Comme annoncé hier, la Cour des comptes épluche les comptes du Ministère des Sports, notamment les dépenses liées au mondial. Les enquêteurs ont trouvé aussi que le véhicule du ministre a été loué pour 200 millions, son bureau réaménagé pour 60 millions, 50 personnes convoyées au mondial «sur fonds propres» etc. Yankhoba Diatara, l’ex-ministre des Sport s’est expliqué dans les colonnes de L’observateur. Extraits…
Son véhicule loué à 200 millions
«Quand je suis arrivé au Ministère des Sports, le jour même de la passation de service, Matar Ba est parti avec le véhicule. Quand j’ai demandé, il a dit que c’est un véhicule qui lui a été prêté par la Présidence. J’ai alors contacté un prestataire public connu qui loue à tous les ministères afin qu’il mette un véhicule à ma disposition. J’ai écrit également à la Présidence pour demander à ce qu’on m’autorise à acheter un véhicule et jusqu’à mon départ, je n’ai pas eu de retour. C’est vrai que le Président de la République, dans sa nouvelle orientation, avait interdit l’achat des véhicules pour certaines entités publiques. Mais nous, on pouvait demander exceptionnellement pour qu’on nous l’autorise et c’est ce que j’avais fait. Je n’ai pas eu de retour du secrétariat général de la Présidence. Donc, c’est avec ce véhicule loué que j’ai fonctionné avant que le Chef de l’Etat nous achète des véhicules. Ce sont des berlines, les Audi pour la ville. Mais le ministère des Sports, c’est le terrain, les déplacements. En plus, j’avais une obligation qui était de délivrer les chantiers en cours, raison pour laquelle on me voyait partout au Sénégal. Un autre élément, j’ai trouvé que le Ministère des Sports n’avait aucun équipement. Tous les véhicules sont à l’épave. C’est dans le document de passation avec le Premier Ministre que j’ai, par ailleurs, saisi pour le renouvellement des véhicules(…) Ce ne sont pas les véhicules du ministère, c’est le parc qu’on loue pour l’intérieur du pays. C’est la facture globale. Ce n’est pas le véhicule du Ministre. C’est le parc. Nous, on loue. Souvent, on va à l’intérieur du pays et on n’a pas de voitures pour les conseillers et les directeurs. C’est ce qui s’est accumulé durant la période du mois de septembre jusqu’à la fin de ma mission. Demain, si le Président nomme un nouveau ministre des Sports, il louera une voiture.»
Son bureau aménagé à 60 millions
«Ce n’est pas un ministre qui s’occupe d’un bureau. Ce qui l’intéresse, c’est d’être dans un cadre adéquat pour travailler. Tous ceux qui viennent dans mon bureau savent que c’est aménagé pour permettre à un ministre de travailler, recevoir les délégués et tout le monde. C’est le même bureau que Matar Bâ, on l’a juste réaménagé en changeant tout. J’ai décidé de tout changer car le mobilier n’était pas adéquat. Honnêtement, ce n’est pas moi qui m’occupe de cela. À la base, c’est le directeur de cabinet qui s’en occupe. Maintenant, les coûts, ce sont les techniciens qui les fixent.»
50 personnes prises en charge au Qatar sur fonds propres
«Sur fonds propres, c’est impossible. En tout cas, je ne peux pas le faire. Je ne fais que sur des délégations officielles. Et les invités du ministre, cette liste est connue et sera auditée, publiée et connue par le Président de la République et tout le monde. Maintenant, si quelqu’un a pris d’autres personnes sur fonds propres, ce n’est pas moi.»
Les 800 millions sans justifications
«Il faut aussi comprendre comment fonctionne l’Etat. C’est Quand il y a un match ou quelque chose de ce genre, la Fédération ou la direction de la haute compétition fait une fiche technique, sur les besoins de couverture de l’évènement international en intégrant les primes des joueurs, les délégations de la Caf. Ils font la fiche sur la base des informations fournies par la Fédération sénégalaise de football. Quand la fiche arrive, le ministre des Sports valide. Après, la fiche est envoyée au trésor qui regarde, dégage le budget et la remet entre les mains du DAGE qui exécute. Après exécution, le DAGE prend les justificatifs et les amène au trésor pour avoir son budget. Et si le trésor valide, lors du prochain match, on lui décaisse, soit le même montant ou celui demandé. Et le DAGE dont on parle a quand même de l’expérience. Il a géré plus de cinq campagnes et connaît toute la procédure de gestion. C’est pour cela quand on parle d’audit, je n’ai pas d’inquiétude.»
RETENEZ SON NOM, AMARA DIOUF...
Même si le Sénégal s’arrêtait en demi-finale, Amara Diouf aura réussi son tournoi au plan individuel. Le jeune attaquant et capitaine des lionceaux est en train de faire étalage de tout son talent en Algérie, pays hôte de la CAN U17
Avec 12 buts marqués et zéro encaissé en quatre rencontres, le Sénégal est en train de survoler la compétition de la coupe d’Afrique des U17 en Algérie. Une performance acquise grâce aux qualités de jeunes talentueux, soudés et décidés à aller jusqu’au bout de la compétition. Parmi eux, un certain Amara Diouf qui sort du lot et se positionne comme le futur meilleur joueur du tournoi.
Même si le Sénégal s’arrêtait en demi-finale, Amara Diouf aura réussi son tournoi au plan individuel. Le jeune attaquant et capitaine des lionceaux est en train de faire étalage de tout son talent en Algérie, pays hôte de la CAN U17. Après une bonne prestation lors des premières rencontres de poule face au Congo, il est monté en puissance devant le pays hôte l’Algérie avant de faire sensation contre la Somalie. A l’issue des matchs de la première phase, il a inscrit cinq buts et désigné homme du match à deux reprises. Mercredi, en quart de finale contre l’Afrique du Sud, le métronome des U17 a encore été le grand artisan de la double qualification du Sénégal en demi-finale et en coupe du Monde. Il a encore réussi le doublé et a été à l’origine des trois autres buts.
Mais pour ceux qui viennent de le découvrir, Amara Diouf n’en est pas à ses premières performances. Très jeune, il a déjà montré des signes d’un futur grand footballeur. A Pikine où il a vu le jour en 2008, il a taquiné le ballon très tôt sous le regard très exigeant de son père Ady Diouf qui fut son premier formateur et qui tenait coûte que coûte à le garder dans sa propre école de football. C’est par la suite qu’il s’est fait remarquer par le centre de Génération Foot en 2017 au tournoi de Danone Foot en France au cours duquel il a marqué 9 buts alors qu’il n’avait que neuf ans. Il confirme son talent au Maroc dans un autre tournoi international Mohamed VI des U19 en inscrivant le but victorieux de la finale face au FUS du Rabat après une belle prestation devant le Real de Madrid en quart.
Au plan national, il est vainqueur de la finale de la coupe du Sénégal U17 où il s’est encore illustré en ouvrant le score. En Algérie où il est déjà plébiscité par bon nombre d’observateurs comme l’actuel meilleur joueur du tournoi, l’attaquant, évoluant sur le côté gauche, garde toutes ses chances d’aller jusqu’au bout de ses ambitions comme le prouventsesstatistiquesindividuelles. Meilleur buteur avec cinq réalisations dont deux doublés, une passe décisive, trois fois homme du match, Amara Diouf peut compter sur ses qualités comme la rapidité, l’intelligence dans le jeu, la facilité dans le dribble pour, avec le soutien de ses coéquipiers, conduire le Sénégal jusqu’à la plus haute marche du podium et offrir à son peuple son premier trophée continental dans cette catégorie.
Promis à un bel avenir, les sénégalais peuvent d’ores et déjà compter sur lui pour réussir une carrière exceptionnelle à l’image de Sadio Mané
«NOTRE CHALLENGE, REPOSITIONNER SORANO»
Palabres avec…. Ousmane Barro Dione, directeur général théâtre Sorano
Propos recueillis par Moustapha BOYE |
Publication 12/05/2023
Ousmane Barro Dione n’est pas un produit du théâtre sénégalais. Mais aujourd’hui, il a la mission de redorer le théâtre sénégalais à travers l’historique théâtre Daniel Sorano fondé par feu le président poète Léopold Sédar Senghor. La mission ne semble pas colossale pour un homme qui avait déjà eu la chance d’avoir le pied à l’étrier puisqu’il a été pendant près de 7 ans, le secrétaire général de Daniel Sorano. Un homme de la maison qui recevra du président Macky Sall, les clés pour, comme il le dit, « repositionner le Théâtre Sorano ». La pluridisciplinarité de son parcours (titulaire d’un troisième cycle en économie avec une spécialisation en Monnaie, Banque et Finances de l’Université de Dakar, un troisième cycle à l’Université de Lille en management portuaire et maritime, un troisième cycle en Centre d’études diplomatiques du Sénégal (CEDS), une casquette de diplomate, énarque à travers l’Ecole d’administration du Maroc) et des formations éparses en leadership et développement personnel) constitue un atout qui permettra à un homme jeune et sympathique de redorer le blason de Sorano. Entretien
A votre nomination en octobre 2022 comme directeur général de la Compagnie du Théâtre Daniel Sorano, vous y occupiez déjà le poste de secrétaire général. N’est-ce pas un avantage qui vous permet de démarrer sur les chapeaux de roue ?
Je pense que c’est un avantage. Parce que comme vous l’avez dit, cela fait six ans que je suis à la tête du Secrétariat général qui me permet de connaître de façon transversale la maison à travers les différents services, les différentes troupes et également les services techniques. Cela permet d’avoir une vue globale et de pouvoir connaître les difficultés, les défis, les enjeux. Et cela m’a facilité, dès les premiers jours, de prendre les mesures appropriées déjà pour régler toutes les questions liées au front social, les questions qui pouvaient stabiliser l’inquiétude des artistes, des agents de façon générale. Un avantage qui me permet de décliner la vision permettant aujourd’hui de pouvoir réaliser les différents projets que nous sommes en train de mettre en place.
Justement, Sorano était présenté comme une structure en déclin. Un déclin précipité par l’avènement du Grand Théâtre. On parlait de sa vétusté, une technique de sonorisation défaillante. Comment on est arrivé à une telle situation décriée ?
Le Sorano a un contenu artistique qu’on ne trouve pas ailleurs. Ce que nous avons à Sorano, ça n’existe nulle part. Mais ça, il faudrait le mettre en ébullition. C’est-à-dire, il faudrait impulser une dynamique. Parce qu’aujourd’hui, les troupes artistiques, que cela soit l’ensemble lyrique, le ballet « La Linguère », la troupe dramatique, on ne les trouve pas ailleurs. Parce que nous sommes dépositaires du patrimoine culturel immatériel du Sénégal. Notre mission, c’est de promouvoir ce que nous avons comme identité à savoir la valorisation de la diversité culturelle. Mais tout cela, nous ne pouvons pas l’avoir, avoir les espaces, les installations techniques, toute la technicité qui accompagne le savoir-faire artistique, et puis rester là à ne rien faire. Alors, c’est un peu ça qu’on a essayé de mettre en symbiose pour véritablement relancer tout cela. Aujourd’hui tout ce que nous sommes en train de faire existait déjà à Sorano. Il manquait peut-être une petite ébullition, peut être mettre en cohérence les activités, régler certains préalables liés au front social, liés à la vision et à la politique qu’on a un peu implantée depuis notre arrivé pour aujourd’hui réaliser les résultats que vous avez constatés.
Cette présence à côté du Grand Théâtre et cette concurrence, cela ne vous gêne pas ?
Non, ce n’est pas les mêmes missions. Comme je l’ai indiqué tout à l’heure, le Grand théâtre a des missions propres. Une grande salle qui doit accueillir des grands événements culturels d’envergure même continentale en termes de capacité lorsqu’il s’agissait de le construire. Mais nous, c’est tout autre. Nous, c’est la culture sénégalaise qu’on doit promouvoir. Ce qui n’est pas le cas pour le Grand Théâtre. On peut même aller vers une mutualisation. D’ailleurs, j’ai un projet dans le cadre de mes activités de réaliser un grand spectacle de théâtre au Grand Théâtre. Je pense que ça sera avec «Les bouts de bois de Dieu» en hommage à Ousmane Sembène pour ses cent ans. Je compte le présenter au Grand Théâtre. Donc c’est ça en fait, on doit pouvoir mutualiser nos efforts. Parce qu’autant nous avons une mission de promotion et de valorisation de la culture sénégalaise, le Grand Théâtre a des espaces et la salle pour pouvoir abriter et accueillir ces événements-là. Donc, on peut, dans le cadre de l collaboration, l’impliquer. Et nous sommes en train de le faire intelligemment avec la direction du Grand Théâtre. D’aller vers cette mutualisation de nos activités. Mais encore une fois, le Grand Théâtre ne nous gêne pas. C’est qu’on a donné l’impression, à un moment donné, qu’on avait juste une salle à louer alors que ce n’est pas notre vocation. La salle, on doit la mettre à la disposition des clients quand nous, on n’organise pas. Aujourd’hui qu’on a un programme très chargé comme vous l’avez constaté avec « Sorano chez-vous », « Sorano à l’école », « Sorano à l’international ». On n’a plus même le temps de rester sur place.
Il y a un nouveau contenu que vous avez pu mettre en place pour revaloriser Sorano ? C’est ça ! Est-ce une volonté de repositionner sur l’échiquier national et international ?
Notre challenge, c’est de repositionner Sorano. Vous avez constaté effectivement que le Sorano est laissé en berne depuis un certain moment. Mais aujourd’hui, on essaie de le repositionner. Et les outils de ce repositionnement nous les avons déjà !
Ces outils sont d’abord techniques, est-ce qu’aujourd’hui, la vétusté de la salle, l’aspect sonorisation, technique, vous avez pris en compte ces problèmes…
Bien sûr ! Je pense même, lorsque vous entrez maintenant au niveau du théâtre, vous vous rendrez compte des changements. On a déjà attaqué l’environnement avec les espaces verts. Sorano est transformé en espaces verts. Seulement notre chance, c’est que la vétusté de Sorano a été constatée directement par le président de la République lors d’une visite. Ce dernier, alors à la suite de procédures mises en place, a dégagé une enveloppe de 3 milliards étalée sur trois ans pour permettre à la réhabilitation totale du Sorano. Les premiers décaissements ont permis de refaire la peinture. La réhabilitation du bâtiment en question est en cours. Aujourd’hui (ndrl ce mercredi 10 mai) les travaux concernant les nouveaux projets que j’ai lancés, notamment une seconde salle de répétition avec des extensions de bureaux avec une salle de sport pour les artistes, avec vraiment le grand totem qu’on veut mettre en place qui matérialise les instruments traditionnels que nous voulons installer au niveau du boulevard de la République, vont changer complètement le visage de Sorano pour le rendre plus attrayant. Et ça nous le devons au chef de l’État. Aujourd’hui avec l’impulsion du ministre actuel de la Culture et du Patrimoine, Pr Aliou Sow, qui a donné un coup de pouce, nous avons appuyé sur l’accélérateur pour rendre beaucoup plus palpables les changements tant au point de vue technique qu’artistique.
Et sur le front social, les artistes de Sorano ont continuellement dénoncé leur situation. Qu’est-ce qui a été fait dans cette dimension humaine ?
La première question qu’il fallait régler, c’est la stabilité de la maison. C’est de s’attaquer à la revendication d’ordre social qui était des revendications légitimes. Le premier mois de ma prise de fonction, je l’ai consacré à ces questions. Concernant la régularisation des agents, on a embauché 12 agents qui ont fait plus de dix ans. La question du régime complémentaire cadre pour les agents cadre, c’est réglé. On a cotisé pour tout le monde. La couverture médicale est élargie, la prise en charge des frais pharmaceutiques, nous sommes en train de la mettre en place. C’est des questions qui ont duré, qui sont restées longtemps sans satisfaction. Lorsque les agents ont constaté effectivement qu’il y a une volonté de la direction générale qui a déjà réglé toutes ces questions, ils se sont mobilisés pour s’engager dans le nouveau projet à travers la nouvelle vision qu’on a déclinée, qui permet de faciliter le travail de réalisation que nous sommes en train de faire, qui permet de booster la création. Il y a beaucoup plus de productivité et de pouvoir permettre de faire le tour du Sénégal. On a fait pratiquement le tour de 6 villes etc. La création artistique, on est pratiquement à 6 créations, comparé en 2021 où il n’y avait que 2 créations seulement sur 12 mois. Tout cela, en tout cas, nous conforte dans notre position que l’être humain est capable de pouvoir réaliser des prouesses lorsqu’il est mis dans de meilleures conditions. C’est le premier problème du capital humain qu’on a réglé qui nous permet de se projeter pour ce qui concerne la création, la production et tout le reste.
Justement vous avez trois grandes composantes : l’ensemble lyrique, la troupe théâtrale et le ballet la Linguère. La question du renouvellement des ressources humaines ne constitue-t-elle pas un handicap ?
Tout à fait , il y a un plan de gestion de carrière que nous avons mis en place qui permet de pouvoir surveiller les départs en tout ce qui concerne le personnel artistique et administratif bien attendu. Il permet également de pouvoir renouveler. Vous avez chez les artistes pour chaque année, il y a des auditions de contrôle, pour évaluer la performance des artistes. Et il y a aussi des auditions d’entrée pour renouveler le personnel artistique. Donc on les tient en début de saison. La saison artistique chez nous, c’est du 1erseptembre au 31 juillet. En fin de saison, on fait des contrôles. En début de saison au mois de septembre, on fait les auditions d’entrée. Ça permet de renouveler le personnel artistique. Ça permet également d’évaluer la performance des uns et des autres. L’autre élément non moins important est que nos trois entités, on essaie de les mettre en symbiose. Toutes les créations que nous sommes en train de présenter dans le cadre de la décentralisation, c’est des spectacles de fusion où tu retrouves la musique avec l’ensemble, la danse avec le ballet, le théâtre avec la troupe dramatique. On pouvait les présenter séparément, mais bon, on est une compagnie. Une compagnie, c’est la symbiose, c’est la fusion de ces différentes entités pour qu’elles puissent véritablement donner un spectacle d’envergure. Par exemple à Keur Pathé, on a présenté une bataille de Pathé Badiane, plus de 100 artistes ont été déplacés pour un spectacle d’envergure. C’est ça aussi qu’il faut impulser pour véritablement donner le vrai visage de Sorano.
Aujourd’hui au-delà de Sorano vous êtes dans l’espace culturelle. Est-ce que vous êtes conscient que vous devez être une tête de pont dans la création artistique culturelle pour permettre un dialogue entre la jeunesse et son territoire en fait sa culture. Quelle est votre vision sur la dérive sociale des réseaux sociaux ? Et l’apport du théâtre ?
La culture est un levier puissant d’abord de diplomatie. Mais aussi un facteur de cohésion sociale, de stabilité sociale. Parce que à travers la culture, on peut éduquer, on peut enseigner. On peut aussi véhiculer des valeurs. Vous l’avez bien dit, la déperdition des valeurs découle d’un manque d’éducation. Venons au citoyen carrément, et aussi le fait de rendre les gens heureux, l’épanouissement des citoyens, on a un rôle particulier par rapport à cela. Aujourd’hui, le fait que les gens soient tendus, énervés, le manque de repère, tout cela doit passer par le véhicule de la culture. À travers le théâtre pour l’éducation et la transmission des valeurs, à travers la musique et la danse pour non seulement faire ressourcer les gens à leur identité, mais aussi à les divertir. Aujourd’hui partout où nous nous sommes passés, les gens étaient heureux et contents de voir l’ensemble lyrique, le ballet. C’est ça notre mission. C’est-à-dire aujourd’hui, on peut décrisper le climat social tendu à travers des prestations artistiques, culturelles de grande envergure. Ça, nous ne devons pas épargner les Sénégalais qui sont à Fongolémi et dans d’autres contrées du pays. Nous devons en faire pour tous les citoyens sénégalais où qu’ils puissent être dans le territoire national.
C’est le vocable de sortir le Sorano pour aller faire le théâtre dehors ?
Exactement !
Dans ce segment est-ce que vous pensez aux écoles et universités ?
On a trois projets fondamentalement qui nous permettent de régler ces trois dimensions que j’ai évoquées tantôt. C’est « Sorano chez vous » dans le cadre de la décentralisation des activités, c’est « Sorano à l’école. On va faire une tournée dans les lycées pour donner des prestations théâtrales. Là, on va calibrer ça par rapport aux programmes des écoles. Et en fin « Sorano diaspora ». Dans le cadre « Sorano à l’école » c’est effectivement essayer de relancer le théâtre à l’école. C’est vrai qu’on a une mission particulière qui peut contribuer, paraît qu’il y a d’autres entités qui peuvent aider beaucoup plus. Mais nous sommes déjà dans cette dynamique. D’ailleurs, le 17 mai prochain, nous allons accueillir des écoles choisies et à qui nous avons donné le statut d’invité d’honneur. Ce sont les écoles : Cours Sainte Marie de Hann, Notre Dame, les cours Sacré Cœur. On va présenter la « Malédiction de Raabi» du Colonel Momar Gueye. C’est une façon de faire aimer à cette jeune génération qui n’a pas pu profiter de ce que les anciens ont légué en termes d’héritage. Après on va vraiment se lancer à l’intérieur du pays. Nous sommes en train d’établir un calendrier pour faire le tour des lycées et présenter des spectacles de théâtre digne de ce nom.
LA COOPERATION SENEGAL-FMI ET LE RASSEMBLEMENT DU F-24 AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE VENDREDI
Les parutions de ce vendredi 12 mai traitent de La signature d’un nouveau programme triennal entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI) et le rassemblement ce vendredi à la place de la Nation des Forces vives du Sénégal (F24)
Dakar, 12 mai (APS) – La signature d’un nouveau programme triennal entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI) et le rassemblement ce vendredi à la place de la Nation des Forces vives du Sénégal (F24), regroupant des partis politiques et des organisations de la société civile, sont les sujets qui ont le plus retenu l’attention de la presse quotidienne.
Le Sénégal a conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) un nouveau programme d’un montant de 1150 milliards FCFA pour les trois prochaines années, a annoncé, jeudi, à Dakar, le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba.
Ce programme est constitué de deux composantes dont un qui renvoie au programme traditionnel que le FMI a eu dans le passé avec le Sénégal pour un montant de 1, 5 milliard de dollars, soit près de 900 milliards de francs CFA sur trois ans, a expliqué le chef de mission du FMI au Sénégal, Edward Gemayel.
Revenant sur ce nouveau partenariat économique conclu entre le Sénégal et le FMI, L’Info affiche en Une: ‘’1153 milliards de francs CFA, dans les caisses de l’Etat ».
Le programme sera axé sur 4 piliers: le renforcement de la gestion des finances publiques; le renforcement de la gouvernance financière et l’amélioration du dispositif anti-blanchiment de capitaux et la lutte contre le financement du terrorisme; la réalisation d’une économie plus résiliente et inclusive; le renforcement de la résilience aux changements climatiques, détaille la publication.
Le journal Enquête évoque de son côté »les bonnes affaires de l’Etat », en soulignant dans ses colonnes qu »’après deux semaines de négociations, le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI) ont trouvé un accord pour un nouveau programme économique et financier avec décaissement de trois ans, couvrant la période juin 2023-juin 2026″.
Le journal renseigne que cet accord permettra « le renforcement de la gestion des finances publiques pour atteindre au moins un taux de pression fiscale de 20% à l’horizon 2025, d’augmenter de 18% à 20% les recettes internes estimées actuellement à 18% du PIB d’ici à 2025, de réduire graduellement les subventions afin de les éliminer d’ici à 2025’’.
Le Soleil souligne de son côté un ‘’appui » et une »confiance » renouvelés du FMI au Sénégal. »Le programme fort de 1150 milliards de FCFA, bouclé sur trois années », informe le quotidien national qui selon le FMI, »le Sénégal, c’est une économie résiliente, une dette soutenable ».
La presse quotidienne s’intéresse également à l’appel lancé par la nouvelle plateforme des forces vives du Sénégal (F-24), à une grande mobilisation ce vendredi à partir de 15 heures, à la place de la Nation contre un troisième mandat du président de la République, Macky Sall.
Sud Quotidien écrit « ce méga rassemblement du F-24 contre le troisième mandat, sur fond de crise à Yewwi », la principale coalition de l’opposition sénégalaise, est un »test grandeur nature’’.
« Jour de vérité pour la plateforme dite Forces vive de la nation (F-24) », écrit le journal, relevant que »près d’un mois après son lancement le 16 avril dernier, ce nouveau cadre d’unité d’actions des forces vives de la nation qui regroupe plus de 112 partis politiques et organisations de la société civile engagés dans la lutte contre une 3ème candidature du président Macky Sall va effectuer , aujourd’hui, sa première démonstration de force à la place de la Nation à travers une grande mobilisation ».
Le journal L’As parle aussi de « test grandeur nature du F-24 », contre un troisième mandat de Macky Sall initié par cette plateforme à neuf mois de l’organisation de l’élection présidentielle. Selon cette publication, le coordonnateur du F-24 et Cie veulent, à travers une série de manifestations, pousser Macky Sall à se décider et à communiquer sur le sujet ».
‘’Le F-24 à l’essai’’, titre de son côté Bès Bi Le Jour. »Prévue ce vendredi pour marquer la première étape du combat contre le 3é mandat, la manifestation des Forces vives de la nation (F24) va aussi se révéler un tournant décisif pour la survie de la principale coalition de l’opposition. Du fait qu’au sein même de Yewwi askan wi, Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, sont en train de se livrer à un autre combat sans merci ». En plus, souligne le journal, »il n’y a pas encore de réponse du préfet » de Dakar quant à l’organisation de cette manifestation.
QUELLES CHANCES S’OFFRENT A SONKO DE SAUVER SA PEAU ?
Candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, Ousmane Sonko sait que sont sort dépend en partie de la justice, seule habilitée à le rétablir dans ses droits pour briguer les suffrages des Sénégalais en 2024
Condamné à une peine de six mois de prison avec sursis assortie de 200 millions de francs de dommages et intérêts à payer à M. Mame Mbaye Niang, Ousmane Sonko risque d’être inéligible pour la présidentielle de 2024. Toutefois, la condamnation n’est pas définitive puisqu’il a encore la possibilité de se pourvoir en cassation. Mais avant l’issue finale de ce dossier judiciaire plus que d’actualité, nous avons cherché à analyser les possibilités qui s’offrent au leader du Pastef pour rester sur la scène politique au cas où la plus haute juridiction rejetterait son pourvoi.
Le pourvoi en cassation...
Candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, Ousmane Sonko sait que sont sort dépend en partie de la justice, seule habilitée à le rétablir dans ses droits pour briguer les suffrages des Sénégalais en 2024.Après sa condamnation parla cour d’appel de Dakar, il lui reste la possibilité de former un pourvoi en cassation en espérant que la Cour suprême reviendra sur cette décision. Pour le moment, nul ne sait ce qu’il décidera puisqu’il a désavoué une partie de la justice qu’il accuse d’être aux ordres de l’exécutif et de participer à son élimination pour l’élection de 2024. Surtout qu’il a choisi d’adopter une stratégie de désobéissance civile vis-à-vis de la justice. Malgré ce manque de confiance vis-à-vis du pouvoir judiciaire qu’il juge partisan, on attend de voir si Ousmane Sonko, en accord avec son pool d’avocats et son parti, va quand même saisir la Cour suprême en vue d’une cassation de la décision de la cour d’appel, ultime phase de la bataille judiciaire qui l’oppose au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Un pourvoi qui devrait se faire toutefois sans illusions quand on connaît la manière dont notre justice est bien disposée à l’endroit du président de la République…
Sa participation au dialogue..
Le verdict de la cour d’appel condamnant Ousmane Sonko a été prononcé dans un contexte politique très bouillant. Il intervient d’abord au lendemain de l’appel au dialogue du chef de l’État aux forces vives de la Nation. Une main tendue qui a installé une division au sein de la coalition Yewwi Askan Wi entre les partisans au dialogue et ceux qui sont favorables au boycott de cette rencontre. Cette divergence de vues sur le dialogue a créé un clash entre les deux entités que sont le Pastef et Taxawu Dakar et pourrait même aboutir à une implosion de cette principale coalition de l’opposition.
En effet, chez les « Patriotes », on accuse Khalifa Sall et l’actuel maire de Dakar de « trahison » et d’être les parties prenantes — avec le président de la République—d’un deal contre Ousmane Sonko. Alors que « Taxawu » campe sur sa décision de participer au dialogue pour obtenir l’amnistie de son leader et discuter sur des points essentiels comme le processus électoral, et alors que le Pds aussi ne fait pas mystère de sa volonté d’y participer afin d’obtenir l’amnistie de son candidat à la présidentielle, Karim Wade, le leader du Pastef s’oppose à toute forme de participation à ces discussions. En effet, il a posé des conditions difficiles à accepter par le président de la République comme sa renonciation publique à briguer un troisième mandat. Sa condamnation vient changer la donne d’autant plus que beaucoup d’observateurs de la scène politique avaient soutenu que le véritable objectif de l’appel du chef de BBY n’est autre que l’isolement d’Ousmane Sonko. Apparemment en position de force, Macky Sall pourra-t-il forcer son principal opposant à venir à son dialogue pour négocier sa survie politique. Ce qui va constituer à coup sûr un dilemme pour Ousmane Sonko qui devra soit renoncer à ses conditions pour aller toute honte bue pour négocier sa réhabilitation ou camper sur sa position au risque d’être exclu de la présidentielle de 2024.
Trouver un plan B...
Même s’ils soutiennent que leur candidat n’est autre que Ousmane Sonko, les militants de Pastef devraient à partir de maintenant envisager un plan B au cas où leur leader perdrait son éligibilité. Né en 2014, le parti Pastef a très vite connu une montée fulgurante et commence à acquérir une certaine expérience. Ce qui le place parmi les plus grandes formations politiques du pays. Son candidat est sorti troisième de la présidentielle de 2019, il a gagné des dizaines de communes lors des élections locales de janvier 2022 et a fait élire des dizaines de députés sous sa bannière aux dernières législatives. Il s’y ajoute que Pastef a particulièrement su séduire la jeunesse grâce à ses méthodes modernes de communication, via les réseaux sociaux notamment, et aussi au langage de son leader adulé voire déifié par cette frange de la population. Cela est dû aussi à un projet politique en rupture avec l’ancien système. C’est pourquoi, disent les inconditionnels de Sonko, pour rien au monde ils ne vont permettre à quiconque de constituer un obstacle à la réalisation de son projet. Seulement voilà, étant donné les risques d’invalidation de la candidature de leur leader, le choix d’une alternative à leur leader doit être à l’ordre du jour d’autant plus que des profils ne manquent pas au sein de Pastef. Mais cela ne sera possible que si l’intérêt général est mis en avant et les guerres de positionnement évitées. Si la discipline de parti permet de faire l’unanimité autour de la personne choisie, la présence du leader Ousmane Sonko à ses côtés durant la campagne électorale peut porter ses fruits comme cela a été le cas lors des législatives où le maire de Ziguinchor, bien qu’écarté des listes de candidats, a fait le tour du pays à la rencontre des populations pour soutenir les candidats figurant sur la liste des suppléants de Yewwi. Avec le résultat que l’on sait.
La bataille politique...
Ousmane Sonko n’a jamais varié dans sa conviction que seule la résistance peut faire reculer le régime en place. A chaque fois qu’il a estimé ses droits bafoués, il a appelé ses militants à faire face pour « résister ».
En mars 2021, lors de sa convocation parla justice dans l’affaire présumée de viol l’opposant à la masseuse Adji Sarr, il avait fallu des manifestations de grande envergure partout dans le pays pour qu’il ne subisse pas le même sort que Karim Wade et Khalifa Sall. A savoir être emprisonné. Au lendemain du verdict de la cour d’appel le condamnant à six mois de prison avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts à payer au plaignant dans l’affaire de diffamation et de faux et usage de faux pour laquelle il était poursuivi, il vient de lancer un nouvel appel de « résistance » à l’endroit de tous ses militants. Un appel qui, pour l’heure, n’a pas eu un grand écho en dehors de quelques manifestations notées à Pikine, à Ziguinchor et à Mbour. Ses alliés de l’opposition lui ont toutefois réaffirmé leur soutien et appellent à une grande journée nationale (et même internationale) de manifestations en sa faveur. Mais le Pastef, affaibli par l’emprisonnement de centaines de ses militants et aussi de plusieurs de ses cadres de premier plan peut-il encore mobiliser suffisamment pour faire reculer un régime déterminé à liquider coûte que coûte son leader ? Les jours à venir nous édifieront surtout avec la perspective du procès d’Ousmane Sonko devant la chambre criminelle pour « viols » présumés sur la masseuse Adji Sarr. Réponse dans les prochains jours.
OUSMANE SONKO DANS LES STARKINGS BLOCKS… CLAIRS-OBSCURS
Si personne ne peut lui reprocher en tant que citoyen le droit de critiquer le fonctionnement de la justice, force est de reconnaître que refuser de comparaitre par le biais d’une déclaration publique n’est pas une bonne idée.
En corsant la peine infligée en première instance au leader de Pastef, et aussi en choisissant de retenir le délit de faux et usage de faux rejeté par le juge Yakham Keïta du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, la cour d’appel de Dakar a scellé provisoirement le sort politique d’Ousmane Sonko. En attendant une illusoire cassation de la Cour suprême. Pour les uns, cette peine de six mois de prison avec sursis rend le leader de Pastef systématiquement inéligible à la prochaine présidentielle de 2024 tandis que d’autres soutiennent sans grande conviction qu’il reste bel et bien électeur et éligible. En tout cas, une bataille d’interprétation des textes — eux mêmes très mal rédigés! — s’est engagée et qui fait attendre encore un coureur de fond électoral dans les starkings blocks… clairs obscurs.
En première instance devant le tribunal correctionnel du Tgi de Dakar, Ousmane Sonko avait écopé de deux mois de prison avec sursis et 200 millions CFA de dommages et intérêts pour diffamation. Une condamnation par défaut réputé contradictoire dans l’affaire l’opposant au ministre Mame Mbaye Niang. En appel, le juge a corsé les charges en ajoutant le faux et usage de faux à la diffamation et en portant la sanction à six mois de prison avec sursis tout en maintenant les 200 millions de dommages et intérêts alloués au plaignant en première instance.
Pour les plus optimistes des partisans du leader de Pastef, cette peine, bien que lourde et « politique », préserverait encore l’éligibilité de leur candidat à l’élection présidentielle de 2024. Les conseillers et souteneurs du ministre Mame Mbaye Niang, et plus généralement la majorité présidentielle, eux, soutiennent le contraire. Pour eux, l’actuel maire de Ziguinchor est appelé à ranger son dossard et ses chaussures de running pour la course en 2024. « Ousmane Sonko n’est plus éligible ! » Leur jubilation n’était pas feinte à la sortie de la salle d’audience du tribunal de Dakar lundi dernier. Guerre de l’opinion ou bataille d’interprétation des textes ? De nombreux juristes et anciens juges électoraux interpellés par « Le Témoin » déclarent que même si le droit a été dit dans ce procès, la messe « politique », quant à elle, n’est pas encore dite.
Pour mieux camper le débat et faciliter la compréhension des lecteurs, certains spécialistes nousrenvoient au Code électoral et précisément à son article L.29 qui dit que « Ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale : les individus condamnés pour crime ; ceux condamnés à une peine d’emprisonnementsanssursis ou à une peine d’emprisonnement avec sursis d’une durée supérieure à un mois, assortie ou non d’une amende, pour l’un des délits suivants : vol, escroquerie, abus de confiance, trafic de stupéfiants, détournement et soustraction commis par les agents publics, corruption et trafic d’influence, contrefaçon et en général pour l’un des délits passibles d’une peine supérieure à cinq ans d’emprisonnement ; ceux condamnés à plus de trois mois d’emprisonnement sans sursis ou à une peine d’emprisonnement d’une durée supérieure à six mois avec sursis (…) » lit-on.
Donc sur le fondement des dispositions de l’article L29 du code électoral, qui prévoient une interdiction d’inscription sur les listes électorales de manière définitive pour certaines infractions, le leader de Pastef Ousmane Sonko serait toujours éligible puisque la peine prononcée par le juge Mamadou Cissé Fall n’est pas supérieure à six (06) mois avec sursis.
Cependant, l’interprétation de l’article L30 du Code électoral qui prévoit une interdiction d’inscription sur les listes électorales pour une durée de cinq (05) ans pour toute personne condamnée à une peine inférieure ou égale à six (06) mois avec sursis peut aboutir à une inéligibilité d’Ousmane Sonko. Si « Le Témoin » quotidien reste prudent c’est parce que nos interlocuteurs juristes estiment que le texte de l’article L30 est très mal rédigé. Il prête à confusion ! Et seule l’interprétation du Constitutionnel peut départager les deux camps à savoir celui d’Ousmane Sonko et de Mame Mbaye Niang.
La bataille de l’interprétation des textes…
Dans les normes, le juge ne devrait pas avoir à interpréter la loi. Il arrive néanmoins qu’il ait à le faire pour de multiples raisons. Pour ce faire, il dispose de plusieurs solutions ce qui pourrait tendre à prouver qu’une seule n’a pas réussi à s’imposer. Serait-ce qu’il n’en existe pas une meilleure que les autres ? Selon le juriste formateur Rivarol, « Quand les lois sont obscures, les juges se trouvent naturellement au-dessus d’elles, en les interprétant comme ils veulent ». Par conséquent, le mot « interprétation » désigne l’activité du juge tendant, d’une part, à déterminer la portée d’un texte ambigu ou obscur ; d’autre part, à élaborer une solution lorsque le texte présente une lacune. C’est manifestement le cas de l’article L30 du Code électoral qualifié de « clair-obscur » par certains spécialistes du droit. Mais quoi qu’il en soit, dans le domaine du droit comme celui de la médecine, l’interprétation s’opère même si le texte ou le cliché est clair. Car « interpréter », au sens large, signifie comprendre et bien comprendre une expression linguistique, un examen médical ou un acte de langage. Donc si l’éligibilité d’Ousmane Sonko devait faire l’objet d’un arbitrage électoral par le Conseil constitutionnel à la lumière de sa condamnation dans l’affaire de faux et usage de faux et diffamation l’opposant à Mame Mbaye Niang, les « sages » devraient d’abord procéder à une interprétation grammaticale qui serait la première étape de leur travail. En effet, à ce stade, lesjuges devraient déterminer le sens du texte en utilisant notamment les usages de la langue et les règles de la syntaxe. Il s’agit en réalité d’une recherche qui consiste à obtenir la signification des termes des articles L29 ou L30 dans le langage courant. Le but serait de trouver la signification objective du texte en s’abstenant de rechercher toute intention de l’auteur ou législateur, toute utilité sociale ou encore toute justification morale étrangère à la lettre du texte. Mais nous n’en sommes pas encore là !
Retenons juste qu’après le verdict de la cour d’appel de Dakar, la bataille de l’interprétation des textes relativement à l’éligibilité ou la non éligibilité des personnes condamnées fait rage entre partisans et adversaires du leader de Pastef au point de faire attendre encore le coureur de fond électoral Ousmane Sonko dans les starkings blocks pour la présidentielle de 2024. Comme nous l’avions si bien titré à la Une de notre édition de mardi « Sonko touché, mais pas encore coulé ! »
Politique de la chaise vide
La politique de la chaise vide pour un prévenu est-elle payante ? Certainement pas, car l’affaire Ousmane Sonko/Mame Mbaye Niang en est la parfaite illustration. Il n’est pas interdit de se demander légitimement si le leader de Pastef a des conseillers et si, dans l’affirmative, il les écoute. Parce que, selon les juristes, la première règle enseignée en matière de comparution d’un prévenu, c’est qu’en son absence, ses avocats n’ont pas droit à la parole. Puisqu’en matière pénale, l’avocat ne fait qu’assister son client qui a donc l’obligation de comparaitre en personne devant le juge répressif contrairement à ce qui se passe devant le juge civil où l’avocat peut représenter ledit client dont la présence physique n’est pas obligatoire. Carles conseils se limitent à échanger des conclusions et pièces justificatives. C’est toute la différence entre une procédure orale et une procédure écrite. Entre une procédure pénale et une procédure civile.
En refusant de comparaitre sans motif légitime et avec un air de défiance au nom d’une désobéissance civile, Ousmane Sonko se prive lui-même de ses droits et anéantit par voie de conséquence toute la stratégie de défense élaborée par ses avocats. Si personne ne peut lui reprocher en tant que citoyen le droit de critiquer le fonctionnement de la justice, force est de reconnaître que refuser de comparaitre par le biais d’une déclaration publique n’est pas une bonne idée. Une vraie erreur de communication ! Cela dit, rien ne prouve non plus que son sort n’était pas scellé même s’il avait comparu comme on l’a vu avec les jurisprudences Khalifa Sall et Karim Wade.
LES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS MAINTIENNENT LA PRESSION
Les syndicats d’enseignants maintiennent la pression sur le gouvernement pour la satisfaction de leurs revendications. Ils dénoncent également la non-convocation du Comité de suivi des accords.
Les syndicats d’enseignants maintiennent la pression sur le gouvernement pour la satisfaction de leurs revendications. Ils dénoncent également la non-convocation du Comité de suivi des accords.
A quelques encablures de la fin de l’année, des syndicats d’enseignants réclament la convocation du Comité de suivi des accords qui tarde à avoir lieu, selon eux. D’ailleurs, le Saemss et le Cusems ont lancé un nouveau plan d’action dans la semaine en décrétant un débrayage et une grève totale les mercredi 10 et jeudi 11 mai. Ce, pour pousser le gouvernement à convoquer « immédiatement » ce Comité de suivi des accords et exiger « l’apurement passif des accords ». Qui plus est, d’autres syndicats d’enseignants ont également rappelé leurs différentes revendications même s’ils ne décrètent pas un mot d’ordre de grève.
Dans un communiqué rendu public, « les syndicats (SELS, UDEN, SNELAS/FC et le SIENS) se disent déterminés à mener la lutte pour la satisfaction des revendications qui ont pour nom : la révision du statut des décisionnaires avec l’abrogation de la lettre circulaire 9 de 1967 ; la révision des décrets 2006-392 et 74-347; le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans optionnel ; l’harmonisation des cotisations sociales en particulier et l’uniformisation des systèmes de retraite en général) ; la création de nouvelles indemnités pour les directeurs des cases des tout-petits ; les conseillers pédagogiques en arabe; les classes spéciales des EFA ; les agents occupant des postes diligents au niveau central et déconcentré ».
Ces syndicats d’enseignants exigent la « restitution des ponctions portant sur des journées travaillées »; « la poursuite du processus de reversement des MEPS dans le corps des PCEM-EPS » ; « la sortie immédiate et sans délai des résultats pour les enseignants du recrutement spécial des 5000 enseignants et la formation de ceux du moyen secondaire »; « la mise en position de stage de l’ensemble des chargés de cours selon les modalités adéquates à leur statut »; « la fin des lenteurs administratives ».
Ils réclament également, entre autres, « l’introduction de la langue arabe à partir de la classe de 6ième » ; « la mise à disposition en quantité suffisante de manuels scolaires (français et arabe) » ; « l’évaluation des programmes de résorptions des abris provisoires » ; « la diligence dans l’octroi des crédits DMC avec une communication plus harmonisée des différentes banques, plus fluide et accessible aux bénéficiaires ». Pour rappel, le Comité de suivi des accords avait été mis en place lors du protocole d’accord du 26 février 2022 entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants.
HOMMAGES POUR LES 50 ANS DE LA MORT D’OMAR BLONDIN DIOP
Récital de Coran sous un manguier dans la cour de la maison familiale en mémoire d’Omar Blondin Diop. Pour Dialo Diop, l’un de ses frères, ses idées, ses réflexions politiques restent plus que jamais d’actualité.
Au Sénégal, des cérémonies sont organisées depuis jeudi 11 mai et jusqu’à samedi, 50 ans après la mort d’Omar Blondin Diop. Cet intellectuel révolutionnaire, panafricaniste et figure du mouvement post soixante-huitard, est mort en détention le 11 mai 1973 sur l’île de Gorée, sous le régime de l’ancien président Léopold Sédar Senghor. Officiellement, c’était un suicide. Mais 50 ans après, la famille et les proches d’Omar Blondin Diop demandent une réouverture du dossier, et transmettent son héritage.
Récital de Coran sous un manguier dans la cour de la maison familiale en mémoire d’Omar Blondin Diop. Pour Dialo Diop, l’un de ses frères, ses idées, ses réflexions politiques restent plus que jamais d’actualité.
« Le problème du néocolonialisme, sur le fait que les sociétés impérialistes colonialistes esclavagistes étaient elles-mêmes des sociétés aliénées, des sociétés à transformer exactement comme l’Afrique… On a l’impression qu’il parle du monde d’aujourd’hui », explique-t-il.
« Omar avait un formidable appétit pour la vie »
C’est au cimetière de Soumbédioune, face à la mer, qu’Omar Blondin Diop a été enterré après son décès en cellule dans la prison de Gorée, à l’âge de 26 ans. Alioune Sall, son ami et compagnon de route, est surnommé Paloma, son « nom de guerre ». Il se souvient de l’annonce de la mort de son camarade le 11 mai 1973. « J’étais en prison, j’avais été transféré de Gorée au camp pénal », se rappelle-t-il.
Il n’a jamais cru à la thèse du suicide. « Je connais Omar, je sais qu’il avait un formidable appétit pour la vie, une combativité, une résistance », explique Alioune Sall. « Mais je crois que les idées qu’il incarnait faisaient peur, parce que c’étaient des idées de rupture, dans un contexte où le dirigeant sénégalais a pensé qu’au fond, c’est le passé des autres qui devait servir d’avenir au Sénégal. »
Le « Che Guevara africain »
Né à Niamey, brillant étudiant du lycée Louis Le Grand puis de Normale Supérieure en France, Omar Blondin Diop est passé entre autres par la Syrie, l’Algérie, avant de s’installer Mali. C’est là qu’il a été arrêté en 1971 puis extradé à Dakar.
Aguibou Diarra H. a fait le voyage depuis Bamako pour participer aux cérémonies. Il raconte : « C’était le temps de la révolution. La Garde rouge en Chine, Mai-68 en France, les Tupamaros, le Black Panther… Nous étions en contact avec tous ces mouvements. Oumar, c’est le “Che Guevara africain”. »
Un nouvel écho pour une figure restée méconnue
Cinquante ans plus tard, la figure d’Omar Blondin Diop reste méconnue au Sénégal comme dans la sous-région, mais trouve un nouvel écho, estime l’historien Florian Bobin qui travaille sur une biographie de l’intellectuel et militant.
« Depuis une dizaine d’années, c’est une mémoire qui ressurgit régulièrement dans le champ militant et artistique sénégalais. Mais au-delà de ça, il y a aussi un travail de diffusion à faire et puis [il faut] lever le tabou et rouvrir le dossier sur sa mort. »
La famille et les proches se basent sur un fait nouveau : le témoignage, dans un documentaire, de Moustapha Touré, doyen des juges d’instruction à l’époque – aujourd’hui décédé –, qui remet en cause la thèse du suicide. 50 ans après, pour Dialo Diop et ses proches, le combat continue : « C’est un mur qu’on finira par faire tomber. C’est une question de temps. »
KANDIALOUK OU BENGHAZY, EPICENTRE DE VIOLENTS AFFRONTEMENTS ENTRE MILITAIRES ET BANDES REBELLES
Aux velléités des bandes rebelles de persister dans le trafic illicite de bois et le trafic de drogues, l’armée répond par des opérations de ratissage enclenchées ces derniers jours dans la zone de Djibidione.
Face à la persistance des bandes rebelles dans leur économie de guerre marquée par le trafic illicite de bois et le trafic de drogue, l’armée passe à la traque des éléments rebelles et déclenche des opérations de ratissage pour nettoyer la zone. Des accrochages sont notés depuis quelques jours dans la zone de Djibidione au Nord Sindian autour du village de Kandialouk (appelé Benghazy par sa position isolée et incontrôlée), épicentre de violents affrontements entre l’armée et les bandes rebelles.
Aux velléités des bandes rebelles de persister dans le trafic illicite de bois et le trafic de drogues, l’armée répond par des opérations de ratissage enclenchées ces derniers jours dans la zone de Djibidione. Kandialouk dans la commune de Djibidione reste l’épicentre de ces combats entre militaires et éléments rebelles qui se livrent à des échanges de tirs depuis quelques jours. L’armée déterminée à éradiquer ce fléau relatif à l’économie de guerre, les bandes rebelles persistent dans leurs activités. Conséquence : c’est une situation tendue qui règne depuis quelques jours dans la zone. Il y a une dizaine de jours, face aux agissements signalés d’éléments rebelles, l’armée a déployé des hommes sur place pour stopper ces velléités. Les éléments rebelles loin d’abdiquer tentent de se frayer un passage pour poursuivre leurs activités illicites dans la zone nettoyée, il y a quelques mois déjà. D’ailleurs, les dernières opérations de ratissage dans la zone avaient permis de démanteler les bases rebelles de Salif Sadio et celles affiliées à un autre chef rebelle César Atoute Badiate. Un cordon sécuritaire avait été installé par l’armée le long de la frontière gambienne pour jouer la police dans ces zones.
Aucun bilan n’est disponible pour l’heure, relativement aux accrochages de ces derniers jours, mais certaines sources parlent de blessés enregistrés au cours de ces affrontements. Une situation qui n’a pas affecté pour autant le système éducatif de la zone où les enseignements se déroulent normalement dans la zone. Entre les velléités des bandes armées de persister dans les activités illicites et la détermination de l’armée d’éradiquer complètement ces fléaux, militaires et éléments rebelles se livrent souvent à des accrochages qui fragilisent le processus de paix. Aujourd’hui, cette recrudescence de la violence inquiète surtout au moment où des factions rebelles comme celles de Diakaye se préparent au dépôt des armes à Mongone où la cérémonie officielle est prévue ce 13 mai 2023. Un processus qui survient après plusieurs mois de négociations.
«L’ETAT DE LA DEMOCRATIE AU SENEGAL NE POSE PAS DE PROBLEME FONDAMENTAL»
Alors que la société civile et les acteurs politiques dressent un sombre tableau de la démocratie et de la situation du respect des droits humains et des libertés, Ismaïla Madior Fall, trouve qu’en l’Etat actuel, le Sénégal a de quoi se réjouir
Contrairement à ceux qui avancent que la démocratie sénégalaise à fait un bond en arrière, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, trouve que la situation actuelle est reluisante et force le respect. Au sortir de l’audition du Sénégal hier, jeudi 11 mai 2023, en visioconférence, par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, il a estimé que les preuves qui attestent de la bonne marche de la démocratie sénégalaise ont été produites ; ce qui a ravi la présidence de ladite commission.
Alors que la société civile et les acteurs politiques dressent un sombre tableau de la démocratie et de la situation du respect des droits humains et des libertés, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, trouve qu’en l’Etat actuel, le Sénégal a de quoi se réjouir. Cette réjouissance est, dit-il, « motivée par un respect des règles démocratiques qui a valu au Sénégal des félicitations de la présidence de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples». Mieux, poursuit-il, «L’Etat de la démocratie au Sénégal ne pose pas de problème fondamental».
Selon le Garde des Sceaux, à travers la Direction des droits humains de son ministère, le Sénégal a montré à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, «qu’il est un pays démocratique qui respecte les standards y afférents». D’ailleurs, pour Ismaïla Madior Fall, le Sénégal peut se targuer d’être un Etat démocratique car, «il ya un pluralisme politique qui ne souffre d’aucun problème». Ce qui justifie la place importante qu’occupe la démocratie dans le pays, c’est aussi, à son avis, «les libertés fondamentales qui sont consacrées par la Constitution, comme la liberté d’association, de manifestations, de réunions».
Avec des élections organisées en continue, la démocratie sénégalaise ne saurait être remise en question, trouve le Garde des Sceaux qui se félicite ainsi, qu’il n’y ait jamais eu rupture démocratique par des coups d’Etat. «Le Sénégal est caractérisé par sa stabilité politique, en témoignent les deux alternances». La séparation des pouvoirs est garantie, avec comme incidence, «une indépendance de la justice», note-t-il.
A la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, «le Sénégal a aussi montré qu’il fait des efforts pour respecter les droits plus spécifiques notamment ceux des handicapés (personnes), pour enrayer toutes les discriminations à l’endroit des femmes», dit-il. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples est issue de la Charte africaine des droits des droits de l’homme, adoptée en 1981 à Banjul. Selon le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, l’acte fondamental des droits de l’homme en Afrique est cette Charte. Les Etats qui y adhèrent doivent produire des rapports périodiques. Le Sénégal s’apprêtait à cet exercice hier, jeudi 11 mai 2023, en présentant ses 12ème, 13ème, 14ème et 15ème rapports.