Le président Macky Sall semble déterminé à faire face à l’opposition ou à ses menaces. S’il ne le dit pas, il reste que c’est un message qu’il a lancé, hier, à son principal adversaire, Ousmane Sonko
Le président Macky Sall semble déterminé à faire face à l’opposition ou à ses menaces. S’il ne le dit pas, il reste que c’est un message qu’il a lancé, hier, à son principal adversaire, Ousmane Sonko. En Conseil des ministres, il a souligné « l’impératif de préserver les acquis démocratiques et l’ordre public en rappelant que le Sénégal demeure un Etat de droit de référence et une démocratie exemplaire ».
Le chef de l’Etat a, en outre, demandé au Gouvernement de prendre « toutes les mesures idoines pour assurer sur l’étendue du territoire national, la sécurisation absolue des personnes et des biens, au regard de certains troubles à l’ordre public observés ces derniers jours dans des localités du pays ».
PAR Fatoumata Sissi Ngom
RECOMMANDATIONS D’AMOUR POUR UN SYSTÈME-SÉNÉGAL STABLE ET COMPOSÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - J’ai très mal pour mon cher pays que j’aime tant. Les images récentes d’un Ousmane Sonko malmené comme un malfrat sont assez tristes. Quelle dégringolade. Cette violence, décriée à juste titre, est le fait de qui en réalité ?
L’image du Sénégal qui est aujourd’hui présentée aux yeux du monde est déplorable. A cause des manifestations relatives à ce qui est nommé « l’affaire Ousmane Sonko », il y a eu un mort le 20 mars à Bignona. Il y a eu aussi énormément de blessés avec tout ce que ça comporte de fatalités : blessures corporelles, yeux en sang, dents cassées, acheminement dans des hôpitaux. Quelle est la valeur d’une vie humaine anonyme ?
Les différentes déclarations pour l’exacte application de la Constitution sénégalaise sont d’une grande pertinence. Néanmoins, en ces temps turbulents, propager anthropologiquement de l’énergie d’amour et de lumière à notre pays, le Système-Sénégal, est plus que nécessaire. L’amour doit se faire pour co-créer et co-construire un Sénégal et un monde nouveau !
Je rêve d’un autre monde et j’aime ce que j’appelle et ai élaboré comme étant le “Système-Sénégal”, ou le “Sénégal-Système”, joli jeu de miroirs ! La Nation sénégalaise est un système. Un système d’hommes et de femmes, de lois, de règles de vie, de valeurs, d’infrastructures*, et le tout évoluant dans un écosystème qui a été, jusqu’ici, une vitrine de la démocratie et de la stabilité sociale en Afrique. Aujourd’hui, le système-Sénégal évolue dans un chaos : emprisonnement de journalistes, batailles fratricides, escalade de la violence. Tout chaos est annonciateur de nouveauté. Mais quel type de nouveauté ?
J’ai très mal pour mon cher pays que j’aime tant. Les images récentes d’un Ousmane Sonko malmené comme un malfrat sont assez tristes. Quelle dégringolade. Cette violence, décriée à juste titre, est le fait de qui en réalité ? Quelles sont les circonstances qui entouraient les faits ? Les policiers étaient-ils eux-mêmes sur les nerfs ? Avaient-ils bien pris leur petit-déjeuner, ce jour-là ? Ou bien est-ce le fait, comme c’est dit çà et là, d’un ordre suprême et unilatéral ? Il faut savoir raison et discernement garder. En vérité, personne, à part la poignée de concernés, n’en sait rien et tant que la justice n’aura pas rendu son verdict, tout ne sera que spéculation et projections mentales. En attendant, il y’a mieux : il y a la paix !
Faites l’amour et non la guerre
Aux jeunes, aux moins jeunes, au lieu d’aller vous déverser dans la rue, allez, faites l’amour ! Arrêtez les manifestations, n’y allez plus ! Ne sortez pas de chez vous ! Déconnectez-vous des réseaux sociaux ! Oui, faites l’amour ! Prenez du plaisir ! Sortez de cette matrice infernale qui bouffe votre énergie et vous empêche de faire les choses qui comptent : votre bonheur, votre mieux-être, le maintien de votre énergie positive et surtout de votre intégrité psychique. Si vous devez absolument hurler, hurlez un bon coup et évacuez la colère, mais bien au chaud, chez vous. Ceux pour qui vous risquez vos vies et dépensez votre énergie vont dîner dans les restaurants chics de Dakar le soir en refaisant le monde, s’envolent à Paris, à Bruxelles ou à Montréal au moindre bobo pour se refaire une santé, pendant que vous, vous payez les pots cassés dans votre vie quotidienne.
Je voudrais m’adresser aux manifestants qui obéissent aux appels à « lutter » et qui sortent colériques de chez eux afin d’aller en découdre avec les forces de l’ordre, « casser du flic », « casser du matos », et qui passent leurs journées sur Twitter et Facebook à propager de la mauvaise énergie dans les esprits, à insulter le pouvoir, l’opposition, tout le monde. Oui, les mots, écrits ou parlés, renferment de l’énergie et il faut savoir bien les utiliser. Toute insulte proférée, tout manque de respect, toute pensée haineuse, tout viol, reviendra tôt ou tard à son émetteur, sous quelque forme que ce soit, comme un boomerang. C’est une des lois du karma qui régissent l’univers.
Il est aussi intéressant d’analyser la question des manifestants de rue sous l’angle du genre. L’anthropologie de la foule montre que ce sont les hommes qui y vont, qui vont se battre, et même sur les réseaux sociaux ils portent l’archétype de la colère qui s’extériorise. Ce sont les hommes qui souvent filent droit devant, tirés par je ne sais quelle force invisible, pour porter des combats qui ne sont pas vraiment les leurs.
Il devient urgent de sortir de l’inconscience collective et de la métastase mentale qui est surtout le fait d’une masculinité inconsciente et toxique. Une masculinité qui « prend » tout en donnant l’illusion de « donner ».
Une autre forme de gouvernance moins centrale et plus humaniste est possible
La tyrannie la plus réussie, c’est de limiter la fraternité à certains individus et de déclarer d’autres comme ennemis à abattre et à éliminer.
Que chaque maire et leader politique local de tous bords politiques, au nom de la décentralisation, prenne ses responsabilités. La gouvernance locale n’est pas seulement affaire de politiques et d’infrastructures, mais aussi d’éthique. Recommandez de l’amour et du plaisir personnel aux hommes et aux femmes qui habitent dans vos villes. Une autre façon de gouverner, moins centrale, inclut aussi de toucher les coeurs et les consciences. Le Système-Sénégal, Le Sénégal-Système, jeu de miroirs, l’humain au centre !
Choisissez vos combats et pensez à vous
Au nom de quoi aller risquer sa vie ou déployer de l’énergie hargneuse et négative pour des gens qui ne vous connaissent pas ? C’est du temps perdu qui pourrait être déployé sur des activités créatives ou génératrices de revenus et de santé. La colère bloque l’abondance et crée des maladies. Rien ni personne ne vaut que vous vous mettiez en rogne. Ce sont les boules puantes mentales qui nourrissent l’atmosphère délétère au Sénégal et la colère collective qui minent le bien-être individuel, le système-individu, le Système-Sénégal. La colère et le ressentiment ont assez détruit la planète et ses hommes comme ça. Que vive un Système-Sénégal** stable et composé, le Sénégal-Système***, formidable jeu de miroirs. Que l’amour règne dans notre magnifique pays. La vérité peut éclater sans qu’il y’ait émergence de martyrs anonymes et inconscients. Alors, pour aujourd’hui, demain, et après-demain, faisons l’amour et non la guerre !
*à paraître
Fatoumata Sissi Ngom est écrivaine sénégalaise, analyste de politiques et ingénieur en mathématiques financières et en informatique.
VOIX DE FEMMES POUR UN RETOUR A LÉTAT DE DROIT ET LA DÉMOCRATIE
Emprisonner arbitrairement et rechercher un motif secondairement est devenu le sort des opposants trop visibles ou des journalistes trop curieux. Sommes-nous en État de siège ou en guerre ? COLLECTIF DE FEMMES POUR LA DÉFENSE DE LA DÉMOCRATIE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Collectif de femmes pour la défense de la démocratie, reçu ce 22 mars, à propos de la situation sociopolitique nationale.
« Nous, femmes politiques, femmes de la société civile, citoyennes anonymes, nous présentons devant le peuple sénégalais et même l’Afrique toute entière pour nous indigner de la situation actuelle de notre pays, ce cher Sénégal.
Nous nous engageons à participer au combat pour le rétablissement de l’État de droit et à faire avancer le capital démocratique sénégalais obtenu au fil des luttes depuis notre accession à l’indépendance.
La nation sénégalaise est fondée sur le dialogue et un contrat social ; ces fondements nous ont permis de traverser plusieurs crises forgeant notre modèle de société. La sacralité de la parole donnée, surtout en public et à l’adresse des autorités, figure en bonne place dans ce contrat.
Aujourd’hui, nous assistons les bras croisés à la destruction planifiée de ces piliers du fait des inégalités en tous genres, du désordre institutionnel et du rétrécissement de l’espace de rencontres républicaines.
En ces années 2020, la maturité politique des sénégalais appelle à un débat de confrontation sur les projets de sociétés des uns et des autres. Mais la judiciarisation voire criminalisation de l’action politique met le pays en ébullition et relègue ces questions importantes au second plan.
Emprisonner arbitrairement et rechercher un motif secondairement est devenu le sort réservé aux opposants trop visibles ou aux journalistes d’investigation trop curieux. La décision de couper le signal d’une télévision est devenue une formalité déconcertante.
Les libertés d’expression et d’informer sont ainsi sérieusement compromises par ces intimidations.
Pour l’opposition, organiser un rassemblement ou une marche relève du parcours du combattant quand un préfet se donne le pouvoir de supplanter les droits institutionnels par des arrêtés !
*Il est devenu banal de voir un procureur rajouter des chefs d’inculpation dans un dossier opposant deux citoyens. Dans le même temps, le tempo de l’instruction est dicté par le statut de l’incriminé et le calendrier électoral. C’est ainsi que les centaines de rapports produits depuis 2012 par les corps de contrôle pointant la mauvaise gestion et des détournements caractérisés de ministres, directeurs et agents administratifs étiquetés de la mouvance présidentielle sont mis sous le coude tandis que d’autres sont traités avec une diligence suspecte.
**Ces jours-ci la machine est devenue incontrôlable
*La disparition de citoyens ou leur mort sans enquête n’étonne plus personne ce qui est un signe de déshumanisation de notre société.
*Un membre de la société civile a été poursuivi sur la Corniche et sa voiture criblée de balles. Qui sont ces personnes habillées ou déguisées en force de l’ordre ? Personne ne pouvait s’imaginer que de tels actes puissent se produire dans notre pays. Et pourtant, à lire les Unes des journaux les jours qui ont suivi cette tentative d’assassinat, cela semble susciter peu d’intérêt !
*Des scènes inimaginables se sont produites: un citoyen confiné chez lui et le quartier bouclé sans qu’aucune notification administrative ou judiciaire ne viennent sous-tendre de tels actes ;
*des vidéos de citoyens brutalisés par des nervis protégés par les forces de l’ordre, de véhicules vandalisés, des substances inconnues aspergées directement sur des personnes par des éléments de sécurité, de refus de laisser passer une ambulance font le tour des réseaux sociaux.
On est où ?? Sommes-nous en État de siège ou en guerre ?
Qu’est-il advenu de l’esprit républicain dans l’exercice du maintien de l’ordre et de la déontologie de l’appareil judiciaire ? Les policiers et gendarmes ont-ils le quitus pour s’attaquer au peuple en tirant à balle réelle et créer un climat de panique ? Les enseignes étrangères méritent elle plus de sécurité que les quartiers résidentiels ou populaires ? Des centaines d’opposants arrêtés sont délibérément confondus avec les casseurs dans les médias et présentés comme des trophée de guerre. In fine, les prisons sont devenus le 47ème département du Sénégal !
*Nous sommes à un an de l’élection présidentielle et nous ne maîtrisons pas notre destin : entre la hache judiciaire et le couperet du parrainage qui sera candidat ? Le président voudrait décider seul du destin des 17 millions de Sénégalais en domestiquant l’appareil judiciaire, l’administration territoriale et une certaine société civile.
Alors qu’être électeur est un droit constitutionnel, comment admettre que le jeune qui dispose d’une carte nationale d’identifié à sa majorité se voit privé du droit de vote ipso facto et contraint de galérer pour jouir de ses droits civiques ?
Comment comprendre que la durée des inscriptions sur les listes électorales passe de 90 à 24 jours dans un pays où plus 300 000 âmes atteignent la majorité chaque année ?
Quand on a le souci de bâtir une conscience citoyenne, on procède autrement.
Ce climat anxiogène d’insécurité institutionnelle nous affecte tous et ternit la réputation du Sénégal jadis exemple cité en Afrique pour sa paix, sa stabilité et ses forces régulatrices.
De fait les barrières tombent une à une sous les coups de boutoirs de la corruption et ce pays au visage défiguré ne peut se suffire d’un développement uniquement matériel ou l’humain et la nation sont balafrés par l’insuffisance de la disponibilité des minimas sociaux et la mauvaise gouvernance.
Le tout répressif n’est certainement pas la solution et, à ce rythme, les uniformes et les bottes remplaceront les boubous et les costumes à la salle du Conseil des ministres. Ce sera comptabilisé dans l’héritage d’un président qui aura perduré le jeu du « ni oui, ni non ».
Quel sinistre destin ce serait pour notre cher pays en cette année 2023 !!
Alors nous les femmes,
*prenons nos responsabilités devant Dieu et devant le peuple sénégalais pour donner écho à la parole de femme sénégalaise face à l’histoire.
*Combattons ceux qui détruisent le pays et ne laisserons pas l’appétit insatiable du pouvoir qui a gagné le locataire de l’avenue Roume nous emporter.
*Ne servons pas ce qui restera du pays, après nous être étripés, aux prédateurs qui rôdent autour de nous et qui hypothèquent notre avenir par les contrats mal négociés, la dette et la surexploitation de nos ressources!
Ne leur facilitons pas la tâche par manque de clairvoyance !
*Nous pensons qu’il est indispensable de se battre pour faire renaître la nation sénégalaise et qu’il nous faut accepter que ce combat contient plusieurs volets donc beaucoup acteurs et que le facteur temps est aussi à prendre en considération.
*Comme en 68, nous disons au président que nous lui avons seulement confié la gestion du pays dans un cadre normé qu’est la constitution; nous attendons de lui qu’il nous respecte et nous rende des comptes. Il n’est pas seulement comptable des infrastructures ; il l’est aussi pour tout ce que le Sénégal sera devenu entre 2012 et 2024.
*Les Femmes demandent de libérer le peuple en respectant le contrat qui nous a lie depuis 2012 et qu’il a répété urbi et orbi à savoir que la question du 3ème mandat est définitivement réglée institutionnellement et moralement et qu’il prépare des élections libres, apaisées et transparentes pour que le peuple sénégalais dessine son destin à sa guise.
*Les femmes exigent l’arrêt des intimidations, des arrestations tous azimuts et rappellent que les forces de l’ordre sont aussi soumises aux lois du pays. Leur omniprésence massive crée plus de désordre car elle suscite angoisse et colère auprès de la population et surtout chez les jeunes.
*Les femmes rappellent aux magistrats le rôle centrale qu’ils jouent dans la nation dès lors que le respect de leur déontologie guide leurs pas dans l’exercice de leur fonction.
Les femmes demandent d’assainir la gestion du pays en mettant un terme à la cleptomanie régnante et à la gabegie métastasée dans les sphères de l’administration centrale et les collectivités territoriales.
*Les femmes demandent le retour de la compétence et du savoir être comme valeur cardinale pour occuper une fonction.
De même elles travaillent à l’éradication de l’achat de conscience des régulateurs sociaux de tous bords pour leur redonner leur rôle central dans la pacification du pays.
*Les femmes seront au premier plan pour négocier et fumer le calumet de paix mais aussi pour sortir massivement et pacifiquement brandir des pancartes et prendre la parole.
Notre objectif est de revendiquer la restauration de la dignité des sénégalais et du Sénégal. »
ELGAS FAIT SALLE COMBLE À LA GALERIE TALMART
La galerie de poche Talmart, près de Beaubourg à Paris, a fait le plein mardi 21 mars soir pour le lancement du 22e livre de poche de la collection Pépites : Les Bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial du sociologue et écrivain sénégalais
La galerie de poche Talmart, tout près de Beaubourg à Paris, a fait le plein mardi 21 mars au soir pour le lancement du 22e livre de poche de la collection Pépites : Les Bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial du jeune sociologue et écrivain sénégalais Elgas. Quelque soixante personnes se sont pressées dans l’espace où s’affiche en prévisualisation la belle exposition de photos d’Adama Sylla et ont bu les paroles de l’auteur qui est revenu sur la genèse de cet essai déjà très remarqué.
“Brûlot iconoclaste” selon En attendant Nadeau, “petite bombe dans le monde des idées postcoloniales” selon Le Point. Il s’agit surtout et de façon très argumentée et référencée pour l’auteur de replacer le débat décolonial actuel en France dans l’espace et le temps plus grands de la pensée critique en pointant l’incohérence des anathèmes et la contradiction des censeurs.
Place aux choses sérieuses. Après quelques jours de violences, le calme, même précaire, doit prendre toute sa place. Ramadan oblige. Et ventre creux n’a point d’oreille.
Place aux choses sérieuses. Après quelques jours de violences, le calme, même précaire, doit prendre toute sa place. Ramadan oblige. Et ventre creux n’a point d’oreille. Encore que les grenades lacrymogènes sont irrésistibles. Espérons que la violence va aussi observer le jeûne. Mais attention à une rupture le 30 mars. Cette datte peut ne pas être sucrée. Elle pourrait être amère comme la date du 16 mars. Dans ce combat, il y a à boire et à manger. Mais abstinence !