La journée mondiale contre le cancer du sein a été célébré ce mercredi 20 octobre 2023, en plein Octobre rose. Cette maladie est durement ressentie par les femmes, beaucoup en perdent un ou les deux seins. Bés bi tente de voir cet organe dans toutes ses représentations. La douleur de le perdre, le bonheur de l’avoir, de le préserver. Le sein dans la sexualité, dans la famille, l’éducation, la santé de la mère et de l’enfant, la féminité, la société… Comment discuter des seins avec de parfaites inconnues ? C’est à cet exercice délicat que Bés bi s’est livré avec des étudiantes de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar (Esp). Ces jeunes scientifiques dont certaines sont voilées se livrent sur leurs relations avec cet organe essentiel. Que représente-t-il pour elles ? Prennent-elles des précautions pour le protéger ? Comment les inciter à pratiquer l’autopalpation ?
Octobre rime habituellement avec l’effervescence de l’ouverture des classes à l’Ecole supérieure polytechnique (Esp). Cependant, en cette matinée d’automne, les lieux sont plongés dans le silence et la torpeur d’une journée de canicule. Dans la cour de l’école spacieuse et propre, une végétation généreuse offre de l’ombre aux quelques rares personnes assises sur les bancs. Kadiata Diallo, Assiata Ba et Bineta Ba sont inscrites à un master de Mathématiques. Elles se sont rencontrées dans cet établissement quelques années plus tôt et ont fini par devenir comme des sœurs. Étant toutes les trois voilées, il n’est pas évident d’aborder le sujet qui nous intéresse : les seins. Les premières réactions sont réservées. Puis la dynamique de groupe aidant, la discussion devient plus animée. «Pour moi, les seins sont un magnifique don de Dieu qui va un jour me lier aux enfants que j’aurai InchAllah», déclare Kadiata. «Les seins nous identifient en tant que femmes et participent à notre féminité, qu’on l’affiche ou qu’on la dissimule», renchérit Bineta. Pour Assiata, c’est aussi un organe qui vaut aux femmes des remarques misogynes. «Quand tu as de gros seins, les gens parlent, de même que quand tu as de petits seins. Je trouve cela déplacé d’évoquer les seins des femmes et d’en faire un motif de complexes pour elles», s’indigne-t-elle. L’importance de cet organe étant établi, il est temps de s’enquérir des soins qu’on lui accorde.
L’oubli et la pudeur mis en cause
Toutes les trois se rejoignent sur un point : Elles pratiquent rarement l’autopalpation conseillée pour détecter toute anomalie. La principale explication est l’oubli. «Je n’y pense pas souvent, sauf en ce mois d’octobre avec les constants rappels, je me dis que je vais le faire», reconnait Assiata. «Comme on a des seins toute l’année et pas seulement en octobre, il serait bien de maintenir la sensibilisation pour que ça serve de rappel», intervient Kadiata avec un trait d’humour qui provoque des rires. En attendant, elles promettent de se rappeler entre elles de se livrer régulièrement à cet exercice simple mais crucial. Car, comme elles le reconnaissent à l’unisson, «notre santé et celle de nos proches doivent toujours être une priorité». Un avis que partage Awa Willane.
Une application et des tutoriels sur la pratique de l’autopalpation
Avec une voix bienveillante et une gestuelle posée, la jeune étudiante en Biologie accepte de se joindre à la discussion malgré son apparent empressement à retourner à ses travaux. Pour elle, les seins sont une part importante de la féminité : «Les femmes qui subissent une ablation mammaire sont quelque peu privées d’une partie de leur identité. Ça doit être une grande épreuve». Par mesure de prévention, elle pratique l’autopalpation plus souvent mais pas autant qu’elle le devrait. Elle préconise la poursuite de la sensibilisation tout en soulignant un point important : la pudeur. «Peut-être que la pudeur héritée de notre éducation est la raison pour laquelle on peine à adopter l’habitude de se toucher les seins», suggèret-elle. Sur un ton plus sérieux, Bineta propose l’idée d’une application qui va alerter les femmes à la fin de leurs règles pour leur rappeler de pratiquer l’autopalpation. Une suggestion qui fait consensus à en juger par les réactions d’acquiescement. Aussi, Bineta souligne l’importance d’inclure dans les campagnes de sensibilisation des tutoriels pour savoir exactement comment pratiquer cet exercice pour ne pas passer à côté d’un signe qui aurait dû alerter.
Restaurer la féminité spoliée des survivantes
Quelques instants plus tard, c’est d’un pas résolu que Woré Cissé se dirige vers la sortie. Elle était venue à l’Esp pour se renseigner sur le concours de Génie électrique auquel elle souhaite participer. A tout juste 18 ans, elle affiche une assurance qui lui fait tout de suite adhérer à l’idée de parler des seins. «Par le lait maternel qu’ils procurent, les seins sont d’une importance capitale pour la survie des bébés. Donc, les seins des femmes sont importants pour toute la société», déclare-t-elle. Est-elle une assidue de l’autopalpation ? «Non», répond-elle avec honnêteté. Elle s’empresse de proposer une solution : «Il y a beaucoup trop de contenus inutiles sur les réseaux sociaux. On devrait mettre en avant des informations et rappels plus profitables à la santé et au bien-être.» Si le cancer est détecté suffisamment tôt, il est possible de le guérir sans ablation mammaire. Malheureusement, alors que le cancer du sein est plus rare en Afrique qu’en Europe ou en Amérique, il y est aussi plus dommageable et plus mortel à cause d’un diagnostic plus tardif. L’ablation d’un ou des deux seins devient nécessaire lorsque la tumeur atteint un stade avancé. «Une mastectomie est vécue comme une atteinte à la féminité et à l’estime personnelle des femmes», explique Mme Diarra Guèye Kébé, survivante du cancer et présidente de l’Association Cancer du sein Sénégal. En plus d’être active dans la sensibilisation, cet organisme lève des fonds destinés à l’achat de prothèses mammaires pour des femmes ayant subi une ablation. Pour cette année, l’objectif est fixé à au moins 500 prothèses. Cela ne suffira peut-être pas pour effacer les ravages du cancer sur le corps et l’esprit des survivantes. Cela peut cependant les aider à recouvrer une partie de leur féminité spoliée et de reprendre goût à la vie.
MANE VA FETER SEUL SES 100 SELECTIONS
Sénégal-Soudan du Sud, au Stade Abdoulaye Wade. Un match spécial pour Sadio Mané qui bouclera ses 100 sélections avec les Lions, mais qui devra «différer» la communion avec le public, car la rencontre devant se jouer à huis clos
Le Sénégal débute les éliminatoires du Mondial 2026 le mois prochain, avec la réception du Soudan du Sud, à Diamniadio. Un match spécial pour Sadio Mané qui bouclera ses 100 sélections avec les Lions, mais qui devra «différer» la communion avec le public, car la rencontre devant se jouer à huis clos.
Après une qualification en poche pour la prochaine Can ivoirienne, le Sénégal débute les éliminatoires de la Coupe du monde 2026, avec deux matchs pour le mois prochain, contre le Soudan du Sud à domicile et le Togo à l’extérieur, durant la fenêtre Fifa comprise entre le 13 et le 21 novembre.
Mais pour la réception des Sud Soudanais au Stade Abdoulaye Wade de Diamniadio, ce sera sans public. En effet, Le Quotidien a eu confirmation que ce premier match des champions d’Afrique sur la route du prochain Mondial va se jouer à huis clos. Et cela suite à la sanction infligée par la Commission de discipline de la Fifa à la Fédération sénégalaise de football (Fsf), le 2 mai 2022.
Pour rappel, la Fsf a été sanctionnée pour les incidents survenus lors des qualifications au Mondial 2022 face à l’Egypte. C’est ainsi que la sélection du Sénégal a écopé d’un match à huis clos et la Fédération d’une amende. Des sanctions infligées par la Fifa pour les incidents survenus lors du barrage retour des qualifications pour le Mondial 2022, Sénégal-Egypte, le 29 mars 2022 à Dakar. Un succès obtenu grâce aux tirs au but (3 à 1), et qui avait ouvert les portes du Mondial qatari à la bande à Kalidou Koulibaly.
Dans son communiqué, l’instance mondiale avait précisé «que l’amende s’élève à 170 866 euros (environ 112 millions Cfa)». Outre une entorse générale «aux règles de sécurité» et au maintien de l’ordre dans le Stade Abdoulaye Wade de Diamniadio», la Fifa ayant relevé «le jet d’objets, l’utilisation de lasers et de fumigènes dans les tribunes, ainsi qu’une banderole offensante».
D’ailleurs, réagissant à cette sanction, le président de la Fsf, Me Augustin Senghor, a invité les Sénégalais à en tirer une leçon pour l’avenir, notamment les jets de projectiles au match retour, en déclarant : «Nous devons veiller à ce que tout se passe bien au plan du fair-play et qu’on ait rien à nous reprocher, même si le public doit supporter son équipe.»
Le public pourrait ne pas revoir les Lions avant la Can
Cette sanction va donc entrer en vigueur lors du match aller Sénégal-Soudan du Sud, prévu mi-novembre. Un huis clos qui tombe mal pour le public sénégalais qui, avant le début de la Can, aurait aimé revoir ses Lions après leur victoire de prestige face au Cameroun (1- 0), lundi à Lens.
Mais ce match sans public sera encore beaucoup plus regrettable pour Sadio Mané. En effet, et comme écrit dans notre édition de mercredi dernier, le bourreau des Lions Indomptables va boucler ses 100 sélections en Equipe nationale lors de ce match. Il va ainsi rejoindre son compagnon de toujours, Gana Guèye, premier footballeur sénégalais à atteindre la barre des 100 capes. C’était en mars dernier, à Diamniadio, à l’occasion de la rencontre contre le Mozambique (3ème journée des éliminatoires de la Can 2023).
Pour rappel, l’actuel meilleur buteur sénégalais de tous les temps en est à 38 réalisations, après son penalty victorieux face au Cameroun de André Onana. L’enfant de Bambali (31 ans) ayant fêté sa première sélection contre le Maroc, le 25 mai 2012, et son premier but face au Liberia, le 2 juin 2012.
Double Ballon d’Or africain, Sadio Mané, a tout gagné. D’où un centenaire qui devrait être fêté par une haie d’honneur de ses coéquipiers. En attendant la prochaine partition du 12e Gaindé.
Par Moustapha CAMARA
CE QUE LES SENEGALAIS ATTENDENT DU PROCHAIN PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
En 2012, peu de temps après l’accession de Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal, le journaliste - politologue , Babacar Justin Ndiaye, disait dans une télévision de la place que «les Sénégalais ont davantage chassé Wade qu’élu Macky».
En 2012, peu de temps après l’accession de Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal, le journaliste - politologue , Babacar Justin Ndiaye, disait dans une télévision de la place que «les Sénégalais ont davantage chassé Wade qu’élu Macky». Il avait tout à fait tort, car c’était en toute lucidité que le Peuple sénégalais avait porté son choix sur le candidat Macky Sall en raison, précisément, de sa proximité des basses couches de la société, mais surtout à cause de son parcours politique exceptionnel lui conférant des aptitudes techniques et des connaissances politiques capables de changer l’orientation du pays sur les plans politique, institutionnel, économique et social.
A cela, venait s’ajouter la pertinence de son programme de campagne, le fameux «yoonu yokkuté», une propédeutique à l’émergence économique dont l’objectif primordial n’était point les réalisations tous azimuts d’infrastructures non prioritaires, mais plutôt de donner au Sénégal une «santé politique et sociale» qui puisse le rendre apte à la marche sur le chemin ô combien difficile qui mène au développement. L’engagement de Macky Sall en faveur d’une gouvernance sobre et vertueuse et sa ferme volonté de restaurer l’Etat de Droit, en mettant fin à l’impunité et en combattant l’injustice sous toutes ses formes, s’inscrivait dans cette perspective. Il s’agissait, comme disait Abdoul Mbaye, «de mettre fin à l’arrogance et à la gabegie pour que règnent en maître l’éthique, l’humilité et le sens des responsabilités dans la gestion publique».
Toutefois, une fois installé, le Président Sall lance la Plan Sénégal émergent (Pse) qui abandonne l’esprit «yoonu yokkuté» et définit de nouvelles stratégies qui, à terme, devraient permettre de faire du Sénégal un pays émergent. Et aujourd’hui, malgré ses réalisations jugées importantes, tant sur le plan matériel qu’immatériel, les Sénégalais se plaignent toujours et font à Bby les mêmes reproches au régime libéral du Président Wade dont on sait que le magistère avait été pourtant un déclic par rapport à l’«état stationnaire» économique et social de la période socialiste de Abdou Diouf. En effet, le Peuple reproche au régime actuel son incurie face à la situation socioéconomique délétère dans laquelle baigne le pays et au désespoir de la jeunesse. Il considère que le nonrespect par le Président Sall du compromis susmentionné qui le liait aux Sénégalais est à l’origine de toutes les difficultés que le pays traverse aujourd’hui.
Ce Peuple, aujourd’hui très fatigué et désappointé, voudrait, après 2024, que rien ne soit plus comme avant sur les plans, notamment, politique et social. Le prochain président de la République aura l’obligation de trouver des solutions idoines et durables aux maux qui gangrènent la société sénégalaise, empêchant le pays de décoller. Il s’agit des «maladies de la société» comme le manque d’éducation de qualité et ses corollaires d’incivisme et d’indiscipline caractérisée, la dépravation des mœurs, le recul de la religiosité, la corruption, l’insécurité totale, le mensonge partout érigé en règle, la mollesse chez les jeunes et le culte de la facilité auxquels il faut ajouter le grand banditisme d’Etat et le pillage systématique et implacable des ressources publiques par les élites au pouvoir.
Les Sénégalais attendent du prochain président de la République qu’il mette fin à la «dictature politicienne» en démolissant l’Etat-politicien et en faisant disparaître cette race d’hommes politiques arrogants, incompétents et prédateurs. Ils attendent qu’il mette un terme à la transhumance vers le pouvoir, qui maintient le pays dans un éternel recommencement. Les pratiques mafieuses, scélérates et perfides auxquelles ces politiciens avaient recours pour réaliser leurs desseins et satisfaire leur clientèle politique, ont systématiquement dévalorisé le mérite dans ce pays, encouragé la facilité et répandu la médiocrité dans tous les domaines.
Les Sénégalais attendent du prochain Président de la République qu’il fasse en sorte qu’il ne soit possible à n’importe qui de devenir multimilliardaire, sans travailler, mais rien qu’en étant politicien. Le prochain Président doit mettre fin à cette situation et veiller à ce que personne ne puisse profiter de sa position de pouvoir pour s’enrichir et enrichir des proches. La politique ne doit plus être un moyen de promotion sociale, encore moins d’enrichissement personnel, mais plutôt une activité sacrificielle, un don de soi à la Patrie pour laquelle l’on se «tue» pour son développement et pour tout le bonheur de ses habitants
Le Peuple ne veut plus entendre parler de «lijënti» (terme wolof auquel on peut donner le sens de «bras long», magouilles, tricherie, etc. pour obtenir des faveurs.) : une pratique fortement ancrée dans les mentalités sénégalaises. Le Sénégalais d’aujourd’hui n’accorde plus assez d’importance aux études et ne trouve plus d’opportunité à travailler dur pour réussir. Il pense qu’il est possible de tout obtenir par le «lijёnti», soit en faisant de la politique soit en s’approchant des courtiers-politiciens «meune lëp» («omnipotent»). Le prochain Président aura l’obligation de faire comprendre aux jeunes que seul le travail paie, et qu’au bout de tout effort, il y a le succès.
Les Sénégalais ne veulent plus entendre parler de «quota» de tel ou tel politicien, ministre, Dg ou autres responsables dans les concours nationaux et recrutements «spéciaux». Dans un pays qui veut émerger, une telle pratique est inadmissible, car elle ne favorise pas l’émulation. C’est de la dévalorisation systématique du mérite et du travail au profit de la facilité et une promotion de la médiocrité.
Les Sénégalais veulent une police aseptisée de toute corruption et une Justice indépendante et impartiale. Les nombreuses bavures policières et les problèmes de Justice provoquent une psychose d’insécurité chez les populations. Ces deux institutions, capitales pour la stabilité nationale, malgré la qualité incontestable de ses ressources humaines, n’inspirent plus confiance. Le Sénégal est devenu le pays où un honnête citoyen peut être accusé à tort, arrêté et emprisonné pour une faute qu’il n’a pas commise. «Dès qu’on est livré au Parquet, on a de fortes chances de gagner son ticket pour la prison», se désole un ex-détenu, qui dit avoir été choqué par le cas d’un détenu qui a passé quatre années en prison avant d’être acquitté, car les faits qui lui étaient reprochés n’étaient pas fondés.
Le Peuple sénégalais attend du prochain Président qu’il apporte des solutions à la léthargie dans le système éducatif sénégalais. Il y a une école au Sénégal, mais la société sénégalaise est sans école. Et une chose est sûre, tant que les problèmes d’éducation ne trouveront pas de remèdes, aucune politique, quoique pertinente soit-elle, ne pourrait donner des résultats escomptés, car l’éducation est un facteur incontestable de changement social, de stabilité politique, de progrès économique et de rayonnement culturel. Un pays qui veut se développer, même regorgeant de ressources précieuses comme l’or, le pétrole et le gaz, s’il n’a pas un système éducatif de qualité, restera bloqué et exposé aux crises liées à ce qu’on appelle communément la «malédiction des ressources naturelles».
Un autre problème majeur auquel le prochain Président du Sénégal doit s’attaquer est le trop-plein démographique. La population sénégalaise s’accroît à un taux vertigineux de 2, 7% par an, alors que la production agricole ne cesse de diminuer. Ce déséquilibre pose de sérieux problèmes de développement : difficultés économiques, jeunesse exorbitante, problème d’éducation, de formation et d’emploi, pauvreté, insécurité et délinquance juvénile, misère sociale et désespoir. Des solutions doivent être trouvées, car la «bombe démographique», si elle n’est pas désamorcée, est une catastrophe en vue.
Depuis l’Antiquité, les hommes avaient conscience des dangers du nombre. Au IVème siècle av. J-C, le philosophe grec, Aristote (384-322 av. JC), dans Politique VII, 4, disait qu’«il est difficile pour un Etat dont la population est trop nombreuse d’être régi par de bonnes lois». A la suite de Malthus (1766-1834), les «néomalthusiens» insistent toujours sur la nécessité de limiter le nombre de naissances pour éviter les catastrophes liées au «boom démographique». Le Commandant Jacques-Yves Cousteau (1910-1997), dans une interview à Paris Match, s’écriait : «La population est le danger le plus grave ! » (in Le Point n°1030 du 13 juin 1992).
Donc si le prochain Président veut faire émerger le Sénégal, il doit y trouver des solutions. En quoi faisant ? De toute évidence, en lançant des politiques de limitation des naissances pour infléchir le taux de croissance. La baisse de la fécondité pourrait favoriser la croissance économique et permettre le mieux-être des populations. Le cas des pays d’Asie de l’Est peut, parfaitement, servir d’illustration à cette assertion. Pour la méthode, un marabout du nom de Cheikh M. M. Ségnane avait fait une proposition certes rigolote, mais que nous avions trouvée pertinente. Il invitait l’Etat du Sénégal à «être strict en imposant une autorisation de procréation à chaque couple suivant les moyens des deux partenaires. Ainsi, selon les capacités des conjoints, il sera défini le nombre d’enfants à mettre au monde pour chaque homme et femme en règle avec les conditions établies», poursuivait-il.
La paix en Casamance constitue également une surpriorité à laquelle le prochain Président de la République doit accorder une importance inégalée. La crise casamançaise est comme une épine vénéneuse dans le pied du Sénégal dont elle gêne la marche sur le chemin caillouteux qui mène au développement. C’est comme une tumeur cancéreuse qui ronge à petit feu le pays, dégradant sa santé économique, sociale et culturelle. La paix en Casamance doit être une préoccupation majeure pour le prochain Président car, de la résolution définitive de ce conflit et la pacification totale de la région, dépendra le succès de sa politique de développement national dans tous les domaines.
Il est vrai, ce conflit est atypique et assez complexe, mais il prendra fin tôt ou tard. Pour y parvenir le plus vite, il faudra véritablement négocier. Négocier certes, mais aussi privilégier des actions concrètes, sur le terrain, en termes de réalisations d’infrastructures de développement (ponts, routes, chemins de fer, pistes, universités et instituts de recherches, etc.). En plus, la région doit bénéficier d’un «Programme spécial» de développement, une sorte de «Plan Marshall spécial» pour la mise en valeur des énormes richesses matérielles et immatérielles dont elle regorge. De toute évidence, un tel programme «discriminatoire positif» pourraient, inéluctablement, contribuer à effacer carrément les motifs socioculturels, économiques, géographiques et psychologiques de la rébellion.
Bref, le Peuple sénégalais attend du prochain président de la République qu’il s’engage dans la voie des réformes, très profondes sur les plans politique, institutionnel, économique et social, pour stabiliser davantage le pays afin de le mettre à l’abri des «révoltes populaires» contre les élites au pouvoir qu’on voit partout en Afrique et contre la vague de coups d’Etat militaires qui sévit actuellement dans la sousrégion, déstabilisant les Etats et plongeant les populations dans la misère et le désarroi. Il doit comprendre que la fonction de chef d’Etat n’est pas une jouissance, encore moins une sinécure, destinée à faire «le bonheur des hommes». La présidence de la République dépasse la simple responsabilité étatique, c’est une «mission divine» de lutte permanente contre les malheurs.
Dans les croyances traditionnelles de plusieurs peuples d’Afrique et d’Asie, le roi (ou le chef) est garant de l’ordre social. C’est lui qui accordait la prospérité du pays et le bonheur des populations en prévenant, de par sa pureté spirituelle et ses vertus intrinsèques, les malheurs en exerçant une influence favorable sur les réalités. Par conséquent, les calamités naturelles et humaines l’incombent de fond en comble. Détenteur du «mandat céleste», la misère sociale et les événements malheureux peuvent, en effet, le rendre illégitime aux yeux de ses sujets.
Le prochain Président du Sénégal doit accéder à ce niveau de «spiritualité» en se donnant le devoir sacro-saint de mettre son Peuple à l’abri des malheurs. Il aura l’obligation «divine» d’instaurer la justice sociale, la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat et d’instituer une gouvernance vertueuse en vue de mettre tout le monde dans un état psychologique et mental favorable au travail et à la production pour la construction d’un Sénégal réconcilié avec son Peuple dont chaque membre accepte de donner ce qu’il a de meilleur en lui pour son développement intégral.
Moustapha CAMARA
Professeur d’histoire et de géographie
Email : mcamara57@yahoo.fr
«BEAUCOUP D’ARTISTES AFRICAINS ESSAIENT DE COPIER CE QUI SE FAIT EN EUROPE»
Zulu Mbaye, un des peintres sénégalais les plus connus, a gagné le droit de partager sans fioriture son regard sur le monde. Au cœur du Village des arts où il nous reçoit, c’est un homme sage et riche de ses nombreuses expériences qui se livre
Au moment de célébrer ses 50 ans de pratique artistique, l’homme s’est entouré de grands noms de la peinture africaine. Abdoulaye Konaté, Siriki Ki ou encore El Anatsui, voilà quelques-uns des artistes qui occuperont les cimaises du Musée Theodore Monod, le 27 octobre prochain, pour «célébrer Zulu Mbaye». Reconnaissance pour un homme qui aime à se présenter comme un «Sénégalais artiste». Zulu Mbaye, un des peintres sénégalais les plus connus, a gagné le droit de partager sans fioriture son regard sur le monde. Au cœur du Village des arts où il nous reçoit, c’est un homme sage et riche de ses nombreuses expériences qui se livre.
Plus de 50 ans de pratique artistique, que retenir de cela ?
Un grand vécu. C’est en 1970 que j’ai commencé la pratique artistique. Donc, une vie d’artiste très chargée que j’ai vécue ici et ailleurs en Europe, aux Usa. Pendant 50 ans, je n’ai fait que peindre. Je ne sais rien faire d’autre dans ma vie que peindre. En 2019, j’ai eu l’idée de fêter mes 50 ans parce que Massamba Mbaye est venu me voir et m’a dit : «Grand, 50 ans, ça se fête.» J’ai voulu le faire en 2020, mais comme le Covid19 était là, j’ai dû le repousser à 2023. J’ai eu, en tant que président du Village des arts, l’honneur de recevoir ici, en novembre 2016, le Roi Mohamed VI. Et j’ai eu à passer deux journées avec lui pour visiter les ateliers des artistes. Et en mars 2017, Sa Majesté m’invite à l’exposition, L’Afrique en capitale, dans le musée qui porte son nom à Rabat. C’est comme ça que j’ai commencé à rencontrer les décideurs marocains, de grands artistes et depuis quatre ans, je vis entre le Sénégal et le Maroc. Il faut dire que Sa Majesté m’a ouvert les portes du Maroc artistique et culturel. En 2019, quand je suis allé au Maroc me soigner, j’ai parlé au directeur de l’Agence marocaine de coopération internationale (Amci), de mon souhait d’organiser mes 50 ans. Il me dit : «On peut vous soutenir en invitant dix pays africains à Dakar pour vous rendre hommage.» C’est comme ça que l’idée est née, mais quand je suis rentré à Dakar en janvier2020, j’en parle à mon ami Racine Talla de la Rts, qui me dit : «Non, on ne peut pas regarder un pays étranger venir célébrer notre fils. Je vais en parler au Président Macky Sall.» J’ai été reçu par le Président qui a gracieusement soutenu et accompagné cet évènement. Et le 27 octobre prochain, avec une dizaine de pays africains invités, je vais célébrer ces 50 ans de pratique artistique dans deux espaces simultanément. Le Musée Theodore Monod, le 27 octobre, et l’Espace Vema, le 28 octobre. 46 exposants qui vont célébrer Zulu Mbaye, je pense que c’est une marque de reconnaissance, une sorte de consécration que l’on m’offre de mon vivant. Beaucoup n’ont pas cette chance-là. Il y aura un panel intitulé : «L’art comme levier de rapprochement des peuples.» L’art, la culture on va dire, est d’ailleurs le plus grand vecteur de rapprochement des peuples. Et c’est donc l’occasion de se parler entre différentes cultures, différentes sensibilités artistiques. C’est le sens que je donne à ce panel qui va regrouper d’éminentes personnalités, de grands hommes de culture de plusieurs pays, le 28 octobre au Musée Theodore Monod. Le 3e jour aussi, il y aura un film que je suis en train de faire depuis 4 ans sur mon travail et qui s’appelle Zulu, l’Africain.
Vous vous voyez d’abord comme un Africain ?
Je suis africain de naissance, de cœur, culturellement, historiquement. Je le revendique. Tout le monde sait que je revendique cette africanité à travers ma peinture, mon attitude, mon comportement, ma vie. Et c’est le cas même en Europe où j’ai vécu plus d’une vingtaine d’années, et où je ne m’habillais qu’africain. Et c’est une fierté, une manière de montrer notre appartenance, notre spécificité d’Africain. On n’a rien à envier aux autres. Il faut s’affirmer. Quand je vois aujourd’hui que beaucoup d’artistes africains, pour se faire connaître à l’international, essaient de copier ce qui se fait en Europe, parler d’art conceptuel, machin truc, j’ai envie de gerber. C’est comme si on n’avait pas de génie. Et pourtant, notre imaginaire de négro-africain est très riche. Nous sommes chargés par une force qui a bouleversé le monde par la rencontre entre Picasso et la statuette négroafricaine. A partir de ce moment, au début du 19e siècle, toutes les expressions artistiques étaient bouleversées. Ça ne s’arrête pas seulement à la peinture, mais la musique, la danse.
Les Occidentaux en ont tiré profit, mais pas les Africains, c’est ce que vous voulez dire ?
Mais c’est parce que nous avons une haine de nous-mêmes. Nous nous sous-estimons, nous foulons aux pieds ce que nous sommes et ça, personnellement, je ne le supporte pas. Tahar Ben Jelloun, dans un de ses livres, Moha le Fou, Moha le sage, disait : «Autrefois, c’étaient les étrangers qui nous déshabillaient. Aujourd’hui, c’est nous qui ôtons nos haillons et les jetons dans les fosses de la honte.» Par exemple, ici au Sénégal, si tu portes un thiaya, c’est comme si tu étais… on préfère se mettre en costume, cravate, on se dit qu’on est dans l’air du temps. Nous avons des choses à montrer au monde, à proposer et il faut que nous croyions à ça, que nous arrêtions de nous regarder avec des yeux d’ailleurs. Nous sommes là à mimer, singer et copier les autres. C’est comme si nous avions peur de nous-mêmes. Et pourtant, nous avons une belle histoire, une belle civilisation qui a enfanté toutes les autres civilisations du monde. Mais par-là, sont passés les religions, l’esclavage, la colonisation. Ça nous a donné des complexes et les artistes doivent être là pour faire resurgir ces ruptures qu’on a créées en nous. Il faut les combattre et c’est tout le sens que je donne à ma pratique artistique, mon œuvre, ma vie artistique. Il faut déconstruire et il faut redéfinir l’art. Les autres sont venus voir nos statuettes et nous ont dit, c’est de l’art. Oui c’est de l’art ! Bien que, quand on va dans les académies occidentales, les canaux de beauté qu’on y enseigne, la composition, il y a une rencontre. Alors que nos sorciers africains qui sculptaient, sortaient naturellement ces règles que l’on retrouve dans des académies, mais ce n’est pas pour des questions esthétiques, c’était plus que ça. Nos œuvres étaient chargées, nos œuvres n’étaient pas des décorations que l’on mettait dans un salon, dans des musées, des cages de verre et de fer. Comment se fait-il qu’autrefois, quelqu’un portait un masque, quelqu’un d’autre tapait à coup de tambours codifiés, un troisième esquissait quelques pas de danse et il pleuvait. Voilà, ce qu’était fondamentalement notre art. Je pense qu’il faut que les Africains, par le biais d’évènements comme la Biennale, essaient de montrer leur génie. Etre là à montrer que nous sommes des élèves qui savent réciter leurs leçons … Les autres nous regardent et rient sous cape. Nous croyons que puisqu’on fait la même chose que ce qui se fait à Paris, on existe. On n’existe pas. Et c’est pour ça que je ne participe plus à la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar.
Vous avez une seule participation à cette biennale…
En 1992. En 1996, au Nietti Gouy à Almadies, j’ai organisé le premier Off qui n’était pas encore le Off, et que j’appelais un boycott intitulé Amour interdit. On voulait ghettoïser l’art africain, vivre en autarcie alors que nous devons nous ouvrir au monde, inviter les artistes du monde entier, faire la fête avec le monde à Dakar. Et comme l’Etat sénégalais avait d’autres préoccupations, moi j’ai fait ce boycott pour revendiquer cette ouverture de l’art africain au monde. Quand on nous a interdit ça, j’ai appelé l’exposition Amour interdit. Et aujourd’hui, je suis content que la presse parle du Off de la biennale et qu’à chaque édition, il y ait 300, 400 expositions.
Vous n’aimiez pas le format dans lequel la Biennale s’inscrivait ?
Oui. La Biennale, à cette époque, aux deux tiers, était soutenue par la coopération française et par d’autres représentants de cette même coopération. Et ce sont eux qui donnaient des ordres aux organisateurs. On leur a dit d’africaniser la Biennale. L’édition de 2014 avec le Pr Babacar Mbaye Diop, il a initié une exposition parallèle au In, Regards croisés, dans laquelle il y avait d’autres nationalités occidentales. Ça, c’était une manière de s’ouvrir, mais depuis, ils sont repartis dans leur erreur et ont refermé la Biennale aux artistes étrangers. Il faut ouvrir la Biennale. Comme toutes les biennales, Sao Paulo, Venise, elles sont ouvertes au monde. Il n’y a pas de coloration raciale. Et tant que cette biennale est organisée dans cet esprit, je «m’excuse», je les laisse faire leur fête. Mais j’organise toujours des activités, je participe à ma façon en faisant des projets internationaux que tout le monde apprécie.
Sur la scène internationale, on a comme l’impression que l’art africain est perçu comme une case globale…
On est un peu considéré comme des artistes de seconde zone. Mais quand même, ça commence à s’ouvrir. Mais malheureusement, l’ouverture est pour les copistes, les bons élèves des Occidentaux. Mais pas ceux qui revendiquent leur appartenance négro-africaine comme moi. J’ai eu la chance qu’il n’y ait pas deux ou trois artistes sénégalais plus cotés que moi. Je suis sur le marché international, je n’aime pas en parler, mais je suis dans les galeries. Les gens confondent exposer à Paris et être sur le marché international. Ce sont deux choses différentes.
Vous êtes autodidacte comme on dit…
Comme tous les artistes. On apprend des choses à l’Académie comme on apprend des choses comme moi, dans l’atelier. L’académie, c’est pour connaître le rudiment. Mais le véritable apprentissage, c’est dans l’atelier. Et ça, même après 50 ans de pratique, dans l’atelier, tu apprends. Donc tout le monde est autodidacte. L’artiste est fondamentalement autodidacte parce que personne ne lui enseigne. J’ai fait les Ateliers libres de Pierre Lods pendant 7 ans, sans contraintes, sans qu’on me donne des notes, des sujets. A l’école des beaux-arts, les élèves font 4 ans. L’art n’aime pas le dirigisme. On doit laisser à l’artiste la liberté de faire son travail. Je ne crois pas aux professeurs d’art, mais plutôt aux conseillers d’art. Quelqu’un qui a la même expérience que moi et qui me conseille. L’esprit de l’enseignement des écoles, c’est copier ce qui se fait en Occident. Les élèves restent dans le même moule et je pense qu’au Sénégal, on ne peut plus parler d’une école des beaux-arts. Quand une école ne peut pas fournir à l’élève un pinceau ou un tube de peinture, c’est quand même grave. Et quand on met cette école des beaux-arts dans des petits appartements, il faut que l’Etat réfléchisse à cette situation. Les artistes, les apprenants en art méritent beaucoup plus que ça.
L’Ecole de Dakar est très renommée, en ce moment, quels sont les courants qui parcourent l’art sénégalais ?
Depuis l’avènement de l’Ecole de Dakar, il n’y a pas eu de, je n’ose pas dire nouveauté, mais le soubassement de ce qui se fait aujourd’hui, provient de cet Ecole de Dakar. Seulement, cette Ecole de Dakar, il faut la dépasser, lui apporter un plus, mais sans rupture. C’est ça ma démarche. Quand on regarde mon travail, on sent que je viens de cette Ecole de Dakar, mais j’apporte un plus, je suis ouvert aux autres souffles du monde et je sais ce qui se passe dans le monde. Je vis le 21e siècle et forcément, il y a des influences, des nouveaux souffles qui viennent vers moi. Mais j’essaie, avant de les pratiquer, de les digérer, les comprendre. Je ne prends pas tout simplement un concept qui vient d’ailleurs, qui n’a rien à voir avec moi, pour en faire mon discours artistique. Il faut toute une spiritualité, une religiosité et un regard clair. L’art ne traduit que ce que nous sommes. Nous avons des différences avec les autres, des différences civilisationnelles, historiques et même géographiques. Nous sommes en Afrique avec le soleil. Et ça déteint sur la palette chromatique des artistes. Ils font des couleurs vives, qui chantent. C’est l’environnement, mais ces spécificités, il faut savoir les décoder. Toute ma vie, j’ai réfléchi à ces questions et c’est pourquoi, beaucoup pensent que je suis difficile. Je ne suis pas difficile. Je ne veux pas me mentir tout simplement. En art, quand on ment, on ment sur son travail, son œuvre. C’est pour ça que quand je regarde l’œuvre de quelqu’un, même sans le connaître, je peux dire les caractéristiques de l’individu. S’il est timide, agressif, violent. Parce que l’art ne ment pas.
Il y a aussi le cas de ce Village des arts où nous sommes. Quelle est la situation en ce moment ?
Catastrophique ! On nous a offert une mine d’or, mais on est en train de cultiver des cacahuètes dessus. Quand des gens d’un autre pays arrivent ici et que je leur dis qu’on ne paie pas le loyer, l’eau et l’électricité, ils tombent par terre parce que ça ne se fait nulle part. Ailleurs, les artistes participent à la vie de leur village des arts. Mais ici, on nous a offert tout ça. Mais nous sommes en train de dormir et le village va à vau-l’eau. Par notre manque d’organisation, notre laxisme, l’incompréhension aussi de cet outil qui est la fenêtre de l’art sénégalais. Par exemple, à chaque fois qu’il y a une sélection nationale, 75% des sélectionnés sortent de ce Village des arts. Il y a de grands artistes, mais il y a aussi un manque terrible d’organisation. Alors que ce village peut accueillir le monde entier. Où est ce qu’il y a un village avec 52 signatures ? Si on était organisés, on aurait pu bénéficier de beaucoup de choses pour animer le village.
Il y avait un projet de rénovation sur le village…
C’est tombé à l’eau. On nous avait sommés de déguerpir un moment, mais les artistes se sont battus pour garder leur outil de travail. Parce que quand même, sortir de ce village serait un suicide collectif. Un artiste qui n’a que son atelier pour peindre, où les gens peuvent le trouver et acheter son travail, si on l’amène à Guédiawaye ou Mbadakhoune parce qu’il habite là-bas, il va mourir de sa belle mort parce que personne ne s’intéressera à son art là-bas. Ils ont eu raison de se battre pour garder cet outil parce que leur profession en dépend. Avec le ministre de la Culture, on est en train d’échanger. Il faut que le ministère s’implique dans ce village qui appartient à l’Etat sénégalais. Les artistes qui y vivent sont des Sénégalais et ce sont les ambassadeurs de l’art sénégalais dans le monde. Ce ne sont pas comme des menuisiers ou des mécaniciens qui gagnent leur pain. Nous ne sommes pas en reste dans l’œuvre de construction nationale. Un artiste qui vend une toile à 2000, 3000 euros, ça entre dans l’économie nationale. Nous participons à l’économie de ce pays. Nous apportons de la valeur ajoutée à l’économie de ce pays. Par exemple, le Roi du Maroc, en deux jours, a acheté 144 pièces dans ce village. Tous les artistes étaient devenus des millionnaires. Et cet argent va dans l’économie du pays. Il ne faut pas prendre les artistes pour des fainéants ou des dormeurs. Moi je suis polygame, j’ai 8 enfants. Je les nourris, je les mets à l’école, je paie leurs études, je paie mes loyers. Il ne faut pas penser que les artistes sont des gens en dehors de la société. Ils sont au milieu.
Par Serigne Saliou DIAGNE
L’ENFANT GATE DE LA REPUBLIQUE ET SON UNIVERS DYSTOPIQUE
Le Sénégal est un pays bien spécial où l’on pourrait, par moments, se croire plongé dans un univers dystopique, tellement les scénarios qui animent la vie publique peuvent laisser sans voix.
Le Sénégal est un pays bien spécial où l’on pourrait, par moments, se croire plongé dans un univers dystopique, tellement les scénarios qui animent la vie publique peuvent laisser sans voix. Les récits dystopiques surfent entre la sciencefiction et des interprétations de la réalité. C’est un genre littéraire d’anticipation où le plus souvent, c’est une société imaginaire qui est régie par des forces et pouvoirs totalitaires, ayant un contrôle poussé voire total sur les individus. Depuis mars 2021, consécration par la violence aveugle de notre glissement en tant que société dans une séquence folle qui est le fruit d’un activisme sans limite d’entrepreneurs politiques, d’une passivité coupable et criminelle des services d’Etat et d’une abdication de la pensée critique chez les faiseurs d’opinions (intellectuels et médias) pour laisser place à la partisanerie primaire, l’absurde a pris le dessus sur tout. Le Sénégal ressemble au bout du compte à un univers dystopique où tout marche à l’envers. Rien de ce qui devrait se passer dans un pays normal, ne s’effectue maintenant dans les règles de l’art. Les agressions contre la Justice dont certains magistrats «encartés» s’accommodent ou les flagrants partis-pris dans la presse à la cause d’un homme qui devrait être poursuivi pour trahison et désigné ennemi domestique, après tous les actes qu’il a posés pour fragiliser la République, ont de quoi nous pousser à nous pincer pour nous sortir de ce fichu cauchemar. J’irai plus loin en disant que nous nous trouvons tous prisonniers d’une dystopie dont Ousmane Sonko est le metteur en scène. Il aura voulu par tous les moyens se faire roi, en usant de tous les stratagèmes, pour finir par se rendre omniprésent dans le débat public. Et cela, dans toutes les postures incongrues possibles. Il se sera imposé comme un Léviathan des consciences, une sorte de Big Brother boulimique quémandant sympathie et attention partout, en faisant de l’opinion le relais privilégié de toutes ses viles ruses. Beaucoup de monde, par mimétisme et effet d’entraînement, s’accommodent de tous ses caprices, pardonnent tous les abus à sa meute, se courbent face au poids de l’insolence de ses soutiens. Des juges qui se dégonflent, des intellectuels émasculés, des guides religieux conspués au moindre mot contre le Saint Patron des réelles alternatives au Sénégal dont on oublie qu’il se réfugiait dans les jupes de ses épouses pour fuir la case prison.
Une idéologie politique a voulu dans le sillage de la furie Sonko, faussement embarquer toute une jeunesse et diverses franges de la population dans le rêve d’une société parfaite avec tout ce qu’il faut en termes d’égalité, d’opportunités, de justice sociale, de respect des normes et de transparence. Face aux insuffisances des hommes qui ont voulu porter un tel projet et sous le poids de leurs nombreux errements, la machine aura fini par se gripper. Le porte-étendard du projet se révèle être un fieffé menteur qui, depuis son incursion dans le champ politique sénégalais, ne cesse de se contredire, de se dédire et de faire dans une surenchère dont seuls les lâches se voulant par la force de leur gueule des guerriers ont la clé. Tout dans le projet Pastef se révèle être d’une utopie malsaine qui arrive à bout de souffle. Il est donc très regrettable que, de tout ce que nous connaissons d’une telle machine et de ses acteurs, que l’Etat sénégalais s’entête à s’accommoder de gens qui font tout pour détruire le Sénégal et son idéal républicain. Le saut du récit dystopique vers un roman absurde risque d’être inévitable, si la complaisance criminelle et irresponsable que les dépositaires des pouvoirs publics font montre à l’égard de Ousmane Sonko se poursuit de plus belle, en le laissant mettre en œuvre tous les scénarios farfelus qu’il aura en tête avec ses sbires. C’est la première fois qu’on voit une personne en réanimation avoir le temps de s’agripper à une télécommande de télé pour imposer le choix des programmes à regarder à la télévision entre malades, tel un enfant gâté avec ses caprices. N’est-il pas aussi surprenant qu’un chantre du nationalisme qu’on voudrait vendre comme une réincarnation hybride d’un Thomas Sankara avec la poigne de Mamadou Dia déteste regarder les chaînes de télévision sénégalaises ? L’absurde est au contrôle, car dans aucun pays sérieux, un politicien comme Ousmane Sonko, après tous les forfaits qui lui sont reprochés, n’aurait trouvé de matière ou de soutien pour se rendre intéressant dans le débat public, même dans les liens de la détention. Ce qui s’offre à nos yeux a de quoi révulser et irriter. Un prisonnier bénéficie d’un traitement privilégié qu’aucun autre détenu sur le sol sénégalais ne saurait s’imaginer. De la simulation de fausses maladies à la mise en scène de fausses grèves de la faim, une suite royale aura été installée au détenu Sonko dans le Pavillon spécial de l’hôpital Principal de Dakar. Il y a toutes ses aises et toutes ses habitudes, peut recevoir comme bon lui semble, ne se gêne pas de communiquer avec tout le pays, tout en se permettant le luxe de doux intermèdes que sont des visites conjugales. Le plus grave dans tout cela est que le contribuable sénégalais est le payeur des notes salées de Sonko sur son lit de malade imaginaire. Il a fallu que des révélations du journal Le Quotidien mettent à nu cela, pour que les officines de manipulation qui encadrent l’ex-président autoproclamé de la rue se trouvent l’altruisme d’un Sangoku pour entamer une nouvelle grève de la faim, en guise de solidarité à ses frères de parti dans les mains de la Justice pour différents forfaits et crimes. Ce pays est-il devenu un royaume où carte blanche est donnée à Ousmane Sonko de tout faire ?
Insulter et menacer des magistrats, chahuter des officiers, appeler au meurtre d’anciens dirigeants, faire des appels à l’insurrection et maintenant s’assurer une détention hors de prison, on ne peut qu’être dans un univers dystopique où Sonko tient le contrôle de la trame narrative pour que tout lui obéisse ainsi. Quel mal la détention de ce vulgaire délinquant sexuel tel que reconnu par la Justice sénégalaise après l’avoir condamné et cet instigateur de troubles graves qui a fini par se casser les dents peut-il encore représenter ? Il est compréhensible qu’il puisse avoir des soutiens bruyants, mais il est irresponsable pour un quelconque Etat de faire le jeu de cet entrepreneur politique en s’accordant au rythme de son tango populiste. Tous les actes subversifs qu’il pose doivent être matés avec une force lucide, qui ne ploie pas et sans compromission. Il a pour le moment la télécommande de sa réalité, tel un enfant gâté que cette République a malheureusement enfanté, il la manipule sans vergogne. Orwell a offert au monde le récit dystopique par excellence avec 1984. Philippe Dick proposera avec Le maître du haut-château un imaginaire d’un monde où l’Allemagne aurait gagné la Deuxième guerre mondiale. Ray Bradbury esquissera dans Fahrenheit 451, un monde sans livre et où la pensée individuelle serait anéantie. Les matinées de détention de Ousmane Sonko, où il s’amuse à jouer au malade imaginaire lui seraient bénéfiques, s’il lui venait d’écrire une dystopie à succès. Il a de la sacrée matière entre ses mains. Le seul regret est qu’en tant que pays, nous soyons bloqués avec lui dans son univers dystopique.
BAMBILOR SOUS HAUTE TENSION
Hier, la commune de Bambilor dont le siège a été saccagé par des manifestants furieux, a connu une journée mouvementée. Ils voulaient s’opposer à l’occupation d’un site de 22 ha réclamé par un promoteur au niveau du village de Mbeye. La tension reste
Hier, la commune de Bambilor dont le siège a été saccagé par des manifestants furieux, a connu une journée mouvementée. Ils voulaient s’opposer à l’occupation d’un site de 22 ha réclamé par un promoteur au niveau du village de Mbeye. La tension reste toujours palpable dans la zone.
La journée d’hier a été chaude à Bambilor. Des habitants du village de Mbeye ont fait une descente au niveau de la mairie de cette localité pour exprimer leur colère s’y adonnant l’occasion à des actes de saccage. Pneus brûlés à la devanture de l’institution municipale, verrerie caillassée ... Tel a été le triste décor sur place.
A l’origine de ce mouvement, la descente d’éléments de la gendarmerie et d’engins pour la démolition de constructions et champs sur un périmètre de 22 hectares que réclame un supposé détenteur d’un bail. «Depuis ce matin (hier), il y a des engins qui sont escortés par des éléments de la Dscos qui sont venus et sont en train de ravager les champs et les habitations. Actuellement, ils ont presque démoli plus de 15 hectares et c’est sur une surface occupée par des citoyens qui ont acquis légalement ces terres-là», a expliqué Assane Bèye, 2ème adjoint au maire de la commune de Bambilor. «Il est venu en force pour, dit-il, récupérer ces terres soi-disant que ces surfaces lui appartiennent. Il dit qu’il a 22 hectares ici», a poursuivi M. Bèye, entouré par une foule surexcitée qui refuse tout simplement de céder ces terres sur lesquelles ont vécu leurs grands-parents. La descente des gendarmes ne s’est pas faite sans heurt et plusieurs blessés ainsi que des arrestations ont été notés du côté des populations. «Les éléments des Fds se sont dispersés dans le village et ont lancé beaucoup de grenades lacrymogènes. Ils ont arrêté des jeunes et torturé beaucoup de gens. Il y en a même certains qui sont actuellement dans des situations critiques, ils ont été conduits à l’hôpital», a fait savoir M. Bèye.
Le site en question avait été mis à la disposition du village en 2006 dans le cadre de son extension. «On avait formulé notre demande de régularisation au niveau de la Préfecture et de la mairie, a rappelé l’adjoint au maire, indiquant que le supposé nouveau propriétaire brandit un bail qu’il aurait acquis en 2011. Nous lançons encore un appel à toutes les autorités pour qu’elles interviennent le plus rapidement possible avant que l’irréparable ne se produise», a exhorté M. Bèye, assurant que les populations useront de tous les moyens dont elles disposent pour protéger leur propriété. «Il l’avait tenté en 2021, la population était sortie pour faire face à lui et il avait pris du recul, mais maintenant, il est revenu en force pour récupérer ça. On ne va jamais céder. On va se battre jusqu’à notre dernier souffle», a juré l’adjoint au maire Ndiagne Diop
LA SANTE, UN GRAND CORPS MALADE
Le diagnostic fait par le directeur des Etablissements publics de Santé sur la situation des hôpitaux et autres structures est sans complaisance : mauvaise qualité de l’accueil, problèmes de comportement, performance et double emploi…
Le diagnostic fait par le directeur des Etablissements publics de Santé sur la situation des hôpitaux et autres structures est sans complaisance : mauvaise qualité de l’accueil, problèmes de comportement, performance et double emploi…
Les structures sanitaires au Sénégal souffrent des mêmes maux. Elles sont affectées par des problèmes liés à l’accueil et à l’orientation. Partout dans les centres hospitaliers ou les centres de santé, la rengaine est la même chez les patients. La majeure partie des agents publics qui s’activent dans le privé, sont tenus pour responsables de ce mauvais accueil tant décrié dans les structures sanitaires publiques. Pourquoi ? «Le constat est alarmant : 60 à 65 % des travailleurs dans les hôpitaux sont tous dans des structures privées ou détiennent d’une manière illégale, une structure privée, des cabinets paramédicaux ou d’autres sont associés à des structures privées en continuant à servir dans ces structures privées. Pire aujourd’hui, on fait même du commerce à travers la santé. C’est-à-dire on voit des professionnels de santé qui appellent leurs patients à les rejoindre dans ces structures privées», a diagnostiqué Dr Ousmane Dia, directeur des Etablissements publics de santé au ministère de la Santé et de l’action sociale. Il faisait une présentation sur «la problématique de l’accueil dans les structures de santé» à l’occasion de l’Université de l’hivernage du Sutsas.
D’après lui, ce sont des attitudes qui mettent les patients dans des conditions très difficiles. Il donne un exemple qui fait froid dans le dos : «Durant le comité de direction de l’Hôpital général Idrissa Pouye, une femme, qui a souffert du cancer pendant 4 à 6 ans, s’est retrouvée seule avec son petit frère de moins de 30 ans qui souffre aussi d’un cancer. Ils ont dépensé dans des structures privées 3 millions de francs. Aujourd’hui, ils n’ont plus les moyens de se prendre en charge par ces structures. Les soignants ont tout fait avec les moyens en leur possession, mais la maladie ne fait qu’empirer. On a fait tout ce qu’on pouvait, mais la maladie s’est aggravée.» Il ajoute : «Le jeune est maintenant chez lui, il ne peut rien faire, il ne peut pas bouger. Aujourd’hui, il vient chez nous pour qu’on puisse l’aider. Une secrétaire lui dit : «Je dois établir votre dossier, mais je n’ai pas de temps, donnez-moi votre numéro.» Je lui ai dit : «Vous laissez là votre numéro, dans 10 ans, on ne vous appelle pas.».»
La mauvaise qualité du service dans les structures de santé publique s’accompagne parfois dans certaines structures de la mauvaise qualité d’hygiène. «Je suis entré dans un hôpital ce matin (mercredi), mais on m’aurait donné un petit déjeuner, j’aurais refusé de le prendre parce que je sentais une odeur pestilentielle sortir des toilettes», dénonce le directeur des Etablissements publics de santé. «C’est une situation extrêmement pénible que nous vivons aujourd’hui dans nos hôpitaux», dit-il.
Aujourd’hui, le secteur ressemblerait à un grand corps malade. «Notre pays est confronté au double fardeau des maladies transmissibles et des maladies chroniques», souligne-t-il. Sans oublier de relever les difficultés qu’ils éprouvent pour faire face à la riposte. A l’en croire, «ces difficultés sont accentuées par les carences qui sont notées dans les structures publiques de santé» et les mauvais comportements qui affectent l’accueil dans les centres hospitaliers et les centres de santé du pays. «Lorsqu’on vous laisse seul, les mauvais comportements vont à l’encontre du service. L’utilisation abusive du téléphone par les praticiens. Parfois le peu de communication entre le praticien et le malade. Et les abus de toutes sortes auxquels nous sommes confrontés ne sont pas arrêtés. On a tendance à reléguer la qualité des services au second plan. Cela ne fait que causer la colère des agents médicaux. Personne n’est satisfait. Nous sommes confrontés à des comportements qui déteignent sur nous», dit le directeur des Etablissements de santé.
Une enquête faite avant les concertations et qui avait montré le déficit de communication dans certains centres hospitaliers atteste ce problème de la qualité de l’accueil.
«Avec 60% des enquêtés, on parle de la qualité. On dit que ce sont 55% qui sont satisfaits. Sur la question de la possibilité de revenir, ce sont 80% qui disent non et qu’ils préfèrent même aller dans une structure privée», révèle-t-il.
Questions sans réponses
Pour apporter des réponses à cette problématique, Dr Ousmane Dia se pose des questions : «Est-ce que l’accueil et la disponibilité des services sont assurés au niveau du service public ? Les horaires ne sont pas respectés. Le traitement des patients est-il satisfaisant ? La communication entre patient et médecin, entre supérieur et collaborateur est-elle bonne ? Les patients sont-ils satisfaits du service rendu par le personnel ? Quelle initiative pour changer la situation ? Toutes les initiatives mises en œuvre pour améliorer la qualité du service. Est-ce qu’elles ont fourni les résultats escomptés ? Est-ce que l’autorité est satisfaite du travail des employés ? Est-ce que la question de la qualité du service est une priorité au niveau du système de santé ? Plusieurs situations comme ça existent dans nos hôpitaux aujourd’hui.» En tout cas, la situation semble figée. «La plupart du temps, des études ont montré que les problèmes des malades, ce sont d’abord l’accueil et l’orientation. Les erreurs de diagnostic et de médicamentation, les problèmes de communication et surtout l’environnement du travail désorganisé où on ne peut rien escompter de bon de la part de nos prestataires au niveau des structures de santé. Cela induit un double problème de satisfaction des usagers», assure-t-il.
Pour le directeur des Etablissements publics de santé, «la solution c’est la qualité de l’accueil». Et c’est dans ce sens, informe-t-il, «que le ministère de la Santé a mis 14 directives qui devraient normalement permettre d’améliorer sensiblement la qualité du service».
En écho, Mme Bigué Ba Mbodji ne partage pas l’avis que les sages-femmes soient indexées. La présidente de l’Association des sages-femmes demande à ses collègues «de ne pas écouter ce que racontent les gens sur elles». «Mais, il faut faire focus sur votre travail et faire en sorte que chaque femme qui entre dans la maternité avec un enfant vivant dans son ventre puisse en ressortir avec un enfant vivant dans ses bras», conseille-t-elle.
Mballo Dia Thiam, Secrétaire général du Sutsas, a magnifié cette initiative de l’Université de l’hivernage. En dehors des batailles des défenses des intérêts matériels et moraux, ils ont le devoir, dit-il, «de contribuer, par des propositions pertinentes, au développement socio-sanitaire du pays». Cette Université de l’hivernage a été organisée par le Sutsas pour combler le gap de formation pour les agents qui n’ont pas bénéficié de recyclage après leurs études. Ce qui va leur permettre d’explorer d’autres horizons comme les zoonoses, l’accueil hospitalier…
LE DERBY GF- TFC, POUR LANCER LA SAISON
Trophée des champions ce samedi au stade Lat Dior (18h), Après cinq ans d’absence, le trophée des champions fait son retour ce samedi 21 octobre au stade Lat Dior de Thiés
En attendant le top départ du championnat de Ligue 1 qui sera donné le 28 octobre prochain, la saison 2023-2024 sera ouverte ce samedi 21 octobre avec le Trophée des Champions qui mettra aux prises au stade Lat Dior de Thiès, Génération Foot, l’équipe championne du Sénégal et Teungueth FC, vainqueur de la Coupe de la Ligue. Ce trophée qui lance le marathon fait son retour après une absence de cinq ans.
Après cinq ans d’absence, le trophée des champions fait son retour ce samedi 21 octobre au stade Lat Dior de Thiés. Il opposera l’équipe de Génération Foot, sacrée championne du Sénégal à Teungueth FC, vainqueur de la Coupe de Ligue. Ce duel permet non seulement aux deux formations d’étoffer leurs armoires à trophées, mais aussi de répéter les gammes en direction du championnat de Ligue 1 dont le coup d’envoi est prévu une semaine plus tard. Quelques mois après la clôture de la saison, il serait difficile de se lancer dans un pronostic. Après avoir terminé en trombe la saison écoulée, avec une succession de 10 victoires consécutives, les Grenats de Génération foot ont, en effet, connu beaucoup de changements. On le constate notamment sur leur effectif qui a connu beaucoup de départs. Mais aussi après l’amère défaite subie devant les Guinéens de Hafia et leur élimination précoce dès la phase des préliminaires de la Ligue Africaine.
Ce jeudi en Conférence de presse d’avant -match, Balla Djiba, entraîneur de Génération Foot a estimé que son équipe avait eu le temps de jouer plusieurs matchs amicaux qui lui ont permis d’évaluer le travail. «C’est vrai que c’est un derby que toutes les deux équipes veulent remporter, mais ça reste tout de même un match de préparation. Nous allons donc nous faire plaisir et faire plaisir aux supporters qui viendront au stade», avait-il promis. Après avoir donné des couleurs à sa saison avec son premier trophée de la Coupe de la Ligue décrochée aux dépens du Stade de Mbour, Teungueth FC compte enchaîner avec une nouvelle récompense. Ce qui serait un bon moyen d’engranger de la confiance et de lancer idéalement le prochain marathon du championnat. «L’équipe a l’état d’esprit d’une finaliste. Nous sommes à la fois euphoriques, concentrés et motivés à très bien jouer samedi. Le staff, la direction du club, les joueurs et les supporters sont tous conscients de l’importance de jouer une finale. Cette conscience collective qui nous anime, fait que le groupe est très motivé pour aller chercher ce trophée», a rassuré son entraîneur, Cheikh Guèye. Il faut rappeler que la dernière édition de la Coupe de la Ligue organisée en 2019 a été remportée par Diambars FC.
« JE ME SENS TRES A L'AISE DANS CETTE PHILOSOPHIE DE JEU »
Jacobs arrière gauche de l’As Monaco, Buteur puis passeur décisif avant la trêve internationale lors de la victoire contre Reims (1-3), le piston gauche sénégalais s’est présenté devant les médias pour évoquer sur le site de l’As Monaco, son actualité
Buteur puis passeur décisif avant la trêve internationale lors de la victoire contre Reims (1-3), le piston gauche sénégalais s’est présenté devant les médias pour évoquer sur le site de l’As Monaco, son actualité ainsi que la réception de Metz, à 48 heures de la rencontre.
Il avait logiquement été élu MVP du succès à Reims (1-3), avant de s’envoler pour rejoindre les Lions de la Teranga. Auteur de l’ouverture du score – pour son premier but sous les couleurs de l’AS Monaco -, et passeur décisif par la suite pour Wissam Ben Yedder, Ismail Jakobs avait ainsi brillé dans le couloir gauche des Rouge et Blanc à Auguste-Delaune. C’est donc pour évoquer sa forme du moment et le prochain rendez-vous contre Metz au Stade Louis-II (dimanche, 17h05), que le numéro 14 monégasque s’est présenté devant les médias. Extraits
SUR SON NOUVEAU STATUT
Tout d’abord je voudrais avoir une pensée pour Caio Henrique, qui vit forcément une situation très difficile. J’ai été très triste pour lui quand nous avons appris pour sa blessure. En ce qui me concerne, j’essaye de prendre ma chance et de répondre aux attentes sur le terrain. Je veux montrer ce que je suis capable de faire et je suis content de pouvoir jouer. J’ai vraiment à cœur de prouver qu’on peut me faire confiance. Ce genre de matchs vous donne beaucoup de confiance, que ce soit avant de partir en sélection ou pas d’ailleurs. Je suis très content de la prestation que j’ai pu livrée, mais pour être honnête je suis déjà tourné vers le rendez-vous de dimanche contre Metz. Ismail Jakobs A propos de son match à Reims
METZ, UN MATCH PIEGE ?
C’est une rencontre très compliquée qui nous attend dimanche, un vrai combat face à un promu, d’autant plus après cette trêve internationale où nous étions beaucoup à partir en sélection. Il faudra évidemment respecter les Messins, d’autant que nous avions eu du mal à enchaîner après les trêves l’an dernier. Nous devrons être concentrés et focus à 100% pour l’emporter.
SA PRESTATION A REIMS
Ce genre de matchs vous donne beaucoup de confiance, que ce soit avant de partir en sélection ou pas d’ailleurs. Je suis très content de la prestation que j’ai pu livrée, mais pour être honnête je suis déjà tourné vers le rendez-vous de dimanche contre Metz. Reims est déjà derrière moi. Je pense en tout cas que cela aide à bien jouer quand on a du rythme. Il est évident que c’est plus facile de jouer d’entrée, plutôt que d’être d’attaque directement quand on rentre pour les 20 dernières minutes d’un match. C’est vrai que je me sens bien dans ce rôle de piston sur l’aile, qui fait que je joue de manière plus offensive. C’est aussi le système de jeu qui veut ça, et je me sens à l’aise là-dedans. Le coach a une philosophie et une façon de jouer différentes de la saison dernière.
SON PREMIER BUT AVEC L’AS MONACO
Comme je l’ai dit, un but donne toujours beaucoup de confiance, et c’était important pour moi de débloquer mon compteur. Mais encore une fois dimanche personne ne pensera plus à ce but quand nous jouerons contre Metz. En revanche je donnerai tout pour refaire un très bon match. Il faut continuer à travailler ainsi.
SON PROFIL OFFENSIF
La position d’arrière gauche implique de savoir faire les deux, défendre et attaquer. Et c’est vrai que je me sens bien dans ce rôle de piston sur l’aile, qui fait que je joue de manière plus offensive. C’est aussi le système de jeu qui veut ça, et je me sens à l’aise là-dedans. Le coach a une philosophie et une façon de jouer différentes de la saison dernière. Cela me permet donc d’être décisif pour l’équipe, que ce soit en délivrant des passes décisives ou en marquant comme à Reims. C’est une grande fierté pour moi de représenter le Sénégal, et ce serait évidemment un rêve de disputer une compétition comme la Coupe d’Afrique des Nations. Je pense que nous avons une très bonne équipe, un très bon groupe cette année.
LE SENEGAL ET LA CAN
C’est une grande fierté pour moi de représenter le Sénégal, et ce serait évidemment un rêve de disputer une compétition comme la Coupe d’Afrique des Nations. Je pense que nous avons une très bonne équipe, un très bon groupe cette année. Donc j’espère vraiment que nous pourrons gagner à nouveau ce trophée, après la victoire en 2022.
DAKAR « ETOUFFE »
A l’image de plusieurs régions du monde, le Sénégal croule sous le poids de la canicule. Et en cette fin d’hivernage, Dakar étouffe, sous l’effet de la chaleur.
A l’image de plusieurs régions du monde, le Sénégal croule sous le poids de la canicule. Et en cette fin d’hivernage, Dakar étouffe, sous l’effet de la chaleur. Contrairement aux prévisions météorologiques, par exemple il faisait 33°C hier, jeudi 19 octobre 2023, à 15h00, dans la capitale, la température ressentie inquiète plus d’un. Un micro-trottoir.
15h sur l’avenue Bourguiba ! Rien ne bouge ou presque, les voitures semblent toutes fixées sur place, à cause d’un bouchon énorme. L’alerte météo reçue affichait «33° C, temps Ensoleillé» hier, jeudi 19 octobre 2023. Mais au fond de plus d’un Dakarois, la température ressentie est bien supérieure à cette prévision. Bref, il fait chaud, très chaud d’ailleurs à Dakar, la capitale sénégalaise. En ce mois d’octobre, un des plus chauds de l’année, des habitants soutiennent vivre des pics de chaleur jamais égalée, comparativement aux précédents.
Les effets du changement climatique, avec son cortège de dérèglement des températures entre autres, sont passé par là : chaque saison estivale (y compris chaque mois d’octobre), est réputée plus chaude que celle d’avant. Une canicule «exceptionnelle» qui inquiète la population de la ville. Surtout quand les embouteillages à Dakar viennent intensifier ce pic de chaleur ressenti de part et d’autre dans la ville.
Face à une telle situation inquiétante, chacun y va de ses astuces et stratégie pour atténuer ou affronter la canicule. Alors que certains préfèrent se rafraîchir à la plage qui refuse du monde, d’autres, déjà en déplacement ou bloqués dans la circulation ont dû recourir à des sachets d’eau, des crèmes glacées, dont les vendeurs se frottent les mains en cette période, pour se rafraîchir.
Tandis que d’autres choisissent tout bonnement de rester chez eux, sous l’air conditionné du climatiseur ou devant un ventilateur, pour éviter des bouffées de chaleur. C’est le cas d’Aissatou Diallo, retrouvée au seuil de sa maison, pressée d’y entrer. «Moi, je ne veux pas que la chaleur brûle mon teint. Je préfère rester à la maison, sous le climatiseur. Mais je ne sors pas, en général, à partir de 14h à 17h ; il fait extrêmement chaud ces temps-ci, je ne veux pas tomber malade», déclare-t-elle. La chaleur de cette année est particulière. Les rayons du soleil chauffent abondamment la terre et cela est ressenti par les jumeaux Traoré, croisés à la sortie de l’école Rahma, en compagnie de leur Mère transpirante, attendant une voiture. «Nous buvons beaucoup d’eau pour nous hydrater ; il fait chaud», nous raconte les petits jumeaux. La vague de chaleur a engendré une forte consommation d’électricité dans plusieurs secteurs. Alors que certains usent de trucs et astuces pour s’adapter à cette chaleur intense, d’autres en souffrent énormément, espérant une fin imminente avec l’hiver qui devrait s’annoncer dans quelques semaines, à Dakar.