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25 août 2025
IBRAHIMA BABA SALL ELU PREMIER VICE-PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE NATIONALE
Le député Ibrahima Baba Sall, membre du groupe parlementaire Benno Book Yakaar a été élu jeudi Premier vice-président de l’Assemblée nationale en remplacement d’Abdoulaye Diouf Sarr nommé directeur général du Fonds souverain d’Investissements stratégiques
Le député Ibrahima Baba Sall, membre du groupe parlementaire Benno Book Yakaar (majorité), a été élu, jeudi, Premier vice-président de l’Assemblée nationale en remplacement d’Abdoulaye Diouf Sarr nommé directeur général du Fonds souverain d’Investissements stratégiques (FONSIS).
M. Sall est député-Maire de Bakel, dans la région de Tambacounda.
Il a été élu avant le début de l’examen du Projet de loi n°01/2023 modifiant la loi n°2004-16 du 04 juin 2004 portant loi d’orientation agro-sylvo-pastorale.
Sur 105 votants, il a obtenu 93 voix. Deux députés ont voté contre. Il y a eu un bulletin nul. Neuf se sont abstenus. Ibrahima Baba Sall était le seul candidat en lice.
L’opposition n’a présenté aucun candidat pour le remplacement de Abdoulaye Diouf Sarr.
NOTRE PETROLE COMMENCE A ETRE COMMERCIALISE !
La nouvelle production du Sénégal arrive juste au moment où l’Europe cherche de nouvelles sources pour remplacer le pétrole russe sanctionné et que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, prolongent les réduction de production
La nouvelle production du Sénégal arrive juste au moment où l’Europe cherche de nouvelles sources pour remplacer le pétrole russe sanctionné et que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, appelés ensemble Opep+, prolongent les réductions de production jusqu’en 2024. Un contexte favorable alors que Woodside vient de lancer la commercialisation du brut issu du gisement de Sangomar.
Woodside Energy, l’entreprise australienne qui exploite le gisement pétro-gazier de Sangomar, a commencé à le commercialiser, a déclaré, mercredi 7 juin, à Singapour, Jeremy Soh, vice-président du groupe chargé de l’exploitation. Alors que les premiers barils de pétrole et de mètres cubes de gaz issus des blocs de Sangomar, à 100 km au sud de Dakar, sont attendus à la fin de cette année, il ne s’est pas avancé sur une date précise et n’a pas dit quand le premier cargo serait disponible. Des sources commerciales ont toutefois indiqué à l’agence Reuters que « l’objectif était d’ici fin 2023, bien qu’il soit plus probable que ce soit début 2024 ». La production de la première phase du développement du champ de Sangomar sera d’environ 100 000 barils par jour. Selon M. Soh, « les cargaisons de brut de Sangomar seront vendues sur une base free on board (Fob) ou livrées dans une taille standard de colis de 950 000 barils ». Par ailleurs, il a révélé les spécifications techniques du brut de Sangomar qui a « un grade moyen acide avec une gravité API de 32-33 degrés et environ 1 % de teneur en soufre ». Selon Reuters, « le brut de Sangomar pourrait séduire les raffineurs en Asie et en Europe, car la qualité du pétrole est similaire au brut d’Oman, généralement traité en Asie, et au grade Urals de Russie que l’Union européenne a interdit à la suite de la guerre en Ukraine ».
L’annonce de Woodside est une opportunité pour elle d’autant qu’elle devrait faire monter son cours en bourse. Le terminal du projet pourra charger le brut de Sangomar sur des pétroliers Suezmax qui transportent généralement chacun un million de barils de pétrole et des transporteurs très grands (Vlcc) d’une capacité de deux millions de barils chacun. Woodside détient 82 % de Sangomar, tandis que Petrosen est propriétaire des 18 %. Au Sénégal, le montant attendu de l’exploitation des hydrocarbures s’élève à 570 milliards de FCfa, représentant seulement 4,8 % des recettes fiscales et non fiscales de 12 000 milliards de FCfa espérées sur la même période, selon le rapport du Ministère du Pétrole et des Énergies pour l’examen du projet de budget 2023. Pour 2023, ces recettes se répartissent entre 90 % versés au budget général et 10 % pour le Fonds intergénérationnel.
231 millions de barils
Lors de la signature de la phase une du projet de développement du champ pétrolier Sangomar, les différentes autorités révélaient qu’elle viserait des ressources pétrolières estimées à 231 millions de barils (2P brutes, 60 millions de barils de réserves 2P nettes d’intérêt économique attribuées à Woodside) provenant du développement des réservoirs inférieurs, moins complexes, et d’une phase pilote initiale dans les réservoirs supérieurs. Grâce à cette première transformation de ressources en réserves pour le développement de Sangomar, les réserves de Woodside augmenteront de 60 millions de barils au niveau de confiance 2P.
Pour une redistribution des ressources de cette exploitation, le Président de la République avait rappelé, le 23 mai dernier, en Conseil des ministres, l’impératif pour les pouvoirs publics de veiller à « une affectation intégrale des fonds collectés par la future économie pétrolière du pays au budget de l’État ». C’est suite à des concertations consacrées à la gestion des hydrocarbures, en 2018 et 2021, que le principe de l’affectation intégrale des fonds collectés au budget de l’État avait été retenu. Le Président Macky Sall avait, dans la même dynamique, initié la création d’un Fonds intergénérationnel confié au Fonsis (le Fonds souverain d’investissements stratégiques », par le biais d’un mandat express de l’État. Une loi relative à la répartition et à l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures à partir de la fin de cette année a été votée par l’Assemblée nationale. L’État travaille actuellement à stabiliser les projets du réseau gazier du Sénégal ainsi que le projet de document de la Stratégie nationale de développement du secteur pétrolier et gazier. Lors du lancement de la séquence 2023 du Dialogue national, le Chef de l’État a annoncé la tenue prochaine d’une session élargie du Secrétariat permanent du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Petrogaz) sous sa présidence.
POUR LA TABASKI, UNACOIS-JAPPO SOLLICITE L'ETAT
L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS-Jappo) suggère aux pouvoirs publics sénégalais d’assister les importateurs ayant subi des dommages matériels ou financiers à cause des récentes violences, pour éviter la flambée des prix
L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS-Jappo) suggère aux pouvoirs publics sénégalais d’assister les importateurs ayant subi des dommages matériels ou financiers à cause des récentes violences, pour éviter surtout un renchérissement des prix des marchandises à l’approche de la Tabaski.
Certaines entreprises privées ayant ‘’connu des préjudices matériels extrêmement importants, il va falloir que l’Etat les soutienne’’, a d’abord souligné le secrétaire exécutif de l’Unacois-Jappo, Ousmane Sy Ndiaye, dans une interview avec l’APS.
‘’Les dernières commandes faites pour la Tabaski […] sont encore bloquées au port, si bien que les frais supplémentaires de […] magasinage et de prestation portuaire vont se répercuter sur les prix des marchandises’’, a argué M. Ndiaye.
Il s’agit, selon lui, de produits horticoles, de tissus et d’intrants de la couture, les produits de mercerie, par exemple, dont la demande augmente fortement à l’approche de la fête musulmane de Tabaski (Aïd al-Adha), prévue vers la fin de ce mois.
‘’Pour le secteur privé, il va falloir d’abord faire en sorte que les conditions d’une Tabaski dans la paix […] soient retrouvées. Il faut ensuite voir comment on peut accompagner toutes les entreprises, qu’elles soient formelles ou informelles, qui ont été impactées par cette situation’’, a dit le secrétaire exécutif de l’UNACOIS-Jappo.
A cause des pillages, certaines entreprises privées auront nécessairement besoin d’‘’un minimum de soutien matériel et financier’’ pour sortir des difficultés, a plaidé Ousmane Sy Ndiaye.
‘’Dans certains secteurs comme l’importation, durant ces trois jours, toutes les compagnies maritimes avaient fermé leurs portes. Aucune transaction, aucune opération de dédouanement, de débarquement ou de sortie de marchandises n’ont pu se tenir au port de Dakar’’, a-t-il déclaré.
La suspension de l’activité des compagnies maritimes ‘’va se traduire par une situation de congestion, qu’on va encore revivre au port de Dakar. Les situations de congestion créent de la surenchère sur la structure des prix parce que les bateaux ne pouvant plus accéder au quai du port, ils sont obligés d’observer des moments d’attente souvent très longs’’, a expliqué Ousmane Sy Ndiaye.
Selon lui, la suspension des opérations de dédouanement et de débarquement des marchandises ‘’renchérit les coûts’’ en engendrant des pénalités à payer par les importateurs.
‘’Le risque est gros. Le risque est là. Le marché était relativement assez bien approvisionné mais les dernières commandes faites pour la Tabaski […] sont encore bloqués au port, si bien que les frais supplémentaires de […] magasinage et de prestation portuaire vont se répercuter sur les prix des marchandises’’, a prédit l’opérateur économique.
‘’Il risque d’y avoir quelques soucis’’
Si les frais de leurs opérations augmentent, ‘’la logique voudrait qu’ils se répercutent sur les prix […] Nous connaissons également les limites financières des consommateurs’’, a-t-il poursuivi.
‘’Ça risque d’être très lourd à supporter pour les populations […] Il va falloir, avec l’aide de l’Etat, que l’on fasse en sorte que les prix ne soient pas hors de portée des consommateurs par renchérissement’’, a suggéré M. Ndiaye. ‘’Le marché […] est menacé. La Tabaski est généralement une période de grande consommation. C’est […] la plus grande fête du pays, qui mobilise presque tous les consommateurs”, a t-il relevé.
‘’Il risque d’y avoir quelques soucis’’ pour l’approvisionnement en marchandises, a-t-il prévenu, ajoutant : ‘’Nous tenterons de les limiter.’’
Les violences consécutives à la suite de la condamnation de l’opposant et maire de Ziguinchor (sud), Ousmane Sonko, à deux ans de prison pour ‘’corruption de la jeunesse’’ ont fait 16 morts, des centaines de blessés et d’importants dégâts matériels, selon le ministère de l’Intérieur.
De nombreux biens publics ou privés ont été saccagés ou incendiés lors de ces violences survenues du jeudi 1er au samedi 3 juin.
Selon ses avocats, la peine requise est susceptible d’empêcher M. Sonko de se présenter à l’élection présidentielle de 2024, à laquelle il s’est déclaré candidat.
LES MINEURS ARRÊTÉS LORS DES MANIFESTATIONS SERONT LES PREMIERS À COMPARAÎTRE
À Dakar, ils seront 38 à être jugés dès demain, vendredi 9 juin. Les adultes passent à la chaîne, depuis lundi, devant un juge d’instruction. Certains sont placés sous contrôle judiciaire, d’autres resteront en prison avant d’être jugés
RFI |
David Baché et Richard Riffoneau |
Publication 08/06/2023
Les mineurs de moins de 14 ans qui avaient été arrêtés ont été relaxés. Sauf quelques rares enfants déjà connus des services de police et qui ont été pris en charge par l’Aemo (Action éducative en milieu ouvert).
Les mineurs âgés de 15 à 18 ans comparaîtront quant à eux devant un Tribunal des mineurs, dans des procédures rapides de flagrant délit.
À Dakar, ils seront 38 à être jugés dès demain, vendredi 9 juin.
Plusieurs avocats assurent collectivement et bénévolement leur défense. Parmi eux, Maître Mame Coumba Kane. « Ils sont poursuivis pour des faits de trouble à l'ordre public, d'atteinte à la sûreté de l'État, appel à l'insurrection, nous explique t-elle... Certains contestent. Pour ceux dont on est sûrs qu'ils n'ont jamais manifesté, on va demander la relaxe pure et simple. Pour ceux dont on sait qu'ils ont manifesté, on va demander aux juridictions de leur accorder la clémence et de les confier à leurs parents. »
WASHINGTON APPELLE AU RESPECT DES VALEURS DÉMOCRATIQUES AU SÉNÉGAL
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé mercredi au respect des valeurs démocratiques lors d'un entretien téléphonique avec le président Macky Sall
"J'ai réaffirmé que les Etats-Unis soutiennent le peuple sénégalais et les valeurs démocratiques", a tweeté M. Blinken, qui effectuait une visite en Arabie saoudite. Le secrétaire d'Etat américain a présenté ses condoléances au chef de l'Etat sénégalais après la mort de 16 personnes lors d'émeutes ayant suivi la condamnation à deux ans de prison ferme de l'opposant Ousmane Sonko dans une affaire de moeurs. Cette condamnation d'une personnalité populaire dans la jeunesse et les milieux défavorisés le rend en l'état actuel inéligible pour la présidentielle de 2024.
M. Sonko n'a cessé de crier au complot du pouvoir pour l'écarter de l'élection, ce que le pouvoir nie. Le porte-parole du département d'Etat Vedant Patel s'est abstenu de tout jugement, soulignant que "c'est aux institutions sénégalaises d'évaluer ces accusations".
"En tant qu'amis et partenaires du pays, nous continuerons à promouvoir le respect de l'Etat de droit et des principes démocratiques", a-t-il précisé au cours d'un point de presse. M. Blinken s'est rendu au Sénégal en 2021 lors de sa première tournée africaine en 2021, soulignant la stabilité de ce pays.
DES HOMMES ARMÉS EN CIVIL ONT FAIT RÉGNER LA TERREUR PENDANT LES TROUBLES
"Le paysage politique sénégalais a toujours été violent mais cette violence n’a jamais atteint le degré actuel. On voit maintenant des véritables gangs recrutés dans les quartiers par des gens qui en ont les moyens", déclare Ibrahima Bakhoum
Au Sénégal, vidéos et témoignages se multiplient : des hommes en civil sont descendus de pick-ups, armés, et ont chassé des manifestants lors des troubles ayant suivi la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko.
Samedi, un pick-up blanc est entré dans le quartier de Guinaw Rails Nord, dans la banlieue de Dakar, avec "une douzaine de personnes armées" et en tenue de ville à bord, raconte Ndery Niang, un vendeur de moutons qui a assisté à la scène. "Ils détenaient une liste de jeunes qui selon eux faisaient partie des manifestants et ils se sont lancés à leur poursuite".
Au moins trois jeunes du quartier avaient été tués la veille. La vidéo montrant Bassilou Sarr, 31 ans, tué d'une balle dans la tête selon plusieurs témoins, a été diffusée dans la zone. Un autre témoin qui tait son nom parce qu'il craint pour sa sécurité confirme le récit de Ndery Niang. "J'ai la haine et j'ai peur", admet-il, "on sait qu'il y a des taupes".
Les violences qui ont secoué le Sénégal du 1er au 3 juin comportent une part de mystère, à commencer par les circonstances dans lesquelles 16 personnes ont été tuées et par qui. Pouvoir et opposition montrent du doigt le camp d'en face. Différents témoins rencontrés par l'AFP rapportent en tout cas la présence dans les heurts d'hommes porteurs d'armes et non identifiables.
Un jeune homme interrogé à l'hôpital où il a été admis après avoir été blessé à Pikine, un des foyers de l'éruption, également dans la banlieue dakaroise, a raconté s'être retrouvé au milieu des heurts alors qu'il circulait en charrette. "J'ai vu un jeune à terre, blessé. Je me suis arrêté et c'est là que j'ai vu une dizaine d'hommes en civil qui pourchassaient les manifestants", dit-il. "Ils portaient des armes à feu ou des armes blanches".
Bataille d'images
Il a reçu une balle derrière la cuisse. Le tireur a été identifié par d'autres comme un lutteur, dit-il. Les adeptes de la lutte traditionnelle ont déjà été mis en cause par le passé pour jouer les hommes de main dans les contextes de confrontation politique. La violence a éclaté après la condamnation de M. Sonko à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs. Il est en l'état actuel inéligible pour la présidentielle de 2024.
Les pro-Sonko accusent le camp présidentiel d'avoir payé des "nervis" se déplaçant en pick-ups pour prêter main forte aux policiers et gendarmes et mater les contestataires. Policiers et gendarmes ont eux-mêmes été accusés de brutalités par les défenseurs des droits. Des images à l'authenticité non confirmée ont circulé montrant des policiers utilisant des civils comme boucliers humains pour se protéger contre les projectiles
La bataille des images fait rage. Le gouvernement et la police ont montré des images d'hommes armés qu'ils affirment être des manifestants. Le gouvernement met en cause "des forces occultes", "des étrangers" qui veulent déstabiliser le pays, sans plus de précision.
Interrogé par l'AFP, Maham Ka, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, indique que certains policiers travaillent en civil mais ajoute ne pouvoir en dire plus pour des raisons de sécurité. "Je ne connais pas ces personnes dans les pick-ups. Je ne peux pas confirmer qu’ils travaillent avec la police", dit-il.
"Chaîne de responsabilité"
Dans le passé, les hommes politiques ont recruté des hommes de main pour leur protection, fait observer Ibrahima Bakhoum, analyste politique. "Le paysage politique sénégalais a toujours été violent mais cette violence n’a jamais atteint le degré actuel. On voit maintenant des véritables gangs recrutés dans les quartiers par des gens qui en ont les moyens", déclare-t-il.
Plus d'une dizaine de pick-ups blancs étaient stationnés samedi à Dakar devant le siège du parti présidentiel, l'Alliance pour la République. Des dizaines de jeunes en sont venus aux mains dans le bâtiment pour recevoir de l'argent. Deux d'entre eux ont dit à l'AFP être payés pour empêcher les manifestants de casser, mais disent ne pas être armés.
Amnesty International cherche à authentifier les multiples vidéos mettant en scène des individus armés et en civil, dit Samira Daoud, la directrice régionale de l'ONG. Ils "agissent souvent aux côtés ou sous les yeux des forces de sécurité", dit-elle. Ils circulent dans les mêmes modèles de véhicule que ceux observés devant l'APR, note-t-elle. Elle réclame des investigations car "la chaîne de responsabilité doit être clairement établie".
Le gouvernement a dit avoir ouvert des enquêtes sur les évènements. Il avait annoncé des investigations après l'accès de fièvre de mars 2021, déjà autour de la personne de M. Sonko. Il y avait eu au moins douze morts. Les défenseurs des droits disent attendre toujours les résultats.
VIDEO
ON A VISÉ À DESTABILISER L'ÉTAT DU SÉNÉGAL
Quand Ousmane Sonko sera-t-il arrêté ? La situation risque -t-elle de dégénérer ? Le porte-parole du gouvernement et ministre du Commerce, Abdou Karim Fofana, était sur France 24 pour évoquer la situation
Le Sénégal a fermé temporairement ses consulats à l'étranger. Une décision à la suite d'attaques contre ses missions diplomatiques. Dans le pays la tension reste vive après plusieurs jours de violences la semaine dernière qui ont fait au moins 16 morts. Des violences suite à la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. Quand sera-t-il arrêté ? La situation risque -t-elle de dégénérer ?
Le porte-parole du gouvernement et ministre du Commerce, Abdou Karim Fofana, était sur France 24 pour évoquer la situation.
par Jean Pierre Corréa
LA DICTATURE DE L'IGNORANCE
Que Boubacar Boris Diop, Felwine Sarr et Mbougar Sarr soient passés à côté de leurs rôles, n'ayant pas eu en tant qu'intellectuels et diffuseurs de contenus liés au savoir, un seul mot pour condamner cet autodafé barbare est sidérant
"Là où on brûle des livres, on finira par brûler des Hommes".
Heinrich Heine
Faire un tour sur le campus universitaire de Dakar est édifiant sur cette crise que notre pays, notre Sénégal est en train de traverser, et dont la violente survenue semble plus être l'aboutissement d'un processus savamment déroulé, qu'une subite éruption claquant comme un coup de tonnerre dans un ciel serein...
Ce crime terroriste est signé, légendé, assumé, presque revendiqué par ceux qui pensent que ça doit continuer à cramer, pour montrer leur courage par procuration ... "na boye !" intiment-ils à leurs partisans écervelés et bouffés par la haine qui a certes pris source dans le désespoir d'une jeunesse invisibilisée par un pouvoir kleptocrate qui a, depuis 20 ans cannibalisé leurs rêves et leurs aspirations à vivre heureux dans notre pays. Leurs vulgaires courses à s'enrichir sans causes a fait le lit des opportunistes populistes aux solutions simplistes, débitées cyniquement à l'encontre d'un ordre établi, estampillé occidental, souillé par l'universalisme, forcément corrompu, accessoirement maçonnique pour valider l'opprobre infamante, et justifier l'isolement qui feront de nous les proies des fondamentalistes au front bas.
Je suis dévasté par ce que j'ai pu voir dans l'enceinte de notre université, naguère siège de tant de destins libérateurs et d'aventures faisant parts belles à la prééminence et à la célébration de l'esprit et de la connaissance... Annihiler toute la mémoire pédagogique de la Faculté des Lettres, détruire et incendier des centaines de milliers de documents, casser les instruments qui servent à dispenser de la connaissance, brûler notre majestueuse bibliothèque, coeur vibrant de la sauvegarde de notre patrimoine historique, culturel, qui a offert au Sénégal ce leadership que l'Afrique de l'ignorance nous envie, pulvériser le lieu où des générations entières de grands journalistes africains ont été formés aux rigueurs exigeantes de l'information, ne relève nullement du sporadique. Ce crime est signé.
Le savoir et l'information sont toujours les premières cibles des obscurantistes et des ignorants. Ce que j'ai vu n'a pu être fait que par des talibans et des affidés de Bokko Haram dont les soi-disant adversaires d'un troisième mandat sont de fait que leurs idiots utiles... Les autodafé ont toutes les mêmes stigmates de la haine et de l'ignorance crasse.
Oh ! Les intellos sur le retour, qui osent comparer Ousmane Sonko à Mamadou Dia, à Cheikh Anta Diop et à Thomas Sankara, ça suffit les postures... Prenez donc position. Au-delà de Macky Sall, de son bilan et de l'alibi du troisième mandat, c'est le particularisme Sénégalais qui est attaqué et même, que dis-je, ce sont surtout ceux qui s'autoproclament patriotes qui auraient dû être à l'avant garde de ce combat.
Que Boubacar Boris Diop, Felwine Sarr et Mbougar Sarr soient passés à côté de leurs rôles, n'ayant pas eu en tant qu'intellectuels et diffuseurs de contenus liés au savoir, un seul mot pour condamner cet autodafé barbare est sidérant. Que l'on puisse appeler à l’insurrection, demander à des jeunes de sortir dans la rue et de se battre contre les forces de l’ordre, envoyer ses troupes brûler une université, et se faire applaudir, soutenir, approuver par des écrivains et des professeurs d’université, montre le degré de compromission et de lâcheté de certains hommes qui regardent notre nation se faire bouffer par des apprentis sorciers qui pour une fois valident leurs errances politiques toutes en "ismes", est proprement navrant et consternant.
L'écrivain Hady Ba résume ainsi la situation surréaliste de notre Sénégal : "Des écrivains, professeurs, des hommes de culture, affiliés à un parti qui appelle à une révolution qu’ils veulent populaire, mais qui ne dénoncent ni ne déplorent la destruction d’une vénérable université qui sert en majorité les enfants des classes sociales les plus défavorisées, tel est le triste état de notre pays." Fermez le ban, la coupe est pleine !!
Comment des "Patriotes" authentiques et cohérents, peuvent-ils sincèrement, face au désarroi d'une population majoritairement désemparée et choquée par la mise à sac de villes entières, par la prise en otages de citoyens qui depuis une semaine ne peuvent ni circuler, ni produire et générer ce qui leur permet de faire vivre leurs familles, ni se soigner, dont les biens durement acquis ont été pulvérisés par des hordes sauvages, comment peuvent-ils encore attiser ce gigantesque incendie, qui n'est que le fait visible et sensationnel qui cache en fait une attaque en règle du Sénégal et de son modèle de démocratie et de stabilité, qui commence à énerver et à déranger les visées des chacals et des vautours qui se repaissent encore et toujours des ressources d'une Afrique, qu'ils souhaitent voir éternellement dans le besoin, malgré le fait d'être assise sur 75% des richesses mondiales et des terres rares, si prisées dans l'avenir du monde qui se dessine devant nous.
Que les véritables patriotes, sans majuscule prétentieuse, travaillent à disséminer l'idée que l'ère des hommes providentiels est terminée, et que le Sénégal est au-dessus de chacun des hommes et femmes, qui aspirent à le diriger. L'avenir de nos filles et fils est plus important que la démesure de leurs ambitions, et les dangers qui guettent et qui nous entourent, commandent à leurs intelligences et à leur empathie, de s'asseoir, de discuter comme nous avons su si bien le faire tout le long de notre riche histoire, et d'enrichir encore ce qui est au coeur de notre génie, à savoir notre indestructible cohésion sociale, ethnique et religieuse. Ceux qui refusent d'en discuter pour assouvir leurs hubris insignifiants, et qui sont persuadés que leur petite histoire doit se confondre avec la grande histoire de notre nation seront par leur entêtement qui leur sert d'intelligence, responsables de la destruction d'un pays qui longtemps aura été un phare pour notre continent tellement résilient...et résistant.
Ces criminels manipulateurs à la solde des fondamentalistes sont juste les petits hommes gris d'un plan ourdi par des "cons qui sont loin d'être des imbéciles". C'est à nous, tous ensemble, de leur opposer notre génie et notre dignité. Sinon, après qu'ils ont brûlé nos livres, ils n'hésiteront pas à nous brûler vifs sur leurs "improbables autels" qui rendent tellement triste notre si miséricordieux bon dieu.
QUELLES CONSEQUENCES POUR LE POUVOIR D’ACHAT DES TRAVAILLEURS ET LES CHARGES DES ENTREPRISES ?
A partir du 01er juillet prochain, les travailleurs du secteur privé vont obtenir une hausse généralisée de leurs salaires.
A partir du 01er juillet prochain, les travailleurs du secteur privé vont obtenir une hausse généralisée de leurs salaires. Un accord a été trouvé en ce sens entre le patronat et les syndicats des travailleurs le 31 mai dernier sous la supervision du ministère du Travail. Deux économistes et un inspecteur du Travail analysent les impacts de cette hausse généralisée sur l’économie du pays.
Comme partout ailleurs dans le monde, dans notre pays, le patronat et les travailleurs sont souvent à couteaux tirés et la pomme de discorde est souvent constituée par des revendications salariales. Ces tiraillements créent un climat délétère pouvant entraîner une baisse de la rentabilité économique des entreprises et une complication de la situation sociale des travailleurs. Mais il faut dire que, au Sénégal, la situation était d’autant plus intenable pour les employeurs du privé que le président de la République a accordé de très généreuses augmentations de salaires aux fonctionnaires tandis que les travailleurs du privé étaient laissés en rade.
A l’approche de l’élection présidentielle de février 2024 à laquelle le chef de l’Etat Macky Sall pourrait être candidat, il était devenu urgent de faire un geste. Le ministre du Travail a donc convoqué le patronat et les syndicats de travailleurs à des négociations salariales qu’il a arbitrées. Elles ont permis de retenir des propositions consensuelles au regard de la situation socio-politique actuelle et des préoccupations des deux parties, c’est à dire le patronat et les syndicats.
Lesdites propositions « consensuelles » concernent en particulier la revalorisation des primes de travail dont le montant actuel est de 20.800 F.cfa à 26.000 F.cfa, l’augmentation du SMIG horaire de 333,808 F.cfa à 370,526 F.cfa soit une hausse de 11%, l’augmentation des salaires catégoriels de 10 % pour les catégories de salaires 1 à 4, 8% pour les catégories de salaires 5 AM2 et 5% pour les catégories de salaires AM3 supérieures. Par AM il faut entendre agents de maîtrise. Ces mesures prendront effet le 1er juillet.
Toutefois, des dérogations ont été faites aux entreprises afin de leur permettre de faire valoir ces hausses annoncées. Les acteurs et branches d’activités appliquant à la date de prise d’effet des barèmes de salaires catégoriels plus favorables que les nouvelles grilles salariales revalorisées doivent les signaler. Mais à condition que des conventions ou accords collectifs aient antérieurement prévu des clauses écrites faisant prévaloir ces barèmes plus favorables sur toutes augmentation généralisée ultérieures moins importantes.
UN INSPECTEUR DU TRAVAIL DANS L’ANONYMAT «SI LA MESURE EST GENERALISEE, AUCUN EMPLOYEUR NE POURRA S’Y SOUSTRAIRE SANS VIOLER LA LOI»
Un inspecteur du travail, parlant sous le sceau de l’anonymat, a rappelé que cette décision fait suite aux augmentations généralisées des salaires dans le secteur public. L’Etat a consenti des efforts jamais égalés pour renforcer le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Dans le secteur privé, c’est le tripartisme qui prévaut. Cela veut dire que les employeurs et les travailleurs, par le biais de leurs représentations syndicales, concourent à l’élaboration des règles sous l’encadrement de l’Etat. Recevant les centrales syndicales, lors de la fête du 1er mai, le président de la République avaient demandé que les négociations soient accélérées en vue de ces augmentations de salaires dans le secteur privé. Selon notre inspecteur du travail, ces augmentations sont une chose qui va concourir à la paix dans les établissements parce qu’étant une forte demande sociale. Notre interlocuteur considère que le non-respect de cette décision d’augmentation des salaires aura certainement des conséquences, dont la première est légale. En effet, une fois arrêté ou entériné par le ministère du Travail, cet accord aura force exécutoire entre les signataires. Etsi la mesure est généralisée, la conséquence sera qu’aucun employeur ne pourra s’y soustraire sans violer la loi. La deuxième typologie de conséquences sera d’ordre économique puisque les salaires vont connaitre une évolution. L’augmentation salariale impactera positivement le marché, le panier de la ménagère et divers autres aspects de la vie. « Même si je ne suis pas économiste, je sais qu’il y a un lien assez étroit entre le niveau de salaire et le niveau de vie des citoyens », indique notre interlocuteur. L’inspecteur du Travail précise toutefois qu’en l’état, la mesure n’est pas encore officielle certaines formalités d’information n’ayant pas encore été prises. Cela dit, il assure que l’administration du Travail veillera à la bonne application des dispositions de cet accord.
MOR GASSAMA, ECONOMISTE UNEREVALORISATIONREGULIEREDESALAIRES EST NECESSAIRE AUX TRAVAILLEURS DANS LA MESURE DU POSSIBLE »
Mor Gassama, économiste, interrogé sur cette hausse généralisée qui vient d’être actée évoque deux critères pertinents permettant d’apprécier objectivement, selon lui, le niveau général des salaires. D’abord, dit-il, un travailleur a le plein droit de demander une amélioration de ses conditions de travail et de vie. Mais il faudra juste qu’on lui permette de conserver son pouvoir d’achat. Et Mor Gassama de parler de la productivité et de l’inflation, la première permettant de réaliser des gains de productivité qui auront la particularité d’entraîner au sein de l’entreprise des ressources supplémentaires. Lesquelles devraient être réparties au profit de toutes les parties prenantes. Sinon, considère notre interlocuteur, ce serait un injuste. Quant à l’inflation, elle a pour conséquence immédiate la perte de pouvoir d’achat. Or, un travailleur a le plein droit de demander qu’on améliore ses conditions de travail et de vie. Et même s’il ne réclame pas cela, il faudrait qu’on lui permette de conserver son pouvoir d’achat. « Je pense que c’est le strict minimum qu’on puisse demander. Dans l’un comme dans l’autre, ça se réalise souvent avec un net décalage. Ce qui ne favorise pas les travailleurs. Mais le plus important est d’aboutir à un accord consensuel qui arrange les deux parties », explique l’économiste Mor Gassama.
MEISSA BABOU, ECONOMISTE « TOUTE AUGMENTATION DE CHARGES PEUT ENTRAINER UNE BAISSE DE RENTABILITE DES ENTREPRISES »
Meissa Babou, économiste, commentant cette hausse des salaires dans le privé, indique que les premières difficultés économiques sont apparues avec les séries d’inflations sur le fret maritime et aérien et, d’une manière générale, sur les coûs de transport. Ces différentes hausses avaient entraîné une première inflation générale de tous les prix. Or, fait remarquer l’économiste Meissa Babou, les entreprises sont parfois fragiles. Et toute augmentation de leurs charges peut entraîner une baisse de rentabilité et des difficultés de rendement au risque de plomber leur compétitivité. des entreprises. Les inflations occasionnées par plusieurs facteurs ont impacté à la fois les charges des entreprises et le pouvoir d’achat des travailleurs. Après la pandémie de covid en 2019-2020, souligne t-il, le temps que les Etats s’organisaient pour apporter des subventions, les économies du monde ont encore été frappées par la guerre en Ukraine. Une guerre qui a eu des conséquences dévastatrices en termes d’inflation, à cause de produits comme le pétrole et l’engrais dont la distribution a été fortement perturbée mais aussi les céréales. Surtout, rappelle Meissa Babou, l’Etat a revalorisé les salaires des fonctionnaires sous la pression des syndicats comme ceux des enseignants. « Ce phénomène inflationniste a été âprement discuté au sein du patronat du privé. Et, peut-être que l’Etat s’est dit mieux vaut tard que jamais. Il s’est décidé à faire une augmentation en parallèle. Il faut comprendre qu’il s’agit d’une correction d’une situation extrêmement compliquée pour tous les travailleurs », a décrypté l’économiste Meissa Babou. Ainsi, il précise qu’à côté des charges d’énergie et celles de fonctionnement, l’Etat a décidé de peser pour une augmentation des salaires dans le privé. « Les entreprises concernées sont parfois fragiles. Et toute augmentation de charges peut entraîner une baisse de leur rentabilité. Des difficultés de rendements qui vont plomber leurs compétitivité. Nous sommes dans une mondialisation ou le même produit fabriqué ici peut être importé du Maroc, de la Côte d’Ivoire ou d’Europe. Il convient donc de ne pas en rajouter aux difficultés que vivent les entreprises privées », met en garde Meissa Babou. Toutefois, il estime en conclusion que cette augmentation des salaires dans le privé est une mesure salutaire devant être mise en œuvre avec précaution pour ne pas mettre en péril l’entreprise privée.
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AU SENEGAL, QUI SONT LES HOMMES ARMES EN CIVIL AUX COTES DE LA POLICE LORS DES MANIFESTATIONS ?
Quand France 24 démonte les assertions de la police sénégalaise
Lors d’une conférence de presse dimanche 4 juin, la police sénégalaise a présenté des extraits vidéo censés prouver la présence d’individus armés parmi les manifestants la semaine dernière. Mais les images complètes, largement relayées sur les réseaux sociaux, montrent ces mêmes individus agissant aux côtés de personnes en uniforme. Face à ces éléments, le porte-parole du ministère de l’intérieur maintient la version policière.
Lors d’une conférence de presse le dimanche 4 juin, la police sénégalaise a utilisé des extraits d’une vidéo pour illustrer leur affirmation selon laquelle des individus armés avaient infiltré les manifestations favorables à Ousmane Sonko. Une version complète de la même vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux montre le même individu dans un pick-up avec des hommes en uniforme policier.
«Sur cet enregistrement, on voit un homme avec une arme de guerre. Il sait ce qu’il fait, il maîtrise son arme. Ça se voit qu’il n’est pas là pour manifester.» C’est ainsi que le commissaire de la police nationale sénégalaise, Mohamadou Gueye, présente aux journalistes les images projetées lors d’une conférence de presse, dimanche 4 juin. Sur celles-ci, on peut voir un homme portant un maillot rouge floqué d’un “9” blanc, faisant feu avec un fusil sur une cible hors du cadre. À ses côtés, un autre individu en civil lance un projectile dans la même direction.
Pour la police sénégalaise, ces images montrent des individus violents et armés, glissés parmi les manifestants. En particulier, l’homme en rouge est décrit par Mohamadou Gueye comme “avec une arme, en face des forces de défense et de sécurité”
Une preuve, selon la police sénégalaise, que les manifestations en soutien à l’opposant Ousmane Sonko ont été infiltrées par des “personnes rompues” au maniement d’armes de guerre. Accusé de “viols et de menaces de mort”, le leader du parti PASTEF, qui avait annoncé vouloir être candidat à l’élection présidentielle de 2024, a été condamné jeudi 1er juin à deux ans de prison ferme pour “corruption de la jeunesse”. Dansle sillage de ce verdict, qui compromet la candidature d’Ousmane Sonko, de nombreuses manifestations ont secoué le Sénégal en fin de semaine dernière, donnant lieu à des affrontements qui ont fait au moins 16 morts et 350 blessés, selon la Croix-Rouge
Des heurts que la police sénégalaise attribue largement à “des manifestants violents qui ne cherchent pas à exprimer leurs opinions, mais qui sont plutôt engagés dans des activitéssubversives”, comme le précise Ibrahima Diop, directeur de la Sécurité Publique, lors de la conférence de presse du 4 juin
Lors de cette conférence, la police a montré des extraits de trois vidéos montrant d’après eux des hommes armés dans les cortèges, qui seraient venus pour “faire des dégâts: ils vont tirer sur la population et ensuite accuser les forces de l’ordre”, selon le commissaire Mohamadou Gueye. Mais sur les trois, deux ne montrent pas ce type de profils. Dans des versions plus longues, largement diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir des séquences où ces hommes interagissent avec des hommes en uniforme policier.
Un homme “en face-à-face avec les forces de sécurité” visible à l’arrière d’un pick-up de police
Exemple avec cet homme en maillot rouge marqué d’un chiffre 9. Si la vidéo présentée par la police sénégalaise s’interrompt après avoir montré l’individu tirer, puis courir dans une ruelle arme à la main, une version plus complète des images existe. Sur celle-ci, tirée d’une série de stories diffusée par un utilisateur du réseau social Snapchat, on peut voir l’homme au maillot rouge dans un pick-up blanc, conduit par un homme en tee-shirt rayé. Il est en compagnie de quatre autres hommes en tenue anti-émeute marquée “Police”.
Sur cette version complète des images, initialement publiée dans une story Snapchat, on retrouve bien la scène où l’individu en t-shirt rouge floqué “9” tire en dehors du cadre. Mais une partie des images manque : sur celle-ci, à la fin de la vidéo, on peut voir le même homme à bord d’un pick-up chargé de policiers
Une autre vidéo largement partagée sur les réseaux montre aussi cet individu, suivi à quelques mètres par le même pick-up. Les quatre policiers présents à l’arrière ne cherchent pas à l’interpeller, et ne réagissent pas quand l’homme ouvre le feu
Sur cette autre vidéo, publiée le 3 juin dans la soirée et qui situe l’incident au “Rond point mairie Grand Yoff”, une zone située au nord de Dakar, on reconnaît le même homme au t-shirt floqué “9”. Il est suivi par le même pick-up, avec 4 policiers à l’arrière. On reconnaît également le conducteur au t-shirt rayé.
Pourtant, durant la conférence de presse, le commissaire Mohamadou Gueye a soutenu que cet homme en maillot rouge était “en face-à-face avec les forces de sécurité”. Sur le montage montré lors de la conférence de presse, les dernières images le montrant aux côtés des policiers ont été retirées.
Un autre individu armé aux côtés des forces de l’ordre
Même constat pour cette deuxième vidéo où, selon Mohamadou Gueye, on verrait “une personne en possession d’un pistolet automatique”. Un homme en civil reconnaissable à son bandana blanc semble y tirer avec une arme de poing, adossé contre un mur. À ses côtés se tient un homme, également en civil, avec un casque anti-émeute. Le commissaire ajoute
En regardant bien, on se rend compte qu’il n’a pas l’habitude d’avoir cette arme. Ça se voit à sa manière de tirer. Ça peut provoquer des accidents sur les autres et sur lui-même. C’est grave pour les manifestants.
Pour la police sénégalaise, cette image montre un autre individu armé “avec un pistolet automatique”, qui “ne maîtrise pas son arme”
Mais ces images, qui débutent au cœur de l’action, éclipsent également une partie de la scène. Sur cette version complète, publiée le 3 juin, un plan large de deux secondes est visible au début de la vidéo. On peut constater que les hommes armés se tenaient, juste avant d’ouvrir le feu, à quelques mètres de deux hommes en uniforme policier.
Sur ces images publiées le 3 juin, et qui situent l’incident à Bargny, un quartier du sud-est de Dakar, on retrouve bien l’homme au bandana blanc montré lors de la conférence de la police sénégalaise (en jaune). Mais là aussi, des images cruciales manquent. Les premières secondes de la vidéo montrent en effet que cet homme se tenait auparavant à côté de deux hommes en uniforme (en bleu), qui ne font aucun geste pour le capturer.
Ceux-ci ne font aucun mouvement pour interpeller les deux hommes, alors que leurs armes sont clairement visibles. Leurs regards dans la même direction et leurs positions respectives semblent indiquer qu’ils surveillent ensemble la partie droite de cette rue, et agissent de manière coordonnée. Le casque anti-émeute visible sur les images, avec visière et protège-nuque, est très semblable à ceux utilisés par la police.
Le porte-parole du ministère sénégalais de l’Intérieur appuie la version policière
La rédaction des Observateurs de France 24 a contacté le porte-parole du ministère sénégalais de l’Intérieur, Maham Ka. Confronté à ces éléments, il soutient malgré tout la version présentée lors de la conférence de presse du 4 juin. “Ce qui est important pour nous, c’est que la parole de la police est une parole véridique”, affirme-t-il. Il ajoute :
Si elle déclare qu’elle a été confrontée sur le terrain à des gens armés, qui ne sont pas venus pour manifester, et qu’elle a publié des vidéos pour appuyer ses propos, à notre niveau, c’est ça la vérité
Comment expliquer la présence d’individus en uniforme policier aux côtés des individus armés sur deux de ces vidéos ? Pour Maham Ka, ces personnes portant casque anti-émeute et gilet “Police” pourraient ne pas faire partie des forces de l’ordre.
Ce n’est pas parce qu’on a vu des gens en uniforme dans ces vidéos que ce sont des membres de la police, c’est quelque chose qu’on a déjà vu au Sénégal. Je ne veux pas entrer dansles détails, car les enquêtes sont en cours, mais si la police a montré ces images là, c’est qu’elle est sûre que ce n’étaient pas des policiers.
Pourtant, sur la version complète de la deuxième vidéo montrant l’homme au maillot rouge, on peut voir un des individus en uniforme policier ouvrir le feu avec un lanceur de grenades anti-émeute. Pour le compte Twitter spécialisé dans l’armement “Calibre Obscura”, contacté par la rédaction des Observateurs, la forme du canon et la position de tir sont compatibles avec un lanceur Cougar, fabriqué par le français Alsetex : cette arme à létalité réduite est spécifique aux agents de maintien de l’ordre.
Qui sont ces hommes visibles avec les forces de l’ordre ?
Sur les réseaux sociaux, plusieurs publications accusent ces hommes armés en civil d’être des “nervis”, c’est-à-dire de jeunes hommes non professionnels, mobilisés par les partis politiques au pouvoir pour réprimer les manifestants par la force. La présence d’hommes en civil, circulant souvent en pick-up, a déjà été observée au Sénégal lors de différents épisodes de tension sociale, notamment en 2021.
Des dizaines de vidéos montrant des convois de pick-up blancs à quatre portes, acheminant des hommes en civil parfois armés de bâtons, circulent sur TikTok et Facebook (exemple ici, ici et ici) : les modèles visibles sur ces images ressemblent fortement à celui que l’on peut voir dans les vidéos montrant l’homme au maillot rouge floqué “9”
Un témoin, qui souhaite rester anonyme, affirme avoir vu, samedi 3 juin, un convoi de ce type dans son quartier de Parcelles Assainies. “Il y avait 8 pick-up : 7 blancs, et un foncé, avec à l’intérieur de ce dernier des gens en uniforme, ils ressemblaient à la brigade d’intervention de la police”, raconte-t-il.
Il y avait des gens à l’arrière des pick-up blancs, certains avaient des bâtons posés sur la plateforme. Ce n’étaient pas des personnes très âgées, mais plutôt des jeunes.
Le jeune homme, qui se dit “politiquement plutôt pro-pouvoir”, est convaincu d’avoir fait la rencontre de “nervis”
Mais d’où proviennent ces pick-up blancs ? Plusieurs publications Facebook affirment qu’un grand nombre de véhicules de ce type était visible devant le siège du parti du président Macky Sall, l’Alliance pour la République (APR). Une information qu’a pu confirmer RFI à Dakar, dimanche 4 juin.
Pape Mahawa Diouf, le coordinateur de la coalition au pouvoir autour de l’APR, assure que la présence de ces véhicules n’a rien d’inhabituel. “Il y a toutes sortes de véhicules devant le siège, notamment ceux des militants, qui sont tous rassemblés là-bas et mobilisés dans ce contexte particulier de manifestations. Il y a des conférences, les gens se concertent”, affirme-t-il, avant d’ajouter : e ne crois pas que les militants aient participé aux manifestations, je ne suis absolument pas au courant de quoi que ce soit de ce type. Difficile donc pour le moment d’en savoir plus sur les liens exacts entre les forces de l’ordre et ces jeunes “nervis”. Mais si des violences du côté des manifestants ont bien émaillé les protestations de la semaine dernière, les vidéos mises en avant pour le prouver lors de la conférence de presse du dimanche 4 juin semblent montrer la présence d’éléments armés, en civil, aux côtés d’hommes en uniforme policier.