamer cette grève depuis fort longtemps. Je préfère mourir dans la dignité que de vivre dans le déshonneur. Le samedi j'ai été réveillé en plein sommeil vers 16h pour que le commandant me dise que le procureur a ordonné ma remise en liberté. Ni la ci tollu, Ñoo ci bokk yem C'est définitivement clair que cette arrestation visait à me casser et surtout casser une ligne de communication qui dérange (arrestation préventive). Avec moi ça sera toujours des informations claires, fiables et en temps réel. J'ai mis toutes mes connaissances en guise de contribution au Projet: que ce soit le graphisme, la com digitale , les quelques petites notions en sécurité informatique que j'ai grattées au fil des années de formation (malgré le manque de régularité à l'école depuis 2 années à cause des évènements successifs) et mon XP en militantisme à l'école du FRAPP sous la vigilance de nos doyens de la gauche. Que ça soit dehors ou en prison, rien n'arrêtera ni ne stoppera notre impact si ce n'est la mort et ce jour nous aurons le sentiment du devoir accompli. À la Section de recherche (SR), j'ai laissé Vito et Patrick Boucal calmes, souriants et toujours déterminés. J'y ai laissé aussi les 14 femmes du bois sacré qui ont refusé le bracelet électronique. À la cave j'ai rencontré au fil des jours pas moins de 300 personnes dans les liens de la détention. 9 sur 10 ont été torturés avec des cicatrices visibles. Un agent de santé a été dépêché à plusieurs reprises pour soigner des blessés. À la cave j'ai laissé aussi un Pape Abdoulaye Touré toujours debout malgré ses deux fractures. Je le taquinais en lui disant que toi tant que ta langue fonctionne ça va. Jambaar la ! J'y ai côtoyé la sister Falla Fleur pendant quelques jours. Ça a été dur pour moi le jour où elle a été placée sous mandat de dépôt mais c'est elle qui me disait : bro maintien rekk! ».
La résilience d’une Fleur bourgeonne forcément de résistance
Depuis ce récit fort émouvant de Bentaleb Sow, l’expression « maintien rekk ! » que lui a lancée Falla Fleur a fleuri dans la bouche des jeunes résistants. Pour rappel, Ndèye Fatou Fall, alias Falla Fleur (voir photo d’illustration 2), est une jeune sénégalaise, juriste de formation. Elle travaille dans une société de la place qui officie au Port Autonome de Dakar. Elle est très suivie sur Facebook et sa page y a gagné récemment une plus grande notoriété après qu’elle a livré à ses followers un reportage détaillé et minutieux et pratiquement en direct du procès sur l’affaire « Sweet beauty ».
Falla Fleur a été quelques jours après sa prouesse arrêtée et détenue car accusée d’avoir incité à la violence. Il est important de noter qu’elle avait déjà été arrêtée et battue en mars 2021, son visage candide en a longtemps porté d’ailleurs les stigmates. C’est de la bouche, disons du cœur, non plutôt des tripes, de cette jeune lionne qu’est sortie l’expression « maintien rekk ! » aujourd’hui en vogue. C’est donc bien dans les rigueurs du violon de la Section recherche, dans sa moiteur, entre les corps maltraités, entre les cœurs blessés, entre les esprits révoltés, que l’expression a jailli. Elle ne vient pas de l’imagination fertile d’un expert en com, qui entre un steak tartare et un expresso, dégustés à la terrasse d’un restaurant huppé d’un hôtel dakarois, pianote sur son MacBook, dernier cri, de quoi livrer une commande à des politiques qui cherchent à ferrer l’électorat jeune. « Maintien rekk ! » est une expression de la résistance, par une résistante et pour un résistant. Son destin est dès lors d’avoir le parcours le plus démocratique qui soit parmi le peuple des résistants. Soit dit-en passant le « jeal » (prison) d’où il a jailli a un poids considérable dans l’imaginaire qui se dégage du hip-hop, du parler des quartiers défavorisés, de la banlieue, bref des espaces qui fécondent une sous-culture en rupture avec les espaces mainstream, médiatiques et publicitaires.
De quoi « maintien rekk » est-il au juste le nom ?
« Maintien » est un mot polysémique de la langue française puisqu’il renvoie à « la manière d’être extérieure d’une personne » (maintien assuré, imiter le maintien de quelqu’un…). Mais il renvoie surtout à « l’action de maintenir » (maintien d’une candidature, maintien d’une inculpation, maintien dans les lieux de la détention, maintien sous les drapeaux…). Néanmoins, toutes ces acceptions valent pour le français normé pour ne pas dire hexagonal. Pour ce que l’on appelle le « français d’Afrique », et particulièrement pour ce qui est des particularités lexicales plus ou moins propres au Sénégal, « maintien » est très marqué par le sociolecte des sportifs (Sow, 2013). Il indique, entre autres, l’objectif de « maintien » dans une ligue donnée ; par exemple « les Samba Lingeer ont assuré le maintien » pour dire que l’équipe de la Linguère de Saint-Louis est assurée de jouer dans la division d’élite du championnat national, l’année d’après. L’expression renvoie surtout « au maintien d’une forme physique ». Par exemple, « yaa ngi maintien ? ; ci maintien laa nekk ; bul bàyyi maintien bi », sont des expressions qui parlent de la situation où un sportif doit continuer à entretenir une forme supposée idéale qu’il a acquise à force d’endurance et de persévérance. Il doit le plus souvent garder cette forme physique jugée idoine en vue d’une épreuve, d’une compétition plus ou moins proche voire imminente. Les lutteurs sénégalais, par exemple, utilisent cette expression pour parler de l’activité physique à laquelle ils s’adonnent les jours qui précèdent un combat. Après des mois d’intenses efforts de jogging, de musculation, de « contact » avec des sparring-partners, ils font du « maintien » à l’approche de leur retour dans l’arène. Cette activité dite de « maintien » leur permet de garder leurs « poids de forme » et leurs aptitudes athlétiques (explosivité, rapidité, agilité), sans se blesser et être au top le jour J.
On pourrait en dire de même des joueurs de Navétane qui font du « maintien » juste avant les matchs dits de « poule », après donc le travail « foncier » (phase de footing de haute intensité), suivi de la préparation « avec le ballon » et de matchs d’entrainements, dits « amicaux », etc. C’est dans des acceptions similaires que les jeunes patriotes résistants ont semblé reprendre à leur compte le mot « maintien ». Ils disent en gros à travers « maintien rekk » : « nous avons été résistants en mars 2021, nous avons été résistants en juin 2023, ne baisons pas les bras pour autant ! Quoiqu’il puisse advenir, continuons à nous préparer pour la lutte finale ! » : donc « maintien rekk ! ». Mais le maintien est ici moins physique que psychologique. C’est une inter-galvanisation à l’endurance, à la résilience et à la combativité. C’est dans le sens d’un encouragement à ne pas se décourager que « maintien rekk » est devenu l’expression d’une connivence entre les jeunes de la résistance. L’adverbe wolof « rekk » qui est actualisé dans l’expression est caractéristique de l’importance que ces jeunes accordent à la culture orale dans la fabrique des slogans contestataires (Ly, 2020).
En effet, des pratiques d’énonciation de l’oralité qui génèrent une musicalité de la langue accompagnent souvent la production de leurs mots d’ordre. A propos de « musicalité », l’on pourrait d’ailleurs voir un dialogisme entre « maintien rekk » et « Sénégal rekk » qui est le titre d’une chanson de Youssou Ndour.
Ceci dit, l’on pourrait objecter que certains mots cités dans cette tribune tels que « focus », « projet bi », « système bi », « mortal combat », ont été « parachutés » par Sonko lui-même et ne viennent donc pas des jeunes résistants tout comme « dealogue », « sélection présidentielle » ont été élevés au rang d’expressions populaires par des locuteurs comme Guy Marius Sagna, Pape Alé Niang… Il faut toutefois considérer avec Alice Krieg-Planque (2009) que « L’idée qu’un mot puisse être « parachuté » dans les discours ne peut tenir qu’à condition qu’on admette qu’il existe aussi, au sol, dans l’univers discursif et l’axiologie du moment, un dispositif prêt à l’accueillir et qui, si l’on peut dire, l’attend ». Le dispositif du moment qui a facilité la réception et la circulation de toutes ces expressions est dans la situation prérévolutionnaire que vit notre pays. Par ailleurs, la résistance revêt « une dimension culturelle, linguistique et spirituelle de grande portée. Elle puise sa force mentale et créative dans le génie culturel et l’imaginaire fécond du peuple. Ce foyer incandescent, intangible et ineffable (…) est le foyer d’éclosion d’innovations créatrices multiples (Guissé, 2021).
Pour finir, le président Sall lors de sa dernière adresse à la nation ainsi que dans sa récente interview au journal Le Monde a semblé préparer le pays à des convulsions qui pourraient survenir de la responsabilité qu’il estime sienne de devoir faire respecter « les décisions de justice », et il s’est posé au demeurant en garant d’un « maintien », celui de l’ordre. Inévitablement, il devra faire face à des milliers de jeunes sénégalais qui depuis des semaines se déclarent, eux aussi, dans le « maintien », mais celui de la flamme de la résistance !
Mouhamed Abdallah Ly est Maître de recherche en sciences du langage, IFAN.
Bibliographie
BOURDIEU Pierre, 1982, Ce que parler veut dire L'économie des échanges linguistiques. Paris : Ed. Fayard.
FOUCAULT Michel, 1971, L’ordre du discours. Leçon inaugurale au Collège de France, Paris : Éditions Gallimard.
GUMPERZ, John, 1989, Engager la conversation. Introduction à la sociologie interactionnelle, M. Dartevelle, M. Gilbert & I. Joseph (trad.), Paris : Ed. Minuit.
KRIEG-PLANQUE Alice, 2009, La notion de « formule » en analyse du discours. Cadre théorique et méthodologique. Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté.
LY Mouhamed Abdallah, 2020, « Y’en a marre : les options langagières d’un mouvement contestataire », Liens-FASTEF N°28- Vol. 1/ ISSN : 0850 – 4806, pp. 204-219
MBEMBE Achille, 1985, Les jeunes et l'ordre politique en Afrique noire. L'Harmattan - Paris
SOW Papa Aliou, 2013, Le français parlé dans le milieu du football au Sénégal : une pratique sociolectale, sous la direction de Marie-Anne Paveau et de Papa Alioune Ndao, Thèse de doctorat soutenue à Paris 13.
par Abdourahmane Sarr
PRÉSIDENTIELLE 2024 : DPG AU FMI À REFORMULER
Nous sommes comme en 2012 au même point. Notre État ne peut pas réaliser notre développement dans le paradigme actuel de gestion de notre pays basé sur la dette extérieure en devises concessionnelle ou pas
Le président Macky Sall, clôturant le dialogue national, s’était dit admiratif des non-alignés et s’était demandé de qui et de quoi les non-alignés étaient-ils indépendants. Nous avions alors promis une réponse après qu’il se fut prononcé sur le troisième mandat. N’étant plus partant, le monde entier l’a félicité car il a permis à la démocratie sénégalaise de rayonner, et plus fondamentalement, il permettra aux Sénégalais d’avoir pour la première fois des débats de fond sur la direction du pays. Par ailleurs, nous avions également dit que l’honnêteté voudrait que nous félicitions aussi Ousmane Sonko, car l’histoire retiendra qu’il a par son attitude accompagné la jeunesse pour qu’elle ait le courage de mettre une pression qui a nécessairement eu ses effets à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour préserver notre démocratie. C’est donc tout à l’honneur des deux protagonistes de la bipolarisation politique que nous soyons à cette croisée des chemins rendant toute sa pertinence à la question de savoir de qui et de quoi les non-alignés sont-ils indépendants.
D’une part, le président de la République a carte blanche pour désigner le candidat unique et consensuel de sa coalition afin de défendre le bilan et la continuité de la ligne du Plan Sénégal Emergent (PSE). Nous avions baptisé cette ligne « Libéralisme Internationalisé Socialisant ». Elle compte sur la co-construction de notre développement avec le financement extérieur en devises du privé comme du public sans autonomie monétaire pour ensuite redistribuer les fruits d’une croissance éventuelle. Elle ne libère pas les énergies du peuple lui-même, ce qui en fait un paradigme collectiviste, et fera de l’Afrique la locomotive de l’agenda du monde. Cette vision qui ne nous a jamais réussi vient d’être réaffirmée dans le programme du gouvernement avec le Fonds Monétaire International (FMI). En effet, comme nous l’annoncions en décembre 2022 suite à la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Amadou Ba, la vraie DPG était reportée pour mi-2023. La DPG des trois prochaines années 2023-2026 publiée par le FMI en juillet 2023 sera encore une fois une politique d’austérité pour corriger les mêmes erreurs que nous faisons depuis 63 ans et qui n’ont rien à voir avec les effets de la Covid-19 ou de la guerre en Ukraine car nous ne pouvons plus financer notre autonomie. Nous sommes comme en 2012 au même point avec les mêmes circonstances. Notre État ne peut pas réaliser notre développement dans le paradigme actuel de gestion de notre pays qui est basé sur la dette extérieure en devises concessionnelle ou pas, option qu'il faut changer avec l'accompagnement nécessaire.
D’autre part, qu’on le veuille ou non, Ousmane Sonko est de facto le chef de l’opposition partisane, toutes tendances confondues, car personne dans l’opposition n’a une ligne fondamentalement différente de celle du pouvoir. Il a une option souverainiste mais également collectiviste qui veut, dans l’autonomie monétaire, s’affranchir de l’étranger tout en collectivisant avec un état développementaliste fort et déconcentré la direction du pays. Il n’est pas dans la co-construction, mais tout en promettant de s’affranchir de l’étranger, ce qui ne sera possible que dans une certaine mesure, il vous promet un État qui ne libérera pas nécessairement les énergies du peuple. Yewwi Askan wi de l’étranger mais Yeww Askan wi de l’intérieur même dans le cadre de la décentralisation car Pastef et ses alliés sont des collectivistes également conservateurs sur le plan social et culturel. Une gauche à moitié.
Cette bipolarisation signifie que les Sénégalais pourraient avoir à choisir entre deux lignes partisanes en 2024 qui ne sont pas nécessairement ce qui leur faut. C’est de ce point de point de vue qu’un bloc non partisan unifié, donc non aligné sur ces lignes partisanes caractérisées, pour répondre à la question de son indépendance de « qui et de quoi », est nécessaire. Il est nécessaire pour clarifier le débat et permettre aux Sénégalais de choisir leur prochain président en connaissance de cause et non suite à une manipulation politicienne et populiste quel que soit l’hameçon.
Notre préférence indépendante est la souveraineté mais dans le libéralisme et l’autonomie monétaire nationale ou sous-régionale dans l’UEMOA seulement, et aussi dans le progressisme social et culturel. Ceci, pour responsabiliser les Sénégalais et le secteur privé national ou sous-régional dans leur propre développement et choix culturels de même que ceux de leurs communautés de base autonomisées avec une Côte d’Ivoire acquiesçant. A défaut, ce sera SENEXIT pour ces objectifs. Cette vision plusieurs fois déclinée et baptisée « Libéralisme Patriotique Progressiste » (SENEXIT : Libéralisme Patriotique ou Socialisme ?) fait l’objet d’une offre publique d’adhésion. Amicale, elle le sera par rapport aux forces partisanes bipolarisées, hostile elle fera l’objet d’un portage citoyen avec une candidature indépendante non partisane à la présidentielle de 2024.
Ainsi, le Sénégal comme à son habitude vient de boucler un cycle de déficits budgétaires excessifs résultant en un endettement en devises excessif, nécessitant un ajustement avec le financement en dernier ressort du FMI. Le FMI nous dit que le PSE n’a pas réussi sa promesse de transformation structurelle de l’économie et que notre endettement a financé des infrastructures qui, quoique utiles, n’ont pas contribué à une croissance durable tirée par le secteur privé et génératrice d’emplois et de progrès social.
Commentant la déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Ba, nous disions que le Sénégal n’avait pas son destin en main et que la politique de la BCEAO qui détermine nos possibilités de financement, dirige les politiques que nous pouvons menées de façon autonome (Amadou Ba : DPG Reportée Candidat de la Continuité). La BCEAO, étant contrainte dans son autonomie du fait de ses propres contraintes de devises, est elle-même à la merci du financement extérieur en devises de nos États. Dans le contexte d’un accès difficile aux marchés internationaux du fait de la conjoncture internationale défavorable, notre prêteur en dernier ressort, le FMI devient de facto notre État central et dirige. Le FMI financera avec ses instruments classiques, et prétextant le changement climatique pour compléter, près de 50% de nos besoins dans les trois prochaines années et dirigera les orientations des bailleurs qui nous apporteront les compléments selon leurs agendas. Si le pouvoir devait être dans l’opposition avec Macky Sall comme son chef, leur retour au pouvoir serait facilité par trois années de correction de leurs propres erreurs. Si le pouvoir devait continuer dans sa direction des 12 dernières années, le Sénégal ne changerait pas.
Ainsi, la direction vers laquelle le FMI nous pointe après nous avoir dit, fait rare, que notre taux de change était surévalué et que nous devions nous financer en monnaie nationale ou en dette extérieure concessionnelle mais en devises est à reformuler. Cette direction acceptée par notre État lui-même, reconnaissant que le bilan n’a pas produit les résultats escomptés du PSE et que les ressources pétrolières et gazières en perspectives sont limitées et n’auront pas d’impact sur notre cadre économique, peut-elle être la bonne ? Notre réponse est NON, mais le FMI ne peut nous accompagner que dans le cadre de contraintes que nous nous imposons nous-mêmes. Corriger notre cadre macroéconomique OUI, mais nous ne le répéterons jamais assez. C’est notre choix d’ancrage monétaire d’une part, et nos options collectivistes d’autre part qui mettent l'État ou l’étranger au cœur de notre stratégie de développement faute de pouvoir impulser un processus endogène de création de richesses avec l’étranger en complément qui sont notre problème.
Nous exhortons les camps partisans, donc alignés et bipolarisés, de changer de paradigme pour pouvoir vendre à la jeunesse des promesses d’emplois qu’ils pourront tenir à défaut ce sera le populisme de tous bords, dénoncé par le président lui-même dans son récent discours. La jeunesse dans toutes ses composantes aspire à prendre son destin en main et a besoin d’un candidat d’espoir car leur avenir est devant elle, et elle ne peut pas porter le fardeau des choix des anciens sur le dos. Comprenne qui pourra !
Librement.
Dr Abdourahmane Sarr est président CEFDEL
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
PAR Farid Bathily
THREADS VA-T-IL DÉTRÔNER TWITTER ?
La récente application de discussions publiques dévoilée par Meta, l'entreprise derrière Facebook entre autres, fait ses débuts avec une impressionnante trajectoire ascendante
La récente application de discussions publiques dévoilée par Meta, l'entreprise derrière Facebook entre autres, fait ses débuts avec une impressionnante trajectoire ascendante. Est-ce assez pour détrôner Twitter, son principal rival ?
L'entrée en scène de cette application n'aurait pas pu être mieux orchestrée. Moins d'une semaine après son lancement, le réseau social nommé Threads compte déjà 100 millions d'utilisateurs inscrits.
"Je suis stupéfait que cela ne fait que cinq jours", a déclaré avec enthousiasme ce lundi 10 juillet 2023 Mark Zuckerberg, fondateur de Meta, l'entreprise derrière Facebook, Messenger, WhatsApp, Instagram et désormais Threads, conçu pour les discussions textuelles.
Cette performance est exceptionnelle dans le paysage des plateformes technologiques. Historiquement, seul le robot conversationnel d'intelligence artificielle ChatGPT – avec 100 millions d'inscrits en deux mois – a connu une croissance aussi rapide en si peu de temps.
Un avantage considérable
Cette nouvelle application bénéficie probablement du contexte défavorable que traverse Twitter. Cette célèbre plateforme de micro-blogging, que Threads cherche à concurrencer, subit une crise existentielle profonde depuis son rachat en octobre 2022 par l'homme d'affaires Elon Musk.
Ce milliardaire américain d'origine sud-africaine, reconnu pour son style de management non conventionnel, a apporté une série de changements qui n'ont pas toujours été bien accueillis par le public. Le plus récent est la mise en place d'une limite journalière d'accès aux publications pour les utilisateurs.
Cette mesure temporaire, selon le Musk, est destinée à empêcher l'exploitation des données par des organisations tierces. Cependant, la véritable force de Threads dans sa compétition annoncée avec Twitter est la puissance de son propriétaire dans le monde de la technologie de l’information, Meta.
Un défi sur le long terme
Malgré ses ennuis avec les régulateurs concernant la protection des données personnelles et la concurrence d'autres plateformes comme TikTok, Meta reste un géant de la technologie, avec 116 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2022.
Instagram, son application de partage de photos et la plateforme à laquelle Threads est connectée, compte plus de deux milliards d'utilisateurs actifs mensuels. Pour de nombreux observateurs, ces éléments constituent des points potentiellement préjudiciables pour Twitter.
D'ailleurs, Twitter ne semble pas apprécier que Threads lui fasse concurrence. L'entreprise a menacé Meta, dans une lettre rendue publique par la presse américaine le 6 juillet 2023, de poursuites judiciaires pour avoir prétendument utilisé les secrets commerciaux de ses employés pour son nouvel outil.
Cependant, il faudra bien plus pour maintenir l'enthousiasme autour de Threads sur le long terme. C'est ainsi que Zuckerberg peut espérer surclasser Twitter comme plateforme de discussions textuelles par excellence. Le réseau social à l'oiseau bleu a vu passer de nombreux rivaux sans jamais être détrôné durant ses 17 années d'existence.