Lors de la soirée de vernissage de son expo rendant hommage à la littérature africaine et à ses auteurs, l'institut culturel italien de Dakar a fait appel à ce griot talentueux pour agrémenter la cérémonie en présence de l'ambassadeur d'Italie à Dakar
C'est l'un des griots les plus célèbres du Sénégal. Auteur-compositeur, Ablaye Cissokho parcourt le monde pour faire connaître sa musique et sa culture toujours muni de sa kora.
Lors de la soirée de vernissage de son expo rendant hommage à la littérature africaine et à ses auteurs, l'institut culturel italien de Dakar a fait appel à ce griot talentueux pour agrémenter la cérémonie en présence de l'ambassadeur d'Italie à Dakar et de plusieurs autres personnalités.
Il y a distillé généreusement quelques notes de sa musique. Extrait de sa prestation
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D’OÙ PROVIENNENT DES BALLES QUI FAUCHENT DES SÉNÉGALAIS ?
Le député Guy Marius Sagna, chef de file de Pour la souveraineté monétaire, France dégage est l'invité d'Africa24.
Le Pastef dépose un recours auprès de la Cour de justice de la CEDEAO afin de faire suspendre la dissolution du parti de l’opposition sénégalaise et pour aussi rétablir les droits politiques de la formation d’Ousmane Sonko, candidat à l’élection présidentielle février 2024.
Pour en parler notre invité, le député de Yewwi Askan Wi, Guy Marius Sagna, également membre du Pastef.
«LA PARALYSIE DE LA PEUR» FACE AUX MIGRANTS
Le pape François a dénoncé vendredi les « trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence » face au sort des migrants naufragés en Méditerranée qui « doivent être secourus », au premier jour de sa visite à Marseille, dans le sud-est de la France.
Le pape François a dénoncé vendredi les « trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence » face au sort des migrants naufragés en Méditerranée qui « doivent être secourus », au premier jour de sa visite à Marseille, dans le sud-est de la France.
« Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence. Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation », a insisté le pape, qui dénonce régulièrement depuis son élection il y a dix ans le sort réservé aux migrants.
« Nous sommes à un carrefour : d’un côté la fraternité, […] de l’autre l’indifférence, qui ensanglante la Méditerranée. Nous sommes à un carrefour de civilisations », a lancé le chef de l’Église catholique, dénonçant « la paralysie de la peur », lors d’une cérémonie interreligieuse devant un mémorial des marins et migrants perdus en mer, au pied de l’emblématique basilique Notre-Dame de la Garde qui domine la deuxième ville de France.
« Croyants, nous devons […] être exemplaires dans l’accueil mutuel et fraternel », a plaidé François, entouré de représentants d’autres religions avec lesquels il a observé un temps de silence.
« Devant un tel drame, les mots ne servent à rien, mais des actes », a expliqué le souverain pontife, regrettant une nouvelle fois que la Méditerranée soit devenue « un immense cimetière » où « est ensevelie la dignité humaine » : « Mais avant cela, il faut de l’humanité », a-t-il ajouté.
En accueillant le pape, le cardinal archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline a dénoncé de son côté « le crime » que constitue le fait d’empêcher des ONG de porter secours aux migrants en mer. Après lui, le pape a également salué le travail des humanitaires.
Le voyage de François à Marseille intervient alors qu’une nouvelle vague d’arrivées sur l’île italienne de Lampedusa a poussé l’Union européenne à adopter un plan d’urgence pour aider Rome à gérer les flux migratoires en provenance d’Afrique du Nord.
Mais la France « n’accueillera pas de migrants » venus de Lampedusa, avait affirmé mardi le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin.
Dans son discours à Marseille, le pape a également plaidé pour la cohabitation entre les différentes religions, une des thématiques des troisièmes « Rencontres méditerranéennes » qu’il est venu clôturer et qui rassemblent depuis une semaine à Marseille évêques et jeunes du pourtour méditerranéen.
« Souvent les relations entre les groupes religieux ne sont pas faciles, à cause du virus de l’extrémisme et du fléau idéologique du fondamentalisme qui rongent la vie réelle des communautés », a-t-il mis en garde. [AFP]
DIX-HUIT MESURES POUR UNE RENTRÉE APAISÉE
Le Premier ministre Amadou Ba a dévoilé 18 mesures visant à créer les conditions d’une bonne rentrée scolaire 2023-2024, vendredi à l’issue conseil interministériel tenu à huis clos en présence de plusieurs membres du gouvernement, des acteurs de l’école
Diamniadio, 22 sept (APS) – Le Premier ministre Amadou Ba a dévoilé 18 mesures visant à créer les conditions d’une bonne rentrée scolaire 2023-2024, vendredi à l’issue conseil interministériel tenu à huis clos en présence de plusieurs membres du gouvernement, des acteurs de l’école et des partenaires techniques et financiers.
Voici la liste des mesures retenues :
Mettre à niveau les structures d’éducation et de formation inondées et/ou endommagées et assurer l’accès à l’eau, à l’électricité et aux blocs d’hygiène fonctionnels dans les écoles et établissements scolaires ;
Procéder à un recrutement spécial de personnel enseignant et diligenter la mise à disposition de tous les personnels ;
Mettre à la disposition des écoles et établissements les fournitures scolaires et autres intrants pédagogiques nécessaires pour un bon déroulement des cours dès la rentrée scolaire.
Poursuivre la mise en œuvre de la politique de l’utilisation des langues nationales à l’école et accélérer l’élaboration de la politique linguistique ;
Accélérer la mise en œuvre des 14 décisions présidentielles sur les daara et apporter l’appui nécessaire aux daaras ;
Accélérer la mise en œuvre du programme national de remplacement des abris provisoires
Accélérer la mise en œuvre d’un programme national de modernisation des établissements scolaires publics, en accordant une priorité aux anciennes écoles
Engager avec le ministère et les acteurs de l’artisanat, des partenariats opérationnels, en vue de relancer l’acquisition, par l’Etat et ses démembrements, des tables bancs, dans le cadre du Projet du Mobilier national et de la relance de l’économie
Achever, dans les meilleurs délais, l’exécution des différents programmes et projets, inscrits dans la loi de finances pour l’année 2023, en mode »Fast Track » ;
Finaliser et mettre en œuvre la stratégie d’orientation des 30% d’élèves issus du cycle fondamental dans la formation professionnelle et technique ;
Faire évoluer les modes et méthodes d’enseignement et de formation par l’intégration systématique du Numérique dans les enseignements-apprentissages ;
Poursuivre et améliorer l’exécution d’un plan de transformation digitale de l’administration afin d’accentuer la célérité, l’efficacité ;
Déployer toutes les actions nécessaires pour la prise en charge des questions liées à l’état civil, à la lutte contre les violences en milieu scolaire et à la protection des couches vulnérables ;
Accélérer et finaliser la révision des curricula ;
Veiller au fonctionnement régulier des établissements scolaires privés et leurs apporter le soutien nécessaire ;
Prendre toutes les dispositions nécessaires afin de consolider, avec les partenaires sociaux, la stabilité du système éducatif
Poursuivre la mise à disposition des tenues scolaires des élèves en diligentant la phase 2 ;
Rendre effectif le transfert des budgets de fonctionnement destinés aux écoles élémentaires ;
Les services administratifs des ministères concernés, l’administration territoriale et les inspections d’académie sont chargés de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’effectivité de ces mesures.
QUI A PEUR DE YOUSSOU NDOUR ?
Le roi du mbalax revient sur les perturbations de son concert parisien par des pro-Sonko. Il évoque son engagement politique et affirme que son éventuelle candidature à la présidentielle suscite des craintes chez beaucoup au Sénégal
Dans une interview exclusive accordée au Parisien, Youssou N'Dour, célèbre chanteur sénégalais, revient sur les perturbations survenues lors de la première mondiale de son spectacle "Birima" au théâtre du Châtelet, à Paris. L'événement a été marqué par l'intervention de partisans d'Ousmane Sonko, principal opposant au président sénégalais Macky Sall, actuellement incarcéré. Proche du président et impliqué politiquement, Youssou N'Dour réagit à cet incident et évoque ses ambitions politiques pour l'avenir.
La soirée de mercredi au théâtre du Châtelet a été agitée par des partisans d'Ousmane Sonko, qui ont exprimé leur soutien en criant des slogans tels que "Libérez Sonko !" ou encore "Macky Sall le dictateur". Youssou N'Dour, qui a longtemps été ministre aux côtés du président sénégalais, a été directement visé par ces protestations. Malgré cela, le chanteur reste serein et affirme avoir l'habitude de ce genre de perturbations, qui sont également courantes au Sénégal. Il souligne néanmoins que ces incidents sont regrettables pour les spectateurs et les jeunes artistes présents sur scène.
Interrogé sur de potentielles nouvelles perturbations, Youssou N'Dour se montre confiant et affirme qu'il ne se préoccupe pas de ces éventualités. Il se voit comme un homme de paix et se dit prêt à donner la parole à ceux qui souhaitent s'exprimer, tout en respectant les autres spectateurs. Concernant l'emprisonnement d'Ousmane Sonko, le chanteur préfère ne pas commenter les décisions de justice, mais exprime son souhait que le leader politique s'en sorte. Il évoque ensuite ses aspirations politiques et sa possible candidature aux prochaines élections présidentielles au Sénégal en février prochain.
Youssou N'Dour rappelle qu'il avait déjà présenté sa candidature en 2012, mais qu'elle avait été refusée. Il souligne son indépendance vis-à-vis de Macky Sall, après avoir travaillé à ses côtés pendant douze ans, et affirme qu'il est prêt à voler de ses propres ailes. Fort de son expérience et de sa connaissance approfondie du pays, il estime que sa candidature suscite des craintes chez les autres acteurs politiques. Il se positionne comme un candidat capable de répondre aux besoins de la jeunesse en termes d'emploi, de rectifier les relations avec les pays riches pour établir des partenariats équilibrés, et de représenter l'Afrique dans son ensemble.
Enfin, l'interview aborde brièvement une directive française qui avait demandé la suspension de toute collaboration avec des artistes du Burkina Faso, du Mali et du Niger, suscitant l'indignation de Youssou N'Dour. Finalement, cette directive a été rectifiée par le président Macron et la ministre de la Culture, rassurant ainsi les artistes concernés. Youssou N'Dour souligne l'importance de la solidarité entre les artistes africains et la nécessité de promouvoir une coopération culturelle internationale.
Le spectacle "Birima", conte musical créé par Youssou N'Dour et son guitariste Pape Oumar Ngom pendant la pandémie de Covid-19, a été présenté en première mondiale au théâtre du Châtelet. Le chanteur envisage également une tournée internationale dès l'année prochaine. Après le spectacle, il retournera à Dakar, sa ville de résidence, et prévoit de sortir un nouvel album prochainement.
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LE CONCERT DE YOU PERTURBÉ PAR DES PRO-SONKO À PARIS
Une dizaine de personnes ont été placées en garde à vue après avoir perturbé un concert de la star du mbalax. Ces militants réclamaient la libération du leader du Pastef, Ousmane Sonko
Une dizaine de personnes ont été placées en garde à vue après avoir perturbé un concert de la star sénégalaise du mbalax, Youssou N'Dour, à Paris. Ces militants réclamaient la libération du leader du Pastef, Ousmane Sonko, actuellement emprisonné au Sénégal.
Le théâtre du Châtelet à Paris a été le théâtre de ces incidents, alors que Youssou N'Dour y présentait son conte musical intitulé "Birima". Lors de la première représentation, des partisans d'Ousmane Sonko ont interrompu le spectacle en criant des slogans tels que "Libérez Sonko !" ou "Youssou N'Dour, complice !". Des vidéos filmées par les spectateurs montrent le chanteur faisant une pause dans son spectacle pour donner la parole aux militants. Il leur a accordé deux minutes pour s'exprimer, avant de leur demander de laisser la Cour continuer le spectacle, tout en remerciant le respect envers les spectateurs.
Youssou N'Dour, ancien ministre de la Culture et conseiller du président sénégalais Macky Sall, s'est récemment éloigné de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) pour préparer sa propre candidature à l'élection présidentielle de février 2024. Les partisans d'Ousmane Sonko réclament quant à eux la libération du leader du Pastef, qui a été condamné pour diffamation et corruption de la jeunesse, et est actuellement en détention depuis fin juillet. Sonko a récemment observé une grève de la faim pour protester contre ce qu'il considère comme un "acharnement judiciaire" l'empêchant potentiellement de se présenter à la présidentielle.
Selon un témoin cité par le journal français Le Parisien, les cris des militants ont continué jusqu'à la fin du spectacle, entraînant des bagarres entre les partisans de Sonko et ceux en désaccord avec eux. Des vigiles ont également dû expulser certains spectateurs de la salle pendant le concert.
Au total, une dizaine de personnes ont été interpellées lors de ces incidents. Elles ont été maintenues en garde à vue pendant 24 heures avant d'être relâchées. Le procureur a décidé de ne pas engager de poursuites, considérant qu'il n'y avait pas d'infraction justifiant la garde à vue. Le député de Pastef France, Alioune Sall, a précisé que ces individus ne représentaient pas le parti et que leur action n'était pas liée à une consigne donnée par le Pastef.
Les partisans d'Ousmane Sonko continuent de manifester leur soutien à l'opposition sénégalaise, et deux autres personnes ont été arrêtées jeudi soir pour des faits similaires, selon Jeune Afrique. Elles sont actuellement interrogées par les autorités.
Par Abdoul Aly KANE
PRESIDENTIELLE DE 2024, LES INCERTITUDES D’UN SCRUTIN
A quelque quatre mois d’élections cruciales pour le pays, l’incertitude plane sur la participation des personnalités longtemps présentées comme des figures majeures de la politique du Sénégal.
A quelque quatre mois d’élections cruciales pour le pays, l’incertitude plane sur la participation des personnalités longtemps présentées comme des figures majeures de la politique du Sénégal. Les candidatures d’Ousmane Sonko, de Karim Wade, de Khalifa Sall ne sont pas encore officielles. Elles butent encore sur des questions d’ordre administratif et judiciaire.
Cette incertitude met en ébullition la marmite politique du pays. Macky Sall, ayant renoncé à une nouvelle candidature, a choisi en sa qualité de président de l’APR le Premier ministre Amadou Ba comme candidat à l’élection présidentielle de février 2024, choix entériné par la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Au regard de la longue réflexion sur le profil à retenir, il est permis de penser que la marge de manœuvre de Macky Sall est très étroite
Quels critères devait bien remplir le candidat pour être retenu ? Quelles cases devait-il cocher ?
Avait-il en tête de continuer à « diriger » à l’image des duos « Poutine/Medvedev » ou « Issoufou/Bazoum » comme certains l’ont subodoré ? Ahidjo avait tenté le coup en s’accrochant au parti après avoir installé Paul Biya comme successeur. Il a fini exilé et enterré au Sénégal.
Senghor avait, semble-t-il, la même idée de conservation de son rôle dans le PS et, selon la presse de l’époque, il aurait conseillé au Président Abdou Diouf de prendre Moustapha Niasse comme Premier ministre. Son successeur avait non seulement choisit Habib Thiam comme chef du gouvernement mais encore avait entrepris ce qu’on appela à l’époque la « désenghorisation » caractérisée par l’effacement de toute trace dans les médiats du premier président de la République du Sénégal.
En toutes hypothèses, et pour en revenir au Sénégal de cette fin 2023, ce parrainage d’Amadou Ba par Macky Sall a, pour le candidat de Benno qu’il est désormais, des effets contrastés. En effet, avoir l’onction du chef est un élément important de rassemblement de la coalition au pouvoir. En revanche, cette onction constitue un lest du fait qu’elle contraint le candidat à être solidaire du bilan des 12 années d’exercice du pouvoir du président Macky Sall, ce qui n’est pas forcément productif lorsqu’on veut se présenter comme un homme porteur d’espoir pour une jeunesse déboussolée
Le candidat Macky Sall avait pris le soin de « larguer les amarres » en quittant le bateau PDS pour créer son propre parti en 2008, autrement dit il avait disposé de quatre ans pour arriver à incarner le changement face à Abdoulaye Wade.
Cette façon de faire le rendit moins comptable du bilan de son ancien parti où il avait gravi tous les échelons ministériels pour culminer à la tête de l’Assemblée nationale.
Tel n’est pas le cas d’Amadou BA qui sera bien obligé d’assumer les points faibles de la gouvernance de son mentor durant la campagne
Par conséquent, le thème du changement de campagne sera difficile à mettre en avant dans son discours de campagne électorale
Une campagne qui ne sera donc pas exempte de contorsions et de défis. En effet, comment haranguer les jeunes sur le thème du changement sans égratigner le bilan du président Macky Sall en matière d’emplois ?
Comment parler de paix tout en gardant en prison près d’un millier de jeunes arrêtés durant les manifestations de 2021 et 2023 ? Comment faire la promotion la démocratie sénégalaise, dont l’image la plus forte est l’organisation d’élections inclusives, si Ousmane Sonko, l’incontestable leader de la jeunesse, est interdit de participation et de surcroît privé de liberté ?
Comment parler de liberté politique et de transparence démocratique lorsque les opposants rencontrent d’énormes difficultés de la part de l’administration territoriale pour se mouvoir à travers le pays ? (Par exemple, tournée de Malick Gackou parsemée d’interdictions).
Il faut également rajouter l’apparition de forces centrifuges en APR, qui portent atteinte à la cohésion du camp du pouvoir derrière le candidat choisi. Afin que nul n’en ignore, Mohamed Boun Abdallah Dionne vient de « republier » sa déclaration de candidature. « Oui je suis candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Oui je m’engage » a-t-il répété, comme pour rassurer que sa dernière entrevue avec le Président Macky Sall n’avait entamé en rien sa détermination à se présenter. Globalement, la déclaration donne le sentiment que le candidat Dionne n’assume pas l’héritage de son mentor sur plusieurs aspects. Mohamed Dionne parle de “refondation” et de “réajustement” dans les termes suivants : « Je m’engage pour une refondation et un réajustement des règles de la vie économique, politique et sociale sénégalaise sur des standards élevés à définir, à partir d’une vision commune de l’avenir ». Est-ce à dire qu’il faut tout revoir, tout rebâtir à partir de standards de qualité supérieure ? Des standards cette fois partagés par les forces vives du pays, contrairement au PSE dont l’élaboration a relevé du seul bon vouloir du Président Macky Sall ? “Je m’engage parce que la situation de tensions politique et sociale que nous vivons présentement au Sénégal exige un processus sincère d’apaisement et de réconciliation nationale” poursuit-il. Tout est dit. Pas besoin de s’appesantir outre mesure ! S’adressant à la jeunesse, il lui dit ceci : “Je m’engage pour un pacte nouveau qui réconcilie la République avec sa jeunesse, dont le malaise nécessite l’adoption urgente d’une nouvelle politique nationale de jeunesse. Désormais, donner un métier à chaque jeune Sénégalais et l’accompagner dans son aspiration légitime d’une vie meilleure dans le pays qui est le sien, doit être la sur-priorité des pouvoirs publics sénégalais. Notre ambition pour le Sénégal s’exprimera à travers une série de réformes et de projets nouveaux qui se déclineront en marqueurs forts dans le programme du Gouvernement que je mettrais en place au lendemain de notre victoire, en février 2024 », fin de citation. On peut donc conclure, au vu de cette déclaration, que le candidat Dionne annonce une rupture avec la politique de Macky Sall une fois élu
Venant de la part d’un vieux compagnon de Macky Sall (il fut son directeur de cabinet à la Primature), certains ont émis l’idée qu’une certaine connivence le liait à son ancien patron dans cette affaire.
D’autres attribuent cette sortie à l’ambition personnelle de Dionne qui ne se sent plus lié dès lors que Macky Sall a fait acte de non-candidature. L’avenir proche nous édifiera sur les non-dits d’une déclaration aussi tonitruante. La déclaration du candidat Amadou Ba est donc attendue, notamment pour ce qui concerne les changements qu’il compte apporter. Sa situation est plus délicate que celle de Mohamed Dionne bien que ce dernier n’ait jamais déclaré être encarté à l’APR, ce qui d’ailleurs lui confère une certaine virginité politique.
Amadou Ba a besoin du soutien de Macky Sall, secrétaire général de l’APR, pour rassembler au maximum son camp derrière sa candidature, même si être le représentant de la coalition au pouvoir BBY, donc un comptable du bilan global, devient un handicap au-delà.
En effet, on est contraint d’assumer un passif bilantiel mêlant usure du pouvoir, mal gouvernance, répression politique tous azimuts, pouvoir exécutif hypertrophié, utilisation inefficiente des ressources publiques etc.
De plus, si l’on se fie à la régression progressive des suffrages engrangés par la coalition au pouvoir au fil des consultations électorales, il est plus que probable que le rassemblement du camp tout entier derrière un candidat unique ne saurait suffire pour garantir la victoire en février 2024.
De plus, d’autres défections de ténors de l’APR sont notées ça et là.
Aly Ngouye Ndiaye et Mame Boye Diao ont décidé ouvertement de ne pas soutenir la candidature de l’actuel Premier ministre. On peut penser la même chose d’Abdoulaye Daouda Diallo, dont le soutien a été plus qu’inaudible, au point qu’il lui soit demandé plus de clarté dans le propos
Dès lors, faute de pouvoir mobiliser tout l’électorat, comment la coalition au pouvoir compte-t-elle gagner au 1er tour de la présidentielle de février prochain ? Imagine-t-on que l’élimination de Sonko du scrutin, voire de Karim et Khalifa Sall, pourrait-être une condition suffisante pour être victorieux ? À notre avis, croire en l’hypothèse selon laquelle les électeurs se rabattraient sur le candidat du régime actuel, faute d’adversaires crédibles dans le camp adverse, serait une erreur de jugement
L’aspiration au changement est telle que les combinaisons les plus savantes peuvent être trouvées dans l’opposition pour vaincre le régime actuel.
On a en souvenance les rocambolesques élections législatives de 2022 tant dans la formation des listes que dans le choix de participer au scrutin malgré l’élimination de la liste des titulaires de YEWWI ASKAN W
Notre conviction est que des élections présidentielles régulières en février 2024 auraient de grandes chances d’ouvrir une nouvelle alternance politique au Sénégal.
Il serait souhaitable qu’elles se tiennent sans violence ni manipulations pour ne pas avoir à revivre les évènements douloureux de mars 2021 et juin 2023
Ce qui s’est passé lors de ces évènements est une abomination. Ça a dérapé de partout. Le mot dérapage, utilisé à souhait, reflète candidement l’espoir qu’il ne saurait y avoir eu une intention réelle d’ôter la vie par balles à de jeunes manifestants.
Il faut déplorer à ce propos qu’il n’y ait pas eu d’explications officielles, pas de justification, ni de contrition et de regrets de la part de ceux-là qui ont fait usage d’armes léthales pour « neutraliser » des manifestants armés de pierres. Il n’y a pas eu non plus de drapeaux en berne, le tout étant mis au passif de ces mêmes manifestants.
Nous finirons en invoquant le très chahuté passage de Macky Sall à la 78ème Assemblée générale de l’ONU dont il faut tirer les leçons, tant elles sont dévastatrices pour l’image du président de la République et du Sénégal qui, jusque-là, passait pour un modèle de démocratie apaisée.
La mobilisation de la diaspora sénégalaise en Amérique a établi une réalité qu’il était bien difficile de cerner auparavant. Il est clairement apparu que le Sénégal, comme d’autres pays du monde d’ailleurs, est en réalité un quartier d’un village planétaire mondial, scruté dans ses moindres activités par des réseaux sociaux et autres outils de communication en perpétuelle évolution technologique, permettant de saisir et de traiter et de fournir en temps réel les informations écrites, sonores et visuelles aidant à appréhender les réalités les plus enfouies
En définitive, l’enjeu du scrutin de février 2024 va bien au-delà du choix d’un homme aux habits taillés par des dispositions constitutionnelles hyper présidentialistes pour diriger le pays.
Le peuple a sonné l’heure de la rupture. Excédé par la malgouvernance, il a décidé d’en finir avec la corruption sous toutes ses formes, les détournements de l’argent public ainsi que le gaspillage des ressources du pays par des ministres et autres dirigeants de sociétés publiques. Certains d’entre eux ayant été épinglés par les organes de contrôle ont échappé aux sanctions grâce au magnanime coude présidentiel.
La volonté de changement du peuple est d’autant plus ferme que les services de base essentiels se sont fortement dégradés (santé, éducation, factures eau électricité pesant sur les revenus et budgets alimentaires broyés par l’inflation).
Nul doute que le choix pour une rupture radicale dans l’art de gérer les biens de la cité sera fortement exprimé par des citoyens déterminés à en finir avec le régime actuel. Cela se fera selon le génie propre des Sénégalais qui sont maîtres dans l’art de « dégager » les régimes politiques qui ne correspondent plus à leurs attentes.