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26 août 2025
par Seydoux Diouf et Antoine Tony Diatta
AUX ORIGINES DES CASSES ET DES INCENDIES
Nous invitons donc le ministre de l’enseignement supérieur et les autorités universitaires à dissoudre le MEER national, principale menace de la paix et la tranquillité des étudiants et toutes les autres entités politiques présentes à l’université
Seydoux Diouf et Antoine Tony Diatta |
Publication 11/06/2023
Tout d’abord, il convient pour nous de nous incliner devant tous ces morts annoncés depuis le début de ces évènements tristes et dramatiques et de compatir à la douleur de leurs familles respectives. Nous présentons aussi nos sincères condoléances à toute la nation sénégalaise qui a perdu une vingtaine de ses fils en seulement trois jours. Nous sommes convaincus que ces derniers n’ont commis qu'un seul tort : combattre l’injustice au prix de leur vie. Que leur combat ne soit pas vain !
Certes, le combat contre l’injustice est un devoir pour tout citoyen libre d’esprit mais il ne doit pas être un prétexte pour mettre à genoux un symbole comme l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour parler comme le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Ce qui s’est passé jeudi dernier à l’ucad est innommable et insupportable pour tout pensionnaire de ce temple du savoir. Au campus social, des véhicules de particuliers et des bus pour le personnel ont été tous incendiés. Les bureaux du Coud et les restaurants n’ont pas été épargnés. Ils ont tous été saccagés puis brûlés. Le campus, jadis si bon à vivre et si beau à voir, est devenu depuis ce jeudi-là invivable et triste à voir. Et c’est aussi pareil pour le campus pédagogique où des bureaux, des amphithéâtres et des véhicules ont été saccagés et incendiés. La faculté de Droit a vu son chapiteau de 1500 places réduit en cendres. Quelle triste image ! Ce qui est sûr, c’est que l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, récemment classée première en Afrique francophone, ne s’en remettra pas vite.
Et cela, tout le monde le sait tout comme on sait aussi qui est aux origines de ces casses et de ces incendies. Nous sommes nombreux à accuser à tort les étudiants membres du Parti Pastef-Les Patriotes mais nous pouvons vous dire avec certitude que ces gens-là peuvent être parmi les casseurs et les saccageurs mais ils sont loin d’être ceux qui ont commencé cette
série de casses et d’incendies. Si vraiment les autorités universitaires cherchent à savoir qui sont les premiers, ils n’ont qu’à mener des enquêtes au sein du MEER National. Tous les
étudiants qui étaient dans le campus social ce jour-là ont vu, dès l’annonce du verdict, des hommes armés de coupe-coupes, de haches, de couteaux et d’autres objets blessants, se balader dans le campus. Et ce, sous le regard et le silence des agents de sécurité du Coud. Pourquoi ces derniers n’ont pas réagi comme ils l’auraient fait avec les étudiants “légitimes” ?
Eh oui, “légitimes” parce qu’au moins, ils se sont régulièrement inscrits dans une faculté, suivent leurs cours au quotidien et dorment même au campus toutes les nuits. Contrairement aux membres du MEER National dont la plupart d’entre eux ont cartouché de l’université mais y mènent toujours des activités illégales troublant ainsi la paix et la tranquillité qui doivent
régner dans cet espace-là. Ce groupuscule d’hommes, soutenu par de hautes autorités de la république, est à l’origine de toutes les violences constatées à l'université ces derniers mois. Ce sont des gens qui n’ont point la carrure d’étudiant. Ce sont les boucliers de ces autorités que nous venons de citer. Et cela leur confère le droit d’accéder librement au campus, d’y loger et d’y mener des activités malgré qu’ils ont perdu leur statut d’étudiant.
Il y a de cela quelques mois les services de sécurité du Coud avaient procédé à une fouille générale des pavillons et les sénégalais étaient très étonnés du nombre de machettes qui a été retrouvé dans les chambres des étudiants dont la plupart sont du MEER National. Pourtant, le port d’armes est formellement interdit au sein du campus social de l’université. Pourquoi alors n’y a-t-il pas de poursuites judiciaires contre ces gens-là dont des armes blanches ont été retrouvées dans leurs chambres ? Ah, nous oublions même que nous sommes au Sénégal où la loi est faite pour ceux qui la respectent et non pour ceux qui la violent. Hélas ! Que chacun pense ce qu’il veut mais les récents évènements nous permettent d’avoir une idée des origines des violences au sein de l’espace universitaire.
Pour ces évènements-là, les membres du MEER National étaient les premiers à sortir avec des machettes. Ils étaient là, devant le pavillon B, en train de se préparer depuis presque toute la matinée. Et dès l’annonce du verdict condamnant le président Ousmane Sonko, un groupe d’étudiants a voulu rejoindre la grande porte pour manifester son désaccord, comme cela se fait à chaque fois qu’il y a des manifestations. Mais ils ont été contraints de sortir par des hommes armés du MEER national qui menaçaient de tuer tout étudiant qui tenterait de hausser le ton. Et c’est là qu’ont commencé les arontements violents jusqu’à ce que les membres du MEER national, dominés, aient pris la fuite et les autres ont pris d’assaut la salle télé. Qui sont-ils pour menacer des gens qui ne voulaient que manifester pacifiquement contre la condamnation de leur leader ?
Ce qui est sûr, c’est que si ces gens-là n’avaient pas empêché aux étudiants de rejoindre la grande porte, il n’y aurait pas tous ces dégâts à l’université. Les manifestants allaient tout simplement sortir du campus social et bloquer la circulation ou rejoindre le domicile de leur leader, à Cité Keur Gorgui. Dommage qu’à cause d’un groupe d’individus dont la seule légitimité est d‘être des faiseurs de sales boulots de quelques autorités de la république, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’une des plus vieilles universités d’Afrique et les plus performants pour avoir formé au moins quatre chefs d’Etats, a été vandalisée et mise au chaos par des non étudiants. Nous insistons là-dessus : ceux qui ont saccagé l’université ne sont pas des étudiants. Combien de fois, les étudiants ont manifesté leur colère sans jamais saccager de bureaux ni brûler d’amphithéâtres ou de voitures de qui que ce soit ? Combien de fois les étudiants ont manifesté sans que les cours ne soient suspendus ? Combien de fois les étudiants ont manifesté sans causer autant de dégâts matériels ? On peut tout dire aux étudiants de l’Ucad mais ils ne sont pas inconscients à ce point.
Nous invitons donc le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et les autorités universitaires, notamment le recteur, les doyens de facultés et le directeur du
Coud à d'abord dissoudre le MEER national, principale menace de la paix et la tranquillité des étudiants et toutes les autres entités politiques présentes à l’université, ensuite interdire toute activité de nature politique dans tout l’espace universitaire et enfin identifier et prendre des mesures coercitives à l’encontre des casseurs et des saccageurs pour protéger notre université. Car elle est notre patrimoine, nous petits-fils de Cheikh Anta Diop.
Seydoux Diouf est étudiant en Science Politique à l’UCAD
Tony Diatta est étudiant en Droit à l’UCAD
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SI LE MÉTIER DE PARENT VOUS ÉTAIT CONTÉ...
Pourquoi les intellectuels sont de piètres parents?Quels effets produisent les propos négatifs sur l’enfant? Pourquoi être parent est un métier à plein temps et à part entière ? Réponses de M. Giroux, spécialiste en psychologie cognitive
Métier à part entière, contrairement à ce que l'on peut penser, on n'est pas forcément parent parce qu'on est père ou mère. En revanche, on peut bel et bien être un vrai parent, compétent, sans jamais avoir été papa ou maman parce qu’être parent nécessite des compétences en la matière, au risque de détruire l’enfant qu’on prétend éduquer.
Dans cet entretien exclusif, Ibrahima Giroux, Docteur en psychologie, il explique ce que c’est qu’éduquer et les erreurs à éviter absolument dans cet exercice ô combien délicat.
Être père ou mère, c’est juste biologique. Par contre, être parent, c’est une compétence à acquérir que ce soit par une initiation traditionnelle ou dans des structures mise en place par l'Etat.
En effet, l’éducation censée préparer l’enfant, puis le futur adulte à la vie, peut parfois se révéler être un drame absolu au point de compromettre son épaississement, sa réussite professionnelle et sociale.
Exercice a priori anodin, le père ou la mère peut souvent manquer de réelles compétences pour être un bon parent, un éducateur. Cela pour engendrer de graves conséquences comme des violences physiques ou psychologiques, des brimades, de l’humiliation, des paroles malfaisantes et destructrices lors de l'éducation.
Le constat étonnant que fait Dr Ibrahima Giroux, spécialiste en psychologie cognitive et chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis dans la même discipline, les parents d’aujourd’hui semblent moins compétents comme éducateurs en dépit de leurs gros diplômes qui leur pèsent sur les épaules.
Nous lui avons posé des questions sur cette problématique. Vous y trouverez des conseils pratiques pour être un bon parent et pas un parent inconsciemment maltraitant, violent ou malfaisant.
Quelle place occupe la communication dans le processus de l’éducation de l’enfant ? Quels sont les problèmes auxquels sont exposés les enfants éduqués par un certain type de parents ? Les parents d’hier, sont-ils des piètres éducateurs ? Est-on meilleur éducateur parce qu’instruit, voire très instruit ? Y a-t-il un art d’éduquer convenablement ? Comment expliquer que les parents d'hier soient meilleurs que ceux d'aujourd'hui ?
Entretien avec le Dr Ibrahima GIROUX (première partie).
NB : les images illustrant cette vidéo sont celles de la série éducative intitulée « Parents, mode d’emploi » diffusé tous les soirs sur TV5
TOUT SUR LE DIALOGUE NATIONAL
La méthodologie pour la définition de Termes De Référence porte la marque d’une approche inclusive, empreinte d’esprit d’ouverture et de sens de l’écoute
Le Dialogue national convoqué par le Président de la République en 2019 a été organisé à l’issue de l’élection présidentielle alors que celui de 2023 est organisé à huit mois de la présidentielle de février 2024. En plus, le contexte actuel présente des tensions et crispations inédites, avec une large toile de fond post-covid et les multiples foyers de conflits à l’échelle internationale, dont l’exacerbation a atteint un pic avec la guerre russo-ukrainienne, qui masque mal la remise en question en cours des équilibres mondiaux.
Au Sénégal, les rivalités inhérentes à l’espace politique se perçoivent également à la lumière de l’entrée imminente de notre pays dans l’économie pétrolière et gazière, avec toutes les conséquences en termes de convoitises et de menaces sur la paix, la stabilité et le développement concerté.
Les formes de contestation observées au début de ce mois de juin n’ont pas d’antécédents dans l’histoire politique du Sénégal, dont le modèle démocratique a été souvent célébré sur la scène internationale.
Suite à un procès et à une décision de justice, la tournure des évènements est assimilable au terrorisme, eu égard à la variété des points sensibles ciblés. Il est aisé d’appréhender les objectifs des auteurs de ces actes particulièrement violents, avec leurs lots de morts, de blessés graves et de destructions délibérées d’infrastructures vitales, y compris dans les temples du savoir. Au – delà du régime en place, il est évident que ce sont les intérêts stratégiques du Sénégal qui ont été pris pour cibles ainsi que les éléments constitutifs de la République et de la Nation.
Ces meurtrissures encore béantes ont provoqué l’indignation et la condamnation unanime des patriotes et ont également mis en exergue le désir de préservation de la paix civile et de nos acquis démocratiques, désir largement partagé par l’écrasante majorité des Sénégalais.
C’est précisément ce tableau sommaire mais précis qui fonde l’appel au dialogue du Chef de l’Etat, Son Excellence le Président Macky Sall, appel qui, du reste, a précédé ces évènements déplorables.
La cérémonie d’ouverture qui s’est déroulée le 31 mai 2023 au Palais de la République a vu la participation des forces vives de la Nation : Partis politiques, Syndicats, Secteur informel, Patronat, Organisations d’agriculteurs, de pêcheurs et de pasteurs, Chefs religieux, Chefs coutumiers, Société civile, Acteurs culturels, Organisations féminines, Organisations de jeunes.
La méthodologie pour la définition de Termes De Référence porte la marque d’une approche inclusive, empreinte d’esprit d’ouverture et de sens de l’écoute.
Dans son allocution, le Président de la République a ouvert des pistes, en donnant des éléments de Termes De Référence qui ont été complétés, séance tenante, par des représentants des parties prenantes. En plus, Monsieur Moustapha Niasse, Coordonnateur du Dialogue national, Haut Représentant du Président de la République, a encouragé les participants au Dialogue à formuler des propositions écrites qui ont été intégrées dans le projet de Termes De Référence. Par ailleurs, il a été tenu compte des TDR du Dialogue de 2019.
C’est ainsi qu’il est possible de proposer des TDR articulés autour des objectifs généraux, des objectifs spécifiques, des résultats attendus, du format et de l’organisation du Dialogue et, enfin, de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation des recommandations consensuelles.
TERMES DE REFERENCE
Objectifs généraux
Le Dialogue revêt un caractère national. Il est à la fois un instrument d’analyse, aux fins d’un diagnostic précis, et un outil de préservation, de consolidation et de promotion de notre modèle démocratique et de notre commun vouloir de vie commune, au sein d’un espace géographique animé par des hommes et des femmes décidés à s’y mouvoir solidairement, dans le strict respect des Lois et Règlements de la République.
A cet égard, il convient de traiter la situation liée à l’actualité brûlante, tout en se projetant sur le moyen et le long terme, au – delà des échéances électorales, avec pour boussole essentielle les intérêts supérieurs de notre pays, qui doit impérativement rester dans le sillon de la paix et de la stabilité. Pour ce faire, il est souhaitable que l’institutionnalisation du Dialogue soit effective, dans la permanence et dans la durée.
En ce qui concerne les urgences, la participation remarquée de certains acteurs doit amener toutes les parties prenantes à intégrer la nécessité d’encourager des consensus liés au caractère inclusif de l’élection présidentielle à venir.
L’apaisement perçu comme une demande sociale largement partagée, implique la mise en œuvre des consensus déjà scellés entre 2019 et 2021. Le fait de poser ces actes créerait une dynamique à même de puiser dans nos racines, pour porter et promouvoir les valeurs de civilisation qui ont servi de référentiel à des générations de sénégalais, avant même la période des Indépendances.
Objectifs spécifiques
1. la consolidation des acquis démocratiques, en œuvrant pour de nouveaux consensus, autour des réformes institutionnels, du Code électoral, du processus électoral, des droits civiques et politiques ;
2. l’Autorité en charge des Elections ;
3. le bulletin unique ;
4. la caution ;
5. le rôle et la place de la justice dans le processus électoral ;
6. l’évaluation de la CENA et du CNRA ;
7. le contrôle du fichier électoral ;
8. la réforme du parrainage aux élections nationales ;
9. les candidatures à l’élection présidentielle ;
10. le cumul de la fonction de Chef de l’Etat et celle de chef de parti ;
11. le réexamen du cumul des postes ;
12. la rationalisation des partis politiques ;
13. le financement des partis politiques ;
14. l’encadrement des dépenses liées aux campagnes électorales ;
15. le mode de désignation du Chef de l’Opposition ;
16. la rationalisation du calendrier électoral ;
17. l’état civil au Sénégal ;
18. les libertés publiques et la responsabilité ;
19. la communication et les réseaux sociaux ;
20. la paix et la sécurité, le Sénégal dans un monde où les données liées à l’équilibre des forces évolue ; nécessité de faire face solidairement aux rivalités géostratégiques, au terrorisme sous toutes ses formes et à toutes les menaces inhérentes au nouveau profil de notre pays ;
21. les nécessaires convergences sur les éléments constitutifs du ciment de la République, de la Nation et de notre modèle démocratique ;
22. la justice : l’égalité devant la justice et l’indépendance des magistrats sont des thèmes très agités. Il convient de renforcer le système judiciaire, l’accès à la justice pour tous les citoyens, et d’améliorer la perception que les populations ont de la justice;
23. l’éducation : pour une école performante, adaptée à nos ambitions économiques et sociales, promotion des valeurs et de l’instruction civique, modernisation des Daaras, protection des enfants ;
24. la culture : promotion des industries culturelles, protection sociale des acteurs de la culture, distribution et promotion des produits culturels ;
25. l’artisanat ;
26. les activités liées au transport et à l’automobile ;
27. la santé : renforcer la carte sanitaire, les infrastructures, la formation des personnels de santé, modernisation des équipements, amélioration de la politique pharmaceutique et vaccinale, traiter les impératifs de souveraineté ;
28. la jeunesse : l’emploi (évaluation des politiques publiques ciblant la jeunesse, la microfinance) ; l’employabilité et les formations adaptées ;
29. le sport : étendre la politique infrastructurelle au Sénégal des profondeurs ;
30. le phénomène migratoire ;
31. la diaspora : recueil et propositions de traitement de ses préoccupations ;
32. la conjoncture économique et les facteurs exogènes ;
33. le soutien au secteur privé ;
34. le soutien au secteur informel ;
35. le développement du monde rural : le foncier, l’agriculture et l’élevage : traiter les facteurs de conflits ;
36. la pêche : exploitation rationnelle des ressources halieutiques, traiter les conflits entre la pêche industrielle et la pêche artisanale et les conflits entre communautés de pêcheurs ;
37. l’exploitation des ressources gazières et pétrolières : gestion concertée et transparente (COS-Pétrogaz), affectation de ces ressources à des priorités définies consensuellement, études de cas dans le Tiers-Monde pour l’optimisation de l’exploitation et la jugulation des menaces ;
38. le secteur extractif : l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) ;
39. l’écologie et le cadre de vie : les enjeux du changement climatique, introduction de modules de formation écocitoyenne dans notre système scolaire ;
40. la nécessité de donner corps au contenu local ;
41. la gouvernance transparente et inclusive ;
42. la redevabilité (le dernier rapport de la Cour des Comptes) ;
43. le coût de la vie, le soutien aux ménages et aux Entreprises ;
44. la politique fiscale ;
45. l’optimisation de la dépense publique ;
46. la modernisation de l’Administration, au service du développement et du public ;
47. la décentralisation, l’équité territoriale et la territorialisation des politiques publiques ; revoir les textes facteurs de contraintes.
Cette liste des éléments de TDR n’est pas fermée. C’est pour respecter l’esprit d’ouverture, tel qu’il apparaît dans l’allocution du Chef de l’Etat, lors de la cérémonie d’ouverture du 31 mai 2023.
RESULTATS ATTENDUS
Les discussions autour du système électoral et du processus électoral devraient conduire à l’apaisement et à l’instauration d’un climat de paix et de concorde nationale. Les canaux permanents de la médiation politique sont mis en place, avec l’implication des acteurs étatiques et tous les régulateurs sociaux.
La concertation préalable aux décisions impliquant des communautés données évitera les facteurs de conflits entre les investisseurs étrangers ou nationaux et les populations.
L’Etat aura affiné un mécanisme huilé et éprouvé d’arbitrage, à la satisfaction de tous les acteurs concernés. La promotion de l’activité économique est effective, avec comme conséquences une croissance inclusive, au service des populations, notamment des plus démunis.
Les réformes juridiques et institutionnelles renforceront la gouvernance responsable, transparente et démocratique.
FORMAT ET ORGANISATION
Il est possible de fixer le cadre normatif en adaptant aux nouvelles données le décret n°2019-1106 du 3 juillet 2019 portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité de pilotage du Dialogue national.
Les TDR pourront être validés par les parties prenantes, lors d’une séance plénière allégée, mais représentative des différentes parties prenantes.
Les 9 Commissions suivantes, inspirées du dialogue de 2019, sont proposées :
1. Commission politique ;
2. Commission économique et social ;
3. Commission Paix et Sécurité ;
4. Commission Ressources naturelles ;
5. Commission Environnement et cadre de vie ;
6. Commission Modernisation de l’Etat et lutte contre la corruption ;
7. Commission décentralisation et territorialisation des politiques publiques ;
8. Commission Culture, Arts, Jeunesse et Sport (nouvelle création) ;
9. Commission de Synthèse (membres du bureau du Comité de pilotage, 3 Vice – présidents).
Les nouvelles parties prenantes qui n’appartiennent à aucun des pôles seront représentées, autant que possible, dans le Comité de pilotage et dans les Commissions.
Le rapport définitif des Commissions sera adopté en séance plénière. Une séance de clôture sera organisée sous la présidence du Chef de l’Etat ou de son représentant.
Un Comité est proposé pour le suivi et l’évaluation des recommandations consensus issues du Dialogue national. Il pourrait être dénommé, Comité de Suivi et d’Evaluation.
LA DIASPORA MANIFESTE CONTRE MACKY SALL
Plus d'une centaine de membres de la communauté sénégalaise en France ont manifesté samedi à Paris aux cris de "Macky Sall, dégage!", et pour dénoncer les violences politiques meurtrières survenues dans leur pays début juin
"Le peuple en a marre!", "Non à un troisième mandat de Macky Sall!", l'actuel président, ont crié les manifestants, partisans de l'opposant Ousmane Sonko, dont la condamnation à deux ans de prison dans une affaire de moeurs a déclenché les pires troubles au Sénégal depuis des années. Le pays a été en proie du 1er au 3 juin à des violences, à Dakar et dans plusieurs autres villes, qui ont fait au moins 23 morts selon Amnesty International.
"Ousmane Sonko tu es notre héros!" pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants parisiens brandissant des drapeaux sénégalais. "Le Sénégal est devenu une dictature, des gens sont tués, emprisonnés, ce n'est pas normal", a déclaré à l'AFP Mustapha Sar, membre du Pastef, le parti d'Ousmane Sonko.
Le président Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, entretient le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat en 2024. En l'état actuel, M. Sonko, personnalité populaire dans la jeunesse et les milieux défavorisés, ne peut plus se présenter à la présidentielle. Il crie au complot destiné à l'éliminer politiquement.
Quelque 160.000 Sénégalais vivent en France, selon les chiffres de l'OCDE.
L’UCAD DEBARRASSEE DES EPAVES DE VEHICULES CALCINES
Suite aux violentes manifestations notées à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 1er juin, le Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, a procédé, hier, à une opération d’enlèvement des véhicules calcinés au sein du campus.
Suite aux violentes manifestations notées à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 1er juin, le Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, a procédé, hier, à une opération d’enlèvement des véhicules calcinés au sein du campus. Elle vise à aider les autorités universitaires à remettre à niveau le cadre de vie dans ce temple du savoir.
Selon le chef d’escadron Abdourakhmane Pam, Directeur de la lutte contre les encombrements, au Ministère de l’Urbanisme, cette action s’inscrit dans la dynamique de déplacer les véhicules calcinés dont une cinquantaine ont été enregistrés dans toute l’université.
« Cela va permettre de lever très tôt les stigmates constatés lors des incendies et permettre à l’Ucad de retrouver son lustre d’antan. Cette opération va concerner le Coud, la Faseg, le Cesti, entre autres », a-t-il fait savoir.
De son côté, Emmanuel Sène, chef du département de l’environnement du Coud, a souligné que l’Ucad a vécu une situation très déplorable à condamner vigoureusement. « L’ensemble de nos bus qui servaient de transport pour le personnel, dont une dizaine (Coud) ont été incendiés. Les gens peuvent manifester, mais pas à ce niveau. L’université nous appartient et elle sert le Sénégal », a-t-il indiqué.
Il a relevé qu’il faudra tout faire pour renforcer la sécurité de l’université.
VOUS ÊTES LA GÉNÉRATION CAPABLE DE FAIRE REVENIR LE MONDE À LA RAISON
Makhtar Diop récipiendaire du doctorat honorifique de la Faculté des Sciences Sociales de l'Université d'Ottawa, dédie un discours inspirant à la jeunesse
SenePlus publie ci-dessous, le discours prononcé par Makhtard Diop à l'occasion de la réception de son doctorat honorifique de la Faculté des Sciences Sociales de l'Université d'Ottawa.
« C'est un immense privilège pour moi d'être ici pour recevoir ce doctorat honorifique de la Faculté des Sciences Sociales de l'Université d'Ottawa, une institution résolument ouverte sur le monde et œuvrant pour une solidarité agissante.
C’est cette université, symbole du multiculturalisme et du bilinguisme, qui a nommé Claudette Commanda première chancelière autochtone et mis en place un plan d'action ambitieux pour soutenir les minorités notamment les communautés autochtones.
Votre faculté a une mission louable, elle accorde une importance toute particulière au développement durable, à l'inclusion sociale, à l'équité et aux droits humains. Sa noble devise : « un monde d'idées pour changer le monde » illustre bien sa vocation qui est celle de réfléchir et trouver des solutions aux nombreux défis auxquels le monde actuel est confronté.
Adolescent, je souhaitais être philosophe, chercheur en mathématiques pures, musicien de renom ou alors sportif de très haut niveau, car tous contribuaient à mes yeux à transformer notre monde. J'ai finalement étudié la finance et l'économie et fais le choix d’une carrière dans le développement international. Mon objectif ultime a toujours été d'avoir un impact positif sur la vie des autres. Chacun de nous a la capacite de contribuer à un monde meilleur. L'essentiel est d’être engage, de toujours donner le meilleur de soi, d’être a l’écoute de l’autre, et de vivre son rêve. J’ai également compris au fil des années qu’une vie accomplie s’enrichit d’expériences diverses. La musique, le sport et l’intérêt pour les sciences continuent à occuper une place prépondérante dans mon quotidien.
Je suis le fruit d’une tradition familiale ancrée dans notre culture de St-Louis du Sénégal. Mes parents m'ont inculqué le sens du devoir. Mon père, Maître Fadilou Diop, ‘’Un homme Juste’’ comme le décrit son biographe, l’auteur Elgas, faisait partie de la première génération d'avocats africains défendant les droits de l'homme et des opprimés.
Ma mère, Aïchatou Sar, féministe pionnière, a présidé l'Union des Femmes du Sénégal à seulement 23 ans. Tous deux avec humilité et abnégation portaient en bandoulière leur engagement pour l’indépendance d’abord et ensuite la démocratie sur le continent. Lorsqu’en avril 2000, je suis devenu le plus jeune ministre de l'économie et des finances de l'histoire de mon pays, ma mère m'a dit : « J'espère que cela ne te montera pas à la tête ». Mes frères et sœurs, taquins et exigeants à mon endroit, n’hésitaient pas à me souligner toute imperfection et insuffisance ou nécessaires améliorations dans mes actions de tous les jours. Ils me rappelaient si besoin était que j'étais avant tout un citoyen ordinaire dont la mission était d'améliorer la vie du peuple sénégalais. Je leur en suis infiniment reconnaissant.
Je dédie cette distinction à mes parents.
Jeunes diplômés : vous faites votre entrée sur le marché du travail dans un monde incertain, dans un contexte de crises multiples et complexes. Vous serez les acteurs de cette transformation si attendue. Plus que jamais songez à l’impact que vous pouvez avoir sur les autres, sur vos communautés, sur vos proches, sur le monde.
Vous êtes la génération capable de faire revenir le monde à la raison. Vous êtes la génération qui contribuera à façonner une intelligence artificielle éthique. Vous êtes la génération « net zéro », celle de la transition énergétique. Vous êtes la génération qui contribuera à créer un monde, plus vert, plus résilient et plus inclusif. Surtout, conservez cette soif d’apprendre, non seulement à travers vos lectures, mais également en étant attentif à ce qui vous entoure. Contemplez les richesses et beautés de notre monde non seulement avec les yeux mais aussi avec la tête et le cœur.
J’emprunterai cette citation au musicien Victor Wooten: “What does the world need? What the world needs is good people. What the world needs is you”.
Merci à tous !”
DES MILLIERS DE TRAVAUX ÉTUDIANTS BRÛLÉS LORS DES TROUBLES
Dossiers scolaires d’étudiants (fiches d’inscription, photos, extraits de naissance, bulletins de notes, etc), mémoires, thèses...Des milliers de documents sont partis en fumée lors des épisodes de violences de ces derniers jours à l'université
Il ne reste que quelques bouts de l’extrait de naissance de Lamine D., né en 1966 et ancien étudiant de la Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).
Le reste du document, et tous les autres qui attestent de son passage à l’université, ont été emportés par l'incendie volontaire qui a dévasté le bâtiment des archives de la faculté la semaine passée.
L'université a été l'un des principaux foyers des troubles qui ont secoué le pays après la condamnation à deux ans de prison de l'opposant Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs le 1er juin. Cette peine pourrait l'éliminer de la présidentielle de 2024. Il y a eu au moins 16 morts, et même 23 selon Amnesty International.
Lorsque le verdict est tombé, des jeunes encagoulés munis de cocktails Molotov ont mis le feu aux archives de la faculté.
La thèse de plus de 600 pages de Bakary D., ancien étudiant en sociologie, fruit en 2006 de plusieurs années de travail, est presque totalement consumée. Seule la page de garde et quelques feuilles sont encore lisibles.
L'AFP a préservé l'anonymat des personnes à la demande du chef des archives.
La thèse de Bakary D. se trouvait jeudi, veille de la Journée mondiale des archives, parmi des archives partiellement calcinées qui jonchaient le grand hall et les alentours d'un bâtiment de la faculté, dégageant une odeur de brûlé. Quelques feuilles y voltigeaient encore sous l'effet d'un vent léger.
Selon le chef des archives, Lamine Diabaye, près de 200.000 archives courant de 1957 avant l'Indépendance à 2010 ont été touchées par les flammes.
Il a fallu des brouettes, des chariots, et trois jours de travail pour sortir le tout de la vaste salle des archives, complètement noircie, raconte Abdourahmane Kounta, conservateur et archiviste à la faculté.
"Cet acte ignoble et inconscient va impacter toute une génération de parcours académiques. C’est tout un pan de l’histoire de l’université qui a été brûlé", regrette-t-il, entre colère et désolation.
Signal d'alerte
Ces archives sont principalement des dossiers scolaires d’étudiants (fiches d’inscription, photos, extraits de naissance, bulletins de notes etc), des mémoires, des thèses. L’ensemble permet de retracer le passage d’un étudiant, et de lui délivrer son diplôme s'il ne l'a pas encore retiré ou de l'authentifier à la demande d'un employeur par exemple.
Beaucoup d’anciens étudiants seront "lésés", explique M. Kounta, parce qu'il "sera impossible d’authentifier leurs diplômes".
Des documents du personnel, enseignants, chercheurs, administratifs ont aussi été brûlés.
A côté du parterre de documents, une trentaine d’étudiants de l’École de bibliothécaires, archivistes et documentalistes s'affairent. Ils se sont portés volontaires pour reconstituer ce qui peut l’être.
Un travail de fourmi les attend dans les jours à venir. Il faudra trier, reclasser, conditionner le tout, énumère Souleymane Diallo, un des volontaires. Une besogne "fastidieuse", "complexe" et qui exige beaucoup de "minutie et de précaution pour ne pas abîmer davantage les documents", explique Lamine Diabaye, qui ne sait pas quand cette reconstitution prendra fin.
Ces destructions remettent en lumière la question de la conservation des archives, peu débattue au Sénégal. Des indépendances à aujourd’hui, le pays n’a jamais disposé d’un édifice national pour la conservation de ses archives, décrets, arrêts, lois, journaux, admet la directrice des Archives nationales, Fatoumata Diarra.
La structure conserve dans des "conditions difficiles" près de 20 kilomètres linéaires de documents aux feuilles complètement jaunies et usées par le temps sur de hautes étagères dans une location du centre de Dakar, dit-elle. La plus ancienne pièce date de 1672.
"Le cas de l’université doit être une alerte pour les autorités pour qu’elles s’occupent définitivement de la conservation de ce patrimoine national", avertit-elle.
Le Sénégal accuse un grand retard sur la numérisation de ses archives, malgré le lancement en 2021 d’un grand projet visant à numériser 15 millions d'actes d’état civil pour un coût de 18 milliards de francs CFA (environ 27,5 millions d'euros).
La faute à un manque de volonté politique, estime Issa Sy, expert en numérisation. Pour lui, le Sénégal a les compétences et l'expérience nécessaires, "mais le Sénégalais est généralement négligent sur la conservation de ses papiers".
PAR Jean-Baptiste Placca
DE L'IMAGE DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
Ce qui arrive actuellement aux Sénégalais rappelle les désillusions de peuples qui se nourrissent de slogans tirés de la bravoure de lointains prédécesseurs, sans être toujours eux-mêmes à la hauteur des sacrifices de leurs glorieux devanciers
Alors que la tension semble retomber, à Dakar et ailleurs dans le pays, l’opinion africaine s’interroge, plus que jamais, sur ce que les manifestations meurtrières de ce mois de juin disent de la démocratie, au Sénégal. Ce pays est-il encore une des démocraties les plus crédibles du continent ?
Ce qui arrive actuellement aux Sénégalais rappelle les désillusions de peuples qui se nourrissent de slogans tirés de la bravoure de lointains prédécesseurs, sans être toujours eux-mêmes à la hauteur des sacrifices de leurs glorieux devanciers : « berceau de la démocratie », « pays des droits de l’homme », etc.
Du milieu des années 60 à la fin de la décennie 80, le Sénégal a prospéré sur une réputation de paradis démocratique, en raison, essentiellement, de la prédominance du parti unique dans la plupart des Etats africains. Mais, du point de vue des facteurs qui concourent à la consistance d’une démocratie, le Cap-Vert voisin supplante, littéralement, le modèle tant vanté du Sénégal, dont l’image de champion de la démocratie en Afrique francophone revêt un désespérant côté cyclique.
Les grands moments de cette démocratie se résument, en réalité, à deux dates, que nombre de peuples d’Afrique francophone envieraient, certes, aux Sénégalais, mais, ils demeurent insuffisants. Le premier a été la reconnaissance, le 20 mars 2000, de sa défaite par le président Abdou Diouf, marquant la première alternance, avec l’arrivée au pouvoir de l’opposant historique, Abdoulaye Wade, qui aura, deux décennies durant, vécu plus de persécutions, de condamnations et d’emprisonnements que n'en connaîtra sans doute jamais Ousmane Sonko.
Les deux mandats d’Abdoulaye Wade seront marqués par un relatif ronronnement de cette démocratie, et quelques épisodes peu glorieux, faits de persécutions et d’emprisonnements d’opposants, mais aussi d’alliés ou de partisans peu dociles, ou suspectés d’ambitions présidentielles. Ainsi d’Idrissa Seck, que l’on a entendu, au micro de Christophe Boisbouvier, ce jeudi. Même Macky Sall sera brutalement destitué du perchoir, pour crime de lèse-héritier. Douze années durant, cette démocratie ira, se banalisant, jusqu’à ce que Abdoulaye Wade, subitement, lui redonne du lustre, en reconnaissant sa défaite, face à Macky Sall, le 25 mars 2012.
LA DIASPORA BÉNINOISE EN SOUTIEN AU PEUPLE SÉNÉGALAIS
Les organisations signataires exigent également l'identification et la punition de toutes les forces policières, militaires et autres nervis responsables d'arrestations extrajudiciaires et de la mort de citoyens
La diaspora béninoise s'engage en faveur de la démocratie au Sénégal, où la jeunesse a pris d'assaut les rues pour exiger la fin des dérives autoritaires et l'instrumentalisation de la justice par le président Macky Sall. Dans une déclaration commune datée du 7 juin 2023, le Comité Culturel pour la Démocratie au Bénin (CCDB), la coordination de la Résistance béninoise dans la diaspora – Canal historique (CG/RBD-CH) et le Rassemblement de la diaspora béninoise pour la Souveraineté (RDBS) - expriment leur solidarité avec le peuple sénégalais et leur soutien à ses luttes pour la démocratie et la souveraineté.
La déclaration condamne les dérives autoritaires du président Macky Sall, qui a utilisé la justice pour condamner le principal opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison. Les organisations signataires dénoncent également la répression violente contre les manifestants, qui ont été la cible de la police et de l'armée sénégalaises. Cette répression a déjà fait plusieurs dizaines de morts, principalement des jeunes, des centaines de blessés et la coupure des canaux de communication, y compris Internet et les réseaux sociaux.
La déclaration appelle à l'arrêt immédiat de la répression contre les manifestants et à l'écoute de la voix du peuple sénégalais souverain, ainsi qu'à la fin de toutes les poursuites contre Ousmane Sonko. Les organisations signataires exigent également l'identification et la punition de toutes les forces policières, militaires et autres nervis responsables d'arrestations extrajudiciaires et de la mort de citoyens sénégalais.
Enfin, les organisations signataires exhortent toutes les organisations démocratiques africaines et panafricaines à apporter leur soutien au peuple sénégalais dans sa lutte pour un pouvoir patriotique et panafricaniste au Sénégal. Elles appellent également ces organisations à protester contre l'usage disproportionné de la violence contre des citoyens manifestants pacifiques ayant occasionné des morts innocentes.
Cette déclaration témoigne de la solidarité et du soutien de la diaspora béninoise envers le peuple sénégalais et ses luttes pour la démocratie et la souveraineté. Elle souligne également l'importance de la mobilisation des organisations démocratiques africaines et panafricaines pour soutenir les mouvements sociaux en faveur de la démocratie et de la souveraineté en Afrique.
AFFAIRE OUSMANE SONKO-ADJI SARR, LA BOÎTE DE PANDORE
Dans la mythologie grecque, Pandore est la première femme créée à la demande de Zeus pour punir les hommes après que Prométhée eut volé le feu des dieux de l’Olympe pour le donner aux hommes.
Une réflexion sur la situation politique au Sénégal
Dans la mythologie grecque, Pandore est la première femme créée à la demande de Zeus pour punir les hommes après que Prométhée eut volé le feu des dieux de l’Olympe pour le donner aux hommes. Zeus décide de passer par Epiméthée, frère de Prométhée, et dont le nom signifie celui « qui réfléchit après coup », afin d’atteindre les humains. Parmi les dons faits par les dieux et déesses de l’Olympe à cette belle créature qu’est Pandore, figure la curio- sité (donnée par Hermès, le messager des dieux). Zeus confie à la femme, au moment où il l’envoie comme épouse- cadeau à Epiméthée, une boîte (une jarre en réalité). Pandore avait pour consigne de ne point ouvrir cette boîte. Or, une fois chez Epiméthée, dans la nuit, Pandore ne résista pas au désir de voir ce que contient la boîte. Elle va tout discrètement l’ouvrir et alors s’échappent de là tous les mal- heurs du monde. Surprise, elle tente de refermer la boîte, mais trop tard, il ne reste que l’espoir (elpis). C’est donc ainsi que la mythologie grecque explique l’origine des maux dont souff- rent les humains. J’ai pensé à ce mythe dans le contexte de la condamnation d’Ousmane Sonko par la justice sénégalaise dans le procès qui l’oppose à Adji Sarr, et tous les incidents qui s’en sont suivis. Il me semble bien que dans cette affaire, après plusieurs tentatives, il a été décidé d’ouvrir la boîte de Pandore.
Qui a ouvert la boîte de Pandore
Personnellement je pense que c’est Macky Sall et son régime. Cette affaire occupe l’actualité depuis trois ans. Et depuis trois ans, ils en ont fait la principale affaire politico-judiciaire. Pendant ce temps d’autres affaires de malversations par exemple, indexées pas des institutions de l’Etat, peinent à trouver la clarification qui sied. Il y a, par ailleurs, la mystérieuse disparition de deux éléments des forces de défense et de sécurité, Didier Badji et Fulbert Sambou de Niomoune. Certains reprochent à l’oppo- sant Ousmane Sonko de s’être laissé prendre au piège en fréquentant ce Salon de massage, soit ! Il aurait sans doute pu éviter que ce soit dans ce contexte. Mais, en quoi la fréquentation d’un salon de mas- sage est-elle un empêchement pour une prétention présidentielle ? l’impression que cela laisse, c’est celle d’une mauvaise copie-collée de l’affaire Dominique Strauss Kahn, qui a éloigné, il y a quelques années, de la présidentielle française un acteur politique important. En plus, ce modus operandi, consistant à mettre aux trousses d’un opposant la justice, était bien connu.
Pourtant des signes étaient là pour inviter à la prudence dans cette affaire. En mars 2021, dans un contexte électrique créé par un an d’enferment et de brutalisation des populations dans le cadre des mesures anti-covid, l’on agite ce dossier. Il n’y avait pas meilleure occasion d’enflammer des Sénégalais qui en avait marre d’être enfermés chez eux et qui avaient soupçonné que les mesures barrières n’étaient pas que sanitaires mais également stratégiques pour maitriser les foules. La soudaineté et la vio- lence des manifestations avaient pris des proportions inquiétantes pour la stabilité du pays et des institutions. Ces manifestations étaient déjà le signe qu’il fallait éviter d’ouvrir cette boîte de Pandore de l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko. Pourtant, au lieu d’apprécier à sa juste valeur cette menace sociale de troubles graves, le régime bande les muscles avec des formules du genre « force restera à la loi » ou encore « ça ne se reproduira pas ».
Et en plus, dans les parades du pouvoir, notamment à l’occasion de la fête nationale le 4 avril 2023, de lourds moyens de répression sont présentés avec fierté ! Une telle mise en scène augurait-elle un affrontement inévitable ou une simple volonté de dissuasion ? Je penche plus pour la première lecture, puisque chaque fois que cette affaire était agitée, tout ce dispositif de véhicules anti-émeute était bien visible aux points stratégiques de nos villes.
La mobilisation de mars 2021, la percée extraordinaire de l’opposition aux différentes élections, étaient autant d’indicateurs qui ont été volontaire- ment mal lus (dans une logique d’obstination) ou minimisés (ce qui serait grave pour notre République). En effet l’entêtement des gens du pouvoir à penser qu’il ne s’agit là que d’une affaire entre un opposant et une masseuse, montrait un refus méprisant de prendre en compte les cris de souffrance de tant de personnes, je ne dirai pas de jeunes puisqu’il n’y a pas que des jeunes dans cette lutte (c’est aussi de la stratégie de communication politique que de présenter cette lutte comme étant celle des jeunes. L’on a fait le choix d’un thème mobilisateur). On a vite oublié l’épisode covid et la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui ont fortement fra- gilisé nos économies, avec la hausse du prix de nombre de produits (le carburant par exemple a pratiquement doublé), et une plus grande précarisation de nos foyers.
Il a souvent été question durant cette période, où M. Ousmane Sonko se disait victime d’un complot, du silence des autorités religieuses. Mais en même temps, il était malaisé d’intervenir dans une affaire en justice où le vrai et le faux semblaient inextricablement liés. Se mettre du côté de Sonko avant le verdict de la justice serait minimiser la plainte de cette jeune dame qui se dit être victime de viol. Et l’on sait combien cette question des violences sexuelles et sexistes est sensible. Il n’est donc pas trop tard pour le religieux que je suis de dire mon mot.
Aujourd’hui que le verdict est tombé, l’on peut s’exprimer avec plus d’aise pour déplorer : Le fait d’avoir utilisé, vraisemblablement à des fins poli- tiques, une question aussi sensible que celle du viol. Cette stratégie inique va fragiliser davantage la voix de ces pauvres femmes victimes de viol dans notre pays.
Le fait d’avoir caché ce mensonge pendant tout ce temps, tout en sachant la vacuité du dossier.
Le fait d’avoir laissé mourir autant de monde pour finir par une condamnation pour « corruption de la jeunesse », la montagne a vraiment accouché d’une souris.
Après trois années violentes, l’impression d’un coup poli- tique mal monté reste au tra- vers de la gorge d’un bon nombre. Nous avons l’impression d’avoir été abusé ! Le plus choquant, c’est que même lorsqu’on s’est rendu que l’affaire était mal ficelée, l’on s’est entêté à aller jusqu’au bout, c’est-à- dire jusqu’à ouvrir la « boîte de Pandore »
Que contenait la boîte de Pandore ?
Dans le mythe grec, elle contenait tous les maux que Zeus avait destiné aux hom- mes. La « boîte » ouverte par la tournure de l’affaire Sonko-Adji Sarr renfermait elle aussi une série de maux. J’en énumère quelques-uns tellement la liste est longue. Le saccage des écoles. Nous avons vu avec effroi les images de certaines facultés de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar avec tout le lot d’objets détruits. Et le plus déplorable, ce sont les archives détruites à jamais. Une partie de la mémoire de cette grande université africaine est allée en fumé. Et que dire de nos écoles ici à Ziguinchor ? L’UFR Santé, les lycées et CEM, écoles primaires et même maternelles. Dans presque tous les cas, ce sont les directions qui ont été visées avec une violence insupportable sur les documents administratifs ou matériel didactique. Par endroit des tables-bancs ont été rassemblés et brulés. Quelle violence symbolique ! Et comme au mois de mars 2021, des commerces et stations saccagés, pillés et brulés.
Le plus troublant à Ziguinchor, c’est le saccage de l’Ipres (Institution de prévoyance retraite du Sénégal, et qui gère le régime national obligatoire d’assurance vieillesse) ; là où nos aînés, après des années de lourd labeur, vont prendre des miettes pour se soigner, finir leurs vieux jours et partager avec leurs enfants et petits- enfants. J’arrête là cette liste qui est bien plus longue. On a l’impression en regardant tout ça, qu’il est question d’une violence aveugle ! Mais que non à mon avis ! Cette violence n’est pas aveugle, elle a une logique !
En décembre dernier, j’ai été très surpris, lors d’un débat avec mes étudiants à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, de remarquer qu’ils considéraient que notre système scolaire nous était imposé par la France et que tout ce qui est étudié était du système français. J’étais davantage choqué par le consensus des étudiants sur cette idée. Je leur avais dit mon effarement de voir toute une classe d’étudiants s’accorder aussi unanimement sur un point de vue et que c’était dangereux dans un espace qui est censé être le lieu du débat contradictoire.
Mais en réalité, ce point de vue de mes étudiants est très répandu chez nos jeunes aujourd’hui. Il faut dire que le discours d’une partie d’intellectuels et d’hommes politiques aujourd’hui va dans ce sens. Notre jeunesse est très politisée grâce au réseaux sociaux et passe des heures à écouter des hommes politiques plutôt qu’à apprendre leurs leçons. Il s’agit d’un discours qui discrédite l’école sans proposer d’alternative. Le plus fâcheux, c’est que ceux qui tiennent ce discours ont été formés dans ce système et leurs enfants continuent de l’être ici ou à l’extérieur, notamment en France. Notre système scolaire est-il vraiment une copie du système français ? personnellement je ne le pense pas. Je pense plutôt qu’il est fortement marqué par les Pères fondateurs de notre Nation, qui avait l’ambition de faire de l’homo senegalensis un homme ouvert sur le monde avec une culture générale conséquente. Mais là est un autre débat qu’il faudra peut- être affronter aussi pour rassurer notre jeunesse.
Pour les aînés, il est intéressant de regarder de près le discours qui est porté sur eux depuis quelques années. En réalité, pour légitimer une alternance générationnelle dans les instances politiques ou étatiques, on a tendu à une généralisation et à faire des « vieux » des éléments dangereux pour notre société et qui seraient à l’origine de tous nos malheurs. Paradoxal pour des sociétés africaines où la place de l’aîné est toujours rassurante. En Jóola on dit « anahaan ajakut agay li butoŋ » c’est-à-dire : il n’est pas bon de manquer d’ancien dans une famille.
Des discours politiques ont donné l’impression aux jeunes que leur avenir ne doit se construire que par eux et pour eux. Or, on bâtit toujours sur quelque chose. Ce pays tel qu’il est aujourd’hui est un héritage. Et l’on n’hérite pas de soi, on hérite de ses aînés. La liberté de parole que nous avons au Sénégal est un héritage que beaucoup n’ont pas et qui reste évidemment à améliorer.
Ce qui pourrait être reproché aujourd’hui à des hommes poli- tiques comme Ousmane Sonko ou Guy Marius Sagna et autres, c’est d’avoir mis dans des mains et des cerveaux inexperts des idées qui relèvent de la stratégie de communication politique dans le contexte d’une compétition pour le pourvoir. Il est donc tout à fait logique que dans ce contexte, l’on s’en prenne à des symboles comme l’école qualifiée de néocoloniale, et de tout ce qui peut être lié aux personnes âgées, c’est le cas de l’Ipres. On a donné aux jeunes l’impression qu’ils sont les maîtres du pays, ils l’ont fait à leur manière, sans recule parce qu’il n’y en a pas. Que de per- sonnes âgées humiliées par des gamins dans les barrages de la circulation ces temps-ci ! Un vrai carnaval dramatique ! Mais alors, il appartenait au pouvoir de ne pas ouvrir cette boîte de Pandore, et ces idées distillées habilement dans la tête de nos jeunes n’auraient jamais été actées. Toutefois, dans la boîte de pandore il est resté l’espoir ! osons espérer que nous avons encore la chance de faire ce qu’il faut pour calmer l’incendie et que chacun prenne sa part de responsabilité.
Que Dieu bénisse notre pays ! Brin le 07 juin 2023