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27 juin 2025
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IL N’Y A PAS DE COMPLOT CONTRE OUSMANE SONKO
Me Amadou Sall, ancien ministre de la Justice (2009-2010), et membre du secrétariat exécutif de la coalition présidentielle Benno Book Yaakar (BBY), s’est entretenu avec France 24, depuis Dakar
Amadou Sall, ancien ministre sénégalais de la Justice (2009-2010), et membre du secrétariat exécutif de la coalition présidentielle Benno Book Yaakar (BBY), s’est entretenu avec France 24, depuis Dakar. Il a déclaré ne "pas voir où se trouve le complot" contre Ousmane Sonko, le principal opposant du président Macky Sall. L’opposant, plusieurs fois convoqué par la justice, s'est dit en effet victime d’une vendetta politique. Mais Ousmane Sonko "ne peut s'en prendre qu'à lui-même", a renchéri Amadou Sall.
"Dites-moi ou est le complot [contre Ousmane Sonko] ? ", a interrogé Amadou Sall, ancien ministre sénégalais de la Justice sur France 24, depuis la capitale sénégalaise.
Le 30 mars dernier, Ousmane Sonko a été condamné à deux mois de prison avec sursis dans un procès en diffamation intenté par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Cet opposant à Macky Sall est également aux prises avec la justice sur fond d'accusations de viol par Adji Sarr, une employée d'un salon de beauté qu'il fréquentait.
"Ousmane Sonko a manqué de discernement", a jugé Amadou Sall, et son cas est "différent" de celui de Karim Wade. Amadou Sall a été l’avocat de Karim Wade, jugé pour enrichissement illicite en 2015, et avait alors dénoncé un procès politique, visant à éliminer un rival potentiel.
La présidentielle de 2024 en ligne de mire
Karim Wade et Khalifa Sall, ancien maire de Dakar (2009-2018), sont tous deux exclus du jeu politique du fait des condamnations dont ils font l'objet. Si elle était adopté par le Parlement, une loi d’amnistie pourrait toutefois leur permettre de candidater à l'élection présidentielle de février 2024. Amadou Sall s'y est dit favorable à "titre personnel", précisant qu'il incombait au président de la République et à sa majorité de valider ou non leurs candidatures.
L'ancien ministre de la Justice a en outre répété que le président Macky Sall "peut" briguer un troisième mandat, estimant qu'il s'agit "d'une question politique", qui "appartient à Macky Sall".
CONFLITS DES PECHEURS, LA SOURCE DU MAL
Mbour est l’un des plus grands ports de pêche du pays. Mais elle vit une rareté de ressources halieutiques sans précédent. Résultat des courses, la caisse de sardinelles est passée de 7 000 à 30 000 FCFA.
Mbour est l’un des plus grands ports de pêche du pays. Mais elle vit une rareté de ressources halieutiques sans précédent. Résultat des courses, la caisse de sardinelles est passée de 7 000 à 30 000 FCFA. Pour s’en sortir, les différents acteurs rivalisent d’ingéniosité pour mettre en place des règlementations capables de faire régénérer la ressource. Mais des violations ne manquent pas.
Le poisson se fait rare à Mbour. La preuve par les prix élevés de la sardinelle puisque la caisse est passée de 7 000 à 30 000 FCFA. Selon les acteurs du secteur, cette situation est due aux changements climatiques, mais aussi aux pratiques de pêche qui détruisent la ressource. « Nous, les pêcheurs, ne sommes pas soutenus par l’Etat. Nous sommes laissés à nous-mêmes. Ici, à Mbour, il y a une véritable anarchie. Chacun fait ce qu’il veut. Il faut que l’Etat prenne des mesures idoines pour remettre de l’ordre dans le secteur », déplore Massiré Diouf, un pêcheur interrogé au quai de pêche. En ce vendredi 7 avril, les pêcheurs sont rentrés de la mer avec une bonne prise.
« Imaginez que chaque pirogue ne se contente que de quelques caisses. La conséquence est que le pêcheur peut se retrouver avec 1000 FCFA ou rien du tout. C’est vraiment dur », ajoute M. Diouf. « Ici, à Mbour, nous nous sommes organisés et avons signé une convention locale pour la sauvegarde de la ressource. Il s’agit de l’interdiction de pêche nocturne du 1er juin au 30 novembre. Néanmoins, il y a des problèmes par rapport aux pratiques de pêche illicite. C’est dire que par rapport à la raréfaction des ressources halieutiques, nous avons nos responsabilités, nous ne sommes pas exempts de reproches. A cela s’ajoutent les changements climatiques », soutient Abdoulaye Ndiaye, secrétaire général de l’Union nationale des acteurs de la pêche artisanale (Unapas).
Conflit pêcheurs Mboro et Cayar
Pour M. Ndiaye, le conflit opposant les pêcheurs de Cayar et leurs collègues de Mboro est dû à la gestion des ressources halieutiques et au non-respect du code de la pêche. « C’est bien désolant que des communautés de pêche en soient arrivées à ce point d’animosité, à une destruction de matériels et mort d’homme. C’est à l’Etat de prendre les dispositions idoines. Cayar a signé une convention locale pour interdire les filets monofilaments conformément à l’article 66 du code de la pêche. Nous, à Mbour, nous avons aussi notre convention. C’est dans ce cadre que nous avons interdit les pêches nocturnes entre le 1er juin et le 30 novembre. Ce conflit aurait pu être évité si la tutelle avait pris les devants », soutient Abdoulaye Ndiaye.
Les charpentiers se convertissent en pêcheurs
En dépit de la crise de la pêche, la mer attire bien de personnes qui se convertissent en pêcheurs pour gagner leur vie. Parmi eux, les charpentiers, constructeurs de pirogues dont l’activité est en profonde mutation. « La charpenterie ne marche plus parce que beaucoup sont entrés dans le métier sans rien y savoir. La conséquence est que beaucoup sont devenus pêcheurs. Le bois se fait rare et cela s’est répercuté sur le métier de charpentier. Pour une pirogue de 22 mètres, il faut 7 millions, mais la main-d’œuvre n’est que de 500 000 FCFA, ce qui est insignifiant parce que cela nous prend un mois pour faire une pirogue », témoigne Assane Ndiaye, l’un des plus grands charpentiers de Mbour. « Nos pirogues sont prisées parce qu’ayant des garanties de sécurité. La plupart des accidents sont liés aux pirogues qui sont mal faites. C’est pourquoi nous sommes favorables aux pirogues à fibre de verre à condition que nous soyons impliqués », conclut-il.
MULTIPLE PHOTOS
LEYLATUL QADR, PLUSIEURS PERSONNALITES ATTENDUES A TOUBA
Plusieurs personnalités vont prendre part ce jeudi, à Touba (centre), à la cérémonie officielle du ‘’Leylatul Qadr’’ (la nuit du destin), a indiqué le président du comité chargé d'organiser cette manifestation religieuse.
Touba, 11 avr (APS) – Plusieurs personnalités vont prendre part ce jeudi, à Touba (centre), à la cérémonie officielle du ‘’Leylatul Qadr’’ (la nuit du destin), a indiqué le président du comité chargé d'organiser cette manifestation religieuse.
‘’(…) C’est aux alentours de 23 heures que commencera la cérémonie officielle avec une délégation du président de la République qui est toujours présente. Il y a également beaucoup des personnalités religieuses qui viennent d’autres confréries, mais également beaucoup de personnalités sénégalaises qui viennent chaque année célébrer le Leylatul Khadr avec la famille de Sokhna Mai Mbacké’’, a confié à l’APS Sérigne Cheikh Abdoul Ahad Mbacké Gaindé Fatma, dans un entretien exclusif avec l’APS.
Fille cadette de Cheikh Ahmadou Bamba, Sokhna Mai Mbacké, dont la venue au monde coïncide avec le 5e jour du mois de ramadan, s'est illustrée dans la célébration du ‘’Leylatul Qadr’’. Elle est décrite comme étant une femme modèle et très pieuse.
Cheikh Abdoul Ahad Mbacké Gaindé Fatma a ajouté que l'évènement se tiendra en présence de Sérigne Makhfouse Mbacké et du représentant du Khalife général des mourides.
La cérémonie officielle du ‘’Leylatul Qadr’’ sera, entre autres, précédée d'une séance de récital du saint Coran et de déclamation de Qaçaids (poèmes écrits par le fondateur du mouridisme).
‘’Chaque année, la cérémonie officielle se déroule entre 23 heures et 00 heure parce que toute la journée est consacrée aux séances de récital du Coran, les déclamations de Qaçaids, etc. On est au mois de ramadan, il y a coupure du jeûne, il y a les prières’’, a ajouté le ministre-conseiller auprès du président de la République.
En prélude de la célébration de cet évènement religieux, il est prévu une série de conférences sur différents thèmes.
'’C’est plusieurs thèmes. Il y en a un qui concerne le leadership féminin en islam, parce que Sokhna Maï, vous le savez, est une très grande figure islamique. Il y a un autre thème qui concerne le développement. Donc, c’est une série de conférences que nous allons dérouler’’, a-t-il notamment ajouté.
L'ENGAGEMENT DE LA SONATEL
Dans un communiqué, publié ce mardi 11 avril, la Sonatel a réaffirmé son engagement à rendre le wifi accessible à un maximum de Sénégalais tout en offrant une connectivité de qualité à sa clientèle.
Dans un communiqué, publié ce mardi 11 avril, la Sonatel a réaffirmé son engagement à rendre le wifi accessible à un maximum de Sénégalais tout en offrant une connectivité de qualité à sa clientèle. L’opérateur sénégalais informe avoir réduit de moitié les prix d’accès à Internet depuis 2016.
La Sonatel de préciser son appui durant la crise Covid (2020-2021) afin de permettre aux Sénégalais de continuer de vaquer à leurs activités (télé-école, télétravail, etc.). Et, pour s’adapter aux nouveaux usages, l’opérateur a lancé de nouvelles offres Flybox, conçues pour une transition vers la fibre optique, avec un prix du Giga « le moins cher du marché et fortement subventionné ». « De plus, la pandémie avait ralenti la capacité de déploiement de la fibre optique, rendant encore plus pertinente ces offres », dit le communiqué.
La Sonatel ajoute : « Les offres Flybox, représentant moins de 1% des abonnés, consomment aujourd’hui 32% de la capacité data 4G, créant une surcharge du réseau 4G qui impacte l’expérience client. Il est nécessaire de transférer les nouveaux usages post covid vers les technologies filaires (ADSL, fibre), seules capables de supporter ces besoins très haut débit au travail ou à domicile où nous notons 6 à 8 usagers derrière chaque accès ».
Le communiqué précise qu’en 2022, la Sonatel a retrouvé pleinement ses capacités de déploiement de la Fibre et a intensifié le plan de déploiement de la fibre optique visant à atteindre 500.000 prises disponibles en 2023. « L’offre Fibre Xeweul, lancée en août 2022, propose une connexion illimitée à 14.900 F par mois, soit une baisse de 10.000 F sur la redevance mensuelle, rendant la fibre accessible à davantage de Sénégalais. En privilégiant les zones de vie où il y a une forte présence de clients Flybox, plus de 50.000 ont déjà migré vers cette offre ».
« Sonatel a également ajusté les tarifs des offres Flybox, avec une baisse des tarifs de la gamme en mobilité et une hausse des volumes data sans changement de prix. Elles ont été revues avec une baisse du prix d’accès et des volumes ajustés. Pour les clients professionnels, des ajustements similaires ont été opérés. Après ces ajustements, les offres Flybox de Sonatel demeurent les moins chères du marché », renseigne le communiqué.
La Sonatel a rencontré les associations de consommateurs ce 6 avril pour donner suite au courrier d’information transmis avant le lancement de ces nouvelles offres. Dans la même lancée, l’opérateur a rencontré l’ARTP le même jour. « Nous nous félicitons de la qualité des échanges qui ont permis de lever certaines incompréhensions. Néanmoins, nous sommes attentifs aux préoccupations exprimées quant à l’insatisfaction d’une partie de nos clients. Une nouvelle rencontre est prévue prochainement ».
Enfin, la Sonatel s’engage à étudier la situation des clients Flybox non éligibles à la fibre optique et à l’ADSL et à répondre à leurs besoins, tout en assurant « la meilleure qualité de service » à tous ses clients. La Sonatel assure qu’elle continuera d’investir dans les technologies innovantes, telles que la 5G, pour apporter des solutions aux exigences d’un Sénégal toujours plus connecté.
INSECURITE, LES MAMELLES A OUAKAM SOUS LA PANIQUE
L’insécurité est galopante à la cité El Hadj Malick Sy de Ouakam/Mamelles extension 2. Une situation déplorable qui a poussé le collectif des habitants de ce quartier à faire une sortie pour alerter les autorités et dénoncer leur manque de réaction.
L’insécurité est galopante à la cité El Hadj Malick Sy de Ouakam/Mamelles extension 2. Une situation déplorable qui a poussé le collectif des habitants de ce quartier à faire une sortie pour alerter les autorités et dénoncer leur manque de réaction.
Censée être sécurisée et très propre, la cité El Hadj Malick Sy de Ouakam/Mamelles extension 2 fait face à des problèmes d’insécurité et d’insalubrité qui hante le sommeil de ses résidents. Excédés par la gravité de la situation (vols à l’arraché, car jacking, agressions, vols dans les maisons en pleine journée, nuisances sonores, etc.), les habitants réunis autour d’un collectif ont fait une sortie pour interpeller les autorités et dénoncer le manque de réaction.
Astou Sall détaille comment cette situation rend leur vie intenable. ‘’On est fatigué. Moi-même j’ai été victime d’agression la fois dernière. On a voulu me voler mon sac, dans ma voiture. Et je ne suis pas la seule. Nous avons la peur au ventre quand nous sortons tôt le matin pour aller au travail ou pour amener nos enfants à l’école’’, dit la porte-parole du jour qui était aux côtés de ses voisins.
D’après elle, l'insécurité dans ce quartier résidentiel, qui a une dizaine d'années d'existence, est en grande partie liée aux occupations illégales des espaces. ‘’Il y a des occupations illégales. Des terrains qui ne sont ni construits ni vendus par leurs propriétaires. Ils les sous-louent à des personnes, ce qui crée beaucoup de problèmes dans ce quartier’’, peste Mme Sall qui demande que l’on se débarrasse du bidonville.
Ainsi, face à la recrudescence de l’insécurité, le collectif des habitants de la cité El Hadj Malick Sy de Ouakam/Mamelles extension 2 a alerté les autorités. Un courrier a été envoyé, entre autres, à la sous-préfecture des Almadies et à la mairie ; des plaintes collectives ont été déposées au niveau de la gendarmerie. Un changement est réclamé. ‘’Nous continuons à vivre les mêmes problèmes qui se sont d’ailleurs intensifiés. Nous demandons une solution rapide à ce problème qui ne peut plus durer et sommes prêts à collaborer avec les autorités’’, déclare Astou Sall.
CINQ MORTS DANS UN ACCIDENT DE LA CIRCULATION À LOUGA
Cinq personnes ont perdu la vie et 37 autres blessées après qu'un bus de transport en commun s'est renversé mardi vers la sortie de Louga (Nord) sur la route nationale numéro 2. Quinze parmi les blessés sont dans un état grave
Cinq personnes ont perdu la vie et 37 autres blessées après qu'un bus de transport en commun s'est renversé mardi vers la sortie de Louga (Nord) sur la route nationale numéro 2, a appris l'APS des secours.
Quinze parmi les blessés sont dans un état grave, a précisé à l'APS le commandant de la 52e compagnie d'incendie et de secours de Louga.
Il fait savoir que l'accident s'est produit dans la matinée à la sortie de la commune de Louga, en face de l'usine SPIA, en allant vers Dakar. Le bus provenait de la ville de Dagana.
Les cinq passagers qui ont trouvé la mort sont décédés sur-le-champ. Il s'agit de deux hommes et trois femmes.
Les trente-sept personnes blessées, dont quinze sont dans un état grave, ont été acheminées à l'hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga.
LE COUP DE SEMONCE POLITIQUE DES PARTENAIRES TECHNIQUES ET FINANCIERS
La posture peu habituelle du G50 ne serait-pas au fond une façon de pousser le président de la République Macky Sall à trouver une sortie négociée à la crise politique en vigueur ?
En ‘’exigeant’’ la publication des rapports de la cour des comptes des années 2018 à 2021, puis en exprimant leurs inquiétudes face à une situation politico-judiciaire porteuse de désordres incontrôlables, les partenaires économiques et financiers du Sénégal ne poussent-ils pas le président de la république à trouver une issue politique à la crise entre le pouvoir et l’opposition ?
Stabilité politique, transparence, gouvernance, reddition des comptes, etc. Les partenaires économiques et financiers du Sénégal ont étalé leurs inquiétudes face aux lourdes tensions qui prévalent aux plans politique et judiciaire dans notre pays.
Devant le premier ministre Amadou Bâ et plusieurs ministres du gouvernement, Jean-Marc Pisani, le chef résident de la Délégation de l’Union européenne à Dakar et porte-voix du Groupe des 50 pays et institutions internationales (G50), ont exigé la publication des rapports de la Cour des comptes pour la période 2018-2021. En toile de fond de cette demande, un brin d’agacement et d’exaspération perceptible dans les mots de Pisani à l’endroit du Pm sénégalais.
Pour les partenaires du Sénégal, il est curieux que le président de la république ait autorisé la publication du rapport 2022 de la cour des comptes alors que ceux des quatre années précédentes sont restés sous le boisseau. Selon plusieurs indiscrétions, c’est justement la pression des dits bailleurs qui a contraint les autorités sénégalaises à rendre public le rapport 2022 de la cour des comptes.
Spécialement centré sur la gouvernance des fonds destinés à lutter contre la pandémie Covid-19, ce rapport a suscité une grande indignation auprès de l’opinion publique et choqué les partenaires économiques et financiers dont ceux du G50, pourvoyeurs d’une partie des fonds présumés détournés au niveau de plusieurs ministères et de leurs démembrements.
Jean-Marc Pisani s’est enquis également du sort des « recommandations » que les bailleurs avaient adressées au gouvernement sénégalais pour le suivi judiciaire de cette affaire.
Cependant, la préoccupation essentielle du G50 touche à la situation politique au Sénégal depuis plusieurs mois sur fond de batailles judiciaires politisées avec un grand potentiel de chaos au bout des logiques qui s’affrontent.
Depuis les événements dramatiques de mars 2021 soldés par une quinzaine de morts entre Dakar et la zone sud du pays, la tension politique est restée à un niveau très élevée entre le pouvoir du président Macky Sall et la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi. Avant les trois morts survenus en mars dernier lors de manifestations liés au procès du Prodac, trois autres victimes avaient été notées en juin 2022 dans le chaos du bras de fer juridique qui a précédé les élections législatives du 31 juillet suivant. Des soubresauts porteurs de potentiel de déstabilisation qui inquiètent les partenaires financiers mais aussi et surtout les investisseurs locaux et étrangers.
« Le contexte est particulier et ses développements pourraient impacter la mise en œuvre effective des (...) priorités économiques et sociales du gouvernement », a souligné Pisani.
Sur toutes ces questions, le chef du gouvernement a tenté de rassurer le G50, rappelant que le Sénégal reste « un Etat de droit », « engagé à protéger les droits et les libertés », « sous le contrôle permanent du pouvoir judiciaire ».
Il n’est pas certain que ce type de discours - globalement décalé des réalités actuelles et des causes profondes ayant favorisé les événements sanglants qui se succèdent depuis mars 2021 - convainque des partenaires économiques et financiers qui ne sont peut-être pas les moins bien informés de la situation présente.
Le langage a semblé plutôt diplomatique des deux côtés. Néanmoins, l’impact politique des propos de Jean-Marc Pisani devrait nous valoir les jours ou semaines à venir la découverte de quelques rapports de la Cour des comptes et/ou d’autres institutions de bonne gouvernance.
Mais finalement, la posture peu habituelle des pays essentiels qui composent le G50- (dont ceux de l'Union européenne et les Etats-Unis) ne serait-pas au fond une ''exigence" poussant le président de la république de trouver une sortie négociée de la crise politique en vigueur au Sénégal ?
IDY SUR LES RAILS
Idrissa Seck souhaite briguer le suffrage des Sénégalais, mais semble se faire plaisir à jouer au clair-obscur. Il a lancé une campagne de collecte de fonds pour la présidentielle de 2024
Adepte du clair-obscur, Idrissa Seck, président du parti Rewmi, s’adonne à son sport favori. Depuis quelque temps, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) s’impose médiatiquement. Ses ambitions présidentielles ne sont plus un secret pour les Sénégalais. Mais le patron du parti Rewmi n’a toujours pas officialisé sa candidature pour la Présidentielle de 2024. Entre le lancement d’une campagne de collecte de fonds auquel il a procédé ce samedi, la sanction contre Diatara, qui n’a pas rendu compte de son audience avec le Premier ministre, Idy procède à la remobilisation des troupes.
Samedi passé, il a convié les jeunes de son parti à un «Ndogou Pâques», deux termes ambigus à l’image de son organisateur. Prévue à la Piscine olympique, cette rencontre n’a pas pu se tenir à cause d’une interdiction préfectorale. Cela n’a pas empêché le patron de Rewmi de servir à ses militants ses «discours originaux» dont lui seul a le secret. Appel à la préservation des biens publics
«Je ne vais pas être long et, mon discours s’adresse aux jeunes. Je les appelle au calme, à éviter de casser et brûler les biens publics, surtout pour ceux qui n’ont pas encore commencé à travailler et à contribuer à l’achat des biens. Rien ne justifie ces agissements», a-t-il déclaré devant son domicile.
«RESTER PRESIDENT PLUS DE 10 ANS ET VOULOIR EN REDEMANDER C'EST VRAIMENT TIRER UN PEU TROP SUR LA CORDE…»
Mamour Cissé estime que le président de la République, Macky Sall, a clarifié sa position en déclarant qu’il ne se présentera pas en 2024 - ENTRETIEN
Entretien réalisé par Silèye MBODJI |
Publication 11/04/2023
En retrait du terrain politique depuis quelque temps, le président du parti Psd Jant Bi , Mamour Cissé, avait contribué à la grande victoire du président de la République, Macky Sall à l’élection présidentielle de 2019. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts entre les deux anciens libéraux qui ont su quand même garder leur relation d’amitié en-dehors de la politique. Pour autant, l’ancien ministre sous Wade se désole de la façon de faire la politique de certains acteurs de l’opposition comme au sein du pouvoir. Ceux- ci, selon M. Cissé, sont animés par des intérêts crypto-personnels et non de servir les populations. Sur un autre volet, M. Mamour Cissé pense que la question du troisième mandat ne doit pas mériter d’être trop agitée. Il considère que son ami le président de la République, Macky Sall, a clarifié sa position en déclarant qu’il ne se présentera pas en 2024. Entretien......
Témoin : Au moment même où le phénomène de la transhumance et du manque d’éthique politique se banalise, le geste du ministre de Sport, Yankhoba Diattara, envers M. Idrissa Seck, ne vous semble-t-il pas exceptionnel voire exemplaire ?
Mamour Cissé : Je suis très loin d’être impressionné ! Au contraire, j’estime que cette grotesque démission-reconduction, présentée, non pas au Chef de l’Etat qui nomme aux emplois civils et militaires, mais plutôt à son propre chef de parti, constitue un précédent déplorable et marque sans aucun doute un degré inouï de décrédibilisation de l’Etat, du saccage de la dignité de la fonction ministérielle et du respect de l’Esprit républicain ! Comment ce Diattara, investi par l’institution présidentielle, et dès lors porté par les honneurs et la solennité de l’ordonnancement de la République avec l’onction de la Nation, a pu se permettre de se soumettre à une autorité privée habilitée à recevoir, non seulement sa démission, mais même la primeur de l’information ! Où va ce pays, qui, décidemment, marche sur la tête ? Il faut remettre de l’ordre constitutionnel voire républicain dans tout cela !
Justement cette zizanie du président du Rewmi, allié de coalition Benno Bokk Yakar, avec tantôt une conférence de presse annulée, des posts de publication annonçant sa candidature de l’élection présidentielle 2024 supprimés etc. Vous en pensez quoi ?
Je disais tantôt qu’il y a de l’éthique et de la morale en politique. Je suis très mal placé pour conseiller Monsieur Idrissa Seck et sa bande. Mais son habitude me désole. Ou on est dans quelque chose ou ne l’est pas. Et vous pensez que les Sénégalais ne vont pas prendre acte de tout cela? C’est pourquoi je dis que les gens ont besoin d’une offre politique nouvelle. Éviter les lobbies d’où qu’elles viennent en sachant simplement que nous devons être au service des populations uniquement et exclusivement. Regardez aujourd’hui également le comportement de la coalition de Yewwi Askan Wi. Avant d’aller à l’Assemblée nationale, cette coalition disait non aux cumuls de mandat. Comment ils ont pu renier énormément leurs principes. Eux aussi, ces leaders de l’opposition, ils sont très mal placés pour donner des leçons d’éthique et de morale. Vous pensez que le fait de brûler Dakar doit faire plaisir au maire de Dakar, Barthélémy Dias, qui veut embellir sa ville. Une ville en chantier et doit rendre compte dans 5 ans. Cela peut créer des divergences entre lui et ses camarades de la coalition. Ce n’est pas sérieux ! Quand est-ce qu’on aura au Sénégal des hommes politiques qui sont là pour les intérêts des populations, mais pas les utiliser comme chair à canon comme prétexte. Le pays marche sur la tête.
Il y a également le dossier Prodac a qui revient dans l’actualité avec cette histoire de huissier envoyé chez Sonko par le ministre du Tourisme…
Là nous nous sommes plus dans le domaine public, mais bien dans une affaire privée voire crypto-personnelle ! Cependant, d’un point de vue strictement humain, en ce mois béni de ramadan, de serveur et de communion avec nos frères chrétiens dans la foi. En ces temps si propices au pardon, au dépassement et à la retenue, je suis très choqué par cette escalade que je juge indécente. Pour dire que des gens dans l’entourage de Macky Sall sont en train, à force d’acharnement et d’obsession, de transfigurer un simple adversaire politique en martyr qui pourrait capitaliser des pans entiers de l’empathie du peuple. Des gens qui ne s’en rendent pas compte, mais qui travaillent objectivement contre Macky. De toutes les façons, cette affaire finira par être totalement vidée. Mais ce qu’il faut retenir et qui est important, c’est que le temps de la Justice dont on parle si souvent, c’est d’abord et avant tout le temps de la sérénité. En effet, tout le monde a pu remarquer que dès que les nerfs se sont calmés et que les manifestations ont été dispersées, tuées dans l’œuf, la Justice a pu dérouler et se prononcer en toute quiétude. C’est dire qu’il faut juste ramener toutes ces affaires à leur véritable dimension de pitoyables problèmes crypto-personnels pour que les gens vaquent tranquillement à leurs occupations.
M. Cissé, le Président de la République a renoué, cette année, avec les défilés « Grand format » d’antan. Comment avez-vous trouvé la prestation de l’Armée ?
Vous me permettrez d’abord de regretter les évènements malheureux qui se sont déroulés ces dernières heures et qui ont opposé, dans une guerre fratricide d’une rare violence, les pêcheurs de Kayar à ceux de Mboro. De toute façon, il faut que les autorités s’interposent, calment le jeu et rassemblent toutes les parties prenantes autour d’une table pour régler définitivement la question. C’est une urgence absolue ! S’agissant maintenant de l’Armée, je dois dire qu’elle est restée également à elle-même, c’est à dire disciplinée, majestueuse dans son port altier et sa dignité, mais puissante surtout et engagée ! C’est la raison pour laquelle je tiens à lui exprimer toute ma fierté et mon plus profond respect. C’est une vaillante Armée qui a fait ses preuves républicaines tant à l’intérieur de nos frontières qu’au-delà avec efficacité devenue légendaire. C’est une Armée qui a une très haute idée de sa mission et qui a su donner une âme dynamique au concept Armé e - Nation pour le plus grand bonheur des populations civiles. Aussi bien dans le domaine de la Santé que sur le plan de la Sécurité. Pour dire que l’intérêt national est son sacerdoce.
Récemment dans un communiqué l’opposition, à travers la coalition Yewwi Askan Wi, qui voulait tenir des manifestations à la veille de l’indépendance, a évoqué qu’après concertation avec de hauts gradés de l’Armée, elle a décidé de sursoir ses manifestations (il coupe)
C’est un mensonge éhonté ! C’est de la subversion ! Un pur délire sorti de l’imagination débridée d’une classe politique en état d’ébriété « pouvoiriste » plus qu’alarmant ! Ce qui s’est passé avec le communiqué, c’est tout simplement odieux, dangereux et terrifiant. Faut-il le rappeler, nous avons une Armée d’exception dans la région, une Armée responsable qui se singularise par sa profonde culture républicaine, qu’elle a tenu à rappeler d’ailleurs, et qui se singularise aussi par la haute expertise de ses cadres, hauts gradés, le professionnalisme et le courage de ses soldats et son culte du droit de réserve. Mais ces gens-là, cette-fois ci, ont poussé le bouchon trop loin. Je considère pour ma part, que la volonté qu’ils avaient de manifester à la veille de la fête de l’Armée et de la jeunesse, est un message de défiance, de déviance, de désordre et de provocation insupportable ! Et indigne de la République et de la Démocratie ! S’ils ont osé s’attaquer à la symbolique de la Concorde Nationale et d’Unité de ce grand moment communion de la patrie, avec le risque de créer encore des fractures sociales, des troubles à l’ordre public, dans la violence et le vandalisme, c’est parce qu’ils sont devenus aveugles et indifférents face à la mort des tous ces jeunes que leurs folles ambitions ont sacrifiés ! Donc, pour le bien de tous, il faut savoir raison garder. Cette tentative de sabotage doit être dénoncée avec vigueur. En tout temps et en toute circonstance, l’Armée doit être tenue loin de cette gadoue où s’entremêlent sombres affaires de mœurs, gangstérisme et vendetta entre autres. Avec mesures et sérénité. Certes l’Armée a fait une mise au point, et quand la Grande Muette se met à parler que cela ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd !
Parlons maintenant du discours à la Nation du Chef de l’État à l’occasion de la fête d’indépendance ?
Certes le 04 Avril est une date historique importante, voire sacrée pour ce qu’elle représente dans sa puissance symbolique. Mais aujourd’hui, en votre âme et conscience, vous pensez vraiment que les sénégalais ont l’esprit à la fête ? Dans ce contexte de la vie chère, de surenchère politicienne, avec toutes ces confrontations destructives, quel sénégalais peut avoir le cœur en fête ? Quel est aujourd’hui le sort de cette baisse de prix au loyer, de cette baisse du prix des produits de consommation courante ? Les populations dans leur quotidien continuent de subir ces hausses sauvages et tous ces risques liés aux manifestations de l’opposition. Les sénégalais n’ont pas de réponse à leurs préoccupations parce que ce pays est pris en otage par des rivalités toxiques qui ravalent les urgences nationales.
Vous voulez dire que vous êtes déçus par le discours du président, vous un allié ?
J’ai envie de vous répondre : Moi, un allié ? Mais j’y reviendrai ! Il faut retenir que le Président ne nous a pas rassurés par rapport à toutes ces violences qui secouent ce pays périodiquement et qui installent la peur et la désolation chez les populations. Et surtout chez tous les acteurs de la vie économique, qui ne peuvent que constater, impuissants , la destruction où le pillage de leur biens, s’ils ne sont pas eux-mêmes, physiquement agressés. Le pouvoir de Macky Sall a créé de toute pièce un monstre politique (Ndlr : Ousmane Sonko) qu’il ne peut plus contrôler et qui dévore les fils de ce pays dans la force de l’âge ! On ne nous donne pas de garanties que toutes ces échéances qui pointent, procès à tenir, manifestations annoncées, élection présidentielle, se tiendront sans dommages collatéraux, sans dérives létales ? Aucun discours sur cela alors qu’il y va de notre sécurité. Je ne parle pas du silence sur toutes les grèves dans les secteurs les plus stratégiques : Santé, Éducation, Transport, Justice, dont la récurrence taquine la routine. Vous voyez bien que nous sommes devenus producteurs de pétrole et de gaz, mais sommes-nous préparés aux métiers afférents ? Pas un seul mot non plus sur les voies et moyens pour nos nationaux de capter les immenses opportunités qui s’offrent à nous avec toutes ces ressources ! A la place de cela, c’est plutôt la gestion des agendas égoïstes, les agendas de perpétuation au pouvoir qui font face à des agendas d’aventuriers ! Cette classe politique est donc disqualifiée parce qu’elle s’est détournée des urgences nationales !
C’est clair donc vous n’êtes plus allié du Président? Et encore en parlant de perpétuation au pouvoir, faites-vous allusion à la volonté prêtée au président de se présenter une troisième fois?
Une troisième candidature de Macky Sall ? Non, je ne pense pas! Parce qu’à mon avis, le Président de la République a fait preuve de grand respect à l’égard de son peuple. Car, au lieu de l’installer dans le doute, il lui a indiqué, très tôt et sans ambages les yeux dans les yeux, qu’une fois réélu en 2019, ce serait son second et dernier mandat. Et mieux encore, parce que les paroles s’envolent et que les écrits restent. Il l’a consigné noir sur blanc dans son livre «LE SÉNÉGAL AUCŒUR» ! C’est la raison pour laquelle je ne comprends pas toute cette agitation. Je suis persuadé que si le Président semble garder le silence sur cette question, c’est qu’il considère qu’il s’est déjà publiquement et très clairement prononcé sur cette affaire ! En définitive, je suis convaincu que le président Macky Sall ne se présentera pas une troisième fois. Au demeurant, dans ce monde moderne où nous vivons, rester Président plus de 10 ans et vouloir en redemander, c’est vraiment tirer un peu trop sur la corde tout en oubliant que c’est le peuple qui tient l’autre bout de cette même corde !
Quand avez-vous quitté le Benno ?
Nous n’avons jamais été dans Benno bokk yakar ! Nous avons soutenu le Président Macky Sall loyalement et avec engagement dans le cadre de la majorité présidentielle. Seulement, il semble qu’il ne l’a jamais remarqué !
Vous pensez qu’il remarquera votre départ ?
(Éclat de rires) peut être que non ! Mais ce qui est sûr, c’est qu’il remarquera notre présence ailleurs !
Quel est votre avis sur l’appel au dialogue du Président de la République aux différentes forces vives de la nation particulièrement à l’opposition ?
S’agissant du dialogue, il doit être permanent. Tous les acteurs politiques doivent effectivement avoir cette volonté de pouvoir se rencontrer pour dissiper des malentendus, éviter également des divergences qui risquent de nous amener vers des confrontations. Prenez aujourd’hui le cas de l’Assemblée nationale. Depuis quand elle ne s’est pas réunie. Cette situation de blocage n’arrange personne. Il faut que de parts et d’autres, que les gens, s’ils sont là que pour les intérêts des populations, puissent dés fois se faire violence pour servir ces populations. Je pense qu’aujourd’hui, ce n’est pas des urgences qui manquent dans ce pays. Ce dialogue-là, il doit être permanent. Au niveau de la sous-région, énormément de pays connaissent des difficultés. On ne le souhaite pas pour notre pays. C’estla raison pour laquelle il faut qu’on puisse dialoguer. Dialoguer ne veut pas dire faire de compromission des choses. Nous devons faire confiance à nos institutions. Parce que je pense, à mon âme et conscience, que derrière chaque institution se sont des gens vertueux qui y sont. Je crois qu’en politique, il y a de la morale et de la vertu. C’est le minimum !
Peut-on s’attendre à votre candidature pour la présidentielle de 2024?
Non ! Actuellement, je préfère regarder la scène politique. À l’espace seulement de deux mois, on a eu plusieurs déclarations de candidature 19!(éclat de rire). Moi je peux être courageux mais pas la témérité d’une folie (éclat de rire). C’est comique ça. Il n’y a pas que la fonction présidentielle comme station pour servir son pays. On peut servir son pays différemment. Pourquoi faire du buzz en déclarant sa candidature alors qu’on sait que tu n’as pas véritablement les moyens pour se jeter dans la course présidentielle. Nous avons un problème d’éducation. C’est ce qui explique tout cela. Vivement que quelqu’un de mieux que moi gère le pays. Ça l’avantage de toute une génération. Quand on a l’ambition, la volonté pour son pays, on peut proposer des choses dans le cadre d’une durée de mandat.
Mamour Cissé, a-t-il un message de la fin…
Je souhaite beaucoup de biens à mon pays. Le Sénégal est aujourd’hui très regardé voire politiquement observé dans le monde. Nous n’avons pas le droit, aujourd’hui, de descendre notre pays de son piédestal. Notre démocratie tant vantée est une vitrine en Afrique. C’est fondamental ! Je crois très sincèrement à mon pays.
Par IBOU FALL
IL Y’A TRENTE-TROIS-ANS, LE TEMOIN, J’EN ETAIS…
10 avril 1990 – 10 avril 2023 - On n’avait que nos stylos et nos bloc-notes
L’histoire du Témoin a sans doute commencé dans les couloirs de... Sopi, l’épisodique «hebdomadaire du changement» qui n’en finit pas de jaillir dans les kiosques à l’improviste, à chaque fois qu’une bataille s’annonce. C’est curieux, mais aujourd’hui qu’on soupçonne un affrontement imminent entre le PDS et l’AFP, ou même entre le président Wade et son Premier ministre, y a Sopi qui circule…
Je disais, donc, que ce mois-là, ce devait être en octobre, ou début novembre 1989, les gars de la rédaction avaient des mines renfrognées. On avait tardé à les payer. Ça jasait dans les couloirs. On ne comprenait pas : ce journal faisait pratiquement vivre tout ce qui gravitait autour de Me Wade, et affamait ses journalistes. Il parait que les députés du Pds, qui avaient décidé de boycotter l’Assemblée, se rattrapaient sur… les recettes de Sopi. On en était au numéro cent et des poussières, il était devenu un hebdo de 12 pages vendu à 200 francs. Le succès fulgurant avait commencé à prendre la pente raide descendante. On devenait nerveux depuis que les Nis avaient décidé de se passer de cette clientèle.
Bref, le bruit a couru que l’argent de Sopi servait à engraisser des députés qui avaient décidé de se passer de leur salaire. Les journalistes crevaient de faim. Moi ? Je n’étais pas journaliste, donc, je ne crevais pas de faim. J’étais simple correcteur qui avait fini par griffonner des « billets ». Ce soir- là, au bouclage, Mamadou Oumar Ndiaye, Mbagnick Diop, Bachir Diop (Serigne Bass pour les initiés) avaient le sourcil foncé, que dis je, franchement retroussé. Moi, je n’étais pas au parfum, mais ça ne sentait pas bon à mon sens.
C’est après qu’on m’a affranchi. Ils ont longtemps hésité avant de me mettre au courant. Ils avaient décidé de bloquer l’édition, jusqu’à nouvel ordre.
Apparemment, Ousmane Ngom, alors président du groupe parlementaire Pds et directeur politique de Sopi et feu Boubacar Sall, qui assurait l’intérim de Me Wade, alors en France depuis près d’un an, avaient décidé d’engager le bras de fer. Ils feront tirer les textes et en feront la mise en pages à l’imprimerie du Politicien, à la Zone B.
M.O.N et compagnie seront informés et iront en petit comité attendre Ousmane Ngom devant l’imprimerie de feu Mame Less Dia. Une bagarre éclatera avec un garde du corps. Les sanctions seront immédiates : les trois journalistes étaient virés. La bataille médiatique engagée entre les patrons par intérim du Pds et les journalistes licenciés durera le temps de deux déclarations publiques. Les véritables leviers de cette bataille étaient à actionner ailleurs… A Paris, où le boss préparait un retour triomphal depuis sa résidence de Versailles, peinard, les doigts de pied en éventail. C’est à son retour, en février, que le sort de ces trois journalistes rebelles sera scellé.
Lorsque Boubacar Sall et Ousmane Ngom viraient de la rédaction du Sopi M.O.N, Mbagnick Diop et Bachir Diop, il n’était pas vraiment besoin de dramatiser. Le vrai patron, au Pds, ça a toujours été Me Wade. Et il n’avait pas été avisé. Les nouvelles qui filtraient de Paris laissaient de l’espoir aux journalistes et à leurs inconditionnels qu’ils comptaient dans les rangs du Pds. Cheikh Koureyssi Bâ, le directeur de Sopi à l’époque, était débordé de tous les côtés par cette affaire. Les deux parties étaient des fortes têtes. Valait mieux laisser la situation telle quelle. Me Wade à son retour mettrait de l’ordre dans la maison. On était en novembre 1989.
Fin février ou début mars 1990, Dakar est en ébullition, Me Wade rentre enfin. Mamadou Oumar Ndiaye est à l’accueil. La poignée de mains qu’il échange avec Me Wade est encourageante. Il le rencontrera quelques jours plus-tard. Leur entrevue dope le rédacteur en chef de Sopi. Il nous réunit à la maison. Me Wade lui demande de présenter un mémo qui explique comment l’équipe compte relancer Sopi. C’est vrai que « l’hebdo du changement » ne s’est pas amélioré en leur absence. On discute des termes du mémo qui est dactylographié et envoyé à Me Wade. Dans notre entendement, ce n’est qu’une formalité d’usage. On tiendra même une petite réunion dans les locaux de Sopi, avec Cheikh Koureyssi Bâ qui dira son soulagement de retrouver sa rédaction.
Lorsque tombe la réponse de Me Wade, c’est la douche froide. Il ne veut plus entendre parler de la rédaction dissidente. Il se permet même un commentaire meurtrier : depuis qu’il y a une nouvelle rédaction, affirme-t-il froidement, Sopi est écrit en bon français. Le sort en est jeté. Il se dit que le brusque revirement de Me Wade est dû à la pression d’Ousmane Ngom et feu Boubacar Sall qui voyaient le retour des journalistes comme un désaveu.
Retour donc, à la maison, pour aviser. Il fallait créer notre propre journal. On avait tout juste des stylos et des bloc-notes… M.O.N et Mbagnick frapperont aux portes qu’ils connaissaient. Celle de Fara Ndiaye sera la bonne. Il nous aide à trouver cinq millions CFA qui passeront par un cabinet comptable chargé de vérifier nos dépenses d’installation.
C’est vrai qu’on n’avait pas vraiment l’air fin, à l’époque. Nous étions six, sans compter celui qui est derrière l’objectif, Moussa Kamara, Pascal Wane, le doyen s’occupait de sport ; Mbagnick Diop, grand reporter, Serigne Mour Diop, le secrétaire de rédaction, responsable de la fabrication faisait aussi des reportages en sport, Serigne Bass, le rédacteur en chef, M.O.N, le dirpub et, enfin, moi, qui m’occupais des bulles, du « Billet de Ibou », du «coup de sabot» et du «coup de chapeau». Hirsutes, maigrichons, un rien démodés, on n’avait pas des têtes à faire un bon journal. On l’a pourtant fait…
Le 10 avril 1990, c’était un mardi, il était cinq heures du matin lorsque l’on quittait « Team informatique » qui nous louait ses machines à Fass Delorme, direction, les Nis. C’est vers 7 heures 30 que l’on prit deux taxis avec nos 10. 000 exemplaires du premier numéro du Témoin. L’un d’eux, le nôtre à Pascal et moi, creva un pneu sur la route de Rufisque sur le chemin de l’ADP. On s’en foutait presque, on était dans des états seconds, pour diverses raisons, dont l’émotion. On avait tiré sur la convention d’établissement que la CSS avait signée avec l’Etat, qui coutait 9 milliards chaque année au contribuable. Un sujet tabou, alors, qui avait dégarni bien des rédactions. On était des téméraires, on avait osé. C’était le bon temps