Idy, Victorine et Bocoum s’invitent a la séance de dégustation des beignets Dougoub de Sonko
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, ABDOU FALL
DIALOGUE NATIONAL ET ENJEUX DE GOUVERNANCE
Le Sénégal doit cesser d'être l'otage d'agitateurs politiques pour rétablir l'État dans sa dignité, replacer le citoyen au cœur du projet de construction nationale. On ne peut être à la fois du camp de la démocratie et de la guerre civile
Le dialogue national sera lancé le 30 mai 2023. C’est un moment important dans la vie de notre pays qui a fait le choix radical d'emprunter la voie de la construction démocratique de son développement.
Autrement dit, notre pari est de réussir l'émergence et le développement sous un régime de strict respect des libertés individuelles et collectives.
Rappeler ce choix est absolument nécessaire. Pour remettre au goût du jour notre option d'une doctrine d'exception à travers le monde.
En effet, la règle, en général, c'est " développement" d'abord, "libertés" après. Il est bien amusant sous ce rapport de souvent entendre nombre d'intellectuels et hommes politiques de chez nous, donneurs de leçons à souhaits et spécialistes en auto-dénigrements, vanter les performances économiques et sociales de pays présentés comme références en matière d'acquis de développement. Avec par ailleurs des vertus "revolutionnaires " qui font sourire. Ils prennent soin toutefois de ne point s'attarder sur le contexte et les moyens politiques de ces performances. Les tendances lourdes sont d'y opposer prospérité et libertés.
En Asie, en Afrique et partout ailleurs à travers le monde, les nations citées en exemples de pays émergents sont pour l'essentiel, pour ne pas dire toutes, des régimes d'autorité.
C'est à l'honneur de notre peuple et de ses dirigeants d'avoir su garder en toutes circonstances cette volonté commune de combiner libertés politiques et progrès économiques et sociaux.
C'est bien la raison pour laquelle il est fondamental de s'interroger sur ce qui nous arrive aujourdhui en y portant un regard juste, lucide et serein. Pas d'autosatisfaction certes. Mais pas d'auto-flagellation non plus, encore moins de catastrophisme.
Le Sénégal est fier d'être un pays en développement qui partage les crises des grandes et vieilles nations de démocratie dont les États ont achevé depuis longtemps de construire, souvent par la domination et la force des armes, les bases du développement de leurs pays.
Nous nous sommes alignés sur les standards démocratiques du modèle que nous avons en partage avec ces nations sans être sur les mêmes niveaux de richesses.
Notre conviction est que les gaps de développement ne doivent en aucun cas justifier un déficit quelconque dans la prise en charge et la satisfaction de l'aspiration irrépressible des individus et des peuples à la liberté, la paix et la démocratie.
Or, nous vivons un monde et une époque traversés par deux crises majeures : la crise des inégalités en matière d'accès équitable aux revenus et la crise du modèle de démocratie représentative classique .
Les inégalités sociales et territoriales, les discriminations et exclusions deviennent de plus en plus insupportables pour des millions de citoyens de par le monde. Les mêmes citoyens manifestent de plus en plus leur défiance à un modèle de démocratie qui s'accomode de tels systèmes d'inégalités. Des réponses diverses sont en train d'être apportées à ces grands défis de notre époque, y compris dans notre pays, mais il n'en reste pas moins que les colères citoyennes continuent de traverser le monde entier. En particulier dans les régimes démocratiques où la culture de tolérance qui y est la règle donne lieu à des formes d'abus et de violences tout à fait excessives dans le contexte de pays où les libertés fondamentales sont garanties aux citoyens.
En résumé, le monde traverse un grand moment populiste. Mais il faut le répéter, ce populisme n'est possible que dans un pays de démocratie. Il est impossible sous d'autres régimes politiques à travers le monde.
C'est pourquoi il est d'une necessité absolue que le dialogue national auquel appelle le président Macky Sall et qui répond à l'attente des citoyens sénégalais dans leur écrasante majorité donne l'occasion d'un débat de fond sur notre modèle de démocratie et le socle républicain qui en constitue la fondation
On ne le répétera jamais assez : " l'État trop fort nous écrase. L'État faible nous met en péril ". Or, dans le cours actuel de notre histoire, avec l'état d'esprit entretenu dans des segments non négligeables d'une certaine opinion, les logiques de défiance à l'État de droit et à l'autorité de l'État prennent des proportions et une amplitude dont le pays aurait tort de s'accommoder.
Le constat est certes rassurant du fonctionnement régulier des institutions, de la marche normale des administrations et des entreprises et d'une vie sociale des plus ordinaires. Mais il n'en reste pas moins que les actes de violence assumés et injustifiés, les incivilités et abus de langage mortifères dépassent le seuil de tolérance acceptable dans une société de civilités et de pudeur comme la nôtre.
Il faut le dire de façon nette et sans ambages. On ne peut être à la fois du camp de la démocratie et de la guerre civile ! Ne nous voilons pas la face. Si on veut être juste, le préalable du strict respect de notre pacte républicain fondé sur l'affirmation par tous de notre attachement à la République et ses valeurs, l'État de droit, la démocratie, l'unité et la cohésion nationale, la tolérance et la paix civile sont des exigences non négociables pour toute partie prenante au dialogue et à la concertation que le Sénégal est en train d'expérimenter avec brio comme modalité d'exercice d'une démocratie de compromis.
Le dialogue national du 30 mai prochain marquerait un tournant dans notre trajectoire démocratique s'il en sortait, parmi les résultats majeurs, un consensus national sur un dispositif de suivi et des mécanismes d'une gouvernance de type nouveau du pays.
En matière de gouvernance politique, l'experience Bennoo aura marqué notre pays par sa longévité et son originalité en termes de consensus autour d'un programme commun et en termes de partage équitable des rôles et des responsabilités dans l'exercice du pouvoir. Toutes aussi remarquables ont été les concertations nationales initiées par le président Macky Sall ayant debouché sur des consensus forts de nature à garantir une gestion juste, équitable et transparente des ressources naturelles du pays, élevées par loi constitutionnelle au rang de "propriété du peuple ".
Ces belles et grandes expériences doivent être suffisamment inspirantes pour donner lieu à la conception d'organes innovants de perfectionnement de notre pratique démocratique.
Le Sénégal doit cesser d'être l'otage d'activistes et agitateurs politiques pour rétablir l'État dans toute sa dignité et replacer le citoyen au cœur du projet de construction nationale. Les enjeux de gouvernance sont parmi les grands sujets de notre époque.
Le président Macky Sall, en lançant le dialogue, reste le maître du jeu pour renforcer l'État dans toute son autorité et pour ouvrir au pays de nouvelles perspectives d'une gouvernance encore plus inclusive, délibérative et participative.
Le Sénégal restera la démocratie de référence qui fait notre fierté si les concertations sereines du dialogue national débouchaient, avec le tournant de l'échéance majeure de 2024, sur un contrat rénové et renforcé de gestion de l'État et de notre modèle républicain et démocratique.
par Ngel Juuf
VACCIN CONTRE LE CANCER DU COL DE L’UTERUS, UNE BOITE DE PANDORE A RESPONSABILITÉ DECULPABILISÉE
Le chemin est alors tracé pour refuser d’exposer l’enfance vulnérable aux aléas d’un rapport bénéfice/risque vaccinal désastreux. Pourquoi devoir jouer à la loterie d’une roulette vaccinale à efficacité et à immunogénécité énigmatiques ?
La caisse de résonnance occidentale qu’est la politique vaccinale en Afrique, ne doit plus être de mise.
Si au regard de ses effets gravissimes, des pays à haute technologie médicale en sont arrivés à surseoir au vaccin contre le cancer du col de l’utérus ; le chemin est alors tracé pour refuser d’exposer l’enfance vulnérable aux aléas d’un rapport bénéfice/risque vaccinal désastreux.
Déjà qu’elle est réputée être une terre d’expérimentation vaccinale tous azimuts, l’Afrique est à nouveau ciblée par les vagues de la campagne sanitaire de lutte contre le papillomavirus (HPV) censé être à l’origine du cancer du col de l’utérus. Le discours de l’establishment médical scande à tout vent la nécessité d’inoculer l’enfance africaine à l’instar des filles de par le monde, ciblées par des vaccins.
Nous savons que les fabricants de vaccins brevetés sont avant tout des commerçants qui ne diront jamais du mal de leurs marchandises ! Pour ce faire, ils prennent la précaution de s’entourer de garantie pour laver leur produit de tout soupçon, quitte à commanditer des études auprès de chercheurs et autres professionnels à qui on donne le ton repris en chœur par des politiques, des journalistes et des sites internet. Heureusement, des chercheurs en virologie, en biologie, en infectiologie dans l’indépendance scientifique totale mise au service de la santé humaine ; procèdent à des études d’analyse et de contre expertise relatives aux propos de ces commerçants au sujet de l’efficacité de leurs marchandises injectables.
En 2020, avec toute la rigueur scientifique exigée en matière de publication, la Royal Society of Medicine, institution sanitaire de renom de Grande Bretagne, relatait une étude qui notifiait une surestimation de l’efficacité des vaccins anti-HPV qui ont brûlé toutes les étapes de leur mise sur le marché. L’on comprend alors le tâtonnement vaccinal face à plus d’une centaine de souches différentes du papillomavirus dont seule une douzaine serait susceptible de conduire à un cancer du col de l’utérus le cas échéant. Et, parmi ce spectre de souches pathogènes, les vaccins anti-HPV ne ciblent qu’un lot de deux voire sept souches cancérigènes.
Mieux, l’étude britannique spécifiait que rien ne permettait de conclure à une efficacité du vaccin contre les cellules anormales à risque, à plus forte raison lorsque ces cellules sont d’anormalité bénigne. Qui plus est, le virologue Peter Duesberg signalait en 2013 par un article de recherche, l’innocence des virus HPV quant aux causes physiologiques du cancer du col de l’utérus.1
Pour les vaccins anti-HPV, les plus connus sont le Gardasil et le Cervarix. Or, aux Usa, le site de pharmacovigilance VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting System) a répertorié à propos du Gardasil, des effets indésirables graves, à savoir : anaphylaxie, syndrome de Guillain Barre, myélite transverse (inflammation de la moelle épinière), pancréatite, événements thromboembolique veineux (caillots sanguins), maladie du motoneurone auto-immune (maladie neurodégénérative avec faiblesse musculaire progressive), sclérose en plaques, mort subite, troubles du système sanguin et lymphatique comme l’anémie hémolytique auto-immune, purpura thrombocytopénique idiopathique, lymphadénopathie, embolie pulmonaire, arthralgie et myalgie (troubles musculosquelettiques), troubles du système nerveux (encéphalomyélite aiguë disséminée). Ces effets secondaires ont été confirmés par une étude de l’université de la Colombie-Britannique qui a bel et bien établi leur lien avec le Gardasil.2
Introduit en Suède en 2006, le Gardasil a été par la suite largement administré en 2007 pour les jeunes filles de 13 à 17 ans. Depuis 2010, nous y assistons à une explosion de cas de cancers du col de l’utérus chez les femmes de moins de 30 ans.3
Ce n’est point fortuit si au Japon, le gouvernement a dû suspendre au bout de deux mois de campagne, le vaccin contre le cancer du col de l’utérus suite aux effets secondaires insuffisamment explicités. Alors que le Danemark a officiellement indemnisé des jeunes filles handicapées à vie par le vaccin, voilà qu’aux USA, le laboratoire Merck fabricant du Gardasil encourt présentement des procès dont le retentissement en septembre 2024 sera à la hauteur du préjudice sanitaire causé.4
En matière de fraude scientifique, les fabricants des vaccins sont des récidivistes. Ceux préconisés contre Covid-19 en disent long. Leurs fabricants viennent de s’illustrer en reconnaissant toute honte bue, que les injections ARNm dont l’efficacité a été vantée tambours battant, n’empêchent pas de contracter la maladie ni de la transmettre à autrui. Il s’est agi de prendre les devants au regard des double voire triple vaccinés qui ont néanmoins contracté le Covid. L’anthropologue Jean-Dominique Michel a raison de constater que « vacciner des enfants avec le vaccin Covid qui n’empêche pas la transmission, pour protéger des personnes qui sont déjà vaccinées, restera dans les annales de la bêtise de la médecine ». Notons que dans son rapport du 3 février 2014, la commission au conseil et au parlement européen constatait que la santé est l’un des secteurs les plus corrompus. Aux USA, sur 10 ans, parmi les 19 entreprises les plus condamnées, il y a six compagnies pharmaceutiques qui y figurent dont Pfizer, Merck, GSK et Johnson & Johnson, nouvelle recrue du marché des vaccins !
La sécurité épidémiologique du continent est d’autant plus interpellée que des études ou constats ont montré à titre d’exemples, toute la faiblesse de la pharmacovigilance africaine. En juin 2007, le gouvernement du Nigeria attaque Pfizer et réclame 7 milliards $ pour des essais illégaux de médicaments anti-méningite qui ont tué ou handicapé des enfants. En 2017, les docteurs Soren Morgensen et Peter Aaby, experts mondiaux en matière de vaccins africains et fervents partisans de la vaccination, ont constaté qu’en Guinée Bissau, les filles vaccinées avec le DTC (diphtérie, tétanos, coqueluche) ont été 10 fois plus nombreuses à mourir que les enfants non vaccinés5. Le 25 août 2020, l’OMS annonce sa victoire sur la polio, mais, le 2 septembre 2020, elle reconnait qu’au contraire, il y a des flambées de polio en Angola, Cameroun, Congo, Nigeria, Tchad, Zambie ! Le vaccin oral liquide contre la polio a donné naissance à des souches plus virulentes alors que le virus sauvage commençait à disparaitre de lui-même comme l’avait constaté le CDC (Center for Disease Control) des USA depuis 2016 !
Selon un article de Jon Jureidini de l’Université d’Adélaïde et de Leemon B. McHenry de l’Université d’État de Californie, publié par le British Medical Journal (BMJ) ; le progrès scientifique est entravé par la propriété des données et des connaissances, car l’industrie supprime les résultats négatifs des essais, ne signale pas les événements indésirables et ne partage pas les données brutes avec la communauté des chercheurs universitaires. Des patients meurent à cause de l’impact négatif des intérêts commerciaux sur le programme de recherche, les universités et les organismes de réglementation.6
La caisse de résonnance occidentale qu’est la politique vaccinale en Afrique, ne doit plus être de mise et doit être sevrée de la gangrène qu’est cette même mentalité coloniale qui a contingenté des lots de vaccins Covid périmés sur le continent. Si au regard de ses effets gravissimes, des pays à haute technologie médicale en sont arrivés à surseoir au vaccin contre le cancer du col de l’utérus ; le chemin est alors tracé pour refuser d’exposer l’enfance vulnérable aux aléas d’un rapport bénéfice/risque vaccinal désastreux.
Pourquoi devoir jouer à la loterie d’une roulette vaccinale à efficacité et à immunogénécité énigmatiques ! Il va sans dire que si les ménages prennent connaissance du consentement éclairé mentionnant la panoplie d’effets secondaires du vaccin contre le cancer du col de l’utérus, ils vont freiner des quatre fers avant d’engouffrer leur enfant dans une telle soupe chimique injectable. Il est question d’une volonté politique pour se munir d’une initiative de souveraineté médicale en guise de paradigme pour changer la direction de l’histoire vaccinale africaine et ainsi ouvrir entre autres, une nouvelle et meilleure ère de santé publique.
BREF HISTORIQUE DU PÈLERINAGE MARIAL DE POPENGUINE : MARCHE ET ENCADREMENT
La gestion du pèlerinage procède d’un effort des clercs de créer et d’entretenir une orthopraxie chez les pèlerins. Le pèlerinage est une école de la foi, une école destinée à produire une religiosité normée, voire normative
Les lignes qui suivent procèdent de la volonté de restituer succinctement quelques conclusions de notre article publié en juin 2022 dans Sifoe. Revue d’histoire, d’arts et d’archéologie de Bouaké. Il est intitulé « Marches et pèlerinages dans l’histoire de l’Église catholique au Sénégal colonial (1888-fin des années 1950) : gestion, acteurs et sens ».
Ce titre peut paraitre choquant au regard de la période couverte par l’étude[1]. Car, la mémoire collective sénégalaise, catholique ou non, associe le début de la marche pèlerine à l’œuvre initiée par le colonel Pierre Faye et perpétuée par le Comité inter-décanal de coordination de la marche-pèlerinage (CICOMAP). L’article assez pointilleux de M. T. Sagna mis en ligne par Seneweb le 11 juin 2019 est très symptomatique de la perception sénégalaise de la question. « L’histoire commence en 1981, écrit-elle. C’est avec seulement 52 marcheurs que Pierre Faye initie la marche du pèlerinage […]. Pierre a été le premier à créer la marche de Popenguine […] ».
Sans révoquer en doute les mérites de Pierre Faye qui engage une marche à une époque où les moyens de déplacement motorisés facilitaient la mobilité des pèlerins, notre étude postule que cette pratique date du début du pèlerinage. Elle soutient aussi que le pèlerinage marial de Popenguine était une école de la foi[2]. Son encadrement par les clercs est un indicateur de sa vocation formatrice. Le but de cette brève contribution est de permettre d’entrevoir la profondeur des sacrifices des pionniers de la piété pèlerine et de la mobilité dévotionnelle au Sénégal[3].
Les indices et preuves qui fondent notre position sur l’antériorité de la marche à l’année 1981 sont nombreux. Voici quelques-uns :
– Primo, la situation géographique de Popenguine : Popenguine est situé en pays saafeen. Celui-ci, comme la plupart des territoires des Seereer du Nord-Ouest (le Ndut/Mont Roland, le Leexar/Lekhar, le Cangin/Thiès, etc.) était très difficile d’accès (cf. les travaux du Pr Ismaïla Ciss). Son relief constitue l’une des raisons qui expliquent toutes les difficultés de l’administration coloniale à contrôler cette zone et à soumettre ses populations. Au reste, le sanctuaire de Popenguine est érigé dans un endroit escarpé (Nota : pour la première édition, il n’y avait pas de sanctuaire. La mission était encore à Guéréo. Une chapelle en planches était construite pour la circonstance et deux baraques de huit mètres de côté abritaient les 200 pèlerins). Par voie terrestre, Popenguine n’était accessible qu’à pied ou à l’aide d’une bête de selle. D’ailleurs, les pèlerins du Sud et ceux du Nord étaient venus en 1888 par la mer avec une caravane de dix bateaux (cf. Archives nationales du Sénégal, sous-série 2Z2, Annales religieuses des pays sérères).
– Secundo, les récits des missionnaires de Thiès : les renseignements sur les pèlerins de Thiès deviennent de plus en plus abondants à partir de 1897. Nous citerons deux récits très édifiants. Le premier est tiré des Archives nationales, 1G192, et le second est extrait de Sainte-Anne. Bulletin paroissial de Thiès, n° 5.
Sous la direction du Père Sébire, « le 1er juin [1897] : pèlerinage à Notre Dame de la délivrance de Popenguine. Le soir, les pèlerins se mettent en route à pied. Il y a seize enfants du Ndout (Mont-Rolland), un orphelin, un du pénitencier [l’auteur fait allusion à un pensionnaire de la prison agricole de Thiès], vingt-deux de Thialy et Tiona accompagnés des Pères. Le soir nous arrivons à Sanghé où nous chantons les cantiques et récitons le chapelet. Le lendemain, assistance à la messe et départ vers six heures. Arrivée à Popenguine à II [2] heures par Kissène, Thiéwo, Thiéki. Là tous prennent part aux exercices avec une grande piété […]. Le mercredi matin, départ pour le retour par Kignambour, Sindia, Tioro Ndiounta, Mbiddiam, Birbira, Sanghé » (ANS, 1G192, "Historique de la mission de Thiès").
Le 1er avril 1907, « pèlerinage à Popenguine ; départ de Thiès à 3 h ; souper et coucher à Sanghé. À minuit départ de Sanghé pour Popenguine ; arrivée 5 h du matin ; les pèlerins de Thiès sont au nombre de 45, garçons et filles ».
– Tertio et ultimo, la marche des scouts en 1951 : Alors que la route Dakar-Mbour était en réfection, Mgr Marcel Lefebvre jugea imprudent de tenir le pèlerinage à Popenguine. Il décida de son organisation dans le Ndut (Mont Roland). Pour la réussite de cette édition délocalisée, la veille du pèlerinage, le 14 mai 1951, vingt-sept routiers de Dakar transportèrent à pied la Statue de la Vierge Marie, de Popenguine à Mont-Roland. Ils parcouraient ainsi 60 km (selon le journal Horizons africains, n° 45, juin 1952) sur un terrain escarpé.
Bref, ces quelques éléments renseignent sur l’ancrage historique de la marche qui va au-delà du discours souvent véhiculé. Et, même à l’époque où les moyens de transport motorisés étaient accessibles beaucoup ont perpétué cette pratique. Jusqu’à quand ? L’état actuel de la documentation ne permet pas de répondre à cette question.
Toutefois, il faut souligner l’esprit de sacrifice et de dévotion qui faisait de la marche une école de la foi. Les itinéraires choisis et les activités qui ponctuaient le cheminement ne sont pas fortuits. Le récit des prêtres révèle une volonté de modéliser le rapport du fidèle à la Vierge Marie. Par exemple, il ne s’agit pas ici d’un pèlerinage pénitentiel, mais les missionnaires qui connaissaient bien le secteur avaient préféré un chemin très difficile à l’aller ; celui du retour ne présentait que quelques dénivellements, car l’objectif est déjà atteint. Et, les exercices de dévotion qui ponctuaient la marche (cantiques, chapelet et messe) participaient à l’esprit même du pèlerinage : prier Dieu par l’intercession de Marie nonobstant les difficultés du moment. Pour les missionnaires, il s’agissait de promouvoir chez les missionnés une piété du recours (recours à Marie).
La gestion du pèlerinage procède aussi d’un effort des clercs de créer et d’entretenir une orthopraxie (conformité de la conduite du catholique au culte) chez les pèlerins. Dès la première édition, Mgr Picarda imprimait à l’événement le sceau de la majesté épiscopale par une procession avec les fidèles. Après cela, il procédait à la bénédiction solennelle de la statue de Notre-Dame-de-la-délivrance et les fidèles soumettaient leurs intentions à la nouvelle patronne des lieux (piété du recours). Les pratiques dévotionnelles se poursuivaient toute la nuit (cf. ANS, 2Z2, annales religieuses des pays sérère). Popenguine devenait un lieu de recueillement et de rencontre intérieure avec Dieu par l’entremise de Marie. Cette assemblée permettait aussi aux chrétiens de gommer momentanément leurs différences (surtout entre Européens, Métis et Africains) et de s’unir autour d’une prière commune.
À partir de 1895, on note une nouveauté majeure dans l’organisation du pèlerinage. Mgr Barthet décide de l’encadrement du faire pèlerin. Après la messe solennelle, les groupes de pèlerins, constitués selon leur provenance, se relayaient auprès de la Vierge Marie : « ceux de différentes localités se réunissaient à une heure déterminée, et tous allaient en se relevant, passer leur heure aux pieds de Notre Dame, pour chanter et prier » (ibidem). Le but était de gérer l’affluence croissante des pèlerins : l’effectif augmentait sensiblement (200 en 1888, 400 à 500 en 1898). Cela permettait à chaque fidèle de s’imprégner de l’esprit du pèlerinage tel que promu dans le giron de l’Église. Nous pensons que c’était un cadre normatif institué pour surveiller le comportement des pèlerins et combattre la tiédeur religieuse. Les rotations des différents groupes ont assuré une fréquentation régulière de la chapelle et Mgr Barthet soutient que cette journée est l’une des plus édifiantes de sa mission africaine.
Mgr Kunemann poursuit cette politique de gestion des foules et des pratiques dévotionnelles par l’encadrement. Le changement qu’il introduit en 1901 confirme la volonté de Mgr Barthet de maitriser l’affluence. En effet, il institue un format pluriel. Le pèlerinage se faisait séparément, chaque district avait le sien, « à part ». Cela est un indicateur de l’accroissement considérable de la démographie pèlerine. Il fallait alors renforcer l’encadrement et favoriser la surveillance dans le sanctuaire et ses alentours.
Cette méthode de création et de gestion de l’orthopraxie semble porter des fruits. En effet, pendant toute la période coloniale, les prêtres s’indignaient de ce qu’ils appelaient la paganisation du comportement des baptisés (alcoolisme, primauté des festivités sur les offices religieux, habillement impudique même à la messe, etc. A. D. Mendy 2021, p. 49-51). Toutefois, pour ce qui concerne le pèlerinage, aucun des documents consultés[4] ne mentionne des pratiques déviantes. Au contraire, tout porte à croire qu’une profonde restructuration du paysage religieux pouvait s’y jouer.
Bref, les clercs s’étaient beaucoup investis dans l’encadrement du pèlerinage. Cela indique leur volonté de transmettre une certaine religiosité normée.
Ce texte ne prétend pas faire l’examen complet de l’histoire de la marche pèlerine et du pèlerinage marial de Popenguine. Il s’agit d’une contribution très modeste qui pose la question d’une nécessaire relecture de la trajectoire historique de l’Église avec des problématiques novatrices et des paradigmes innovants. Sa vocation étant de produire une « histoire hors des murs », nous avons jugé utile d’être concis.
Nous retenons en dernière analyse que le pèlerinage de Popenguine est une école de la foi, une école destinée à produire une religiosité normée, voire normative. Il contribuait à combattre la tiédeur religieuse de certains catholiques. Pour se rapprocher de Dieu par l’intercession de Marie, les pèlerins, ceux de la mission de Thiès précisément, enduraient des peines éprouvantes. Il faut préciser que même des enfants sous coresponsabilité parentale-cléricale étaient associés à ce voyage dévotionnel à pied. Il s’agit d’une initiation au recours marial dans la persévérance, d’une formation à la piété du recours. Au reste, les clercs, dans l’encadrement de la marche et du pèlerinage cherchaient plus à transmettre et à gérer chez les pèlerins une dévotion mariale et une orthopraxie.
[1] Pourtant cette chronologie omet une bonne partie de l’histoire du pèlerinage au Sénégal. En 1862 les sœurs du Saint-cœur-de-Marie avaient initié un pèlerinage à Dakar. C’est, à l’état actuel de nos recherches, le premier pèlerinage catholique en Afrique de l’Ouest francophone. Le "sanctuaire" était baptisé Notre-Dame-du-Baobab, car la statue de la Vierge logeait dans le tronc d’un Baobab. Cette pratique s’est poursuivie au moins jusqu’en 1882, année de la disparition de la statue de la Vierge Marie. Nous n’avons pas de renseignements sur ce pèlerinage au-delà de cette année et rien ne permet de déduire un prolongement avec celui de Popenguine.
[2] Nous utilisons le passé parce que l’étude ne prend pas en compte la période de la post-colonie. Au demeurant, nous sommes convaincus que le pèlerinage a toujours cette vocation. Et que la piété mariale se renouvelle et se nourrit d’année en année. La difficulté majeure actuellement, qui interpelle les responsables ecclésiaux clercs et laïcs, est la gestion des effectifs et des préoccupations plurielles des pèlerins. Certains sont plus motivés par la prière, d’autres par les rencontres, d’autres encore par les programmes récréatifs, etc.
[3] Antérieurement, il existait d’autres formes de mobilités dévotionnelles plus itératives. Nous pensons particulièrement aux processions, aux déplacements pédestres dominicaux des prêtres ou des fidèles qui parcouraient plus de dix kilomètres pour dire ou assister à la messe.
[4] Les documents consultés sont très nombreux : Bulletin paroissial de Dakar, Bulletin paroissial de Thiès, Horizons Africains, Jeunesse d’Afrique (journal des étudiants catholiques de Dakar), Bulletin du Comité catholique du Cinéma, Archives nationales du Sénégal, Archives de certaines structures de l’Église, Enquêtes auprès de certaines ressources, etc.
LE GOUVERNEMENT DÉVOILE LES CONTOURS DU DIALOGUE
Si les termes de référence ne sont pas encore connus, Abdou Karim Fofana, ministre porte-parole du gouvernement, explique que chacun est libre de venir avec les points de discussion qui l’intéresse
Le dialogue national entre le pouvoir et les différents acteurs politiques et de la société civile du pays, annoncé par le président Macky Sall le mois dernier, s'ouvrira le 30 mai dans un climat politique tendu et à neuf mois de l'élection présidentielle.
Le dialogue national devrait durer « deux semaines – au maximum ». Un dialogue ouvert à tous, que ce soient aux partis politiques ou aux organisations de la société civile. « Ce ne sera pas qu’un dialogue électoral », précise Yoro Dia, porte-parole de la présidence, alors qu’il s’ouvre à moins de neuf mois de l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Si les termes de référence ne sont pas encore connus, Abdou Karim Fofana, ministre porte-parole du gouvernement, explique que chacun est libre de venir avec les points de discussion qui l’intéresse. Du côté du pouvoir pourraient par exemple être évoqués « l’usage des réseaux sociaux à outrance, la tendance à décrédibiliser les institutions ou l’appel à la violence. »