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12 août 2025
LE RENDEZ-VOUS DE LA CUISINE SÉRÈRE
Le public qui effectuera le déplacement au Théâtre national Daniel Sorano le 10 juin va savourer le bon goût de l’art culinaire sérère. Ce sera à l’occasion d’une soirée gastronomique initiée par Iyane Familily, pour promouvoir une alimentation saine.
Le public qui effectuera le déplacement au Théâtre national Daniel Sorano le 10 juin va savourer le bon goût de l’art culinaire sérère. Ce sera à l’occasion d’une soirée gastronomique initiée par Iyane Familily, une manière de promouvoir une alimentation saine.
La cuisine sénégalaise et plus particulièrement celle Sérère sera à l’honneur lors d’une soirée gastronomique pour promouvoir une alimentation saine, renseigne un communiqué. L’évènement est prévu le 10 juin prochain au Théâtre national Daniel Sorano à l’initiative de Iyane Family. C’est une manière pour l’initiateur de célébrer la richesse culinaire des Sérères et sensibiliser le public à l’importance d’une alimentation saine. La source informe que la soirée sera animée par des Sénégalaises qui proposeront un menu exclusif mettant en valeur les plats les plus emblématiques en terre sérère. « Les convives pourront savourer des plats traditionnels tels que le thiéré bassé, le thiéré Mboum, le Niéleng bassé, le Ngourbane, le laakhe et d’autres délices sénégalais, le tout réalisé avec des ingrédients frais et locaux », détaille le document. Une manière de mettre de l’eau à la bouche à leurs parents peuls.
Il est annoncé également, en plus de la gastronomie, que la soirée sera agrémentée de prestations musicales de Oussou Ndiol Faye et de Bara Diouf de Diofior pour créer une ambiance festive et conviviale. L’objectif de la soirée est de promouvoir la cuisine locale et de sensibiliser le public à l’importance d’une alimentation saine en utilisant des ingrédients frais et locaux. Iyane Family est engagé dans la lutte contre la mauvaise alimentation. Avec cette soirée gastronomique, il souhaite encourager les Sénégalais à se reconnecter avec leur culture culinaire à et s’inscrire dans une démarche de réconciliation avec une alimentation de qualité. « Iyane Family est fier d’accueillir cette soirée gastronomique pour célébrer la cuisine sérère et sensibiliser le public à une alimentation saine et équilibrée », insiste le document.
Cette soirée sera aussi l’occasion pour promouvoir la destination Ndiaganiao avec une projection de film qui va permettre d’aller à la découverte de sites assez représentatifs du pays sérère dans le Ndiaganiao comme : Sambardi,Mbinène Ounakhe, Né Guityr, Mboudaye Nggarame et Mboudaye Ngokole.
COUMBA GAWLO SECK SUR SCÈNE AU MUSÉE DES CIVILISATIONS LE 13 MAI
Après de longs mois d’absence, Coumba Gawlo Seck fait son come-back. Sa cellule de communication annonce son « grand » retour avec « faste », comme elle l’avait promis à ses fans.
Après de longs mois d’absence, Coumba Gawlo Seck fait son come-back. Sa cellule de communication annonce son « grand » retour avec « faste », comme elle l’avait promis à ses fans. La chanteuse compte animer une soirée au Musée des civilisations noires, le 13 mai prochain. Un retour tant attendu et souhaité par les inconditionnels de la diva, mais également des mélomanes qui ont hâte d’écouter encore les envolées et les mélopées de la Gawlo. Bien qu’étant toujours en convalescence, la diva à la voix d’or réserve de bonnes surprises au public au cours de ce concert qui sera un moment de retrouvailles et de communion.
L’auteure de « Siiyo », à travers un post sur sa page Facebook, a réitéré ses « sincères remerciements pour l’affection » que ses fans ne cessent de lui porter. « Puisse Dieu vous le rendre au centuple ! C’est aussi grâce à vos prières et autres témoignages d’affection, la foi et la détermination renforcées, que j’ai pu traverser cette épreuve qui m’a contrainte à un retrait provisoire de la scène musicale », a-t- elle écrit.
« Je me sens beaucoup mieux aujourd’hui et j’en rends grâce à Dieu, a ajouté la chanteuse. Bien qu’étant présentement en convalescence, je vous convie au concert marquant mon retour sur scène, le samedi 13 mai prochain, à partir de 21h, au Musée des civilisations noires de Dakar ».
Selon des indiscrétions, l’artiste se donne à fond pour satisfaire le public qui va certainement se déplacer en masse le jour-J. Mieux, en prélude à ce « grand concert », Coumba Gawlo Seck vient de sortir une toute nouvelle vidéo de la chanson « Khasseniya » de son dernier album « Terrou war ».
QUE CACHE L'ANNEXE SECRÈTE À LA CONVENTION DE COOPÉRATION ENTRE LA FRANCE ET LA BCEAO ?
La Convention de garantie entre la BCEAO et la République Française signée le 10 décembre 2020 (soit un an après la fameuse annonce de la disparition du franc CFA par Ouattara et Macron à Abidjan) contient des dispositions non rendues publiques jusqu’ici
C’est l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla qui a vendu la mèche sur son compte Twitter. La Convention de garantie entre la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la République Française signée le 10 décembre 2020 (soit un an après la fameuse annonce de la disparition du franc CFA par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron à Abidjan) contient des dispositions non rendues publiques jusqu’ici.
A travers une question écrite, le sénateur français Pierre Laurent a interpellé le ministre de l’Economie, des finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. A l’article 2 de ladite convention, dit-il, il est écrit ceci : « il est ouvert dans les écritures du Trésor français une ligne de trésorerie (dénommée) dépôts de fonds au Trésor (DFT) en euros non plafonnée, utilisable par tirage par la BCEAO, dont les modalités de fonctionnement sont décrites en annexe. » Or, constate le sénateur communiste, l’annexe en question reste inaccessible au public, en particulier aux économistes spécialistes des relations monétaires entre Paris et ses anciennes colonies francophones.
Dans sa réponse en date du 20 avril 2023, Bruno Le Maire souligne que « l’annexe à la convention de garantie comprend des informations relevant du secret bancaire qui ne peuvent juridiquement être rendues publiques. »
Pour Le Maire a rappelé que « la convention de garantie entre la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la France (existe) en application du nouvel accord de coopération monétaire avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Elle établit les conditions du maintien de la garantie de change assurée par la France pour la Bceao. »
Appréciant ce voile opaque dressé par la France et les chefs d’Etat ouest-africains sur le franc Cfa, Ndongo Samba Sylla relève la prédominance de droit et de fait du secret bancaire sur la ‘’démocratie’’.
Il ressort des propos du ministre français de l’Economie que Paris et ses alliés francophones d’Afrique de l’Ouest ont renégocié et conclu depuis décembre 2020 de nouvelles conditionnalités pour perpétuer la garantie de change que le Trésor français assure au franc Cfa sur les marchés monétaires depuis plusieurs dizaines d’années. A quel prix ? Le mystère est entier.
En visite à Abidjan en décembre 2021, le président français Emmanuel Macron avait annoncé à la surprise générale « la fin du franc Cfa » pour répondre à une des exigences des jeunesses africaines dans le but de moderniser les relations franco-africaines. A son tour, le président Alassane Ouattara, un brin gêné, avait précisé que cette décision avait été prise en toute souveraineté par les Etats membres de l’Uemoa.
Presque deux ans et demi plus tard, l’ECO, annoncée comme le successeur du FCFA, reste une arlésienne de taille. Le franc Cfa est toujours garanti par la France même si les deux parties se satisfont que le lien ombilical ait été « coupé » entre la monnaie ouest-africaine et le Trésor français avec la « suppression » du compte d’opération logé à la Banque de France et le retrait prévu des Français qui siégeaient dans les instances de décision de la Bceao.
par Idrissa Ndiongue
KHALIFA SALL, LA CONSTANCE DANS LA POSTURE RÉPUBLICAINE
La posture de Khalifa est propre aux grands hommes d’état : ils ne se laissent jamais emporter par l’emballement du moment, l’émotion partisane ou les jugements de valeur. Lucide à toute épreuve
« Les grands esprits discutent des idées, les esprits moyens des évènements, les petits esprits des gens », écrivait Eleanor Roosevelt. Khalifa Ababacar Sall prend toujours position au nom de la République.
Le 21 octobre 2019, trois semaines après sa libération, devant une foule massivement venue répondre à l’appel, Khalifa Ababcar Sall s’adresse aux sénégalaises et sénégalais. Les ambitions de l’ancien maire de Dakar sont restées intactes. La case prison « controversée » n’est pas venue à bout de sa détermination. Il réaffirme son ancrage dans l’opposition, « avec responsabilité mais sans compromission, avec fermeté mais sans excès ».
Khalifa A. Sall affiche sa volonté de reprendre son projet politique là où il l’avait laissé. « Une grande Nation comme la nôtre ne peut se construire qu’à travers de grandes dynamiques autour des femmes, des hommes et des valeurs. Nous devons être ces femmes et ces hommes et incarner ces valeurs pour tracer un chemin d’espoir pour les millions de Sénégalais qui s’impatientent et s’angoissent. » Ceux qui s’attendaient à une posture de va-t’en guerre ont vite fait de déchanter « nous ne devons avoir ni haine ni rancœur, même dans l’adversité. Nous ne devons pas céder aux excès de la politique, ni perdre notre temps à ressasser le passé », dira-t-il.
Il se projette dans le futur et décline son projet de société à travers trois viatiques : la résilience, l’attachement à son identité idéologique (le socialisme) et la centralité des conclusions des Assises nationales dans son programme politique.
Des positions qui transcendent les appartenances
L’installation du président de la XIVème Législature lors de la session d’ouverture de l’Assemblée nationale, tenue le 12 septembre 2022, a donné lieu, à une série d'incidents. Des invectives ont fusé, certains élus prêts à en venir aux mains. Il a fallu l’intervention de la Gendarmerie, formant un cercle autour de l'urne, pour permettre aux députés de la mouvance présidentielle de designer Dr Amadou Mame Diop, dans un scrutin boycotté par l'opposition. Le comportement des élus du peuple avait tristement ému une partie l’opinion publique. Les deux camps se renvoient la responsabilité. Quand l’opposition dénonce « une violation flagrante » du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, le pouvoir évoque « l’irresponsabilité » des parlementaires issus de l’opposition.
Dans ce méli-mélo, les politiques prennent position, en fonction, bien entendu, de leur appartenance. Selon qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, chacun prêche sa propre chapelle, refusant d’endosser le tort.
Khalifa Ababacar Sall alors président de la conférence des leaders Yewi Askan-Wi, principale coalition de l’opposition, prend sa plume. Dans une posture républicaine, l’ancien maire de la capitale sénégalaise dénonce « le déploiement des forces de la Gendarmerie qui inspire à la fois de la répulsion et de la tristesse », relève-t-il. Le maire honoraire de la ville de Dakar dira « ce déploiement renvoie une hideuse image des institutions de la République. Il est déplorable que la mouvance présidentielle en arrive à user de la force dans un espace de débats contradictoires par essence et d’expression de la pluralité démocratique ».
Dans une démarche équitable, le leader de la plateforme Taxawu Sénégal rappelle à qui veut l’entendre « la compétition politique ni les valeurs républicaines ne sauraient admettre une telle démarche de panique. L’abus, dans une démocratie, est à la fois périlleux, pour notre aventure collective, et condamnable dans un pays jadis cité en exemple ».
M. Sall invitera alors les élus de tous bords confondus à privilégier, dans leur mission, la responsabilité sous-tendue par les principes démocratiques. « La confiance du peuple doit s’illustrer au sein de l’hémicycle, dans la prise de parole, le comportement, la conduite, le vote des lois et cela en conformité avec l’intérêt exclusif de la Nation et le respect strict des lois et règlements de l’Assemblée nationale ». Le socialiste se dira ému « des entorses au règlement et des conduites inconvenantes qui ont entaché ce moment qui se devait d'être solennel ». Il réaffirme au passage sa détermination à placer « l’éthique au cœur de toute action politique ».
Une démarche constante
Khalifa Ababacar Sall affiche le même élan de constance républicaine à la suite de la déchéance de l'élue du peuple, Aminata Touré de son mandat de député. Il dénonce une « balafre faite à la démocratie ». L’ancien député condamne « une énième violation de la loi qui sape les fondements de l'équilibre des pouvoirs ».
Dans une posture républicaine inébranlable, il rappelle que la démocratie c’est des règles et chaque pouvoir doit conformer son action à la Constitution et aux normes de droit afin de préserver le socle de la République. Au demeurant, il regrette vigoureusement une « forfaiture et apporte son soutien total à l’honorable député Aminata Touré ».
Pour rappel, en 2017, à peine ouverte, l’instruction visant Khalifa Sall était close. Il est alors immédiatement placé en détention provisoire et inculpé. Certaines voix avaient en son temps martelé leur étonnement, dans une procédure qui prenait des allures de « course contre la montre ». Les partisans de Khalifa Sall dénonçaient « une célérité » suspectant un projet d’écarter le maire de Dakar, des élections.
Interrogée, l’ancienne Première ministre Aminata Touré, alors envoyée spéciale du président Macky Sall, rejetait-elle, en bloc toute présomption d’instrumentalisation de la justice, dans ce dossier. « L’Afrique a suffisamment souffert du détournement des deniers publics et de la corruption », déclarait-elle, sans ambages, à Jeune Afrique. Cette posture de Khalifa est propre aux grands hommes d’état : ils ne se laissent jamais emporter par l’emballement du moment, l’émotion partisane ou les jugements de valeur. Lucide à toute épreuve.
BABACAR NDAW
NI OUI NI NON, DE WADE À MACKY
L’histoire est-elle encore entrain de se répéter? En Afrique les fins de mandat sont toujours problématiques. En 2011, vers la fin de son 2ème mandat, Maitre Abdoulaye Wade Président du Sénégal d’alors était englué dans un dilemme cornélien.
L’histoire est-elle encore entrain de se répéter ? En Afrique les fins de mandat sont toujours problématiques. En 2011, vers la fin de son 2ème mandat, Maitre Abdoulaye Wade Président de la République du Sénégal d’alors était englué dans un dilemme cornélien. Si sa volonté de briguer un 3ème mandat était clairement affirmée malgré qu’il ait déclaré s’en limiter à deux quelques années plus tôt, le flou persistait sur les intentions prêtées à lui de vouloir procéder à une dévolution monarchique du pouvoir.
Le refus de trancher cette question par une déclaration solennelle mettant fin aux rumeurs persistantes savamment entretenues par l’opposition de l’époque sur cette question, a balisé le chemin d’une deuxième alternance dès 2012. En effet, la conjonction de la perspective d’un 3ème mandat et d’une dévolution monarchique du pouvoir a amplifié la radicalisation, puis l’élargissement du front anti Wade qui a fini par avoir gain de cause.
Le Président Macky Sall semble prendre la même voie, mais en sens inverse. Car si sa volonté est très clairement exprimée de vouloir continuer à mener à bon port la barque Benno Bokk Yakaar (BBY), le doute persiste encore sur sa décision de postuler à un 3ème mandat.
Entretenir le suspense sur une question aussi cruciale peut être fatal… Me Wade l’a appris à ses dépens
Pour l’un comme pour l’autre, le fait d’entretenir abusivement le suspense sur une question aussi cruciale pour les populations peut être fatal. Une arme politique aussi vitale que "le doute" se manie avec beaucoup de précautions. Autant elle te permet d’avoir les cartes en mains, autant elle peut se révéler comme un piège. En tirant trop sur la ficelle, Maitre A. Wade l’a appris à ses dépens en 2012. En sera-t-il de même du Président Macky Sall ? Saura-t-il prendre la bonne décision à temps ? Rien n’est moins sûr ! Une chose est claire, une rumeur non élucidée finit toujours par se muer en certitude si rien n’est fait pour l’arrêter à temps.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un retard dans la clarification sur cette question pourrait beaucoup nuire à la candidature du président Macky Sall ou à celle de son dauphin éventuel. L’avantage d’être candidat de la mouvance présidentielle ou d’être Maître du jeu, ne garantit point une avance insurmontable. Les résultats issus des dernières élections législatives l’ont amplement démontré. Dans une démocratie qui a connu deux alternances consécutives, il faut toujours se méfier des humeurs du peuple. Gare à l’excès de confiance !
Pour être efficace, le Dialogue doit se focaliser sur les questions majeures
Le Sénégal traverse une crise politique majeure qu’il conviendrait de prendre à sa juste mesure. C’est peut-être la prise de conscience de cette situation complexe qui a motivé l’appel du Président de la République au dialogue ! Tant bien même qu’un gage de bonne foi aurait voulu qu’un acte fort de décrispation précéda cet appel, il semble que ce dialogue soit nécessaire pour aller à des élections apaisées. Ce dialogue pour être efficace, tenant compte du temps et du contexte, doit se focaliser sur les questions politiques et électorales majeures :
- L’amnistie ou la réforme de quelques articles du code électoral garantissant la participation de karim wade, khalifa Sall et Bougane en allégeant les critères de parrainage.
- La fiabilité du fichier et la sécurisation du vote.
- Un compromis politique fort sur les voies et moyens d’assainissement de la vie publique et la bonne gouvernance qui permet :
1- la libération des prisonniers arrêtés lors des manifestations politiques.
2- la trêve et/ou le sursis sur les manifestations d’hostilité ou de défiance aux institutions républicaines.
3- la nécessité de passer par les organes dédiés pour toute plainte ou récrimination contre les journalistes ou les organes de presse incriminés.
Pour ce faire, chaque entité doit y mettre du sien, pouvoir, opposition, comme société civile pour un compromis politique dynamique dans l’intérêt supérieur de la nation. Le Sénégal a su toujours trouver les ressorts nécessaires à travers ses dignes fils et filles et ses institutions fortes pour un consensus sur des questions cruciales engageant son avenir démocratique. Espérons que cette fois ci les subjectivités et les rancœurs ne l’emporteront pas sur la raison et le bon sens.
Vive le Sénégal !
Assane gueye
ALLERGIE AU LACTOSE
Dans un mariage heureux, on ne demande pas le divorce. Les collaborations bancales par contre finissent par se fracasser. Le séjour de Rewmi auprès de Benno n’a été utile ni pour l’un ni pour l’autre.
Dans un mariage heureux, on ne demande pas le divorce. Les collaborations bancales par contre finissent par se fracasser. Le séjour de Rewmi auprès de Benno n’a été utile ni pour l’un ni pour l’autre. À l’heure du compte, c’est plutôt chèrement payé. Dans l’affaire, Idy est précisément le plus grand perdant. Les soubassements de son dépaysement décidé en 2020 nous échappent encore. Mais un aller-retour est souvent le signe qu’on s’est perdu dans ses calculs et ses élucubrations. La déception arrive et embrouille les idées. Remettre au goût du jour l’histoire filandreuse du chef de l’opposition relève d’une déconnection totale. C’est un peu ouvrir un chapitre d’un livre mal refermé alors que les Sénégalais sont passés à autre chose. La finesse n’est pas à ce niveau. Elle est dans la faculté à se présenter en champion des propositions en évitant de donner le sentiment du funambule qui titube.
Les absents ont toujours tort. Les retardataires sont à terre après avoir de gaieté de cœur capitulé en rase campagne. La seule bonne nouvelle née de la séparation est venue de ses deux ministres et de son unique députée, d’ailleurs étrangement seule. Ils ont administré une preuve éloquente de fidélité, de loyauté et de dévouement en politique à l’égard du mentor, contrairement à d’autres que le pouvoir avait happés et devant lequel ils avaient faibli. L’étoffe du grand seigneur ne s’acquiert pas. Diattara, Ali Saleh et Mariètou Dieng ont eu le sens de l’honneur. Ils n’ont pas prêté le flanc en ne mangeant pas à tous les râteliers.
Une conférence de presse un jour de Korité
Ce qui était présenté avec emphase comme un potage pour lequel on se pourlèche les babines n’était qu’un gruyère frugal bourré de trous. « Dans un couple, quand vous entendez qu’on casse de la vaisselle à l’intérieur, il vaut mieux ne pas entrer. Il peut se liguer contre vous ». La phrase est d’un auteur dont on n’a pas souvenance du nom. C’est l’à-propos de l’image qui est ici le plus important. Voilà pourquoi il faut de la prudence et des pincettes suite au matraquage communicationnel simultané qui laisse pantois et perplexe. En effet, c’est rare de voir se tenir une conférence de presse un jour de Korité, moment propice pour les retrouvailles familiales où on met les petits plats dans les grands pour recharger les batteries après un mois de privation. La cure de silence nécessaire s’est transformée pourtant en bavardages inutiles. Que de fébrilités.
La crise de la citoyenneté
Dans un autre décorum, le président de la République a invité les confrères de Gfm pour délivrer son message. Fait rare pour le souligner et s’en féliciter. Quand un collègue marque un but, c’est toute la corporation qui doit être contente de tirer avec lui. Dans le jargon journalistique, l’exclusivité qu’on décroche est le plus souvent le fruit de l’entregent et du flair. Mais tout n’est pas parfait puisque quelque part, on a fait choux blanc. Les confrères n’ont pas obtenu grand-chose du chef de l’Etat, notamment sur son intention personnelle en matière de candidature. L’aspect le plus commenté a plutôt concerné les détenus ou otages politiques qui n’existeraient que dans l’imaginaire de ceux qui ont l’art de parler de ce qu’ils ne savent pas puisqu’une telle éventualité ferait tache sur la démocratie. Les prisons ont-elles été engorgées ? Si tel est le cas, ça serait le fait d’abord d’une société malade où l’école, la famille, l’expérience ne sont plus les valeurs de référence. Ouvrir les écoles et les conservatoires, ce sera au détriment des prisons. La crise de la citoyenneté débouche sur les situations les plus monstrueuses. Il n’y a pas de naïveté à avoir là-dessus. Dans un climat aussi délétère et un malaise social si grave, il n’est pas surprenant que la violence verbale, physique, gratuite et les troubles à l’ordre public supplantent les insurrections culturelles, scientifiques et citoyennes. Tout qui faisait l’exception sénégalaise dont la haine, l’immoralité ne sont pas conformes à son génie.
L’autre paramètre du débat a relevé du dialogue et les appels incessants dans ce sens. C’est le meilleur antidote aux conflits et fossés qui se creusent de plus en plus. Les préalables posés çà et là présagent toutefois d’un dialogue de sourds et du forceps à gogo. Au fond, il ne faut pas perdre de vue que la qualité d’une idée réside moins dans sa nature que dans les moyens qu’on se donne de la mettre en œuvre.
par Nioxor Tine
LE NOUVEL OPPOSANT EN CHEF, ENTRE DÉFIANCE ET OBSÉQUIOSITÉ
Toutes ces gesticulations de libéraux, membres de la vieille garde politicienne, y compris ce dialogue politique de dernière heure ne cherchent qu’à conforter les scénarios d’autocratie pétrolière pour s’accaparer de nos richesses nationales
Aux mois de février et mars, le peuple sénégalais avait eu droit au feuilleton judiciaire ayant trait à une prétendue diffamation d’un présumé criminel à col blanc, par ailleurs, éminent membre de la mafia politico-bureaucratique, qui préside aux destinées de notre infortunée Nation.
Cette triste affaire avait fini de dissiper nos dernières illusions sur le modèle démocratique sénégalais. Ses épisodes les plus (mélo)dramatiques, qui avaient d’ailleurs connu un retentissement mondial, avaient été ceux où les forces spéciales (BIP, GIGN) avaient, par deux fois, fracassé les vitres des véhicules du leader du Pastef.
Puis vint le mois d’avril marqué par des moments forts, dont la rituelle célébration annuelle, organisée par le pouvoir temporel, de notre vraie fausse indépendance, si justement qualifiée de dé-fête (défaite) par le FRAPP. Elle a connu un éclat particulier, en cette fin de second mandat, comme pour occulter l’atmosphère de fin de régime, avec ses sous-entendus répressifs et ses menaces à peine voilées (chars, drones lacrymogènes...).
Ensuite, nos compatriotes, adeptes, dans leur quasi-totalité, du christianisme et de l’Islam ont clôturé leurs périodes de jeûnes respectivement par la célébration pascale et la fête de l’Aïd-el-Fitr toutes deux fortement impactées par l’austérité économique.
C’est durant cette période empreinte de spiritualité et propice à la promotion de valeurs citoyennes et d’un esprit civique, marquée par la convivialité et la communion, que les deux filleuls du pape de Sopi, tels Laurel et Hardy, ont choisi de dérouler leur "soap opéra" politique insipide sur un air de "je t’aime, moi non plus".
À y regarder de près, les deux compères libéraux, qui s’ils n’ont pas gardé, en même temps, les vaches ont certainement dû boire abondamment de thé ensemble, ne comptent plus que sur les entourloupes et l’instrumentalisation des institutions pour garder le pouvoir au sein de la famille libérale. Et pour cause ! Leurs chances de se présenter à et/ou de remporter la prochaine élection présidentielle sont presque nulles.
Et ce n’est pas en utilisant les vieilles recettes de leur ancien parrain politique qu’ils y parviendront, car elles sont devenues ringardes, avec le temps, quand on pense au concept de parti de contribution et à la logique pendulaire oscillant entre entrisme gouvernemental et démission pré-électorale. Mais il faut reconnaître à Me Wade, que lui avait le génie de se métamorphoser, passant du statut d’homme d’État soucieux de la préservation de l’ordre public à un agitateur sans état d’âme, qui préconisait l’affrontement direct contre les forces de l’ordre..., qui n’est qu’une des nombreuses modalités du combat politique, qu’on doit se garder d’assimiler systématiquement au terrorisme.
Tout cela pour dire que le leader de Rewmi avec sa lettre de démission oscillant entre obséquiosité et servilité, contenant une offre de service comme chef accommodant d’une nouvelle "opposition de sa Majesté" n’a pas retenu toutes les leçons de son mentor et lui confère l’apparence d’un cheval de Troie dans le camp adverse.
En définitive, toutes ces gesticulations de libéraux, membres de la vieille garde politicienne, y compris ce dialogue politique de dernière heure ne cherchent qu’à conforter les scénarios d’autocratie pétrolière ou d’émirat gazier, pour s’accaparer de nos richesses nationales à leur profit et à celui de leurs maîtres impérialistes. Nous n’en voulons, pour preuve que ces tentatives maladroites de criminaliser les opposants politiques qu’on cherche, à l’aide d’une justice instrumentalisée, à caricaturer sous les traits des terroristes menaçant nos acquis républicains et démocratiques, dans un contexte de négationnisme de l’existence de détenus politiques et d’atteintes aux libertés. Le but du jeu est de justifier une prolongation du régime de Benno Bokk Yakaar par le biais du mal nécessaire que serait un "deuxième quinquennat" illégal et illégitime.
C’est précisément cette manière de faire la politique que la jeunesse rejette et qui explique le succès grandissant des nouvelles générations d’hommes politiques se battant pour un ordre social plus juste et la libération de l’Afrique.
Pour beaucoup de Sénégalais, le Conseil économique, social et environnemental est juste une institution de plus destinée à caser de la clientèle politique. Il a pourtant tout pour être un excellent levier de développement
Des quatre institutions que compte la République, c’est sans doute la plus instable. Dans un intervalle de moins de cinq ans, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) aura connu quatre présidents, soit en moyenne un peu plus d’un an pour chaque président.
Si la première présidente, Aminata Tall, a réussi la prouesse de passer environ sept ans à la tête de l’institution, aucun de ses successeurs n’aura réussi à atteindre la barre des deux ans de longévité. Alors qu’Aminata Touré a été nommée en mai 2019 pour être limogée en novembre 2020, soit 18 mois. Pour sa part, Idrissa Seck a été nommé en novembre 2019 pour être limogé après seulement 17 mois.
Il cède ainsi le poste à Abdoulaye Daouda Diallo, dont l’horizon semble être fixé à la prochaine Présidentielle, à moins que le régime actuel rempile et continue de le maintenir.
Ainsi, l’institution subit de plein fouet les soubresauts au sommet du régime. Ce qui pourrait être de nature à conforter ceux qui pensent que le Conseil économique, social et environnemental n’est en fait qu’un machin budgétivore dont la vocation principale serait de caser une certaine clientèle politique.
Membre de l’ancien Cese, Momar Ndao botte en touche les accusations : ‘’D’abord, il faut savoir que le conseil est organisé de telle sorte que ce sont les commissions qui font le travail. Chaque commission présente son rapport en plénière et c’est la synthèse de ces rapports qui sera présentée comme le rapport général. Et les membres de ces commissions sont là ès qualités. Ils savent très bien de quoi ils parlent. Il n’y a donc pas beaucoup de risques à ce niveau, par rapport à l’instabilité au niveau de la direction.’’
Selon lui, on ne peut pas réduire le Cese à une simple institution de plus avec pour vocation de recaser une clientèle. Pour lui, la loi instituant le conseil a déjà réglé le problème. D’abord, les conseillers sont issus des différentes organisations socioéconomiques. Lesquelles font des propositions au président de la République qui les entérine. ‘’Il y a les personnes qualifiées désignées en fonction de leur expertise dans les domaines sur lesquels travaille le conseil. Tous les autres sont des représentants désignés par leurs propres structures. Et le président ne fait qu’entériner les choix de ces organisations qui sont représentatives de la société. Par exemple, si la structure a un représentant, elle propose deux noms au président qui va choisir entre les deux. Si la structure a deux représentants, elle propose quatre noms… C’est pourquoi on ne peut pas dire que c’est une institution clientéliste’’.
Momar Ndao, ancien membre du Cese : ‘’On peut souhaiter une plus grande prise en charge des recommandations du Cese’’
Sur le site de l’institution, il est indiqué, avec plus de précision, que le Conseil économique, social et environnemental est composé de 120 membres, dont 48 sont issus des organisations socioprofessionnelles ; 32 personnalités qualifiées et 40 membres associés, tous de profils divers et variés. Troisième assemblée constitutionnelle, il peut être saisi soit par le président de la République, soit par l’Assemblée nationale, soit par le Premier ministre de demandes d’avis ou d’études. La question qui se pose est dans les faits. Est-ce que l’institution est suffisamment saisie par les organes susmentionnés, en dehors des matières sur lesquelles sa saisine est obligatoire, en l’occurrence les projets de loi de programme et de plan à caractère économique, social ou environnemental ? Si elle est suffisamment saisie, est-ce que ses conclusions sont correctement prises en charge par l’Exécutif ?
À entendre Momar Ndao, il serait difficile de donner une réponse tranchée à certaines interrogations. En fait, souligne-t-il, il n’y a pas de copier-coller des rapports ou recommandations du conseil. Il peut arriver, par exemple, que certains aspects des travaux du Cese soient mis en œuvre.
Ancien président de la Commission santé et actions sociales, le président de l’Ascosen se souvient de travaux de haute facture qui ont été faits dans certains domaines, notamment l’accès aux soins de santé pour les populations, la perception de l’hôpital public par les usagers, l’évaluation de la réforme hospitalière, le système d’organisation du territoire, le financement des infrastructures, la crise de la pêche… ‘’Nous avons même eu à faire un rapport sur les inondations. Par exemple, si les conclusions des rapports sur les inondations avaient été prises en compte de manière optimale, on aurait résolu une grande partie de la problématique. C’est des travaux de très grande qualité, parce que le conseil regorge de compétences’’.
Qu’en est-il alors du double emploi des maigres ressources du pays ? Les conseillers ne sont-ils pas payés à reproduire le même travail fait par d’autres démembrements de l’État ? Est-ce qu’il y a une certaine circularité de l’information entre l’assemblée consultative et les exécutants ou décideurs ? Pourquoi, par exemple, les recommandations sur les inondations et d’autres qui souffrent dans les tiroirs ne sont pas prises en compte de façon optimale ?
Si l’on en croit l’ancien conseiller, il y a un avantage certain à accorder de l’intérêt aux travaux du Cese. ‘’L’avantage du Cese, c’est que c’est des gens qui ne gèrent pas la chose. Par exemple, si vous voulez faire un rapport sur la santé, si vous êtes en même temps celui qui gère le secteur, le diagnostic peut être biaisé. En revanche, si on est externe, on apporte un œil neuf. Et pour ce faire, le conseil va auditionner tous les acteurs concernés, que ça soit les acteurs institutionnels ou non institutionnels. C’est sur la base de ces expertises que le conseil fait ses recommandations’’, plaide le consumériste, tout en souhaitant ‘’une plus grande prise en charge des conclusions et des avis du Cese. ‘’Ce serait une très bonne chose, clame-t-il. Si vous regardez la qualité des travaux, vous vous rendrez compte qu’il y a beaucoup de choses importantes qui sont proposées et qui pourraient servir à une meilleure gouvernance. Sur tous les sujets’’.
Bel outil du point de vue des textes qui le régissent, le Conseil économique, social et environnemental est, cependant, entravé dans son envol par un certain nombre de goulots. Le premier, si l’on en croit ce proche d’Aminata Touré, ancien chef de la Division de l’information, c’est le président de la République lui-même qui y nomme des gens, mais qui ferait de son mieux pour les empêcher de travailler.
‘’Le problème, c’est que le président Macky Sall ne prend pas au sérieux les institutions de la République. Pour lui, ce sont juste des parts de gâteau à partager. Il n’est pas intéressé fondamentalement par les résultats. Quant à Mme Touré, elle prenait son travail très au sérieux, ce qui certainement dérangeait le chef de l’État. Il voyait ce travail comme de l’activisme politique. Lui il vous nomme et ce qu’il attend de vous, c’est que vous ne fassiez rien comme la plupart de ses collaborateurs. Quand vous travaillez, il vous soupçonne de vouloir vous faire voir pour prendre sa place. C’est quand même un paradoxe’’.
Pour étayer son propos, le proche d’Aminata Touré donne un exemple : ‘’De ce fait, Mme Touré n’a pas pu faire tout ce qu’elle envisageait. Elle prévoyait, par exemple, des audiences populaires du Cese avec les jeunes, les femmes, les secteurs socioprofessionnels, sur leurs lieux de travail, pour recueillir leurs préoccupations et suggestions. Mais les faucons du palais voyaient ce travail comme une menace pour le président de la République. C’est la période où Mame Mbaye Niang attaquait Mme Touré publiquement’’.
Fervent défenseur de Mimi, Bassirou Dieng se dit convaincu que de tous les anciens, c’est son boss qui a eu le bilan le plus reluisant, malgré la courte durée de son ‘’mandat’’. ‘’Force est de reconnaître que l’impact du Conseil économique, social et environnemental a été mieux senti durant le passage de Mme Aminata Touré. Pour preuve, le nombre d’avis que le Cese a produit sous sa présidence et sur des thèmes d’intérêt majeur, alors qu’on était en pleine pandémie. On se souvient d’ailleurs du dernier avis sur la gestion de cette pandémie, avec des propositions objectives’’, soutient avec force Cheikh Bassirou Dieng.
Loin des polémiques entre présidents successifs de la troisième assemblée constitutionnelles et de leurs partisans, Momar Ndao, lui, plaide pour un renforcement du Cese d’une grande importance, mais aussi la vulgarisation de ses travaux.
‘’À mon avis, l’institution doit être davantage présentée au public. Il y a un travail très fouillé, très sérieux qui est fait là-bas. Avec des auditions des différents départements ministériels, des organisations des institutions, pour faire des rapports sur le fonctionnement de l’État en général. Ces travaux méritent d’être vulgarisés davantage. Parce que les Sénégalais n’ont pas une idée de ce qui se fait au niveau de l’institution. Ce qui nourrit certaines controverses’’.
SAMBA SY À COEUR OUVERT
Le chef de file du Parti de l’indépendance et du travail se prononce sur les contours du prochain congrès, son agenda, ses objectifs. Il aborde aussi des questions prégnantes telles que leur compagnonnage avec BBY, le troisième mandat
Le Parti de l’indépendance et du travail (PIT) s’achemine vers un rendez-vous crucial dans sa marche vers la réalisation de ses objectifs. Il compte organiser son Congrès les 29 et 30 avril prochains au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices), avec pour objectif de ‘’se mettre dans l’air du temps sans pour autant se laisser emporter par cette vague qui est torrentielle’’. Dans cet entretien, le chef de file se prononce sur les contours de ce congrès, son agenda, ses objectifs. Il aborde aussi des questions prégnantes telles que leur compagnonnage avec BBY, le troisième mandat, la massification du parti et la sortie d’Idrissa Seck de la majorité présidentielle.
Vous organisez votre Congrès les 29 et 30 avril prochains au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices). Quelle pertinence de le tenir maintenant ?
Le Parti de l’indépendance et du travail (PIT) tient, en effet, ses Congrès les 29 et 30 avril 2023. Et nous avons décidé de les tenir pour respecter les échéances. Le dernier Congrès nous l’avons tenu en 2016. Nous sommes en 2023 et avons même débordé par rapport à notre agenda. Nous voulons, par respect pour nos textes et nous-mêmes, tenir ces rencontres à dates régulières. Cela s’explique également par l’exigence de réfléchir sur la vie telle qu’elle se déroule. Un congrès pour un grand parti politique comme le nôtre est un grand moment de réflexion, d’échanges, de choix, d’orientation, mais également un moment de renouvellement des directions et d’évaluation. Que la situation soit complexe devrait être un motif supplémentaire de réunir des instances de cette nature-là pour essayer de trouver des solutions. L’humanité ne se pose que des questions qu’elle peut résoudre. Il est vrai que la situation est extrêmement complexe, mais c’est parce que c’est ainsi que nous avons besoin de nous retrouver et de penser ce contexte et d’afficher un horizon.
Et sous quelle thématique sera-t-il placé ?
Notre congrès sera placé sous le thème suivant : ‘’Édifier un parti rénové toujours au service des travailleurs de la paix civile et du progrès’’. Nous disons ‘’édifier un parti rénové’’ parce qu’il faut forcément s’ajuster, parce que beaucoup de choses ont changé. Il faut se mettre dans l’air du temps sans pour autant se laisser emporter par cette vague qui est torrentielle, c’est-à-dire rester sur les fondamentaux : la défense des travailleurs, l’exigence de préserver ou de conserver la paix civile, de faire de sorte que le progrès soit poursuivi ou amplifié.
Il s’agit, au fond, de s’ajuster sans doute, mais de rester sur nos fondamentaux.
La situation est tendue un peu partout dans le monde. Allez-vous réfléchir sur les voies et moyens à emprunter pour que le pays évite de sombrer, comme c’est le cas chez certains de nos voisins ?
Vous avez raison de mettre l’accent sur cette caractéristique forte des temps modernes. Il y a de l’instabilité un peu partout. Une instabilité qui ne tombe pas du ciel, mais qui est quelque part entretenue ou provoquée pour des enjeux lourds.
Entretenue, provoquée ? Vous pouvez être plus précis ?
Je dis entretenue ou provoquée parce que lorsqu’on regarde bien ce qui est en train de se passer, on peut dire qu’il y a bien une cohérence d’ensemble. Il n’est pas anodin que ce qui se passe dans la sous-région se passe. Il n’est pas anodin que dans un pays comme le nôtre, qu’il y ait des voies qui semblent quelque part concorder et qui brusquement vont dans une certaine direction. Nous sommes, aujourd’hui, rigoureusement parlant, dans le même monde. Mais il y a un jeu d’intérêts qui fait qu’il faut être très attentif à ce qui se fait.
Vous voulez parler du salafisme ?
Il y a le salafisme oui, mais il y a également les forces d’argent qui n’ont pas des armées, mais des intérêts. Notre pays est devenu intéressant sous ce rapport. Plus nous avons les champs du possible s’ouvrent, plus nous courons vers des risques. Et les choses vont très vite. Il est donc extrêmement important que tous les acteurs politiques de notre pays en soient suffisamment informés. Faire de la politique ; c’est être responsable, devoir mesurer l’incidence des choix que nous posons, parce que ce n’est pas anodin. La nature de la politique fait parfois, sans vraiment que les acteurs le veuillent forcément, précipiter le pays ou sa société dans des turpitudes dont il va subir des extrêmes. Nous en sommes à cette étape-là.
Là, vous parlez d’Ousmane Sonko ?
Pas forcément. Ou pas seulement. D’autres acteurs politiques, y compris ceux parfois encagoulés, ressemblent à s’y méprendre à des acteurs politiques qu’on retrouverait dans beaucoup d’autres pays. Il y a une sorte de similitude, mais également de régularité dans le discours et les actions qui méritent qu’on s’y attarde et qu’on fasse attention. Bref, c’est matière à réflexion.
Vous allez donc évoquer ce sujet lors du Congrès ?
Oui. Et nous pensons aussi qu’il faudrait qu’on fasse également attention à l’irruption de nouveaux acteurs qu’on n’avait pas l’habitude de voir. Donc, il faut se demander pourquoi et qu’est-ce qui est en train de se jouer ? Que cette période qui est passablement agitée mérite d’être réfléchie pour que les meilleures décisions soient prises.
Forcément, vous allez alors avoir un traitement spécial pour la question jeune. On a l’impression que la locomotive de ce que vous décriez, ce sont les jeunes dont les perspectives ne sont pas convenablement prises en charge.
Il y a 40 ans, quand nous étions à l’université, nous avions déjà l’impression d’un horizon bouché. Cela ne s’est pas amélioré de manière globale. Effectivement, nous avons énormément de jeunes et ils sont en demande d’emploi, à la recherche de repères. Ces jeunes ont besoin de vivre, d’exister. C’est un problème objectif auquel il faut trouver des solutions. Nous sommes en train de nous y employer, mais il faudrait que ce problème-là soit pris à bras le corps. Mais fondamentalement, il y a de mauvaises solutions et de très mauvaises pistes sur lesquelles ces jeunes peuvent être, disons, engagés. C’est ce que nous observons. Ce n’est pas en versant dans la violence tous azimuts, qu’elle soit verbale ou physique, que les jeunes vont trouver des solutions à leurs problèmes. Nous faisons face à un problème qui existe et qui est objectif avec évidemment des solutions de très courte vue, qui ne sont pas de vraies solutions en mon sens.
Cette présence massive des jeunes, au-delà des chiffres, nous l’avons tous vécue quand nous avons remporté la Coupe d’Afrique des nations. Beaucoup d’acteurs ont été frappés par la massivité de cette composition-là au niveau de notre population. Cela ne se règle pas par coup de baguette magique. Il faut former ces jeunes, il leur faut de l’emploi et de la culture. Or, nous sommes dans des temps assez farouches, au niveau desquels l’empressement et la rapidité font que des choses fondamentales sont négligées. Évidemment, il y a une responsabilité collective : celle de l’État, celle de la famille qui est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, celle des éducateurs. C’est un problème à prendre en compte, mais en même temps que les jeunes peuvent donner le sentiment de représenter une menace, je crois que nous devons lire leur présence comme étant une opportunité fondamentale. C’est une différence radicale entre des sociétés telles que la nôtre et d’autres sociétés qui ont plutôt vieilli. La jeunesse, c’est l’ardeur, le travail, la force, la vie. Quand on a des jeunes, on devrait pouvoir s’élever, pourvu que l’énergie soit canalisée, investie bonnement.
Vous n’avez pas l’impression que le langage des jeunes est inaudible pour des gens de votre génération ? On a l’impression qu’il y a des incompréhensions, des barrières qui empêchent de s’entendre. Non ?
Je ne sais pas trop. J’ai enseigné longuement pour ma part. Le commerce que j’ai eu avec les générations de jeunes dont j’avais la responsabilité a des relations plutôt bonnes. Je ne pense pas à présent être en rupture avec les jeunes avec lesquels nous commerçons. Mais il est clair que quelque chose a bougé et il y a un lien à rétablir.
D’abord, il faut respecter les jeunes, mais il faut également leur montrer que ce n’est pas l’absence de respect de leur côté qui pourrait évidemment régler leurs problèmes. Ce qu’il faut éviter par-dessus tout, ce sont les fausses solutions. Or, malheureusement, il y a énormément de gens qui simplifient de manière inacceptable les problèmes extrêmement complexes.
Cette forme d’anarchie concerne également l’espace politique avec des ailes contestatrices. Comment comptez-vous prendre en compte ce problème au niveau de votre parti ? Certains ne sont plus d’accord quant à la poursuite de votre alliance avec le président Macky Sall.
Quand on est dans une organisation politique telle qu’un parti ou même une organisation quelle qu’elle soit, cela veut dire qu’on a renoncé à une partie de sa liberté. On ne peut pas être dans un collectif et dire ‘’j’agis à ma guise’’. Un collectif est régi par des textes, des règles. Je crois que le fait de décider au fond que nous nous laissons guider par la décision majoritaire est une solution de bon sens, sinon il n’y a pas de vie sociale commune. Si chacun de nous dit être dans le groupe et le collectif, mais devrai-je être seul pour agir selon ma gouverne. Évidemment, c’est choisir de se mettre en dehors. Nous sommes à des temps paradoxaux où l’on peut être tout seul ou n’avoir que deux pelés ou trois tondus qui vous accompagnent et faire comme si vous étiez au fond de tout. Les partis ont la capacité de faire enfler les discours et de laisser penser que le ciel va tomber sur la tête. Je crois qu’il faut qu’on rétablisse les fondamentaux, qu’on restaure la discipline, qu’on accepte de débattre. Une fois que le débat est posé, que chacun accepte finalement parce que c’est la condition de pouvoir aller ensemble que c’est l’opinion la plus partagée qui devient la référence. C’est une vieille règle, mais c’est cela la démocratie.
Mais est-ce que ces problèmes seront posés sur la table ?
Le congrès est souverain. Je pense qu’un congrès, c’est d’abord une occasion de réfléchir sur l’orientation, de faire un bilan et de jauger ce qui a été par les uns et les autres. C’est une tradition chez nous et il ne faut pas avoir peur du débat, de sa vivacité. Au contraire, il est salutaire. Ce qui est mauvais, par contre, c’est le déporter ou de sortir des cadres dédiés pour essayer de faire mal. Je crois qu’il est regrettable que, par moments, que ce soit dans notre parti ou dans d’autres formations politiques, qu’il y ait des camarades qui se comportent comme s’ils étaient davantage hostiles à l’organisation commune qu’à d’autres organisations. Je pense qu’il y a des choses à restaurer. Le congrès devrait pouvoir observer ce genre de pratique et rappeler tout le monde à la conduite normale.
Le Congrès du PIT prendra-t-il en compte la question très sensible du troisième mandat ?
Au lieu de prendre seulement en charge la question de la troisième candidature à un mandat présidentiel, c’est celle même de la Présidentielle que le PIT va prendre en charge. Dans d’autres organisations, c’est le congrès qui est souverain pour décider des questions de Présidentielle. Que va faire le PIT ? Quels seront ses choix ? Comment lire ce qui est en train de se passer ? Quels sont les enjeux ? Je crois que ces questions-là vont se poser et devront être traitées. Je voudrais ajouter que pour le Parti de l’indépendance et du travail, la recherche ou la quête même du pouvoir n’a jamais été une fin en soi. Chaque fois que quelqu’un lève la main pour dire ‘’oui, j’ai la prétention de diriger’’, la question que nous lui posons est ‘’oui, vous avez le droit peut-être de prétendre diriger, mais c’est pour quoi faire ? Comment comptez-vous diriger ? Quels sont les moyens que vous comptez mettre en œuvre ?’’. Nous avons parlé de la complexité du monde et des temps présents. Je crois que l’exigence minimale à faire à toute personne qui ferait velléité de conduire la destinée de notre Nation, c’est de lui demander ce qu’il veut en faire et avec quels instruments. Notre congrès réfléchira sur la Présidentielle de 2024.
Le PIT pourrait présenter un candidat ?
Il n’y a aucune hypothèse que nous devrions écarter d’emblée. Je crois que le congrès est souverain. Maintenant, il faudra regarder les choses tranquillement, les analyser sereinement, lire les lignes de force, voir les champs du possible. Tout cela fait, on saura quel choix faire.
Vous êtes dans le gouvernement, membre actif de Benno Bokk Yaakaar. Ne craignez-vous pas que cela bride votre congrès ?
Que nous soyons dans ce gouvernement, c’est un fait. Que nous ayons été dans le gouvernement depuis 2012, c’est objectif. Mais il ne faut jamais perdre de vue les raisons pour lesquelles nous sommes dans le gouvernement. Le fait que nous ayons même construit un pôle et que nous le conservions n’est pas anodin en soi. Tout cela correspond à une philosophie vieille de plusieurs décennies. On se pose la problématique de savoir quelles sont les tâches de l’heure, les forces disponibles pour la prise en charge de ces tâches-là et comment les agréger. Au fond, c’est une stratégie qui a été la nôtre pendant longtemps. Donc, il n’y a pas à renier quoi que ce soit de ce point de vue-là.
Mon point de vue en tant que militant du PIT, si ç’a été une exigence dans le temps, ça l’est encore davantage au vu des paramètres dont nous avons fait état.
Donc, la réflexion est ouverte ?
Oui.
Le PIT est un parti qui a une tradition de réseautage. C’est un parti qui n’est pas dans la massivité pour autant. Avez-vous une politique pour massifier votre parti ?
C’est une exigence des temps modernes, parce que maintenant, ce qui permet l’accès au pouvoir, c’est le suffrage. Ce sont des hommes et des femmes qui élisent. Donc, cette volonté de faire venir des gens est là et nous en faisons venir. Elle est là et il faut la conforter. Mais en même temps, il faut être attentif au fait de ne pas céder à l’ère du temps. Il y a des organisations massives, mais cette massivité sert à quoi fondamentalement ? Ce que nous voulons, c’est d’améliorer notre société en la transformant radicalement. On fait cela avec des êtres humains. Mais le souci c’est de ne pas, en recherchant à ne pas ramener à soi beaucoup de monde, de se laisser transformer par les gens. C’est dire qu’il y a une double exigence quelque part : celle d’avoir une ligne et un horizon et de garder le cap ; celle de faire cela avec des gens en veillant à ce que leur entrée massive ne détourne pas la voie que nous pensons être bonne. À l’analyse, est-ce que la manière de faire de la politique aujourd’hui dans notre pays est bonne, globalement parlant, ou est-ce qu’elle est à améliorer ? Si oui, c’est la responsabilité des partis politiques. Mais si nous continuons à cultiver certaines pratiques est-ce que nous gagnons au change ?
Mais on risque bien de vous reprocher d’être dans une sorte d’archaïsme ?
Ce serait à tort. Le thème de notre congrès c’est ‘’Édifier un parti rénové…’’. Nous gardons le cap et l’une des questions que nous devons nous poser et à laquelle nous devons apporter une réponse c’est comment être marxiste en ce siècle-ci : siècle de la robotique, de l’intelligence artificielle, de beaucoup de choses. Il faut que nous nous interrogions. Je vous assure que notre ambition d’être le plus moderne est incontestable. Nous pensons malgré tout qu’il faut que nous agissions pour qu’il y ait plus de justice, davantage de liberté, etc. C’est cela qu’il faut mettre ensemble. Ce n’est pas simple, je le concède, mais ce n’est pas archaïque de dire qu’il y a quelque chose à rectifier dans ce qui se fait. Avons-nous gagné au change dans notre manière de faire de la politique aujourd’hui ? Je parle à un niveau d’ensemble. On peut se poser cette question-là, évidemment. Honnêtement, ne sommes-nous pas un peu nostalgiques d’une certaine pratique en lieu et place de ce qu’on voit aujourd’hui et qui tourne autour de l’anathème, de la violence, des menaces, etc. Il faut qu’on voie ce qu’on a gagné et ce qu’on a perdu.
Amath Dansokho avait l’habitude de dire dans ses interviews que de nouvelles forces arrivent et qu’elles vont tout dégager. Finalement, il a eu raison.
Oui. Je pense qu’il ne faut pas faire la politique de l’autruche. Ce n’est pas parce qu’on ferme les yeux que les problèmes vont disparaître. Au contraire ! Il faut les analyser rigoureusement parlant et les affronter. Nous ne nous sommes pas seuls, ici, sur le continent. Et même parmi nous, il y a des choix que nous jugeons absolument réactionnaires. Ces derniers risquent de nous amener dans des convictions qui risquent d’être préjudiciables à toute notre société. Il y a des choix qui ne sont pas des nôtres en tant que Sénégalais. Nous avons, pour revenir à la question religieuse, l’islam apaisé, un islam de civilité qui fait qu’on tolère l’autre, on ne prête pas attention au fait que ce qu’on appelle projet pour certains, comporte des élans qui, si on laisse prospérer, risquent d’être assez fâcheux. C’est objectif. Il y a d’autres perspectives. Nous sommes un pays qui, du point de vue de son statut, va un tout petit peu changer. Nous avons quelques ressources maintenant et c’est une question de mois pour que nous y touchions. Nous sommes dans un monde qui est combiné avec des dangers autour des ressources énergétiques qu’il ne faut pas minorer. L’un dans l’autre, sans avoir peur, nous devons à tout moment être assez vigilants.
Par rapport à Benno Bokk Yaakaar qui est traversé par de semi-tempêtes, avez-vous l’impression d’avoir une coalition qui est désuète ?
Que nous ayons une structure où toutes les personnes, les forces qui ont un certain sens de la République, une conception de la vie commune pourraient se retrouver, cela ne peut être qu’une chose profitable. Benno Bokk Yaakaar, en tant que coalition, n’a jamais été fermée. À un certain moment, la notion même de Benno Bokk Yaakaar n’était pas très utilisée. On disait soit Benno Bokk Yaakaar et la majorité présidentielle parce que d’autres forces étaient venues s’ajouter sans pour autant être de Benno. Nous sommes à la veille d’une échéance et forcément cela va avoir une incidence sur toutes les compositions. Il va y avoir du mouvement.
Pour vous, c’est normal qu’Idrissa Seck bouge, qu’il déclare sa candidature ?
Qu’il ait des ambitions, cela peut se comprendre. C’est absolument légitime. Mais, quelles que soient les ambitions que nous pourrons avoir les uns et les autres, il ne faudrait pas oublier les réalités de notre pays. C’est le pays qu’il faut préserver. Nous pouvons avoir des ambitions politiques de gouvernance et autres parce que notre pays existe et présente une certaine dose de stabilité. Si nous le désagrégeons, si nous le laissons errer, etc., je vous assure que nous risquons de plus avoir le temps de compétir économiquement parlant. Voilà ce qui devrait être un plan autour duquel nous devrions tous conserver. Évidemment, cela n’est pas antinomique avec le fait de dire je veux ceci ou je prétends à cela. Mais il ne faut jamais, jamais perdre de vue l’essentiel. L’essentiel, c’est le Sénégal.
Vous pensez que Benno est en mesure de survivre à ce tumulte ?
Je ne suis pas capable de dire ce qui va se passer. J’observe ce qui va se passer, mais je pense que nous avons des hommes et des femmes assez avertis. Je crois que beaucoup d’entre nous sont amoureux de ce pays qui est le nôtre. Je suis d’un naturel relativement optimiste et je pense que l’humanité ne se pose que les problèmes qu’elle peut résoudre. En posant les problèmes très clairement, nous devrions trouver une solution, la meilleure au vu de l’étape que nous sommes en train de traverser en évitant les raccourcis.
Vous suivez ce qui se passe en France et dans le reste du monde. On remarque que le mouvement ouvrier s’essouffle. On a l’impression que gagner des luttes est devenu plus difficile qu’avant.
C’est vrai qu’il y a une complexité. Est-ce que le monde se porte mieux ? Peut-être que le monde se porte mieux du point de vue des conquêtes et des avancées technologiques, que globalement il y a un mieux-être. Mais il y a beaucoup de problèmes. Les agressions sont nombreuses et c’est au moment où cela se passe que finalement toutes les forces de progrès, celle communistes et socialistes, semblent perdre de leur sens d’aller de l’avant. Il y a là une sorte de paradoxe. C’est effrayant de voir combien les détachements d’ouvriers, de simples gens, vont se jeter dans les bras du Front national. C’est un problème. Ce n’est pas très loin de ce qui se passe ici. Nous avons des forces absolument réactionnaires qui semblent pourtant engranger des voix et il y a une sorte de méprise qui est en train de se passer. Le rôle des sœurs qui ont à cœur de défendre la justice sociale, les travailleurs et de faire de sorte qu’il y ait des progrès qui soient le mieux partagés possible est un rôle d’édification, d’explication pour que la confusion ne se crée pas.
Pour un lecteur d’évolution historique, il y a des moments d’hésitation comme celui-là qui ne doivent pas faire douter. Ce sont des moments de refus et il faut continuer à aller de l’avant, à se battre. Je crois que l’explication et surtout le travail de formation, y compris au sein des partis, doivent être absolument revus pour qu’il y ait moins de confusion.
Nous sommes l’une des rares formations à organiser encore quelques conférences y compris d’ailleurs des conférences de presse. Je suis très surpris de voir que de plus en plus, vous-mêmes les journalistes, vous êtes sevrés de conférences de presse de la part des gens qui font des points de presse. Je ne parle pas des conférences publiques où l’on confronte des points de vue. Il y a des errances auxquelles il faut mettre fin très rapidement.
Le PIT compte y mettre fin à son niveau ?
Nous pensons que nos camarades ont une très grande responsabilité parce que le temps qui passe nous arrache malheureusement beaucoup de compétences, de sommités. Il faut que nous nous formions, imposions une exigence pour investir les grosses questions de l’heure. Je suis sidéré quand j’entends certaines personnes dire par rapport à certains problèmes il n’y a qu’à… On considère que les choses sont simples, qu’elles peuvent être réglées en un tour de bras. Le monde est dans une complexité telle qu’il faut beaucoup de profondeur. Il faut que les hommes acceptent d’aller à la conquête du savoir pour essayer de trouver des solutions les meilleures aux problèmes que nous rencontrons.
Est-ce qu’il y a quelque chose de prévu pour les anciens du parti, pour préserver leur mémoire ?
L’une des meilleures manières de préserver la mémoire de nos camarades dont la dernière disparition est celle d’Ibrahima Sène, c’est d’abord de préserver le legs, continuer à porter le fardeau et à aller de l’avant, continuer à investir pour davantage de justice sociale, de liberté. Je pense que pour préserver notre pays nous devons continuer cela. Maintenant, le congrès va connaître certainement un moment où nous allons nous incliner sur la mémoire de ces disparus, parce que ces derniers temps ont été assez rudes. Amath est parti, Sène vient de le faire. Avant eux, il y a eu Sémou et bien avant tout cela Seydou. Ce sont de grandes figures qui sont parties en restant. J’ai été assez attentif aux réactions qui sont venues de partout et dernièrement aussi pour saluer la mémoire d’Ibrahima Sène. On se rend compte de l’utilité sociale qu’Ibrahima a eue. On découvre nous-mêmes qui sont ses camarades. Nous découvrons des choses qu’ils faisaient dans la discrétion la plus absolue, des choses qui font que sa pratique sociale coïncide avec l’idéal dont il se réclamait. C’est tout bonheur qu’il est venu comme ça et nous méritons en tout cas d’avoir quelques reconnaissances de ce genre de la part de compatriotes et nous aurons certainement cela au moment de saluer la mémoire de ces disparus au cours du congrès.
OUSTAZ ALIOUNE SALL, UN PÉDAGOGUE DE L'ISLAM
Ses interprétations du livre saint, alliant l’utile à l’agréable, ont conforté son audience radiophonique. Par le choix des mots adaptés à la sociologie du pays, ses enseignements passent et plaisent
Drapé dans un boubou bleu, Oustaz Alioune Sall arpente les marches du grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Le visage souriant, autour d’une barbe blanche, il lève constamment la main pour des salutations appuyées à un groupe d’hommes assis à droite du portail. Un, deux, trois pas, une vingtaine de femmes l’escortent vers l’une des salles de conférence. « Oustaz Bienvenue et merci d’avoir répondu à notre appel », entonnent en chœur les membres de l’Amicale des femmes de Kédougou, toutes habillées de robes bleues et blanches. Des détails qui n’ont pas échappé au prêcheur. Il observe un temps d’arrêt, sourit puis complimente les belles dames. « Je suis vêtu d’un basin bleu. Vos tenues bleues et blanches sont très belles. C’est de bon augure », apprécie-t-il d’un ton plaisantin, provoquant bonheur et fierté chez les organisatrices de sa conférence. Ainsi, rejoint-il le présidium sous une salve d’applaudissements pour un exercice qu’il pratique depuis plus de 20 ans : développer des thèmes sociaux à la lumière du Coran. Tel un professeur dans un amphithéâtre, il déroule dans le silence le plus total, en arborant deux chapitres que sont le comportement de l’enfant à l’égard de ses parents et la cohabitation entre voisins. Des arguments qui tirent leur solidité de son passage au « daara » (école coranique). « Je n’ai fait que trois jours à l’école française. Après, Serigne Moustapha Fall, père de l’ancien directeur de Sud Fm, Oumar Diouf Fall, a convaincu mon père de nous retirer de l’école pour nous envoyer à l’école coranique. C’est ainsi que j’ai été conduit à Mbar, puis à Coupe-Coupe, une autre contrée du département de Gossas, située entre Mbar et Colobane. C’est auprès du maître coranique El Hadj Maguette Dièye que j’appris les bases de l’enseignement coranique », se souvient-il.
Une carrière dans l’enseignement
À l’âge de l’adolescence, Alioune Sall cherchait sa voie. Comme son père, il se voyait au volant d’un véhicule de transport en commun. Ce dernier, Baye Mbaye Sall s’y oppose et lui suggère une formation en mécanique. Cette idée n’enchante guère l’enfant, pour une simple raison. « Je lui ai dit que les mécaniciens ne portaient pas d’habits propres. Il a essayé de me convaincre en me faisant comprendre qu’il s’agissait de tenue de travail. Mais, je ne voulais pas être mécanicien », se rappelle Oustaz Alioune Sall. Tel un destin tout tracé, le jeune homme retourne s’abreuver aux sources de la science coranique. C’est ainsi qu’il intègre une école dédiée à l’enseignement arabe à Thialé. Au bout de cinq années, il y décroche son Certificat de fin d’études élémentaires en arabe. Un diplôme qui lui ouvrit les portes de l’enseignement. Il servit à Diawdé Couta, à Ndiaw Séyaan, à Louga, à Keur Mbarick, à Nième Cissé, avant de revenir à Louga, à l’école An Khanaafi de Serigne Abass Sall, puis à Manar Al Houda et à Ndiaré Touba Ndiaye, sur la route de Dahra Jolof. Sa soif de connaissances le pousse ensuite à continuer les études tout en enseignant. C’est ainsi qu’il réussit au Bfem et ensuite au Bac arabe. Entre l’obtention de ces deux diplômes, il a eu aussi à faire des études à Mbacké chez Oustaz Ahmet Ousseynou Bousso.
Prêcheur par la force du destin
Le hasard fait bien les choses, Oustaz Alioune Sall n’en doute point. Son histoire avec les conférences et prêches relève d’un concours de circonstances. Ne pouvant pas assurer le transport entre Louga et Tamba, il décide de solliciter l’appui du gouverneur de Louga, Ibrahima Malamine Tandiang afin qu’il l’amène à Tamba lors de ses déplacements. « Il avait prévu de passer deux ou trois semaines à Dakar avant de continuer sur Tamba », se rappelle Oustaz Alioune Sall. Son séjour forcé à Dakar finit par se transformer en une belle opportunité puisqu’en l’absence de la personne devant assurer la traduction du Coran à la mosquée située en face du commissariat de Dieuppeul pour les besoins de la Umrah, il a été coopté, sur recommandation de son ami, Imam Ahmad Dame Ndiaye. « Les responsables de la mosquée se sont mis à la recherche d’un interprète. Ils se sont rendus chez El Hadj Cheikh Touré. Malheureusement, ce dernier était souffrant. Et c’est ainsi que j’ai été recommandé par Oustaz Ahmad Dame Ndiaye », se remémore-t-il. Ainsi une proposition de 2.000 FCfa sur les offrandes des fidèles lui a-t-il été faite. « C’était la condition qu’ils m’ont présentée et j’ai accepté. La première fois, je n’avais pas de livre de traduction, j’utilisais mon Coran. C’est par la suite que j’ai commencé à acheter des livres pour la traduction. Donc, j’ai travaillé pour eux pendant tout le mois de ramadan », raconte le prêcheur.
25 ans de radio
Ses prêches appréciés dans les tentes et mosquées le propulsent dans les médias. Une carrière radiophonique qu’il a entamée à Dunya Fm en 1996. « J’ai été repéré par Ben Bass Diagne, ancien président-directeur général de la radio Dunya Fm. Il m’a dit qu’il n’allait pas me demander mes diplômes. Ce dont il avait besoin, c’était juste que je passe la nuit du vendredi à la radio, en répondant aux questions des auditeurs. La condition était que si les auditeurs me critiquent, je quitte et s’ils apprécient, je reste. J’ai accepté en remettant tout entre les mains de Dieu », informe-t-il. Après deux années de services, en 1998, il tape dans l’œil des responsables de la première radio privée du Sénégal, Sud Fm. Il y démarre une nouvelle collaboration, le 22 juillet 1999. Jusqu’à présent, il y anime des émissions tous les matins, les jeudis et les vendredis. Il y côtoie Oustaz Mbacké Sylla depuis 2009. Avec le temps, il est devenu l’un de ses plus proches collaborateurs. Ce dernier peint son compagnon comme un grand professionnel civilisé et ponctuel. « Il vient tous les jours à la radio pour préparer ses émissions. C’est un très grand professionnel. En plus, il ne verse jamais dans la polémique même s’il est attaqué », reconnaît Oustaz Mbacké Sylla.
L’utile à l’agréable
« Nogaye, une femme vilaine et démodée », telle est la représentation que Oustaz Alioune Sall fait de sa cousine. Par extension, il lance un message à toutes les femmes sur les bons comportements. Un style qui plaît et capte l’auditeur. En robe bleu, Aïssa Ba ne cesse de rigoler sur son siège dans l’une des salles de conférences du Grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. L’histoire racontée par le prêcheur sur le plat appelé Soupou Kandia l’a séduite. « Un ami m’a invité un jour à déjeuner. Je croyais que j’allais me gaver d’un bon riz au poisson. À ma grande surprise, il avait réuni les plus grandes expertes de la cuisine du « Soupou Kandia ». Un plat que je n’avais jamais mangé auparavant. La mort dans l’âme, j’ai mangé pour ne pas vexer mon bienfaiteur. Le lendemain, quand j’ai dit à ma mère que j’avais mangé ce plat, elle n’en revenait pas », rigole Oustaz Alioune Sall.
Aïssa Ba adore cette pédagogie en alliant l’utile à l’agréable. « Avec lui, on écoute, on rigole et on retient la leçon », témoigne-t-elle. Ce style adopté est nécessaire pour acquérir une audience selon Oustaz Alioune Sall. « Le style d’enseignement est un don. C’est ce qui fait souvent la différence. Il faut un style adapté à la sociologie du pays pour faire passer ses messages », pense-t-il.
Un soldat des « daaras »
Oustaz Alioune Sall est un défenseur affirmé de l’enseignement coranique. C’est son dada depuis plusieurs décennies. Sa première école « Ali Imran » a été créée en 1996, avant d’être délocalisée à Darou Thioub, en 2006. À côté de cet établissement, d’autres projets sont en cours, selon Oustaz Alioune Sall. « Nous sommes en train de construire un « daara » à Séwékhaye. Un projet similaire est en cours à Dahra Djolof. Nous avons récemment procédé à la pose de la première pierre pour celui de Taïba Ndiaye. Nous devons prochainement ouvrir le « daara » de Thialé », récapitule Oustaz Alioune Sall. En dehors de cette préoccupation, il mène d’autres activités génératrices de revenus à travers une boulangerie, un poulailler, une boutique, un car de transport public. Pour lui, le « daara », est compatible avec la politique. « Je suis membre du Conseil économique, social et environnemental. Mais mes ambitions sont antérieures à ce poste. Pour la présidentielle, mon blocage est la langue française. Il me faut donc aller étudier et revenir », rit-il.
Après plusieurs décennies vécues, le prêcheur reste marqué par la disparition de sa mère dont il était très proche. « J’étais terrifié. J’ai dû rejoindre Mbacké vaille que vaille. Arrivé à la morgue, la salubrité restait à désirer pour quelqu’un qui tenait tant à la propreté de tout ce qui l’entourait. J’ai dû passer la nuit à nettoyer la morgue », dit-il d’une petite voix. Toujours en tenue traditionnelle, Oustaz Alioune Sall adore les couleurs vertes, bleues et blanches. S’il faut en choisir une seule, le bleu l’emporte. C’est son penchant.