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21 juin 2025
À L’ÉPREUVE DES LOGEMENTS SOCIAUX
La mayonnaise peine toujours à prendre depuis les indépendances, les populations les plus vulnérables, à revenus faibles ou irréguliers, étant victimes de la spéculation foncière qui les exclut du droit à la propriété
De la SICAP, créée en 1950, au programme des 100.000 mille logements, en passant la SN-HLM (1987), les Sociétés civiles immobilières (CSI) et autres promoteurs privés, les coopératives d’habitats, les programmes «Une Famille - Un Toit», «Zéro bidonville», etc. les nombreux projets d’accès à l’habitat et de promotion des logements sociaux au Sénégal ont montré des limites à produire les résultats escomptés. La mayonnaise peine toujours à prendre, depuis les indépendances, les populations les plus vulnérables, à revenus faibles ou irréguliers, étant victimes de la spéculation foncière qui les exclut du droit à la propriété. Quid du coût de l’offre de logements décents et accessibles qui, depuis longtemps, n’est qu’à la portée d’un nombre restreint de privilégiés ?
Le Sénégal, à travers le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdoulaye Saïdou Sow, a signé un contrat de construction de 50.000 logements avec le groupe Emirates Gate Investment (EGI) d'Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, le mardi 14 février 2023. Avec cet accord, paraphé en marge du 10e Sommet des Gouvernements du monde de Dubai (du 12 au 14 février 2023), auquel a pris part le président Macky Sall, «l’Etat entend amorcer la phase d’accélération de la mise en œuvre du projet» des 100.000 logements, «avec une production de logement à l’échelle», informe un communiqué du ministère.
Initié par le gouvernement pour éradiquer les bidonvilles à l'horizon 2035, le programme de construction de 100.000 logements sociaux, sur 5 ans, est une composante du Programme «Zéro Bidonville», un projet intersectoriel et pluri-institutionnel visant «l'amélioration du cadre et des conditions de vie de plus de 4.000.000 de personnes ; soit plus de 500.000 ménages habitant dans les bidonvilles avant 2035». Il est motivé par le déficit en logements évalué à 150.000 à Dakar et 350.000 dans tout le pays, avec le constat d’une dynamique démographique et urbaine et de développement de bidonvilles, combinée à l’offre de logements inadaptée aux besoins des ménages à revenus faibles ou irréguliers et le financements peu adaptés (crédit hypothécaire). Il a pour finalité d’accélérer et diversifier l'offre de logements décents et accessibles pour les ménages à revenus faibles et/ou irréguliers. Bref, rendre accessible les logements à toutes les catégories sociales. Il concerne l’ensemble du territoire, avec 60% des logements à construire sur le triangle Dakar-Mbour-Thiès et les 40% restants sur le reste du pays, explique le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.
Pour sa mise en œuvre, une première phase dénommée phase pilote a permis la mise en place du cadre institutionnel et juridique du projet avec principalement la création de la Société d'Aménagement Foncier et de Rénovation Urbaine (SAFRU.SA, dont «la mission est une réforme hautement attendue avec pour objectif d’agir sur le coût du logement mais aussi de prévenir les problèmes d’assainissement que le pays a connu régulièrement et le Fond pour l’Habitat Social (FHS) pour faciliter l’accès aux financements surtout pour les revenus non documentés». Selon le ministère, la SAFRU a démarré des travaux d’aménagement notamment au niveau du Pôle urbain de DagaKholpa et sur les sites des promoteurs engagés dans le projet et des travaux de construction de logements par les promoteurs publics et privés que sont la SN-HLM, la SICAP, la S21, EFT, Les Résidentielles du Sénégal, etc. à Bambilor, Kébémer, Kaolack, Fatick, Diourbel, Notto Diobass.
TOUJOURS DANS L’ATTENTE DES CLES DES PREMIERES VILLAS, DES ANNEES APRES LE LANCEMENT DU PROGRAMME DES 100.000 LOGEMENTS
De Bambilor, non loin du Lac Rose, à Kaolack, en passant par Fatick, Diourbel, Potou, Kébémer, Notto Diobass, Daga-Kholpa et Diamniadio, Niacoulrab et Ndiakhirate (Dakar), entre autres localités concernées par le programme, les logements sociaux ou économiques, de moyen standing, sont de types F3, F4, F5 et F6, avec titre foncier de 100 m2, 150, 200, 250, 300 et 500m2 ; c’est selon. Seulement, le coût de ces villas dites «sociales», qui peuvent être acquises au comptant ou par crédit bancaire, est toujours jugé exorbitants par nombre de Sénégalais, notamment les fonctionnaires/salariés mais également la classe moyenne des travailleurs sénégalais et à la diaspora, qui peinent encore à joindre les deux bouts, en ce contexte de vie chère A titre exemple, des logements de moyen standing de types F3 à partir de 14.500.000 FCFA et F4 à 17.500.000 FCFA et des villas économiques F3, à partir de 15.000.000 FCFA, et des villas économiques améliorées F4 à partir de 18.000.000 FCFA à Diamniadio et alentour, compte non tenu des frais notariaux et de constitution de dossiers. D’ailleurs, des années après le lancement du programme, en grande pompe, les Sénégalais entendent encore la mise à disposition des premières maisons. En dépit des assurances des autorités, véhiculées chaque fois à l’issue des interminables visites de chantiers à Bamblor, Diamniadio, Kaolack etc. Même si, après le démarrage officiel, le vendredi 20 décembre 2019, de la campagne d’inscription au projet des 100.000 logements sociaux, le ministère a procédé au lancement du Guichet Unique de l’Acquéreur, aussi appelé Procédure Simplifiée et Intégrée d'Acquisition de Logement Social, le jeudi 9 juin 2022, au siège du Fonds pour l'Habitat Social (FHS). Et, parallèlement à ces 100.000 logement, le gouvernement déroule, à Dakar, celui de la «Cité de l’Emergence» ; un projet immobilier d’envergure, s’étalant sur une superficie dépassant les 2 hectares, avec 700 unités en R+11.
SICAP ET SN-HLM, CES SOCIETES NATIONALES QUI SE CHERCHENT
Pourtant, le Sénégal n’en est pas à son coup d’essai. Surtout que, depuis 1960, avait souligné le gouvernement, justifiant le contexte du lancement de ce programme, «les populations les plus vulnérables, ayant des revenus faibles ou irréguliers, sont victimes de la spéculation foncière qui les exclut du droit à la propriété. L’offre de logements décents et accessibles en termes de prix n’est réservée qu’à un nombre restreint de privilégiés, alors qu’obtenir un logement décent et vivre avec sa famille dans un cadre sain constitue une question de dignité humaine pouvant même être élevée au rang de droit humain».
En effet, bien avant même les indépendances, la Société Immobilière du Cap-Vert (SICAP, devenue une Société Anonyme à Participation Publique Majoritaire, SICAP.SA), créée en 1950, joue sa partition dans cette politique d’accès aux logements et à moindre coût. Des décennies plus tard, l’on assistera à la création, par la Loi n°1987/46 du 23 décembre 1987, d'une nouvelle structure nationale dénommée Société Nationale des Habitations à Loyer Modère (SN-HLM). Certes, ces deux entités, grâce à la promotion de la location-vente, à côté de l’achat au comptant, auront permis à beaucoup de Sénégalais, notamment des salariés, de devenir propriétaires de maisons à Dakar et dans plusieurs grandes villes du pays, dans des quartiers portant aujourd’hui leurs noms (SICAP, HLM, Parcelles Assainies…). Mais le problème semble rester entier, vu la poussée démographique.
«JAXAAY» ET «TAWFEKH» : DEUX PROJETS A MEME VOCATION, MAIS FINALEMENT DEVOYES
Aussi, après les inondations du mois d’août 2005, ayant affecté et rendu inhabitables certaines zones de la banlieue défavorisée de Dakar, envoyant plus de 20.000 personnes soudainement dans la rue, le gouvernement de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, avait lancé un Plan d’urgence de construction de 4000 logements sociaux modernes et accessibles, d’un montant de 52 milliards de FCFA (104 millions de dollars américains, à l’époque). Les logements de ce «plan spécial» qu’il a proposé d'appeler «le Plan Jaxaay» étaient cédés à partir de 4 millions de FCFA aux bénéficiaires. Pour sa mise en œuvre, le gouvernement d’alors a dû recourir à l’Assemblée nationale qui acté le report des élections législatives d’un an, de 2006 en 2007, afin de financer en partie le Plan Jaxaay avec les sommes allouées initialement à l’organisation du scrutin. Toutefois, si nombre de familles démunies victimes des inondations ont pu être relogées grâce à ce programme décliné en deux phases (Jaxaay 1 et Jaxaay 2), beaucoup d’autres ont été laissées en rade, le projet étant dévoyé et ayant servi à loger une clientèle politique et même des nantis.
Des années après, un programme similaire, la cité «Tawfekh», lancé par l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, dans la commune de Tivaouane-Peulh – Niague, connaîtra le même sort, ou presque. Il en sera ainsi pour des logements et terrains de la cité APIX, dans la même commune, jadis réservés aux impactés directs des projets d’infrastructures de l’Etat, comme l’autoroute à péage. Pis, ici, certains propriétaires, qui ne savent plus à quelle autorité se fier, courent le risque de perdre leurs terrains. En effet, n’ayant pas réussi à construire à temps, les indemnisations financières reçues de l’Etat ne couvrant pas les frais de construction des parcelles mises à leur disposition, ces derniers doivent désormais faire face à des individus se présentant avec des titres fonciers, indument délivrés par des services des Impôts et Domaines de Rufisque, sur ces mêmes terrains dont ils sont attributaires en compensation de leurs maisons démolies sur le tracé ou l’emprise de l’autoroute de l’avenir.
LE PROGRAMME «UNE FAMILLE - UN TOIT» AUX OUBLIETTES ?
La politique des logements sociaux, c’est aussi le projet «Une Famille - Un Toit». Lancé par son prédécesseur, Abdoulaye Wade, vers la fin de son premier mandat, le président Macky Sall a ressuscité ce programme, constituant un des principaux leviers du volet habitat du Plan Sénégal émergent (PSE). C’est ainsi qu’en mai 2015, il décline les contours de ce projet qui «ambitionne de faciliter l'accès à un logement décent aux Sénégalais à faibles moyens et revenus. Un programme de 2850 logements est prévu, pour un investissement global de 37 milliards». Une première livraison de 222 logements avait fait l'objet de réception officielle, avec une remise de clé avec sa majesté le Roi Mohamed VI, aux 8 premiers acquéreurs. Depuis lors, aucune information sur la suite du projet.
SPECULATION ET RENCHERISSEMENT DU LOGEMENT AVEC DES PROMOTEURS PRIVES ET L’ALTERNATIVE DES COOPERATIVES D’HABITATS
Auparavant, dans le cadre de la diversification de l’offre de logement, des Sociétés civiles immobilières et des promoteurs immobiliers privés ont investi le secteur. Bénéficiant d’assiettes foncières mises à disposition par l’Etat, souvent à des conditions favorables, ces privés ont bien joué leur partition dans la politique d’accès à l’habitat et au logement des Sénégalais. Par contre, force est de reconnaître, pour le déplorer, qu’elles ont également largement contribué à la spéculation et au renchérissement actuel du prix des logements. En plus des coûts des matériaux de constructions et autres intrants évoqués souvent. Et comme pour contourner ces facteurs bloquants, des coopératives d’habitats ont vu le jour dans plusieurs sociétés et secteurs d’activités du public et dans le privé. L’avènement de ces organisations qui bénéficient des mêmes avantages et allégements quant aux procédures d’acquisition du foncier qu’elles morcellent en parcelles d’habitation pour leurs membres, auprès du ministère de l’Urbanise et du Logement, a aussi été salutaires. Mieux, grâce à ces coopératives d’habitats, un nombre très importants de salariés et travailleurs ont obtenu des logements à moindre coût. Et ce n’est pas la COMICO, la Coopérative Militaire de Construction, ayant permis à plusieurs personnels des Forces de défense et de sécurité (FDS) d’acquérir des toits, qui dira le contraire.
LE PROCESSUS ELECTORAL SOUS LE COUDE
La démocratie sénégalaise est dans un tournant assez inédit. A douze mois et deux jours de la présidentielle de 2024, le processus électoral est toujours au point mort
La démocratie sénégalaise est dans un tournant assez inédit. A douze mois et deux jours de la présidentielle de 2024, le processus électoral est toujours au point mort. Et pour cause, le président de la République qui devait donner le top départ du démarrage de ce processus électoral par la signature du décret portant révision exceptionnelle des listes électorales en vue de ce scrutin du 25 février 2024 prochain, ne semble pas pressé. Conséquence, près d’une semaine après le communiqué du ministère de l’Intérieur, informant « les citoyens sénégalais et les acteurs politiques que la date de la prochaine élection présidentielle est fixée au dimanche 25 février 2024 par décret N°2023-339 en date du 16 février 2023 », rien ne bouge sur le terrain du côté de l’administration, nonobstant les délais qui se rétrécissent de plus en plus. La révision exceptionnelle des listes électorales annoncée par le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome en prélude de cette élection présidentielle de 2024, est aujourd’hui suspendue à ce décret que devait signer le président Macky Sall qui, avait déjà accusé beaucoup de temps dans la signature du décret fixant la date de cette élection présidentielle au dimanche 25 février 2024.
C’est la première fois depuis 2012 que notre pays fait face à une telle situation. Pour la présidentielle de 2012, le décret fixant la date de ce scrutin a été signé le 15 novembre 2010 par le président Abdoulaye Wade, soit 15 mois avant. Cette mesure avait permis à l’ancien ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, d’enclencher le processus de préparation pratique de cette élection présidentielle de 2012 en informant par voie de communiqué de presse, les responsables des partis politiques et les citoyens, d’une révision exceptionnelle des listes électorales instituée par décret n° 2010- 1521 du 16 novembre 2010. Pour la dernière présidentielle de février 2019, c’est le 22 janvier 2018 que l’actuel chef de l’Etat avait signé le décret portant fixation de la date de la prochaine élection présidentielle.
Outre le blocage du processus électoral en vue de cette élection présidentielle de 2024, l’actuel chef de l’Etat impose également sa loi sur les potentiels candidats à cette élection. En effet, coincé entre le marteau de sa troisième candidature contestée et l’enclume de la candidature du leader de Pastef, Ousmane Sonko que lui et son régime s’efforcent de mettre hors course par une sorte d’« instrumentalisation » de la justice, Macky Sall maintient également le flou sur la participation de Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall, tous deux suspendus à une loi d’amnistie ou la modification des dispositions des articles L29 et L31 du code électoral qui les privent de leur statut d’électeur. Résultat, à douze mois environ de la date de ce scrutin, ni sa coalition Benno Bokk Yakaar encore moins les partis de l‘opposition dont Pastef, le Parti démocratique sénégalais (Pds) et Taxawu Dakar, ne sont sûrs de la participation de leur candidat à ce rendez-vous de 2024.
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DIAGNOSTIC DU MAL
Entre inégalités sociales, violences, manque de prospective, le Sénégal vit une crise profonde. Cette dernière, politique, sociale, reste un sujet «explosif». Le Centre de recherche ouest-africain (WARC) a posé la réflexion
Le Centre de recherche ouest-africain (WARC, en anglais) a organisé hier, mercredi 22 février, un panel sur le thème «Le Sénégal à la croisée des chemins». Des universitaires, des journalistes, des étudiants, entre autres participants, ont passé en revue les différents maux qui frappent la société sénégalaise.
Entre inégalités sociales, violences, manque de prospective, le Sénégal vit une crise profonde. Cette dernière, politique, sociale, reste un sujet «explosif». Le Centre de recherche ouest-africain (WARC) a posé hier, mercredi 22 février, la réflexion sur le thème «Le Sénégal à la croisée des chemins». «De par mon expérience très courte, je constate que nous sommes en crise. Une dans laquelle nous plongeons chaque jour un peu plus profondément et on n’arrive pas à émerger pourremonter la pente. Nous sommes tous concernés. Mais le problème, c’est que si nous ne faisons pas un effort sur nous-mêmes, nous risquons d’aller vers des conflits incalculables que nous ne pouvons plus contrôler, d’autant plus que le Sénégal n’est pas isolé du monde. Nous n’avons pas pu anticiper», a fait savoir l’universitaire Pr Boubacar Barry.
Pourtant, dit l’historien, l’alerte a déjà été longtemps sonnée. Il met en cause les pouvoirs politiques. «L’un des aspects les plus marquants de cette crise, c’est le problème politique du pouvoir. Quelle est la nature du pouvoir ? Comment on y accède ? Quelles sont les conditions qui sont créées pour contrôler ce pouvoir ? Je pense que ces étapes n’ont pas été franchies et on a passé uniquement à la conquête du pouvoir et on maintient cette élite-là au pouvoir». Poursuivant son propos, Boubacar Barry ajoute : «Cela a créé tous les conflits que nous avons au Libéria, en Côte d’Ivoire, au Burkina, au Mali, en Guinée. On a eu la chance, au Sénégal, pendant plusieurs étapes, de résoudre momentanément le problème de la succession ; mais on n’a pas résolu le problème de la centralité du pouvoir. Le président nomme à toutes les fonctions. Il est celui qui décide de tout et tout le monde se met derrière lui, pour dire que c’est lui qui décide ; alors que parmi ceux qui sont derrière lui, il y a aussi des gens qui sont compétents, comme lui, pour diriger ce pays. Donc, la nature du pouvoir présidentiel excessif a créé beaucoup de mal. Nous appartenons à des sociétés traditionnelles autonomes dans le sens où, dans chaque société, il y a des garde-fous, des prérogatives qui sont inaliénables. Rien n’est plus aliénable aujourd’hui, tout est suspendu à la volonté du prince»
«LE SENEGAL RESTE ENCORE UN EXEMPLE SCRUTE, PARTOUT EN AFRIQUE»
En effet, l’exemplarité des gouvernants fait aussi défaut au Sénégal. «Ce que nous constatons de plus en plus, c’est qu’à ce niveau-là, ça pèche. On n’est plus là pour l’intérêt général, pour servir de façon détachée. Mais on est là pour des intérêts personnels ou claniques, qui font que les produits qu’on attend de cette société-là sont captés par une minorité, créant des frustrations et des sentiments de révolte à travers les jeunes», indique l’urbaniste aménagiste de formation et spécialiste des transports et de la mobilité, Alioune Thiam. Cependant, il est d’avis que «le Sénégal reste encore un exemple scruté, partout en Afrique». «Malgré tout ce que nous vivons à l’intérieur, les angoisses, les peurs, ce pays suscite de l’espoir ; mais il y a une peur qui s’installe aujourd’hui», a-t-il tenu à préciser.
En effet, la crise qui frappe la société sénégalaise s’illustre aussi sur la place accordée à la femme. «On a beau dire nous avons des droits mais la réalité est faite de violences contre les femmes, d’une vision très rétrograde par rapport aux femmes. Le discours de certains marabouts sur la femme est toujours rétrograde et ces gens ont un impact véritable sur la société. Pourquoi, dans ce pays, un leadership féminin respecté a du mal à émerger ? Le pouvoir appartient aux hommes et continue d’appartenir aux hommes. La place de la femme, il faudra qu’on l’étudie et qu’on voie à quoi consiste cette place», a fait savoir l’historienne Penda Mbow. Selon elle, le moment est venu de voir comment faire pour que la femme soit le levier du développement économique et social. L’ancien ministre Ndioro Ndiaye abonde dans le même sens. «Les élections qui viennent de se passer ont montré la manière dont les hommes politiques considèrent les femmes qui sont avec eux. Elles ont été autant maltraitées par les hommes au pouvoir que par ceux qui sont à l’opposition. Aucun parti d’opposition n’a traité correctement les femmes qui sont dans leurs rangs. Pourtant, ce sont des femmes de talent», regrette Mme Ndiaye.
«UNE SOCIETE EN CRISE N’EST PAS NECESSAIREMENT UNE SOCIETE EN PERIL»
Seulement, relève le directeur du WARC, Ousmane Sène, il faut relativiser la question de la crise. «Une société en crise n’est pas nécessairement une société en péril. Toutes les sociétés ont évolué avec des crises. Ce sont ces crises qui introduisent une certaine dynamique qui permette à la société d’avancer. S’il n’y avait pas les mouvements des droits civiques qui ont tué des milliers de Noirs aux Etats-Unis, on n’aurait pas Barack Obama comme président des Etats-Unis. Autant il faut regretter que certaines valeurs soient en déliquescence, mais il faudrait aussi mettre cela dans le contexte», a-t-il précisé. Sur la question de la démocratie, Penda Mbow souligne l’importance des classes moyennes. «S’il n’y a pas de classe moyenne, il ne peut pas y avoir de démocratie. La démocratie, elle est soutenue et portée par les classes moyennes. Si elles disparaissent, on peut parier que la démocratie va disparaitre», a-t-elle fait savoir. Toutefois, elle est d’avis qu’il faut repenser la répartition des ressources. «Que ce soit à l’échelle nationale ou internationale, si la clé de répartition n’est pas revue, avec l’explosion démographique un peu partout, on aura des guerres asymétriques un peu partout dans les Nations et aussi des guerres à l’échelle internationale. Tout le problème, aujourd’hui, c’est comment faire pour qu’il y ait plus de justice dans la répartition des ressources», a dit l’historienne.
KEEMTAAN GI - SUSPICIONS LEGITIMES
Dans ce pays des paradoxes, ils ne doivent pas être nombreux à croire à l’existence d’une justice libre et indépendante. En tout cas, à voir les titres des confrères après les nominations au Conseil supérieur de la magistrature, on peut être dubitatif quant à la volonté de ces messieurs et dames à dire le Droit. Rien que le Droit. Bref, faire en sorte qu’ils rendent la justice au nom du peuple et pas à celui du Prince qui choisit… ses juges. Quand des procureurs sont carriéristes, pensant plus à leur bien- être matériel qu’à leur mission sacerdotale, on peut s’attendre à les voir faire quelques entorses au droit qu’ils sont censés appliquer. Avant tout, ils sont des hommes et des femmes comme vous et moi avec leurs envies d’incartades. L’un d’eux aurait même détourné la tête d’une dame perdue dans les couloirs du tribunal lors de sa procédure en divorce. Ce sont là les petits bonheurs d’être juge et de se retrouver face à une beauté qui veut vite s’éloigner de celui à qui elle avait dit oui pour le meilleur et pour le pire. Surtout le meilleur d’ailleurs… Parmi ces magistrats, on en trouve aussi certains qui font comme les voyous et se livrent à des frasques pour vivre toujours mieux. Il existe des juges véreux comme on trouve des ripoux dans les autres catégories de la population. Ce sont des humains qui peuvent être sensibles aux tentations. Surtout quand elles prennent la forme de belles lianes ou de meufs plantureuses en jupons ! Parmi nos juges, d’autres sont restés inflexibles. Debout comme des soldats et incorruptibles. Ce sont eux que l’on envoie plus souvent au purgatoire. Ils ne sont pas du genre à faire preuve de docilité ou à se laisser piétiner. C’est justement là où le bât blesse. C’est-à-dire, de voir les justes au placard et les moins justes promus pour faire le sale boulot. Et gonfler leur patrimoine au passage. Pour faire taire les suspicions légitimes, il est temps de libérer nos magistrats. Que leurs carrières soient gérées par leurs pairs et non par le Prince qui a tendance à les instrumentaliser pour broyer ses opposants. Suivez notre regard… KACCOOR BI - LE TEMOIN
GRIPPE, LE ROI DU MAROC ANNULE SA VISITE OFFICIELLE AU SENEGAL
Le roi du Maroc Mohammed VI a dû renoncer à sa visite prévue hier mercredi dans notre pays en raison d’une grippe, qui l’empêche de voyager, selon le Palais royal chérifien. Le monarque, âgé de 59 ans, «a contracté une grippe, et pour cette raison, son médecin personnel a recommandé au souverain d’observer une période de repos et d’éviter de voyager durant quelques jours», a indiqué la Maison royale dans un communiqué. Selon le gouvernement sénégalais, Mohammed VI était attendu hier mercredi à Dakar pour une visite officielle de trois jours. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, était arrivé mardi dans notre capitale du Sénégal où il avait devancé le roi dont il préparait le déplacement, selon un tweet de son homologue sénégalaise Aïssata Tall Sall.
INFRASTRUCTURES LES POPULATIONS DE NDAYANE REJETTENT LES INDEMNISATIONS DU FUTUR PORT
Les populations de Ndayane ont fermement rejeté les indemnisations qui leur ont été versées pour les besoins de la construction du futur port. Au cours d’une manifestation tenue ce week-end, elles ont indiqué avoir été surprises et déçues de la faiblesse des indemnisations proposées. « Figurez-vous que lorsque certains d’entre nous se sont rendus à la préfecture de Mbour, on nous a proposé des indemnisations de… 500.000 frs alors qu’actuellement les terrains de 150 m2 coûtent entre 3 à 4 millions de frs. Ce n’est pas sérieux et nous ne l’accepterons pas ! » a hurlé Oumar Sène du Comité de développement de Ndayane, un des représentants des populations. « Ndayane est debout comme un seul homme pour dire non. Nous avons été vraiment déçus de la faiblesse des indemnisations proposées. En un moment donné, des travaux de terrassement s’effectuaient sur le site. Nous les avons stoppés pour que l’Etat nous indemnise dignement. Comment peut-on avec 500.000 frs acheter un terrain ou autre chose ? Ce n’est pas sérieux ! » a tonné Oumar Sène. Alioune Ndoye du Comité de développement de Ndayane dira lui aussi que les populations ne sont pas prêtes à accepter de tels barèmes d’indemnisation. « Personne ne veut plus que nous le développement du Sénégal avec ce projet de Ndayane. Mais cela ne doit pas se faire sur nos cadavres ou en nous appauvrissant. En outre, l’Etat veut semer la zizanie dans nos familles parce que les terres expropriées ce sont des champs familiaux. Alors comment toute une grande famille peut-elle se partager des indemnisations aussi faibles ? Cela veut dire que chacun va se retrouver avec une part insignifiante. Ce n’est pas possible. L’Etat doit protéger ses citoyens, mais le processus en cours est tout simplement une humiliation que l’Etat veut nous faire subir et cela, nous n’allons pas l’accepter » selon Alioune Ndoye. A Ndayane, les populations déplorent la rupture du dialogue avec les autorités notamment la direction générale du Port autonome de Dakar, maitresse d’œuvre du projet de Ndayane. Elles souhaitent rencontrer le nouveau DG de ce Port, Mountaga Sy, pour lever les équivoques.
MODERNISATION DES VILLES
S’agissant de l’accélération de la modernisation de nos villes et de la maitrise stratégique du développement urbain, le président de la République a rappelé hier, en Conseil des ministres, la dynamique de territorialisation des politiques publiques qu’il initiée à travers la communalisation intégrale, l’exécution soutenue des projets d’équité sociale et territoriale, l’édification des pôles urbains (Diamniadio, Lac Rose, Daga Kholpa…..), l’accélération de l’élaboration des plans directeurs d’urbanisme en vue d’une occupation optimale de l’espace, mais également la réalisation de plusieurs infrastructures publiques (routières, autoroutières, ferroviaires, aéroportuaires, maritimes, touristiques, scolaires et universitaires…). Selon Macky Sall, cette politique hardie renforce le désenclavement interne du territoire national, améliore le cadre de vie des populations et valorise les localités. A cet effet, le chef de l’Etat a demandé au Premier ministre de faire l’état des lieux exhaustif des réalisations de l’Etat dans chaque commune mais aussi de finaliser un plan d’actions annuel consolidé des interventions des programmes de développement territorial (PUDC, PUMA, PACASEN urbain et rural, PROMOVILLES. Il a aussi demandé au ministre chargé de l’Equité territoriale d’accélérer l’exécution des projets (voirie, aménagements paysagers et cadre de vie…) du PROMOVILLES, notamment dans certaines capitales départementales (Goudomp, Bounkiling, Sédhiou, Malem Hoddar etc.) et autres communes à renforcer en infrastructures.
PENSIONS DE RETRAITE/ MACKY SALL DEPLORE LE DISPOSITIF DE L’IPRES
Le dispositif de paiement des pensions de retraite que le Témoin avait déploré il y a quelques semaines a fait réagir le chef de l’Etat. Les retraités vivent un calvaire pour récupérer leurs maigres pensions. Ils ne cessent de manifester contre le dispositif mis en place par l’IPRES. Un dispositif qui frise l’humiliation quotidienne pour des personnes du troisième âge qui se sont sacrifiées pour notre pays. Une telle maltraitance a fait réagir hier le président de la République en Conseil des ministres. Macky Sall a évoqué les conditions de paiement des pensions de retraite et de la préparation de la fête du travail, en demandant au ministre du Travail, du Dialogue social et des organisations professionnelles de prendre toutes les mesures requises en vue d’améliorer les conditions de paiement des pensions de retraites dans les services de l’IPRES. Le président de la République a, par ailleurs, demandé au Premier ministre de tenir, dans les meilleurs délais, une réunion d’évaluation de l’état de prise en charge, par le Gouvernement, des cahiers de doléances des centrales syndicales déposés lors de la dernière célébration de la fête du travail. A un peu plus de deux mois de la prochaine fête du Travail, il ne serait que temps !
TELECOMS ABDOU KARIM SALL RETROUVE SON FAUTEUIL DE DG DE L’ARTP
Le fait majeur des mesures individuelles du Conseil des ministres de ce mercredi 22 février a été la nomination de Abdou Karim Sall comme Directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications et des Postes (ARTP) en remplacement de Abdoul Ly. Le maire de Mbao défénestré lors du dernier remaniement de son poste de ministre de l’Environnement est recasé à l’ARTP. Une boite que l’ex-ministre connait bien pour l’avoir dirigée en 2014 en remplacement d’Abou Lô. Il n’avait quitté l’ARTP en juin 2019 que pour intégrer le gouvernement en tant que ministre de l’Environnement. L’homme, ancien cadre subalterne de la Sonatel, est titulaire d’un diplôme d’ingénieur commercial. Les mauvaises langues font remarquer que la direction générale de l’ARTP, sans doute l’agence nationale la plus juteuse, est la chasse gardée des « Neddo ko bandoum » depuis que le président Macy Sall a accédé à la tête de notre pays en 2012…
143EME EDITION DE L’APPEL DES LAYENES ANTOINE DIOM INVITE LA COMMUNAUTE A PRIER POUR UNE PAIX DURABLE !
Le Sénégal doit se réjouir du privilège d’être en paix et en concorde. C’est du moins ce qu’a voulu faire comprendre le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Antoine Félix Diome a magnifié la pertinence du thème de « la Paix et le développement à la lumière des enseignements du Mahdi » de la 143 e édition de l’appel des Layènes. Le ministre de l’Intérieur, M. Antoine Diome, a rendu un hommage au fondateur de la confrérie Layène qui, d’après lui, est un artisan exemplaire de la paix. « Seydina Limamou Lahi (Psl) a prôné la non-violence bien avant Gandhi et Martin Luther King », at-il soutenu tout en invitant la communauté layène à prier pour un Sénégal de paix et de concorde. D’emblée, il a rappelé l’intérêt que l’État accorde à la religion et aux différentes confréries existantes dans notre pays. « Qui a autre chose peut le prendre, mais nous ce qu’on a au Sénégal nous suffit. Nous n’avons rien à envier aux autres, au contraire, c’est aux autres de nous envier, c’est à nous que Dieu a confié Seydina Limamou Lahi (Psl) », a déclaré le ministre lors de la cérémonie officielle du 143 appel de Limamou Laye. Dans son prêche, Seydina Limamou recommande aux fidèles de se concentrer sur leurs propres défauts et non sur ceux des autres. Selon Mamadou Makhtar Laye, porteparole du jour, « Al Mahdi » recommande de ne voir que ses propres tares afin d’y remédier. « La médisance est à bannir. Elle nous éloigne du travail que la personne doit faire sur soi pour parfaire son comportement », a souligné Mamadou Makhtar Laye. En dehors du travail que chacun doit effectuer sur sa personne, le saint homme a exhorté les fidèles à une solidarité sans faille entre eux.