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9 août 2025
Par Ndey Tapha SOSSEH
EXPRIMONS NOTRE SOLIDARITE AVEC LES JOURNALISTES DU BURKINA FASO
Alors que la répression s’intensifie sous le régime militaire, les journalistes burkinabè continuent de résister avec courage et conviction -perpétuant un héritage de liberté façonné par des pionniers et des institutions
Alors que la répression s’intensifie sous le régime militaire, les journalistes burkinabè continuent de résister avec courage et conviction -perpétuant un héritage de liberté façonné par des pionniers et des institutions telles que le Filep et le Centre de presse Norbert Zongo.
Aujourd’hui, alors que le monde marque la Journée mondiale de la liberté de la presse, nous devons tourner nos regards -et nos consciences- vers une région où la plume est menacée, où dire la vérité est devenu un métier dangereux, et où les voix qui informent, interrogent et défendent la démocratie sont réduites au silence. Nous parlons du Burkina Faso, un pays pris dans l’étau de l’insécurité, d’une transition politique et d’une répression croissante à l’encontre de sa presse indépendante.
Depuis deux ans, les journalistes au Burkina Faso évoluent dans un environnement de plus en plus oppressant. Sous prétexte de sécurité nationale et de lutte contre le terrorisme, les autorités ont systématiquement restreint les libertés de la presse. Des correspondants étrangers ont été expulsés. Des médias indépendants ont été sanctionnés, suspendus ou contraints à l’autocensure. Le harcèlement sur les réseaux sociaux et les campagnes de dénigrement sont devenus des outils fréquents pour faire taire la dissidence et étouffer le débat public. Le Peuple burkinabè est privé d’un droit fondamental : l’accès à une information crédible, pluraliste et indépendante. Pire encore, les journalistes qui osent traiter de sujets sensibles -qu’il s’agisse de corruption, d’opérations militaires ou de violations des droits humains- sont souvent harcelés, menacés ou arrêtés. Le 26 mars 2025, les autorités ont dissous l’Association des journalistes du Burkina (Ajb) avec effet immédiat. Cette décision est intervenue au lendemain de l’arrestation de Guézouma Sanogo, président de l’Ajb, et de Boukari Ouoba, membre du Bureau exécutif, qui avaient dénoncé la répression des médias depuis l’arrivée au pouvoir de la junte. Quelques jours plus tard, eux deux, ainsi que le journaliste Luc Pagbelguem, sont réapparus dans une vidéo télévisée, montrés comme enrôlés de force dans l’Armée et envoyés au front. Le ministre de l’Administration territoriale, Emile Zerbo, a enfoncé le clou en menaçant : «Toute personne qui, par quelque moyen que ce soit -discours, écrits ou autres-, cherche à soutenir ou maintenir une association dissoute, s’expose à des sanctions.» L’enrôlement forcé de journalistes dans l’Armée constitue une pratique visant à punir les voix critiques à l’égard du pouvoir.
Dans ce climat de peur, beaucoup sont contraints de choisir entre leur profession et leur sécurité. Le prix à payer pour dire la vérité est devenu insupportable.
Et pourtant, malgré l’adversité, les journalistes burkinabè tiennent bon. A Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Kaya et ailleurs, ils continuent de rapporter, d’enquêter et de révéler, souvent au péril de leur vie. Ils sont la dernière ligne de défense contre la désinformation, la dérive autoritaire et la fragmentation sociale. Leur courage est tout simplement héroïque. La presse burkinabè fait preuve d’une résilience remarquable. Des institutions comme le Centre national de pPresse Norbert Zongo (CnpNZ), baptisé en mémoire de Norbert Zongo, journaliste d’investigation emblématique assassiné en 1998, demeurent des espaces essentiels de solidarité, de formation et de résistance. Sous la direction déterminée de ’Abdoulaye Diallo, le Cnp-Nz reste un rempart pour la liberté d’expression, même lorsque les autorités assimilent les voix critiques à de l’antipatriotisme.
L’un des symboles les plus puissants de cette résilience est le Filep -Festival international de la liberté d’expression et de la presse. Depuis plus de vingt ans, tous les deux ans, le Filep réunit, à Ouagadougou, des centaines de journalistes venus de toute l’Afrique et du monde pour réfléchir et débattre des défis liés à la liberté de la presse sur le continent. Ce n’est pas seulement un festival : c’est un mouvement ancré dans la solidarité, la résistance et la conviction que le journalisme africain doit dire la vérité aux autorités. L’édition 2023 du Filep, présidée par Innoussa Ouédraogo, rédacteur en chef du journal Bendré et militant de longue date pour l’indépendance des médias, s’est tenue malgré de nombreux obstacles. Sous le régime de transition militaire actuel, de sérieuses incertitudes planent sur la possibilité d’organiser à nouveau le Filep dans son format libre et originel.
Cette répression a engendré un phénomène douloureux mais significatif : l’exil de nombreux journalistes chevronnés, qui quittent le pays non par faiblesse, mais comme une stratégie pour préserver leur voix. Depuis l’étranger, ils continuent de publier, de témoigner et de dénoncer les abus -refusant d’être réduits au silence. Leur engagement mérite d’être soutenu, pour former un écho transnational de résistance -un écho qui porte les vérités du Burkina Faso au reste du monde. Le courage de ces journalistes, qu’ils soient restés ou exilés, témoigne de leur foi inébranlable dans le droit du public à l’information.
Nous devons également rendre hommage à ceux qui ont bâti et défendu l’héritage médiatique du Burkina Faso. Chérif M. Sy, fondateur du journal Bendré, ancien président du Parlement de la Transition et ex-président du Forum des éditeurs africains, reste une figure majeure du plaidoyer médiatique en Afrique. Des leaders comme Jean-Claude Méda, feu Pierre Dabiré, anciens présidents de l’Ajb, ou encore le journaliste émérite Boureima Ouédraogo, ancien membre exécutif de l’Ajb et aujourd’hui directeur de publication du Reporter, nous rappellent que la communauté journalistique burkinabè n’a jamais manqué ni de courage ni de lucidité. Leurs contributions ont façonné un héritage qui ne doit pas être effacé par la peur ou l’autoritarisme
Ce combat n’est pas uniquement le leur. Il reflète une crise plus large qui touche toute l’Afrique de l’Ouest, où les coups d’Etat, les conflits armés et l’espace civique en régression deviennent la norme. Du Mali au Niger, de la Guinée au Sénégal, la liberté de la presse est en recul. La solidarité reste notre arme la plus puissante. Lorsqu’un journaliste est réduit au silence, la communauté médiatique mondiale doit élever la voix encore plus fort.
En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, nous réaffirmons notre solidarité indéfectible avec les journalistes du Burkina Faso. Nous appelons l’Union africaine à honorer ses engagements envers la liberté de la presse. Nous exhortons les autorités de transition burkinabè à mettre fin à la censure, à garantir la sécurité des journalistes et à respecter le rôle fondamental des médias dans la construction de la Nation.
Une presse libre n’est pas un luxe -c’est une bouée de sauvetage. Dans une région en quête de paix, de justice et de redevabilité, faire taire les journalistes n’est pas la solution. Les renforcer, si.
Souvenons-nous que la liberté d’expression n’est pas un principe à défendre uniquement le 3 mai. C’est un combat quotidien -et un combat que le monde doit mener ensemble.
Ndey Tapha SOSSEH
est la première coordinatrice de l’unité ouest-africaine de journalisme d’investigation Cenozo ; ancienne coordinatrice du projet de renforcement des capacités de l’Association des journalistes de l’Afrique de l’Ouest ; ancienne présidente du Gambia Press Union et ex-trésorière de la Fédération des journalistes africains.
DES MILITANTS DE L’APR ET DU PDS MANIFESTENT À GENÈVE CONTRE LE NOUVEAU RÉGIME
Ces membres de l'opposition ont remis un mémorandum au Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, appelant à une mission d’observation sur la situation des droits humains dans leur pays.
Des militants de l’Alliance pour la République (APR) et du Parti démocratique sénégalais (PDS) établis dans la diaspora ont manifesté samedi à Genève, en Suisse, contre les « dérives » qu’ils reprochent au nouveau régime au Sénégal.
À en croire journal L’AS, les protestataires ont remis un mémorandum au bureau du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme. Dans ce document, ils appellent l’ONU à « mettre en place une mission spéciale d’observation des droits humains au Sénégal » et à « maintenir un canal diplomatique ferme afin d’inciter le Sénégal à respecter ses engagements internationaux, à restaurer l’espace civique et les libertés fondamentales ».
Toujours selon le journal, les rédacteurs du texte insistent : « Il est impératif que la communauté ne reste pas silencieuse face à ces dérives. Défendre l’État de droit au Sénégal, c’est défendre la stabilité de toute la sous-région ouest-africaine ».
Les manifestants accusent également le Premier ministre, Ousmane Sonko d’être à l’origine d’un climat de tension croissante dans le pays. « Accusations calomnieuses, menaces de mort, appels à la violence contre certains professionnels des médias sont devenus monnaie courante », dénoncent-ils.
Ils pointent aussi « les licenciements politiques massifs, les restrictions du droit de manifester, les atteintes à la liberté d’aller et venir, l’instrumentalisation de la justice, les pressions sur la presse indépendante ».
LE SÉNÉGAL LÈVE 193 MILLIARDS FCFA SUR LE MARCHÉ DE L’UMOA
Depuis le début de l’année 2025, Dakar a levé un total de 460 milliards FCFA sur le marché de l’UMOA, représentant à lui seul 10 % des émissions publiques régionales, selon les données fournies par UMOA-Titres.
L’État du Sénégal a réussi le vendredi 2 mai 2025, une levée de fonds de 193 milliards FCFA sur le marché financier régional de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), via une émission mixte de bons assimilables du Trésor (BAT) et d’obligations assimilables du Trésor (OAT).
L’opération, organisée par l’agence UMOA-Titres, visait initialement un objectif de 180 milliards FCFA. Le résultat dépasse donc les attentes, traduisant la confiance persistante des investisseurs dans la signature sénégalaise.
Ce succès s’explique notamment par l’importante mobilisation des opérateurs nationaux : 97,2 % des souscriptions proviennent d’investisseurs basés au Sénégal. Cette forte participation locale illustre la solidité du marché domestique et l’intérêt croissant des acteurs nationaux pour les instruments de dette publique.
Depuis le début de l’année 2025, le Sénégal a levé un total de 460 milliards FCFA sur le marché de l’UMOA, représentant à lui seul 10 % des émissions publiques régionales, selon les données fournies par UMOA-Titres et relayées par Financial Afrik. Dans le même temps, le pays a honoré ses engagements financiers, avec un remboursement de 337 milliards FCFA de capital et le versement de 52 milliards FCFA d’intérêts.
Cette dynamique confirme la stratégie proactive des autorités sénégalaises en matière de gestion de la dette publique. Elle traduit également leur volonté de renforcer la confiance des investisseurs à travers une politique de financement transparente, maîtrisée et en ligne avec les objectifs de soutenabilité budgétaire.
Par Thierno Bachir SY
BACARY SAMB ET SES RAPPORTS, UNE GOUTTE D’EAU DE PLUS !
Depuis plusieurs années, Timbuktu Institute adopte une position militante sur les questions de radicalisation, souvent à travers des entretiens médiatiques et publications où se mêlent préoccupation religieuse, urgence sécuritaire et discours politique
Dans un contexte où les menaces sécuritaires dominent les récits politiques et médiatiques en Afrique de l’Ouest, certains acteurs se sont imposés comme des voix incontournables -mais non sans controverse. A travers ce texte, nous interrogeons la démarche et les productions du Timbuktu Institute, dirigé par Bacary Samb, dont les rapports à forte teneur alarmiste soulèvent de sérieuses questions de méthode, de transparence et d’éthique intellectuelle. Il s’agit d’un appel à la rigueur, face à un champ où l’approximation peut coûter cher.
Le Timbuktu Institute, dirigé par le Dr Bacary Samb, s’est imposé depuis plus d’une décennie comme un acteur majeur du champ de la prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest. Ses nombreuses publications, interventions médiatiques et ateliers avec des institutions sécuritaires en font une référence dans la sphère publique. Pourtant, la lecture attentive de ses rapports révèle une série de lacunes profondes sur le plan de la rigueur scientifique, ainsi qu’une tendance constante à l’alarmisme, en décalage avec les standards académiques attendus.
Le plus récent rapport intitulé «La menace du Jnim dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal» illustre parfaitement cette orientation. Il y est avancé que Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (Jnim), affilié à AlQaïda, intensifie sa présence dans cette zone frontalière stratégique en exploitant des fragilités locales (tensions communautaires, flux migratoires, absence de l’Etat). Le rapport prétend même déceler une «infiltration silencieuse» du territoire sénégalais, et appelle à une vigilance accrue face à cette menace.
Or, plusieurs éléments fondamentaux minent la crédibilité de ce document. D’abord, le ton est clairement alarmiste. Il convoque des expressions chargées d’émotion («menace croissante», «présence latente», «infiltration insidieuse») qui relèvent davantage de la rhétorique militante que de l’analyse distanciée, scientifique. Pour preuve, aucune de ces affirmations ne repose sur des données vérifiables : pas d’observations de terrain, pas de sources primaires identifiables, pas d’entretien avec des acteurs locaux. L’expression «présence latente», par exemple, citée dans le Sud-est du Sénégal, n’est soutenue par aucun élément factuel.
Ensuite, le rapport se distingue par une absence totale de rigueur méthodologique. Aucun protocole de recherche n’est exposé, aucun cadre théorique ou bibliographie n’est mobilisé. Les lecteurs restent dans l’expectative quant à la manière dont les données ont été collectées (si elles l’ont été), analysées ou croisées avec d’autres travaux. Ce défaut est récurrent dans les publications de l’institut, qui se caractérisent par un certain flou méthodologique et une présentation narrative plutôt que scientifique.
Par ailleurs, la perspective adoptée est surplombante et désincarnée. Les réalités communautaires, les logiques locales d’adaptation, les formes d’autorégulation communautaire face à la violence sont ignorées. Aucune place n’est réservée aux chefferies coutumières, aux leaders religieux locaux, aux jeunes ou aux femmes, pourtant au cœur des dynamiques sociales dans les zones frontalières concernées. En cela, le rapport reconduit une représentation binaire du territoire : d’un côté, des zones «saines» (ou disons «saintes» !) ; de l’autre, des zones «infiltrées». Une telle dichotomie évacue les zones grises, les espaces de négociation et de résilience.
Ce biais s’inscrit dans une posture plus générale que l’on retrouve dans plusieurs textes portés par le Dr Bacary Samb, fondateur du Timbuktu Institute. Depuis plusieurs années, ce dernier adopte une position publique militante sur les questions de radicalisation, souvent à travers des tribunes, entretiens médiatiques et publications, où se mêlent préoccupation religieuse, urgence sécuritaire et discours politique. Cette orientation a pour conséquence une confusion entre activisme de prévention et démarche scientifique, au risque de sacrifier la complexité du terrain sur l’autel de l’efficacité médiatique.
Le cas du rapport sur le Bounkani en Côte d’Ivoire (2021) vient conforter ce constat. Là encore, l’accent est mis sur les risques de radicalisation, sans qu’on en comprenne les ressorts profonds. Aucune analyse des filières religieuses, des parcours individuels ou des politiques de développement local n’est présentée. Le discours repose sur des peurs projetées, et non sur des diagnostics posés. Il ne s’agit pas de nier les risques réels liés à l’extension des violences extrémistes vers le golfe de Guinée, mais de rappeler que leur analyse doit s’appuyer sur des données fiables, contextualisées, croisées, pour éviter les raccourcis dangereux.
Cette posture est, en réalité, l’Adn même des interventions du Dr Samb, que nous avons pris l’habitude d’écouter d’un air amusé, un sourire au coin des lèvres, tant ses logorrhées dithyrambiques pullulent sur les plateaux radiophoniques et télévisés. Dès qu’un micro lui est tendu, il s’élance sans gants, sans retenue, et surtout sans nuance. Dans sa dernière sortie sur Rfi, à la suite de la publication du rapport sur la menace du Jnim, interrogé sur les tentatives d’infiltration djihadiste à l’Est du Sénégal, notamment dans la zone de Bakel, il se lance, sans même marquer de pause pour respirer :
«Justement, dans cette région de l’Est du Sénégal, le principal élément de résilience idéologique, à savoir la présence des confréries soufies, est moindre…
Cette zone est dominée par la présence d’un islam salafiste de plus en plus renforcé par les réseaux de la migration, avec des populations qui sont parties en Europe et qui ont eu des contacts avec les milieux salafistes et qui construisent justement des mosquées salafistes pour contrecarrer l’islam traditionnel et délégitimer les chefs religieux locaux, par rapport justement à leur position peu claire sur l’esclavage par ascendance dans la région de Bakel précisément.»
Une déclaration à la fois précipitée, caricaturale et socialement explosive, sans ancrage empirique, mais à haute valeur médiatique -ce qui semble être, hélas, l’essentiel dans sa démarche. Une autre couche, et non des moindres, entoure le Timbuktu Institute : celle de ses sources de financement. A la lecture de ses rapports, comme sur son site officiel, aucune mention explicite n’est faite des bailleurs, des soutiens institutionnels, ni des partenariats financiers qui soutiennent financièrement ses activités de recherche, de plaidoyer ou de communication. Cette opacité financière, en contradiction flagrante avec les principes de transparence, devient d’autant plus préoccupante que ses productions alimentent régulièrement des narratifs sécuritaires alignés sur les intérêts de certains gouvernements ou organisations internationales. Suivez mon regard. L’absence de clarté sur l’origine des fonds soulève donc des questions légitimes : qui finance le Timbuktu Institute ? Dans quel but ? Et surtout, quelles influences ces flux financiers peuventils exercer sur le contenu, le ton et les angles choisis dans ses analyses ? A l’heure où l’exigence d’éthique, d’indépendance et de traçabilité est un minimum vital dans la recherche, ce silence a un poids. Il est non seulement troublant, mais aussi fondamentalement incompatible avec les standards élémentaires de redevabilité intellectuelle et publique.
Il faut tout de même reconnaitre que cette opacité ne concerne pas que le Timbuktu Institute : elle renvoie à un problème structurel plus large auquel sont confrontés nombre de think tanks africains. En l’absence de financements publics conséquents ou de mécénat local durable, beaucoup d’instituts de recherche dépendent quasi exclusivement de bailleurs internationaux -souvent occidentaux- pour assurer leur fonctionnement. Cette dépendance financière a aussi un poids : elle peut orienter les priorités thématiques, modeler les discours produits et conditionner le degré d’alignement avec les grilles de lecture sécuritaires promues par les partenaires. A terme, cela pose la question élémentaire d’autonomie intellectuelle. Que vaut un discours produit sous influence ? Comment construire une pensée stratégique africaine si les problématiques sont dictées par l’agenda des bailleurs ? En cela, la transparence sur les sources de financement ne relève pas de la formalité, mais d’un enjeu politique de souveraineté. Au demeurant, l’influence du Timbuktu Institute dans les cercles médiatiques et politiques est telle que ses publications sont souvent perçues comme faisant autorité. Pourtant, leur faible valeur scientifique devrait inciter à la prudence. Il est regrettable que les instances d’orientation des politiques publiques de sécurité et de prévention de la radicalisation s’appuient sur ce type de travaux, au lieu de mobiliser les universités, les centres de recherche indépendants.
Ce constat appelle à une distinction nécessaire entre militantisme et scientificité. Là où le premier cherche à produire un effet de choc pour orienter les politiques, la seconde s’attache à déconstruire, contextualiser, expliquer, relativiser. Il est possible, et même souhaitable, que des instituts comme Timbuktu produisent de l’expertise. Mais cette expertise ne peut être considérée comme fiable tant qu’elle n’est pas soumise à des règles de transparence, de méthode et de réfutabilité.
Il est temps que les universitaires africains s’emparent de ces questions avec rigueur, nuance et indépendance. Face à la complexité des dynamiques d’extrémisme violent, il ne suffit plus de produire des discours anxiogènes : il faut produire de la connaissance vérifiable, construite avec les acteurs du terrain et capable d’éclairer durablement les choix politiques.
Il ne s’agit donc pas simplement de critiquer un homme, un institut ou un rapport de plus, mais de poser une exigence fondamentale : celle de la responsabilité intellectuelle et scientifique dans un champ aussi sensible que celui de la sécurité. Car à force de confondre communication, expertise et foi médiatique, on finit par affaiblir les vraies luttes, décrédibiliser les acteurs sérieux, et brouiller les lignes de fracture qui exigeraient, au contraire, précision, rigueur et discernement. La sécurité ne peut être laissée aux seuls faiseurs d’opinion. Elle doit être éclairée par des savoirs solides, produits avec, depuis, et pour les sociétés concernées. Autrement, ce n’est pas seulement la science qu’on trahit -c’est la paix elle-même qu’on compromet.
Thierno Bachir Sy esy universitaire, écrivain, citoyen africain du Sénégal.
HYDROCARBURES, BILAN DE PRODUCTION EN AVRIL 2025 POUR SANGOMAR, GTA ET GADIAGA
Le rapport d’avril 2025 sur la production d’hydrocarbures livre des données actualisées sur les champs de Sangomar, GTA et Gadiaga. Il fait état des volumes extraits, des cargaisons exportées ainsi que des perspectives opérationnelles à court terme.
Le secteur des hydrocarbures sénégalais poursuit sa dynamique ascendante. Le rapport de production du mois d’avril 2025 met en lumière des avancées tant en matière de pétrole que de gaz naturel. Pour le champ pétrolier de Sangomar, durant le mois d’avril, quatre cargaisons identifiées sous les codes SAN027 à SAN030 ont été exportées, représentant un volume total de 3,8 millions de barils de pétrole brut. Selon une note du ministère des Energies, du Pétrole et des Mines, ces livraisons ont été écoulées sur le marché international, confirmant la montée en puissance du projet. Les prévisions de production pour l’année 2025 restent stables, avec une estimation de 30,53 millions de barils, illustrant la régularité et la fiabilité du site.
Le mois d’avril marque également un tournant historique avec le chargement de la première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) issue du champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA), à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Ce premier envoi, codé GTA_2025_001, a été intégralement chargé le 15 avril, totalisant 163 259 m³, soit l’équivalent de 3,71 millions de MMBtu. Cette étape positionne désormais les deux pays comme exportateurs de GNL sur la scène énergétique mondiale. Selon le ministère des Energies, du Pétrole et des Mines, les opérations de mise en service des installations se poursuivent, en vue d’une montée progressive de la production.
Sur le site de Gadiaga, situé à l’intérieur du pays, la production de gaz naturel reste soutenue. Au cours du premier trimestre 2025, un volume cumulé de 548 078 Nm³ (normaux mètres cubes) a été commercialisé. Pour le seul mois d’avril, la production est estimée à 219 809 Nm³, témoignant d’une stabilité dans l’exploitation de ce gisement onshore.
LE GRAND PRIX DU JURY A SAMIRA EL MOUZGHIBATI
Pour cette année, c’est le film «Les miennes» de la réalisatrice belge, d’origine marocaine, Samira El Mouzghibati, qui a reçu le Grand Prix du jury.
Ousmane SOW (Envoyé spécial à Saint-Louis) |
Publication 05/05/2025
Le Festival international du film documentaire de Saint-Louis a baissé ses rideaux, ce samedi, par la remise des récompenses. Pour cette année, c’est le film «Les miennes» de la réalisatrice belge, d’origine marocaine, Samira El Mouzghibati, qui a reçu le Grand Prix du jury.
La 16ème édition du Festival international du film documentaire de Saint-Louis, qui s’est déroulée du 29 avril au 3 mai, a pris fin, ce samedi, avec la remise des prix, à l’Institut français de Saint-Louis. C’est le long métrage documentaire Les miennes de la réalisatrice belge, d’origine marocaine, Samira El Mouzghibati, qui a remporté le Grand Prix du jury Stlouis’Docs. L’œuvre de Samira El Mouzghibati est un documentaire de 96 minutes qui se penche sur la question du lien maternel. La réalisatrice Samira El Mouzghibati filme sa mère et ses quatre sœurs, entre la région du Rif au Maroc, d’où sa famille est originaire, et Bruxelles, la ville où elle a grandi. «Etant la dernière de cinq sœurs, je sais que j’ai hérité d’une part douloureuse de leur histoire. En réaction à un évènement tragique passé sous silence, s’est créé un clan de sœurs dont ma mère était exclue. Depuis lors, entre nous, nous l’appelons «ta mère», comme si elle n’était plus des nôtres. Elle va s’exprimer pour la première fois», a écrit la réalisatrice Samira El Mouzghibati. Le jury a décerné également une mention spéciale à Catcher, du réalisateur Derhwa Kasunzu de la République démocratique du Congo. Un film qui, selon le jury, est «à la fois un acte de foi et de résistance, un film qui cultive l’émerveillement et la fraternité, contre l’oubli, l’effacement, la désolation et la disparition. Un film où les personnages nous fascinent et nous bouleversent».
Dans la catégorie court-moyen métrage, sur les 15 films proposés, le Prix du meilleur court métrage est attribué à Ibuka, Justice, du réalisateur Justice Rutikara du Rwanda. «Il faut déjà se réjouir de la grande qualité de films sélectionnés proposée à notre appréciation. Il est aussi souligné dans ce panorama, la diversité des sujets, des regards, des discours et des perspectives sur des questions aussi importantes que les enjeux mémoriels, les luttes sociales et politiques sur le continent, la justice, entre autres. Mais le jury recommande, toutefois, une plus grande attention pour les conditions de projection qui pourraient être meilleures pour coller aux nobles et belles prétentions de Stlouis’Docs, qui est un grand festival.» L’appel est lancé par le journaliste et critique de cinéma Aboubacar Demba Cissokho, président du jury des courts métrages. Le jury a également décerné une mention spéciale au film Les témoins de l’ombre de Ousmane Z. Samassékou du Mali.
«Kerool» et «Les coulisses du combat» distingués par Wido
Pour la compétition nationale, le film de Mame Woury Thioubou, «Kerool», a remporté une mention spéciale. Le documentaire de 15 minutes revient sur les évènements de 1989, entre le Sénégal et la Mauritanie, avec la déportation de milliers de négro-mauritaniens entre le Sénégal et le Mali. Le film raconte cet exil sans fin que vivent les réfugiés menacés d’apatridie, 34 ans après les évènements. Le Grand Prix Wido est attribué à Yvette Haberisoni pour Les coulisses du combat. A travers ce film sorti en 2025, la réalisatrice burundaise basée à Dakar dévoile ses luttes invisibles et sa résilience. Une ode à l’acceptation de soi et à la dignité humaine.
Pour le jury critique de l’Association sénégalaise de la critique cinématographique (Ascc), deux mentions spéciales ont été décernées. La première mention spéciale a été attribuée à Afrikki de Gaëlle Leroy, «pour sa structure narrative», explique la journaliste à Radio futurs médias, Ana Rocha. Et la deuxième mention à Hind Meddeb, la réalisatrice franco-tunisienne, pour son long métrage Soudan, souviens-toi, un film qui immortalise la révolution soudanaise de 2019 avec une caméra-poème. Le jury de la critique distingue ainsi le film capverdien Pririnha, de Natasha Craveiro.
Pour rappel, cette année, le Sargal Doc a mis à l’honneur les réalisateurs Mary Jiménez et Bénédicte Liénard «pour leur précieuse contribution à la création documentaire». Un prix remis par Germain Coly, directeur de la Cinématographie. Par la même occasion, un hommage aussi, bien mérité, a été rendu au célèbre faux lion de Saint-Louis, Déthié Faye, qui illustre l’affiche du festival de cette année.
ESSENCE PIROGUE, DES RETARDS DANS LA DISTRIBUTION MAIS PAS DE PÉNURIE SELON LE GOUVERNEMENT
Alors que des pénuries d’essence pirogue perturbent les activités sur plusieurs quais de pêche, les autorités excluent un problème de stock. Le ministère de l’Énergie pointe un cumul de facteurs et annonce une série de mesures.
Une situation de tension est observée depuis quelques jours dans l’approvisionnement en essence pirogue sur plusieurs quais de pêche du pays. Dans un communiqué publié ce dimanche, le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines attribue ces perturbations à “un cumul de facteurs, dont les activités de maintenance et la forte hausse de la demande durant la période de campagne des pêcheurs”.
Malgré les difficultés logistiques, les autorités assurent que “le produit est disponible au niveau du dépôt principal de Senstock en quantité suffisante”. Le ministère insiste donc sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un problème de stock, mais d’un retard dans la distribution.
Pour faire face à la situation, plusieurs mesures immédiates ont été prises. “Un dispositif de suivi renforcé entre le Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, la SAR, PETROSEN, Senstock et les différents distributeurs” a été mis en place, précise le communiqué.
Par ailleurs, une mobilisation logistique exceptionnelle est en cours. Le document mentionne “l’augmentation du taux de rotation des camions, l’extension des horaires de chargement des camions aux dépôts, la mobilisation d’autres bras de chargement, [et] des communications dynamiques avec tous les acteurs”.
Le ministère affirme également que “toutes les prévisions de chargement de camions-citernes d’hydrocarbures sont honorées pour ravitailler les différentes zones où des tensions de stocks sont notées”.
Enfin, les services techniques restent mobilisés pour assurer un retour rapide à la normale. “Les équipes techniques restent pleinement mobilisées pour un retour rapide à la normale dans les heures à venir sur toute la chaîne logistique de distribution”, assure la Cellule Communication et des Relations Publiques du ministère.
TAMOU FISHING REFUSE D’ABDIQUER
Saisie conservatoire sur plus d’un milliard F Cfa : «Un sinistré ne demande pas réparation à un autre sinistré.» C’est l’une des nombreuses inscriptions mises en exergue par les travailleurs de Tamou Fishing, société implantée à Diamniadio
«Un sinistré ne demande pas réparation à un autre sinistré.» C’est l’une des nombreuses inscriptions mises en exergue par les travailleurs de Tamou Fishing, société implantée dans la commune de Diamniadio.
Ces derniers ont organisé, mercredi, un point de presse pour alerter sur la situation de leur entreprise qui suffoque à cause d’une procédure judiciaire. En contentieux avec son voisin et concurrent Delphinus, l’entreprise spécialisée dans la transformation des produits halieutiques s’est vu infliger une saisie conservatoire de plus d’un milliard franc et un blocage administratif, après avoir été condamnée par le Tribunal de grande instance de Dakar.
«Nous ne demandons ni faveur ni passe-droit. Nous appelons à un traitement juste, proportionné et équilibré. A une solution qui tienne compte à la fois du Droit, de l’investissement, de l’emploi et de la paix sociale», a soutenu Céline Nadji, assistante de direction, lors de la rencontre ayant enregistré la présence des travailleurs de la boîte. «Ce combat n’est pas politique. Ce combat est humain. Il est celui de tous ceux qui croient en un Sénégal du travail, de la justice et du progrès (…) Ecoutez notre voix. Ne laissez pas s’éteindre ce moteur de vie. Sauvez Tamou Fishing», a-t-elle ainsi lancé à l’endroit des autorités du pays.
Les travailleurs de l’entreprise sont en effet vent debout pour conserver leur outil de travail menacé, selon eux, par les agissements d’un «concurrent jaloux». Tout est réellement parti des inondations de 2020 ayant conduit les autorités d’alors à déclencher le Plan Orsec et mettre sur la table 10 milliards francs dont 3 en guise d’assistance aux sinistrés. «A la différence de certaines entreprises ayant bénéficié d’un soutien moral, financier ou institutionnel, notre entreprise a vu s’ouvrir un contentieux dont les effets paralysants se font ressentir jusque dans nos foyers, nos bureaux et nos lignes de production», a rappelé Naby Ahmed Tall. «Nous vivons une menace de blocage total, et avec elle, l’angoisse de voir s’éteindre un outil de production, d’exportation et de création d’emplois», a-t-il dressé comme conséquence de ce feuilleton.
Tamou Fishing est considérée comme responsable de l’inondation des locaux de son voisin Delphinus, qui a estimé avoir subi des dommages considérables. Ce qu’ont catégoriquement récusé les travailleurs de Tamou, faisant savoir que le dossier a été porté à la Cour suprême avec l’espoir d’une issue heureuse. «Le destin de centaines de familles et l’avenir de l’économie locale dépendent désormais des décisions à venir, et les travailleurs de Tamou Fishing International demeurent unis, pacifiques, mais fermement déterminés à défendre leur cause et à préserver leur outil de travail», a posé M. Tall, d’avis que c’est le moyen de subsistance de plus de 100 employés directs, ainsi que de mareyeurs et pêcheurs artisanaux, qui est en danger.
LA SOLUTION DU CRADESC POUR UNE APPLICATION EFFICIENTE DU RELÈVEMENT SALARIAL DES DOMESTIQUES
Pour une application efficiente de la hausse des salaires du personnel de maison, le Centre de recherche et d’action sur les droits économiques, sociaux et culturels (Cradesc) propose de réviser l’arrêté de 1968 fixant les conditions de travail des gens..
Pour une application efficiente de la hausse des salaires du personnel de maison, le Centre de recherche et d’action sur les droits économiques, sociaux et culturels (Cradesc) propose de réviser l’arrêté de 1968 fixant les conditions de travail des gens de maison pour réglementer l’âge minimum de travail, les conditions de travail, le traitement salarial, la liberté syndicale, l’organisation et le fonctionnement des agences de placement, formaliser le secteur en rendant la forme écrite obligatoire pour tous les Cdi conclus dans le cadre du travail domestique, entre autres.
C’est une décision saluée par le Centre de recherche et d’action sur les droits économiques, sociaux et culturels (Cradesc). L’Etat du Sénégal a revu à la hausse le salaire des travailleurs domestiques et gens de maison dans son arrêté n°012677 du 25 avril 2025. «Cette décision constitue une avancée majeure dans la consolidation des actions en faveur de la protection des droits des travailleurs et travailleuses domestiques, et marque un tournant décisif dans la reconnaissance des droits de cette catégorie de travailleurs, longtemps marginalisée et dont la contribution substantielle à l’économie nationale et au bien-être des ménages est presque invisible», a salué, dans un communiqué, l’organisation de la Société civile qui promeut l’amélioration des conditions de travail des travailleurs domestiques. Le Cradesc considère cet arrêté ministériel comme la résultante des nombreuses actions de plaidoyer portées depuis plusieurs années à travers le Projet d’appui stratégique aux travailleuses domestiques (Pastdom), en collaboration avec les associations de travailleuses domestiques, la Société civile, ainsi que les partenaires engagés dans la justice économique et sociale.
Ainsi, cette organisation estime que la décision du gouvernement «vient corriger une situation d’iniquité dans la détermination du Smig aux différents travailleurs. Pendant presque vingt ans, l’évolution du Smig ne profitait qu’aux autres travailleurs, excluant celles et ceux qui s’activent quotidiennement pour le bien-être de nos foyers».
Pour une application efficiente de cette décision, le Cradesc a fait des recommandations. Il s’agit de mettre en place un mécanisme de suivi et de contrôle de la mise en œuvre de cet arrêté pour éviter son application inégale et partielle ; ratifier et veiller à l’application effective de la Convention n°189 de l’Organisation internationale du travail (Oit), qui garantit des conditions de travail décentes aux travailleuses domestiques ; réviser l’arrêté de 1968 fixant les conditions de travail des gens de maison pour réglementer l’âge minimum de travail, les conditions de travail, le traitement salarial, la liberté syndicale, l’organisation et le fonctionnement des agences de placement ; formaliser le secteur en rendant la forme écrite obligatoire pour tous les Contrats à durée indéterminé (Cdi) conclus dans le cadre du travail domestique ; mettre en place des structures d’appui administratif et juridictionnel de proximité en faveur des travailleur.ses, avec une procédure allégée, diligente et gratuite pour les accompagner en cas de violation de leurs droits.
LA DEMISSION INATTENDUE DE DIEGUY DIOP
La juriste saint-louisienne et inconditionnelle de Macky Sall, a annoncé samedi sa démission de l'APR et son retrait de la scène politique, quelques semaines seulement après avoir reçu de nouvelles responsabilités
Mme Diéguy Diop a pris tout le monde de court en annonçant son départ de l’Alliance pour la République (Apr) et en se retirant aussi de la politique. Une annonce faite, avant-hier samedi, sur sa page Facebook, tout juste après sa nomination pour occuper de nouvelles responsabilités au sein de son ancien parti quelques semaines auparavant.
Mme Diéguy Diop a fait l’annonce de sa démission de l’Apr au moment où l’on s’y attendait le moins. Cette responsable de l’ancien parti au pouvoir a toujours fait preuve d’un engagement sans faille en faveur de l’Apr qu’elle annonce avoir quittée avant hier samedi, à travers un post sur Facebook. Actant aussi son retrait par la même occasion de la scène politique. Une décision qui intervient après avoir été nommée pour occuper de nouvelles responsabilités au sein de son ancien parti.
«Après moult réflexions, j’ai décidé de démissionner de l’Apr, d’abandonner la politique. Je vous adore tellement, tellement, tellement. Le Sénégal est ma vie, mais dans ce contexte, je ne peux plus évoluer, je suis au regret de vous dire que toutes mes activités politiques sont gelées», a fait savoir Diéguy Diop sur sa page Facebook.
Toutefois, l’avènement du régime Pastef n’a pas été, pour Mme Diop, un long fleuve tranquille. Ancienne responsable de la Cellule de communication et de réflexion de la majorité présidentielle élargie (Creme) et membre de la task-force républicaine, Diéguy Diop avait anticipé son limogeage de son poste en tant que Directrice de la promotion de l’économie sociale et solidaire (Dpess). Ce qui lui a valu une convocation à la Brigade de gendarmerie de Keur Massar après avoir été accusée de refuser de procéder à la cérémonie de passation de service avec sa remplaçante. Une accusation réfutée par Mme Diop qui a fini par passer le témoin à la directrice par intérim Ndèye Matou Diakhoumpa, par ailleurs cheffe de division.
L’ex-Directrice de la promotion de l’économie sociale et solidaire (Dpess) affirmait, lors d’une conférence de presse le 7 août 2024, que cette convocation dont elle avait fait l’objet, est le résultat d’une campagne de discrédit orchestrée par un adversaire politique, en réponse à sa démission récente. Elle avait rejeté toute tentative d’intimidation et reste déterminée à faire face à cette épreuve. «Suite à ma démission du poste de Dpess, une campagne tentant à jeter le discrédit sur ma personne a été engagée par l’adversaire politique. Perdu dans les procédures administratives qu’il semble royalement ignorer, le nain politique de Bambey m’a fait servir une convocation à la Brigade de recherches de Keur Massar pour le lundi 11h. Toute tentative d’intimidation restera vaine», avait-elle annoncé.
Inculpée en octobre dernier pour un présumé détournement de deniers publics, Diéguy Diop avait consigné la somme de 28 millions de F Cfa. «Si j’ai consigné cette somme, cela ne signifie pas que j’avoue les faits. C’est uniquement pour éviter la prison et retrouver ma liberté de mouvement», avait-elle tenu à préciser.
Elle est une inconditionnelle du Président Macky Sall qu’elle défend bec et ongles en vantant son bilan assez élogieux, pour se constituer en bouclier de l’ancien président contre les attaques dont il fait l’objet de la part des membres de l’actuel régime. Reste à savoir ce qui adviendra de l’avenir de Diéguy Diop après son retrait de la politique. En tout cas, l’Apr perd un de ses farouches défenseurs. Juriste de formation en Droit des affaires, celle que l’on surnomme l’Amazone est originaire de Saint-Louis.