La vérité sur le rôle des conseillers du président montre que les mots comme « larbin », les idées reçues du genre « savants agrégés empressés de fréquenter les salons du pouvoir » n’existent que dans l’imaginaire des commentateurs qui les manient
Depuis l’annonce officielle de la découverte d’importants gisements de pétrole et de gaz au Sénégal, le président Macky Sall a bien conscience de la difficulté d’obtenir l’adhésion de l’ensemble de la société à l’idée qu’il ne s’agit là, ni plus ni moins, que d’accélérateurs nouveaux de notre développement qui ne devraient faire perdre la tête à personne au pays de la Téranga. Il en a d’autant plus conscience qu’il a lui-même voulu que les ressources naturelles deviennent – chose faite depuis la proclamation des résultats définitifs du référendum du 20 mars 2016 par le Conseil constitutionnel – une propriété exclusive du peuple sénégalais souverain. Mille et une déclarations de principe ne suffiraient donc pas à sortir de la controverse voulue par l’opposition politique qui saisit là une occasion d’affirmer, autant que la majorité, son attachement aux intérêts vitaux des populations sénégalaises. Mais pas toujours, hélas, dans la sérénité !
Une question importante se posa alors au président quand arriva le moment de faire des éclairages concernant le pétrole et le gaz du Sénégal sur lesquels nos compatriotes attendent beaucoup : « Pourquoi refuser au pétrole et au gaz la centralité dans notre processus de développement économique et social tout en leur reconnaissant le rôle d’accélérateur du développement et d’amélioration significative des conditions de vie que les Sénégalais en attendent ? » Par centralité, il faut comprendre la fonction d’impulsion du développement économique et social exclusivement dévolu à un secteur – celui des énergies fossiles - au détriment ou presque de tous les autres.
De la centralité dans les processus de développement
La formation des Etats modernes s’appuie sur le Territoire (T), grand ou petit, disponible, la Population (P), nombreuse ou peu nombreuse, les Ressources naturelles (R), en petite ou grande quantité, et par le Savoir (S), étendu ou moins étendu, dont les habitants sont crédités grâce à l’éducation, la formation et la recherche-développement. L’utilité (supposée ou réelle) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) est de garantir la libre administration de chaque pays par un gouvernement issu, de préférence, du suffrage universel. Il en résulte une centralité de la Gouvernance démocratique (G) dans les Etats modernes.
D’après cette configuration, la tendance universelle à la gouvernance démocratique (G) s’explique alors par l’équilibre, facteur de paix, de sécurité et de développement, dans lequel sont maintenues les composantes essentielles (R, T, P et S). La conséquence est que les rapports sur la gouvernance qui épinglent les exécutifs nationaux et/ou locaux sont des réquisitoires plus ou moins sévères contre les déséquilibres nés des entorses à la gouvernance démocratique. Mais puisque ces déséquilibres affectent R, T, P et S, il ne fait plus aucun doute que l’intensité plus forte de la pression qui s’exerce sur une composante plutôt que sur une autre entraîne un changement de centralité dans le processus de développement économique et social d’un Etat. Quatre variantes s’imposent alors en matière de centralité :
- deux plus fréquentes (Ressources et Territoire) ;
- deux moins fréquentes (Populations et Savoir).
Les deux premières variantes, assez répandues, se traduisent par une pression très forte sur les ressources naturelles dont le pétrole et le gaz et sur les réserves foncières. Moins répandues sont les deux dernières variantes correspondant respectivement à la mobilisation de l’ensemble de la population et à la prise en compte du primat du savoir (primordial) dans tout processus de développement économique et social.
Depuis la découverte de sources d’énergie fossile au Sénégal, les accusations infondées de spoliation portées contre X ou Y correspondent moins à une contribution civique à la sauvegarde de la propriété de tous qu’à une incitation erronée à la centralité, préjudiciable à l’équilibre global, des nouveaux gisements de pétrole et de gaz.
Le président a plusieurs fois dit son opposition à la centralité des ressources naturelles - le pétrole et le gaz compris - dans le processus de développement économique et social enclenché depuis le 3 avril 2012. A moyen terme, les conséquences de la fixation sur les ressources naturelles sont désastreuses (corruption, crise écologique, « économie de rente », écarts inacceptables de revenus, fin de la diversification, etc.) A long terme, c’est toute l’économie qui s’écroule pour cause de frénésie rentière.
Centralité et prospective
Les études prospectives inspirent, à travers plusieurs scénarios, les plans de développement économique et social. L’étude prospective « Sénégal 2035 » - dernier du genre – comporte quatre scénarios qui se résument ainsi qu’il suit :
Dans [ce] scénario, les mécanismes en cours pourraient se poursuivre dans une société vivant de ses rentes sans engager les réformes économiques et sociales et les mutations culturelles nécessaires pour envisager une autre trajectoire.
Scénario pessimiste : Anomie et chaos
Les pouvoirs sont détenus par certaines catégories de la communauté qui sont privilégiées.
Scénario moyen : Émergence économique basée sur une dynamique productiviste
Il est mis en œuvre une dynamique productiviste pour une croissance économique soutenue.
Scénario optimiste ou la vision : Émergence dans la solidarité et État de droit
Ce scénario optimiste impulse le développement à la base en donnant plus d’opportunités aux ruraux par la création de multiples pôles de développement au niveau des terroirs. »
Il est aisé de constater que le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui s’inspire du scénario optimiste ne s’accommode aucunement de la centralité des ressources naturelles. Une telle centralité renvoie, au meilleur des cas, au scénario moyen. La dynamique productiviste qui caractérise ce scénario est à l’origine de la controverse sur la croissance dans une économie en développement comme la nôtre.
La centralité du savoir et celle des populations avec les prérequis nécessaires en matière d’éducation et de formation, y compris aux anciens et nouveaux métiers des hydrocarbures, devraient, quant à elles, attirer encore plus l’attention des prospectivistes sénégalais. Surtout dans la perspective de la mise en œuvre des Projets d’actions prioritaires (PAP2A) sur la période 2018-2024.
Approche prudente
Les passages clés du discours économique du Président, à plusieurs occasions, en disent long sur la stratégie dite d’approche prudente pour un développement durable.
28/12/2013
« 1. Je voudrais (…) saluer l’actualité et la pertinence du thème de cette 22ème édition : « problématique de l’énergie en Afrique de l’Ouest : enjeux et perspectives des énergies renouvelables ».
En effet, en Afrique de l’Ouest la situation énergétique se caractérise par une offre insuffisante et une demande sans cesse croissante. Ce déséquilibre entraîne une crise énergétique qui a des incidences néfastes sur les économies de la quasi-totalité de nos pays. Les sorties de devises pour supporter les dépenses d’approvisionnement en sources d’énergies fossiles pèsent lourdement sur les balances des paiements de nos différents pays alors que ceux-ci sont confrontés à de multiples autres défis.
De plus, nos pays sont caractérisés par une faible productivité économique et une pauvreté importante, dont l’une des principales causes reste l’insuffisance de l’accès au service énergétique moderne.
Par ailleurs, l’Afrique de l’Ouest se singularise par une très forte dépendance aux ressources ligneuses (près de 80 % de la consommation en énergie provient de la biomasse traditionnelle), qui entraîne une dégradation des formations forestières et de l’environnement.
Ces constats, associés au déclin annoncé de l’ère du pétrole, ont fondé la plupart de nos Etats à s’inscrire résolument dans la dynamique mondiale d’intégration progressive des énergies renouvelables dans les mix énergétiques nationaux.
2. Avec les moyens adéquats, ces sources d’énergies alternatives à notre disposition (vents, forêts, biomasse…) pourraient générer entre autres de l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique. Toutefois, il convient d’informer, de sensibiliser et de mettre à la disposition des utilisateurs les équipements à des coûts abordables, afin que les énergies renouvelables soient réellement prises en compte dans notre processus de développement économique et social.
Parmi les axes stratégiques de développement de ce secteur figure également en bonne place la réalisation d’un mix énergétique diversifié et équilibré où les énergies renouvelables occuperont une place de choix pour, à la fois, satisfaire la demande en forte croissance, tout en préservant l’environnement et réduire notre dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur.
Une politique volontariste devrait nous permettre de renverser la tendance notée dans le profil des émissions de gaz à effet de serre par secteur au Sénégal, caractérisée par une prépondérance du secteur de l’énergie avec près de la moitié des émissions (49 %), suivi du secteur de l’agriculture (37 %).
20/02/2015
« Il s’agit, à travers des projets concrets comme [la centrale électrique de Boutoute], de renforcer les capacités de production selon un mix énergétique varié, de réhabiliter et de développer les réseaux de transport et de distribution, ainsi que l’électrification rurale.
A travers le mix énergétique, nous voulons diversifier les sources de production d’énergie, par une utilisation accrue du gaz naturel et du charbon, l’introduction progressive des énergies renouvelables avec un objectif d’au moins 20 % de la puissance installée en 2017.
C’est pourquoi j’attache un intérêt tout particulier au suivi des projets engagés, pour une capacité globale de 900 MW, à Taïba NDIAYE, au Cap des Biches, à Sendou, à Kayar et à Mboro, ainsi que les 250 MW attendus des sources d’énergies renouvelables, solaire et éolienne, dans le cadre de projets de coopération ou de partenariat public-privé. »
13/04/2015
« Il s’agit notamment de la réalisation de réseaux moyenne tension sous forme de dorsales afin de permettre un maillage optimal du territoire et de mini réseaux solaires ou hybrides pour alimenter en continu les zones les plus reculées du pays.
A ce propos, je vous annonce qu’à Kaolack, 152 localités sont déjà inscrites dans nos projets en cours d’exécution ; 105 par raccordement au réseau électrique et 47 par l’énergie solaire.
A Kaffrine, 143 localités seront électrifiées, dont 139 par raccordement au réseau électrique et 4 par l’énergie solaire.
Parallèlement, le Programme national de Biogaz domestique (PNB SN), permettra, par la vulgarisation du biodigesteur, de fournir aux ménages ruraux :
- un accès à une énergie moderne et durable pour la cuisson à travers le biogaz ;
- de l’engrais organique pour fertiliser les terres et augmenter les rendements par l’utilisation de l’effluent organique issu du processus de méthanisation. »
15/03/2016
« Les récentes découvertes de gaz vont, également, consolider davantage notre option de développement durable dans le cadre de la production de l’électricité.
Ainsi, la mise en service des projets énergies renouvelables, le développement du parc de production se fera avec des unités fonctionnant au gaz tout en assurant un mix diversifié et équilibré. »
22/03/2016
« Les récentes découvertes de gaz vont, également, consolider davantage notre option de développement durable dans le cadre de la production de l’électricité.
Ainsi, la mise en service des projets énergies renouvelables, le développement du parc de production se fera avec des unités fonctionnant au gaz tout en assurant un mix diversifié et équilibré. »
13/06/2016
« 1. Dès mon accession à la magistrature suprême, j’ai pris l’option de placer le secteur de l’énergie au cœur de mes priorités ; l’Energie est un enjeu majeur de développement durable pour notre pays.
C’est pourquoi, il constitue un des piliers du Plan Sénégal Emergent (PSE) dont l’objectif est d’accroître la productivité en vue de soutenir une dynamique de croissance forte, durable et inclusive.
En effet, avec le plan de relance intégré de l’électricité et le service universel de l’énergie, d’un coût de plus de 300 milliards de FCFA, le secteur de l’énergie reste l’un des axes majeurs du Plan d’Actions Prioritaires 2014-2018 du PSE.
Ce plan de relance devrait nous permettre d’assurer le renforcement des capacités de production, la réhabilitation et l’extension des réseaux de transport et de distribution et enfin le développement de l’électrification rurale.
De plus, les découvertes importantes de pétrole et de gaz naturel, l’introduction significative des énergies renouvelables dans notre parc de production, nous permettrons d’atteindre l’objectif de diversification des sources de production d’électricité.
2. Avec sa technologie en duale fuel, [la centrale ContourGlobal, ici au Cap des Biches, d’une puissance de 53 MW], consommera du fuel lourd mais pourrait fonctionner avec du gaz naturel dès que ce produit sera rendu disponible sur site. »
27/08/2016
« L’électrification de l’Afrique constitue à mon sens une de ces priorités majeures. L'énergie, c’est la clef du développement. Tous les efforts de développement du continent seront vains s’il ne dispose pas d’une électricité abondante et compétitive.
Nous savons tous que le potentiel énergétique du continent est énorme.
L’Agence internationale de l’Energie, estime que près de 30 % des découvertes mondiales de pétrole et de gaz des cinq dernières années proviennent d'Afrique subsaharienne.
Dans son dernier Rapport 2015, Africa 2030, roadmap for a renewable Energy Future, l’Agence internationale des Energies renouvelables (IRENA) considère que pour couvrir les besoins de l’Afrique en électricité d’ici 2030, au moins 300 GW pourraient venir des énergies renouvelables, 100 GW de l’énergie éolienne et 93 GW du solaire, entre autres sources.
Mais nous sommes toujours dans une situation véritablement paradoxale.
D’une part, l’Afrique éclaire les autres continents par ses ressources et reste elle-même dans l’obscurité.
D’autre part, l’Afrique demeure le continent le plus affecté par le changement climatique, alors que sa contribution aux émissions de CO2 liées à l'énergie est la plus faible ; devant atteindre seulement 3 % en 2040.
C’est pour sortir de ce cercle vicieux que, dans le cadre du suivi de la COP21, nous avons initié au sommet de l’Union africaine en juillet dernier la création d’un Fonds d’appui à l’électrification de l’Afrique qui sera logé à la BAD. »
24/10/2016
« Le Sénégal dispose d’un potentiel non négligeable en ressources humaines et naturelles. Nous avons d’ailleurs récemment découvert d’importants gisements de pétrole et de gaz. »
16/11/2016
« J’aimerais aussi vous faire part des nouvelles perspectives de développement qui s’ouvrent pour notre pays avec d’importantes découvertes de pétrole et de gaz que nous venons de faire.
Notre stratégie dans ce domaine est basée sur une approche prudente, pour éviter à notre pays ce qu’on appelle communément “la malédiction du pétrole” et pour ne pas compter sur une “économie de rente”, non diversifiée, et donc moins résiliente.
C’est pourquoi, en plus de l’adhésion du Sénégal à l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), j’ai mis en place un Comité d’orientation stratégique du Pétrole et du Gaz, (COS-PETROGAZ), chargé d'assister le Gouvernement dans la définition, la supervision, l'évaluation et le contrôle de la mise en œuvre de la politique de l’État en matière de développement de projets pétroliers et gaziers.
Nous voulons établir une exploitation transparente de ces ressources, qui sécurise l’investissement en tenant dûment compte des intérêts des populations et de l’État. Et nous sommes ouverts à toute expertise que des partenaires comme le FMI pourraient nous apporter dans ce domaine. »
L’avis du CESE, un encouragement au dialogue
« Invité, dès mai 2017, à mener “une réflexion anticipative sur les modalités d’une gestion durable de nos ressources naturelles, en particulier le gaz et le pétrole”, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) adressa au Président de la République l’Avis n° 2017-06 qu’il adopta lors de la séance du 20 novembre 2017. Nous invitons nos concitoyens à lire et à commenter, au besoin, les rapports et avis du CESE pour se faire une idée exacte de l’apport précieux de l’organe consultatif.
Les « échanges larges et ouverts avec les populations et les acteurs professionnels sur toutes les problématiques liées à la découverte du pétrole et du gaz dans notre pays », la rigueur dans le travail de documentation de la Commission Ad Hoc du CESE chargée de la préparation du projet d’avis et l’Avis lui-même font écho à la stratégie du Sénégal basée sur une approche prudente. En même temps, ledit avis a surtout l’avantage de montrer à celles et ceux qui prendront le temps de s’en imprégner qu’une approche simpliste ou rentière d’un dossier complexe comme celui des gisements de pétrole et de gaz préfigure “ la malédiction du pétrole”. Au lieu de cela, le CESE propose « un dispositif rigoureux de transparence et de bonne gouvernance » qui, au plan international, s’inspire des orientations de « la gouvernance du secteur des hydrocarbures » et de « l’utilisation des revenus tirés du pétrole et du gaz » par des pays producteurs reconnus pour leur réussite dans ce domaine. Au plan national, le dispositif tient compte de l’environnement (perfectible) des hydrocarbures en jetant un coup de projecteur sur la législation en vigueur, l’organisation du secteur, les contrats signés par l’Etat du Sénégal, les risques environnementaux et la formation aux métiers du pétrole et du gaz.
En s’appuyant sur les simulations du Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, le dispositif du Conseil insiste enfin sur les opportunités de financement des politiques publiques en cas d’utilisation efficiente des Ressources financières générées par le pétrole et le gaz (RPG). Pour la période 2022-2035, lesdites simulations donnent des indications importantes sur la croissance économique qui dépasse le taux de 7,5 % prévu par le PSE.
Sur la même période, la pression fiscale moyenne passerait de 23,4 % à 28,6 % et 211 000 emplois seraient créés chaque année.
Le tour de la question a permis au Conseil de faire des recommandations idoines sur :
- l’élaboration d’une loi d’orientation du secteur des hydrocarbures ;
- l’utilisation et la répartition des RPG ;
- l’appropriation populaire de la gestion par le truchement d’un système d’information accessible à tous ;
- la bonne gouvernance du secteur ;
- la garantie de retombées significatives pour les populations ;
- la formation aux métiers du pétrole et du gaz ;
- la sauvegarde de l’environnement au niveau et autour des sites d’exploitation ;
- la sureté et la sécurité à tous les niveaux (sites d’exploitation, transport, stockage, etc.)
Les recommandations importantes, consignées dans l’Avis n° 2017-06 du CESE, constituèrent, avant l’heure, un encouragement au dialogue auquel participèrent, le 12 juin 2018, les professionnels du secteur des hydrocarbures, les élus, les partenaires sociaux, les organisations de la société civile, des responsables politiques, un grand nombre de personnalités indépendantes et de citoyens tous mus par l’intérêt général.
C’était le prix à payer pour une approche on ne peut plus prudente du maniement des deux accélérateurs nouveaux (le pétrole et le gaz). L’accélération ne saurait donc être une fuite en avant de rentiers d’un autre âge. C’est une rationalité socio-économique qui fait écho à notre loi fondamentale. C’est que nous avons tous l’obligation – le président le premier - de nous conformer à la Constitution qui, en son article 25-1, dispose que « (…) l’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables ».
Dans la confusion générale, la vérité sur le rôle des conseillers du président, parmi lesquels votre humble serviteur, auteur ce texte, montre que les mots insultants comme « larbin » (Réseaux sociaux), les idées reçues du genre « savants agrégés empressés de fréquenter les salons du pouvoir » (Professeur Jean-Louis Corréa) et les présupposés comme « les grâces du Palais sont si abondantes » (Réalisateur Moussa Sène Absa) n’existent que dans l’imaginaire des commentateurs qui les manient. La vérité est tout autre. Nous tenons à le dire avant que le mensonge ne brûle le pays. Chacun peut maintenant prendre ses responsabilités.
Abdoul Aziz Diop est ingénieur pétrolier diplômé (promotion 1985) de l’Institut de pétrole et de gaz de Ploesti (Roumanie) et environnementaliste. M. Diop est l’inventeur (1988) d’un protocole d’inspection de gazoducs hors service pour la réparation et la réutilisation avec toutes les garanties de sécurité…
par Malick Sy
JUAN BRANCO, UNE IMPOSTURE FRANÇAISE AU CŒUR DU DESTIN DE SONKO
Il est consternant de voir quelqu’un qui a bâti son discours sur le rejet de l’Occident et qui a toujours pourfendu la France, mettre son destin judiciaire et politique entre les mains d’un avocat français à la moralité douteuse
Chaque métier recèle une forte densité de fabulateurs. Celui d’avocat ne fait pas exception. Et dans le domaine de la mystification, Juan Branco est passé maître.
La mise en scène théâtrale de sa bruyante et pathétique conférence de presse à Paris pour tenter de saper la respectabilité internationale du Sénégal, avait des allures d’une comédie show. Il y a certes plus atroce à se farcir comme simulacre médiatique. Mais là, Juan Branco a véritablement touché le fond, malgré ses excès et ses pulsions d’épitoge, pour donner de la consistance à son imposture. Et on se demande bien qu’est-ce que cet avocat bluffeur et défenseur sur le tard d’Ousmane Sonko est donc allé faire dans cette galère ?
Il faut dire qu’entre le Français et le Sénégalais, il y a comme une communauté de destin. Les deux hommes, qui ont joué leur vie sur fond de turpitudes, ont en commun d’avoir été accusés de viols. Comme si leurs destinées avaient été conçues dans les mêmes laboratoires de clonage. Leur recherche frénétique de notoriété, leurs pulsions incontrôlées pour le vacarme et le tumulte ont sculpté le rapprochement entre Juan et Ousmane. Le premier, depuis Paris, devenant le suppôt de la propagande manipulatrice du second, privé de liberté à Dakar.
Visé par une enquête pour viol, accusé de rapport sexuel non protégé, d’envoi de photos de femmes nues et de clichés pornographiques sans le consentement des jeunes filles, Juan Branco, mégalomane vaniteux, jouisseur de race, sans autre foi ni loi que son goût pour la perversité et la perversion, incarne tout le contraire des valeurs moralisatrices
qu’Ousmane Sonko nous a vendues à longueur de prêches populistes. Avant de tout noyer dans le jacuzzi d’un obscur salon de message, dans les bras d’une jeune fille d’à peine 20 ans. Ce qui lui vaut une condamnation deux ans ferme, pour corruption de la jeunesse.
Et c’est ce personnage sulfureux, à la moralité plus que douteuse et à la prétention sans limite, prêt à tout pour faire parler de lui avec ses idées basses et son verbe haut, qui veut aujourd’hui s’attaquer à notre pays, à ses dirigeants et à ses citoyens.
Quand on a pas d’arguments, on se repaît souvent de ce qui se trouve à sa portée. Juan Branco, lui, s’est trouvé un rôle, celui de bouffon. Sauf que son spectacle n’intéresse qu’une poignée de thuriféraires du Pastef. Plus grand monde ne goûte à son théâtre avec sa dramaturgie navrante. Il n’y a presque plus personne dans la salle. Mais lui refuse obstinément de tirer le rideau.
Monsieur Branco, plus que jamais, vous vous ridiculisez, vous vous décrédibilisez. La scandaleuse et insoutenable légèreté de vos accusations sont la preuve que vous êtes juste en mission de salir le Sénégal, son État et sa République. Sachez qu’il n’est pas question ici de tribunal du buzz ou de la vanité. Mais d’accusations douteuses voire invraisemblables qui ne font aucun droit à la crédibilité et que vous avez osé outrancièrement porter sur notre pays.
Par idéologie, sur la base de dénonciations calomnieuses et de délations anonymes, vous avez accablé d’honnêtes citoyens.
Je me suis retrouvé choqué face au cas d’Alpha Oumar Sow. Quelle ne fut pas ma sidération lorsque j’ai vu son nom figurer sur la liste de «vos nervis et assimilés». Je l’ai tout de suite appelé pour m’assurer qu’il s’agissait bien de lui. Après confirmation, je suis juste tombé des nues.
Car ce jeune Sénégalais, père de famille sans histoires, qui a été mon collègue dans l’une des plus prestigieuses entreprises du Sénégal, que vous venez de jeter à la vindicte populaire pour alimenter votre grotesque conspiration contre l’état du Sénégal, est tout sauf un nervi. Exemple isolé ? Que non.
Autre personnage au banc de vos accusés, M. Doudou Ka : ingénieur, sorti de la prestigieuse école nationale des Ponts et Chaussées de Paris, mathématicien diplômé de la toute aussi prestigieuse université Pierre et Marie Curie, banquier d’affaires, cerveau opérationnel de nombreux grands projets sénégalais et aujourd’hui ministre de son État. Un pedigree qui tranche carrément avec votre caricature de vaniteux excessif.
J’ai le privilège de faire partie de ses plus proches collaborateurs. Doudou Ka incarne le Sénégal de l’excellence, ce Sénégal conquérant, futur producteur pétrolier et gazier que vous et avec vos amitiés sulfureuses et les réseaux obscurs de vos amis tentez de déstabiliser.
C’est cet homme, fortement engagé dans le développement du Sénégal, que vous vous efforcez de salir en le qualifiant de recruteur de nervis. Mais cela n’étonnera personne. Sauf ceux qui ignorent qu’il est la figure de proue d’une opposition sans concession à votre client Ousmane Sonko. Son péché véniel, aux yeux de tous les partisans, militants et amis du maire de Ziguinchor.
Cette grossière supercherie mediatico-judiciaire, que vous tentez désespérément de faire prospérer en le recouvrant sous les oripeaux de crime contre l’humanité est juste un moyen d’enjoliver pour votre narratif déjà bien nauséeux de prédateur. Monsieur Branco, votre réputation au Sénégal est aujourd’hui en miettes. Sachez-le.
Voir Ousmane Sonko associé son nom à l’avocat à gage que vous êtes, n’est qu’une énième illustration d’un homme prêt à s’accommoder de tout le contraire de ce qu’il a combattu hier, en abaissant chaque jour un peu plus, le niveau de solidité de ses convictions.
En succombant aux sirènes d’un imposteur dont l’égo est quelques étages au dessus des compétences, le président du Pastef a rétrogradé ses défenseurs sénégalais et africains de la première heure pour vous propulser au rang de pitoyable commandeur de sa défense.
Il est juste consternant de voir quelqu’un qui a bâti tout son discours sur son rejet de l’Occident, qui a toujours pourfendu la France, et dont l’un des plus fidèles lieutenants est à la tête d’une organisation nommée « France Dégage », mettre son destin judiciaire et politique entre les mains d’un avocat français à la moralité douteuse. Pour un souverainiste qui espérait incarner le Sénégal, cela fait un peu désordre.
La vérité est que vous se contrefoutez, mais alors totalement, d’Ousmane Sonko et de son destin politique et judiciaire. Vous savez que les carottes sont plus que cuites pour le président du Pastef. Votre stratégie est maintenant d’exciter le fanatisme de ses partisans parmi les plus radicaux, pour mieux avoir le contrôle de leurs émotions. Ce qui passe par une saturation tous azimuts de l’espace médiatique et émotionnel avec comme objectif : vous construire une notoriété en Afrique francophone sur le dos de votre client.
Le plus regrettable dans cette affaire n’est pas tant de voir un avocat accusé de viol et soupçonné de laisser trop facilement ses mains balladeuses traîner dans les culottes de jeunes filles sans leur consentement, assurer la defense de Ousmane Sonko, mais de voir une certaine presse sénégalaise relayer sans aucune distance, ses provocations. Ce qui interroge sur une forme de complaisance de la part de certains médias sénégalais.
En multipliant ses apparitions sur nos antennes et sur les réseaux sociaux, Juan Branco n’a qu’un seul objectif : bâtir une communication de rupture en déposant ses poubelles sur notre pays, ses dirigeants, ses citoyens et ses forces de défense et de sécurité.
Chaque Sénégalais doit refuser de se laisser embarquer dans cette grossière opération de manipulation qui vise à attenter à l’honneur du Sénégal en mettant notre pays au ban d’infamie.
Se dresser contre les dérives de tous ceux qui veulent salir ou déstabiliser le Sénégal n’est pas un réflexe partisan ou un soutien politique à Macky Sall, mais l’instinct de défense et de sauvegarde d’une certaine fierté nationale. En tant que Sénégalais, nous devons refuser d’amplifier les imbécilités et autres approximations d’un promoteur de la rancœur dont l’objectif est de saper notre cohésion nationale en nous dressant les uns contre les autres. Et Juan Branco a tout l’air d’être la voix judiciaired’une meute médiatique occidentale, lancée aux trousses du président de la République du Sénégal.
Notre Nation a vocation à la grandeur. N’en déplaise à nos comtempteurs. Le Sénégal est un grand pays. Nous sommes un grand peuple. Nous avons de grands hommes politiques, de grands avocats et de grands journalistes capables de prendre en charge notre propre destinée démocratique.
Pour preuve, la récente tribune contre un troisième mandat du président Macky Sall, signée par plus de 100 journalistes sénégalais. Voila qui démontre que nous sommes un pays de liberté où peuvent s’exprimer toutes les opinions, dès lors qu’elles sont respectueuses des principes qui fondent la République. Cette République qui reste notre unique et ultime rempart contre l’intrusion dans notre périmètre de souveraineté et de fierté, de forces occultes ou d’imposteurs à gage à la Juan Branco. Cet homme qui a voulu enfiler le costume de pourfendeur du Sénégal, sans en avoir les mensurations.
Malick Sy est Conseiller en communication.
VIDEO
OUSMANE SONKO S'ADRESSE AUX SÉNÉGALAIS
Le leader de Pastef empêché de sortir de chez lui depuis plusieurs semaines par les forces de l'ordre, a délivré un message aux populations ce mardi 27 juin 2023 en prélude de la fête de la Tabaski prévue mercredi
Le leader de Pastef empêché de sortir de chez lui depuis plusieurs semaines par les forces de l'ordre, a délivré un message aux populations ce mardi 27 juin 2023 en prélude de la fête de la Tabaski prévue mercredi.
LA SÉCURITÉ, OBSESSION DU GOUVERNEMENT ?
Après la police et la gendarmerie en début d’année, l’armée a annoncé le réengagement de militaires libérés pour augmenter les effectifs des troupes. Une nouvelle étape dans l’anticipation du gouvernement de prochaines manifestations?
Mars 2021. Le Sénégal vient de vivre l’une des émeutes les plus violentes de ces 30 dernières années. Partout dans les grandes villes du pays, des scènes de chaos ornent un décor inimaginable quelques jours plus tôt. Même des brigades de gendarmerie ont été attaquées par des populations en colère, le contexte politico-économique explosif (arrestation du plus grand opposant politique Ousmane Sonko, ras-le-bol général des restrictions imposées dans le cadre de la Covid-19) expliquant les débordements.
Depuis, une deuxième vague tant redoutée est survenue le 1er, 2 et 3 juin 2023. Et au sein du gouvernement, la sécurité est dans toutes les bouches. Dans les faits, cela se traduit par un renforcement tous azimuts des forces de défense et de sécurité.
Hier, c’était au tour de l’armée nationale d’annoncer sa volonté d’augmenter ses effectifs. Cinq contingents de soldats libérés au terme de leur durée légale (2019/3, 2020/1, 2020/2, 2020/3 et 2021/1) vont être rappelés sous les drapeaux.
Selon un communiqué du ministère des Forces armées, ils effectueront leur retour à l’activité à compter du 1er juillet. La décision est signée par le ministre des Forces armées Sidiki Kaba et le chef d'État-major général des armées. Les services militaires concernés ont déjà reçu des instructions pour exécuter la décision.
Avec 16 morts officiels selon le gouvernement (23 morts documentés par Amnesty International), les violences du début de ce mois ont été plus meurtrières que celles d’il y a deux ans.
Clôturant le Dialogue national, samedi dernier, le président de la République a qualifié la gravité de ce qui s’est passé sur ces trois jours : ‘’Il y a eu des atteintes graves, des dommages sur les biens publics et privés, sur les personnes d'innocents citoyens dont certains ont malheureusement perdu la vie. Il est établi que ces faits, assimilables à des actes terroristes, ne resteront pas impunis."
Ce discours suit la logique de celui des autorités chargées de la sécurité nationale. Selon le ministre de l’Intérieur, au lendemain des dernières émeutes, des “forces occultes” ont “tenté de saboter l'usine de Djender qui produit plus de 12 000 m3 d’eau”. Antoine Félix Diome estime même que ce qui s’est passé ‘’dépasse la politique ; c'est la République et l'État qui sont attaqués. Et sur instruction du chef de l'État, nous allons prendre les dispositions nécessaires pour faire régner l'ordre".
Parmi ces dispositions, le renforcement du personnel des forces de défense et de sécurité qui ont été débordées aussi bien en mars 2021 qu’en juin 2023. En début d’année, l’État s’engageait déjà sur cette voie.
C’est ainsi que la 46e promotion des élèves de la police nationale a fourni, en janvier 2023, 1 262 nouveaux éléments au corps de la police pour la sécurité des biens et des personnes. Parmi eux, 16 commissaires de police, 56 officiers de police, 275 sous-officiers de police et 909 agents de police.
Président la cérémonie de sortie de promotion, le ministre de l’Intérieur avait indiqué que ce recrutement massif des fonctionnaires de police entrait dans le cadre du programme de montée en puissance de notre police nationale, le tout en promettant le recrutement de 4 000 fonctionnaires de police pour renforcer davantage la police nationale. Ceci, en plus de l’acquisition d’importants moyens matériels et logistiques, ainsi que de la construction et la mise en fonction de nombreux services de police sur toute l’étendue du territoire national.
En plus de l’armée et de la police, la gendarmerie bénéficie également du renforcement de ses effectifs. Début 2023, les contingents libérés de plusieurs promotions ont été rappelés. En effet, les autorités de la gendarmerie ont lancé la procédure pour le réengagement des gendarmes auxiliaires des contingents 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020/1 ayant déjà effectué la durée légale du service militaire. Ce qui fait un total de six contingents.
Malgré l’accalmie notée, la tension sociale reste très préoccupante. Le président de la République a annoncé l’officialisation de sa décision de se présenter ou non pour un troisième mandat après la fête de Tabaski, le 29 juin prochain. Si la décision de briguer un nouveau mandat est potentiellement source de tensions, la situation autour d’une participation du leader de l’opposition, Ousmane Sonko, à la Présidentielle en est une autre. Et ces deux points n’ont nullement été réglés au niveau du Dialogue national.
Face à l’incertitude des lendemains qui attendent le Sénégal, les forces de défense et de sécurité prennent des devants.
DESERTIONS ET DESOBEISSANCE, LA POLICE TAPE DU POINT SUR LA TABLE
La police nationale a réagi à une vidéo dans laquelle on voit un policier en tenue dénonçant leurs conditions de travail. Le Bureau des relations publiques annonce des poursuites judiciaires contre cet agent qui était en service au commissariat de Tamba
La police nationale a réagi à une vidéo dans laquelle on voit un policier en tenue dénonçant leurs conditions de travail. Le Bureau des relations publiques annonce des poursuites judiciaires contre cet agent qui était en service au commissariat central de Tambacounda.
Communiqué
À la suite d’une vidéo qui circule à travers les réseaux sociaux mettant en scène un fonctionnaire de police en tenue qui évoque des problèmes de prise en charge alimentaire et de dotation en carburant, la police nationale tient à apporter des clarifications.
En effet, il s’agit d’un agent de police en service au commissariat central de Tambacounda dont l’inconduite et la mauvaise manière de servir ont été constatées par ses supérieurs hiérarchiques directs. Ses manquements aux règles de discipline lui ont valu l’application de mesures de punition d’ordre intérieur pour provoquer son amendement. Sans autorisation d’absence, il a abandonné son poste depuis le 14 mai 2023 et a refusé de regagner le service malgré les nombreuses sommations. Les dernières investigations menées ont révélé qu’il est présentement à l’étranger.
Au vu de ces faits très graves, qui, à la lumière de la loi, sont qualifiés de désertions, la police nationale en tirera toutes les conséquences juridiques qui s’imposent.
Ainsi, sur le fondement de la discipline et du respect de la hiérarchie, la procédure disciplinaire prévue à cet effet sera mise en œuvre et le tribunal militaire saisi pour une application rigoureuse des sanctions prévues par le statut de la police nationale », lit-on dans le communiqué fait à Dakar le 27 juin 2023.
Ce que l’on en sait de cette affaire
Le policier mis en cause dans cette affaire a été filmé dans un véhicule du commissariat central de Tambacounda. Mais il a gardé les vidéos jusqu’à son arrivée à l’étranger, avant de les mettre en ligne sur le réseau social Tik-Tok.
Selon des sources de nos confrères de Seneweb, le limier serait actuellement au Canada.
THILLE BOUBACAR ET THILAMOLE, COMMENT LES PERIMETRES IRRIGUES ONT DOPE L’AGRICULTURE
Le profit est dans les sillons d’une agriculture performante. À Thillé Boubacar et Thilamole, l’eau est source de vie et de développement grâce à la réalisation, par le Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel et Saed
Le profit est dans les sillons d’une agriculture performante. À Thillé Boubacar et Thilamole (dans le département de Podor), l’eau est source de vie et de développement grâce à la réalisation, par le Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (Pariis) et la Saed, de périmètres irrigués villageois en systèmes gravitaires et des canaux maçonniques d’une garantie de 15 ans. Avec une meilleure maîtrise de l’eau, la superficie exploitée est passée de 5 à 10 hectares sur un périmètre de 12 hectares disponibles. Ce qui implique l’augmentation des rendements et favorise la double culture avec le maraîchage en saison sèche froide.
Le vent chaud et sec souffle sur Thillé Boubacar. Au beau milieu de la brousse, de vastes périmètres agricoles se dégagent. À l’intérieur de ces champs, jeunes hommes et femmes semblent assez résilients à la canicule. Ce mardi 20 juin 2023, ils procèdent à la récolte manuelle du riz paddy. Tantôt debout, tantôt courbés, ils coupent la paille et le paddy. Ils parviennent à produire sur des superficies assez importantes. Le mérite revient à une nouvelle technique d’irrigation agricole. L’eau n’est plus un luxe ou une ressource rare. Le bras du fleuve Ngalenka est la principale source. L’eau jaunâtre en surface est calme. Une motopompe thermique distille le liquide vers des canaux. Le processus est prolongé par la conduite de refoulement qui, à son tour, propulse l’eau dans les bassins, les périmètres avec l’irrigation gravitaire. Ces ouvrages ont été réalisés dans le cadre du Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (Pariis) placé sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire. Il intervient dans la vallée du fleuve Sénégal (Saint-Louis, Podor, Matam, Bakel), en Casamance (Ziguinchor, Sédhiou, Kolda) et dans le bassin arachidier (Diourbel, Fatick, Kaffrine, Kaolack, Thiès).
Les bénéficiaires du projet sont les exploitations agricoles familiales et leurs organisations ainsi que les structures partenaires. Le Pariis s’articule autour de la modernisation du cadre institutionnel, du financement de solutions dans l’irrigation et la gestion des connaissances. En partenariat avec la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (Saed), le Pariis a démarré, en 2020, la réalisation des travaux de réhabilitation de 1200 hectares dans la vallée du fleuve Sénégal, plus précisément dans les délégations de Podor, Matam et Bakel. Ces périmètres villageois irrigués sont des aménagements hydro-agricoles qui correspondent aux aménagements de petites et moyennes tailles gérés par les communautés villageoises pour les besoins alimentaires des ménages et les marchés locaux. Ces périmètres réduisent les pertes d’eau puisqu’elles ne dépassent pas, en moyenne, 30 litres par mètre carré arrosé par jour.
De 5 à 10 hectares d’exploitation
Après les semis et les travaux champêtres, l’heure est aux récoltes à Thillé Boubacar. Les aménagements rizicoles ont bien poussé avec de la paille et des épis jaunâtres. Dans ce périmètre agricole de 12 hectares, 13 familles y travaillent et y trouvent leur compte, notamment avec la mise en place d’infrastructures d’irrigation. Avant le projet, la surface cultivée était moins de 5 hectares. Aujourd’hui, les producteurs ont la latitude d’exploiter 10 des 12 hectares avec la couverture hydraulique optimale.
Le visage serein, châle de couleur orange au-dessus de la robe, Kadiatou Diallo balaie du regard les producteurs rizicoles. La dame cultive 1/2 hectare. Sa technique agricole, dit-elle, a progressé avec les périmètres irrigués villageois. « L’eau n’est plus un problème. Je peux maintenant utiliser l’eau du fleuve pour cultiver le riz et avoir deux campagnes l’année », affirme Kadiatou qui dit être en mesure de cultiver plus. Cependant, la politique à mener par les gouvernants reste la disponibilité du gasoil à un coût subventionné. « Actuellement, la grande difficulté est la cherté du gasoil qui permet d’utiliser la motopompe thermique », indique la productrice.
Ousmane Sow est le président du Gie « Dioker Endam ». Lui et ses camarades producteurs ressentent les impacts des réalisations du Pariis. L’un des effets immédiats a été, selon lui, l’augmentation des aménagements agricoles. « Actuellement, nous pouvons exploiter 10 hectares en hivernage et en saison sèche chaude grâce au système d’irrigation. Avant, nous ne pouvions exploiter que 5 hectares », confie-t-il. Le bonnet pour se protéger du soleil piquant, Sidy Ndao déborde de dynamisme dans son périmètre agricole. Sa plus grande fierté est l’augmentation des productions. « Quand les périmètres exploitables augmentent, les productions augmentent. Ainsi, on passe de 5 à 10 hectares cultivés de riz paddy, soit le double du potentiel d’il y a trois ans », informe Sidy Ndao. Pour le représentant de la Saed, Samba Wagnanga, la production a évolué, en moyenne, de 5,5 à 7, voire 8 tonnes pour le riz en saison sèche chaude.
La double culture, une réalité
En hivernage, la culture du riz domine dans le périmètre agricole. En saison sèche chaude, les périmètres irrigués sont mis en valeur pour permettre la culture du riz paddy. « En hivernage, nous avons les cultures rizicoles. En période de chaleur également, nous poursuivons cette culture avec une technique hydraulique variée. Pour la saison sèche froide qui ne garantit pas le développement de la riziculture, nous privilégions l’horticulture. Les rendements sont importants d’année en année. Et les femmes gagnent bien leur vie », confie Sidy Ndao. Le président du Gie « Dioker Endam » va dans le même sens. Pour Ousmane Sow, l’augmentation des surfaces exploitées et la double culture ont des retombées économiques avec des revenus plus conséquents pour les producteurs ; ce qui leur permet d’investir dans d’autres créneaux, tels que l’élevage. « Les acteurs qui réalisent des bénéfices réinvestissent dans certains secteurs. Ils achètent des moutons et des bœufs et accroissent leurs activités génératrices de revenus », affirme-t-il. D. DIENG
Les producteurs veulent la réalisation de pistes de production
Malgré les améliorations notées dans leurs activités agricoles, les producteurs de Thillé Boubacar en redemandent. Ils veulent la réalisation de pistes pour faciliter l’évacuation des productions, selon le président du Gie « Bamtaré », Alassane Sow. « Des réalisations importantes sont faites par la Saed et le projet Pariis. Nous cultivons 10 hectares alors que nous étions à moins de 5 hectares. Maintenant, nous voulons la construction de pistes de production pour faciliter le transport des produits, notamment en période d’hivernage », a-t-il déclaré. Une politique à jumeler avec la mise en place de grillages pour éviter que les animaux en divagation ne détruisent les récoltes. D. DIENG