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12 août 2025
PAR Ciré Clédor Ly
ALERTE SUR LA SITUATION DU JOURNALISTE BABACAR TOURÉ
Mon client est condamné à rester enfermé dans les locaux du commissariat central encore trois jours au moins, privé de toute visite de ses avocats et des siens, dans des conditions qui ne permettent aucun contrôle, par la seule volonté du Procureur
Le journaliste d'investigation Babacar Touré, gardé à vue sans raison juridique soutenable, semble t-il, sur instruction de dernière minute du trop puissant Parquet de la République, se trouve présentement dans les locaux du commissariat central de Dakar, alors qu'il a été déféré deux jours plutôt au tribunal où il aurait dû, dans les plus brefs délais c’est à dire le même jour , comparaitre devant le Procureur de la République qui devait soit le libérer immédiatement au vue du dossier, soit le placer sous mandat dépot pour être jugé au plus tard le 3eme jour ouvrable par un tribunal chargé d'établir le bien ou le mal fondé des accusations portées contre lui, soit comparaitre un juge d’instruction pour que ce dernier décide de l'opportunité ou non d'ordonner sa détention dans un lieux prévu par la loi.
Le journaliste a passé des journées entières entre les cellules de la cave du tribunal et celles des locaux de la police, dans des conditions dégradantes pour la personne humaine, ce qui interpelle toutes les organisations nationales et internationales chargées de contrôler les lieux de privation de liberté et de veiller sur les conditions de détention des personnes en attente d’être libérées ou jugées.
A tous les points de vues, le journaliste est juridiquement en détention arbitraire depuis son déferrement, parce qu'en dehors de la garde à vue et de la prolongation de celle ci strictement réglementées par la loi,le parquet ne justifie pas de son pouvoir de prolonger les supplices des citoyens présumés innocents, en les renvoyant entre les mains de policiers ou de gendarmes qui n’étaient plus habilités à les garder sous écrou.
Cette situation d’illégalité manifeste, engage la responsabilité aussi bien de l'ordonnateur que celle du gardien qui n'ignore pas l'absence de base légale de l’ordre reçu.
Pire encore, le commissariat central a interdit le droit de visite aux avocats de la défense, sur instruction du Procureur de la République, lequel s’arroge des pouvoirs que même un juge d'instruction ne possède pas.
En ma qualité d'avocat du journaliste d’investigation, j’attire l'attention sur l’illégalité du retour de parquet, qui n'est qu'une mesure violant plusieurs règles du droit international des Droits de l'homme et une détention arbitraire, parce qu'elle n'est pas ordonnée par un juge et n'est écrit nulle part dans la législation interne.
Cette mesure est une humiliation des avocats, en ce qu'elle constitue une grave entrave à l'exercice de la profession et une violation des Droits de la défense,de même qu'elle porte atteinte au fonctionnement régulier de l'institution judiciaire.
En ma qualité d'avocat, j’ai passé trois heures à essayer de voir mon client, afin de lui expliquer les trois seules possibilités qui s'offrent au ministère public à ce stade de la procédure et m'assurer de son état de santé. J’ai épuisé les voies légales pour le rencontrer, vainement.
J’informe par ailleurs l’opinion nationale et internationale, que j'avais adressé des correspondances au Procureur de la République pour avoir accès à des documents judiciaires qui confortent l'innocence du journaliste et le caractère fantaisiste des accusations portées contre lui. A cette heure-ci, aucune instruction n'aurait été encore donnée, alors que le temps presse pour la défense qui n'a aucun accés ni aucune information sur le dossier depuis que la police judiciaire a transmis ce dossier au procureur, ce quu est inadmissible dans un État de Droit.
La justice ne doit pas être un facteur destabilisateur d'une nation.Sa force réside dans la neutralité, la loyauté et la compétence des hommes qui l'incarne, ainsi que dans le respect de la dignité humaine et des lois.
Mon client est condamné à rester enfermé dans les locaux du commissariat central encore trois jours au moins, privé de toute visite de ses avocats et des siens, dans des conditions qui ne permettent aucun contrôle, par la seule volonté du Procureur de la République ce qui est encore inadmissible dans un État de Droit.
Les dérives et les abus gangrènent la justice sénégalaise qui doit être auditée , pour que la lois s'applique avec la même rigueur à ceux qui ont le pouvoir de les opposer et de les appliquer au citoyen ordinaire.
Maître Ciré Clédor Ly est avocat, membre du collectif de la défense du journaliste d'investigation Babacar Touré.
VIDEO
EMPLOIS : CE QU'ATTENDENT LES RECRUTEURS
Pourquoi le diplôme n’est pas le premier élément pertinent dans le processus de recrutement ? Que vaut le diplôme dans le processus ? Dans cette entrevue, la consultante en Sciences sociales Odome ANGONE nous entretient sur la problématique de l'emploi
Odome Angone est docteure en philologie espagnole, enseignante-chercheure en poste à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Au fil du temps, elle est devenue Consultante en Gouvernance Scientifique et une Conférencière internationale en Sciences Sociales.
Près de dix ans d’expérience dans le monde de l’Éducation l’ont conduite à interroger les limites du système éducatif francophone en Afrique où certaines formations proposées ne répondent pas toujours au besoin du marché en termes d’adéquation professionnelle et d’employabilité, non pas parce que les profils ne sont pas brillants, mais parce que l’offre pédagogique semble quelque peu décalée des besoins du marché AFRICAIN.
Dans ce 1er numéro de « Conversations avec Odome », l’universitaire attire l’attention sur le fait que le diplôme n’est pas une garantie d’emploi.
Un diplôme est un parchemin qui accorde une présomption de savoirs théoriques à la détentrice (ou au détenteur) du parchemin, dans un domaine spécifique sur un axe précis. Il n’est pas gage d’emploi ni la condition sine qua non pour décrocher son 1er boulot.
Pourquoi le diplôme ne suffit-il pas pour avoir du travail? Quels atouts avoir en plus du diplôme? Que faut-il donc pour décrocher son premier emploi ? Quelles stratégies pour mieux se vendre sur le marché du travail ? Existe-t-il un organe chargé de veiller à une adéquation entre le marché du travail et les formations données au sein des Universités et diverses écoles supérieures ? Réponse de la Dre. Odome dans cette vidéo diffusée à l’occasion du 1er mai, journée internationale du travail.
LA FRANCE DISCUTE AVEC LES OPPOSANTS DE MACKY SALL
Dans un courrier du 3 avril et adressé au député du PCF Jean-Paul Lecoq, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, dit avoir fait part aux autorités sénégalaises de « son inquiétude quant à l’accroissement des tensions à l’approche de 2024 »
A 9 mois de la Présidentielle, le Sénégal reste secoué par des tensions politiques. Des remous liés à la supposée candidature prêtée au Président sortant, Macky Sall. Arrestations, emprisonnements des militants et responsables de Pastef et autres journalistes. Et pour parer au plus pressé, la France s’en mêle…
Et dans un courrier daté du 3 avril et adressé au député du Parti communiste français (PCF) Jean-Paul Lecoq, révèle Jeune Afrique, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, dit avoir fait part aux autorités sénégalaises de « son inquiétude quant à l’accroissement des tensions à l’approche de l’élection de 2024 ».
« La poursuite de cette situation serait en effet préjudiciable pour le Sénégal, avec lequel nous entretenons des relations riches et denses », précise la cheffe de la diplomatie, qui prend néanmoins soin de préciser que l’Hexagone « n’a pas vocation à s’immiscer dans la vie politique sénégalaise ».
Le 23 mars 2023, Nadège Chouat, numéro deux de la cellule Afrique de l’Elysée, a profité d’une mission à Dakar pour rencontrer Ousmane Sonko. Rencontre confirmée par le leader de l’opposition sénégalaise.
Pour mémoire, les députés André Chassaigne et Jean-Paul Lecoq, avaient interpellé sur la situation politique du Sénégal, via courrier le 17 mars dernier, Mme le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna.
Ils ont parlé de « menaces sur la démocratie et la stabilité du Sénégal » du fait du débat sur une supposée troisième candidature du Président Macky Sall. Ils ont aussi dénoncé ce qu’ils qualifient de « tentatives d’intimidation et de harcèlement judiciaire » de l’opposant Ousmane Sonko. Ces députés ont invité aussi à faire la lumière sur l’affaire Marine Le Pen qui « aurait reçu 12 millions d’euros du Président Macky Sall, lors de leur entrevue le 18 janvier dernier ».
A l’époque, le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, a dans sa réponse poivrée, remis ces deux députés à leur place, parlant d’un « réflexe néocolonial têtu », et concluant qu’ils seront « responsables par cette forme de parrainage incitatif à l’impunité et à la violence ».
PAR Amadou Tidiane Wone
DU SENS DES CHIFFRES ET DES LETTRES
Apprenons à désarticuler, dans un but pédagogique, les discours lénifiants des « cadres » administratifs doctes et péremptoires, en touchant de plus près notre vécu au quotidien. la politique ne doit plus se juger dans les tribunaux
Les technocrates, surtout lorsqu'ils se politisent, ont l'art et la manière d’éblouir le public non averti par des phrases savantes et des mots clinquants qui résonnent comme des vérités bibliques…Pourtant, à y regarder de plus près, on réalise que leurs contes (comptes ?) de fées sont bien souvent plus proches du cauchemar pour les populations concernées, que de l'Eden promis par leurs mots répétés en boucle… Prenez le taux de croissance , la dette, l’autosuffisance alimentaire, l’émergence, etc. Lisez entre les lignes des statistiques élogieuses qui allongent le communiqué du Conseil des ministres…Que des chiffres et des lettres dans une froideur inerte. Il nous faut impérativement, pour faire œuvre utile, revisiter toutes ces litanies ésotériques qui reçoivent en écho comme des murmures de non-approbation du peuple qui trime.
Prenons la dette. On sait que la dette du Sénégal est passée de 200 000 frs en 2011 à 747 000 frs par citoyen sénégalais. Elle a donc été multipliée par 4 en moyenne. Soit 7 474 000 à rembourser à terme pour une famille de 10 personnes.
Si on nous expliquait comme cela, en charges familiales nouvelles, les investissements en termes d’infrastructures, on s’interrogerait davantage sur le rapport entre leur coût et leur opportunité. Mais l’on se préoccuperait aussi des coûts réels et véritables des différents projets en cours. On doit nous expliquer la composition de la dette de 740. 000 cfa par Sénégalais, de manière simple et accessible à un citoyen non averti. Afin que chaque contribuable réalise que la pression fiscale qui ponctionne ses pauvres revenus est une conséquence de la dette qui augmente. On pourrait, par exemple, la décomposer en schématisant : 100 000 frs pour le TER, 100 000 frs pour l'autoroute, 300 000 pour X ou Y et même provisionner 200 000 frs de la dette restante par personne entre détournements et corruption ! Pour tout dire, apprenons à désarticuler, dans un but pédagogique, les discours lénifiants des « cadres » administratifs doctes et péremptoires, en touchant de plus près notre vécu au quotidien !
Les cadres des partis de l’opposition parlementaire, mais aussi les nombreux prétendants à des positions de service public d’une part, et de l’autre tous les militants de la bonne gouvernance et de la transparence, doivent se livrer à un travail de fourmi pour déconstruire le discours politicien qui tend à nous faire oublier des questions essentielles :
- Notre endettement est-il pertinent et raisonnable ?
- Avons-nous fait les meilleurs choix de partenariat, financier et technique, pour chaque projet en cours depuis 10 ans ?
- Les priorités données au transport et à la mobilité urbaine, en termes d’infrastructures physiques, sont-elles conformes aux intérêts supérieurs du pays dans le monde actuel et pour les vingt prochaines années ?
- Sur une échelle de 1 à 10, où en sommes-nous en termes de progression vers l’autosuffisance en riz promise depuis plusieurs années ?
- Quelle est la part de notre dette investie dans l'avenir de nos enfants : Éducation, Santé, Agriculture….
Le débat politique doit porter sur ces sujets cruciaux. Il doit sortir des caniveaux et nous éclairer. On doit comprendre, si possible, comment des fonctionnaires peuvent s’enrichir et de quel droit ? On doit savoir pourquoi des entreprises étrangères ôtent le pain de la bouche de PME sénégalaises qui aspirent à grandir ?
Au demeurant, la politique ne doit plus se juger dans les tribunaux. Mais se jauger à la barre du suffrage universel sur la base de bilans tangibles et discutables !
Enfin…
Une pensée et une prière, ardentes et sincères, pour le Professeur Malick Ndiaye qui vient de nous quitter. Il était courageux ! Vissé dans des convictions intimes fortes, il a toujours essayé de les étayer par des arguments rigoureux basés sur des recherches poussées hors des sentiers battus. En cela il était déroutant ! Cela faisait son charme et son panache. Sa disparition nous invite, encore une fois de plus, au recul et à l’écoute bienveillante entre nous !
Qu’Allah lui ouvre Les Portes de Sa Miséricorde Infinie et nous inspire le Bien.
Fils de la Jamaïque, fils de l’Amérique, et fils de l’Afrique, il a beaucoup fait pour les peuples noirs, sous toutes les latitudes. Il aimait les gens. Dieu qu’il savait aimer !
C’est un déluge d’hommages qui est déversé sur la mémoire de Harry Belafonte, éloges, l’annonce de son décès, ce mardi 25 avril. Précurseur dans la musique comme dans le cinéma, la superstar afro-américaine a aussi été un très efficace militant des droits civiques, aux États-Unis, doublé d’un humaniste et d’un panafricaniste qui a représenté beaucoup pour l’Afrique et les Africains.
Harry Belafonte a émerveillé des générations d’Africains, depuis les années cinquante. À l’époque où il éclaboussait tout de sa classe et de son talent, la ségrégation raciale était encore une industrie florissante, aux États-Unis, et en Afrique, la domination coloniale prospérait toujours. Pour les peuples africains, Belafonte était, plus qu’une fierté, la preuve vivante qu’un jour, comme dit un célèbre negro spiritual, persuadé, du fond du cœur, qu’un jour nous vaincrons : « Deep in my heart, I do believe, We shall overcome someday. »
Avec Sidney Poitier, il était alors, au cinéma, un des rares Noirs à échapper aux rôles d’esclaves ou de domestiques. Et même lorsqu’il se retrouve en amour dans un film avec une femme blanche, « Le monde, la chair et le diable », à la fin, les producteurs suppriment toutes les scènes d’amour, sous prétexte que l’Amérique n’était pas prête à accepter cela.
Lorsque avec sa seconde épouse, blanche, il trouve, à New York, l’appartement qui leur convenait, on le leur refuse, au motif que le quartier ne pouvait supporter un couple mixte. Alors, il achète tout l’immeuble de vingt-trois étages, s’offre les deux derniers, tout en haut, et cède le reste à des gens plus tolérants. Cela donnera naissance à la première copropriété de New York. À propos du racisme, il aimait répéter ceci : « Pour nous, en tant qu’êtres humains, la vie humaine n’a pas de couleur. »
L'OPPOSITION DIVISÉE FACE À L'APPEL AU DIALOGUE DE MACKY SALL
À moins d’un an de l’élection présidentielle et dans un climat politique tendu, les différentes forces d’opposition ne sont pas toutes sur la même ligne
Au Sénégal, le Parti démocratique sénégalais (PDS) dit « oui » à l’appel au dialogue du président Macky Sall. À moins d’un an de l’élection présidentielle et dans un climat politique tendu, les différentes forces d’opposition ne sont pas toutes sur la même ligne.
La semaine dernière, dans une interview à la radio à l’occasion de la fête de l’Aïd, le président Macky Sall avait une nouvelle fois appelé les forces politiques à venir dialoguer avec lui. « Le dialogue politique est une vieille tradition sénégalaise », rappelle le PDS dans sa déclaration. Le parti de l’ancien président Abdoulaye Wade espère que celui-ci débouchera sur l’organisation, en 2024, d’une « élection présidentielle libre, ouverte, inclusive et transparente ».
Plusieurs sections locales de Taxawu, le parti de l’opposant et ancien maire de Dakar Khalifa Sall, se disent aussi ouvertes à la discussion. Khalifa Sall s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle, mais sous le coup d’une condamnation, il est toujours inéligible et la question de son amnistie n’est pas encore réglée.
Le jet de cocktails Molotov sur les Forces de l’ordre et dans les domiciles des privés par des manifestants commence à agacer au plus haut sommet de l’Etat
Les cocktails Molotov circulent en force dans ce pays depuis quelque temps. En marge des manifestations de Ngor, Farba Ngom a vu sa maison partir en fumée après que l’engin a été jeté dans son domicile. Les Forces de l’ordre ont dû s’employer à chaque manifestation pour en réchapper. Car elles en sont victimes depuis quelque temps. Il y a quelques jours, un groupe d’individus a été arrêté à Malika avec aussi des cocktails Molotov, dans le sillage des «Forces spéciales» et du «Commando», alors qu’il prévoyait de s’en prendre aux Forces de l’ordre, selon l’enquête de la police.
Jeudi, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a tracé une ligne rouge aux manifestants qui en usent, en marge de la visite du vice-Premier ministre tchèque, Vit Rakisan, à la Place Washington : «Je voulais leur dire que c’est criminel de jeter des cocktails Molotov dans un lieu d’habitation, mais aussi d’essayer d’atteindre l’intégrité physique des Forces de défense et de sécurité. Peut-être qu’ils ne sont pas au courant. Mais je dois leur dire qu’en matière de maintien de l’ordre, l’usage de la force est proportionnel et gradué.» Antoine Félix Diome espère que ce niveau ne sera pas atteint. Il enchaîne : «On ne veut pas en arriver à certaines situations, parce que le rôle de l’Etat, c’est d’assurer la protection des personnes et des biens. Et les forces l’ont compris. Elles réagissent avec sérénité et professionnalisme. Nous sommes dans un pays démocratique. Si les manifestations doivent être autorisées, elles le seront. Il faut avoir des limites à ne pas franchir. Si vous utilisez un instrument qui atteint la vie d’un agent des Forces de l’ordre, ça peut être quelque part dangereux lorsque la réaction est appliquée. Le rôle de l’Etat, ce n’est pas de faire mal, mais plutôt de protéger.»
Antoine Diome reste droit dans ses bottes. Il rappelle que l’Etat fera face. «On ne va laisser personne troubler le pays. On ne veut pas surtout arriver à un niveau où les Forces de défense vont utiliser des moyens qui ne sont pas souhaitables», met en garde Antoine Diome.
par Cheikh Diallo
MAME LESS CAMARA, LA PRESSE PERD SA RAISON CRITIQUE
La presse sénégalaise te pleure, orpheline d'un de ses plus grands monuments. Ton héritage mérite qu'on lui rende hommage en attachant ton nom à un prix, une école ou un événement. Mame Less, tu nous manques déjà et nous te pleurerons
Je suis entré dans le monde merveilleux du journalisme par les propylées de la presse écrite, grâce au majestueux écrivain Boubacar Boris Diop, Directeur de publication du quotidien Le Matin et toi, le médiagénique, le célèbre chroniqueur et l'influent éditorialiste, il y a déjà 23 ans...
C’est donc le cœur lourd que je prends la plume pour te faire mes adieux, suite à ta disparition ce matin du 29 avril 2023 à l'Hôpital Principal de Dakar, après une longue maladie.
Tu viens de laisser un vide immense dans nos cœurs et dans le monde du journalisme sénégalais.
Tu as été un doyen de la presse, un mentor et une référence ultime pour moi et pour tant d’autres : Alassane Samba Diop, Mamoudou Ibra Kane, Souleymane Jules Diop, Souleymane Niang, Abdou Abel
Thiam, Yaya Sakho, Georges Nesta Diop, Charles Faye, Yakham Mbaye, Massamba Mbaye, Boubacar Seck, Ousseynou Nar Gueye,Thiéfolo Koné, Alioune Fall, Diaw Mbodj, Mademba Ramata Dia, Odia, Ibou Fall, entre autres.
Spécialiste de Nietzsche, de Hegel et Hugo, homme d’idées et doté de grandes qualités humaines, tu as été un véritable homme d’Etat dans les médias. Chroniqueur politique sous le pseudonyme d'Abdou Sow, journaliste à la RTS, éditorialiste, directeur de publication, directeur de radio, formateur et journaliste intégral, ton parcours professionnel est un témoignage de ta passion pour le journalisme.
Tu nous disais avec insistance : "Chaque jour j’en sais moins que la veille. C’est pourquoi je vérifie trois fois avant d’écrire". Une humilité de plus en plus rare dans cette profession en quête et perte de sens.
Je me souviens du jour où tu m'as accueilli au journal Le Matin en 2000, m'initiant à l'esprit critique, au doute professionnel et à la triple vérification de l’information : la fameuse triangulation.
Grand Less, tu as été un guide, un modèle et une source d'inspiration pour tous ceux qui ont eu la chance de croiser ton chemin. Tu as été un passant considérable sur terre.
Aujourd'hui, la presse sénégalaise te pleure, orpheline d'un de ses plus grands monuments. Ton héritage mérite qu'on lui rende hommage en attachant ton nom à un prix, une école ou un événement. Ton engagement pour le renforcement d'un journalisme noble restera gravé dans les mémoires.
Parmi tes qualités qui nous manqueront tant, il y a ton humeur égale, ton humour, ton écoute attentive, ton ironie mordante et ton humilité profonde et sincère.
Je garde précieusement en moi le souvenir de l'invitation que tu m'as faite pour intervenir sur la couverture médiatique en période de campagne électorale face à tes étudiants. Même si ce rendez-vous ne pourra être respecté, je continuerai à perpétuer les valeurs que tu m'as enseignées.
La plume féconde et la voix autorisée que tu incarnais se sont tues à jamais, mais ton esprit et ta sagesse continueront de résonner en nous.
Mame Less, tu nous manques déjà et nous te pleurerons.
Repose en paix, cher mentor. Tu resteras à jamais dans nos cœurs et nos pensées.
LE PROCÈS SONKO-ADJI SARR FIXÉ AU 16 MAI
Le procès du leader de Pastef pour "viols présumés" de l'ex-employée de Sweet Beauty a été fixé au 16 mai, selon l'avocat de la plaignante Me El Hadji Diouf, confirmant une information de médias locaux
Candidat déclaré à la présidentielle de 2024, M. Sonko a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021 pour "viols et menaces de mort" après une plainte d'une employée d'un salon de beauté de Dakar où il allait se faire masser. Un juge d'instruction avait décidé le 18 janvier de renvoyer l'opposant devant une chambre criminelle. Son arrestation en mars 2021 avait contribué à déclencher plusieurs jours d'émeutes meurtrières, de pillages et de destructions qui avaient fait au moins une douzaine de morts.
M. Sonko, président du parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), dénonce une machination ourdie par le président Macky Sall pour l'écarter, ce que ce dernier réfute. L'oposant est, dans une affaire distincte, poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, pour "diffamation, injures et faux". Il a été condamné le 30 mars à deux mois de prison avec sursis mais conserve cependant son éligibilité pour la présidentielle de 2024, selon ses avocats. Le procès en appel est prévu le 8 mai.
M. Sonko, âgé de 48 ans, tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Défenseur des valeurs religieuses et traditionnelles, tranchant par son âge avec une grande partie de la classe politique, à l'aise dans les médias, l'ancien inspecteur des impôts à la rapide ascension jouit d'une grande popularité parmi les jeunes dans une population dont plus de la moitié est âgée de moins de 20 ans. Ses détracteurs dénoncent eux un populiste n'hésitant pas à souffler sur les braises sociales.
L'HOMMAGE DES PAIRS À MAME LESS CAMARA, UN PÈRE POUR BEAUCOUP DE JEUNES JOURNALISTES
Des acteurs des médias et personnalités publiques, réagissant au décès de Mame Less Camara, ont salué la mémoire d’un « journaliste emblématique » et d’une figure majeure de la presse sénégalaise dont la bonne réputation dépassait les médias
Mame Less Camara est un ancien de la Radiotélévision sénégalaise (RTS, publique) où il a entamé sa carrière au début des années 1980 et exercé pendant de longues années avant de diriger les rédactions de plusieurs médias privés tels que Walfadjri, Envi FM, Océan FM. Il a aussi lancé chaîne de télévision DTV, FEM FM puis la Télévision futurs médias (TFM) il y a quelques années.
Le défunt, formateur au Cesti, l’école de journalisme de l’université de Dakar, était également correspondant de la BBC, le média public britannique.
Mame Less a aussi dirigé le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) dans les années 1990.
Il faisait l’unanimité pour ses hautes compétences professionnelles et son sens aigu de la déontologie, des qualités qui faisaient de lui une référence dans le secteur des médias au Sénégal.
Dans leurs réactions, notamment à travers les réseaux sociaux, de nombreux confrères du défunt journalistes ne tarissent pas d’éloges à l’égard de cette icône de la presse nationale.
Le journaliste Mamadou Koumé, ancien directeur général de l’Agence de presse sénégalaise et président d’honneur de l’Association nationale de la presse sportive (ANPS), a rendu hommage à « un excellent pédagogue qui a marqué les étudiants en journalisme qui lui vouaient une grande admiration ».
« Malgré ses soucis de santé, Less s’organisait toujours pour dispenser son enseignement. Il était un excellent formateur, un grand professionnel et un homme positif dans la vie de tous les jours », a déclaré M. Koumé.
Alassane Samba Diop, directeur général du groupe Emedia, a salué « un journaliste intégral, un philosophe, un fin analyste, un homme d’un grand cœur avec une générosité chevillée au corps ». « Less était un seigneur dans la plénitude des mots », a-t-il ajouté au sujet du défunt qui a fait partie de ses formateurs au Cesti, l’école de journalisme de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
Ballé Preira, qui a fait ses débuts à Walf FM avec Mame Less Camara comme directeur à la fin des années 1990, se souvient d’un « brillantissime professionnel ».
« Je ne peux décrire le plaisir que j’avais à l’écouter sur le métier journalistique et la politique (…). Son émission face-à-face sur la RTS [Radio publique] était du grand art de l’interview journalistique », s’est souvenu M. Preira, qui dirige désormais le service communication du ministère des Finances et du Budget.
Le journaliste Serigne Adama Boye, ancien rédacteur en chef de l’APS, a de son côté salué la mémoire d’un « sympathique ainé (…) à la voix et à l’esprit rares ».
Eveline Fakir, ancienne secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Tchad et vice-présidente de la Haute autorité des médias audiovisuels, pleure un « second père et un gérant du laboratoire radio au CESTI », où elle a fait sa formation de journaliste.
Plusieurs autres confrères ont insisté sur les qualités humaines du disparu. « Mame Less Camara avait des qualités livresques et professionnelles. La presse sénégalaise sera si orpheline de son éthique, de son humilité et de sa sagesse », écrit Mor Talla Gaye, journaliste au groupe Futurs Médias.
« Quelle terrible perte. Less était tout simplement bon », a réagi l’administrateur général de la Maison de la presse Babacar Touré, Bara Ndiaye.
L’ancien directeur de la station de radio privée Sud FM, Oumar Diouf Fall, a insisté sur l’humilité et la générosité de son confrère. « Mame Less Camara était un brillant journaliste avec un talent rare (…) en plus d’un sens de l’humour prononcé, un humour utile », a-t-il souligné.
« J’ai pu apprécier ses qualités exceptionnelles au cours des cinq années que nous avons passées ensemble au CORED (Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie), le tribunal des pairs. Il était profondément attaché au respect par les journalistes des règles de base de notre profession », a témoigné Cheikh Tidiane Fall, ancien journaliste au quotidien Le Soleil (public).
Le journaliste Sidy Diop, parle de Mame Less Camara comme d’un journaliste « inspirant, un intellectuel généreux, un homme attachant et un maitre reconnu par plusieurs générations de journalistes ».
L’ancien ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, a salué la mémoire d’un journaliste qui était « sans compromis » avec le pouvoir économique comme politique.
Enfin, l’ancienne secrétaire générale du SYNPICS, Diatou Cissé, estime que Mame Less Camara a été « un modèle achevé d’intégrité (…) qui était très détaché des choses et des mondanités ».