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9 août 2025
LE DIALOGUE DE TOUS LES POSSIBLES
Va-t-on vers une refondation en profondeur du système politique sénégalais ? La réponse est affirmative au vu de l’objectif du dialogue national qui débute le 28 mai prochain
Va-t-on vers une refondation en profondeur du système politique sénégalais ? La réponse est affirmative au vu de l’objectif du dialogue national qui débute le 28 mai prochain sur le thème « le système politique ». Réforme du système électoral, statut de l’opposition, rationalisation des partis politiques, encadrement du financement du parti politique, les débats porteront sur ces points. Toutefois, il faut dire que toute l’opposition ne répondra pas à l’appel du Président de la République Bassirou Diomaye Faye. Pour cause, le parti République des Valeurs/Réewum Ngor, dirigé par Thierno Alassane Sall, a déjà décliné son invitation.
Après sa convocation des Assises de la Justice autour du thème « la Réforme et la modernisation de la Justice » en mai 2024, le Président de la République appelle au dialogue national du 28 mai au 4 juin prochain avec comme facilitateur le Dr Cheikh Dieng. Axées sur « le système politique », ces concertations nationales visent à réconcilier les Sénégalais avec leurs institutions, à renforcer le consensus national mais aussi à pacifier la situation politique. C’est pourquoi, elles sont appelées à réunir toutes les composantes de la société : opposition, acteurs de la société civile, partenaires, représentants des secteurs socioprofessionnels, chefs coutumiers et traditionnels, citoyens…
Les participants au dialogue national se pencheront ainsi sur plusieurs points, invitant à des réformes profondes et durables du système politique sénégalais. Il s’agit d’abord de « réformer et améliorer le système électoral sénégalais », de « donner un contenu au statut de l’opposition et de son chef », de « débattre de l’inscription automatique sur le fichier électoral », de « réviser le système de parrainage ». Ils vont également « examiner le rôle des autorités en charge des élections et des médias », « débattre de la place de la justice dans le processus électoral », « rationaliser le calendrier républicain au Sénégal ». Dans la même mouvance, il faut noter que « La rationalisation en profondeur les partis politiques », « l’encadrement du financement des partis politiques » et « la révision du Code électoral sénégalais », seront aussi au cœur des discussions.
DU RENFORCEMENT DE LA PRIMATURE A LA MISE EN PLACE D’UNE COUR CONSTITUTIONNELLE
La consolidation et l’augmentation des pouvoirs du Premier ministre pourrait aussi être un sujet de fond pour les acteurs du dialogue politique. Face à la presse le 3 avril dernier, le Président de la République Bassirou Diomaye Faye avait exprimé son souhait pour le renforcement des pouvoirs du Premier ministre, comme il l’avait annoncé dans son programme électoral. « Je préfère avoir un pool de décisions avec le renforcement des pouvoirs du Premier ministre. Je ne veux pas être un Président vers qui tout remonte. Je veux davantage être aidé, pour plus d’efficacité et d’efficience. Cela ne me dérange pas d’avoir un Premier ministre renforcé. Je ne m’efface pas, c’est que je ne veux pas trop embrasser », avait-il déclaré.
Aussi, a-t-il ajouté : «On réfléchit sur la répartition des pouvoirs au sein de l’exécutif. On travaille sur cela. Et le moment venu, on va réfléchir sur comment tout mettre en œuvre. Il y a aussi la recommandation de la Cnri sur la mise en place d’une Cour constitutionnelle. On migre sur une nouvelle organisation institutionnelle », a-t-il déclaré.
En plus de « l’instauration d’un pouvoir exécutif responsable et la réduction des prérogatives proéminentes du président de la république », Bassirou Diomaye Faye, alors candidat à l’élection présidentielle, avait annoncé la création d’une Cour constitutionnelle » en lieu et place d’un Conseil constitutionnel, la « réforme des institutions et du système électoral pour améliorer l’Etat de droit, la bonne gouvernance et la démocratie participative ». Cependant, il faut dire que toute l’opposition n’assistera pas au dialogue national qui débute le 28 mai prochain.
Pour cause, le parti République des Valeurs/ Réewum Ngor, dirigé par Thierno Alassane Sall a déjà décliné l’invitation. Il estime que « les conditions d’un dialogue utile et sincère ne sont pas réunies ». « Le processus annoncé pour le 28 mai 2025 ressemble davantage à une opération de communication politique, dont les conclusions semblent déjà écrites par le régime qu’à une véritable concertation nationale », lit-on dans le communiqué du parti République des Valeurs/Réewum Ngor. Quant au Front pour la défense de la démocratie et de la république (FDR) qui réunit plus de 70 formations politiques d’opposition, il pose ses conditions. Il dit qu’il ne cautionnera « aucun dialogue-subterfuge visant à couvrir un transfert anticonstitutionnel du pouvoir exécutif à un Premier ministre super-fort ». Pour l’Alliance pour la République de l’ancien Président de la République Macky Sall, aucune position officielle n’est encore officialisée.
LES SÉNÉGALAIS VOIENT LA VIE EN ROSE
Malgré les défis économiques et l'augmentation du coût de la vie, deux tiers de la population estiment que le pays se dirige dans la bonne direction, d'après la dernière enquête d'Afrobarometer menée auprès de 1.200 citoyens entre février et mars 2025
(SenePlus) - Une nette majorité des Sénégalais estime que le pays se dirige dans la bonne direction, révèle la plus récente enquête d'Afrobarometer menée au Sénégal. Selon les données publiées le 6 mai 2025 par le Consortium pour la Recherche Économique et Sociale (CRES), 67% des citoyens sénégalais partagent cette vision positive de la trajectoire nationale.
Ce sentiment d'optimisme contraste avec les perceptions plus nuancées concernant la situation économique actuelle du pays. D'après l'enquête Afrobarometer, près de la moitié des Sénégalais (47%) considèrent que la situation économique nationale est mauvaise, alors que 38% la jugent bonne. Les 15% restants la qualifient de "ni bonne ni mauvaise".
L'enquête révèle également une légère amélioration dans la perception de la direction du pays par rapport à 2022, année où seulement 29% des Sénégalais estimaient que le pays allait dans la bonne direction, contre 71% qui pensaient le contraire. Cette évolution marque un net renversement de tendance en l'espace de trois ans.
En ce qui concerne leur situation individuelle, l'enquête montre que 52% des répondants qualifient leurs conditions de vie actuelles de bonnes. Ce chiffre est resté relativement stable depuis 2017, oscillant entre 46% et 52%. À l'inverse, 28% des Sénégalais jugent leurs conditions de vie mauvaises, un pourcentage qui a diminué par rapport au pic de 43% enregistré en 2013.
La cherté de la vie, préoccupation majeure
Malgré cette vision globalement positive, l'enquête met en lumière des préoccupations importantes. L'augmentation du coût de la vie arrive largement en tête des problèmes considérés comme prioritaires, citée par 59% des répondants.
Les autres problèmes identifiés comme majeurs sont, dans l'ordre :
La santé (52%)
Le chômage (38%)
La criminalité et l'insécurité (23%)
L'électricité et l'eau (19% chacun)
L'éducation (16%)
Des problématiques comme la corruption (3%), le logement (5%) et la gestion économique (6%) semblent moins prioritaires aux yeux des Sénégalais interrogés.
Afrobarometer, réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage, a mené cette enquête entre le 9 février et le 9 mars 2025. L'équipe dirigée par le CRES a interrogé 1.200 adultes sénégalais, produisant des résultats avec une marge d'erreur de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95%.
Cette enquête s'inscrit dans le cadre du 10ème cycle d'enquêtes d'Afrobarometer, qui a débuté en janvier 2024 et couvre jusqu'à 42 pays africains. Il s'agit de la neuvième enquête réalisée au Sénégal, après celles de 2002, 2005, 2008, 2013, 2014, 2017, 2021 et 2022.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE DU MERCREDI 7 MAI 2025 : ENTRE FERMETE GOUVERNEMENTALE, TENSIONS JUDICIAIRES ET EXPLOITS SPORTIFS
L’actualité sénégalaise du jour, telle que reflétée par les principales unes de la presse, est dominée par une forte présence du gouvernement sur plusieurs fronts : économie, justice, préparation de la Tabaski et régulation administrative
(SenePlus) L’actualité sénégalaise du jour, telle que reflétée par les principales unes de la presse, est dominée par une forte présence du gouvernement sur plusieurs fronts : économie, justice, préparation de la Tabaski et régulation administrative. Le climat est également marqué par des révélations judiciaires d’envergure et une actualité sportive palpitante sur fond de Ligue des Champions et de performances des Lions. Tour d’horizon.
GOUVERNANCE : UN GOUVERNEMENT EN MODE ACTION
Le ton est donné par Le Soleil, qui titre sans équivoque : « L’État prend le bélier par les cornes ». Le journal officiel met en lumière les mesures concrètes adoptées pour répondre aux préoccupations urgentes des citoyens, en particulier à l’approche de la fête de Tabaski. Ces mesures s’inscrivent dans une volonté affirmée du gouvernement de montrer sa capacité à agir, dans un contexte social tendu.
C’est aussi la ligne éditoriale de Direct News, qui annonce en gros caractères : « Sonko annonce de fortes mesures ». Le Premier ministre, à travers des initiatives qu’il qualifie de "structurantes", souhaite rassurer les Sénégalais sur l’approvisionnement en moutons et sur la maîtrise des prix du marché.
Yoor-Yoor renforce cette dynamique avec sa une : « Le PM Sonko : des mesures fortes pour assurer une bonne Tabaski aux Sénégalais ». L’accent est mis sur les dispositifs logistiques et financiers mis en place pour éviter les spéculations habituelles et garantir la disponibilité du bétail.
L’AS évoque quant à lui « Les mesures phares du gouvernement », sans toutefois s’étendre sur leur contenu, laissant entrevoir un plan d’action multisectoriel. En parallèle, le quotidien met en avant une interrogation sur l’ancien président avec ce titre : « Macky Sall en “Monsieur Solutions” ? », dans une tentative d’analyse comparative entre l'ancien et l'actuel exécutif.
Sud Quotidien, de son côté, affiche en lettres capitales : « L’État passe à l’offensive », confirmant cette posture volontariste de l'exécutif. Le journal souligne une série d'opérations coordonnées visant à désengorger les administrations, accélérer les réformes, et renforcer l’autorité de l’État dans les zones sensibles.
JUSTICE ET AFFAIRES : LES DOSSIERS BRULANTS DU MOMENT
Les scandales judiciaires et les affaires de détournements alimentent abondamment la presse du jour. Libération revient sur une affaire foncière sensible avec ce titre évocateur : « La Sr “fouille” le lotissement Boa ». Selon le journal, des investigations sont en cours sur des irrégularités présumées dans l’attribution de parcelles, impliquant plusieurs personnalités influentes.
La même affaire est reprise par L’Observateur (L’Obs), qui titre : « Amadou Bâ dans le viseur de la justice ». Le journal revient sur de supposées malversations financières qui auraient eu lieu entre 2014 et 2017, avec des montants astronomiques évoqués : plus de 141 milliards de FCFA en jeu. Le dossier est présenté comme potentiellement explosif, avec des implications politiques majeures.
Dans la même veine, Source A affiche en une : « Le compte est pour Macky », laissant entendre que des audits sur la gestion des finances publiques durant l’ère Sall pourraient aboutir à des mises en cause directes.
EnQuête, avec une approche plus technique, explore les ramifications des réseaux d’influence dans l'administration publique et titre : « Les connexions mortifères ». Un visuel fort accompagne la une, suggérant des pratiques occultes et des alliances douteuses entre des responsables de l’État et des groupes privés.
TENSIONS DANS LES INSTITUTIONS : SIGNES DE FRAGILITE AU SOMMET
Une autre information importante du jour concerne l'entourage du pouvoir. Le Populaire (Le Pop) révèle que « L’aide de camp du Premier ministre emporté par un malaise », laissant planer le doute sur un malaise passager ou un signe de tensions internes. Le journal enchaîne avec une réflexion sur « La religion et les politiques publiques », thème récurrent dans le débat sénégalais sur la laïcité et la neutralité de l’État.
SPORTS : PARIS, INTER, SENEGAL… L’ACTUALITE SUR TOUS LES FRONTS
L’actualité sportive est riche et largement relayée par les quotidiens spécialisés. Record revient avec insistance sur la demi-finale retour de la Ligue des Champions en s’interrogeant : « Arsenal peut-il priver Paris d’une 2ème finale ? ». Le suspense est total, alors que les Parisiens visent un exploit historique.
Stades titre : « Au terme d’un scénario fou, l’Inter élimine Barcelone ». L’autre affiche européenne a tenu toutes ses promesses et propulse l’Inter Milan en finale, au bout d’un match spectaculaire.
Rewmi Sports+ exulte avec un titre fort : « Une demi-finale de légende ! », illustrant la tension et la dramaturgie du duel entre Inter et Barça.
Enfin, sur le plan national, Point Actu Sport célèbre une victoire éclatante des Lions face au Chili : « Le Sénégal se fait plaisir contre le Chili et réalise un carton plein historique ». Un signal fort envoyé à la concurrence, à l’approche des grands rendez-vous internationaux.
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POUR GUY MARIUS SAGNA, LES CONSULATS SONT COMPLICES DU DRAME MIGRATOIRE
Le député a mené mardi, une délégation au consulat espagnol pour dénoncer la vente illégale de rendez-vous visa atteignant 500 000 FCFA, phénomène qui pousserait les jeunes vers l'immigration clandestine
Une délégation conduite par le député Guy Marius Sagna s'est rendue hier au consulat d'Espagne à Dakar pour déposer une lettre de protestation concernant la vente illégale de rendez-vous pour les demandes de visa.
Accompagné de citoyens sénégalais et espagnols, le parlementaire a dénoncé avec fermeté ce qu'il qualifie de "mafia des rendez-vous", un système où les demandeurs de visa sont contraints de débourser entre 150 000 et 500 000 francs CFA pour simplement obtenir un créneau de rendez-vous au consulat.
"Ce qui nous fait mal, c'est que le consulat d'Espagne à Dakar est au courant de cette vente de rendez-vous, au courant de cette corruption aux visas, mais nous n'avons jamais entendu le consulat se plaindre ou prendre des mesures pour empêcher cela", a déclaré le député lors de son intervention devant le consulat.
Selon M. Sagna, cette situation ne concerne pas uniquement les Sénégalais mais affecte également les ressortissants espagnols résidant à Dakar, qui font face aux mêmes difficultés pour obtenir des rendez-vous consulaires.
Le parlementaire établit un lien direct entre ces pratiques et l'immigration irrégulière. "Le silence du consulat d'Espagne signifie qu'il encourage l'immigration irrégulière par le désert du Sahara, par la mer Méditerranée et par les pirogues de l'océan Atlantique", a-t-il affirmé, ajoutant que ces ambassades deviennent ainsi "complices" des tragédies qui se produisent sur ces routes migratoires.
La lettre de protestation, qui porte le cachet officiel du consulat d'Espagne confirmant sa réception, sera largement diffusée selon les manifestants "pour que les Sénégalais, les Africains, les Espagnols et les Européens en soient informés."
Le député a conclu en félicitant les manifestants pour leur courage et en appelant à une mobilisation plus large : "Comme la sagesse populaire sénégalaise le dit, personne ne viendra nous sauver de cette vente des rendez-vous. C'est à nous de nous libérer, c'est à nous de dénoncer cela."
Le consulat d'Espagne à Dakar n'a pas encore réagi officiellement à ces accusations au moment où nous mettons sous presse.
AMADOU GALLO FALL, LE PANIER COMME LEVIER DE DÉVELOPPEMENT
Son parcours du Sénégal aux États-Unis jusqu'à la création la Basketball Africa League illustre sa conviction profonde : "Je n'ai jamais cru à ce récit d'infériorité, je n'ai jamais eu de complexe"
Amadou Gallo Fall, président de la Basketball Africa League (BAL), incarne une vision ambitieuse du développement sportif et économique en Afrique. À travers son parcours personnel et professionnel, ce géant sénégalais du basket s'attaque directement aux idées reçues sur les capacités africaines.
"Je n'ai jamais cru à ce narratif d'infériorité, je n'ai jamais eu de complexe. Il y a des injustices évidemment partout par rapport au positionnement de l'Afrique à travers le monde", affirme-t-il avec conviction. Pour Fall, l'essentiel n'est pas de chercher à prouver quelque chose aux autres, mais simplement "de faire ce qu'on fait et puis voilà quoi, de triompher."
Cette philosophie se reflète dans son approche du développement du basket en Afrique. Depuis la création de SEED (Sport for Education and Economic Development) en 1998 jusqu'au lancement de la BAL, Fall a construit patiemment les fondations d'un écosystème sportif professionnel sur le continent. "C'est nous la NBA, c'est pas la NBA qui est venue ici exploiter", insiste-t-il, soulignant l'appropriation africaine de ce projet.
Face au scepticisme initial, Fall a préféré laisser parler les résultats. La BAL, diffusée aujourd'hui dans 214 pays en 17 langues, offre des salaires compétitifs aux joueurs (minimum 1300$ mensuels) et attire progressivement sponsors et médias. "On crée tout ça ici sur le continent," explique-t-il, démontrant qu'avec détermination et vision, l'Afrique peut développer ses propres institutions d'envergure mondiale.
Pour les jeunes africains, son message est clair : "Personne ne vous doit absolument rien. Si vous avez une opportunité, vous faites votre preuve et les choses vont arriver si vous travaillez pour." Cette philosophie d'autonomisation et de responsabilité personnelle constitue le socle de sa vision pour transformer non seulement le basket africain, mais aussi la perception du continent à l'échelle mondiale.
SONKO SALUE LA MÉMOIRE DE SON AIDE DE CAMP
Le Premier ministre a exprimé son émotion après la disparition soudaine du commandant Pape Mignane Ndong, décédé ce mardi des suites d’un malaise. Il a rendu hommage à un collaborateur « rigoureux, humble et généreux ».
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a exprimé sa profonde émotion à la suite du décès brutal de son aide de camp, le commandant Pape Mignane Ndong, survenu ce mardi à la suite d’un malaise.
Dans un message empreint d’émotion, Sonko a salué la mémoire d’un homme qu’il décrit comme « exceptionnel » et dont la collaboration, bien que courte — treize mois —, a profondément marqué son équipe et lui-même.
« Il faisait preuve d’une rigueur exemplaire et d’un grand professionnalisme », a-t-il déclaré, soulignant aussi « sa vigilance, son attention constante, et l’affection qu’il portait à sa famille ». Le chef du gouvernement a également évoqué « l’humilité et la générosité » du défunt, illustrées, selon lui, par « un sourire éternel devenu son symbole ».
Ousmane Sonko a adressé ses condoléances attristées à la famille du commandant ainsi qu’aux Forces armées nationales. Il a également formulé des prières pour le repos de son âme, lui souhaitant les bienfaits du pèlerinage à La Mecque qu’il devait accomplir dans les prochains jours, et l’élévation au rang « des vertueux bienheureux ».
Le président de la République a également fait part de sa grande peine et a envoyé un message de sympathie aux membres de la famille du défunt, au premier ministre ainsi qu’à toute la famille militaire.
« C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès du Commandant Pape Mignane NDONG, aide de camp du Premier Ministre Ousmane Sonko. À sa famille éplorée, au Premier Ministre ainsi qu’à toute la famille militaire endeuillée, je présente mes condoléances les plus attristées. Que son âme repose en paix », a-t-il écrit.
PAR SAMBOUDIAN KAMARA
APRÈS LES LIKES, L’ADDITION
Le syndrome de surtaxation aiguë de Donald Trump qui frappe le monde ferait-il des émules ? Non, la décision du Nigéria, début mai, de taper le portefeuille de Meta (ex-Facebook) à hauteur de 167,3 milliards FCfa procède d’une maturation plus longue...
Le syndrome de surtaxation aiguë de Donald Trump qui frappe le monde ferait-il des émules ? Non, la décision du Nigéria, début mai, de taper le portefeuille de Meta (ex-Facebook) à hauteur de 167,3 milliards FCfa procède d’une maturation plus longue que la guerre commerciale qui se déroule sous nos yeux. Cette riposte africaine était attendue, une tendance lourde voyant de plus en plus de grands pays réclamer des comptes aux géants du numérique.
Qui mieux que l’ogre nigérian avec son 13e rang mondial dans le classement des pays par nombre d’internautes, et ses 230 millions d’habitants passant en moyenne 4 h et 20 mn par jour sur les médias sociaux, pouvait prétendre affronter « le réseau bleu » ? Dans un remake à la mode Nollywood du film-culte « The constant gardner », la Fccpc (autorité de la concurrence) a infligé une amende de 127 milliards FCfa à Meta pour des pratiques anticoncurrentielles présumées. En outre, l’Agence nigériane de réglementation de la publicité a imposé une amende de 21,6 milliards FCfa à Meta pour des pratiques publicitaires non approuvées. La Commission nigériane de protection des données (Ndpc) a, pour sa part, également infligé une amende de 18,4 milliards FCFa à Meta pour avoir enfreint les lois locales sur la confidentialité des données. En fin avril, les régulateurs des plateformes numériques de l’Union européenne avaient annoncé des amendes importantes à l’encontre de Apple et Meta, pouvant aller jusqu’à 386 milliards FCfa. 7
Aux Usa même, l’heure est trouble pour Google, Meta et Apple. Du moins sur le front judiciaire. En effet, les États-Unis ont enclenché une procédure pour envisager des moyens de démanteler la mainmise de Google sur le marché des moteurs de recherche. Le 21 avril a marqué le début là-bas aussi d’un procès pour abus de position dominante, dont l’issue pourrait contraindre le géant technologique à céder une partie de ses activités. En représailles, l’entreprise-mère de Facebook et d’Instagram, menace de les fermer au Nigéria. Ce ne serait pas sans conséquences. Le journaliste Nigérian Akintunde Babatunde, spécialiste en innovation médiatique, expliquait le 04 mai, dans le « Premium Times », comment « de Washington à Abuja et de Nairobi à Bruxelles, 2025 s’annonce comme l’année où la régulation des plateformes numériques entrera pleinement sur le terrain géopolitique ». Il souligne que « ce qui était autrefois des conversations polies sur les politiques de confidentialité et la modération du contenu est devenu une lutte à enjeux élevés pour la souveraineté, la responsabilité et le pouvoir ».
Mais le hic est que pour de nombreuses entreprises nigérianes, Facebook et Instagram sont plus que de simples outils d’interaction sociale, ce sont des éléments essentiels de leurs stratégies de croissance. Une enquête de la Gsma (organisation internationale qui représente les intérêts des opérateurs de téléphonie mobile) a révélé en 2023 que 56 % des petites et moyennes entreprises au Nigéria s’appuient exclusivement sur ces plateformes pour leurs ventes. En définitive, les Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ne font pas que gagner de l’argent. Leur action a dépassé maintenant le cadre publicitaire pour assoir le contrôle de l’opinion publique. Ils sont faiseurs de pouvoir désormais, parrainent des élections (Roumanie, Mouvement 5 étoiles en Italie…) L’économie de l’attention est leur nouveau terrain de chasse.
Le résultat est connu : des individus quasi-lobotomisés, le nez toujours penché sur leur téléphone, des consommateurs passifs mais actifs en tant que livreurs de données. Quand c’est gratuit, dis-toi que tu es probablement la marchandise ! Clics, recherches, achats, déplacements, interactions sociales : sans en avoir pleinement conscience, l’utilisateur devient la matière première d’un système qui anticipe ses comportements pour mieux capter son attention, influencer ses choix et monétiser ses préférences auprès d’annonceurs ou de partenaires commerciaux.
La question des droits d’auteur est au cœur de cette nébuleuse numérique. Pire, les traces des internautes sont de l’or numérique ; compilées, elles sont souvent vendues à des pays ou à des organisations (Cf ; scandale Cambridge analytica). De plus en plus d’États remettent en cause ce nouvel esclavage cognitif, mais tous ne sont pas logés à l’enseigne de la Corée du Sud ou de l’Union européenne qui parviennent à minorer les pratiques monopolistiques des Gafam. Dans tous les cas, la dynamique est installée. Si les clics nourrissent la machine, les internautes, eux, réclament désormais leur dividende numérique. Et le message est clair : à l’ère des Gafam-rois, ce sont les États qui veulent redevenir souverains. Et si l’Union africaine s’y engageait ?
PAR MATEL BOCOUM
DES GRIFFES DE FÉMINISTES
La nouvelle génération de féministes sénégalaises surfe-t-elle sur la bonne vague en épousant les valeurs du féminisme radical, qui semble se rapprocher du féminisme matériel ou amazone ? La réponse coule de source...
La nouvelle génération de féministes sénégalaises surfe-t-elle sur la bonne vague en épousant les valeurs du féminisme radical, qui semble se rapprocher du féminisme matériel ou amazone ? La réponse coule de source même s’il faut s’attendre à ce que leur démarche crée des frictions dans notre pays. Elles ont une approche différente des figures influentes connues du féminisme jusque-là dans notre pays. Celles-ci ont mis en avant un féminisme modéré consistant à tenir compte des réalités socioculturelles pour dérouler des stratégies. Leur plaidoyer a porté des fruits au fil des ans.
En dépit de l’existence de différentes branches du féminisme, la première génération a réussi à faire adhérer, dans notre pays, des masses à leur cause pour avoir su agir avec tact et intelligence. Elles en ont récolté des vertes et pas mûres, mais elles ont fini par convaincre, rappelant que le bien-fondé de leur combat repose sur un souci de garantir le bien être de la femme, et au-delà de celle de la famille sénégalaise. Incomprises au début, elles ont, pour la plupart, pu fournir des clés de compréhension utiles pour une appropriation de leur combat. Elles n’ont pas également cherché à se mettre en première ligne pour des avantages personnels ou des prébendes. Guidées par de fortes convictions, ces féministes ont su changer la dynamique sur laquelle voguait une société ancrée dans des valeurs patriarcales. L’essentiel pour elles est de faire en sorte que le pays puisse s’inscrire dans une dynamique de développement durable en s’appuyant sur toutes les composantes de la société. Elles se sont battues pour une meilleure implication de la gent féminine. Grâce à des actions soutenues et coordonnées, des évolutions notables ont été notées dans ce sens.
Les conditions de vie de la Sénégalaise se sont beaucoup améliorées. Le combat de la première vague de féministes, dans notre pays, peut être considéré comme un écho fidèle de la voix des femmes. La société, dubitative, a fini par mesurer leurs efforts et leurs sacrifices pour instaurer dans la société des rapports de genre égalitaire pour un développement humain durable. Dans une démarche synergique, elles continuent, par exemple, à traquer toutes les dispositions discriminatoires contenues dans le code de la famille. Aujourd’hui, la société sénégalaise commence à rendre un hommage mérité à ces figures inspirantes. Au même moment, elle semble réticente face à l’émergence d’une nouvelle génération de féministes qui soulignent se conformer à un esprit de renouveau. Leurs intentions semblent floues aux yeux d’une frange importante de la société. Le modus opérandi dérange. Elles n’hésitent pas à heurter la conscience collective et à créer des tourbillons de vie pour écrire les lignes de leur histoire.
Les promotrices du concept « marcher nue » sont classées, dans l’imagerie populaire, dans cette catégorie. Les Sénégalais gardent en mémoire la marche prévue le 31 décembre dernier, par le collectif des féministes qui avait choisi comme dress code la nudité pour dire haro aux violences exercées sur les femmes. Pour les adeptes de ce courant, le nudisme des femmes constitue une « arme puissante » pour amplifier la voix féminine, ériger des digues contre le patriarcat ou la misogynie et faire reculer les hommes. Leurs arguments : « en se réappropriant leur corps, les femmes africaines en font une arme de transformation sociale, rappelant que ce dernier n’est ni une possession des hommes ni un bien de l’État. La nudité comme forme de protestation est un appel à l’action, une dénonciation des violences et une affirmation du droit des femmes à disposer d’elles-mêmes ».
Mais cette façon de s’ériger contre « l’oppression masculine » ne trouve pas un écho favorable chez d’autres féministes et autres gardiennes des valeurs. Elles militent pour la préservation des mœurs. Elles ont compris qu’il sera difficile de calquer les modèles importés dans une société qui tient à imprimer son identité dans un monde globalisé. Si les tenants du féminisme radical ou amazone, pour paraphraser l’universitaire Makhtar Diouf, auteur de l’ouvrage « Eclairage sur le (s) féminisme (s) », « exigent une révolution sexuelle totale qui détruit tous les tabous traditionnels liés à la sexualité », elles risquent de faire face à une contre-offensive féminine.
GOUVERNANCE EXTRACTIVE, ÉTAT ET JOURNALISTES POSENT LES BASES D’UN NOUVEAU "PACTE" DE TRANSPARENCE
Journalistes spécialisés, autorités publiques ont renforcé leur collaboration pour faire de l’accès à l’information un pilier de la gouvernance extractive. Une rencontre fondée sur la responsabilité partagée, la transparence active et l’engagement citoyen
Alors que le Sénégal entre dans une phase d’exploitation de ses ressources naturelles, les enjeux liés à la gouvernance extractive prennent une dimension plus aiguë. C’est dans ce contexte que s’est tenu, du 4 au 6 mai 2025, un atelier résidentiel organisé par le Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines en partenariat avec l’Association des Journalistes pour la Transparence dans les Ressources Extractives et la Préservation de l’Environnement (AJTREPE).
Présent à l’ouverture des travaux, Birame Souleye Diop, ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, a affirmé que : « La richesse naturelle ne vaut que par la manière dont elle est gouvernée. Car si les ressources sont un don, la bonne gouvernance, elle, est un choix. Et ce choix, nous l’avons fait : celui de la transparence, de la responsabilité et du dialogue citoyen »
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Dans une démarche d’ouverture, le ministre a mis à la disposition des journalistes l’ensemble des structures clés du secteur extractif (SENELEC, PETROSEN, SAR, SOMISEN, etc.) afin de favoriser l’accès aux données techniques et économiques, tout en saluant la spécialisation croissante des journalistes sur ces thématiques complexes : « Ce que nous vous offrons, c’est la transparence. À condition que vous choisissiez, en contrepartie, la rigueur, la vérité et l’éthique »
Une presse spécialisée et vigilante
Face aux autorités, le président de l’AJTREPE, Youssouph Bodian, a rappelé l’importance de la presse comme courroie de transmission entre les populations et les institutions. « Notre mission est de rendre lisibles les projets qui transforment nos territoires. Mais pour informer utilement, nous avons besoin d’un accès fluide, systématique, transparent à l’information publique. Ce n’est pas un privilège : c’est une condition de la démocratie », a-t-il déclaré.
Mais cette volonté affichée de transparence s’est heurtée à une réalité décrite sans détour par le président de l’AJTREPE, Youssouph Bodian. Si des efforts notables ont été faits, notamment avec la publication régulière de bulletins mensuels sur la production pétrolière, l’accès aux données publiques reste encore trop aléatoire et dépendant des circonstances.
« Pour accomplir notre mission, nous avons besoin d’un accès plus fluide, plus ouvert, plus systématique à l’information publique », a insisté M. Bodian, regrettant la difficulté persistante à obtenir des documents essentiels comme les études d’impact, les contrats, les plans de gestion environnementale ou encore les chiffres sur la redistribution des revenus. Il a aussi dénoncé la rareté des interlocuteurs institutionnels disponibles pour répondre aux sollicitations de la presse, notamment dans les directions techniques et agences publiques.
Pour y remédier, l’AJTREPE propose la désignation de points focaux presse dans chaque structure dépendant du ministère, afin de garantir un dialogue réactif et crédible avec les journalistes.
Dans un pays où les projets extractifs transforment les territoires, Youssouph Bodian a aussi plaidé pour que les journalistes soient intégrés aux visites de terrain aux côtés des autorités, afin de mieux documenter les réalités locales et les impacts sur les communautés. Il a en outre insisté sur la nécessité de soutenir les journalistes basés en région, en particulier ceux qui travaillent dans les zones d’exploitation minière. « Nos confrères des radios communautaires doivent être formés, équipés et associés à l’effort de transparence. Ils sont en première ligne pour rendre compte de ce que vivent les populations », a-t-il expliqué.
Pour stimuler l’excellence professionnelle, l’AJTREPE a également proposé la création d’un prix national récompensant chaque année les meilleures productions journalistiques dans le secteur extractif. Une manière de reconnaître et d’encourager la rigueur, l’indépendance et la profondeur d’analyse dans le traitement de ces enjeux stratégiques.
Plus de 350 articles de presse se sont appuyés sur les données ITIE
Thialy Faye, président du Comité national ITIE Sénégal, a réaffirmé le rôle de son institution comme garant de l’accès à l’information structurée et vérifiée : « Depuis 2021, plus de 350 articles de presse se sont appuyés sur les données ITIE. Ce n’est pas anodin. Cela témoigne d’une appropriation croissante de nos rapports par les professionnels de l’information »
Il a profité de cette rencontre pour partager le Rapport semestriel ITIE 2024, révélant que les industries extractives ont généré 236,59 milliards FCFA au premier semestre, dont 187,35 milliards provenant du secteur minier. Le secteur des hydrocarbures, lui, a presque doublé ses revenus par rapport à l’année précédente. « Notre objectif est clair : passer à une divulgation systématique, compréhensible et citoyenne. Et cela, nous le construisons avec vous, les journalistes », a fait savoir Thialy Faye.