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23 mai 2025
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ACCENTUE LA VULNÉRABILITÉ DES MÉNAGES
Au Sénégal, la défécation à l’air libre est toujours pratiquée dans certaines parties du pays. A cause de l’érosion côtière, des villes situées sur le littoral sont actuellement confrontées à une disparation des habitats
Au Sénégal, la défécation à l’air libre est toujours pratiquée dans certaines parties du pays. A cause de l’érosion côtière, des villes situées sur le littoral sont actuellement confrontées à une disparation des habitats. Les populations souffrent ainsi d’une promiscuité qui s’accompagne d’un non accès à des services d’assainissement notamment individuel. A Bargny Geth, un quartier fortement touché par l’avancée de la mer, beaucoup de maisons ont perdu leurs toilettes. Conséquence, les habitants notamment les femmes sont confrontées à un manque d’hygiène.
Un dimanche du mois de décembre 2024, alors que le froid s’installe progressivement dans la capitale sénégalaise, nombre de Dakarois sont encore au lit. A Bargny Geth, à un peu plus d’une trentaine de kilomètres (km) de Dakar, les habitants sont debout. Les vagues déferlantes y dictent leur loi. Les femmes vaquent tranquillement à leurs occupations dans des concessions minuscules où règnent l’humidité et la manque d’espace.
Dans cette partie de la capitale, située dans commune de Bargny, dans département de Rufisque, l’avancée de la mer ne laisse aucune faveur aux populations. Les maisons, autrefois larges et composées de plusieurs chambres, ne sont devenues, pour la plupart, que des débris de murs ou crèchent d’infortunés habitants qui n’ont pas les moyens de se payer un toit ailleurs, loin des vagues menaçantes. La mer emporte tout sur son passage. Et les toilettes n’y échappent pas. Conséquence, nombre de ces habitants ne de choix que de faire leur besoins naturels à l’air libre. Sur une partie de la plage, la matière fécale est visible, preuve que ces habitants se soulagent en mer ou en bordure de mer.
Dans les quartiers touchés par l’érosion côtière, à Bargny Geth, les lieux de loisirs, des places publiques et même les cimetières sont rayés de la carte. Leurs emplacements ne constituent que des souvenirs que tentent de reconstituer les habitants. La mer est déjà à la porte des maisons, dicte sa loi et «fixe» les limites à ne pas franchir. Des habitations sont inaptes à contenir des toilettes avec toutes les fonctionnalités et commodités requises. La nappe étant remontée, il suffit de creuser un peu, à moins d’un mètre, pour avoir de l’eau.
Du coup, se soulager ou faire ses besoins naturels est devenu un fardeau pour les habitants. Les déchets fécaux se mélangent à la saleté déposée sur la plage par les vagues. Ils reviennent aux habitants qui, à cause des hautes vagues qui emportent tout sur leur passage, ont fait de la mer des toilettes à l’air libre. «Nombreux sont ceux qui attendent la nuit pour aller en mer. D’autres ont des pots de chambres. Ils y font leurs besoins, attendant la tombée de la nuit, pour tout déver ser dans la mer», s’indigne Ndèye Yacine Dieng, une actrice de développement communautaire.
DES TOILETTES PUBLIQUES PARTAGÉES PAR TOUS : LA SOLUTION ALTERNATIVE
Au Sénégal, la loi n°83-71 du 5 juillet 1983 portant Code de l’hygiène, «interdit le mélange des matières fécales ou urinaires aux ordures ménagères». Sur une vingtaine de familles, la demeure de Ndèye Yacine Dieng est la seule à disposer d’une toilette qui n’est pas des meilleures. Elle accueille ceux qui osent braver les regards des riverains de sa demeure qui, sans nul doute, savent l’objet de la visite chez la seule à disposer d’une toilette. En dehors de la maison de Ndèye Yacine Dieng et de la mer, les toilettes de la mosquée servent aussi de refuge pour ceux-là qui ne peuvent attendre la pénombre de la nuit pour faire leur besoin.
Ndèye Yacine Dieng raconte aussi son habitude quotidienne qui est d’ensevelir, chaque matin, les matières fécales incommodes à l’épanouissement humain. L’accès aux toilettes est un droit. Pour cela, Ndèye Yacine Dieng plaide pour qu’au moins des toilettes de fortune puissent être érigées dans le quartier, afin de permettre aux habitants de se soulager dans la dignité.
Sur une plage sale, remplie de déchets plastiques, Seyni Fall nous montre ce que furent ses toilettes. Il n’en reste qu’un pan d’un mur qui menace, lui aussi, de s’affaisser. «Vous voyez, ce qu’il y a derrière moi, ce sont des toilettes. On a dû les éliminer puisque les vagues ont tout détruit. Les murs ont été fissurés et c’est risqué pour nous de les utiliser.»
La solution, pour elle, c’est de recourir aux toilettes des maisons environnantes qui sont pour le moment épargnées par l’avancée de la mer ou celles construites sur la place publique. «Nous nous soulageons chez nos voisins ou attendons que tout le monde dorme pour faire nos besoins naturels», se désole-t-elle. Face à une mer en furie et des moyens de d’atténuation presque inexistante, la seule solution pour les femmes reste la résilience, à leur manière.
«L’avancée de la mer date de très longtemps et d’année en année, la situation empire. Chaque année, la mer engloutie des centaines de maisons sur le littoral. Les familles qui ont les moyens se déplacent ; d’autres qui n’en n’ont pas sont obligés de vivre dans la promiscuité. Dans cette zone, des familles vivent à 10 par chambre. Le constat est réel. On a des problèmes d’hygiène», constate Médoune Ndoye, un jeune activiste et écologiste natif de la zone. Selon toujours Médoune Ndoye, «la quasi-totalité des habitants n’ont pas accès à des toilettes ; conséquences, les femmes vivent dans des conditions déplorables notamment en matière d’hygiène».
UNE AVANCEE DE LA MER PLUS EXACERBEE ENVISAGEE PAR LA BANQUE MONDIALE
Au Sénégal, selon une Enquête sur la situation sociale en 2019, de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), «un peu plus du quart des ménages ne dispose pas de toilettes améliorées (29,9%) dont environ 12,5% pratiquent la défécation à l’air libre. La plupart des ménages utilisent des toilettes améliorées. Il s’agit en général de toilettes munies d’une chasse d’eau ou chasse manuelle reliée à une fosse septique (43,7%)».
A en croire toujours cette étude, «en milieu urbain, les ménages utilisent généralement des toilettes améliorées, pour l’essentiel des lieux d’aisance munis d’une chasse mécanique ou manuelle raccordée à une fosse septique (60,0%) ou un réseau d’égout (17,6%). Le partage des toilettes est pratiqué par un tiers des ménages (33%)». En général, cette pratique est un peu plus fréquente dans les ménages utilisant des latrines à fosse avec dalle (37%) ou des lieux d’aisance munis d’une chasse manuelle ou mécanique raccordé au réseau d’égout (34%) ou des latrines ventilées améliorées (33%).
Cette situation de manque d’hygiène risque de s’exacerber. Selon le Rapport national sur le Climat et le Développement du Sénégal, publiée par la Banque mondiale en novembre 2024, «les effets exercés par le changement climatique déjà apparents au Sénégal, (le niveau de la mer augmente de 3 à 4 millimètres par an sur la côte ouest-africaine selon un Rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU publié en 2019), devraient, s’aggraver à l’avenir par suite de la hausse des températures, de l’accroissement de la variabilité du climat et des phénomènes extrêmes, ainsi que de l’élévation du niveau de la mer. Le niveau de la mer sur les côtes du Sénégal devrait s’élever, et ce plus rapidement (au moins deux fois plus vite) qu’il ne l’a fait jusqu’à présent. Dans le scénario de changement climatique plus prononcé, il devrait s’élever jusqu’à 18 cm d’ici à 2030, de 60 cm d’ici à 2050 et de plus de 1 mètre à l’horizon 2100 (par rapport au niveau de 2000)».
La côte du Sénégal est de plus en plus menacée par non seulement un développement côtier sauvage, mais aussi par les effets du changement climatique et de l’élévation du niveau de la mer (de l’ordre de 1,5 mm par an) qu’il provoque. La côte est actuellement exposée à l’érosion sur un quart de sa longueur et à des ondes de tempête sur la moitié de sa longueur. Cette étude révèle également que «les villes de Dakar et de Saint Louis sont, quant à elles, particulièrement susceptibles d’être inondées en raison de l’élévation du niveau de la mer. Le Sénégal est particulièrement vulnérable à une intensification du changement climatique en raison de l’exposition de son littoral»
Il est classé 144e sur 185 pays sur la base de l’Indice d’adaptation de Notre Dame Global Adaptation Index (ND GAIN), utilisé dans le cadre de l’examen des facteurs de vulnérabilité climatique.
QUAND LES PARENTS CACHENT LEURS ENFANTS DANS LES MAISONS
La paralysie cérébrale est une affection neurologique qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire et spécialisée. Beaucoup d’enfants victimes de paralysie cérébrale sont abandonnés à leur sort.
Beaucoup d’enfants victimes de paralysie cérébrale sont abandonnés à leur sort. Certains sont utilisés par leurs parents ou des proches pour faire la manche dans les rues du pays. Au niveau médical, peu de structures les prennent en charge par manque de spécialistes ou encore de centres de rééducation adaptés. Une situation qui hypothèque la vie de plus de 200 enfants recensés au sein d’une association des familles d’enfants victimes de paralysie cérébrale (AFEPC),
La paralysie cérébrale est une affection neurologique qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire et spécialisée. Au Sénégal, les seuls centres de prise en charge sont logés dans la capitale. A Dakar, si le Centre national d’appareillage orthopédique (Cnao) accueille le plus des enfants victimes de cette affection, sa capacité d’accueil est loin de contenir la demande en soin qui s’offre en lui. Quant au centre Talibou Dabo, le déficit en matériel de soins fait que des patients le désertent pour aller vers les structures de santé même si la prise en charge dans ces zones n’est pas adaptée. Notons que la paralysie cérébrale affecte le plus souvent le mouvement et la posture, résultant de lésions non évolutives survenues sur le cerveau en développement du fœtus ou du nourrisson.
Selon les spécialistes de ces maladies, une fois que ces lésions sont installées, elles deviennent irréversibles et entraînent des limitations d’activités et peuvent être accompagnées de troubles sensoriels, perceptifs entre autres. Le traitement est à vie et les victimes ont besoin d’aide durant toute leur vie même si peu deviennent autonomes après un suivi régulier. « Bien que la paralysie cérébrale soit irréversible, une prise en charge adaptée peut améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Cela inclut des interventions en kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie, ainsi que l’utilisation d’appareillages spécifiques. Dans certains cas, des traitements médicamenteux ou chirurgicaux peuvent être envisagés pour gérer les symptômes et les complications associées » soulignent des spécialistes. Au Sénégal, à cause de la cherté de la prise en charge et de la non-disponibilité des centres de prise en charge dans certaines régions et de la discrimination de la société, beaucoup de parents cachent leurs enfants victimes de cette maladie dans les maisons. Ils sont quasiment enfermés dans les chambres loin des regards de la société. Quant aux plus âgés, ils sont souvent utilisés par leurs parents pour faire la manche dans les rues de Dakar. Au sein de l’association des familles d’enfants victimes de paralysie cérébrale (AFEPC), le président Rawan Samb avait déploré lors de la dernière journée mondiale de la Paralysie célébrale, l’absence de structures et d'établissements dédiés à la prise en charge de cette affection ainsi que le manque de spécialistes qui peuvent leur donner une éducation adéquate à l’état de santé des victimes. A l’en croire, le centre Talibou Dabo qui est le centre de référence dans le domaine n’accueille pas beaucoup d’enfants même s’il dispose d’un département pour l’infirmité motrice cérébrale (IMC). A cela, s’ajoute l’absence de spécialistes
En effet, la prise en charge de ces enfants doit se faire de façon pluridisciplinaire avec des ergothérapeutes, des psychomotriciens, des orthophonistes. Malheureusement, le Sénégal ne dispose que pour le moment de kinésithérapeutes. «Si nous prenons l’exemple du Centre national d'appareils orthopédiques, il y a un seul kiné qui s'occupe des centaine de malades. Et actuellement, sur la liste d'attente, on a plus de 200 enfants », déplore Mr Samb.
Rappelons que les causes de cette maladie sont variées et incluent les infections ou maladies pendant la grossesse, la grande prématurité, l’accouchement difficile, les maladies survenant dans les premiers mois de la vie de l’enfant.
TOUS POUR ARRETER L’HEMORRAGIE QUI DECIME LES FEMMES EN COUCHE
Les acteurs de la région de Sédhiou ont procédé hier, mardi 11 février 2025, au lancement de la Semaine de la Mère et de l’Enfant, sous l’autorité du gouverneur de région.
Les acteurs de la région de Sédhiou ont procédé hier, mardi 11 février 2025, au lancement de la Semaine de la Mère et de l’Enfant, sous l’autorité du gouverneur de région. Il est apparu que les hémorragies sont la cause principale de beaucoup de décès des femmes en couche dans la région de Sédhiou. Le Directeur de la Santé ainsi que le chef de l’exécutif régional ont uni leur voix pour crier fort à la mobilisation en faveur du don de sang avant même que le besoin ne soit exprimé.
C’est parti pour une semaine d’intenses activités de sensibilisation et de prise en charge de la santé de la mère et de l’enfant ; le ton en a été donné, hier mardi, à l’occasion du Comité régional de développement (CRD) consacré au lancement de la Semaine national de la Mère et de l’Enfant. Selon Dr Amadou Yéri Camara, le Directeur de la Santé de la région de Sédhiou, «c’est un programme national qui vise à rehausser l’impact de la prise en charge des activités de la santé de la mère et de l’enfant sur toute l’étendue du territoire national. Le thème est de renforcer l’engagement de la communauté au sujet de la santé de la mère et de l’enfant». Il ajoute que «l’implication des acteurs de la communauté notamment les ‘’Bajénu Gox’’ (assistantes sociales issues des communautés) et autres leaders communautaires peuvent nous valoir des bonds significatifs en termes d’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant».
Il ressort que les hémorragies sont la cause de la plupart des cas de décès. D’où cet appel strident du Directeur de la Santé à l’endroit des communautés de la région de Sédhiou : «nous allons mettre l’accent sur la sensibilisation des communautés car le niveau central nous libère les moyens de mise en œuvre mais très peu de gens sortent pour donner de leur sang. Et il faut que les gens comprennent que le sang qu’ils donnent peut leur être retourné une autre fois ou à leur proches», explique-t-il.
Et de préciser que «la banque de sang reste fonctionnelle pour tout le monde et sans exclusive. En rapport avec les différents acteurs clés, nous allons poursuivre la mobilisation pour disposer régulièrement de sang et éviter des décès suite aux hémorragies», rassure le Directeur de la Santé de Sédhiou, Dr Amadou Yéri Camara. Et le gouverneur de la région de Sédhiou d’en faire une recommandation forte, comme un sursaut patriotique à l’accompagnement des programmes de santé : «il s’agira principalement de dérouler des activités de communication de masse à travers les radios communautaires, des fora et des caravanes pour parler directement à la population. Ce sont aussi des moments de prise en charge des cibles au niveau des structures de santé et en stratégies avancées en milieu rural. J’exhorte davantage les communautés à collaborer avec les acteurs de la santé pour mieux impacter sur les résultats», relève le gouverneur Diadia Dia
Au cours des plénières, les participants ont fait montre d’un engagement manifeste à jouer leur partition pour faire de cette semaine et même bien après, des progrès visant à améliorer considérablement la santé de la mère et de l’enfant dans la région de Sédhiou.
UNE PROGRESSION DE DEUX POINTS POUR LE SENEGAL DANS L'INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION
Le pays de la Téranga se hisse du coup à la 69e position, ex æquo avec Sao Tomé-et-Principe, la Côte d’Ivoire et le Bénin, qui ont obtenu le même score
La perception de la corruption est en léger recul au Sénégal. Pour cause, dans le classement de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) pour l’année 2024, le pays gagne deux points par rapport à 2023, atteignant ainsi un score de 45 sur 100. Le pays de la Téranga se hisse du coup à la 69e position, ex æquo avec Sao Tomé-et-Principe, la Côte d’Ivoire et le Bénin, qui ont obtenu le même score. Le Forum civil, section sénégalaise de Transparency International invite néanmoins les pouvoirs publics à démultiplier les efforts pour endiguer la corruption qui freine le développement.
L e Forum civil, branche sénégalaise de Transparency International, salue l’amélioration de deux points enregistrée par le Sénégal dans l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2024, portant ainsi son score à 45/100 contre 43 en 2023. Bien que cette progression soit significative, le pays demeure dans la zone critique, témoignant de la nécessité de poursuivre les efforts en matière de lutte contre la corruption.
Selon le Forum civil, cette avancée résulte de réformes majeures, notamment l’instauration d’un Parquet national financier et le renforcement des missions de l’Office national de lutte contre la corruption (OFNAC). Toutefois, l’organisation exhorte les autorités à une transparence accrue, en particulier en ce qui concerne la publication des rapports de l’Inspection générale d’État ainsi que la gestion des flux financiers illicites.
Pour rappel, entre 2012 et 2024, le Sénégal a connu une progression modérée dans l’IPC, passant de 36 à 45 points. Si la note est demeurée stable à 45 entre 2016 et 2020, les réformes récemment mises en œuvre, notamment celles adoptées en 2023 et au début de l’année 2024, ont permis d’enregistrer cette légère amélioration.
Par ailleurs, le Forum civil exhorte le président de la République à clarifier l’origine du compte bancaire de 1 000 milliards de FCFA mentionné par le Premier ministre. Il plaide également en faveur de l’adoption de lois renforçant la transparence et la gouvernance vertueuse, telles que celles relatives à l’accès à l’information, à la protection des lanceurs d’alerte et à l’obligation de déclaration de patrimoine.
Pour rappel, l’Indice de Perception de la Corruption 2024 révèle que la corruption reste un problème majeur dans de nombreux pays à travers le monde. Cependant, des changements positifs sont observés dans plusieurs d’entre eux. L’IPC classe 180 pays en fonction du niveau perçu de corruption dans leur secteur public. Les scores sont attribués sur une échelle allant de 0 (très corrompu) à 100 (très intègre). La moyenne mondiale, stagnante depuis plusieurs années, s’établit à 43. Plus des deux tiers des pays affichent un score inférieur à 50, soulignant l’ampleur du défi à relever.
LES ETUDIANTS TOUJOURS SOUS LE CHOC APRÈS LE DÉCÈS MYSTÉRIEUX D'UN DES LEURS
La mort de Matar Diagne, de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dont le corps sans vie a été retrouvé dans sa chambre, dans la soirée du lundi 10 février 2025, a été sur toutes les lèvres au sein du campus social
L a mort de l’étudiant Matar Diagne, de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dont le corps sans vie a été retrouvé dans sa chambre, dans la soirée du lundi 10 février 2025, a été sur toutes les lèvres au sein du campus social, hier mardi, lendemain de cette découverte macabre. C’est d’ailleurs le principal sujet de discussion pour ces étudiants de Sanar qui se questionnent sur les circonstances réelles du décès de leur camarade. «Que s’est-il réellement passé ? Que lui est-il arrivé ? Pourquoi lui ?» Autant de questions que se posent ses camarades étudiants qui sont encore sous le choc.
A certains endroits du campus social, les ruelles sont presque désertes. Au niveau du village A où résidait le défunt étudiant, les vigiles filtrent les entrées. «Seuls les étudiants résidents ont le droit d’entrée», a laissé entendre l’agent de sécurité préposé à la porte. En effet, a-til indiqué, la Direction du Centre régional des œuvres universitaires de Saint-Louis (CROUS) a donné des instructions pour interdire l’accès à ce village A aux journalistes.
Croisé juste au portail de ce village, cet étudiant qui dit partager le même bloc G8 avec le défunt, confie : «J’ai aperçu des camarades étudiants qui courraient pour appeler les agents de sécurité. J’ai demandé à un voisin qui m’a dit ce qui s’est passé. Cela nous a bouleversé», a-t-il dit. «Personnellement, j’étais dans un état de choc car la journée d’hier (avant-hier, ndlr) était une très mauvaise journée pour moi. Je me suis réveillé avec deux avis de décès et la nuit, j’ai appris le décès de ce camarade étudiant. C’est vraiment écœurant», a laissé entendre un autre étudiant.
D’autres étudiants qui partagent aussi le même état d’esprit, craignent pour leur sécurité au sein de ce campus, avec les décès répétitifs d’étudiants. «Depuis plusieurs années, nous faisons face à un problème d’insécurité. Des étudiants meurent presque chaque année et, du coup, cela remet en cause la sécurité de l’étudiant et diminue aussi la performance de certains étudiants qui préfèrent rester dans les chambres pour étudier plutôt que de se rendre dans les Unités de formation et de recherches (UFR)», a-t-il expliqué.
Ils ont tous formulé des prières à l’endroit du défunt pour le repos de son âme.
LE SÉNÉGAL PERD SES SOIGNANTS
Avec seulement 0,69 médecin pour 10 000 habitants, bien loin des recommandations de l'OMS, le pays peine à retenir ses professionnels de santé face aux conditions de travail difficiles et aux salaires peu attractifs
Depuis plusieurs années, le Sénégal est confronté à un exode massif de ses professionnels de santé vers la France et d'autres pays européens. Ce phénomène, qui ne cesse de s’accentuer, pose un véritable problème de santé publique, menaçant l'équilibre déjà fragile du système médical national.
Il y a quelques jours, le licenciement du Dr Maïssa Ndao, médecin vacataire au centre de santé de Grand-Dakar, a exacerbé les tensions dans un secteur déjà en proie à des difficultés chroniques. Considérée comme arbitraire par ses collègues, cette décision a déclenché une vague de protestations et de menaces de grève, révélant au grand jour les maux qui rongent la profession médicale au Sénégal.
Le Dr Ndao a été licencié, après avoir osé demander une augmentation de salaire, selon certains de ses proches, alors que son supérieur hiérarchique a avancé qu’il avait critiqué la gestion financière du centre de santé lors d’une réunion de cogestion à laquelle il n’avait pas été officiellement convié. Le médecin-chef du centre, Dr Modou Ndiaye, justifie cette décision par une attitude jugée ‘’irrespectueuse’’ et une perturbation de la réunion. Cependant, pour les collègues du Dr Ndao, ce licenciement est symptomatique d’un système qui étouffe la liberté d’expression et méprise les professionnels de santé. ‘’Nous attendons la réponse du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes (Sames). S’il ne réagit pas, nous allons arrêter toute prestation dans les structures publiques’’, a déclaré El Hadj Babacar Ndoye, porte-parole du Mouvement des jeunes médecins du Sénégal, lors d’un point de presse.
Une profession en souffrance
Cette affaire a remis en lumière les conditions de travail difficiles des médecins sénégalais. Entre salaires insuffisants, plateau technique défaillant et recrutements au compte-gouttes, la profession se sent délaissée. Avec seulement 0,69 médecin pour 10 000 habitants, le Sénégal est loin des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise un médecin pour 5 000 à 10 000 habitants. S’y ajoutent le manque d'infrastructures, des salaires peu attractifs et des conditions de travail déplorables. Ils constituent les premières causes d’un exode noté. De nombreux médecins, infirmiers et spécialistes déplorent le manque de matériel adéquat et les longues heures de travail, souvent sans compensation financière suffisante.
Ainsi, la France, qui est le principal pays d’accueil des médecins sénégalais, profite de cette situation. Elle offre de meilleures opportunités : salaires plus élevés, meilleures conditions de travail et une reconnaissance professionnelle accrue. Chaque année, de nombreux jeunes médecins s’envolent vers l'Hexagone, après avoir réussi les concours de validation de diplômes étrangers.
Selon des sources hospitalières, certains services de santé français fonctionnent grâce à la présence massive de médecins issus d’Afrique francophone, notamment du Sénégal.
La contribution percutante du Dr Boubacar Signaté
Ces centaines de médecins qui quittent le pays pour l’Europe ou les États-Unis sont attirées par de meilleures conditions de travail et des rémunérations plus attractives. Cette fuite des cerveaux, déjà préoccupante, risque de s’aggraver, comme l’a souligné le docteur Boubacar Signaté, médecin urgentiste à Paris et figure respectée du secteur, dans une contribution virale largement partagée sur les réseaux sociaux.
Dans la foulée, il précise qu’avant, c’était les Maghrébins qui étaient en nombre. Ils le sont toujours, 3 000 candidats pour certaines spécialités, 2 000 pour d’autres, pour parfois moins de 100 postes ouverts. ‘’C’est la première fois, cette année, que j’ai vu beaucoup de médecins sénégalais se présenter en nombre et surtout être lauréats de ce concours. Certains déjà en France, mais, fait inédit cette année, d’autres sont venus directement du Sénégal concourir et être lauréats. Donc, ils vont s’y mettre de plus en plus et réussir le concours’’, alerte ce médecin urgentiste.
Dans ce contexte alarmant, le Dr Signaté, qui vit à Paris, a dressé un tableau sans concession de la situation. ‘’Si vous pensez qu’il y a une saignée, attendez-vous à une hémorragie massive’’, a-t-il averti. Il décrit en détail les mécanismes qui poussent les médecins sénégalais à partir, notamment vers la France, où ils peuvent obtenir une autorisation de plein exercice après avoir réussi un concours exigeant.
‘’En France, les médecins sénégalais sont accompagnés dans leurs démarches administratives, logés et bénéficient d’un cadre de travail moderne et respectueux. Ici, au Sénégal, nous sommes traités comme des citoyens de seconde zone’’, déplore-t-il.
Le médecin sous-entend aussi que les revenus des médecins au Sénégal sont si bas qu’il serait presque choquant de les mentionner. En comparaison, dans des pays comme la France, les médecins bénéficient de salaires nettement plus élevés, ce qui rend la situation sénégalaise d’autant plus difficile à accepter. Il suggère que les médecins sénégalais sont sous-payés, ce qui les pousse à chercher des opportunités à l’étranger. ‘’Je ne parlerai pas des revenus, ce serait indécent, ni des conditions de travail, ni de la protection sociale du travailleur et de sa famille, ni du cadre de vie, ni de la reconnaissance et du respect donnés au médecin. Il n’y a qu’au Sénégal qu’on ne sait pas qu’un médecin a plus de valeur que toutes les pièces précieuses réunies’’, ironise-t-il.
En outre, il pointe du doigt le retard sur le plan de la formation inadaptée aux exigences modernes. ‘’Nos universités, leurs programmes pédagogiques et leurs visions dans le domaine des sciences de l’éducation sont obsolètes. Les enseignants qui y officient dans leur majorité sont dépassés et totalement fermés à toutes velléités de réforme de l’espace universitaire. Les plus jeunes d'entre étant les pires sur ce point. Nos autorités étatiques sont sourdes, aveugles et muettes, à commencer par nos deux ministères de tutelle : de la Santé et de l’Enseignement supérieur’’, s'indigne-t-il.
Le Dr Signaté souligne également que cette fuite des cerveaux ne se limite pas à la France. Le Canada, la Belgique, le Luxembourg et la Suisse attirent également de nombreux professionnels de santé sénégalais. ‘’Ce que vous voyez aujourd’hui n’est qu’un petit saignement. Une hémorragie massive est en route’’, prévient-il. Les universités sénégalaises forment environ 1 000 médecins par an, mais l’État n’en recrute qu’une centaine pour les structures publiques. ‘’Nous ne pouvons pas absorber tout le flux de diplômés’’, explique le professeur Bara Ndiaye, doyen de la faculté de Médecine de l’Ucad.
Cette situation crée un cercle vicieux : les médecins, frustrés par le manque de perspectives, partent à l’étranger, laissant le système de santé sénégalais encore plus affaibli.
Une réforme urgente
Pour inverser la tendance, le Dr Signaté appelle à une refonte complète du système de santé et de l’enseignement médical. ‘’Il faut former une nouvelle génération de médecins qui restera au Sénégal. Celle-ci ne restera pas’’, a-t-il affirmé.
Face à cette situation, le gouvernement sénégalais tente d'apporter des réponses, mais celles-ci restent insuffisantes. La revalorisation des salaires, l'amélioration des infrastructures et la création de meilleures conditions de travail pourraient contribuer à retenir ces talents. Certains experts suggèrent également la mise en place d’accords bilatéraux avec les pays d’accueil afin de favoriser le retour de ces médecins après quelques années d’expérience à l’étranger.
En attendant, les menaces de grève se multiplient et le licenciement du Dr Ndao pourrait bien être l’étincelle qui déclenchera une crise majeure dans le secteur de la santé. Car son licenciement n’est pas une affaire isolée. C’est le symptôme d’un système de santé à bout de souffle, où les médecins se sentent méprisés et sous-estimés. Alors que la fuite des cerveaux s’accélère, le Sénégal doit agir rapidement pour éviter une catastrophe sanitaire.
En effet, le secteur de la santé est un pilier essentiel du développement d'un pays et l'exode de ses acteurs principaux met en péril la capacité de la nation à assurer des soins de qualité à sa population. La volonté politique et des investissements stratégiques seront nécessaires pour enrayer cette tendance et redonner espoir aux soignants qui aspirent à exercer dans leur propre pays.
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE MERCREDI 12 FEVRIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil
SONKO ET SON GOUVERNEMENT ATTENDUS DEVANT L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Cette séance, inscrite dans l’exercice du contrôle parlementaire, permettra aux députés d’interpeller l’exécutif sur des préoccupations nationales majeures.
Le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a annoncé la prochaine comparution du Premier ministre Ousmane Sonko et de son gouvernement devant les députés dans le cadre de l’exercice des questions au gouvernement. L’annonce a été faite ce mardi 11 février lors du vote des deux projets de loi sur la réglementation bancaire et la microfinance.
Cette séance s’inscrit dans le cadre du contrôle parlementaire, un exercice fondamental permettant aux députés d’interpeller l’exécutif sur les grandes orientations politiques ainsi que sur les préoccupations des citoyens. Selon El Malick Ndiaye, « nous travaillons activement sur le prochain passage du Premier ministre et de son gouvernement, qui se soumettront à l’exercice des questions au gouvernement ».
Cette annonce intervient dans un contexte où de nombreuses préoccupations nationales exigent des clarifications de la part du gouvernement. À cet effet, le député Guy Marius Sagna avait adressé, le 27 janvier dernier, plus d’une vingtaine de questions au gouvernement. Parmi les sujets abordés figurent le renouvellement du bureau exécutif national du Conseil national de la jeunesse du Sénégal (CNJS), la gestion des prêts DMC dont le remboursement a débuté sans que les fonds ne soient encore positionnés dans le département de Ziguinchor, le recrutement de 2 000 enseignants, l’absence de diplômes délivrés aux étudiants de l’ISEG depuis 2019, ainsi que la transparence dans la gestion des amendes payées par les boutiquiers.
Cette séance de questions au gouvernement est attendue avec un vif intérêt, tant du côté des parlementaires que de l’opinion publique, qui espère des réponses claires et précises sur des dossiers touchant directement la vie des citoyens. Elle marquera également un moment clé du dialogue entre l’exécutif et le législatif, illustrant l’importance du contrôle démocratique au sein des institutions de la République.
SIX POLICIERS CONDAMNÉS À TROIS ANS FERME
Reconnu coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, le groupe d’agents du commissariat de Pikine avait arrêté et violemment frappé Ameth Taya, décédé quelques jours plus tard.
Dakar – 11 fev (APS) – Les six agents de police impliqués dans la mort, en mars dernier, d’un jeune du nom de Mouhamed Diop dit Ameth Taya, ont écopé de trois ans de prison ferme et d’une amende de 50 millions de francs CFA, à titre de dommages et intérêts, ont rapporté plusieurs médias.
Le procureur du tribunal de Pikine-Guédiawaye a reconnu les prévenus coupables de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Les faits remontent au 19 mars 2024 après l’arrestation de Mouhamed Diop dit Ameth Taya par des policiers du commissariat de Pikine qui l’avaient tabassé.
La victime avait succombé à ses blessures, dans la nuit du 24 au 25 mars. Sa mort avait déclenché des manifestations de rue à Pikine.