SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 juin 2025
VIDEO
LA PARADE DES NOUVELLES ACQUISITIONS A FAIT SENSATION
Le défilé aérien et motorisé a été l’occasion de montrer les nouveaux équipements et matériels acquis par l’armée dans le cadre du renforcement de ses capacités techniques et opérationnelles
Le nouvel matériel qui a défilé sous des regards admiratifs comporte notamment une unité canine très remarquée.
Les équipes et véhicules sont identifiables par les inscriptions de noms de villes et de personnes qui rappellent l’histoire guerrière et intellectuelle du Sénégal.
Il y a par exemple Essamaye, Boucoute Danki, Gandiole, Buumi, Pathé Badiane. Ce dernier nom par exemple fait référence à une localité située non loin de Nioro du Rip (centre) et qui fut le théâtre d’une bataille mémorable entre les forces musulmanes dirigées par Maba Diakhou Ba et les troupes françaises conduites par le commandement de Pinet Laprade.
Ninki Nanka, Gabou, Nder, Safara, Kahone sont également d'autres références servant de noms à certains des véhicules militaires ayant participé au défilé.
Les véhicules de guerre et de maintien de l'ordre dévoilés par l'armée portent également les noms de Léopold Sédar Senghor, Aline Sitoë Diatta, Khali Madiakhaté Kala, entre autres figures historiques.
par Souleymane Loum
LE TROISIÈME MANDAT POURRAIT BRÛLER DES DÉCENNIES DE DÉMOCRATIE
Dans la crispation autour du 3e mandat, il faut certes y voir l’appât du pouvoir mais il faut aussi y voir la peur rationnelle qu’a Macky Sall de finir devant les tribunaux pour ses propres turpitudes, celles de ses ministres ou de sa belle-famille
Le Sénégal célèbre ce mardi 4 avril le 63e anniversaire de son indépendance. Mais la fête nationale n’a jamais autant cristallisé les tensions politiques, à leur paroxysme dans un pays réputé pour sa stabilité et son modèle démocratique vieux de plusieurs décennies. La coalition de l’opposition a coupé les ponts avec le pouvoir en qui elle ne voit que dérives autocratiques, pratiques liberticides, répressions, brimades et violations des droits humains. Les opposants ont donc pris la décision de boycotter les festivités de ce 4 avril alors que le président Macky Sall les a conviés. On n’a pas vu une telle fièvre depuis 2011, quand le président Abdoulaye Wade voulait tripatouiller la Constitution pour y greffer la vice-présidence, changer l’ordre de succession et mettre sur orbite son fils. Les mêmes causes – ou presque – reproduisent les mêmes effets…
Il s’est mis la corde au cou
La Constitution, encore elle et les élections de 2024… Dans un pays très politisé où les jeunes se mobilisent fortement, militent, manifestent à tour de bras et votent massivement tout le monde ne parle que du troisième mandat qu’on prête à Macky Sall. Théoriquement la Constitution le lui interdit formellement, ce même texte qu’il a lui-même modifié dès son arrivée au pouvoir en 2012, conformément à sa promesse de campagne.
Pourtant le président a dernièrement argué de son droit à briguer un deuxième mandat en vertu du principe universel de non-rétroactivité. En gros puisque la Constitution a été modifiée durant le premier mandat ce dernier n’est pas comptabilité. Sauf que cette disposition n’a pas été explicitement mentionnée, par ailleurs Sall s’est mis la corde au cou en déclarant publiquement qu’il ne fera que deux mandats…
L’actuel président n’a pas fait que ça, il a aussi ramené le mandat de 7 ans à 5 pour, disait-il à l’époque, tarir la source des dérives monarchiques que l’opposition reprochait au président sortant battu dans les urnes. Ces changements majeurs étaient censés clore définitivement les remous sanglants qui ont émaillé la fin de règne du “bâtisseur” Abdoulaye Wade, à qui le Sénégal doit son sursaut économique et des infrastructures de premier plan.
Comment redonner sens à ce qui n’en a plus ? Face aux périls, quel salut pour le monde de l’entreprise ? Une lueur d’espoir perce avec l’annonce par le chef de l’Etat le 3 avril d’une rencontre prochaine avec les organisations patronales.
Comment redonner sens à ce qui n’en a plus ? Face aux périls, quel salut pour le monde de l’entreprise ? Une lueur d’espoir perce avec l’annonce par le chef de l’Etat le 3 avril d’une rencontre prochaine avec les organisations patronales.
En clair, la situation difficile que traverse l’entreprise sera explorée, disséquées, décortiquée au cours de ces entretiens très attendus. Certes les acteurs se connaissent. Ils se fréquentent même de façon assidue. Mais analysent-ils la même réalité de la même manière ? Ont-ils la même grille de lecture de la conjoncture ?
L’intérêt, avec ce rendez-vous, consiste à privilégier l’action plutôt que la rhétorique. Après tout, de part et d’autre de la table vont siéger des décideurs. Même s’ils appartiennent à des sphères que tout différencie, par leurs charges respectives ils prennent (ou posent) chaque jour des actes.
Ils établissent des politiques ou fixent des orientations. En un mot, ils visent des objectifs en se donnant les moyens de les atteindre. En bonne logique, ils doivent s’entendre. Et, au mieux, se comprendre au détour bien évidemment des diagnostics à établir.
La puissance publique a vocation à faciliter l’exercice des activités, sans toutefois les entraver. Ses tâches sont multiformes : rappel des règles, des lois et des règlements en vigueur, alerte sur les écarts ou les excès, habileté et souplesse dans les contrôles ou la vérification des pratiques.
Par ailleurs, elle doit se montrer plus compréhensive, moins rigide dans l’application des textes qui constituent justement son « livre de chevet ». Par cette ouverture d’esprit, les services de l’Etat restent…au service de l’entreprise en tant que vivier de créativités et surtout lieu de création de valeurs.
Sous cet angle, et quel que soit le pouvoir en place, l’administration digère l’exécutif et assure la permanence et la prééminence de l’Etat central. A cette fin, il revient à l’Etat de piloter la stratégie de reconquête économique (PSE) en misant sur des ressorts de compétitivité.
Il lui revient en définitive de préserver une économie ouverte et accueillante, compréhensive mais sans faiblesse aucune. Il lui revient de fixer un canevas pour créer de la croissance, du pouvoir d’achat en laissant à l’entreprise l’initiative de l’emploi.
Mais puisque l‘emploi est un enjeu sociopolitique, tout pouvoir tentera de l’apprivoiser pour en faire un trophée de sa réussite. Cela ne contredit pas la volonté d’aérer le jeu pour permettre à un plus grand nombre de chefs d’entreprise de jouer leur propre partition.
Aujourd’hui très mal en point, l’entreprise sénégalaise vivote. Elle peine à exister, à tenir debout, à se montrer vaillante tant les défis jalonnent sa marche ou rétrécissent sa marge de progression. Elle ploie sous les charges : impôts, taxes et allocations.
Dans un contexte de crise, ce poids pèse dans l’activité et obère les chances de réussite ou de succès. Il est dès lors compréhensible que les acteurs réclament un allègement des charges en trouvant de meilleures recettes ou formules de ponctions. L’entreprise guette donc une simplification des procédures qui constituent (pourquoi le nier) un véritable labyrinthe.
Parfois c’est la puissance publique elle-même qui s’emmêle les pinceaux. A fortiori les usagers… ! La médiocrité de son environnement l’affaiblit davantage. Les activités subsistent mais prospèrent très peu. Et quand elles sont plusieurs à faire la même chose, l’activité dépérit et perd ainsi de sa vivacité.
L’atrophie s’observe aussi dans le mode de gouvernance des entreprises. Pour des raisons différentes et dans des contextes, les entreprises reflètent l’état d’esprit de leurs créateurs. A l’arrivée, difficile de dissoudre autant de parcours et de trajectoires qui traduisent des caractères et des personnalités.
L’ancrage dans ces traditions, au demeurant légitimes, ne favorise pas des perceptions convergentes. Loin de là. Quelque part les différentes organisations patronales symbolisent ces attachements. Elles revendiquent les mêmes faveurs mais dans des tonalités plus que dissonantes. Leurs dirigeants respectifs cultivent la grande urbanité.
Ils opèrent avec discrétion et parviennent, chacun, à obtenir gain de cause pour mieux asseoir les bases de leur légitimité. Ils coexistent intelligemment et se font mutuellement des concessions quand l’un, l’autre ou tous parviennent à arracher des « victoires à la Pyrrus » sans le tribut.
Ainsi, s’offrent-ils aussi des espaces de dialogue et de concertations qui devraient dans une certaine mesure inspirer la classe politique toujours travaillée par des divisions. Les paradoxes abondent cependant. Conscients de leurs faiblesses respectives, les dirigeants patronaux peinent à se mettre d’accord pour fondre en une puissante organisation capable de négocier en position de force face à ses interlocuteurs.
L’émiettement des forces est un aveu d’impuissance dont se sert l’Etat pour contenir toute velléité d’émancipation. Autre faiblesse récurrente : le capital. Sa discrétion qui confine à l’effacement empêche toute lisibilité sur la force de frappe financière des chefs d’entreprise locaux.
Ils revendiquent leur part des marchés publics. Ils exigent des concessions dans les appels d’offres, les commandes publiques ou les privatisations. Ils vont même plus loin en sanctuarisant la « préférence nationale ».
Une jolie trouvaille à géométrie variable qui ne garantit pas une montée en puissance du privé national. Les licences de pêche sont là pour le démontrer. Les grands thoniers, pour contourner la loi et accéder à nos côtes très poissonneuses, se sont entendus avec des armateurs nationaux pour passer allègrement sous pavillon sénégalais et ainsi continuer à « piller » impunément nos ressources halieutiques. Résultat : plus de poissons sur de vastes étendues de nos eaux souveraines. La fonction protectrice de l’Etat transparaît ici plus nettement.
L’Etat peut donc accéder à la quête de préférence nationale en l’encadrant toutefois pour éviter les pièges tout en aidant le capital sénégalais à davantage s’affirmer. En revanche, nos capitaines d’industrie – tiens, un concept à revisiter !- doivent projeter leur ombre ailleurs que dans les traditionnelles « zones de confort ».
Dans l’âpre bataille de positionnement, les contraintes peuvent en définitive se transformer en atouts si la lucidité inspire les actes dans un environnement mondial où règne les rapports de force.
Le temps n’est-il pas venu de compter nos forces en renonçant à toute idolâtrie « sociale » des détenteurs de moyens financiers ? L’argent, dit-on, n’aime pas le bruit ! Mais chez nous tout est fait pour créer des « mythes » ou des « légendes » autour d’aventures individuelles ou accidentelles.
Celles-ci survivent le temps d’une pluie en saison sèche pour disparaître comme elle avaient surgit : furtivement ! Avec un sens élevé du discernement, les décideurs de tous bords peuvent combiner des alliages pour entériner la validité d’une émergence tant vantée. L’entreprise vaut ces sacrifices.
VIDEO
DÉFILÉ DU 4 AVRIL
En direct du boulevard du centenaire où le chef de l'État Macky Sall préside les festivités de la commémoration du 63e anniversaire de l'accession du Sénégal à l'indépendance
En direct du boulevard du centenaire où le chef de l'État préside les festivités de la commémoration du 63e anniversaire de l'accession du Sénégal à l'indépendance.
LE SPECTRE DE PARALYSIE DU SECTEUR DE LA SANTE
Le secteur de la santé risque de connaître des perturbations les jours à venir. Après le Collectif des médecins en spécialisation, c’est au tour des médecins de mener un plan d’action.
Le secteur de la santé risque de connaître des perturbations les jours à venir. Après le Collectif des médecins en spécialisation, c’est au tour des médecins de mener un plan d’action.
Pour dire stop aux arrestations qu’ils qualifient d’« arbitraires », le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décidé d’entrer dans la lutte. Il a déposé le lundi 3 avril 2023, un préavis de grève sur la table du gouvernement.
Parmi les motifs évoqués figurent : les arrestations arbitraires et répétées des agents de santé ; le non-respect du protocole d’accord de 2014 en général. Mais aussi la non application des accords de mai 2022 concernant les indemnités de logement et de représentation médicale pour contractuels des hôpitaux aux agents des collectivités territoriales des agents de l’agence Cmu, de l’Ipres, de l’Ismea et du Samu. Et du non-respect des monitorings mensuels des accords convenus.
Pour dire stop aux arrestations qu’ils qualifient d’« arbitraires », le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décidé d’entrer dans la lutte. Il a déposé le lundi 3 avril 2023, un préavis de grève sur la table du gouvernement.
UN PAYS EN OTAGE
Magistrats, médecins, acteurs économiques, journalistes, tous sont dans le viseur des extrémistes de Benno Bokk Yaakaar et de Yewwi Askan Wi qui ont fini d’entrainer, dans leur bipolarisation de l’espace politique, tous les secteurs
C’est un conflit qui, à certains égards, peut avoir des relents de guerre froide. Entre Yewwi Askan Wi conduit par Ousmane Sonko et Benno Bokk Yaakaar piloté par Macky Sall, c’est l’équilibre de la terreur. Chacun tenant son ‘’arme nucléaire’’ et jouant à se faire peur. L’image est parlante, elle est rappelée par le journaliste Mamadou Oumar Ndiaye, Directeur de publication du journal ‘’Le Témoin’’.
À son avis, il n’y a aucun doute. Le peuple est pris en otage par les deux blocs, ‘’surarmés’’ et ‘’surdéterminés’’ à se détruire. Seulement, constate le journaliste pour le regretter, durant la Guerre froide, malgré les hostilités, on reconnaissait à certains le droit d’être ‘’non aligné’’.
Plus de 30 ans après, au Sénégal, certains veulent interdire une telle posture à ceux qui ne se reconnaissent ni d’un camp ni de l’autre. ‘’Les gens sont sommés de prendre parti, alors qu’ils ne sont pas tenus. Il faut savoir qu’il y a la majorité silencieuse, qui n'appartient à aucun de ces deux blocs ni aux autres d’ailleurs. Mais elle n’ose pas exprimer sa neutralité face à ces deux camps. Aujourd’hui, dès qu'on exprime un point de vue différent, on est taxé de faire le jeu de l’autre, ce qui est inacceptable et qui pollue énormément le débat démocratique. Les gens sont libres d’être pour le Sénégal’’, fulmine le journaliste.
Le plus déplorable, selon lui, c’est que souvent, c’est le Sénégalais lambda qui paie le lourd tribut dans cette guerre des tranchées. ‘’Ce sont leurs biens qui sont détruits ; ce sont eux qui meurent des balles perdues ; les jours de manifestation, ils n’osent pas sortir pour aller au travail ; les commerces et les banques sont fermés ; les enfants ne vont pas à l'école... Les populations sont effectivement les principales perdantes.’’
En sus de ces impacts négatifs sur le Sénégalais lambda dont les activités sont totalement paralysées, la situation actuelle est en train d’envahir et d’infester presque tous les secteurs, y compris ceux qui, jusque-là, ont été épargnés. C’est la conviction du journaliste chroniqueur Ibou Fall. Le problème, d’après lui, c’est moins cette bipolarisation de l’espace que la manière avec laquelle elle est en train d’infester tous les secteurs de la vie publique.
‘’Le dernier secteur que la classe politique avait déjà fini de polluer, c’est la justice. Les hommes politiques ont complètement discrédité la magistrature de notre pays. Quand ils entrent au tribunal, les juges deviennent tous des suspects. Ils ont depuis très longtemps détraqué notre économie. Ils ont détraqué la presse. Aujourd’hui, chaque journaliste qui écrit est louche, il est dans un camp ou dans un autre. Avec l’affaire de l’empoisonnement de Sonko, on jette maintenant le doute sur la crédibilité des médecins. Même les religieux n’y échappent plus ; certains passent leur temps à les insulter sur les réseaux sociaux. Bref, les politiques sont tout simplement en train de démolir ce pays. Et à chaque fois que la politique entre dans un secteur, ça fout le bordel. Voilà ce qui est inquiétant’’.
Les populations, victimes collatérales de ce duel à mort
Dans la même veine, Mamadou Oumar Ndiaye est largement revenu sur la pauvreté du débat et la fait-diversisation de la vie politique. Si la bipolarisation n’est pas spécifique au Sénégal, dit-il en invoquant les exemples américains et anglais, ce qui est déplorable ici, c'est qu'elle s’accompagne ‘’d’une fait-diversisation de bas étage de la vie politique, avec des histoires de viol par-ci, des accusations par-là...’’
Il regrette : ‘’Ce n'est pas ce qui fait vivre la démocratie. Malheureusement, il faut le dire, on est tombé dans les caniveaux. À la place des idées, on a surtout des menaces, des accusations, des invectives, des emprisonnements tous azimuts. Ça pose problème dans un pays comme le nôtre.’’
Comment en est-on arrivé là ? Pour MON, le premier responsable, c’est le président de la République et président de Benno Bokk Yaakaar, qui, dès son accession au pouvoir, a voulu museler tous ses potentiels adversaires. D’abord Karim Wade, ensuite Khalifa Ababacar Sall, jusqu’aujourd’hui Ousmane Sonko. ‘’Rappelez-vous, souligne M. Ndiaye, il aurait pu faire de sorte que le Parti démocratique sénégalais, qui était encore un grand parti à son accession au pouvoir, demeure fort et joue le même rôle que le PS sous Wade. Malheureusement, par une politique systématique de débauchage et de chasse aux sorcières, il a fini par démanteler complètement ce parti et à le réduire, pour employer sa propre expression, à sa plus simple expression.
Par la suite, il s’en est pris à Khalifa Sall qui aurait pu constituer, lui aussi avec Taxawu Senegaal, un autre pôle d’opposition à côté des autres partis de la gauche. Lui aussi, on a essayé de l’anéantir. La nature ayant horreur du vide, le PDS ayant été démantelé, Khalifa Sall emprisonné, la gauche absorbée à l’intérieur de BBY, il y avait un grand boulevard dans lequel s’est engouffré Ousmane Sonko. Et les Sénégalais qui étaient demandeurs d’une opposition se sont regroupés autour ou derrière Sonko pour en faire un contrepouvoir face à ce qui est considéré comme une volonté hégémonique du président Sall, une volonté de détruire l’opposition’’.
De l’avis de Mamadou Oumar Ndiaye, cela a fini d’altérer le pluralisme qui caractérisait un peu l’espace politique sénégalais. ‘’L’idéal, souligne-t-il, aurait été d’avoir une pluralité d’opinions, une multitude de partis porteurs des différentes sensibilités politiques de notre pays, afin que ces sensibilités puissent être représentées dans le débat politique. À la limite, on pouvait avoir au moins trois à quatre grands pôles, un peu comme l’avait imaginé le président Senghor avec les trois courants : un courant socialiste-démocrate, un courant libéral et un courant communiste. Par la suite, on avait révisé la loi pour ajouter le courant conservateur… Ailleurs, comme aux États-Unis et en Angleterre, on a la bipolarisation, mais au Sénégal, on était plus habitué à un plus grand pluralisme dans l’espace politique.’’ À l’en croire, cette situation a également fortement impacté l’ambiance actuelle qui paralyse tous les secteurs. ‘’Il n’y a plus de débats d’idées. On se jette des anathèmes, des menaces, des invectives. La situation ne laisse place à aucun débat sur les idées, sur les projets de société, la place du Sénégal dans ce monde… On se limite à un débat ‘pour ou contre Sonko ?’, ‘Pour ou contre Macky Sall ?’ Le reste, c’est des empoignades. C’est déplorable’’.
Les racines du ‘’mal’’
Quelle est la part de responsabilité des médias dans cette bipolarisation et ce que certains appellent la crétinisation du débat ? À entendre Ibou Fall, ce serait faire un mauvais procès aux médias que de leur imputer l’entière responsabilité de cette situation. Pour lui, les médias n’inventent rien, ils ne rapportent que des faits.
‘’Le journaliste ne rapporte que les faits, il ne parle que de ce qu’il voit. Quand le niveau du débat politique est élevé, le contenu des médias du point de vue de l’information politique sera relevé. Mais si l’actualité politique ne tourne qu’autour des faits divers, le journaliste ne pourra que rendre compte de ces faits divers politiques. C’est aussi simple que ça. Les journalistes n’inventent rien du tout’’.
Quid alors des espaces énormes qui sont offerts aux deux blocs qui n’ont que des insultes et des empoignades à proposer aux Sénégalais ? Quelle place pour ces autres intellectuels et acteurs politiques qui ont des idées et des projets à proposer ? Ibou Fall semble renvoyer à l’intérêt du public et à la réalité politique des uns et des autres. ‘’C’est vrai qu’il y en a d’autres qui sont là ; certains parlent même de troisième voie. Mais s’ils ne peuvent pas remplir une salle de cinéma, ils ne vont pas faire l’actualité. Encore une fois, le journaliste, ce qui l’intéresse, ce sont les faits. Si Thierno Alassane Sall, par exemple, fait son meeting et qu’il n’y a que deux personnes est-ce que ça mérite une couverture ? En tout cas, est-ce qu’il peut avoir une quelconque priorité par rapport à un Ousmane Sonko qui mobilise 100 000 personnes ? Non. La presse est là où se trouve le public’’.
Cela dit, nuance-t-il, ‘’si le journaliste est tenu de rapporter ce qu’il a constaté, de donner la priorité à Ousmane Sonko qui draine des foules, le chroniqueur, lui, peut se permettre, par exemple, de dire que tel a mobilisé plus de monde, mais c’est un voyou. Tel a été plus pertinent, même s’il n’a que deux personnes. Mais c’est son opinion. Ce ne sont pas des faits. Si les gens aiment les voyous, le journaliste n’y peut rien, ce n’est pas de sa faute. Vous savez, même quand on était adolescent, les adolescentes préféraient les sales gosses qui insultent, qui tapent et qui fument. Le petit intellectuel qui est le premier dans sa classe, il a peut-être quelques fans dans sa classe, mais dans la rue, on préfère le voyou’’, ironise le journaliste écrivain.
La faillite des médias ?
Pour sa part, Mamadou Oumar Ndiaye déplore une baisse du niveau dans les rédactions. ‘’Ce que je déplore, c’est qu’aujourd'hui, il y a une faiblesse des ressources humaines au niveau des médias, dans ce pays. Dans les rédactions, on ne trouve pas suffisamment de journalistes expérimentés et aguerris pour jouer le rôle qui devait être celui des médias, à savoir celui de cadre d’expression, de débats autour des problèmes que traverse notre société. Dans n’importe quelle rédaction, les journalistes les plus expérimentés n'ont pas 30 ou 35 ans d’expérience. Les journalistes quittent assez tôt les rédactions. Ils sont dans les ministères, dans les ONG, dans les organisations internationales, partout sauf dans les rédactions où ils devraient être’’.
Conséquence, selon lui, le terrain étant vide, il a été occupé par les réseaux sociaux où des individus sortis de nulle part deviennent des leaders d’opinion plus écoutés parfois que les journalistes formés à bonne école. ‘’Parfois, c’est des maitres chanteurs, des aventuriers, des gens qui n’ont rien compris des enjeux, mais qui, par la force du Net, sont devenus incontournables. Ce qui a mené à cette situation avec un débat public qui relève plus de l'anecdote que de la confrontation des idées’’.
De l’avis d’Ibou Fall, ce contenu est juste à l’image de la société. À la question de savoir si les Sénégalais n’en ont pas assez, il rétorque, ironique : ‘’Non. Le pays n’en a pas ras le bol, parce que c’est ce qui correspond à son niveau de compréhension. On aime les empoignades, les insultes, les faits divers. C’est ce que veulent les Sénégalais. De toutes les façons, ça va continuer jusqu’en 2024. Après le vote, ce sera terminé. On est dans le royaume des émotions.’’
LA TUNISIE DOIT METTRE FIN AU DISCOURS DE HAINE CONTRE LES SUBSAHARIENS, SELON L'ONU
Le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale a lancé un avertissement mardi aux autorités tunisiennes pour faire cesser les "discours de haine raciste" en particulier envers les ressortissants d'Afrique subsaharienne
Le Comité s'est dit "alarmé par les propos tenus par le chef de l'Etat tunisien (Kais Saied) fin février, alléguant que des +hordes de migrants illégaux+ en provenance des pays africains subsahariens s'inscrivaient dans +un plan criminel visant à modifier la composition du paysage démographique de la Tunisie+ et étaient à l'origine +de violences, de crimes et de pratiques inacceptables+".
Le Comité a estimé que de tels propos sont contraires à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale dont il a pour mission de surveiller le respect par les parties prenantes.
Il s'est dit "profondément préoccupé par une recrudescence des discours de haine raciale ou xénophobe en Tunisie à l'encontre des migrants des pays subsahariens, sur les réseaux sociaux et certains autres médias, y compris les discours de haine raciste tenus par des personnalités privées et des partis politiques".
Le Comité est également "gravement préoccupé" par le fait que cette vague de discours de haine et de stigmatisation a conduit à des actes de violence contre ces migrants, notamment des agressions physiques et des expulsions de leur domicile et de leur travail.
Le Comité est alarmé par les informations faisant état de nombreuses arrestations arbitraires de ces migrants, dont des femmes, des enfants et des étudiants, "menées par les forces de l'ordre dans le cadre de la campagne intitulée +Renforcement du tissu sécuritaire et réduction du phénomène de séjour irrégulier en Tunisie+, sans toutes les garanties procédurales".
Le Comité a demandé à la Tunisie de cesser immédiatement les arrestations et les détentions collectives de ces migrants, de libérer ceux qui sont détenus arbitrairement et de permettre à ceux qui choisissent de demander l'asile de le faire.
Début mars, le président tunisien s'était défendu de tout racisme à l'égard des Africains subsahariens après le tollé suscité par son discours incendiaire du 21 février largement condamné par la communauté internationale et des ONG de défense des droits humains.
Il a rejeté les "propos malveillants" de ceux qui "ont voulu interpréter le discours à leur guise pour nuire à la Tunisie".
Dans la foulée des violences déclenchées par les propos du président, la Banque mondiale (BM) avait annoncé suspendre "jusqu'à nouvel ordre" son cadre de partenariat avec la Tunisie, qui se trouve dans une situation économique catastrophique.
Tunis négocie aussi depuis plusieurs mois avec le Fonds monétaire international (FMI) un prêt de près de deux milliards de dollars.
OPÉRATION D'IDENTIFICATION DE SÉNÉGALAIS DISPARUS EN TUNISIE
Dakar cherche à identifier les dépouilles d'"une vingtaine" de Sénégalais qui se sont noyés fin mars dans le naufrage de leur embarcation au large de la Tunisie, indique un communiqué officiel lundi
Une mission sénégalaise s'est rendue à Sfax, point de départ dans le centre-est de la Tunisie de l'embarcation ayant fait naufrage, pour une mission d'identification" des corps, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Pour le moment, "aucune des dépouilles repêchées par les garde-côtes tunisiens ne correspond à nos compatriotes" disparus dans ce naufrage survenu "dans la nuit du 23 au 24 mars au large de la Méditerranée", indique le ministère, qui ne donne pas d'indication sur le nombre de corps. L'ambassade du Sénégal à Tunis "va rester en contact permanent avec les autorités (tunisiennes) et le Croissant rouge tunisien pour suivre les opérations de repêchage et d'identification des victimes", ajoute le communiqué.
Plusieurs dizaines de migrants sont morts dans une série de naufrages et d'autres sont portés disparus depuis le violent discours, le 21 février, du président Kais Saied sur l'immigration clandestine. Après ce discours, une partie importante des 21.000 ressortissants d'Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, et leur logement, du fait de la campagne contre les clandestins. La plupart des migrants africains arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d'immigrer clandestinement l'Europe par la mer, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 kilomètres de l'île italienne de Lampedusa.
Mi-mars, Dakar avait rapatrié 76 compatriotes de Tunisie et de Libye voisine après les propos du dirigeant tunisien.
VIDEO
SAHEL : LES JOURNALISTES PRIS ENTRE TROIS FEUX
Après une décennie de recherches, RSF a publié lundi un rapport intitulé « Dans la peau d’un journaliste au Sahel ». Un document de 40 pages qui expose la détérioration des conditions d’exercice des professionnels surtout ces 2 derniers années
AfricaGlobe Tv |
Fred ATAYODI |
Publication 04/04/2023
"Le plus beau métier du monde" est en agonie dans le Sahel. Pratiquer le journalisme est devenu de plus en plus délicat, voire problématique au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Tchad, et dans une moindre mesure en Mauritanie où la situation est de moins en moins critique. C’est ce qui ressort du dernier rapport de Reporters sans frontières publié ce lundi 03 avril 2023, à Dakar en présence des professionnels.
Ce rapport intitulé « Dans la peau d’un journaliste au Sahel » est le résultat d’une enquête entamée depuis 2013, mais avec un focus sur les deux dernières années au cours desquelles les conditions sécuritaires se sont dangereusement dégradées dans la zone, favorisées notamment par l’avènement des militaires au pouvoir, au Burkina Faso et au Mali. Ce document d’une quarantaine de pages et portant sur les 6 pays cités, montre « une tendance lourde » à la restriction de la liberté de la presse au Sahel et l’obstruction du droit du public à l'information.
Les journalistes exerçant dans les pays concernés sont clairement pris entre trois feux : les groupes armés ou djihadistes qui commentent des exactions, les autorités, notamment militaires qui en ripostant commettent à leur tour des exactions voire font des dégâts collatéraux sur des innocents et les activités qui ne veulent pas qui ne veulent nullement que des journalistes touche à un seul cheveux des militaires y compris quand ceux-ci font des abus dans leur juste volonté de traquer et de réprimer les terroristes.
Critiquer la junte et les activistes s’occuperont de vous sur les réseaux sociaux vous livrant presque à la vindicte populaire. Ainsi, arrestation, disparition, incarcération, expulsion de journalistes étrangers ou difficultés d’accréditation kidnapping, menaces, tentative claire de musellement sont les maux qui minent le métier surtout ces dernières années.
En plus de cela, le Bénin lui, est un cas spécial dans l’obstruction de la liberté de la presse. Il y a cette asphyxie financière qui consiste en la suppression de l’aide à la presse, privation d’accès à la publicité aux médias insoumis. Ce faisant, on impose en douceur l’autocensure. Conséquence, des informations tout droit sorties « des officines ministérielles ou présidentielles » ne produiront que « des unes siamoises ».
In fine, entre les notes de cadrage béninoises, les injonctions patriotique du Mali et du Burkina, inspirées par les militaires putschistes, la situation reste très difficile pour les journalistes dans le Sahel : arrestation, disparitions, incarcération, kidnapping ces dernières deux années ont particulièrement été sombre pour les journalistes.
Le rapport a été présenté lors d’une conférence de presse ce lundi par Sadibou MORANG, le Directeur Afrique subsaharien de Reporters sans frontières et sa collègue Jeanne Lagarde, chargé du plaidoyer avec le témoignage édifiant d’un journaliste burkinabé Atiana Serge OULON qui travaille dans ce contexte et est aussi victime de certains faits inacceptables dont fait mention le rapport. En marge de cette conférence de presse Sadibou Morang a répondu aux questions d'AfricaGlobe Tv (voir la vidéo).
Le rapport décrit les nouveaux ennemis des journalistes locaux et de la presse et de la presse aussi bien locale qu’étrangers, propose des moyens de résilience et préconise une trentaine de recommandations, explique Jeanne Lagarde.
Le travail est basé sur le monitoring entamé depuis des années, de la recherche (mission de terrain, notamment au Burkina et au Bénin), des entretiens physique ou téléphonique avec les journalistes du pays ou étrangères en poste ainsi qu’avec des experts des médias, des témoins de violation de l’exercice du métiers, ainsi que l’envoi de questionnaires à répondre en lien à l’accès à l’information.
Le rapport entre dans le cadre d’une campagne lancée en 2022 par Reporters sans frontières intitulé « Sauver le journalisme au Sahel ». Le but visé par cette campagne, c’est de fédérer la résistance contre cet environnement incompatible à la pratique du métier avant que cette zone d’Afrique subsaharienne ne devienne « une zone de non-information et un trou noir de l’information en Afrique et dans le monde en général ».
Cette campagne vise également à lancer la mobilisation pour libération de journalistes enlevés dans la région, notamment le journaliste français Olivier Dubois libéré récemment, après près de deux ans de détention par le groupe djihadistes au Mali. L’idée de la campagne elle-même a été motivée par le constat clair de la détérioration de la situation sécuritaire dans le Sahel.
Journaliste, homme politique et écrivain colombien, Prix Nobel de littérature (1982), disait du journalisme que c’est « le plus beau métier au monde ». Mais comment peut-on bien exercer ce beau métier du monde dans, en tout épanouissement les conditions qu’imposent ceux qui ont des intérêts privés à protéger alors que l’information devrait être, elle, de l’ordre de l’intérêt général ?
Pour mémoire en 2021, deux journalistes espagnols ont été assassinés au Burkina, enlèvement d’Olivier Dubois. Depuis 2013, ce sont 5 journalistes qui ont été tués au Sahel et 10 disparus et des centaines d’autres menacés dans le cadre de leur travail, pression faite sur les radios communautaire.
En revanche, on aurait voulu avoir aussi le point dans ce rapport des pays comme la Guinée où au plus fort de tripatouillage constitutionnel en vue du 3è mandat d'Alpha Condé, les journalistes ont eu beaucoup de soucis figure dans le rapport. Dans une certaine mesure aussi le Sénégal même si les déboires pour les journalistes sont très récents.
MULTIPLE PHOTOS
DEMARRAGE DU PAIEMENT DES BOURSES A TOUBA
Le régisseur des bourses de l’Université Gaston Berger (UGB), Assane Ndiaye, a procédé lundi au démarrage du paiement des bourses destinées à plus de cent étudiants du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’éducation et la formation (CCAK-EF) de Touba
Touba, 3 avr (APS) – Le régisseur des bourses de l’Université Gaston Berger (UGB), Assane Ndiaye, a procédé lundi au démarrage du paiement des bourses destinées à plus de cent étudiants du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’éducation et la formation (CCAK-EF) de Touba, a constaté l’APS.
‘’Il y a des critères spécifiques pour le privé, c’est pourquoi on s’est retrouvé avec un nombre de cent et quelques étudiants qui sont boursiers. Et dans ces bourses-là, il y a des demi-bourses, des bourses entières et tout à l’heure on nous a signalé qu’il y a des étudiants qui ont une mention bien’’, a déclaré M. Ndiaye, précisant que le paiement de ces bourses se fait par billetage.
Régisseur des bourses de l’UGB de Saint-Louis, M. Ndiaye qui s’entretenait avec des journalistes, est revenu sur les critères de choix concernant l’octroi de ces allocations d’études.
‘’Les étudiants sont payés en fonction de leur mérite bien sûr. Il y a des critères pour avoir une bourse. On a aujourd’hui des nouveaux bacheliers qui viennent fraîchement de s’inscrire. On tient compte de leur note au baccalauréat. Sur ce, on leur attribue des bourses. Ça peut-être une demi-bourse, une bourse entière ou une bourse d’excellence’’, a-t-il notamment expliqué.
Pour la bourse dite d’excellence, M. Ndiaye tient à préciser qu’elle est attribuée aux étudiants qui ont la mention bien voire très bien à l’examen du baccalauréat’’ et qui selon lui, sont régulièrement inscrits dans les universités.
‘’Aujourd’hui, j’ai payé pour les demi-bourses parce que c’est un rappel et on compte à partir du mois d’octobre. Certains reçoivent 275 mille francs mais pour la majeure partie, c’est 155 mille francs chacun’’, ajoute-t-il.
Le secrétaire général du CCAK de Touba, Pape Makhtar Ndiaye, a salué les efforts de l’État visant à octroyer ces allocations aux étudiants dudit complexe. ‘’ (…) Aujourd’hui avec la venue du régisseur des bourses, ils sont convaincus que l’État a fait un immense effort en leur octroyant ces allocations d’études. C’est donc devenu une réalité. C’est donc un atout important qui va les renforcer dans leur apprentissage’’, s’est-il réjoui.
Le CCAK de Touba a été officiellement ouvert le 6 février 2023 par le Khalife général des mourides Sérigne Mountakha Mbacké, en présence du chef de l’État Macky Sall.
Fils du deuxième Khalife général des mourides, Sérigne Ahmadou Badawi Mbacké est le recteur du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim.