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27 juin 2025
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DÉFILÉ DU 4 AVRIL
En direct du boulevard du centenaire où le chef de l'État Macky Sall préside les festivités de la commémoration du 63e anniversaire de l'accession du Sénégal à l'indépendance
En direct du boulevard du centenaire où le chef de l'État préside les festivités de la commémoration du 63e anniversaire de l'accession du Sénégal à l'indépendance.
LE SPECTRE DE PARALYSIE DU SECTEUR DE LA SANTE
Le secteur de la santé risque de connaître des perturbations les jours à venir. Après le Collectif des médecins en spécialisation, c’est au tour des médecins de mener un plan d’action.
Le secteur de la santé risque de connaître des perturbations les jours à venir. Après le Collectif des médecins en spécialisation, c’est au tour des médecins de mener un plan d’action.
Pour dire stop aux arrestations qu’ils qualifient d’« arbitraires », le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décidé d’entrer dans la lutte. Il a déposé le lundi 3 avril 2023, un préavis de grève sur la table du gouvernement.
Parmi les motifs évoqués figurent : les arrestations arbitraires et répétées des agents de santé ; le non-respect du protocole d’accord de 2014 en général. Mais aussi la non application des accords de mai 2022 concernant les indemnités de logement et de représentation médicale pour contractuels des hôpitaux aux agents des collectivités territoriales des agents de l’agence Cmu, de l’Ipres, de l’Ismea et du Samu. Et du non-respect des monitorings mensuels des accords convenus.
Pour dire stop aux arrestations qu’ils qualifient d’« arbitraires », le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décidé d’entrer dans la lutte. Il a déposé le lundi 3 avril 2023, un préavis de grève sur la table du gouvernement.
UN PAYS EN OTAGE
Magistrats, médecins, acteurs économiques, journalistes, tous sont dans le viseur des extrémistes de Benno Bokk Yaakaar et de Yewwi Askan Wi qui ont fini d’entrainer, dans leur bipolarisation de l’espace politique, tous les secteurs
C’est un conflit qui, à certains égards, peut avoir des relents de guerre froide. Entre Yewwi Askan Wi conduit par Ousmane Sonko et Benno Bokk Yaakaar piloté par Macky Sall, c’est l’équilibre de la terreur. Chacun tenant son ‘’arme nucléaire’’ et jouant à se faire peur. L’image est parlante, elle est rappelée par le journaliste Mamadou Oumar Ndiaye, Directeur de publication du journal ‘’Le Témoin’’.
À son avis, il n’y a aucun doute. Le peuple est pris en otage par les deux blocs, ‘’surarmés’’ et ‘’surdéterminés’’ à se détruire. Seulement, constate le journaliste pour le regretter, durant la Guerre froide, malgré les hostilités, on reconnaissait à certains le droit d’être ‘’non aligné’’.
Plus de 30 ans après, au Sénégal, certains veulent interdire une telle posture à ceux qui ne se reconnaissent ni d’un camp ni de l’autre. ‘’Les gens sont sommés de prendre parti, alors qu’ils ne sont pas tenus. Il faut savoir qu’il y a la majorité silencieuse, qui n'appartient à aucun de ces deux blocs ni aux autres d’ailleurs. Mais elle n’ose pas exprimer sa neutralité face à ces deux camps. Aujourd’hui, dès qu'on exprime un point de vue différent, on est taxé de faire le jeu de l’autre, ce qui est inacceptable et qui pollue énormément le débat démocratique. Les gens sont libres d’être pour le Sénégal’’, fulmine le journaliste.
Le plus déplorable, selon lui, c’est que souvent, c’est le Sénégalais lambda qui paie le lourd tribut dans cette guerre des tranchées. ‘’Ce sont leurs biens qui sont détruits ; ce sont eux qui meurent des balles perdues ; les jours de manifestation, ils n’osent pas sortir pour aller au travail ; les commerces et les banques sont fermés ; les enfants ne vont pas à l'école... Les populations sont effectivement les principales perdantes.’’
En sus de ces impacts négatifs sur le Sénégalais lambda dont les activités sont totalement paralysées, la situation actuelle est en train d’envahir et d’infester presque tous les secteurs, y compris ceux qui, jusque-là, ont été épargnés. C’est la conviction du journaliste chroniqueur Ibou Fall. Le problème, d’après lui, c’est moins cette bipolarisation de l’espace que la manière avec laquelle elle est en train d’infester tous les secteurs de la vie publique.
‘’Le dernier secteur que la classe politique avait déjà fini de polluer, c’est la justice. Les hommes politiques ont complètement discrédité la magistrature de notre pays. Quand ils entrent au tribunal, les juges deviennent tous des suspects. Ils ont depuis très longtemps détraqué notre économie. Ils ont détraqué la presse. Aujourd’hui, chaque journaliste qui écrit est louche, il est dans un camp ou dans un autre. Avec l’affaire de l’empoisonnement de Sonko, on jette maintenant le doute sur la crédibilité des médecins. Même les religieux n’y échappent plus ; certains passent leur temps à les insulter sur les réseaux sociaux. Bref, les politiques sont tout simplement en train de démolir ce pays. Et à chaque fois que la politique entre dans un secteur, ça fout le bordel. Voilà ce qui est inquiétant’’.
Les populations, victimes collatérales de ce duel à mort
Dans la même veine, Mamadou Oumar Ndiaye est largement revenu sur la pauvreté du débat et la fait-diversisation de la vie politique. Si la bipolarisation n’est pas spécifique au Sénégal, dit-il en invoquant les exemples américains et anglais, ce qui est déplorable ici, c'est qu'elle s’accompagne ‘’d’une fait-diversisation de bas étage de la vie politique, avec des histoires de viol par-ci, des accusations par-là...’’
Il regrette : ‘’Ce n'est pas ce qui fait vivre la démocratie. Malheureusement, il faut le dire, on est tombé dans les caniveaux. À la place des idées, on a surtout des menaces, des accusations, des invectives, des emprisonnements tous azimuts. Ça pose problème dans un pays comme le nôtre.’’
Comment en est-on arrivé là ? Pour MON, le premier responsable, c’est le président de la République et président de Benno Bokk Yaakaar, qui, dès son accession au pouvoir, a voulu museler tous ses potentiels adversaires. D’abord Karim Wade, ensuite Khalifa Ababacar Sall, jusqu’aujourd’hui Ousmane Sonko. ‘’Rappelez-vous, souligne M. Ndiaye, il aurait pu faire de sorte que le Parti démocratique sénégalais, qui était encore un grand parti à son accession au pouvoir, demeure fort et joue le même rôle que le PS sous Wade. Malheureusement, par une politique systématique de débauchage et de chasse aux sorcières, il a fini par démanteler complètement ce parti et à le réduire, pour employer sa propre expression, à sa plus simple expression.
Par la suite, il s’en est pris à Khalifa Sall qui aurait pu constituer, lui aussi avec Taxawu Senegaal, un autre pôle d’opposition à côté des autres partis de la gauche. Lui aussi, on a essayé de l’anéantir. La nature ayant horreur du vide, le PDS ayant été démantelé, Khalifa Sall emprisonné, la gauche absorbée à l’intérieur de BBY, il y avait un grand boulevard dans lequel s’est engouffré Ousmane Sonko. Et les Sénégalais qui étaient demandeurs d’une opposition se sont regroupés autour ou derrière Sonko pour en faire un contrepouvoir face à ce qui est considéré comme une volonté hégémonique du président Sall, une volonté de détruire l’opposition’’.
De l’avis de Mamadou Oumar Ndiaye, cela a fini d’altérer le pluralisme qui caractérisait un peu l’espace politique sénégalais. ‘’L’idéal, souligne-t-il, aurait été d’avoir une pluralité d’opinions, une multitude de partis porteurs des différentes sensibilités politiques de notre pays, afin que ces sensibilités puissent être représentées dans le débat politique. À la limite, on pouvait avoir au moins trois à quatre grands pôles, un peu comme l’avait imaginé le président Senghor avec les trois courants : un courant socialiste-démocrate, un courant libéral et un courant communiste. Par la suite, on avait révisé la loi pour ajouter le courant conservateur… Ailleurs, comme aux États-Unis et en Angleterre, on a la bipolarisation, mais au Sénégal, on était plus habitué à un plus grand pluralisme dans l’espace politique.’’ À l’en croire, cette situation a également fortement impacté l’ambiance actuelle qui paralyse tous les secteurs. ‘’Il n’y a plus de débats d’idées. On se jette des anathèmes, des menaces, des invectives. La situation ne laisse place à aucun débat sur les idées, sur les projets de société, la place du Sénégal dans ce monde… On se limite à un débat ‘pour ou contre Sonko ?’, ‘Pour ou contre Macky Sall ?’ Le reste, c’est des empoignades. C’est déplorable’’.
Les racines du ‘’mal’’
Quelle est la part de responsabilité des médias dans cette bipolarisation et ce que certains appellent la crétinisation du débat ? À entendre Ibou Fall, ce serait faire un mauvais procès aux médias que de leur imputer l’entière responsabilité de cette situation. Pour lui, les médias n’inventent rien, ils ne rapportent que des faits.
‘’Le journaliste ne rapporte que les faits, il ne parle que de ce qu’il voit. Quand le niveau du débat politique est élevé, le contenu des médias du point de vue de l’information politique sera relevé. Mais si l’actualité politique ne tourne qu’autour des faits divers, le journaliste ne pourra que rendre compte de ces faits divers politiques. C’est aussi simple que ça. Les journalistes n’inventent rien du tout’’.
Quid alors des espaces énormes qui sont offerts aux deux blocs qui n’ont que des insultes et des empoignades à proposer aux Sénégalais ? Quelle place pour ces autres intellectuels et acteurs politiques qui ont des idées et des projets à proposer ? Ibou Fall semble renvoyer à l’intérêt du public et à la réalité politique des uns et des autres. ‘’C’est vrai qu’il y en a d’autres qui sont là ; certains parlent même de troisième voie. Mais s’ils ne peuvent pas remplir une salle de cinéma, ils ne vont pas faire l’actualité. Encore une fois, le journaliste, ce qui l’intéresse, ce sont les faits. Si Thierno Alassane Sall, par exemple, fait son meeting et qu’il n’y a que deux personnes est-ce que ça mérite une couverture ? En tout cas, est-ce qu’il peut avoir une quelconque priorité par rapport à un Ousmane Sonko qui mobilise 100 000 personnes ? Non. La presse est là où se trouve le public’’.
Cela dit, nuance-t-il, ‘’si le journaliste est tenu de rapporter ce qu’il a constaté, de donner la priorité à Ousmane Sonko qui draine des foules, le chroniqueur, lui, peut se permettre, par exemple, de dire que tel a mobilisé plus de monde, mais c’est un voyou. Tel a été plus pertinent, même s’il n’a que deux personnes. Mais c’est son opinion. Ce ne sont pas des faits. Si les gens aiment les voyous, le journaliste n’y peut rien, ce n’est pas de sa faute. Vous savez, même quand on était adolescent, les adolescentes préféraient les sales gosses qui insultent, qui tapent et qui fument. Le petit intellectuel qui est le premier dans sa classe, il a peut-être quelques fans dans sa classe, mais dans la rue, on préfère le voyou’’, ironise le journaliste écrivain.
La faillite des médias ?
Pour sa part, Mamadou Oumar Ndiaye déplore une baisse du niveau dans les rédactions. ‘’Ce que je déplore, c’est qu’aujourd'hui, il y a une faiblesse des ressources humaines au niveau des médias, dans ce pays. Dans les rédactions, on ne trouve pas suffisamment de journalistes expérimentés et aguerris pour jouer le rôle qui devait être celui des médias, à savoir celui de cadre d’expression, de débats autour des problèmes que traverse notre société. Dans n’importe quelle rédaction, les journalistes les plus expérimentés n'ont pas 30 ou 35 ans d’expérience. Les journalistes quittent assez tôt les rédactions. Ils sont dans les ministères, dans les ONG, dans les organisations internationales, partout sauf dans les rédactions où ils devraient être’’.
Conséquence, selon lui, le terrain étant vide, il a été occupé par les réseaux sociaux où des individus sortis de nulle part deviennent des leaders d’opinion plus écoutés parfois que les journalistes formés à bonne école. ‘’Parfois, c’est des maitres chanteurs, des aventuriers, des gens qui n’ont rien compris des enjeux, mais qui, par la force du Net, sont devenus incontournables. Ce qui a mené à cette situation avec un débat public qui relève plus de l'anecdote que de la confrontation des idées’’.
De l’avis d’Ibou Fall, ce contenu est juste à l’image de la société. À la question de savoir si les Sénégalais n’en ont pas assez, il rétorque, ironique : ‘’Non. Le pays n’en a pas ras le bol, parce que c’est ce qui correspond à son niveau de compréhension. On aime les empoignades, les insultes, les faits divers. C’est ce que veulent les Sénégalais. De toutes les façons, ça va continuer jusqu’en 2024. Après le vote, ce sera terminé. On est dans le royaume des émotions.’’
LA TUNISIE DOIT METTRE FIN AU DISCOURS DE HAINE CONTRE LES SUBSAHARIENS, SELON L'ONU
Le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale a lancé un avertissement mardi aux autorités tunisiennes pour faire cesser les "discours de haine raciste" en particulier envers les ressortissants d'Afrique subsaharienne
Le Comité s'est dit "alarmé par les propos tenus par le chef de l'Etat tunisien (Kais Saied) fin février, alléguant que des +hordes de migrants illégaux+ en provenance des pays africains subsahariens s'inscrivaient dans +un plan criminel visant à modifier la composition du paysage démographique de la Tunisie+ et étaient à l'origine +de violences, de crimes et de pratiques inacceptables+".
Le Comité a estimé que de tels propos sont contraires à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale dont il a pour mission de surveiller le respect par les parties prenantes.
Il s'est dit "profondément préoccupé par une recrudescence des discours de haine raciale ou xénophobe en Tunisie à l'encontre des migrants des pays subsahariens, sur les réseaux sociaux et certains autres médias, y compris les discours de haine raciste tenus par des personnalités privées et des partis politiques".
Le Comité est également "gravement préoccupé" par le fait que cette vague de discours de haine et de stigmatisation a conduit à des actes de violence contre ces migrants, notamment des agressions physiques et des expulsions de leur domicile et de leur travail.
Le Comité est alarmé par les informations faisant état de nombreuses arrestations arbitraires de ces migrants, dont des femmes, des enfants et des étudiants, "menées par les forces de l'ordre dans le cadre de la campagne intitulée +Renforcement du tissu sécuritaire et réduction du phénomène de séjour irrégulier en Tunisie+, sans toutes les garanties procédurales".
Le Comité a demandé à la Tunisie de cesser immédiatement les arrestations et les détentions collectives de ces migrants, de libérer ceux qui sont détenus arbitrairement et de permettre à ceux qui choisissent de demander l'asile de le faire.
Début mars, le président tunisien s'était défendu de tout racisme à l'égard des Africains subsahariens après le tollé suscité par son discours incendiaire du 21 février largement condamné par la communauté internationale et des ONG de défense des droits humains.
Il a rejeté les "propos malveillants" de ceux qui "ont voulu interpréter le discours à leur guise pour nuire à la Tunisie".
Dans la foulée des violences déclenchées par les propos du président, la Banque mondiale (BM) avait annoncé suspendre "jusqu'à nouvel ordre" son cadre de partenariat avec la Tunisie, qui se trouve dans une situation économique catastrophique.
Tunis négocie aussi depuis plusieurs mois avec le Fonds monétaire international (FMI) un prêt de près de deux milliards de dollars.
OPÉRATION D'IDENTIFICATION DE SÉNÉGALAIS DISPARUS EN TUNISIE
Dakar cherche à identifier les dépouilles d'"une vingtaine" de Sénégalais qui se sont noyés fin mars dans le naufrage de leur embarcation au large de la Tunisie, indique un communiqué officiel lundi
Une mission sénégalaise s'est rendue à Sfax, point de départ dans le centre-est de la Tunisie de l'embarcation ayant fait naufrage, pour une mission d'identification" des corps, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Pour le moment, "aucune des dépouilles repêchées par les garde-côtes tunisiens ne correspond à nos compatriotes" disparus dans ce naufrage survenu "dans la nuit du 23 au 24 mars au large de la Méditerranée", indique le ministère, qui ne donne pas d'indication sur le nombre de corps. L'ambassade du Sénégal à Tunis "va rester en contact permanent avec les autorités (tunisiennes) et le Croissant rouge tunisien pour suivre les opérations de repêchage et d'identification des victimes", ajoute le communiqué.
Plusieurs dizaines de migrants sont morts dans une série de naufrages et d'autres sont portés disparus depuis le violent discours, le 21 février, du président Kais Saied sur l'immigration clandestine. Après ce discours, une partie importante des 21.000 ressortissants d'Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, et leur logement, du fait de la campagne contre les clandestins. La plupart des migrants africains arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d'immigrer clandestinement l'Europe par la mer, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 kilomètres de l'île italienne de Lampedusa.
Mi-mars, Dakar avait rapatrié 76 compatriotes de Tunisie et de Libye voisine après les propos du dirigeant tunisien.
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SAHEL : LES JOURNALISTES PRIS ENTRE TROIS FEUX
Après une décennie de recherches, RSF a publié lundi un rapport intitulé « Dans la peau d’un journaliste au Sahel ». Un document de 40 pages qui expose la détérioration des conditions d’exercice des professionnels surtout ces 2 derniers années
AfricaGlobe Tv |
Fred ATAYODI |
Publication 04/04/2023
"Le plus beau métier du monde" est en agonie dans le Sahel. Pratiquer le journalisme est devenu de plus en plus délicat, voire problématique au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Tchad, et dans une moindre mesure en Mauritanie où la situation est de moins en moins critique. C’est ce qui ressort du dernier rapport de Reporters sans frontières publié ce lundi 03 avril 2023, à Dakar en présence des professionnels.
Ce rapport intitulé « Dans la peau d’un journaliste au Sahel » est le résultat d’une enquête entamée depuis 2013, mais avec un focus sur les deux dernières années au cours desquelles les conditions sécuritaires se sont dangereusement dégradées dans la zone, favorisées notamment par l’avènement des militaires au pouvoir, au Burkina Faso et au Mali. Ce document d’une quarantaine de pages et portant sur les 6 pays cités, montre « une tendance lourde » à la restriction de la liberté de la presse au Sahel et l’obstruction du droit du public à l'information.
Les journalistes exerçant dans les pays concernés sont clairement pris entre trois feux : les groupes armés ou djihadistes qui commentent des exactions, les autorités, notamment militaires qui en ripostant commettent à leur tour des exactions voire font des dégâts collatéraux sur des innocents et les activités qui ne veulent pas qui ne veulent nullement que des journalistes touche à un seul cheveux des militaires y compris quand ceux-ci font des abus dans leur juste volonté de traquer et de réprimer les terroristes.
Critiquer la junte et les activistes s’occuperont de vous sur les réseaux sociaux vous livrant presque à la vindicte populaire. Ainsi, arrestation, disparition, incarcération, expulsion de journalistes étrangers ou difficultés d’accréditation kidnapping, menaces, tentative claire de musellement sont les maux qui minent le métier surtout ces dernières années.
En plus de cela, le Bénin lui, est un cas spécial dans l’obstruction de la liberté de la presse. Il y a cette asphyxie financière qui consiste en la suppression de l’aide à la presse, privation d’accès à la publicité aux médias insoumis. Ce faisant, on impose en douceur l’autocensure. Conséquence, des informations tout droit sorties « des officines ministérielles ou présidentielles » ne produiront que « des unes siamoises ».
In fine, entre les notes de cadrage béninoises, les injonctions patriotique du Mali et du Burkina, inspirées par les militaires putschistes, la situation reste très difficile pour les journalistes dans le Sahel : arrestation, disparitions, incarcération, kidnapping ces dernières deux années ont particulièrement été sombre pour les journalistes.
Le rapport a été présenté lors d’une conférence de presse ce lundi par Sadibou MORANG, le Directeur Afrique subsaharien de Reporters sans frontières et sa collègue Jeanne Lagarde, chargé du plaidoyer avec le témoignage édifiant d’un journaliste burkinabé Atiana Serge OULON qui travaille dans ce contexte et est aussi victime de certains faits inacceptables dont fait mention le rapport. En marge de cette conférence de presse Sadibou Morang a répondu aux questions d'AfricaGlobe Tv (voir la vidéo).
Le rapport décrit les nouveaux ennemis des journalistes locaux et de la presse et de la presse aussi bien locale qu’étrangers, propose des moyens de résilience et préconise une trentaine de recommandations, explique Jeanne Lagarde.
Le travail est basé sur le monitoring entamé depuis des années, de la recherche (mission de terrain, notamment au Burkina et au Bénin), des entretiens physique ou téléphonique avec les journalistes du pays ou étrangères en poste ainsi qu’avec des experts des médias, des témoins de violation de l’exercice du métiers, ainsi que l’envoi de questionnaires à répondre en lien à l’accès à l’information.
Le rapport entre dans le cadre d’une campagne lancée en 2022 par Reporters sans frontières intitulé « Sauver le journalisme au Sahel ». Le but visé par cette campagne, c’est de fédérer la résistance contre cet environnement incompatible à la pratique du métier avant que cette zone d’Afrique subsaharienne ne devienne « une zone de non-information et un trou noir de l’information en Afrique et dans le monde en général ».
Cette campagne vise également à lancer la mobilisation pour libération de journalistes enlevés dans la région, notamment le journaliste français Olivier Dubois libéré récemment, après près de deux ans de détention par le groupe djihadistes au Mali. L’idée de la campagne elle-même a été motivée par le constat clair de la détérioration de la situation sécuritaire dans le Sahel.
Journaliste, homme politique et écrivain colombien, Prix Nobel de littérature (1982), disait du journalisme que c’est « le plus beau métier au monde ». Mais comment peut-on bien exercer ce beau métier du monde dans, en tout épanouissement les conditions qu’imposent ceux qui ont des intérêts privés à protéger alors que l’information devrait être, elle, de l’ordre de l’intérêt général ?
Pour mémoire en 2021, deux journalistes espagnols ont été assassinés au Burkina, enlèvement d’Olivier Dubois. Depuis 2013, ce sont 5 journalistes qui ont été tués au Sahel et 10 disparus et des centaines d’autres menacés dans le cadre de leur travail, pression faite sur les radios communautaire.
En revanche, on aurait voulu avoir aussi le point dans ce rapport des pays comme la Guinée où au plus fort de tripatouillage constitutionnel en vue du 3è mandat d'Alpha Condé, les journalistes ont eu beaucoup de soucis figure dans le rapport. Dans une certaine mesure aussi le Sénégal même si les déboires pour les journalistes sont très récents.
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DEMARRAGE DU PAIEMENT DES BOURSES A TOUBA
Le régisseur des bourses de l’Université Gaston Berger (UGB), Assane Ndiaye, a procédé lundi au démarrage du paiement des bourses destinées à plus de cent étudiants du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’éducation et la formation (CCAK-EF) de Touba
Touba, 3 avr (APS) – Le régisseur des bourses de l’Université Gaston Berger (UGB), Assane Ndiaye, a procédé lundi au démarrage du paiement des bourses destinées à plus de cent étudiants du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’éducation et la formation (CCAK-EF) de Touba, a constaté l’APS.
‘’Il y a des critères spécifiques pour le privé, c’est pourquoi on s’est retrouvé avec un nombre de cent et quelques étudiants qui sont boursiers. Et dans ces bourses-là, il y a des demi-bourses, des bourses entières et tout à l’heure on nous a signalé qu’il y a des étudiants qui ont une mention bien’’, a déclaré M. Ndiaye, précisant que le paiement de ces bourses se fait par billetage.
Régisseur des bourses de l’UGB de Saint-Louis, M. Ndiaye qui s’entretenait avec des journalistes, est revenu sur les critères de choix concernant l’octroi de ces allocations d’études.
‘’Les étudiants sont payés en fonction de leur mérite bien sûr. Il y a des critères pour avoir une bourse. On a aujourd’hui des nouveaux bacheliers qui viennent fraîchement de s’inscrire. On tient compte de leur note au baccalauréat. Sur ce, on leur attribue des bourses. Ça peut-être une demi-bourse, une bourse entière ou une bourse d’excellence’’, a-t-il notamment expliqué.
Pour la bourse dite d’excellence, M. Ndiaye tient à préciser qu’elle est attribuée aux étudiants qui ont la mention bien voire très bien à l’examen du baccalauréat’’ et qui selon lui, sont régulièrement inscrits dans les universités.
‘’Aujourd’hui, j’ai payé pour les demi-bourses parce que c’est un rappel et on compte à partir du mois d’octobre. Certains reçoivent 275 mille francs mais pour la majeure partie, c’est 155 mille francs chacun’’, ajoute-t-il.
Le secrétaire général du CCAK de Touba, Pape Makhtar Ndiaye, a salué les efforts de l’État visant à octroyer ces allocations aux étudiants dudit complexe. ‘’ (…) Aujourd’hui avec la venue du régisseur des bourses, ils sont convaincus que l’État a fait un immense effort en leur octroyant ces allocations d’études. C’est donc devenu une réalité. C’est donc un atout important qui va les renforcer dans leur apprentissage’’, s’est-il réjoui.
Le CCAK de Touba a été officiellement ouvert le 6 février 2023 par le Khalife général des mourides Sérigne Mountakha Mbacké, en présence du chef de l’État Macky Sall.
Fils du deuxième Khalife général des mourides, Sérigne Ahmadou Badawi Mbacké est le recteur du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim.
DE L’AVÈNEMENT D’UNE TROISIÈME RÉPUBLIQUE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS – Pour une réponse de gauche à la turbulence due à la confiscation de l'arène politique par la rivalité politicienne et le désordre organisé – Comment ne pas se laisser capturer par les populismes ? INTERVIEW D’AZIZ SALMONE FALL
Propos recueillis par Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 03/04/2023
Au moment où se multiplient les initiatives de regroupement des forces dites de gauche au Sénégal, SenePlus a interpellé Aziz Salmone Fall qui est l’un des initiateurs d’un projet dénommé Seen Egalité qui devrait être lancé dans les toutes prochaines semaines à Dakar. Aziz Salmone Fall est un politologue, membre du GRILA (Groupe de recherche et d'initiative pour la libération de l'Afrique), dont il est le coordonnateur pour la Campagne Internationale Justice pour Sankara. Universitaire, il est également membre du secrétariat exécutif ad hoc de l’internationale des travailleurs et des peuples. Dans l’espace politique sénégalais, il s’est distingué comme l’un des cofondateurs du MAG, le Mouvement des assises de la Gauche au Sénégal.
SenePlus : Depuis plusieurs années, la Gauche semble se chercher une voie de résurgence. A l’approche des échéances électorales, cette quête s’emballe dans une sorte d’urgence pour éviter l’aphonie. A moins d’un an de la présidentielle de février 2024, vous créez le groupement Seen Égalité. Est-ce une initiative politique de plus, sinon dites-nous en quoi elle est différente des projets passés dont les résultats n’ont pas toujours été des plus heureux ?
Aziz Salmone Fall : Le groupement Seen Égalité – Seen Égal est issu de la consultation de progressistes du Sénégal, en vue de la convergence de ses forces démocratiques panafricaines et populaires de gauche. C’est une dynamique de construction de convergences d’idées dans la diversité. La construction de cette mouvance politique, et le rassemblement des acteurs qui la composent, œuvrent résolument en faveur du peuple, à partir des revendications sociales et des exigences de rénovation d’une gauche authentique.
Quel est l’objectif ultime ?
Cette convergence escompte l’avènement d’une troisième république et un développement autocentré progressiste panafricain, écologiste et féministe. Elle espère la réviviscence de l’espoir révolutionnaire, encore fort ou diffus dans plusieurs tranches de notre population. Cette convergence fait aussi écho aux espérances de nos masses défavorisées, de voir résolues leurs aspirations essentielles et fondamentales.
Pourquoi annoncer l'avènement de votre secrétariat politique, précisément ce 4 avril 2023 ?
Nous tenions, comme promis, aux membres du groupement de respecter l'engagement d'avoir un secrétariat à cette date. Le groupement est doté d’un secrétariat ad hoc pour expédier les affaires courantes. Le Secrétariat ad hoc est constitué de membres volontaires ayant participé au processus d’élaboration du groupement Seen Égal Seen Égalité . En tant que comité directeur, il aide le groupement à réaliser sa vision, ses objectifs et ses décisions avec rapidité et efficacité. L’esquisse de projet de société Seen Égal-Seen Égalité sera peaufinée par le Secrétariat. Ce dernier assure, par consensus, l’efficacité́ et l’efficience du groupement en ce qui concerne les décisions majeures et questions de nature urgente, l’ordre du jour des réunions, et les propositions d’action. S’il n’y a pas de consensus, un vote avec la majorité des deux tiers est requis à toute décision. La structure demeure provisoire jusqu’à l’officialisation, au besoin, de Seen Égal- Seen Égalité et la précision de son objectif et mandat et ses élections. La forme et le fonctionnement de l’organisation seront démocratiquement déterminés au fur et à mesure de la progression. Entretemps le Secrétariat ad hoc assure le mandat exécutif. Une conférence de presse et le lancement officiel du groupement et le dévoilement de l'esquisse de projet de société suivront sous peu.
Par quel processus cette convergence au sein de votre groupement s’est-elle construite ?
L’esquisse de projet de société Seen Égal-Seen Égalité découle de la trajectoire historique impulsée par moi, alors un des initiateurs du mouvement des assises de la gauche au Sénégal. Ce mouvement a bifurqué vers les rencontres de la Gauche historique, ensuite vers les assises nationales, et finalement vers Benno, mais toujours sans atteindre l’objectif initial d’unir la gauche et proposer un projet de société cohérent. Plusieurs partis de gauche essayent périodiquement de se regrouper et lancent des appels à l’union, ce qu’il faut saluer et toujours encourager. La gauche au Sénégal a joué un rôle historique majeur dans la construction de l’État-nation et l’évolution progressiste des consciences politiques. Certaines de ses franges ont fait des compromis, d’autres des compromissions, d’autres n’ont pas dérogé à leur principe, et sont marginalisées et se sentent incomprises.
Vous pensez vraiment que la Gauche a encore un rôle spécifique à jouer au Sénégal ? Ne s’est-elle de facto désintégrée dans ses dynamiques d’alliance avec les Libéraux ?
La gauche sénégalaise, au fil des ans, a centré principalement la bataille du regroupement et l’effort d’unification -le contenant- autour de la démocratie représentative et des joutes électorales. Des coalitions électorales sont advenues, ont perduré ou pas. Généralement, il y a eu un recul face aux forces du marché, désormais à un stade de centralisation et de concentration du capital inusitées grâce à l’ouverture libérale mondialisée. Son mythe, vendre, et vivre pour consommer, et si possible le plus individuellement possible ! Ainsi à gauche, il y a eu progressivement un renoncement aux enjeux fondamentaux de projet de société. D’ailleurs, même s’ils sont rarement énoncés, ils passent inaperçus, tellement d’immenses franges sociales dans la société, pourtant concernées, sont pour les unes dans la dépolitisation, le court terme, voire la survie, les autres dans une conscience politique éveillée mais engluée dans le brouhaha politique, médiatique et culturel. L’arène politique souvent inutilement bavarde et superficielle a peu de prise sur le réel, qu’elle biaise et élude. On note une religiosité croissante de l’espace public et politique, qui y revendique sa participation. Trop de médias, de médias sociaux et de faiseurs d’opinions en polluent l’espace, supputant sur les nombreux scandales judiciaires et financiers, y distillant des discours moralistes et autres sermons manichéens, substitués à l’analyse de la réalité scientifique de notre formation sociale.
Ce que vous dites-là ne participe pas à crédibiliser l’action politique aux yeux des citoyens…
Oui, tout cela se traduit par une désinformation et une défection de la politique réelle, et un manque de discernement de bien des citoyens sur ce qui est désormais de gauche ou de droite, ou au nom d’une prétendue realpolitik qu’anime la dépolitisation du néo-libéralisme. Malgré une certaine érosion, les valeurs de gauche, comme les valeurs éthiques d’ailleurs, persistent néanmoins au sein du peuple. Abandonnées par l’absence de projet de société cohérent de l’État, des masses importantes de notre peuple se débrouillent.
Mais alors dans un tel contexte quelle est votre analyse de l’état du pays aujourd’hui ?
Au niveau urbain, il y a une grande turbulence du fait de la confiscation de l'arène politique par la rivalité politicienne et un désordre organisé. Dans nos campagnes, la dépossession des paysanneries est la forme la paupérisation la plus grande, et l'espace périurbain le gruge. Au Sénégal, la société de négoce a pris des proportions énormes, faisant basculer dans le mercantilisme des strates entières de producteurs, ruraux ou non, diplômés comme membres du lumpen prolétariat. Ils œuvrent dans le pays et en diasporiques à l’extérieur, en réseaux sophistiqués. L’économie informelle y domine. Elle est principalement tournée vers les produits de la modernité, la satisfaction d’une consommation par le recyclage ou le bas de gamme importés, mais fournissant, à défaut de mieux, les demandes de l’essentiel de la population. La forme précapitaliste se caractérise par la transformation domestique familiale ou individuelle, la petite production, la transformation et transaction marchande communautaire, périurbaine et religieuse, la petite distribution ou le stockage de l’économie du container.
Le secteur de l’informel a atomisé le potentiel économique national qui ne survit que dans la rente ou dans ses rapports incestueux avec le pouvoir étatique…
En effet, l’État laisse faire avec grand laxisme cette économie de la débrouille, signe de son propre échec, taxant là où il le peut et laissant croitre une corruption endémique, dont il est aussi l’épicentre, à en déduire des scandales qui défrayent la chronique. Les différents régimes politiques qui se sont succédés vivent des perfusions de l’aide internationale et du bradage des pans utiles de l’économie, des immobilisations foncières et du bâtiment et de diverses captations élaborées de rentes. Le boom immobilier dans la capitale illustre combien les terrains sont 15 fois plus chers qu’en 1990, alors que les logements locatifs sont de moins accessibles et doivent abriter plus de 42% des habitants de la capitale.
Après tous ces constats, en quoi y a-t-il la moindre pertinence dans de possibles réponses apportées par un projet dit de gauche ? La Gauche peut-elle répondre aux attentes d’une jeunesse qui aspire à des changements radicaux qui l’éloigne des tourments des politiciens responsables d’une gouvernance qu’elle considère comme scabreuse depuis tant d’années ?
Toutes ces réalités, parmi tant d’autres, sont des terreaux infertiles pour des forces de gauche, mais des contradictions et paradoxes qui peuvent l'éveiller. Il y a aujourd’hui un certain esseulement, une confusion et une dispersion des forces progressistes. Une frange de notre jeunesse, exaspérée et sans horizon, gronde et se décline en variantes politisées ou non. Peu sont organisés au sein de forces politiques progressistes. On peut questionner son discernement politique à ne pas se laisser capturer par les populismes et culturalismes. On note de l’autre côté, un regroupement de certaines forces de gauche, en blocs coalisés, au niveau du pouvoir, comme de l’opposition. Il y a aussi sporadiquement de multiples efforts de certains partis et individus de cristalliser une convergence de ces forces. La tentation populiste et patrimoniale demeure dominante. Dans l’ensemble, on pourrait encore mieux faire, pas seulement pour le contenant, mais surtout pour le contenu.
Mais comment reconstruire une politique citoyenne, à partir d’une offre susceptible de faire converger les revendications de mouvements fragmentés et parfois divergents ?
Il revient aux militants, aux citoyennes et citoyens engagé-es, face à l’action défaillante des dirigeant-es, de mettre la pression sur les orientations afin de façonner le message progressiste. La gauche, dans notre entendement, s’inscrit dans le combat donnant à la démocratie son sens émancipateur et affirmant les droits humains et du citoyen, les droits sociaux individuels et collectifs, les droits à la maîtrise sociale du système économique. Hélas, dans le contexte du Sénégal actuel, construire la gauche alternative exige, pragmatiquement, que l’on développe des stratégies principalement autour du centre gauche avec le maximum de forces politiques et populaires se réclamant du progrès social. Avec minimalement toutes les forces et mouvements sociaux engagés contre le néo-libéralisme, contre l’impérialisme, et dans une perspective panafricaine en faveur d’avancées démocratiques et populaires, du progrès dans la libération des femmes et dans le respect des exigences d’une gestion écologique viable de la terre. Seen Égalité s’inscrit dans cette dynamique d’organiser les aspirations des classes populaires, pour circonscrire et renverser les pouvoirs dominants qui empêchent leur concrétisation. Ceci est un outil à opérationnaliser par nos travailleuses, nos travailleurs, nos sans -emplois, notre jeunesse. Cette jeunesse consciente qui perpétue les espérances de générations qui n’ont pas pu définitivement abattre l’injustice sociale et l’ordre impérialiste et néo-colonial. Nous escomptons ensemble faire reculer les bornes de l’idéalisme, de l’ignorance et de l’adhésion à des illusions passéistes obscurantistes et ethnicistes. L’exigence est d’assurer la démocratisation de la société et la socialisation de la gestion économique. Le renforcement progressif de la convergence, dans la diversité, exige la tolérance et la conciliation. Il faut, avec l'esprit de discernement, armés de science de culture et d'altruisme empathique, dégager l'horizon pour esquisser les fondements d’un projet de société progressiste viable et enviable pour la multitude. Revisiter et vivifier les valeurs qui fondent la gauche, au-delà du discours ou du label, en se fondant sur la praxis. Entre autres la pratique de l’altruisme, la solidarité avec les plus opprimés, l’égalité à tous les niveaux, le refus de l’exploitation, de l’oppression et de l’injustice; l’élan pour le progrès social, la laïcité, la liberté, la conscience révolutionnaire...Ainsi parviendrons-nous à assainir le projet politique et esquisser et mettre en œuvre ensemble un projet de société.
Dans tout cela, on vous connaît plus à l'extérieur du Sénégal que dans votre pays. Pourquoi ? Où étiez-vous toutes ces dernières années ? Que faisiez-vous ?
La plupart de nos membres sont d'une intégrité irréprochable, connu-es du pays, fières filles et fiers fils africain-es du Sénégal comme moi. Je suis plutôt connu du milieu académique, politique et militant. Comme le dit l'adage, nul n'est prophète chez soi. Par exemple, je suis plus connu au Burkina Faso, parce que j'ai coordonné nos courageux avocats qui ont défendu pendant 25 ans les droits des sankaristes et de Thomas Sankara. Je suis plus connu en Afrique du Sud en raison de ma lutte contre l'apartheid, ou internationalement en raison de mon internationalisme avec les Samir Amin et les camarades de la tricontinentale, ou pour mon opposition aux bases étrangères sur le continent Africain et le plaidoyer pour notre souveraineté panafricaine. Mais ici ce n'est pas de moi qu'il s'agit, ce qui importe c'est que le peuple découvre un projet et que les forces de gauche puissent s'entendre minimalement sur un contenu rassembleur et porteur.
En quelques mots, pourriez-vous nous dévoiler les grandes lignes du projet Seen Égalité que vous projetez de lancer officiellement dans les prochaines semaines ?
Je vous demande votre patience, il sera publiquement dévoilé très prochainement aux forces dites de gauche et ensuite à toutes nos citoyennes et citoyens. Je puis seulement vous dire que c'est relativement innovant et la bonne riposte contre l'ordre du monde qui enserre le Sénégal. Nous continuons à résister et à s’organiser consensuellement pour construire ensemble l’histoire. L’histoire d’aujourd’hui est celle d’une terre en danger. Elle est affectée par l’impact de la crise multidimensionnelle issue de la crise du capitalisme impérialiste des oligopoles. Le basculement du monde se manifeste par une crise multiforme, sanitaire, économique, climatique, militaire et de sens... Sortir de l’impasse, dominée par le capitalisme des oligopoles généralisé, (et de son régime mondial de la peur et de l’insécurité, incapable d’imaginer la paix que comme l’ordre entre deux guerres), impose des réponses originales et audacieuses. Elles doivent allier simultanément, démocratisation de la société et progrès social.
Vous professez un éloignement de l’ordre néo-colonial qui perdure depuis plus de 60 ans ? Comment y arriver ?
Pour ce faire, il faut contenir les intérêts socio-économiques que défend et représente le régime en place. Ce dernier est issu du mode néocolonial de croissance et qui a agi pendant longtemps dans le sillage de l’administrateur colonial, du tirailleur et même du fossoyeur des initiatives panafricaines. Les mœurs dans le pays ont été érodées par les comportements ostentatoires, les excès de ceux qui possèdent et leurs imitateurs et qu’amplifie l’internet voyeur. Le social-narcissisme, l’apparence et l’invective ont chassé la pudeur et le suturë. L’impunité persiste là où d’évidence il fallait sévir. Le Sénégal n'a pas de problème de carence de textes, il souffre d'un manque notoire de volonté politique de les appliquer. C’est le visage du mirage démocratique sénégalais. Une culture politique, ancienne et rétive, permet néanmoins une relative organisation démocratique des forces et une libre expression difficile à bâillonner. Nous utiliserons donc ces espaces pour laisser aux citoyens et citoyennes d'apprécier les voies possibles d'une indépendance véritable et harmonieuse. Bonne fête aux sénégalaises et sénégalaises et à nos hôtes.
par Hamidou Anne
LA FRANCE QUI N'A HONTE DE RIEN
Grâce au «Monde», nous apprenons que Paris a envoyé un émissaire chez Ousmane Sonko, chef de file du nouveau fascisme sénégalais, pour donner des gages au mépris des valeurs qu’elle n’a eu de cesse de clamer depuis des décennies
Dans un article très fouillé, le journal Le Monde nous fait part des nouvelles fourberies françaises en Afrique. Cette fois, leur théâtre est le Sénégal. Le jeu opportuniste propre à la politique africaine de la France est classique. La lâcheté avec laquelle le pouvoir de Emmanuel Macron agit en Afrique se fait voir de jour en jour. Sous les dehors d’un ogre, Paris agit comme un tigre en papier sur le continent. Les assauts numériques des fachos des tropiques paient, car la France vient leur manger dans la main. Le casting est intéressant. Grâce au «Monde», nous apprenons que Paris a envoyé un émissaire chez Ousmane Sonko, chef de file du nouveau fascisme sénégalais, pour donner des gages au mépris des valeurs qu’elle n’a eu de cesse de clamer depuis des décennies, sur l’intransigeance vis-à-vis de l’Extrême-droite. Il se trouve que ses valeurs sont modulables selon que l’on soit sur les berges de la Seine ou sur la corniche dakaroise. Qui est cette envoyée de Macron à M. Sonko ? Il s’agit de Mme Nadège Chouat, numéro deux de la Cellule Afrique de l’Elysée, qui connaît bien notre pays pour y avoir vécu en tant que directrice de l’Institut français de Dakar. D’ailleurs, à cette époque, un de ses collaborateurs aurait suggéré d’inviter les auteurs de l’ouvrage collectif «Politisez-vous !» que nous étions, à venir le présenter à l’institut. Elle aurait catégoriquement refusé au motif que nous sommes un groupuscule de dangereux communistes peu fréquentables. En revanche, pour organiser des messes basses avec un fasciste, fut-il chef de l’opposition sénégalaise, Mme Chouat n’y trouve rien de révulsant. La diplomatie française nous a habitués à plus de tenue et de culture républicaine.
Il est absurde de soutenir que Emmanuel Macron est un homme d’Extrême-droite. Mais il est clair que la montée de ce courant politique ne le dérange pas outre mesure au regard de ses actes et mots, ses prises de positions et sa tolérance vis-à-vis d’intellectuels racistes et islamophobes. Jamais ce courant n’a eu autant de force dans son pays que sous son magistère. Pour rappel, le Rassemblement national en France est passé de 8 à 89 députés à force, pour le gouvernement français, de banaliser la parole raciste et islamophobe.
L’Extrême-droite ne répugne pas l’Elysée comme elle me répugne, comme elle devrait répugner tout républicain et démocrate qui sacralise la liberté et le débat contradictoire, mais dans les limites de l’acceptable.
Rencontrer un homme inculpé pour viol par un juge d’instruction ne répugne pas Mme Chouat. Quant à Philippe Lalliot, un diplomate étranger ne rencontre pas un homme politique dans un pays tiers en plein procès. Il s’agit d’une pression manifeste sur la Justice sénégalaise et d’un symbole du peu d’égard que les ambassadeurs européens ont vis-à-vis des institutions sénégalaises. Ça ne se fait pas. Qui imagine qu’en 2017, à la veille de la Présidentielle française, l’ambassadeur du Sénégal déroule le tapis rouge à M. Fillon, mis en examen et appelé à faire face aux juges français dans l’affaire des emplois fictifs ?
Qui imaginerait en France des représentants officiels de l’Elysée et du Quai d’Orsay prendre le café avec un homme politique, candidat déclaré à une Présidentielle, mis en examen pour viol ? Les valeurs de la France sont si volatiles, et il est triste de voir un si grand pays s’abaisser à ce niveau de décrépitude pour préserver des intérêts bassement matériels tout en clamant avec grandiloquence et de manière insupportable des principes humanistes. «Ils prennent l’étiolement de leur âme pour de l’humanisme et de la générosité», disait Stendhal. Sous prétexte de modernité et de pragmatisme, Macron se pare d’indignité. Mais qu’attendre d’un homme qui est allé à N’Djamena valider l’installation d’une dynastie au mépris des règles élémentaires de la démocratie. Cet homme peut demain tailler bavette avec un Président sénégalais fasciste. Au fond, il ne renierait pas demain de collaborer avec les putschistes qui paradent dans la sous-région.
Sous le prétexte du réalisme et en défense de ses entreprises et soldats sur le continent, la France a perdu toute crédibilité attachée aux valeurs qu’elle clamait. Mais que M. Macron, M. Lalliot et Mme Chouat souffrent de nous voir cheminer avec nos valeurs humanistes qui sont aux antipodes de ce que le fascisme de M. Ousmane Sonko incarne.
Il est curieux que le pays du barrage contre l’Extrême-droite et du front républicain se noie dans les combines pour assurer ses arrières en cas d’élection des artisans du «France Dégage», les meneurs des assaillants dont ils flattent les instincts xénophobes et qui, à chaque manifestation, pillent Auchan et saccagent Total, les symboles de ce que la politique sénégalaise a produit de pire depuis Blaise Diagne et François Carpot.
Il est loin le temps où en 2002, toute la Nation française a investi la rue, car le candidat d’Extrême-droite était arrivé au second tour sans aucune possibilité d’être élu. C’est ce pays dont le chef d’Etat se veut parangon de la démocratie et des libertés qui envoie ses services secrets et ses représentants comploter (le mot est à la mode) contre les intérêts vitaux de la République du Sénégal dont M. Sonko n’est plus un adversaire mais un ennemi déclaré.
Peut-être parce que la France, encore paternaliste et hautaine, pense que les Africains ne sont pas assez sophistiqués pour haïr l’Extrême-droite. Ses autorités nous considèrent encore comme des nations «sous-développées» dont la seule survie relève déjà du luxe, qui ne doivent se préoccuper ni de valeurs ni de principes.
La France soutient l’Ukraine agressée par la Russie au nom des grands principes démocratiques et d’un idéal de liberté. Pour le cas du Sénégal, elle se compromet avec des fascistes, admirateurs zélés de M. Poutine, soutiens de putschistes au Mali, au Burkina et en Guinée, et prédicateurs de chaos. Paris s’honorerait en s’affranchissant de son opportunisme et en exerçant une stricte neutralité vis-à-vis des affaires intérieures sénégalaises. C’est ainsi qu’elle se montrera digne des belles valeurs dont elle se réclame.
Que l’Elysée écoute ce qu’un opposant, même à l’idéologie mortifère, a à dire n’est pas le propos, car cela s’inscrit dans la même logique qui amène le Palais de l’avenue Senghor à écouter une opposante française.
Ce dont il s’agit ici, au regard des informations livrées par Le Monde, c’est une forme de finasserie à grand renfort de missions d’éléments des services secrets et d’ouverture de canaux officieux avec un politicien séditieux qui a appelé au meurtre du chef de l’Etat, insulte nos juges et officiers supérieurs, menace nos journalistes et intellectuels et vilipende nos figures morales.
Le jour où la France voudra à nouveau se dresser contre les populistes et les démagogues, en communion entre démocrates et progressistes de tous les pays, elle n’aura qu’à nous retrouver sur la ligne de front. D’ici là, dans sa lâcheté et son indécence, elle pourrait au moins nous épargner cet activisme opportuniste et ses prochaines leçons de morale.
par Ousmane Sonko
LE TERME INDÉPENDANCE EST DEVENU DÉSUET
La fête de l'indépendance devrait plutôt s’appeler « Fête nationale ». De même, le boulevard sur lequel elle se déroule devrait être débaptisé et rebaptisé Boulevard de la Nation ou porter le nom d’une de nos grandes figures
Le thème de la fête nationale du Sénégal, édition 2023, « Forces de défense et de sécurité et préservation des ressources naturelles », est un thème d'une brûlante actualité. Il met en exergue des acteurs clés :
1- les Forces de défense et de sécurité (FDS) qui jouent un rôle majeur dans la lutte contre la coupe de bois dans nos régions Sud. Elles contribuent également à la lutte contre l'orpaillage clandestin à Kédougou, assurent la protection de nos eaux territoriales et la sauvegarde de nos ressources.
Aujourd'hui, avec l'exploitation future du pétrole et du gaz, les FDS devront être renforcées humainement et matériellement pour assurer la protection souveraine de nos plateformes pétrolières et gazières.
2- Les Eaux et Forêts et la Direction des Parcs nationaux qui jouent également un rôle prépondérant dans la préservation de nos écosystèmes et la protection de nos forêts, espaces marins, etc. C'est le lieu de féliciter nos FDS qui, en plus de leur mission aussi vitale que périlleuse de sécurisation de notre intégrité territoriale, s’investissent inlassablement, à côté des services des Eaux et Forêts et des Parcs nationaux, pour la préservation de notre biodiversité et de nos ressources naturelles.
Elles méritent tous les efforts possibles pour l’amélioration humaine et matérielle de leurs capacités opérationnelles ainsi que leurs conditions de vie. Nous les encourageons à rester toujours constants dans leurs missions régaliennes.
Chers compatriotes, dans les choix de célébration de l'accession à la souveraineté, les dates peuvent correspondre au jour où la déclaration d’indépendance est intervenue, comme c’est le cas de la date du 4 juillet pour les États-Unis d’Amérique. Cependant, aussi bien les processus ayant conduit à l’indépendance que leur symbolique diffèrent entre les États-Unis et le Sénégal.
Les dates peuvent également correspondre à d’autres évènements, comme pour la France dont la Fête nationale, fixée au 14 juillet, est généralement associée à la prise de la Bastille de 1789, même si dans les faits, c’est le 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération, qui est officiellement commémorée. La libération y est fêtée le 8 mai, correspondant au 8 mai 1945, date de signature de la capitulation allemande, et le 19 août commémorant la libération de Paris, le 19 Août 1944.
Les nations peuvent fixer des termes évènementiels pour se célébrer, communier et se ressourcer, mais, s’agissant de la nôtre, le terme indépendance est devenu désuet 63 ans après notre accession à la souveraineté internationale, tant il ne renvoie plus à quoi que ce soit de grand ou de valorisant.
C’est pourquoi nous pensons que la fête de l'indépendance devrait plutôt s’appeler « Fête nationale ».
De même, le boulevard sur lequel elle se déroule devrait être débaptisé et rebaptisé Boulevard de la Nation ou porter le nom d’une de nos grandes figures. Nos rues doivent s'identifier à nos héros ou à notre patrimoine national.
Dans cette perspective, le 4 avril 2024 marquera s’il plait à Dieu et grâce à votre confiance une nouvelle ère pour notre nation.
Je ne saurais terminer sans adresser mes vifs remerciements au Commandant de la Zone militaire sud qui m’a fait l’honneur de me convier à la cérémonie de prise d’armes qui aura lieu dans l’enceinte du camp militaire George Boissy à l’occasion de ce 63e anniversaire.
J’y avais pris part l’année dernière avec beaucoup d’émotions et d’admiration. Mais je suis au regret de ne pouvoir y assister cette année pour des raisons de santé.
Toutefois, l’Institution municipale y sera hautement représentée.