SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
21 juin 2025
PAR Ousmane Diène Faye
LA CRISE DES IDENTITES POLITIQUES NATIONALES AU SENEGAL
Une identité politique est une identité collective. Mieux, en effet, elle est une identité nationale qui s’accommode avec le besoin constitutionnel d’une république à la sénégalaise : « laïque, démocratique et sociale ».
Une identité politique est une identité collective. Mieux, en effet, elle est une identité nationale qui s’accommode avec le besoin constitutionnel d’une république à la sénégalaise : « laïque, démocratique et sociale » (article premier de la constitution du Sénégal). Ainsi, l’article 5 de la constitution précitée interdit « tout acte de discrimination raciale, ethnique, religieuse ou toute propagande régionaliste pouvant atteindre à la sécurité intérieure de l’Etat ou à l’intégrité du territoire ».
Au Sénégal, après les indépendances et avec l’instauration graduelle du multipartisme (instauré en 1974 et limité à trois avec la loi 76-01 du 19 mars 1976 portant révision de la constitution ; il sera élargi à quatre avec la loi 78-60 du 28 décembre 1978 avant d’être intégral en 1981 avec la loi 81-17 du 6 mars 1981)), nous avons assisté à une cohabitation de partis politiques qui se déployaient aux ailes d’identité nationales bien vrai qu’importés. En l’espèce, il y’a eu respectivement hormis la tradition Gauche/Droite, une tendance socialiste d’abord avec une durée de gouvernance socialiste d’environ quarante ans, libérale ensuite qui a abouti à la première alternance politique de 2000 avec l’accession au pouvoir des libéraux sous Abdoulaye Wade et le PDS.
Cependant, depuis la deuxième alternance de 2012 avec une coalition gouvernante mélangée de républicains, socialistes, progressistes etc. que certains appelleront de « Tout sauf Wade », ces identités politiques nationales déclinent (des signaux étaient cependant déjà visibles bien avant cette période) de plus en plus et semblent laisser la place à de nouvelles. Celles-ci ne sont pas toutes naturellement politiques mais sont de plus en plus politisées. Elles sont à la fois des revendications d’égalité et de différence pouvant à l’extrême constituer une réelle menace à la stabilité sociale.
I - L’affaiblissement des identités politiques nationales :
L’un des mérites de l’ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor a été de vulgariser le cousinage à plaisanterie, ciment d’une volonté commune de vivre ensemble. Malheureusement depuis quelques années nous constatons que ce cousinage s’effrite de mieux en pire. Des précédents dangereux, suivis de manifestations réelles et flagrantes nous inquiètent.
Nous avions très tôt fait du mouvement étudiant une lecture inquiétante qui devait attirer l’attention des autorités à temps. La pratique de ce mouvement dans l’exemple de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar constituait un précédent dangereux. D’associations culturelles de départ, le volet « solidarité » de certains mouvements locaux au niveau de l’université les a poussés à une immixtion dans le syndicalisme étudiant.
En effet, nous avons vu des interventions du mouvement Kékendo dans les élections de renouvellement des facultés pour venir en aide à un des siens. Plus tard, s’est formé le mouvement Ndef Leng. La première fois que je suis intervenu dans le panel initiant ledit mouvement était pour attirer l’attention sur les dérives adjacentes : il fallait éviter toute envie de contre mouvement.
Malheureusement l’avenir m’a donné raison avec le choc déplorable des « deux cousins » une nuit du jeudi 25 au vendredi 26 mars 2021. Un choc qui a fini par mobiliser les « rois » d’Oussouye et du sine. Heureusement que le malentendu entre les deux cousins ne peut guère prospérer du fait du lourd héritage laissé par leurs ancêtres « Aguene et Diambogne ». Cependant, il faut noter afin de l’endiguer pendant qu’il est temps, la persistance de ces pratiques qui voient de l’autre côté se former d’autres mouvements d’obédiences régionales (en substance). Il faut, dans ces mouvements, tuer les volets politiques pour laisser prospérer le culturel.
L’ère de l’actuel président de la République son excellence monsieur Macky Sall et l’avènement du parti politique Pastef les patriotes nous servent de point d’analyse. Ces deux exemples illustrent nos inquiétudes même s’ils ne s’orientent pas volontiers dans cette perspective.
II - La recrudescence de nouvelles identités « politiques » : une menace aux identités nationales.
« La nature (ayant) horreur du vide », d’autres identités qui malheureusement ne pouvant s’ériger en « universel » parce que limitées dans leur essence même emboîtent le pas aux identités politiques nationales traditionnelles. Elles sont politisées et se développent davantage.
Les identités religieuses sont aujourd’hui brandies à outrance sur la scène politique. Les sectes religieuses les plus puissantes deviennent les plus instrumentalisées, de l’intérieur comme de l’extérieur. Il s’agit principalement des confréries dans la religion islamique sénégalaise ; l’Eglise et les autres branches de la religion musulmane y font moins de tentations.
En effet, les héritiers et les fidèles naturalisés autant que les étrangers s’y adonnent.
D’abord c’est des associations de petits fils d’un érudit ou d’une individualité des leurs qui investissent la scène, l’identité en bandoulière.
Ensuite c’est des « éloges » d’appartenance au service d’un « plaidoyer » politique pour accroître sa légitimité et élargir son audience.
Enfin c’est une bienséance à la solde d’une amitié et d’une ouverture d’esprit intéressées et circonstancielles qui parfois même cache mal un malaise en filigrane des faits et gestes.
En outre, dès 2019, lors de la nomination du premier gouvernement du président réélu (Macky Sall), j’écrivais déjà « la bandoumisation du pouvoir ». Mon grand frère me somma de le supprimer. Ce que je fis sans m’expliquer. En réalité, j’aurais dû emprunter le sérère et écrire « la pogoumisation du pouvoir » pour réduire les soupçons ethnicistes à l’égard de ma plume. Parce qu’en évoquant ce terme de « bandoumisation », j’ai voulu justement dévoiler le népotisme constaté par plus d’un et qui trainait déjà une appréciation négative. Une dérive dans le choix des gouvernants subalternes au Président certes mais précédé d’un discours pas catholique de ce dernier.
Au fait, de l’identité politique de monsieur le candidat Macky Sall nous tenions « Neddo ko bandoum », « Fañ na ngor’o Rog’a deb no qolum - o’fañin fañ fañ ta wačača ». Si le premier est explicite en faisant appel à la solidarité et au soutien familial, ethnique et autres, le second le confirme implicitement si l’on connaît son origine. En effet, « Fañ na ngor’o Rog’a deb no qolum - o’fañin fañ fañ ta wačača » était l’hymne du royaume du Sine dont l’origine symboliserait la victoire du Sine à la bataille de Djilas du 13 mai 1859 contre l’armée coloniale. Reprendre un tel baak dans l’arène politique nationale est symboliquement problématique. Qui, en pareilles circonstances, serait Ngor et qui serait son ennemi à l’image de l’armée coloniale d’alors ?
L’autre donnée inquiétante coïncide avec l’avènement du Pastef. Ce parti politique a subi certes l’une des stigmatisations les plus flagrantes de l’histoire politique sénégalaise.
Par contre, des coïncidences inquiétantes méritent d’être soulignées. Le silence de monsieur Ousmane Sonko pendant que nous notions des vagues d’indignations sur la prise d’otages de militaires sénégalais par Salif Sadio a posé mille et une interpellation. Le Quotidien écrivait, le 21 février 2022 d’ailleurs que « tout le monde s’était senti préoccupé inquiet et révolté (…). Une seule voix a manqué à ce concert de désapprobation ou de condamnation de cet acte (…) : c’est celle d’Ousmane Sonko… »
Symboliquement, l’histoire lui avait donné l’occasion d’affirmer sa position. Entre condamner et ne pas condamner, non seulement il s’est abstenu mais pire il avance expressément un discours lui-même condamnable et de surcroît dans un contexte inapproprié : « Macky Sall n’aime pas la Casamance ». Il s’y ajoute, le ralliement inquiétant au Pastef d’un activiste qui selon un post qui lui est apparenté sur la toile depuis le 13 mars 2012 (à tort ou à raison), aurait proposé un référendum d’autodétermination de la Casamance (je me réserve le droit de le prendre par des pincettes) et qui apparemment n’a aucun respect pour nos institutions.
Il faut rappeler que le maintien des traits distinctifs au sein du grand ensemble constitue un précédent dangereux. L’égal respect envers des pratiques différentes devient une menace dès lors que la différenciation est potentiellement sans limite.
Il peut aboutir au final, à une fragmentation nocive de la nation en micro groupes qui entreraient en concurrence et dont les relations se baseraient sur des rapports de force. Dans ces conditions, il deviendrait injuste de ne pas laisser s’épanouir toute autre minorité.
III - Plaidoyer pour un Etat « fort » porté par une nation soudée :
Il urge d’assainir le débat public, de rester intransigeant face à toute prise de positions maquillée de haine, de stigmatisations et d’homophobie mais aussi et surtout de cultiver l’amour du prochain et de bâtir une volonté commune de vivre en commun.
Le devoir d’ingratitude envers l’autorité en bandoulière, l’autorité judiciaire doit rendre fructueux les auto saisines à commencer par le camp du pouvoir. Elle doit apporter une réponse proportionnelle à la menace que constitue le monde virtuel sur le monde réel. Cette forme de violence qui se construit moralement sur la toile et se traduit concrètement sur des individus doit être limitée et canalisée. C’est le rôle de l’Etat.
Dans une république comme la nôtre où le pouvoir est institutionnalisé, sa conquête est règlementée et ne doit pas se faire par la force. Elle suppose le respect d’un minimum de règles dont le suffrage universel. Il faut respecter ceux qui en jouissent au nom de ceux qui les leurs confèrent. C’est ça le principe républicain. C’est pourquoi les partis politiques doivent reconsidérer leur rôle traditionnel et institutionnel de formation de leurs militants afin de mieux les inculquer les valeurs républicaines et citoyennes.
Mais surtout, nous devons entretenir cette belle nation sénégalaise et de ne jamais lui chercher un substitut. Parce que rien dans ce Sénégal, ne nous rassemble mieux que ce sentiment d’appartenance à la nation sénégalaise.
Dalleurs le Président de la République, SEM Macky Sall l’a pertinemment résumé dans son discours à la nation du 31 décembre 2022 en ces termes « Nul ne doit s’imaginer plus grand ou plus fort que cette nation qui nous abrite tous. Nous sommes parce que le Sénégal est. Si nous sommes là aujourd’hui, rassemblés en tant que nation, c’est bien parce que nos anciens nous ont couvés et portés sur les épaules. Notre honneur, c’est d’en faire autant pour nos enfants, enfants, en consolidant chaque jour le pacte de bienséance, de solidarité et de fraternité humaine qui lie cette nation, génération après génération. ».
Cette nation ne saurait s’identifier ni à une race, ni à une langue, ni à un sol, ni à une religion. Elle est plus que toutes ces choses réunies. Elle repose avant tout sur la volonté de ses membres que nous sommes ; elle repose sur notre conscience et notre désir de la former et de la préserver.
Comme le disait Ernest Renan, cette nation est « une âme, un principe spirituel. Deux choses qui à vrai dire n’en font qu’une constituent cette âme (…). L’une est dans le passé, l’autre est dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs, l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour faire un peuple. ». Voilà les conditions essentielles pour préserver la nation sénégalaise qui nous a permis de faire de grandes choses ensemble dont la plus récente reste la conquête de la CAN qui nous met au sommet de l’Afrique du football.
Ce sentiment partagé fera de nous de vrais patriotes mais refusons son penchant négatif. Ne soyons pas obsédés par cette fibre patriotique au point d’apparaitre aveugle face à un monde de plus en plus ouvert et interdépendant. Nous avons certes des passés différents (avec le reste du monde) mais « l’ère des destinées singulières est révolue » disait Cheikh Hamidou Kane dans L’aventure ambigu. Dans cette perspective, Combattons ensemble contre tout ennemie extérieure mais n’exagérons pas et ne nous trompons pas de cible car notre premier ennemi est déjà dans nos foyers. Il s’agit de la précarité dans une société à la solidarité qui s’effrite. « N’exigeons pas au nom du patriotisme que notre patrie empiète injustement sur les autres nations » dira l’autre. Parce que chez eux se trouvent quelques-uns des nôtres, mettons-les à l’aise. Refusons de bruler, refusons de saccager le bien d’autrui quelle que soit sa nationalité. Faisons valoir nos idées et nos volontés à travers un combat loyal dans les règles de l’art quel que soit le degré d’intensité.
Soyons cette nation prospère qui se déploie par la force des idées et non des muscles. Nos muscles ont servi la France à travers « les tirailleurs sénégalais », les Amériques dans les champs de plantations, qu’est-ce qu’ils nous ont apporté de mieux-être si ce n’est, pour peu de nos quelques tirailleurs qui nous restent, des aides, du moins en France de 900 et quelques Euros et une obligation de séjourner pendant six mois sur le territoire français. Pourquoi continuerons-nous à bander les muscles ? Pensons, pensons et démontrons à Léopold Sédar Senghor que la raison est nègre autant que l’émotion l’est ! Nous sommes le Sénégal des défis !
PAR Mbaye DIOUF
HOMMAGE À UN MONSTRE SACRÉ CHEF DU PROTOCOLE DE LA PRÉSIDENCE
La visite que le Roi du Maroc effectue à partir de ce mercredi 22 février m’offre l’occasion encore une fois de rendre un vibrant hommage à l’ambassadeur Bruno Diatta pour son professionnalisme et son sens élevé de l’Etat.
L’ambassadeur Bruno Diatta certes absent mais présent dans les cœurs et les esprits
La visite que le Roi du Maroc effectue à partir de ce mercredi 22 février m’offre l’occasion encore une fois de rendre un vibrant hommage à l’ambassadeur Bruno Diatta pour son professionnalisme et son sens élevé de l’Etat.
Une personnalité affable et très efficace dans le travail bien fait.
De son vivant, en de pareilles circonstances, Excellence comme nous l’appelions par respect à sa fonction, s’évertuait comme à son habitude à convoquer des réunions de préparation et à peaufiner un agenda de visite à la dimension de l’hôte de marque du Sénégal.
Un hôte de marque à travers les liens séculaires qui unissent les deux pays mais également à travers le respect et la considération que la Oumah Islamique nourrit à l’égard du Royaume chérifien.
Entre le Maroc et le Sénégal, les relations ont toujours été au beau fixe.
Des relations matérialisées à travers l’inauguration de la Grande Mosquée de Dakar, située sur les allées Pape Gueye Fall, avec un minaret de 67 mètres, le 27 Mars 1964 par le Roi du Maroc Hassan II et le Président Leopold Sedar Senghor.
Son fils Mohamed VI attendu à Dakar à chacune de ses visites officielles au Sénégal, vient toujours comme le faisait son défunt père avec une forte délégation composée de ministres et de membres du secteur privé Marocain.
La visite du Roi du Maroc a toujours été une opportunité pour la Oumah Islamique de revisiter un pan de la religion musulmane au Sénégal
En Islam et de manière diplomatique dans la religion, le Roi du Maroc est l’une des personnalités les plus respectées au monde.
Dans la religion musulmane, le Roi d’Arabie Saoudite est le gardien des deux Saintes Mosquées.
Pendant ce temps le Roi du Maroc est le commandeur des croyants.
Une fonction extrêmement importante en Islam.
Des différentes visites du Roi du Maroc, nous pouvons retenir un renforcement des liens séculaires entre les deux pays mais également des gestes de haute portée symbolique dans le domaine de la Santé et de l’Action sociale.
Dans le même registre nous pouvons évoquer la présence du Maroc aux côtés du Sénégal le 9 décembre 1991 symbolisée par le Roi Hassan II aux côtés du Président Abdou Diouf à l’occasion de l’ouverture à Dakar du sixième sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI).
C’est aussi le cas en avril 2011 de l’inauguration du monument de la Renaissance Africaine, une imposante statue de 50 mètres de Bronze par le Président Abdoulaye WADE en présence de plusieurs chefs d’états dont le Roi Mohammed VI du Maroc à la tête d’une forte délégation.
C’est également l’occasion de rappeler l’inauguration le lundi 18 Mars 2013 à Dakar de l’unité de production de médicaments « West Afric Pharma » filiale des laboratoires Sothema-Maroc par le Président de la République Macky Sall et le Roi Mohammed VI du Maroc.
Des cérémonies hautement bien coordonnées par Son Excellence l’ambassadeur Bruno Diatta avec beaucoup de délicatesse.
L’ambassadeur Bruno Diatta considérait la Santé comme un domaine prioritaire dans la coopération entre le Maroc et le Sénégal.
L’épouse de Sa Majesté, la Princesse Lala Salma faisait de la lutte contre le cancer pédiatrique une grande priorité à travers des dons en médicaments à l’unité d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Dantec dirigée à l’époque par le Professeur Claude Moreira.
La Princesse Lala Salma a été décorée par le Président Abdoulaye WADE en décembre 2008 en présence de Madame Viviane WADE pour ses actions humanitaires au Maroc et à l’étranger.
Cette visite était également l’occasion de faire des consultations gratuites en ophtalmologie et en chirurgie générale
Autour de l’ambassadeur Bruno Diatta, il y’avait toujours le gouverneur militaire pour s’occuper des questions de sécurité, mais également des membres de son personnel comme Massamba Sarr et Mamadou Ba sans oublier un certain Babacar Diagne et moi-même.
Des moments d’intenses réflexions pour rendre la visite utile et agréable.
Adieu Seigneur Bruno Diatta arraché à notre affection le vendredi 21 septembre 2018 jour symbolique dans toutes les religions révélées.
Vous méritez amplement ce vibrant hommage Excellence !!!
DEBUT DU TEMPS DE CAREME CHEZ LES FIDELES CHRETIENS
Cette année, le Carême débute ce 22 février, jour du mercredi des cendres. Il s’achèvera, après quarante jours de pénitence, le Jeudi saint, le 6 avril, où l’on commémore le dernier repas, la Cène, que Jésus a pris avec ses disciples.
Cette année, le Carême débute ce 22 février, jour du mercredi des cendres. Il s’achèvera, après quarante jours de pénitence, le Jeudi saint, le 6 avril, où l’on commémore le dernier repas, la Cène, que Jésus a pris avec ses disciples. Le dimanche de Pâques aura lieu le 9 avril prochain.
En attendant, l’entrée en Carême est marquée par l’imposition des cendres, d’où le nom de mercredi des Cendres. Pour savoir comment ça passe, Emedia s’est rendu à la Paroisse Sainte-Thérèse de Grand-Dakar. Le lieu de culte est pris d’assaut par de nombreux fidèles. Certains prient debout, d’autres assis, dehors, au moment où la voix du prêtre résonne à l’intérieur de l’Église. Tous l’écoutent religieusement. Seul le bruit du vent, qui souffle et soulevant la poussière, perturbe la quiétude des lieux.
A la fin de la cérémonie, quelques minutes plus tard, des fidèles s’avancent vers l’autel pour allumer le cierge. Un fidèle, jeune homme de teint noir, se démarque. En boubou traditionnel, il s’est accroupi, priant avec ferveur.
« C’est une joie de rencontrer notre Seigneur »
Interrogé, Joseph Diène Thiaré nous a confié qu’il ressent « aujourd’hui, la joie d’aller à la rencontre de Jésus. » Parce que, dit-il, « c’est Jésus qui a dit ‘’Priez et jeûnez’’. Nous entrons dans un moment de pénitence, de partage et de prières. Donc, on a tout laissé pour venir faire le mercredi des cendres. On est poussière et on retournera à la poussière. C’est une joie de rencontrer notre Seigneur. »
Une marque au front, une croix dessinée avec la cendre déposée par le Prête, l’émotion d’Annah Ndour est également perceptible. Les mains dans les poches de son blouson, la fidèle chrétienne nous explique que « pour ce premier jour, c’est un moment où on va vers Dieu. On Lui soumet tout ce qu’on a en tant que pêcheur, enfant de Dieu. Lui demander pardon pour tous les péchés. Chaque jour, on pèche, en calomniant, se moquant ou autre chose. Mais, c’est un temps favorable pour laver nos cœurs, se retourner vers Dieu. »
« Laver le cœur »
Pour elle, changer de garde-robe n’est pas le plus important. « Tout ce qu’on nous demande de changer, c’est le cœur d’abord. Parce que tu peux changer de garde-robe ou autre chose mais tant que le cœur n’est pas propre de l’intérieur, ça n’en vaut pas la peine. En tant qu’enfant de Dieu, on est dans un monde où il y a le péché qui règne. C’est un moment pendant lequel on est tenu de vivre en communion avec Lui », a-t-elle insisté.
Derrière, l’abbé Vivien Nadiack, vicaire à la paroisse sainte Thérèse de Grand-Dakar, est très sollicité. Des fidèles se rapprochent par petits groupes ou individuellement pour se faire bénir leur chapelet pour un bon temps de carême.
Détaillant la cérémonie, le vicaire nous a précisé qu’il est important, d’abord, que les fidèles chrétiens entrent « librement » en temps de carême. Avant de souligner que les cendres accompagnent la conversion qu’ils veulent et la pénitence qu’ils vont vivre. « Quand on fait procession, c’est parce qu’on a accepté de se lever. Donc, c’est librement qu’on y va. Au moment où on vous impose les cendres et que votre nom est inscrit parmi ceux qui font le carême, on va vous dire ‘’convertissez-vous, croyez à l’évangile’’… ».
Prières, partage et solidarité
Avant d’insister sur ces trois axes : « c’est Dieu, les frères et sœurs et soi-même. Dieu, par la prière qu’on lui adresse. Les frères et sœurs, par la solidarité, à travers l’aumône. Parce que ce qui n’est pas médiatisé, c’est tous les efforts de carême que les gens font en faveur des populations les plus démunies, qui sont un peu partout dans le Sénégal, à travers les marmites de Carême organisées en paroisse. Où les gens contribuent pour qu’après la collecte, on puisse distribuer cela. On a ce qu’on appelle la caritas au niveau de nos paroisses, au niveau du diocèse. Sans compter la solidarité que les gens vivent à titre personnel dans leur famille, le voisinage, le quartier et autre. Par rapport à soi-même, le jeûne, c’est une privation ou mortification, qui concerne l’homme lui-même. Il se prive de nourriture. Mais derrière, le jeûne va toucher la solidarité à travers l’aumône. Ce dont tu te prives, tu dois pouvoir le rendre disponible à ton frère ou ta sœur. »
« Pas de gatsa-gatsa »
« Je ne fais pas de la politique mais j’entends les gens dire souvent ‘’gatsa-gatsa’’. Pour nous, chrétiens-catholiques, le Christ a dit ‘’vous avez appris qu’il a été dit œil pour œil, dent pour dent’’. Mais moi, je vous dis : ‘’celui même qui en veut à son frère, va répondre au tribunal’’. C’est fort. C’est pour vous dire que nous, nous avons dépassé ce niveau où on va s’insulter. Cela ne milite pas en faveur d’une foi. Que ce soit la foi musulmane, que ce soit la foi chrétienne, (ou) animiste. Ce qui milite en faveur d’une foi, c’est le fait de se dire ‘’moi, je vais au-delà de ce que les gens font’’. Et, il est dit dans l’évangile, c’est quelqu’un te gifle sur la joue droite, tend lui l’autre’’. Essayons de vivre selon des principes et des valeurs qui sont partagées par le commun des mortels sénégalais. Le Sénégal a besoin de calme. La politique, c’est la conquête du pouvoir, mais avec les belles manières et les bonnes valeurs ».
CAN U20, LES LIONCEAUX EN QUARTS DE FINALE
Pour son deuxième match à la Coupe d’Afrique des nations U 20 (Égypte 2023), le Sénégal a battu mercredi le Mozambique au Stade international du Caire sur un score de 3 buts à 0. Pape Amadou Diallo (doublé) et pape Demba Diop sont les buteurs du match.
Pour son deuxième match à la Coupe d’Afrique des nations U 20 (Égypte 2023), le Sénégal a battu mercredi le Mozambique au Stade international du Caire sur un score de 3 buts à 0. Pape Amadou Diallo (doublé) et pape Demba Diop sont les buteurs du match.
Une victoire synonyme de qualification en quarts de finale de cette compétition. Ce, après avoir défait le Nigeria (1-0), en match d’ouverture.
Les poulains du coach Malick Daff vont affronter samedi prochain les « pharaons » de l’Egypte, -pays hôte de la compétition-, pour le troisième et dernier match de poule.
A DIOURBEL, LES COMMERÇANTS RECLAMENT LA REOUVERTURE DU MARCHE NDOUMBE DIOP
Les commerçants ont réclamé, mercredi, lors d'un sit-in, la réouverture du marché Ndoumbé Diop de Diourbel après sa reconstruction suite à l'incendie qui avait détruit plusieurs cantines en 2017.
Diourbel, 22 fév (APS) - Les commerçants ont réclamé, mercredi, lors d'un sit-in, la réouverture du marché Ndoumbé Diop de Diourbel après sa reconstruction suite à l'incendie qui avait détruit plusieurs cantines en 2017.
‘’Nous exigeons la réouverture immédiate, sans délai et sans condition du marché, dont les travaux ont été achevés depuis plusieurs mois", a ainsi déclaré le délégué du marché, Modou Guèye Diop, lors d'un sit-in, tenu d'avant le portail principal du plus grand centre de négoce du département.
Il a prévenu que ‘’si dans une semaine, il y'a aucune réaction de la part des autorités'', les commerçants vont '''investir les lieux et prendre possession des cantines''.
Lancés en 2018 pour un coût global de 300 millions de francs CFA, dans le cadre du Programme de modernisation des marchés (PROMOGEN), les travaux de réhabilitation de ce marché ont permis la réalisation de 118 cantines et 313 étales et infrastructures connexes, pour une capacité d'accueil de plus de 700 commerçants.
Lors de sa visite sur le site, le mois dernier, le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim Fofana s'était dit “très satisfait” de l'état d'avancement des travaux de modernisation de ce marché.
Il avait également dans la même veine demandé au gouverneur de “préparer une équipe de coordination pour que les finitions et les petits travaux qui font l'objet de réserves soient terminés avant la fin du mois de janvier”.
L'objectif, c'est d'ouvrir le marché avant le premier février au plus tard, a-t-il fait savoir. Dans cette perspective, le ministre a demandé à “tous les commerçants de se mobiliser pour avoir une entente avec l'équipe du Programme de modernisation des marchés, sur les modalités de gestion”.
FESPACO 2023, OUSMANE SEMBENE SERA HONORE
Plusieurs activités sont au programme général de la 28-ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) qui s’ouvre samedi, pour célébrer le centenaire du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane
Dakar, 22 fév (APS) – Plusieurs activités sont au programme général de la 28-ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) qui s’ouvre samedi, pour célébrer le centenaire du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, indique une note de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI).
La FEPACI présidée par le réalisateur malien Cheik Oumar Sissoko organise samedi à partir de 22 heures - après la cérémonie d’ouverture officielle - la traditionnelle soirée d’hommage réservée aux cinéastes disparus, au cours de laquelle le film ‘’Le mandat'' de Sembène sera projeté.
Le film raconte l’histoire de Ibrahima Dieng, un bon musulman sénégalais qui vit tranquillement avec ses deux femmes et leurs sept enfants. Tout bascule quand arrive un mandat d’Abdou, son neveu émigré en France. Cette fortune inopinée déclenche convoitises et jalousies.
La Fepaci prévoit aussi une exposition en l’honneur de l’un de ses fondateurs.
Le lendemain, après la cérémonie de libation, un rituel traditionnel organisé chaque édition au deuxième jour du festival pour le repos de l’âme de tous les réalisateurs et professionnels du cinéma africain disparus, il est prévu une procession en hommage à Sembène Ousmane affectueusement appelé ‘’l’Aîné des anciens’’.
Selon les organisateurs, elle va partir de la place des cinéastes au siège du Fespaco où, annoncent-ils, un buste du réalisateur sénégalais va être dévoilé. Celui-ci y trouvera celui d’un autre réalisateur sénégalais, Paulin Soumanou Vieyra, installé au depuis février 2017.
Une table ronde dédié au centenaire de Sembene avec comme thème ‘’Pour une approche critique de l’œuvre de Sembene Ousmane’’ sera organisée mardi par la Fédération africaine de la critique cinématographique (FACC). Cette rencontre prévue au siège du Fespaco sera animée par les critiques sénégalais Baba Diop et Maguèye Kassé et le Français Olivier Barlet.
Outre le Fespaco, la maison d’édition sénégalaise ‘’Vives voix’’ va publier la monographie dédiée au réalisateur de ‘’Moolaadé’’ (2004) et intitulé ‘’Sembène Ousmane, le fondateur’’ et préfacé par l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021.
‘’J’espère que l’ouvrage sera au centre de la célébration du centenaire au Fespaco. (…) ‘Vives Voix’ aura un stand au Marché international du cinéma et de l'audiovisuel africain du Fespaco pour y exposer son travail et les nouvelles publications’’, a dit à l'APS l’éditrice Ghaël Samb Sall.
Le Fespaco 2023 s'achève le 4 mars par la divulgation du palmarès des huit jurys de la compétition officielle.
par Mamadou Dia (Septembre 1957)
LE PÈLERINAGE DE TOUBA N’EST PAS UNE AFFAIRE DE POLITIQUE ÉLECTORALE
L’héritage d’Ahmadou Bamba constitue à la fois un enrichissement inappréciable de notre patrimoine spirituel et une affirmation de cette autonomie culturelle qui est, tout autant que l’indépendance économique, une condition nécessaire du développement
Pour nous Sénégalais, pour nous nationalistes sénégalais, le pèlerinage de Touba n’est pas, bien évidemment, une ‘affaire politique électorale’. Ce n’est pas non plus le simple accomplissement d’un rite ordinaire. Plus que tout cela, et au-delà de toutes les petites préoccupations immédiates, Touba est pour nous, à travers les années, et dans la longue marche que nous avons entreprise, une référence fondamentale.
Car le mouridisme est une création originale, dont le fondateur est un Saint ‘pas comme les autres’. Ahmadou Bamba nous apparaît, avant tout, comme le marabout dont la vie, l’œuvre, la doctrine se sont définies en s’opposant, parfois durement, à toutes les influences étrangères et se sont exprimées dans une création toute nouvelle et purement africaine.
A ce titre l’héritage d’Ahmadou Bamba constitue à la fois un enrichissement inappréciable de notre patrimoine spirituel et une affirmation de cette autonomie culturelle qui est, tout autant que l’indépendance économique, une condition nécessaire du développement national.
Lorsque je dis que toute la vie d’Ahmadou Bamba a été marquée par cette volonté de se définir par ses propres valeurs, et en s’opposant à toutes les influences, à toutes les pressions, je ne veux pas tout rappeler d’une histoire que chaque Sénégalais doit cependant connaître.
Et quel Sénégalais ignore les difficultés qu’a rencontrées Ahmadou Bamba, les persécutions mêmes qu’il a subies de la part des autorités administratives.
A toutes les menaces, à toutes les pressions, Ahmadou Bamba a résisté, simplement, sans ostentation, mais sans défaillance, maintenant la pureté de sa doctrine et son indépendance à l’égard des pouvoirs – cette indépendance à l’égard de César hors de laquelle aucune spiritualité ne peut s’épanouir.
Et la leçon d’Ahmadou Bamba ne s’arrête pas là. Car son attitude a porté ses fruits, que nous recueillons aujourd’hui. Son inflexibilité a fini par forcer l’estime et l’admiration de tous, et d’abord de ceux-là mêmes qui l’avaient suspecté et poursuivi.
C’est pourquoi nous voyons, à chaque pèlerinage, et cette année encore, le gouvernement de la République française, en la personne de ses plus hauts fonctionnaires, apporter au souvenir d’Ahmadou Bamba son hommage et l’expression de son respect.
Touba est donc bien pour nous le lieu où a triomphé l’esprit de résistance et la dignité sénégalaise. A qui serait tenté de l’oublier, Touba rappelle que l’estime, même celle des adversaires, se mérite.
Elle ne vient pas récompenser la servilité ou l’acquiescement systématique. Elle reconnaît la valeur de qui s’affirme, dans l’opposition s’il le faut. Toute personnalité qui maintient son intégrité, obtient sa reconnaissance. La dignité, qu’elle soit d’un homme ou d’un peuple, se conquiert, mais ne s’achète pas.
Toute l’œuvre d’Ahmadou Bamba, dans sa forme comme dans son fond, du point de vue littéraire comme par son contenu spirituel, est nourrie des mêmes valeurs et porte le même témoignage. Cette œuvre affirme et chante la négritude. Elle l’a chantée en Afrique et pour les Africains, bien avant que nos intellectuels de culture française l’aient retrouvée par le long détour des humanités occidentales et du retour au pays natal. Nègre, son œuvre l’est dans sa technique de la poésie, dans sa versification originale.
Elle l’est dans son poème imagé, coloré, rythmé, qui rompt spontanément avec toutes les techniques étrangères, qu’elles soient de l’Occident ou de l’Orient, de l’Europe ou de l’Arabie. Elle est déjà, par cela seulement, un de nos premiers monuments littéraires, un des fondements de notre littérature nationale. Et cette œuvre, si riche formellement, vaut encore plus par la doctrine qu’elle apporte. Car le mouridisme a repensé complètement l’Islam, dans le respect de l’orthodoxie, et selon le génie de notre peuple. Par cet effort doctrinal, l’Islam au Sénégal a cessé d’être une religion ‘importée’ pour devenir une religion populaire, une religion vraiment nationale incarnée au plus profond de nous-mêmes.
Pour toutes ces raisons que j’ai dites à Touba jeudi dernier, pour tous ces apports constitutifs de notre personnalité sénégalaise, nous considérons Ahmadou Bamba comme une des valeurs essentielles du nationalisme africain, et le mouridisme comme un élément fondamental de notre patrimoine culturel.
C’est pourquoi le pèlerinage de Touba est notre pèlerinage, à nous nationalistes sénégalais, et tel est le sens du témoignage que nous rendons lorsque nous participons à ce grand rassemblement et à cet acte de foi sénégalais.
Mamadou Dia, Vice-président du Conseil du gouvernement du Sénégal, Septembre 1957.
VIDEO
L'ÉDUCATION ET LA CULTURE, PILIERS DE TOUT DÉVELOPPEMENT
Il faut qu’on sorte nos valeurs. Il faut s’accrocher à un certain nombre de valeurs comme le travail bien fait, la loyauté et le respect de la parole donnée. Si nous ramenons ces valeurs, les enfants penseront autrement - ENTRETIEN AVEC TAMARO TOURÉ
Wathi |
Babacar Ndiaye et Brice Koué |
Publication 22/02/2023
Madame Tamaro Touré nous a reçus dans les locaux de son association, les Villages d’Enfants SOS, à Dakar le 13 octobre 2016. Cette rencontre a permis d’aborder de nombreux sujets tels que le fonctionnement et l’évolution de l’administration sénégalaise depuis l’indépendance, le rôle et les changements dans le statut et les droits de la femme dans la société sénégalaise au cours des cinq dernières décennies, la question de l’éducation des enfants qui, selon elle, doit être au cœur de tout projet de développement pour un Etat, et celle, intimement liée de la culture et de sa transmission aux nouvelles générations.
Tamaro Touré est née au Soudan français (l’actuel Mali) et y a passé son enfance avant d’intégrer au Sénégal l’Ecole normale des jeunes filles de Rufisque et l’université de Dakar devenue en 1987 l’université Cheikh Anta Diop. Elle fut la première femme inspecteur du travail du Sénégal en 1967. Elle fut nommée conseiller technique sur les questions sociales du Premier ministre Abdou Diouf en 1972 puis elle le suivit à ce poste à la présidence de la République en 1981. En 1991, elle est nommée directrice du travail cumulativement avec son poste de conseiller technique à la présidence.
En 1976, elle fonde l’association des Villages d’Enfants SOS au Sénégal qui s’est occupée jusqu’en 2016 de plus de 50 000 enfants avec la création de centres dans les régions les plus peuplées du pays (Dakar, Kaolack, Louga, Tambacounda).
Présidente de cette institution qui fait partie du réseau mondial des Villages d’Enfants SOS (http://bit.ly/2dOhmiY), elle témoigne d’une passion pour tous les combats qui font évoluer les sociétés sur la durée. Elle est membre fondatrice de l’Association des juristes sénégalaises (AJS, http://bit.ly/2feq2Aj) et de l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (ASBEF, http://www.asbef.sn/ ).
Retraitée mais toujours active et engagée pour la cause des enfants, Madame Touré travaille à la mise en place d’une université dédiée aux sciences et filières techniques. Elle est convaincue que l’éducation et la valorisation de la culture sénégalaise et des cultures africaines peuvent être des outils de transformation positive des pays de la région et du continent. Entretien Passerelle en quatre parties essentiellement en format vidéo.
Entretien réalisé par Babacar Ndiaye et Brice Koué, WATHI
par Madieye Mbodj
QUAND LA CARICATURE DICTATORIALE DE LA RÉPUBLIQUE JETTE LE MASQUE
Il est temps d’en finir avec le système d’un président-monarque omnipotent qui se subordonne à lui tout seul l’ensemble des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ; en finir avec le présidentialisme néocolonial de dépendance, de servitude volontaire
En l’espace de quelque sept jours, du vendredi 10 au jeudi 16 février 2023, les sbires du régime APR/BBY ont fourni aux peuples du Sénégal, d’Afrique et du monde, une leçon de chose politique sur leur vraie nature plus éloquente et plus édifiante que dix mille professions de foi « au nom de la défense de la République et de l’État de droit » ! Qui sont les vrais et seuls responsables des violences survenues à Touba, Mbacké ou ailleurs dans le pays ? Après les multiples appels publics au meurtre et autres agressions perpétrées en toute impunité par de hauts responsables de l’APR sur les plateaux de télé et même dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, après le meeting de Mbacké du 10 février interdit arbitrairement par le préfet sur la base de dispositions de la loi 74-13 du 24 juin 1974 explicitement abrogées depuis 45 ans par la loi 78-02 du 29 janvier 1978 relative aux réunions, la énième et certainement pas la dernière forfaiture du Macky vient d’être commise en direct à la face du Sénégal, de l’Afrique et du monde, ce jeudi 16 février 2023.
Ousmane Sonko en effet a été sciemment brutalisé : pare-brise cassé par ci, vitre de véhicule brutalement brisée par-là, au risque de le blesser voire carrément d’attenter à sa vie, kidnappé et mis de force dans un fourgon blindé des forces spéciales de la gendarmerie, placé quasiment en résidence surveillée plusieurs jours durant en toute illégalité, routes barrées et itinéraires imposés, déploiement d’une armada de policiers, gendarmes, militaires et nervis tous armés jusqu’aux dents, comme qui dirait un état de siège ou de guerre déclarée, et j’en passe !
Fort heureusement, le monde entier a pu à l’occasion apprécier, malgré tout le calvaire subi, le haut degré à la fois de courage, de sérénité, de sang-froid et de responsabilité du leader de Pastef, un digne capitaine d‘équipe qui donne l’exemple et mouille le maillot. Depuis plus particulièrement l’avènement du président Macky Sall, beaucoup de pontes dans la hiérarchie du commandement territorial (gouverneurs, préfets ou sous-préfets), de la justice et de l’administration centrale, se croient obligés, de bon gré ou à contre-cœur, de se comporter en vrais politiciens ou exécutants des basses œuvres de l’Etat-parti APR-BBY.- nous pouvons renvoyons ici à la lettre ouverte que le BP de Pastef vient d’adresser à la société civile sénégalaise pour dénoncer les violences et violations des droits imposées avec un acharnement sans pareil au parti Pastef et à son président.
Pourtant à Mbacké comme partout ailleurs du reste, Ousmane Sonko et Les Patriotes n’ont demandé rien d’autre que le respect de la loi et des libertés républicaines garanties par la Constitution de la République. Quel est donc cet État de droit qui, au pas d’une dictature en marche, multiplie les interdictions de marches et manifestations de l’opposition ou de la société civile, pendant que le Macky et ses laudateurs continuent leur tintamarre à travers le pays, à grand renfort de folklore, payés sur la sueur de nous autres gόorgόorlu et contribuables appauvris ? Quel est cet État de droit qui multiplie à la pelle les emprisonnements arbitraires de militant-e-s Pastef, sans oublier les arrestations tous azimuts de lanceurs d’alerte, de journalistes et artistes debout, tels que Pape Alé Niang ou Nit Dof ? Qui ordonne la coupure méchante du signal de Walf TV, l’agression du photographe de Sud Quotidien et la confiscation de son matériel de travail ? Autant d’agissements antidémocratiques n’épargnant même pas d’innocents élèves sur le chemin de l’école ou d’honnêtes citoyens vaquant à leurs occupations professionnelles, des agissements exécutés par une machine répressive digne des temps de la dictature haïtienne des Duvalier ?
Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui se cache derrière « les forces nationales de défense et de sécurité » pour s’attaquer impunément à de prétendues forces spéciales de déstabilisation du Sénégal, de liquidation de la paix civile et de l’unité nationale, poussant le matraquage jusqu’ à pousser des cris d’orfraie en jouant hypocritement sur la corde sensible de la religion ou des confréries religieuses multiséculaires de notre pays le Sénégal ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui se plait à mobiliser sa meute de porte-parole, relayée par une certaine presse aux ordres, pour intenter un procès en sorcellerie contre l’opposition patriotique qualifiée de « populiste, manipulatrice et émeutière, pyromane, terroriste, djihadiste, anarcho-subversive, fasciste - excusez du peu !? Chercheraient-ils ainsi à conforter leur chef dans son engagement à ‘’réduire l’opposition sénégalaise à sa plus simple expression’’, en parfaite violation de notre Constitution qui « reconnaît cette opposition comme un pilier fondamental de la démocratie et un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique » ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit dont les haut-parleurs, en dépit de la rédaction limpide et ‘’consolidante’’ de l’Article 27 de la Constitution, s’échinent à nous vendre la supercherie d’un « 2ème quinquennat » en lieu et place d’un « 3ème mandat », comme si tout simplement le septennat présidentiel de 2012-2019 était tout sauf un mandat !? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui couvre sous son coude les multiples scandales à milliards de ses partisans, dont celui du fonds Covid-19 mis dernièrement en évidence par le rapport de la Cour des Comptes, ne saurait être des moindres ?
Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui reste cruellement sourd aux revendications, ou à l’appel des travailleurs au respect de leurs droits légitimes ainsi que des accords signés avec leurs organisations, à l’image des secteurs de la santé, de l’action sociale et des collectivités territoriales mobilisés depuis plusieurs mois sans la moindre attention des autorités ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui, inlassablement et obstinément, complote par les moyens les plus vils, à travers la basse manipulation d’une jeune femme sensible aux sirènes enivrantes de l’argent facile, ou l’instrumentalisation éhontée de la justice, aux seules fins d’empêcher la candidature de l’empêcheur de tourner en rond à la présidentielle de 2024 : tout sauf Sonko !? Au prix d’assurer la promotion de certains magistrats suspendus par leurs pairs ou honnis de l’opinion publique ?
Une chose est sure, dans le combat pour la République et la démocratie, seul le peuple est souverain et, dans ce cadre, le Sénégal et l’Afrique peuvent incontestablement puiser à la source de leur patrimoine et de leurs propres valeurs pour asseoir une gouvernance réellement « sobre et vertueuse » : l’Almamy du Fouta Thierno Souleymane Baal (1776) a pris le soin de léguer à son peuple six recommandations fortes, dont de « rechercher, pour assumer la fonction d’Almami, un homme désintéressé, qui ne mobilise les biens de ce monde ni pour sa personne, ni pour ses proches … et si vous le voyez s’enrichir, démettez-le et confisquez les biens qu’il a acquis et remplacez-le par un homme compétent quelle que soit sa lignée, … un homme méritant. » Quant au vénéré Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, il a eu à adresser par lettre les sages conseils suivants au Damel Samba Laobe Fall, qui a régné au Cayor de 1883 à 1886 :« Sache… qu'un jour viendra où ce pouvoir te sera repris des mains pour être cédé à d'autres qui te succéderont. » Et le saint homme lui a recommandé de ne jamais tomber dans la tyrannie, convaincu que tout homme injuste le regrettera un jour et que tout tyran assurera un jour à sa propre perte. Plus loin encore, l’Article 7 du Serment des Chasseurs (ou Charte du Mandé-1236) proclamait, cinq siècles déjà avant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789e : L’âme de l’homme vit de trois choses : Voir ce qu’il a envie de voir ; dire ce qu’il a envie de dire ; faire ce qu’il a envie de faire. Si l’une seule de ces choses venait à manquer à l’âme, elle en souffrirait, et s’étiolerait sûrement. En conséquence, les chasseurs déclarent : Chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits ou des lois de la patrie. L’on peut ajouter à ces précieuses références tirées du patrimoine historique et culturel africain et sénégalais, les conclusions et recommandations fécondes issues des travaux des Assises Nationales du Sénégal, présidées par le professeur Amadou Makhtat Mbow ,en nous contentant de renvoyer au RapportGénéral des Assises Nationales : Bilan et perspectives de refondation (Décembre 2011) et au Rapport de la Commission Nationale de Réforme des Institutions au Président de la République du Sénégal (Décembre 2013).
Le 25 février 2024, pour une fois, les citoyens Sénégalais veulent, non plus seulement se débarrasser de l’occupant du Palais du Gouverneur Général pour le remplacer par un autre tenant du système de servitude néocoloniale, mais élire enfin un projet crédible, un espoir de rupture, incarnés par un candidat qui inspire confiance au peuple, toutes générations confondues, un leader convaincu comme le souligne Ousmane Sonko lui-même, que « le Sénégal n’a pas besoin de messie ni de héros, mais d’une masse critique de citoyens conscients des enjeux et qui ont le courage d’agir ». Il est temps d’en finir avec le système d’un président-monarque omnipotent qui se subordonne à lui tout seul l’ensemble des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ; en finir avec le présidentialisme néocolonial de dépendance, de servitude volontaire et de prédation. Il est possible à présent de donner chair et sang à l’approche que nous-mêmes avions lancée puis systématisée, à travers le concept
DEFAR, dans le Manifeste de Yoonu Askan Wi- M 2008. Il est question de contribuer à relever les défis du présent et de l’avenir du Sénégal et de l’Afrique, en tant que bâtisseurs, partisans de la construction positive et des initiatives de transformation novatrice, de l’effort récompensé et du bien être partagé. C’est pourquoi D.E.F.A.R, concept wolof qui signifie construire, constitue l’expression concentrée d’une telle vision, articulée autour du Développement Endogène comme finalité, du Fédéralisme Africain comme stratégie globale, de la République démocratique et sociale comme instrument d’un leadership nouveau. Il est venu au Sénégal le temps de conquérir la république et de faire exister l’état de droit. Le peuple sénégalais, ses dignes enfants, ont suffisamment montré leur détermination à changer de cap au nom de la souveraineté nationale et populaire. C’est bien d’une révolution qu’il s’agit : révolution culturelle à travers le changement résolu des mentalités et des comportements, révolution dans la gouvernance politique et institutionnelle, économique et sociale, sur la voie tracée par les Conclusions des Assises nationales du Sénégal et l’Avant-projet de Constitution de la CNRI, pour une refondation véritable de la société et de l’Etat.
Madieye Mbodj est membre du BP de Paastef, vice-président chargé de la vie politique nationale.
LES NON-DITS D’UN CONCLAVE
Les changements opérés lundi, à l’issue de la réunion du Conseil supérieur de la magistrature, a engendré des frustrations chez des acteurs de la justice
Les changements opérés lundi, à l’issue de la réunion du Conseil supérieur de la magistrature, a engendré des frustrations chez des acteurs de la justice. Ces derniers ont relevé plusieurs incongruités qui jurent d’avec l’équité et la justice dans l’affectation des magistrats.
Annoncé depuis plusieurs mois, les membres du CSM ont été convoqués le dimanche sans pré-conseil. A la lecture des différentes mesures issues de cette réunion présidée par le Chef de l'Etat, le sentiment le plus partagé est la frustration chez les magistrats. « L'As » est allé à la rencontre de magistrats.
Beaucoup pensent que la prorogation de l'âge de la retraite pour certaines hautes fonctions est la trame de fond de certaines mesures. Cette question avait soulevé de vives tensions en 2016 dans un contexte de réforme de la loi organique.
Ce CSM, tant attendu dans le cadre de la mise en place de nouvelles chambres à la Cour Suprême, a consacré la nomination de 09 premiers avocats généraux dont la plupart ont atteint l'âge de la retraite ordinaire de 65 ans pour les magistrats Cheikh Ndiaye, Mame Cor Ndour, Alphousseynou Diallo. Au grand bonheur de Chimère Diouf Président de l'UMS, Saliou Mbaye et Samba Faye respectivement nouveau Premier Président de la Cour D'appel de Saint-Louis, Procureurs Généraux des Cours d'Appel de Ziguinchor et de Kaolack. Ousmane Diagne l'ancien Procureur prend rang aussi aux côtés de ces premiers avocats généraux.
A rappeler que la Cour Suprême n'en comptait qu'un, un poste vacant depuis le départ de l'ancien Procureur Général de Dakar Lassana Diabé. Il faut dire que ce bataillon de nouveaux premiers avocats généraux rejoint les ayants droit notamment les présidents chambre à la cour suprême, les premiers présidents des cours d’appel et leurs procureurs généraux ainsi que le premier président et le procureur général de la suprême pour aller à la retraite à 68 ans.
Dans ces dernières mesures à la Cour Suprême et dans les Parquets Généraux de Cour D'appel, beaucoup voient le renforcement du Procureur Général Mansour Mbaye échelonné par Ciré Aly Ba Premier Président de la Cour D'appel de Dakar remplacé à ce poste par Amady Diouf. Même si la tradition qui veut que le Procureur général devienne toujours le premier président n’a pas été respectée comme c’est le cas de Cheikh Tidiane Coulibaly ou de Badio Camara. Cette nomination intrigue plus d'un dans un contexte de crise préélectorale, d'autant plus qu'Amady Diouf est parquetier de carrière. Ce qui n'est pas un premier dans les annales de l'histoire avec feu Lamine Coulibaly et Abdoulaye Ba parquetier devenu Président du Tribunal Régional hors classe de Dakar avant de redevenir Procureur Général à la Cour d'Appel de Dakar.
Autre non-dit, on cite également la place accordée à certains poulains de Mansour Mbaye, Abdourahmane Diallo, le patron de son jeune frère Abdoulaye Mbaye au Tribunal d'instance de Ziguinchor, promu Président du TGI alors que son camarade de promotion Sidi Dieng qui avait présidé l'audience de la chambre criminelle de Boffa Bayotte et dont le parcours correspond le mieux à l'emploi précité est muté à Bignona.
Augustin Diouf et Latyr Niang qui viennent d'accéder au grade hors hiérarchie sont nommés Conseillers délégués à la Cour Suprême. Le plus détonnant dans cette affaire est le passage automatique au grade hors hiérarchie du sieur Latyr Niang, surclassant ses camarades de promotion de 2007 et ses devanciers de 2005. Un avancement au choix qualifié d'automatique parce que n'étant pas fait dans les règles de l'art.
A rappeler que pendant ces 17 années passées, les avancements se faisaient de manière automatique après une présence de 20 ans au moins pour les plus chanceux. Hormis le copinage, d'autres soupçonnent un manque de maîtrise des textes au niveau de la DSJ (maîtresse d'œuvre dans la préparation des propositions).
Ce travail, disent des sources très introduites au ministère, est confié à Me Maguette Diop Greffier (ne pas confondre avec l'ancien Président de l'UMS). Si nos sources sont unanimes qu'Ablaye Ndiaye est un semeur de troubles dans la distribution des carrières, notre source indexe Maguette Diop qui, selon lui, fait office d'adjoint au DSJ depuis plusieurs Directeurs dont Mansour Mbaye.
Un autre magistrat officiant à l'intérieur nous a soufflé que l'inamovible Secrétaire Général du CSM (nommé depuis juillet 2006) est « un faiseur de sales boulots » outre sa non-maîtrise des textes. L'on ne peut pas comprendre, selon ce dernier, que des magistrats soient titularisés à des emplois qui ne correspondent à aucun grade comme la Direction de l'éducation Surveillée, l'IGAJ et la DSJ, même si elles sont réservées à des magistrats.
D'autres blâment l'existence de plusieurs communiqués qui ne rendent pas compte fidèlement des mesures prises. Comme c'est le Cas de Saliou Dicko nommé Substitut Général près la Cour D'appel de Ziguinchor. Au TGI de Thiès, on ne sait qui de Madické Diop ou de Boubou Ndiaye va hériter du très convoité poste de Président laissé vacant par Mamadou Cissé Fall.
Autres incongruités de ce conseil, révèle une source, des enjeux liés aux avantages indemnitaires, retraites, forfaits logements, transport et téléphone, avec comme lame de fond le copinage, on a oublié de pourvoir certaines juridictions. Ce qui lance en vue de prochaines consultations à domicile pour faire des réajustements dans le prolongement de l'année dernière où on a enregistré plus d'une dizaine de consultations à domicile avec une moyenne de fréquence d'une session par mois.
Le Cas Idrissa Ndiaye, passé hors hiérarchie lors de cette séance, n'a pas été évoqué. Il est maintenu comme juge d'une juridiction de 2e Classe. Au même moment, des jeunes moins anciens et moins gradés sont passés des emplois de 1er grade à des emplois hors hiérarchie.