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9 août 2025
Par Fatou Warkha SAMBE
MIA GUISSÉ ET LE THÉÂTRE DE LA MORALE SÉLECTIVE
Beaucoup des valeurs brandies aujourd’hui comme sénégalaises sont des normes héritées du colonialisme, introduites pour contrôler les corps, les tenues et les expressions artistiques. Un désir de contrôle social sur les femmes libres
La censure au Sénégal a toujours opéré à géométrie variable. Elle frappe rarement les puissants, encore moins les hommes, mais s’abat avec rigueur dès qu’une femme sort du cadre jugé «convenable». Dans l’art, les médias ou l’espace public, cette censure se traduit souvent par une moralisation autoritaire, portée par des figures autoproclamées garantes des mœurs plus que par des institutions officielles. L’affaire Mia Guissé en est une illustration frappante.
Le 29 avril, l’artiste Mia Guissé a été convoquée par la Division spéciale de cybersécurité, après une plainte déposée par Mame Matar Guèye de l’Ong Jamra pour «atteinte aux bonnes mœurs», à la suite d’un concert à Somone. Pourtant, la chanson incriminée ne lui appartenait pas : il s’agissait d’un featuring avec l’artiste béninois Axel Merryl, intitulé «Titulaire». Le geste, tout comme la réplique, était déjà visible dans le clip original de la partie interprétée par Bass Thioung plusieurs mois auparavant. Et pourtant, c’est elle seule qu’on convoque. Parce qu’elle est visible, parce qu’elle est femme, parce qu’elle est sur scène. Le contenu de la plainte, largement diffusé, semble davantage moral qu’objectivement juridique : on n’y défend pas tant la loi ; on cherche à museler une artiste. On parle de «slogans salaces», de «gestuelles perverses», d’«exhibitionnisme outrancier». La plainte transforme une performance musicale en péril pour la société, révélant ainsi un glissement du débat artistique vers une mise en accusation morale et personnelle.
Mame Matar Guèye est connu pour ses prises de position conservatrices. Il avait déjà interpellé Mia Guissé pour ses choix vestimentaires, dans ce qu’il qualifiait de «recadrage fraternel». Sa nouvelle plainte semble traduire une frustration personnelle de ne pas avoir vu ses conseils appliqués, plus qu’une réelle inquiétude juridique. En laissant entendre que si elle n’obéit pas, il la traînera devant les tribunaux, il entretient un rapport de contrôle qui dépasse la simple question de Droit. Une posture qui questionne : selon quelle légitimité ? Qui lui a confié le pouvoir d’imposer une ligne morale à toute une société ?
La scène artistique sénégalaise regorge de contenus provocateurs ou explicites, souvent portés par des hommes. De Pape Thiopet à ZBest, en passant par certains humoristes ou griots traditionnels, la vulgarité assumée y est omniprésente. Pourtant, les poursuites se font rares. Il existe même des danses et des chorégraphies masculines bien plus suggestives que ce qui a été reproché à Mia Guissé, sans que cela ne déclenche une plainte. Ce traitement différencié interroge sur un double standard évident : on condamne moins le contenu que la personne qui le porte.
Pendant ce temps, le pays est confronté à une recrudescence alarmante de violences sexuelles. En 2024, selon le rapport de la Police nationale, 217 personnes ont été déférées au Parquet pour viol, 80 pour viol et détournement de mineurs, neuf pour tentative de viol, six pour harcèlement, deux pour actes contre nature et un pour attentat à la pudeur. Et ces chiffres ne reflètent que la partie visible de l’iceberg tant l’omerta règne. Le silence, érigé en valeur morale sous le nom de «soutoura», masque les violences subies, particulièrement par les femmes et les enfants.
La situation à Keur Momar Sarr, dans le département de Louga, est révélatrice : sept fillettes y ont été victimes de viol en quelques mois seulement. Le dernier cas, celui d’une élève de six ans, A. Sy, violée en plein jour sur le chemin du retour de l’école, a bouleversé toute une communauté. L’agresseur, toujours en fuite, aurait même prélevé le sang de la victime, laissant penser à des pratiques mystiques. Ces drames auraient mérité l’attention et l’indignation de tout acteur engagé pour la morale publique. Mais aucune plainte de Jamra n’a été signalée dans ces cas. Pourquoi ? Ce contraste entre la mobilisation contre une artiste et l’indifférence face aux agressions sexuelles graves révèle une hiérarchisation inquiétante des priorités. Pendant qu’on s’acharne sur Mia Guissé, la violence réelle continue de ravager des vies dans le silence et l’inaction. Cette obsession à faire de la prison une sanction pour des artistes évoque moins un souci de justice qu’un désir de contrôle social sur les femmes visibles et libres.
Le Code pénal sénégalais, notamment l’article 318 sur l’attentat à la pudeur, est souvent invoqué dans ces affaires. Pourtant, sa définition vague prête à toutes les interprétations : «Est punie d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende... toute personne qui aura commis un attentat à la pudeur, soit publiquement, soit non publiquement, mais avec violence.» Rien n’indique clairement qu’un refrain ou une gestuelle de scène entre dans ce champ. Et s’il y avait réellement atteinte à la pudeur, pourquoi ne pas saisir les organes compétents de régulation artistique ? Pourquoi cette volonté manifeste de passer directement par la voie pénale ?
Dans un Etat laïc comme le Sénégal, la loi ne devrait pas être instrumentalisée pour imposer une morale religieuse ou personnelle à toute la population. Beaucoup des valeurs brandies aujourd’hui comme sénégalaises sont en réalité des normes héritées du colonialisme, introduites pour contrôler les corps, les tenues et les expressions artistiques. Cette vision rétrograde est aujourd’hui recyclée sous couvert de préservation des mœurs.
Alors que des drames humains se jouent, alors que les enfants sont victimes de prédateurs en liberté, pourquoi s’acharner sur les artistes ? Pourquoi tant d’efforts pour faire incarcérer des célébrités ? Si certains comportements heurtent, ne pourrait-on pas au moins envisager des médiations, des discussions, des régulations, plutôt que de jeter systématiquement en pâture les femmes artistes ?
Et faut-il rappeler que la scène en question n’a même pas été créée par Mia Guissé ? Le passage controversé, les paroles et la gestuelle figuraient déjà dans le clip de «Titulaire» interprété en featuring par Basse Thioune, plusieurs mois avant la performance de Mia. Cette dernière ne faisait que reprendre une séquence déjà publique et diffusée, comme le font tant d’artistes lors de concerts. Pourquoi, alors, n’a-t-on pas interrogé ou interpellé l’auteur initial ou d’autres co-interprètes ? Pourquoi ce traitement différencié, si ce n’est parce qu’elle est une femme, visible et libre sur scène ?
Une plainte déposée avec autant d’insistance, qui mobilise médias et réseaux sociaux, devrait au minimum faire l’objet d’un débat équitable. Or ici, tout semble construit pour une stigmatisation ciblée. D’autant plus troublant que les précédentes plaintes contre Rangou, puis Mbodia Mbaye, ou encore contre des féministes ayant simplement annoncé une marche symbolique pour dénoncer les violences faites aux femmes, proviennent du même plaignant. Comme pour laisser penser qu’au-delà des principes affichés, toute personne - particulièrement une femme - qui s’écarte de sa norme morale pourrait se voir traîner à la Division spéciale de cybersécurité.
Nos institutions doivent évoluer vers une régulation plus équitable, inclusive, respectueuse des droits fondamentaux, et non instrumentalisée à des fins personnelles. Les priorités doivent être claires : défendre les victimes de violences, protéger les enfants, renforcer l’éducation, plutôt que de traquer les artistes.
Une société qui se targue de ses valeurs doit commencer par valoriser la justice, l’écoute et la cohérence. Et surtout, elle ne peut prétendre défendre la morale tout en restant sourde aux souffrances les plus profondes de ses citoyennes. Si la décence est ce qu’on prétend défendre, alors qu’on la prouve d’abord en s’attaquant aux vraies urgences.
REORIENTATION STRATEGIQUE DE L’ACTION GOUVERNEMENTALE
M. Boubacar Camara a été nommé Secrétaire général du gouvernement, succédant à M. Mouhamadou Al Aminou Lô promu ministre chargé de la coordination, du suivi et de l’évaluation de l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ».
Le Président de la République a procédé, mercredi dernier, à un réajustement ministériel d’envergure stratégique, visant à lever les obstacles entravant l’exécution optimale du programme gouvernemental. Ce dernier semble aujourd’hui pris en étau entre, d’une part, une conjoncture budgétaire particulièrement contraignante et, d’autre part, l’attente prolongée d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d’un nouveau programme de soutien financier. Cette double impasse fragilise la capacité de l’État à impulser les réformes structurelles prévues dans le cadre de son programme de transformation nationale.
Conscient de ces défis majeurs, le chef de l’État, M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, en concertation avec son Premier ministre, M. Ousmane Sonko, a jugé nécessaire de procéder à une recomposition partielle, mais stratégique, de l’organigramme gouvernemental. Cette décision traduit une volonté manifeste de renforcer la gouvernance technocratique de l’État en confiant des responsabilités clés à des profils dotés d’une double légitimité : politique d’une part, et technico-administrative d’autre part.
Dans cette dynamique, M. Boubacar Camara a été nommé Secrétaire général du gouvernement, succédant à M. Mouhamadou Al Aminou Lô, désormais promu ministre auprès du Président de la République, chargé de la coordination, du suivi et de l’évaluation de l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ». Ce programme, qui constitue le socle de la vision prospective du développement du pays, nécessite un pilotage rigoureux et une capacité d’anticipation des mutations économiques et sociales à venir.
L’attribution de cette mission à M. Lô n’est guère fortuite. Ce dernier a su, tout au long de son parcours récent, s’imposer comme l’un des visages les plus pédagogues et accessibles de l’équipe gouvernementale. Ses interventions récurrentes devant la presse, dans le cadre des séances d’explication des politiques publiques, ont contribué à ancrer une culture de la transparence budgétaire et à rapprocher l’action publique des citoyens. Sa promotion à ce poste stratégique témoigne de la confiance renouvelée que lui accorde le chef de l’État, mais aussi de l’importance accordée à l’Agenda 2050 dans l’architecture globale du projet présidentiel.
Quant à la désignation de M. Boubacar Camara comme Secrétaire général du gouvernement, elle s’inscrit dans une logique de consolidation de l’efficacité institutionnelle. Cette fonction, véritable plaque tournante de l’appareil d’État, requiert à la fois une connaissance fine des rouages administratifs et une capacité à coordonner les actions des différents ministères dans le respect des orientations politiques définies par le chef de l’exécutif.
M. Camara, figure politique de premier plan et président du Parti pour la citoyenneté et la solidarité (PCS/Tabaax Jengu), apporte avec lui une légitimité politique indéniable, renforcée par sa participation à la dernière élection présidentielle de mars 2024. Son engagement de longue date aux côtés du président Ousmane Sonko dont il fut un soutien actif dès la campagne présidentielle de 2019 en fait un acteur clé de la coalition au pouvoir.
Son parcours administratif témoigne, par ailleurs, d’une expertise solide et diversifiée. Ancien inspecteur général d’État M. Camara a fait le choix de se retirer prématurément de la fonction publique, décision rare quireflète une exigence personnelle en matière d’intégrité et de principes. Il a ensuite élargi son champ de compétences en intégrant le secteur privé, où il a notamment exercé les fonctions de président du conseil d’administration de la société Sococim, un acteur majeur de l’industrie cimentière.
Dans la sphère publique, il a occupé des fonctions de haut niveau, notamment à la tête des Douanes sénégalaises, où il a su conjuguer rigueur administrative et réforme de l’institution. Il a également été Secrétaire général du ministère de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures (MICATI), sous l’autorité de M. Karim Wade, où il s’est distingué par sa capacité à coordonner des secteurs complexes et à forte dimension stratégique.
Enfin, son expérience internationale, acquise en tant que directeur général adjoint des Douanes du Bénin, vient parachever un parcours exceptionnel, le dotant d’une vision régionale et d’un savoir-faire transposable à l’échelle nationale.
Ces nominations traduisent ainsi la volonté du pouvoir exécutif de recentrer son action autour de compétences avérées, dans un contexte de grande exigence économique et de profonde mutation institutionnelle. Elles marquent une inflexion stratégique dans la gouvernance, portée par une quête de résultats, de transparence et d’efficacité.
SUBVENTION ADEPME, LA VÉRITÉ DES FAITS
Le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal dénonce "une tentative de récupération malveillante" du programme d'appui de l'ADEPME aux médias et accuse le ministre Alioune Sall d'avoir "volontairement ralenti" la distribution du FADP en 2024
Le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) se félicite de l’appui que l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME) a octroyé à douze (12) entreprises de presse le samedi 3 mai 2025, dans le cadre du Programme d’appui à l’accélération industrielle, à la compétitivité et à l’emploi (PAAICE) financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) depuis décembre 2021. C'est à l'instar du programme ETER de la Banque mondiale. Cette subvention représente un véritable souffle de relance pour des entreprises en difficulté depuis près d’un an.
Le processus d’accompagnement a démarré en octobre 2024 avec une rencontre tripartite patronat de presse/équipe projet ADEPME/Cabinets Ibrahima Touré (ITO) et Alioune Touré (ATO). Les discussions ont porté sur la mise en œuvre d’un programme de restructuration axé sur plusieurs volets : la protection de l’entreprise face à ses créanciers publics ou privés, la relance et le développement de ses activités, la mobilisation de financements et de subventions, ainsi que la digitalisation des outils et processus de production de l’entreprise de presse
Le financement de l’ADEPME entre dans le cadre de son portefeuille «Fonds à frais partagés» et porte sur 75% de la subvention totale. Chacune des 12 entreprises concernées devra libérer, selon l’article 3 de la Convention, sa quote-part de 25% avant d’accéder à l’allocation. Aucun fonds n'a pour l'heure été versé aux entreprises tant que les 25% ne sont pas mobilisés et consommés.
Le CDEPS exprime sa profonde gratitude à l’ADEPME, qui a su reconnaître que les médias font pleinement partie du tissu économique national et traversent, à l’instar d’autres PME, de grandes difficultés.
À aucun moment, le ministère de la Communication ne s’est impliqué dans le processus de cette initiative. Nous dénonçons avec fermeté cette tentative de récupération malveillante, motivée par la volonté manifeste de manipuler l’opinion et de discréditer les responsables d’entreprises de presse.
Il convient de rappeler que l’ADEPME est intervenue dans plusieurs secteurs pour soutenir la restructuration et la relance d’entités économiques, sans que cela ne donne lieu à un tel battage médiatique.
Au lieu de jouer son rôle de soutien et de représentation en période de crise, le ministère de la Communication contribue à fragiliser davantage les entreprises de presse. Depuis sa prise de fonction, M. Alioune Sall n’a jamais procédé à la distribution du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP). En 2024, il a volontairement ralenti la procédure, entraînant le reversement du budget alloué au FADP au Trésor public. Contrairement à ce que laisse entendre le directeur de la Communication, ce montant est loin d’être perdu. Une loi de finances rectificative peut permettre sa récupération.
Par ailleurs, le ministère vient d’annoncer, en ce cinquième mois de l’année 2025, une réforme précipitée et unilatérale du décret portant sur le FADP, sans aucune concertation avec les professionnels du secteur. Cela, alors même que le CORED est en sommeil et que la Commission de la Carte nationale de Presse n’a pas délivré de cartes professionnelles depuis plus d’un an. Le ministère de la Communication semble se complaire dans les effets d’annonce, au détriment des véritables urgences du secteur
Par ailleurs, le CDEPS informe l’opinion que ses avocats ont déposé le vendredi 2 mai 2025, le recours en référé à la Cour suprême pour une suspension des assignations de «cessation immédiate de parution ou de diffusion». Il est aussi prévu d’attaquer dans le fond l’arrêté du ministre de la Communication
CONCERTATIONS SUR LA RÉFORME DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES À SÉDHIOU
Des voix s’élèvent pour demander que les moyens aussi soient conséquemment transférés. D’autres ne partagent pas l’option de la suppression des ARD
Les nouvelles autorités du Sénégal veulent aller vers la création de treize (13) domaines de compétence et la suppression des Agences régionales de développement (ARD). En revanche, la création des pôles territoires est annoncée comme une entité inter-régionale de développement. C’est ce qui ressort des concertations organisées, du vendredi 02 au 03 samedi 03 mai 2025, à Sédhiou, sous l’autorité du ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires. Toutefois, des voix s’élèvent pour demander que les moyens aussi soient conséquemment transférés. D’autres ne partagent pas l’option de la suppression des ARD.
Ces concertations entre dans le cadre de la réforme en cours du fonctionnement des Collectivités territoriales articulé aux missions qui seront assignées aux pôles territoires. C’est ce qu’a fait savoir Moussa Balla Fofana, le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires. «L’agenda de transformation repose énormément sur une approche territoriale. Et il est nécessaire de procéder à la grande réforme de la décentralisation qui est l’Acte 4. Revoir les compétences qu’on transfère au niveau des communes, des départements et bientôt aux pôles territoires. Comme vous le savez, nous avons neuf domaines de compétence transférées aux collectivités territoriales et le président de la République ambitionne de rajouter quatre autres compétences».
Et le ministre Moussa Balla Fofana de poursuivre : «nous savons déjà que les compétences déjà transférées font l’objet de beaucoup de problèmes. Et la nouvelle démarche consiste à revoir le rôle de chaque organe et les missions qui lui sont assignées ainsi que les moyens à mettre en œuvre», explique-t-il.
Le maire de Vélingara et président de l’Association des maires du Sénégal (AMS), souscrit à cette démarche participative mais souhaite que les moyens soient tout aussi transférés à ces Collectivités territoriales, en même temps que les compétences. «Nous étions à neuf (09) compétences et maintenant nous voulons aller à treize (13). Déjà avec les compétences transférées, on a transféré les compétences alors que les moyens n’ont pas suivi pour la plupart des collectivités. Il est important de transférer les moyens pour permettre à ces collectivités de fonctionner correctement. Nous saluons la démarche du ministre qui repose sur une participation accrue des acteurs», a dit Mamadou Oury Baïlo Diallo.
Pour ce qui est de la suppression des Agences régionales de développement (ARD), des voix, comme celle d’El Hadji Omar Kanté, se sont faites entendre pour faire observer qu’il «ne sert à rien de vouloir faire table rase sur des acquis et qui pourrait apparaitre comme un éternel recommencement». Les travaux ont pris fin, avant-hier samedi, avec des recommandations dont la synthèse sera faite par une commission technique aux fins de transmission au président de la République, informe la tutelle
FAURE GNASSINGBE, MAITRE DU JEU SOUS UNE NOUVELLE CONSTITUTION
Ce virage constitutionnel supprime l’élection du président de la République au suffrage universel direct, instaurant un régime parlementaire où le chef du gouvernement — poste désormais fusionné — doit être le leader du parti majoritaire à l’Assemblée
Dans un nouveau décor institutionnel taillé sur mesure, Faure Gnassingbé a prêté serment le samedi 3 mai 2025, en tant que président du Conseil des ministres, une fonction désormais au sommet de l’exécutif togolais selon les dispositions de la nouvelle Constitution adoptée en avril 2024. À la tête du pays depuis 2005, le chef de l’État opère une mue politique sans perdre une once de pouvoir.
Ce virage constitutionnel supprime l’élection du président de la République au suffrage universel direct, instaurant un régime parlementaire où le chef du gouvernement — poste désormais fusionné — doit être le leader du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Autrement dit, le pouvoir reste concentré dans les mains de Faure Gnassingbé, chef incontesté de l’Union pour la République (UNIR), son parti hégémonique. La veille, la Première ministre Victoire Tomégah-Dogbé et son gouvernement avaient remis leur démission, conformément aux nouvelles règles du jeu institutionnel. Une formalité de la cinquième République, qui s’apparente davantage à une continuité maquillée qu’à une rupture démocratique.
Dans ce contexte, l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové au poste honorifique de président de la République par les députés et sénateurs réunis en congrès n’a suscité aucune surprise. Unique candidat, cet opposant historique âgé de 86 ans a prêté serment à son tour. Figure de la vie politique togolaise depuis les années 60, ancien ministre et exilé politique, Savi de Tové représente davantage la mémoire que le pouvoir. Son rôle sera essentiellement protocolaire.
Un simulacre institutionnel ? Pour Nathaniel Olympio, du mouvement citoyen "Touche pas à ma Constitution", la prestation de serment de Faure Gnassingbé marque « l’acte terminal du viol orchestré de la conscience de chaque Togolais ». Il dénonce une transformation de façade destinée à pérenniser un régime familial vieux de plus d’un demi-siècle, dans un pays où l’alternance reste un mirage.
Car derrière le vocabulaire républicain et la rhétorique du renouveau institutionnel, c’est le même homme qui tient les rênes du pouvoir depuis deux décennies, après avoir succédé en 2005 à son père, Gnassingbé Eyadéma, qui avait régné d’une main de fer pendant 38 ans. La dynastie Gnassingbé semble ainsi se renouveler sans se remettre en question. La Cinquième République togolaise, loin d’inaugurer une ère de transparence ou de gouvernance partagée, pourrait bien institutionnaliser davantage le règne sans partage d’un seul homme. Le changement de forme, plus que de fond, laisse sceptique une partie importante de la population, qui redoute une démocratie réduite à sa portion congrue, où les institutions servent d’abord à légitimer l’ordre établi.
HENRIETTENIANG KANDÉ(AVEC FRANCE 24 ET AFP)
Par Pape Samba KANE
ARRÊTÉ DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION, UN RECUL DE QUATRE SIÈCLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Des pans entiers de la société civile et quelques individualités de la gauche historique regardent le régime Sonko-Diomaye dérouler un projet qui, assurément, rétrograde notre pays en matière de liberté d'expression
En français facile, voici pourquoi la Cour suprême, le Conseil constitutionnel et tous les démocrates doivent rejeter l'arrêté du ministre de la Communication. Depuis 1695, l'édit est passé de mode.
Ah, la censure ! Au 17ème siècle, précisément en 1662, on est en Angleterre, contexte historique : le terme "édit" (une censure préventive par ordonnances royales ou décrets gouvernementaux) visait à contrôler, par anticipation et à réglementer, la publication d'écrits pouvant déranger l'ordre établi, politique ou religieux. Ça s'appelle le "Licensing Act" qui a vécu jusqu'en 1695.
À cette époque, et particulièrement durant les périodes de troubles, le pouvoir royal et le parlement ont promulgué des édits pour restreindre la liberté de la presse et empêcherla diffusion d'idées jugées subversives, séditieuses ou hérétiques, en soumettant les publications à une autorisation préalable, par l’octroi d’une autorisation de publier quelque écrit. Autorisation ? Licence donc.
Ah, le joli mot que les autorités sénégalaises n'utilisent plus, contrairement aux débuts de ce projet de prise de contrôle des médias du pays à travers une "censure préalable" à toute publication, cet arrêté du ministre de la Communication n’est rien de moins. Ici, non pas "avant impression et diffusion", mais avant même la naissance du support - et s'il avait eu le mauvais goût de naître avant l'avènement du pouvoir Diomaye-Sonko, après examen de sa génétique éditoriale, étouffer l'enfant, si elle n'avait pas la bonne génétique.
Le Licensing Act était donc un système de censure où des autorités se chargeaient d'examiner et d'approuver (ou de refuser) la publication de textes de toute nature, destinés à la diffusion auprès du public. Et de punir les auteurs, imprimeurs et distributeurs de publications non autorisées. Ça ressemble étrangement à ce qui se passe chez nous, avec cet arrêté du ministère de la Communication, quatre siècles après - mais en pire, nous l'avons vu, qui s'attaque au fœtus du média à naître -, sous le régime de Pastef, parti considéré comme avantgardiste par ses aficionados de tous âges.
Des exemples notables d'édits incluent les édits royaux sous les Stuarts ou les ordonnances du parlement durant la période du Commonwealth. Ces mesures ont eu un impact profond surle développement de la pensée politique et religieuse en Angleterre, suscitant des débats passionnés sur la liberté d'expression, comme en témoignent les écrits de John Milton, avec son célèbre pamphlet Areopagitica (1644) qui s'opposa à la "censure préalable". Un texte fondateur qui, jusqu'à la fin du 17ème siècle, inspira les combats qui menèrent à l'abandon du Licensing Act.
Quel intellectuel chez nous pour tenter de faire pièce - comme Milton - à cette initiative du régime en place au Sénégal, issu d'élections démocratiques pourtant, il faut le rappeler ? Je vois notablement Ibou Fall, Henriette Niang Kandé, et quelques autres parmi les journalistes pris à la gorge - et le remarquable soutien du Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT), dont il faut saluer la constante vigilance dans la préservation des acquis démocratiques, particulièrement en matière de libertés publiques !
Sinon, des pans entiers de la société civile et quelques individualités de la gauche historique regardent le régime Sonko-Diomaye dérouler un projet qui, assurément, rétrograde notre pays de quatre siècles en matière de liberté d'expression. Ce gouvernement, pour le coup, dans cette affaire, confirmant ses velléités autoritaristes, fait fi des formes, en tenant même l’institution législative, son Assemblée, pourtant dévouée, en dehors d'une affaire de cette importance : instaurer la "censure préalable" au pays de Diouf, l'homme qui, à son accession au pouvoir avait proclamé : "jakk jaa ngook ! Kumu neex nodd."
Un cri du cœur, un appel à l'ouverture démocratique qui avait été entendu, pour avoir été suivi d'un pluralisme partisan salutaire, mais aussi par une explosion et une diversité médiatique ayant abondamment nourri la maturation politique du Sénégal, pour en faire "la vitrine de la démocratie en Afrique" aux yeux du monde entier. Cette image de pays de Cocagne des libertés politiques, notamment d’expression, on en est bien loin aujourd'hui, hélas, pour des raisons dont certaines ont surgi bien avant le Pastef ; mais ce parti a le bon goût de rajouter une couche à la gangrène qui frappe le paysage médiatique du pays d'Abdourahmane Cissé, Mame Less Dia, Moussa Paye, Babacar Touré, Sidy Lamine Niasse, Mame Less Camara.
L'évocation de ces noms de journalistes défunts qui, avec d'autres, dont l'ajout des noms allongerait inconvenablement la liste, m'amène à rappeler aux journalistes professionnels qui tiennent le destin de la presse entre leurs mains, de nos jours - ces patrons de presse qui veulent tout négocier avec les pouvoirs -, que les acquis sur lesquels ils ont prospéré ont été arrachés de haute lutte aux pouvoirs auxquels leurs devanciers ont été confrontés. Rien n'a jamais été donné aux animateurs des médias, depuis Senghor, suite à des négociations. Tout a été acquis par la lutte ouverte, avec son coût à assumer, ou le gain progressif de terrains d'élargissement de la liberté de presse, sous l'arbitrage d'une population conquise, grâce, en l’occurrence, à la qualité du travail des journalistes - la meilleure arme de lutte, de mon point de vue pour la presse !
Les figures emblématiques que je viens de citer avaient fait face, avec l'appui constant de l'intelligentsia sénégalaise et de formations politiques progressistes, à divers défis que notre consœur de Sud Quotidien, Henriette Kandé a convoqués avec son brio habituel dans un grand texte (Sud Quotidien, 29/4).
Le Licensing Act de 1662 était une loi temporaire périodiquement renouvelée par le parlement jusqu’en 1695, 33 ans après son instauration et bien des dégâts. - Par exemple, nous apprend Jacques Attali, « en 1605, un certain Lewis Pickering est condamné pour diffamation de l’Archevêque de Cantorbéry, ‘’parce que ses accusations représentaient une menace pourl’ordre public, même si elles comportaient une part de vérité, car, dit le jugement, on ne doit pas critiquer une personne publique’’. Ce jugement, dit de libellis Famosis, fixera la jurisprudence pour un siècle.» (HISTOIRE DES MÉDIAS : des signaux de fumée aux réseaux sociaux et après de Jacques Attali (page 79). Je ne dirai pas qu’on en est là, aujourd’hui, chez nous, mais au vu d’une certaine déclaration, on flirte avec l’abîme …
Lorsque qu’advint pour la énième fois le moment de son renouvellement, en 1695, près d’un siècle après donc, le parlement anglais refusa de voter à nouveau l’Act.
Puisque nous ne pouvons pas espérer être libérés de cet étau de la "censure préalable" qui frappe les médias sénégalais par notre Assemblée, "chambre d'applaudisseurs", il ne reste plus que les forces vives de la Nation pour prendre en charge cette affaire- la presse en tête, bien évidemment, parce que personne ne fera son bonheur à sa place.
On espère bien que les journalistes et les démocrates de ce pays qui se respectent, n’attendront pas un siècle, voire les 5O ans que Pastef prévoit de rester au pouvoir, pour se sortir de ce piège.
Il est important de noter que la liberté de la presse n'a pas émergé du jour au lendemain en 1695. Des luttes et des débats ont continué à en jalonner le chemin. Cependant, la non reconduction du Licensing Act a symbolisé « un tournant majeur en supprimant le principal instrument légal de contrôle préalable de l'information ». Car si, ailleurs en Europe, à la même période, régnait plus généralement, notamment en France, un type de censure classique s'appuyant parfois sur la connivence entre les gazetiers et la royauté, l'Angleterre n’était pas l'unique pays où se pratiquait cette censure préventive brutale, inspirée par la "Mise à l'index", apanage de l'Eglise catholique. Celle-ci, quand elle frappait un auteur, signait sa disparition de l'espace public.
Bien de grands esprits de l'époque ont fini ivrognes dans les tavernes, s'ils n'avaient pas été assassinés de la main d'un fanatique encouragé parle bannissement du « fautif » par l'autorité religieuse vénérée ...
L'instrument de notre ministre de la Communication, lui, qu'il tient pour le compte de ses chefs politiques, ne se couvre même pas du manteau de la légalité ou de manœuvres souterraines, c'est le poids de la main de fer autoritaire qui s'abat sur la presse. En certains de ses aspects, il se rapproche plus de la "Mise à l'index" religieuse que du Licensing Act. C’est le cas par exemple, avec notre consœur Aïssatou Diop Fall, journaliste sortie du Cesti, et qui a fait ses premières armes dans l’un des plus grands et plus anciens groupes de presse du pays – on peut lui reprocher ce qu’on veut, ça personne ne peut le lui enlever. Elle est mise à l’index, bannie de la presse, bien évidemment pour ses prises de position éditoriales jugées politiques.
Elle en a le droit, mais laissons ça, et admettons que c’est parce que son entreprise ne satisferait pas aux critères fixés par le censeur - même si, entendons-nous bien, toute entreprise a le devoir, l’obligation, de payer ses impôts, entre autres obligations légales. Cependant, on se trouverait dans la situation absurde voulant qu’un journaliste soit interdit d’exercer son métier, parce qu’il ne serait pas un bon entrepreneur, un employeur modèle.
Une première mondiale, assurément !
Face à une démarche pareille, il n'y a qu'une alternative pour la presse : résister ou périr !
Par Henriette Niang KANDE
L’ART DE FAIRE DU TAPAGE
Le programme d’appui à la presse est un effort rigoureux, né d’une logique de transformation économique et non d’un plan de communication de circonstance. Ce n’est pas un podium pour le ministère de la Communication, en quête d’applaudissements.
Il y a des silences élégants. Et puis, il y a ceux qui auraient dû s’abstenir de parler. Samedi 3 mai 2025, à la Maison de la Presse, alors que l’ADEPME déroulait calmement (et solidement) ses programmes d’accompagnement des entreprises de presse dans le cadre du PACE (Programme d’Appui à la Compétitivité et à l’Emploi), c’est une autre scène qui s’est jouée la veille, et sur un pupitre : celle d’une tentative maladroite, pour ne pas dire grotesque, de récupération politique menée par le ministère de la Communication.
La veille, le 2 mai donc, avec la discrétion d’un bélier dans une boutique de porcelaine, le Directeur de la Communication dudit ministère s’est précipité devant micros et caméras pour arroger au ministère, les mérites d’un programme… qu’il ne finance pas, ne pilote pas, et auquel sa tutelle n’a contribué ni en ingénierie, ni en stratégie, ni en fonds. Mais peu importe les faits : quand on aime la lumière, on ne s’encombre pas de câblage. L’ADEPME travaille, le ministère de la Communication parade.
Depuis des années, l’ADEPME fait son travail. Sérieusement. Sans roulements de tambours ni campagne d’autosatisfaction. Plus de 5000 PME accompagnées à ce jour à travers le pays, dans l’industrie, l’agroalimentaire, les TIC, le sport, l’artisanat, la culture… Des projets pilotés avec rigueur : diagnostics, plans de développement, accès au financement, montée en compétences, restructuration, formalisation… Pas une banderole. Pas un communiqué. Pas un ministre en goguette pour couper un ruban.
Et voilà que pour 12 entreprises de presse, dont les dossiers ont été instruits, sélectionnés et encadrés par les équipes de l’ADEPME, et deux cabinets d’experts, le ministère de la Communication sort enfin de sa sieste, plante son logo sur le haut de l’affiche et tente de faire croire que tout est parti de lui. On croirait un spectateur arrivé en fin de match qui court sur la pelouse pour soulever la coupe. L’élégance, c’est visiblement pour les autres.
Soyons clair : le seul financement de l’État dans ce programme, c’est celui du fonctionnement de l’ADEPME (salaires, loyers, électricité – merci pour la lumière). Pour le reste : la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, et d’autres bailleurs qui ont accepté de financer un programme robuste, transparent, structuré.
Ce n’est donc pas un programme ministériel, encore moins une "initiative gouvernementale sectorielle". Le ministère de la Communication n’a ni conçu le projet, ni financé la moindre mission d’expertise, ni validé un seul plan d’encadrement. Mais il s'est offert le luxe d’un tapage médiatique complet : information sur les réseaux sociaux, bande-annonces, invitation à couvrir la cérémonie de signatures des conventions. À croire que l’objectif n’était pas de restructurer la presse… mais de restructurer son image.
Une opération de maquillage institutionnel. C’est ce qu’a tenté le ministère de la Communication en s’invitant bruyamment dans un programme qu’il n’a ni conçu ni financé. La presse et ses acteurs, accusés de tous les maux (mercenaires, fraudeurs fiscaux, diffuseurs de fausses nouvelles…) ne sont pas la cause du mal-être national. Ce qui vacille, c’est l’économie à l’agonie, le système éducatif en panne sèche, la santé publique en réanimation permanente, l’insécurité grandissante, les accidents de la circulation de plus en plus dramatiques. Le pays tangue, pendant que l’arrogance des élites s’étale comme une tache d’huile sur le bitume des routes et autoroutes à péage construits par les devanciers. Le pouvoir, engoncé dans ses atours, prend un ton martial quand des citoyens épuisés par la mise en scène permanente d’une République plus préoccupée par l’image que par l’impact ou quand la population, elle, réclame de simples réponses aux urgences du quotidien. À force d’ignorer la tempête pour faire briller le décor, on confond gouvernance et spectacle.
En mal d’initiatives porteuses de progrès, le ministère de la Communication donc, s’est contenté de vouloir peindre la façade, s’affichant fièrement pour la photo comme s’il avait posé la première pierre. Ce camouflage politique vise à redorer un blason terni à coups d’arrêtés liberticides et d’allocutions va-t-en-guerre. Mais derrière le fond de teint ministériel, la vérité transparaît : le chantier appartient à l’ADEPME.
Pourquoi cette soudaine suractivité ? Peut-être parce qu’en période de disette médiatique, toute visibilité devient vitale, surtout quand le bilan n’est qu’une série de menaces et d’appropriation des compétences d’autres organes. Le programme ADEPME – PACE Presse, avec ses 288 millions FCFA déjà mobilisés, ses 75 % de subvention par entreprise, offre un cheval de bataille tout trouvé. Peu importe qu’on n’ait ni selle ni étrier : le ministère a sauté dessus, sans selle, brandissant le drapeau sans se soucier d’où vient le vent.
Pendant ce temps, l’ADEPME continue de faire ce qu’elle a à et sait faire : accompagner, structurer, diagnostiquer, encadrer, sans bruit inutile. Avec l’humilité des institutions sérieuses et l’endurance de celles qui n’ont pas besoin d’annonces tonitruantes pour exister.
Le mérite n’est pas un accessoire. Ce n’est ni une broche que l’on s’épingle à la veste, ni un slogan qu’on brandit en conférence. Il se gagne sur le terrain, à force de travail, de rigueur et de résultats. L’usurper, c’est trahir ceux qui l’ont construit. Le vrai mérite ne se proclame pas, il se constate.
Dans un pays où l’on parle de rupture, d’éthique, de transparence, il serait temps que chacun reste dans son couloir. Les ministères qui veulent se rendre utiles devraient commencer par appuyer techniquement les projets existants au lieu de courir après les micros à la moindre occasion. Ou à tout le moins, ne pas usurper des mérites qu’ils ne partagent ni dans le fond ni dans la forme. Au lieu d’assumer un partenariat utile et bénéfique, le ministère de la Communication préfère vendre une fiction. Celle d’un État bienveillant, seul mécène du secteur médiatique. Une narration qui arrange bien ceux qui veulent à la fois réguler, encadrer, filtrer... et surtout contrôler. Car derrière la façade, il y a un projet plus vaste : normaliser les médias, rationaliser les voix, lisser le débat public.
Mais le problème, c’est qu’on fait semblant d’ignorer qu’une démocratie digne de ce nom se construit sur la diversité, et parfois même la cacophonie. Et qu’une presse saine ne se nourrit ni de gratitude obligatoire, ni de subventions instrumentalisées. Elle s’épanouit quand les fonds — qu’ils viennent de l’État ou de la BAD, ou d’autres bailleurs — ne servent pas à acheter le silence, mais à garantir l’indépendance.
Le programme d’appui à la presse est un effort rigoureux, né d’une logique de transformation économique et non d’un plan de communication de circonstance. Ce n’est pas un podium pour le ministère de la Communication, en quête d’applaudissements. Ce sont des entreprises fragilisées, des équipes en mutation, des business models à réinventer, des journalistes à sauver du naufrage économique, pas des figurants pour flatter les egos bureaucratiques.
Dans ce décor de communication tapageuse, le ministère a collé son logo comme on colle du stuc sur une crevasse. Mais face aux urgences de la presse, c’est du marbre qu’il faut, pas du carton peint. Parce que quand le vernis craque, on découvre toujours qui a vraiment bossé… et qui a juste posé pour la photo.
INTERPOL DEMANTELE DEUX RESEAUX DE TRAFIQUANTS DE VOITURES EN AFRIQUE DE L’OUEST
Une opération d’envergure baptisée “Safe Wheels”, coordonnée par Interpol, s’est déroulée du 17 au 30 mars 2025 dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest. Elle visait à lutter contre le trafic transfrontalier de véhicules volés.
Une opération d’envergure baptisée “Safe Wheels”, coordonnée par Interpol, s’est déroulée du 17 au 30 mars 2025 dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest. Elle visait à lutter contre le trafic transfrontalier de véhicules volés.
Bilan : plus de 75 voitures saisies et près de 150 identifiées comme volées. Les forces de l’ordre ont contrôlé environ 12 600 véhicules, dévoilant l’ampleur d’un réseau criminel à ramifications internationales.
Les enquêtes ont révélé des connexions avec le Canada, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, illustrant la dimension transnationale du trafic.
Deux réseaux criminels organisés ont été démantelés durant l’opération, et 18 enquêtes ont été ouvertes à la suite des contrôles.
Cette action marque un tournant dans la lutte contre le trafic automobile en Afrique de l’Ouest, où les véhicules volés d’Europe ou d’Amérique du Nord sont souvent blanchis avant d’être revendus localement.
CESSION DES SEMENCES: LES COMPOSITIONS ET MISSIONS DES COMMISSIONS DEVOILEES
Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage a dévoilé la composition et les missions des commissions de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de mise en place et de cession des intrants agricoles.
Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage a dévoilé, dans une circulaire publiée samedi, la composition et les missions des commissions de supervision de la cession des semences.
Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage a dévoilé la composition et les missions des commissions de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de mise en place et de cession des intrants agricoles pour la campagne agricole 2025-2026. Selon la circulaire, la Commission nationale de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de mise en place et de cession des intrants agricoles a pour mission de superviser, de coordonner et de veiller à la transparence desdites opérations sur l’ensemble du territoire national. Elle est également chargée du suivi des campagnes agricoles. Elle est présidée, au niveau national, par le ministre de l’Agriculture ou son représentant. La vice-présidence est assurée par le ministre des Forces armées ou son représentant.
De leur côté, les autorités administratives prendront des arrêtés en tenant compte de la spécificité de leurs circonscriptions respectives, pour compléter, au besoin, la composition de ces différentes commissions et les transmettront au plus tard le 7 mai 2025. Dans ce dispositif, les Forces de Défense et de Sécurité (Armée, Gendarmerie, Police et Douane) ainsi que la Cellule logistique du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage auront pour mission de veiller à la régularité des opérations et à la sécurisation des intrants agricoles. Ainsi, les magasins de stockage des intrants (semences et fertilisants) sont placés sous leur surveillance. Tout bénéficiaire d’intrants (semences et fertilisants) doit se munir de sa carte d’identité nationale et se faire accompagner par son chef de village ou de quartier. Pour ce qui est de la commercialisation des intrants agricoles, la présence continue des Fds n’est pas requise tout au long du processus ; toutefois, chaque commission locale est tenue de produire un rapport hebdomadaire, sous la supervision du sous-préfet ou de son représentant, et de le transmettre aux autorités compétentes.
Pour la présente campagne, le prix unitaire de cession est fixé à 1.000 FCfa par sac ou litre pour tous les types d’engrais. Par exemple, les engrais foliaires, initialement à 18.000 FCfa prix fournisseur par tonne ou litre, sont subventionnés à 94,44 %, tandis que les engrais organiques solides, coûtant 200.000 FCfa prix fournisseur, bénéficient d’une subvention de 90 %. Les amendements organiques, quant à eux, passent de 150.000 FCfa à 1.000 FCfa grâce à une subvention de 86,67 %. Le prix de cession de tous ces engrais est de 1.000 FCfa le sac.
REFORME DE L’AIDE A LA PRESSE : 800 MILLIONS CFA DETOURNES, L’ÉTAT SERRE LA VIS
Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a levé le voile sur un détournement massif de l’aide publique destinée aux médias.
Le rapport annuel sur la réforme du secteur des médias révèle un détournement de près de 800 millions de francs CFA issus de l’aide à la presse 2023. L’État annule la subvention 2024 et met en place de nouvelles règles pour redresser un système jugé inefficace et opaque.
Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a levé le voile sur un détournement massif de l’aide publique destinée aux médias. Selon le rapport 2024-2025 présenté le 2 mai, près de 45 % de la subvention de 1,9 milliard de francs CFA allouée en 2023 n’a pas servi aux entreprises de presse, mais à des structures ou activités sans lien direct avec le secteur.
Un diagramme circulaire publié à la page 13 du rapport illustre le déséquilibre : alors que la presse écrite, les télévisions, les radios et la presse en ligne se partagent de faibles portions, le rouge vif, symbole de l’affectation hors presse, domine le graphique.
Des « dysfonctionnements majeurs » pointés
Le ministère évoque des dépenses opaques, des détournements de mission et une inefficacité notoire du mécanisme. Résultat immédiat : l’aide à la presse 2024 est annulée, dans l’attente d’une réforme en profondeur.
Pour 2025, la subvention sera reversée uniquement aux médias formellement reconnus et enregistrés. Une hausse de l’enveloppe à 2,7 milliards CFA est prévue, mais elle ne bénéficiera qu’aux 258 entreprises désormais éligibles, contre 535 auparavant. Cette réduction est liée au processus d’assainissement et de mise en conformité avec le Code de la presse.
Vers un nouveau modèle de financement
Selon Habibou Dia, directeur de la Communication, la réforme vise à faire du Fonds d’appui et de développement de la presse (FADP) un véritable outil stratégique pour le développement du secteur médiatique, et non un simple guichet d’aides financières.
Le ministère entend désormais lier cette subvention à une logique de développement durable, d’investissement dans les capacités des médias et de meilleure gouvernance.