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9 août 2025
L'ÉGLISE DE DAKAR ACCUEILLE SON NOUVEAU GUIDE
Dans une cérémonie solennelle à la cathédrale Notre-Dame des Victoires, Monseigneur André Guèye a été officiellement intronisé archevêque par le nonce apostolique, en présence de nombreuses autorités et fidèles
Monseigneur André Guèye a été officiellement installé, samedi, dans ses fonctions d’archevêque de Dakar par le nonce apostolique au Sénégal, en Mauritanie, au Cap-Vert et en Guinée-Bissau, Monseigneur Waldemar Stanisław Sommertag, au cours d’une cérémonie religieuse organisée à la cathédrale Notre-Dame des Victoires de Dakar, a constaté l’APS.
La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le général Jean Baptiste Tine, de plusieurs autorités administratives, religieuses et coutumières, ainsi que de nombreux fidèles.
Après le rituel sacré d’intronisation, l’assistance a récité en chœur une neuvaine de prière dédiée au nouveau pasteur du diocèse de Dakar. Le texte, placé sous le signe de l’Espérance, a imploré la bénédiction divine sur son ministère épiscopal et appelé à l’unité autour de sa mission.
Dans son intervention, Mgr Benjamin Ndiaye, prédécesseur du nouvel archevêque, a salué ”un pasteur accompli, d’une grande humanité” et lui a souhaité ”un ministère fécond, rempli de grâce divine”. Il a qualifié la journée d’”extraordinaire” et d’”événement entrant dans l’histoire du salut universel”.
De son côté, le nonce apostolique a rappelé au nouvel archevêque la charge qui lui incombe désormais, celle de l’”église mère de toute la communauté catholique du Sénégal”. Il a invité Mgr Guèye à être ”un administrateur juste et fidèle”, attentif et exigeant, tout en rendant hommage à ses prédécesseurs.
Mgr André Gueye succède désormais à Mgr Ndiaye, dans un contexte de continuité pastorale et de renouveau spirituel, devenant le 5ème Archevêque depuis l’institution, le 14 septembre 1955, de l’Archidiocèse métropolitain de Dakar.
TRUMP ET LE SPECTRE DU FASCISME
Nationalisme, violence politique, affaiblissement des contre-pouvoirs... Le mouvement Trump présente-t-il des similitudes avec le fascisme historique ? Entretien croisé entre les historiens Marc Lazar, et Olivier Burtin
(SenePlus) - Fascisme ou démocratie illibérale ? L'administration Trump suscite un débat historique et politique majeur. Dans un entretien croisé accordé au journal Le Monde, deux chercheurs proposent leurs analyses divergentes sur les parallèles possibles entre le trumpisme et l'idéologie fasciste des années 1920-1940.
La question n'est pas nouvelle, mais elle a retrouvé une acuité particulière après la seconde investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Quelques heures après la cérémonie du 20 janvier, Elon Musk, fervent soutien du président et désormais à la tête du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), s'est livré à un geste ambigu - se tapant la poitrine avant de tendre le bras - rappelant troublamment le salut fasciste des régimes de Mussolini et Hitler. Un mois plus tard, Steve Bannon, figure de l'extrême droite américaine et ancien conseiller de Trump, reproduisait un geste similaire lors de la Conservative Political Action Conference.
Ces événements ont relancé les spéculations sur la proximité du mouvement MAGA ("Make America Great Again") avec l'idéologie fasciste - une question qui agite le champ politico-médiatique et les cercles académiques depuis le premier mandat du milliardaire.
Qu'est-ce que le fascisme ?
"La définition du fascisme a toujours été sujette à débat", explique Marc Lazar, professeur émérite d'histoire et sociologie politique à Sciences Po, au journal Le Monde. Il rappelle qu'à l'origine, "ce n'est pas une idéologie mais un mouvement, les Faisceaux italiens de combat, fondé en 1919 par Benito Mussolini".
Deux écoles s'affrontent dans le champ académique. L'approche "restrictive" considère que le fascisme ne peut qualifier que les régimes italien et allemand de la période 1919-1945. L'école "générique", représentée notamment par des historiens britanniques et américains, estime que la notion peut s'étendre à d'autres mouvements partageant certaines caractéristiques : "une croyance dans le déclin fondamental des sociétés, un nationalisme exacerbé et le recours à la violence".
Olivier Burtin, maître de conférences en civilisation des États-Unis à l'université de Picardie Jules-Verne, souligne qu'une tradition fasciste a existé aux États-Unis dès l'entre-deux-guerres, avec des figures comme William Dudley Pelley, George Lincoln Rockwell (fondateur du Parti nazi américain) ou encore David Duke, ancien leader du Ku Klux Klan.
"Si elle ne représente pas toute l'extrême droite américaine, la tradition fasciste a eu une influence indéniable sur la vie politique du pays : elle a su créer des thèmes et des slogans qui ont eu un écho bien au-delà de ses cercles", analyse-t-il.
Trumpisme : les arguments pour et contre la qualification fasciste
Pour Marc Lazar, si des analogies existent (nationalisme, remise en cause des libertés académiques, menaces contre la presse), il demeure des différences profondes avec le fascisme historique. L'assaut du Capitole "n'a rien à voir avec la férocité des bandes armées italiennes qui terrorisaient leurs adversaires politiques et la population", et l'État américain n'encadre pas la société comme le faisait le régime fasciste. Il manque aussi le bellicisme propre au fascisme, et surtout, la démocratie américaine dispose encore de contre-pouvoirs.
Olivier Burtin nuance : "Trump n'est pas un idéologue", mais "du côté de son mouvement, il y a des gens qui se définissent comme fascistes et qui le voient comme un relais important de leurs idées". L'idéologie du mouvement MAGA partage avec le fascisme "la peur du déclin et la nostalgie d'un âge d'or perdu qu'il faudrait retrouver", ainsi que "le refus d'accorder le respect et le statut d'opposition légitime à ses adversaires politiques".
Il pointe également la montée de la violence politique, les tentatives d'affaiblissement de l'opposition, et la promotion d'un "masculinisme visant à la régénération d'un certain idéal de la masculinité traditionnelle".
Les deux chercheurs s'accordent sur un point : le régime qui se met en place s'apparente davantage à une "démocratie illibérale", terme revendiqué par Viktor Orban et qui désigne un système où les élections sont maintenues mais les libertés réduites. "Trump est sans doute un démocrate illibéral, mais un fasciste, on n'en est pas là !", affirme Marc Lazar.
Pourquoi cette question suscite-t-elle autant d'inquiétude ? "Nos démocraties sont profondément imprégnées d'antifascisme : l'apparition de phénomènes politiques semblant avoir un lien avec le fascisme est donc interprétée comme un signe de leur affaiblissement", explique Lazar. Et la démocratie américaine étant considérée comme un modèle, "l'émergence du phénomène Trump a légitimement relancé cette question dans un contexte d'augmentation du niveau de défiance politique".
Pour Olivier Burtin, l'enjeu est aussi de "ne pas considérer Trump comme un phénomène isolé". "L'extrême droite a de profondes racines dans la société américaine : elle ne disparaîtra pas avec Trump. L'existence de toute une génération d'acteurs politiques comme le vice-président, J.D. Vance, qui prépare déjà 'l'après-Trump', en est la preuve."
par Chérif Salif Sy
LE GRAND BOND SOCIAL DU SÉNÉGAL ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La revalorisation des salaires des travailleurs domestiques s'inscrit dans une démarche de protection des plus vulnérables, mais pourrait, comme l'a montré l'histoire du SMIG français, engendrer des défis pour certains secteurs
La décision du ministre chargé de l’Emploi concernant le relèvement des salaires minima des travailleurs domestiques et employés de maison est à saluer. Il s’agit d’une vielle revendication. Elle est conforme à la loi qui considère comme employé de maison « tout salarié employé au service d’un foyer et occupé d’une façon continue au domicile privé de l’employeur ». La mise en conformité procure au salarié le droit à une pension de retraite ou une pension de réversion.
Malheureusement, comme dans tous les pays, la politique sociale a des conséquences à la fois positives en termes de protection des travailleurs, mais aussi certains effets négatifs, notamment sur des emplois spécifiques. Ainsi, certains compatriotes parlent de contextualisation du problème et de discutions entre partenaires sociaux pour une application. Je suis convaincu que ces concertations indispensables ont eu lieu. Je comprends également ce qu’il y a derrière ces propositions prudentielles.
C’est pourquoi, je voudrais ici rappeler le cas similaire de la France que je connais bien.
Le SMIG, ou Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti, instauré en France par la loi du 11 février 1950, devenant plus tard le SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) en 1970, est un pilier de la protection sociale. Il a marqué un tournant historique, offrant aux travailleurs une sécurité économique inégalée. Cette mesure audacieuse a permis d'établir un plancher salarial garantissant un niveau de rémunération minimum à tous les salariés. C'est une avancée sociale majeure qui a réduit les inégalités les plus criantes sur le marché du travail.
L’impact du SMIG sur les relations de travail a donné plus de poids aux syndicats, aux négociations collectives et a induit un changement positif dans la nature des relations employeur/employés, avec une plus grande formalisation. De nombreux travailleurs à bas salaires commençaient à vivre plus dignement et d'accroître leur pouvoir d'achat. Cette garantie a favorisé une participation plus équitable à la croissance économique et une amélioration générale du niveau de vie des classes populaires.
La formalisation progressive du marché du travail a permis de limiter les pratiques d'exploitation et de favoriser des relations de travail plus équilibrées. Il ne fait aucun doute que ce cadre a renforcé le rôle des syndicats et des négociations collectives. C'est ce qui a créé un environnement plus propice au dialogue social.
Cependant, l'introduction abrupte et sans préparation du SMIG a provoqué des bouleversements majeurs dans certains secteurs économiques du tissu économique et social français. Les emplois domestiques, tels que les filles au pair ou les gardiens d'immeuble, ont été durement affectés. Ces postes, souvent accompagnés d'avantages en nature comme le logement et la nourriture, étaient généralement complétés par un faible salaire monétaire. Ils concernaient surtout des étudiants et de jeunes salariés (garçons et filles) venus des provinces pour travailler dans les grands centres urbains comme Paris. Cependant, ce modèle s'est avéré difficilement compatible avec les nouvelles exigences légales.
Il est évident que l'application uniforme du salaire minimum par les autorités politique, sans considération des spécificités régionales ou sectorielles et avec peu de concertations, a créé des disparités importantes entre zones rurales et urbaines. Les secteurs à faible valeur ajoutée, tels que le textile ou l'agriculture, ont été confrontés à des restructurations difficiles, marquées par des pertes d'emplois et des délocalisations. Certains employeurs ont réduit leurs heures ou renoncé à embaucher, préférant des arrangements informels.
La ruée vers la France de travailleurs des pays limitrophes comme le Portugal, l’Espagne et la Grèce, dont le revenu en parité de pouvoir d’achat était au minimum de la moitié de celui de la France, a stimulé la cupidité d’employeurs dont le patriotisme économique n’était pas le souci. Souvent le poste de travail est occupé par deux employés qui se relayait. C’est durant cette période crise que l’on entendait le slogan, « ils viennent nous prendre notre pain et nos femmes ».
Il ne fait pas doute que l'absence de dispositifs transitoires adaptés a pénalisé l'emploi des jeunes et des personnes peu qualifiées durant les deux décennies qui ont suivi les trente glorieuses. Cela a poussé de nombreux employeurs à réduire leurs effectifs ou à privilégier la mécanisation pour compenser la hausse des coûts salariaux. Cette situation contribue ainsi, de manière surprenante, à fragiliser certaines catégories de travailleurs.
La situation de France n’est une exception dans les grands pays industrialisés. On peut citer les USA par exemple, ou l’Allemagne.
Conclusion
L'histoire du SMIG nous offre une leçon inestimable en matière de gouvernance sociale : même les réformes les plus nobles peuvent engendrer des effets indésirables lorsqu'elles sont appliquées sans nuance. La justice sociale ne se décrète pas seulement par la loi, elle se construit par un dialogue patient entre toutes les parties prenantes.
Le législateur social, tel un capitaine expérimenté, doit rester vigilant et anticiper les conséquences de ses actions sur les plus vulnérables. Car, vous le savez, ceux que l'on cherche à protéger peuvent devenir les premières victimes d'une protection trop rigide ou mal calibrée.
La clé d'une sagesse politique authentique réside dans cette capacité à marier harmonieusement l'idéal d'équité avec la réalité complexe du terrain. Il est essentiel de comprendre que le progrès social durable ne se manifeste pas par une rupture abrupte, mais par une évolution progressive et concertée. Cette concertation a existé, j’en suis convaincu, mais peut-être n’est-elle pas allée au fond des choses.
AIR SÉNÉGAL ÉTEND SES AILES PAR ALLIANCES
En pleine restructuration, la compagnie mise sur les accords de partage de code pour renforcer sa présence régionale sans alourdir ses coûts. Une stratégie qui lui permet d'offrir davantage de destinations à ses passagers tout en optimisant ses ressources
(SenePlus) - Dans un secteur aérien ouest-africain dominé par les grandes compagnies étrangères, les transporteurs régionaux comme Air Sénégal développent des stratégies innovantes pour s'imposer sur le marché. Face à des moyens limités pour desservir seuls un vaste réseau, le partage de code (code-share) s'impose comme une solution permettant d'étendre leur présence sans multiplier les coûts opérationnels.
Selon Ibra Wane, directeur général d'Avico et expert du secteur aérien basé à Dakar, cette pratique offre aux transporteurs locaux l'opportunité d'être présents sur certaines lignes tout en économisant des ressources précieuses. "C'est une modalité selon laquelle deux ou plusieurs compagnies vendent des billets d'un même vol à leurs passagers. La particularité, c'est que chaque compagnie a son propre numéro de vol, mais au final, les passagers embarquent dans le même avion", explique-t-il.
Actuellement engagée dans une importante restructuration, Air Sénégal cherche à optimiser ses partenariats pour étendre son réseau. "Dans la stratégie de la nouvelle direction générale, il est clair qu'ils vont identifier les compagnies avec lesquelles il y a un intérêt à faire des accord de partage de code", confie Ibra Wane à Jeune Afrique. Cette approche stratégique vise à renforcer la présence de la compagnie sur les lignes régionales, particulièrement en Afrique de l'Ouest, où elle possède déjà une bonne maîtrise du marché.
Depuis 2023, Air Sénégal a notamment conclu une alliance avec Air Côte d'Ivoire, permettant aux deux transporteurs de mutualiser leurs ressources et expertises. Cette collaboration vise une plus grande efficacité opérationnelle dans la région, offrant davantage de flexibilité et de meilleures options de service aux passagers.
Ces accords de partage de code représentent-ils un passage obligé pour les compagnies ouest-africaines? D'après Nowel Ngala, directeur général de NRC Consulting et ancien directeur commercial d'Asky, ces transporteurs pourraient techniquement fonctionner sans de tels partenariats, mais au prix d'une compétitivité réduite. "Cela restreindrait leur performance, leur accessibilité et leur potentiel d'expansion. Ces alliances permettent d'élargir les réseaux sans frais supplémentaires, ce qui est primordial pour les compagnies disposant de flottes restreintes", souligne-t-il.
Toutefois, l'expert met en garde contre les risques inhérents à ces accords pour les entreprises ouest-africaines, qui pourraient perdre leurs parts de marché locales au profit de leurs partenaires. "Il est essentiel de négocier des ententes équitables, car les grandes multinationales peuvent dominer et prendre le dessus assez rapidement", avertit-il.
Ces collaborations ne sont pas toujours faciles à établir. Abderrahmane Berthé, secrétaire général de l'Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA), souligne que les grandes compagnies imposent des conditions strictes avant tout partage de code. "Air France ne s'alliera pas avec une compagnie ne disposant pas de cette certification [IOSA]. Il n'est pas question de profit, mais de la sécurité des passagers", précise-t-il.
Pour Air Sénégal, comme pour ses homologues ouest-africains, le défi consiste désormais à équilibrer ces partenariats stratégiques tout en préservant son identité et sa position sur le marché régional. Malgré les risques, l'AFRAA estime que ces accords favorisent avant tout le développement du commerce et du tourisme en Afrique.
POUR STEVE BANNON, LA RÉVOLUTION MAGA NE FAIT QUE COMMENCER
Universités, cabinets d'avocats, médias : toutes les élites sont dans le collimateur de l'administration Trump, selon ce stratège de sa première campagne. Il dévoile la mécanique implacable d'une conquête du pouvoir minutieusement planifiée
(SenePlus) - Dans un entretien accordé au Monde, Steve Bannon, stratège de la première campagne de Donald Trump et figure influente de l'extrême droite américaine, livre une analyse sans filtre des cent premiers jours du second mandat présidentiel. S'exprimant depuis son studio d'enregistrement aménagé dans le sous-sol de sa résidence washingtonienne, l'ancien conseiller présidentiel affirme que la stratégie actuelle de l'administration Trump est incomparablement plus efficace que lors du premier mandat.
"C'était providentiel que nous ayons gagné en 2016. Une victoire surprise, sans organisation", confie Bannon au quotidien français. Selon lui, la défaite de 2020 - qu'il persiste à qualifier d'"élection volée" - aurait même été bénéfique : "C'était la divine providence. Nous avions besoin de ces quatre années. Quatre ans consacrés à penser et planifier tout ce qui se fait actuellement, chaque jour."
Le mouvement MAGA (Make America Great Again) a profité de cette période pour conquérir méthodiquement le Parti républicain et préparer l'arrivée d'une nouvelle génération de fidèles. "La clé du mouvement MAGA, c'est que des gens du peuple ont pris des responsabilités [au sein du Parti républicain] et sont passés à l'action", explique-t-il au Monde.
L'ancien stratège détaille la préparation minutieuse du "spoils system" - cette pratique consistant à placer des fidèles aux postes clés de l'administration. "L'État compte 2 millions à 2,5 millions d'agents. Mais vous n'en avez que 4 000 qui comptent", précise-t-il. Parmi ces postes stratégiques, "mille sont des nominations confirmées par le Sénat, membres du gouvernement, directeurs d'agences, procureurs fédéraux et juges. Trois mille peuvent être recrutés dès le premier jour."
Ces nominations massives expliquent, selon lui, la rapidité d'action de l'administration actuelle : "Il y en a déjà 2 200 à 2 300 aux postes de pouvoir. Voilà pourquoi c'est extraordinairement plus rapide que la dernière fois."
Bannon expose sans détour la stratégie trumpiste pour paralyser les opposants : "Ces cent premiers jours, c'est action, action, action ! Nous submergeons l'opposition." Il évoque ainsi la technique du "flood the zone" (stratégie de la submersion) avec "10 ou 12 décrets présidentiels signés par jour".
Cette offensive généralisée vise également les contre-pouvoirs traditionnels. "Le pouvoir aux États-Unis est institutionnel. Nous voulons rendre cette révolution permanente, nous emparer des institutions", affirme-t-il sans ambages, justifiant les bras de fer engagés avec la Cour suprême sur des questions comme le droit du sol.
Le stratège se félicite de la pression exercée sur les élites intellectuelles et juridiques : "Nous avons écrasé les cabinets d'avocats. Ils sont le tissu de muscles, les tendons qui relient le Capitole, Wall Street et la classe politique", dit-il après la capitulation du cabinet new-yorkais Paul Weiss face à la Maison Blanche.
Concernant les universités menacées de perdre leurs financements fédéraux, il préconise des mesures radicales : "Il faut purger les professeurs", affirme ce titulaire d'un MBA de Harvard, ciblant particulièrement "les 200 professeurs progressistes les plus dangereux, non pas seulement pour antisémitisme, mais pour leur néomarxisme."
Malgré son rôle crucial dans la campagne, Elon Musk est sévèrement jugé par Bannon : "C'est un homme vaincu. Il va partir dans quelques semaines, sans aucun impact durable." Tout en reconnaissant son soutien financier déterminant (250 millions de dollars en cinq mois) pour élargir l'électorat MAGA, il critique ses promesses économiques : "Elon Musk a promis de dégager 2 000 milliards de dollars par an. [...] C'était un conte pour enfants, clairement absurde."
Bannon fait partie des rares soutiens de Trump à affirmer publiquement qu'il briguerait un troisième mandat, malgré l'interdiction constitutionnelle : "Inutile de changer la Constitution, ne perdons pas une seconde à le faire", dit-il, assurant avoir "les avocats les plus brillants du pays" pour contourner cette limitation.
Il compare Trump aux grandes figures historiques américaines : "Nous avons eu le général Washington pour la naissance de la nation, Lincoln pour la renaissance de la nation, Trump pour la régénération de la nation."
Cette vision quasi-mystique du leadership trumpiste repose, selon Bannon, sur un "lien viscéral" avec les électeurs : "Le président Trump se connecte aux gens au niveau émotionnel. C'est ce qui fait les grands leaders. Et c'est la plus grande menace pour le système."
HAUTE COUR DE JUSTICE : LE PROJET DE MISE EN ACCUSATION DE 5 ANCIENS MINISTRES EXAMINE LE 8 MAI PROCHAIN
Les députés de la 15e législature sont convoqués en séance plénière le jeudi 8 mai à 10 heures pour examiner un projet de résolution visant à traduire devant la Haute Cour de justice cinq anciens ministres du régime de l’ex-président Macky Sall.
Les députés de la 15e législature sont convoqués en séance plénière le jeudi 8 mai à 10 heures pour examiner un projet de résolution visant à traduire devant la Haute Cour de justice cinq anciens ministres du régime de l’ex-président Macky Sall.
L’annonce a été faite ce jeudi par le président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye à l’occasion de la levée de l’immunité parlementaire des députés Moustapha Diop et Ndeye Saly Diop Dieng.
Les autres personnalités concernées sont Amadou Mansour Faye, Aïssatou Sophie Gladima et Ismaila Madior Fall. Elles sont mises en cause dans la gestion controversée des fonds alloués au programme Force Covid-19, destiné à faire face aux conséquences de la pandémie.
La Haute cour de justice est compétente pour juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions. L’examen de ce projet marque une étape importante dans les procédures de reddition des comptes engagées depuis l’alternance politique de mars 2024.
HAUTE COUR DE JUSTICE, UN ARSENAL JURIDIQUE DÉPASSÉ
Des textes obsolètes, des lacunes juridiques et des interprétations ambiguës. Tel est le constat d'Alioune Souaré concernant la procédure de mise en accusation d'anciens ministres devant la Haute cour de justice
Une réunion de la Commission des lois en vue de la mise en œuvre de la procédure de mise en accusation devant la Haute cour de justice de cinq anciens ministres du régime de Macky Sall. Alioune Souaré, ancien député et spécialiste du droit parlementaire, nous plonge dans le secret de cette procédure inédite et sans précédent, en livrant, dans cet entretien accordé à Sud Quotidien, les différentes étapes.
Comment appréciez-vous, sur le plan purement technique, la résolution de mise en accusation devant la haute cour de justice d’anciens ministres?
Permettez-moi, de vous dire d’emblée qu’on va vers des procès difficiles où sûrement la bataille de procédure sera très âpre ! Les textes à l’état actuel traînent beaucoup de lacunes, ils sont obsolètes et très ambigus. Prenons l’exemple, avec les articles 99, 100 et 101 qui consacrent la création de la Haute cour de justice dans notre Constitution, ce sont des copiés-collés des articles 67 et 68 du texte originel de la Constitution française de la cinquième république.
La France a évolué pour réformer ces dispositions constitutionnelles depuis 1993, Malheureusement chez nous, c’est le statu quo et c’est pourquoi, on a toujours ce débat avec diverses interprétations du terme « haute trahison » inclu à l’alinéa 1 de l’article 101 précité.
En France, avec la loi 93-952 du 27 juillet 1993 portant révision de la Constitution, ce terme « haute trahison » est supprimé de la Constitution et remplacé par « le manquement à ses devoirs incompatibles au mandat présidentiel et qui est même un motif de destitution ». Là-bas, il n’y que la Haute cour de justice que le président de l’Assemblée nationale dirige qui peut destituer un président de la République ».
Les membres du gouvernement sont jugés par une autre instance de juridiction appelée la Cour de justice de la République présidée par un magistrat de siège et composée de quinze juges dont des parlementaires (sénateurs et députés). La saisine de la Cour de justice de la République s’effectue par le biais de la commission des requêtes. Toujours sur le Bench markéting, on peut parler des textes béninois qui sont très en avant de par leurs clartés, relativement à la Haute cour de justice et à la définition du terme « haute trahison ». La Constitution béninoise accorde le privilège de juridiction au président de la République et aux membres du gouvernement lorsqu’ils exercent la fonction et sont pénalement jugés devant la Haute cour de justice pour des fautes commises. Mais dès qu’ils cessent leurs activités présidentielles ou gouvernementales et on remarque après qu’ils avaient commis des fautes de gestion, ils répondent dans ce cas pour leurs actes devant les juridictions de droit commun (art.136 Constitution). Et puis, dans la composition des membres de la Haute cour de justice, il y a plus d’acteurs judiciaires que de politiciens (6 membres de la Cour constitutionnelle excepté son président, le président de la Cour suprême et 6 députés) et le président est élu à leur sein.
Quelles sont les différentes étapes de cette procédure au niveau de l’Assemblée nationale ?
Les étapes de la procédure concernant les ministres cités, sont retracées par l’art. 101 alinéa 2 et 3 de la Constitution et qui est complété par la loi organique n° 2002-10 du 22 février 2002 portant sur la Haute cour de justice, elle fixe ainsi les règles du jeu. C’est donc à la commission des lois qu’il incombe de préparer et de soumettre un projet de résolution de mise en accusation pour chaque ministre concerné et qui fait l’objet de discussion entre les députés avant d’être adoptée par la plénière. Conformément, à l’article 17 de la loi organique susvisée qui stipule : « la résolution de l’Assemblée nationale votée dans les conditions prévues à l’article 101 de la Constitution et portant mise en accusation devant la Haute de justice, contient les prénoms, les noms, les fonctions des accusé, l’énoncé sommaire des faits qui leur sont reprochés et, dans le cas prévu à l’alinéa 2 de l’article 101 de la Constitution, le visa des dispositions législatives en vertu desquelles est exercée la poursuite».
Qui composent la Commission d’instruction et quel est son agenda de travail ?
La Commission d’instruction est dirigée par le président de la Cour d’appel de Dakar et elle est composée de quatre autres magistrats de la Cour d’appel. Dès réception de la résolution de mise en accusation, elle se réunit sans délai et démarre les enquêtes selon son agenda de travail et suivant la convocation de chacun des ministres accusés.
Quelle est la procédure de comparution des mis en cause devant cette Commission d’instruction ?
La loi organique 2002-10 du 22 février 20O2 relative à la Haute cour de justice dissocie deux niveaux de comparution des accusés, il y a la comparution devant la Commission d’instruction et la comparution de jugement. L’article 21 de ladite loi dispose : « la Commission d’instruction est convoquée sans délai sur ordre de son président qui invite chaque inculpé à faire assurer sa défense par un avocat régulièrement inscrit ou une personne de son choix. Faute par l’inculpé de déférer à cette invitation, il lui désigne un défenseur d’office parmi les avocats inscrits. Jusqu’à la réunion de la Commission d’instruction, son président peut accomplir tous les actes d’informations utiles à la manifestation de la vérité et peut décerner tout mandat contre les accusés. Dès sa première réunion, la Commission confirme, le cas échéant, les mandats décernés par son président ».
Le constat que l’on peut faire après lecture de cette disposition, c’est la restriction des droits et libertés pour la défense des inculpés (assistance par un seul avocat devant la Commission d’instruction), alors que l’article 22 donne plein pouvoir au quatre magistrats instructeurs de disposer en guise d’assistance d’un ou plusieurs magistrats qui reçoivent commission rogatoire pour instruire une ou plusieurs affaires. L’autre déduction, c’est que le président de la Commission d’instruction peut, dès réception de la résolution de mise en accusation et avant la première réunion de sa Commission, décerner un mandat d’arrêt contre les ministres accusés !
Les arrêts de cette Commission d’instruction sont ils susceptibles de recours
Non ! Les actes de la Commission d’instruction ne sont susceptibles d’aucun recours. Elle est saisie des faits qualifiés crimes et délits visés par les dispositions de la loi pénale et énoncés dans la résolution de la mise en accusation. Après instruction, elle ordonne, s’il y a lieu, le renvoi des accusés devant la Haute cour de justice, lorsque la procédure lui paraît complète.
Comment se fait la comparution de jugement
Concernant la comparution de jugement, à la requête du procureur général, le président de la Haute cour de justice fixe la date d’ouverture des débats du procès en jugement et les accusés reçoivent huit (8) jours au plus tard avant leur comparution devant la Haute cour signification de l’ordonnance de renvoi.
Les audiences devant la Haute cour sont-ils ouverts au public ?
Les débats devant la Haute cour sont publics, iIs peuvent exceptionnellement se tenir à huis clos. Après la clôture des débats, la Haute Cour statue sur la culpabilité des accusés et sur l’application d’une peine. II est procédé au vote par bulletin secret à la majorité absolue pour chaque chef d’accusation et pour chaque accusé. Toutefois, s’il y a deux peines distinctes prononcées et dans lesquelles aucune entre elle n’a obtenu la majorité des voix, il est écarté au fil et à mesure la peine la plus forte, le vote se poursuit jusqu’à ce qu’une peine obtienne la majorité des votants. Cependant, il faut relever que ce vote des juges de la Haute cour sur l’application des peines prévu à l’article 34 de la loi organique 2002-10, contraste avec les dispositions de l’article 101 alinéa 3 de la Constitution qui stipule : « la Haute cour est liée par la définition des crimes et délits, ainsi que par la détermination des peines, telle qu’elles résultent des lois pénales en vigueur au moment où les faits ont été commis».
Les jugements rendus par la Haute cour de justice sontils susceptibles de recours ?
Les arrêts de la Haute cour ne sont susceptibles, ni d’appel ni de pourvoi en cassation. IIs peuvent cependant faire l’objet de révision dans les formes et conditions légales. Cela pose le problème du respect du principe de double degré de juridiction en matière de procès civil. On se rend compte que pour la Commission d’instruction comme pour la Haute cour de justice, les accusés n’ont aucune possibilité de faire un recours, comme c’est dans les juridictions de droit commun.
TOURNANT DECISIF POUR L’AS VILLE DE DAKAR
Battue une deuxiéme fois par l’équipe de Kriol Star du Cap Vert (95-92), l’As Ville va jouer ce samedi 3 et demain dimanche, à Dakar Arena, sa qualification pour la phase finale du Basketball Africa League.
L’AS Ville joue son va-tout ce samedi et demain dimanche dans la Conférence du Sahara qui baisse ses rideaux avec ses dernières journées. Relégué à la 3e place suite à une défaite face au Kriol Star du Cap Vert, le champion du Sénégal fera face ce samedi à Dakar Arena (17H30) à une revancharde équipe angolaise de Petro de Luanda. Il terminera son parcours demain dimanche par un duel tout autre décisif face aux Tunisiens de l’Us Monastir.
Après quatre journées, le suspense rester entier dans ce tournoi où les quatre équipes se tiennent de prés au classement avec deux victoires et deux défaites chacune. Le club dakarois aura l’obligation de succés pour pouvoir valider sa qualification aux play-offs ou phases finales de BAL qui regrouperont les six équipes qualifiées directement dans les Conférences du Nil, du Sahara et de Kalahari ainsi que les deux meilleures équipes classées troisièmes.
Battue une deuxiéme fois par l’équipe de Kriol Star du Cap Vert (95-92), l’As Ville va jouer ce samedi 3 et demain dimanche, à Dakar Arena, sa qualification pour la phase finale du Basketball Africa League.
Relegué à la 3e place avec deux victoires et autant de défaites,le représentant du Sénégal engage un tournant décisif face à Petro de Luanda qu’il affronte pour le compte de la 5e journée de la Conférence du Sahara. Des retrouvailles qui s’annoncent décisives dans la course vers la qualification à la final 8 prévue au mois de juin prochain à Pretoria, en Afrique du Sud.
Après quatre journées, c’est le statu quo et les quatre équipes se tiennent de prés au classement. L’As Ville de Dakar est encore attendue par un public. Elle devrait encore se sublimer face à une revancharde formation angolaise qu’elle avait réussi, lors de la phase aller à battre sur le fil (65-64). Ce précieux succès face aux tenants du titre a, sans doute, été le match référence pour le club dakarois. Surtout après un jeu presque indigent livré lors de la première défaite contre l’équipe du Cap-Vert.
Contre les Angolais, les hommes du coach Libasse Faye avaient vite rectifié le tir, en affichant un meilleur visage devant les coéquipiers de l’intenable Patrick Gardners. Impérial sous la raquette et sur les tirs à mi distance, le joueur angolais avait fini comme meilleur marqueur avec 19 points et 9 rebonds. L’As Ville de Dakar est donc prévenue. L’explosivité de Makhtar Guèye, auteur d’un double-double et un des tops scoreurs du team sénégalais, ajoutée à la vista du meneur Will Perry, la puissance sous la raquette du pivot Atar Majok ou encore l’adresse de Abdoulaye Harouna, la team ne manque pas d’arguments pour rééditer son coup.
L’As Ville de Dakar boucle son parcours demain dimanche par un ultime retrouvaille avec l’Us Monastir qui occupe la deuxième place du classement. En cas de nouveaux succés, le champion du Sénégal pourrait valider l’un des deux places qui ménent au play-off ou Final 8. A défaut d’espérer terminer parmi les deux meilleures équipes classées troisièmes des Conférences du Sahara, du Nil et de Kalahari.
PROGRAMME
SAMEDI 3 MAI 2025
14H30 : Kriol Star-US Monastir
17H30 : Petro Luanda-ASCVD
DIMANCHE 4 MAI 2025
14H30 : Petro Luanda-Kriol Star
17H30 : US Monastir-ASCVD
GUINEE BISSAU, L’OPPOSITION SCELLE L’UNION SACREE ET SOLDE SES COMPTES AVEC EMBALLO
Deux coalitions de l’opposition majoritaire en Guinée Bissau, l’Alliance pour la paix et l’intégrité API – CG dirigé par Nuno Nabiam et PAI-Terra Rank de Domingos Simoes Preira ont signé un accord à Paris, à six de la présidentielle
La présidentielle en Guinée Bissau est prévue dans six mois. Dans cette perspective, l’opposition se mobilise et scelle l’union sacrée pour faire face à l’actuel président Umaro Cissoco Embalo.
Deux coalitions de l’opposition majoritaire en Guinée Bissau, l’Alliance pour la paix et l’intégrité API – CG dirigé par Nuno Nabiam et PAI-Terra Rank de Domingos Simoes Preira ont signé un accord à Paris en France. Un accord qui marque un tournant majeur dans la perspective des élections générales prochaines.
Quatre anciens Premiers ministres, Nuno Nabiam, Domingos Simoes Preira, Bassirou Dia, Aristide Gomes se sont donné la main, promettant de taire leurs ambitions personnelles pour être au service des populations bissau guinéennes. Ils disent être déterminés à faire front devant l’objectif d’Emballo de diviser l’opposition.
Dans une déclaration dite « déclaration de Paris » ces leaders de l’opposition font un diagnostic sans complaisance de la situation actuelle du pays et critiquent la gestion actuelle du pays. « Aujourd’hui plus que jamais, dans le contexte de l’histoire contemporaine de l’Etat de Guinée Bissau, notre peuple est confronté à un processus d’institutionnalisation du clientélisme et du néopatrimonialisme, alimentée par une corruption et une répression endémique. Le régime d’Umaru Cissoco ELMBALLO a été basé sur une capture personnelle progressive de toutes les institutions de l’Etat pour les subordonner à sa personne de manière exclusive » peut-on lire dans la déclaration, qui liste les maux qui gangrènent le pays.
Et de poursuivre : « le régime d’Umaro Embalo encourage la banalisation des trafics de toutes sortes et du crime organisé en raison de l’affaiblissement programmé des institutions dédiées à la lutte contre ces maux, leur infligeant une concurrence illégale, forcée et criminelle de la part de ses milices retranchées dans le palais de la République ».
La dissolution jugée illégale de l’Assemblée Nationale, celle de la Cour suprême, l’entrave par la force de la tenue de l’élection présidentielle sont autant de passifs que les leaders de l’opposition dénoncent. A quelques mois de la présidentielle, la tension politique monte en Guinée Bissau où l’opposition qui a décidé de taire les ambitions personnelles se met en ordre de bataille
Par THECONCERSATION
COMMENT LE RÉGIME MILITAIRE MOBILISE L'HISTOIRE ET LES EMOTIONS POPULAIRES AU MALI
Les données d'une enquête menée par le réseau panafricain Afrobaromètre et MaliMètre, dirigée par la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung depuis 2012, indiquent un niveau élevé de satisfaction à l'égard du régime militaire
Le président de transition du Mali, le colonel Assimi Goïta, arrivé au pouvoir à la suite du coup d'État du 18 août 2020, jouit d’un large soutien populaire. Les données d'une enquête menée par le réseau panafricain Afrobaromètre et MaliMètre, dirigée par la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung depuis 2012, indiquent un niveau élevé de satisfaction à l'égard du régime militaire.
Dans le sondage Mali-Métre de 2024, neuf répondants sur dix estimaient que le pays allait dans la bonne direction. Pourtant, la situation économique des Maliens se détériore. Dans une analyse récente, la Banque mondiale a souligné que la junte avait du mal à assurer des services publics dans un contexte de croissance morose, d'inflation élevée et d'extrême pauvreté. Le fait que les Maliens semblent toujours très satisfaits de leur dirigeant nécessite quelques explications.
Dans un article récent, fondé sur une vaste expérience de terrain au Mali, nous montrons comment Goïta a construit un nouveau contrat social sur un discours autoritaire, s'érigeant en protecteur du Mali. Le régime a instrumentalisé le mécontentement suscité par les interventions internationales pour présenter Goïta comme un « homme d'exception » pour des “temps exceptionnels”, en s'appuyant sur les mythes et les traditions maliennes. Nous montrons comment le nouveau contrat social du régime ne repose pas sur l'offre de services publics, mais sur l'idée que Goïta est le défenseur et le libérateur du Mali. Le régime a ainsi établi un lien social avec la population qui place la dignité au-dessus de tout.
UN NOUVEAU LIEN SOCIAL
En 2012, le Mali a connu une grave crise déclenchée par une rébellion séparatiste dans les régions du nord du pays. Des groupes insurgés djihadistes ont pris le contrôle de la rébellion, conduisant à un coup d'État militaire. Des interventions internationales ont suivi. La Cedeao, l'ONU et la France ont déployé des efforts pour rétablir la sécurité, la stabilité et la paix. Mais le déploiement de 5 000 soldats français et de 15 000 casques bleus de l'ONU n'a pas empêché la détérioration de la situation sécuritaire. Dans le même temps, les institutions démocratiques maliennes n'ont pas réussi à rétablir le contrôle du territoire et à lutter contre la corruption et la pauvreté, malgré la tenue d'élections régulières. Des manifestations massives réclamant la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta ont ouvert la voie au coup d'État militaire de 2020. Ces échecs ont fourni à la junte un terreau fertile pour asseoir sa légitimité.
Avec Goïta est apparu un nouveau discours, qui ne porte pas sur la construction d'un État libéral et le développement, mais sur le rétablissement de la souveraineté et de la dignité du Mali. Ces idées sont relayées dans des discours prononcés lors de forums tels que l'Assemblée générale des Nations unies et dans des discours publics relayés par les médias, ainsi que par un réseau organisé d'influenceurs en ligne. Les débats publics sur la lutte contre les forces du néocolonialisme et la revendication de la souveraineté sont antérieurs à la junte.
Le régime a exploité ces sentiments. Il oppose des décennies d'humiliation, de faiblesse et de dépendance visà-vis de la France à une vision glorifiée du passé antique du Mali. Les mouvements de protestation populaires tels que Yerewolo Debout sur les Remparts font de même depuis longtemps.
Aujourd'hui, le discours officiel présente Goïta comme un héros capable de mener son peuple vers une nouvelle ère où le Mali sera traité avec respect. Ce cadre a ravivé l'héritage de Thomas Sankara, le défunt chef militaire du Burkina Faso (1983-1987). Souvent surnommé le « Che Guevara » africain, Sankara était un révolutionnaire charismatique connu pour ses discours passionnés, sa position audacieuse contre la corruption et ses efforts pour défier les anciennes puissances coloniales. Il a été assassiné lors d'un coup d'État en 1987, mais son héritage continue d'inspirer les jeunes Africains.
Les figures du régime, en particulier le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, font souvent référence à des légendes et à des récits historiques pour nourrir cette mythification : • des références aux anciennes villes de Gao et Tombouctou avec leurs bibliothèques, leurs mosquées et leurs lieux de culte;
• des récits sur les guildes de chasseurs, ou dozo des peuples bambara et dogon – des héros à la fois craints et respectés;
• des légendes comme celle de Soundiata Keita, héros et fondateur de l'empire du Mali.
Selon les données d'une récente enquête du Mali-Mètre, 70 % des Maliens considèrent la lutte contre l'insécurité comme leur priorité absolue. Cela montre combien de Maliens se sentent confrontés à une menace similaire à celle qui existait lorsque le peuple malinké a supplié Soundiata de devenir leur sauveur.
Ainsi, dans un environnement marqué par le chaos, la guerre, la confusion et le désespoir, un héros chasseur-guerrier est nécessaire. Un homme capable non seulement de sauver la société, mais aussi de restaurer l'ordre, la justice et la dignité à son peuple au prix de sacrifices. Tout récit héroïque a besoin d'un ennemi. Et le régime n'a pas eu à chercher loin.. Il suffisait d'exploiter les frustrations sociales déjà dirigées contre la France et d'autres forces extérieures qui n'avaient pas réussi à combattre les insurgés et à rétablir la sécurité.
UN ENNEMI FEDERATEUR
Comme le montrent Afrobaromètre et Mali-Mètre, de nombreux Maliens, aussi pauvres et démunis soient-ils, trouvent du réconfort dans la confrontation entre le régime et des adversaires redoutables tels que la France et l'ONU et dans les victoires qui leur sont présentées.
Avec près de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, le Mali est l'un des pays les plus jeunes du monde. Le cas du Mali montre une population africaine jeune, désespérée de voir un changement social et prête à endurer des épreuves pour atteindre la terre promise.
La situation politique du Mali, comme au Burkina Faso et au Niger voisins, où les conditions sont similaires, invite à reconsidérer le rôle des acteurs locaux. Les citoyens réagissent de manière active et rationnelle à leur contexte politique. Considérer ces personnes comme ignorantes ou naïves empêche de mieux comprendre la nouvelle donne politique.