L'analyste politique évoque depuis Washington au micro de VOA, la faillite de la banque SVB, l'insoluble équation de la régulation du port des armes et la précampgne électorale en perspective de 2024
L'analyste politique évoque depuis Washington au micro de VOA, la faillite de la banque SVB, l'insoluble équation de la régulation du port des armes et la précampgne électorale en perspective de 2024. Entretien à suivre à partir de la 9e minute du journal.
MACKY VS SONKO, LES NOUVEAUX CONTOURS DU COMBAT
La multiplication des initiatives des responsables de la coalition Yewwi Askan Wi (opposition) tend à faire barrage autour du leader de Pastef, accusé de « diffamation, injures, faux et usage de faux ».
La multiplication des initiatives des responsables de la coalition Yewwi Askan Wi (opposition) tend à faire barrage autour du leader de Pastef, accusé de « diffamation, injures, faux et usage de faux ». Il s’agira de « dénoncer les arrestations abusives, l’instrumentalisation de la justice et barrer la route à ce pouvoir véreux ». Radicale jusqu’au bout des ongles, cette partie de l’opposition a prévenu qu’avec ou sans autorisation, les manifestations vont se tenir.
Presque un mois après les troubles du 16 février lors desquels Ousmane Sonko a été extrait de son véhicule avec une vitre cassée, le pays retient encore son souffle. Et lorsque le leader de Pastef a été conduit illico presto chez lui par les gendarmes, beaucoup de ses partisans avaient averti que « rien ne sera plus comme avant ». Une cagnotte a été lancée par la « Mafia kacci kacci » pour assurer au maire de Ziguinchor un véhicule blindé. Pour ces manifestations, tous les responsables de Pastef ont battu le rappel des troupes pour « sécuriser » leur leader.
Pour sa part, l’Etat ne compte pas faiblir pour garantir l’ordre public. Et c’est le ministre de l’Intérieur qui est monté au créneau pour le faire savoir. « J’ai rappelé tantôt que nous sommes une République démocratique et tout le monde le sait. Il y a une expression plurielle des opinions à travers le pays mais, les libertés sont également encadrées et leurs limites ce sont les droits des autres. Ce n’est pas parce qu’on a des droits qu’on peut empêcher aux autres d’exercer les leurs », a dit Antoine Diome, ce week-end, lors de la cérémonie officielle du Daaka.
En écho, l’Apr accuse Yewwi de « lancer un défi à l’État de droit » en appelant à « violer la loi et semer le trouble » à travers tout le pays. « En prélude à un procès judiciaire prévu le 16 mars, après l’indécent et honteux "gatsa gatsa" élevé au rang d’offre politique et de programme de campagne, c’est persister dans leur volonté de rendre notre pays ingouvernable, d’attaquer sa stabilité pour créer, au travers d’émeutes organisées, de guérillas coordonnées, d’une insurrection générale planifiée pouvant mener à une guerre civile », accuse le Secrétariat exécutif national (Sen) du parti au pouvoir.
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DÉMONSTRATION DE FORCE DE YAW
Des milliers de partisans de l'opposition se sont rassemblés mardi à Dakar, première étape d'une séquence à risques avec des marches annoncées dans le pays mercredi et le procès prévu jeudi du leader de Pastef Ousmane Sonko
Les tensions vont grandissant à moins d'un an de la présidentielle au Sénégal, considéré comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée. Les dossiers judiciaires ouverts contre l'opposant Ousmane Sonko et l'hypothèque qu'ils font peser sur sa candidature à la présidentielle sont sources de crispations, tout comme le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat.
Le rassemblement de mardi visait à faire cesser "l'instrumentalisation" de la justice ainsi que les arrestations "arbitraires", selon les organisateurs. "Je suis venu soutenir Ousmane Sonko dans son combat contre l'injustice et la corruption", a déclaré à l'AFP Mohamed Dia, technicien en télécommunications de 32 ans, avant la prise de parole des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW, Libérons le peuple). "Je suis venu assister à ce meeting pour qu'il y ait un changement. Que Macky Sall laisse Sonko tranquille", a lancé Mamadou Dione, un maçon de 48 ans. Autour d'eux, dans ce quartier populaire de la capitale, des militants dansaient et chantaient en tee-shirts, casquettes et châles aux couleurs du Sénégal et à l'effigie d'Ousmane Sonko, a constaté un journaliste de l'AFP. Les propriétaires des échoppes et magasins environnants ont tous fermé boutique par sécurité.
- Meeting autorisé -
Les autorités ont autorisé le meeting alors que l'opposition avait prévenu qu'elle passerait outre à une éventuelle interdiction. Plusieurs de ses manifestations ont été interdites ces derniers mois. "S'il n'y a pas de risque notoire, on autorise. S'il y a un risque, on n'autorise pas parce qu'on doit concilier le droit à la manifestation mais le droit aussi à la quiétude, à la libre circulation des personnes et des biens et au bon fonctionnement des institutions", a déclaré à des journalistes le porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana.
La mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés avait contribué en mars 2021 à déclencher des émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts. M. Sonko réfute les accusations de viols et crie au complot pour l'éliminer politiquement. La justice l'a renvoyé devant un tribunal pour un procès à une date non déterminée. Il est dans une affaire distincte poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, pour "diffamation, injures et faux". Son procès est prévu jeudi.
Ces deux procédures pourraient sceller sa candidature à la présidentielle de 2024, les textes prévoyant une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation. M. Sonko, 48 ans, tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Il pilonne l'emprise économique et politique exercée selon lui par l'ancienne puissance coloniale française et les multinationales.
Dans un communiqué publié lundi, l'Alliance pour la République, le parti du président Sall, a accusé M. Sonko et son parti, le Pastef, de "logique insurrectionnelle". "C'est par la violence que Pastef et son leader tentent de se soustraire à la justice", selon le communiqué.
ATTENTION AU CHAOS
Entre des opposants décidés à manifester pendant 3 jours et un Etat droit dans ses bottes, le Sénégal risque de renouer avec les démons de la violence politique à partir d’aujourd’hui.
Entre des opposants décidés à manifester pendant 3 jours et un Etat droit dans ses bottes, le Sénégal risque de renouer avec les démons de la violence politique à partir d’aujourd’hui. En filigrane, c’est un autre round du « Mortal combat » entre Macky Sall et Ousmane Sonko, à moins d’un an de la Présidentielle de 2024.
« La politique est un sport de combat, une guerre sans pitié. Ce n’est pas l’amour du prochain mais la haine de l’autre, du rival du ‘‘frère’’ qui guide l’homme politique. Pour combattre, détester et au final ‘‘tuer’’ le rival qui lui est plus proche. » Aussi loin que la France des années François Mitterrand jusqu’au magistère à l’Elysée de Nicolas Sarkozy, la rhétorique de Renaud Dély et Henri Vernet dans l’ouvrage « Tous les coups sont permis », trouve écho au Sénégal qui avance vertigineusement vers le pire et flirte avec le précipice.
Entre Macky Sall et Ousmane Sonko, l’opposition latente au début a accouché d’un conflit ouvert. Le Président, 61 ans, et son principal opposant, 48 ans, se livrent à un « Mortal kombat » dont l’issue risque de faire gicler du sang dans la rue à moins d’un an de l’élection présidentielle. Deux personnalités que tout oppose et qui se regardent en chiens de faïence. 14 personnes ont péri en mars 2021 lors du premier grand combat quand Ousmane Sonko, accusé de « viol et menaces de mort », a été arrêté, déclenchant des émeutes dans plusieurs grandes villes du pays.
Attention au chaos à partir de ce mardi ! A l’appel de la coalition Yewwi askan wi, première force de l’opposition, il est prévu des activités qui peuvent faire sombrer le pays dans la violence politique. D’abord, Yewwi compte tenir un « giga meeting » au Terrain Acapes des Parcelles assainies.
Lors du point de presse des leaders de cette coalition, jeudi dernier, Khalifa Sall avait sonné la charge : « Le 14 mars sera le premier rendez-vous après que la date de la Présidentielle a été fixée. Je tends la main à toute l’opposition ainsi qu’à toute la société civile. On n’acceptera pas que le Président élimine des candidats et que la Présidentielle ne se déroule pas normalement. » Il est aussi annoncé une marche, demain, dans les 46 départements à l’appel de Pastef, et un rassemblement massif au tribunal, jeudi, pour assister au procès de Ousmane Sonko face à Mame Mbaye Niang.