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13 juin 2025
MACKY ENTRE LE MARTEAU DU FMI ET L’ENCLUME DES CENTRALES SYNDICALES
Alors que l’institution de Bretton Woods a félicité le Sénégal pour les mesures prises tendant à baisser les subventions, les centrales syndicales de notre pays, elles, ruent dans les brancards et menacent de se faire entendre.
La décision prise par l’Etat d’augmenter les prix de l’essence super, du gas-oil et de l’électricité n’est pas du goût des principales centrales syndicales du pays. En effet, les secrétaires généraux membres de la Coalition des confédérations syndicales de travailleurs et travailleuses du Sénégal (CCSS) regroupant la CNTS, la CSA, la CNTS/FC, l’UDTS et l’UNSAS se sont catégoriquement opposés à la hausse des prix du carburant et de l’électricité. Conséquence : le président Macky Sall est ainsi entre le marteau du FMI qui applaudit à la baisse des subventions sur le carburant et l’électricité, d’une part, et l’enclume des centrales syndicales qui haussent le ton.
Samedi 7 janvier dernier, l’Etat a pris la décision d’augmenter le coût du litre de gasoil et d’essence de 100 francs CFA. L’électricité a également connu une hausse. Une décision imposée par le Fonds monétaire international (FMI) qui avait menacé l’Etat du Sénégal de ne plus l’appuyer s’il ne respectait pas la vérité des prix de l’énergie. Bien que soucieux d’atténuer la souffrance des Sénégalais, Macky Sall et son gouvernement ne pouvaient pas refuser l’argent de l’institution de Bretton Woods dont ils ont besoin cruellement. A preuve, dès que le Sénégal a satisfait la conditionnalité relative à la réduction des subventions sur les prix de l’électricité, du gasoil et de l’électricité, le Fmi a débloqué un pactole de 133 milliards de frs. Dans la foulée, après avoir affichait sa satisfaction devant la réussite du Programme de l’Instrument de coordination des politiques(ICPE), il s’est félicité, à travers son conseil d’administration, de la décision du Sénégal de réduire les subventions à l’énergie en 2023 et à supprimer progressivement les subventions à l’énergie à l’horizon 2025. C’est-à-dire après la prochaine élection présidentielle ! « Conjugués à une meilleure mobilisation des recettes, ces efforts devraient contribuer à reconstituer les marges budgétaires et à placer la dette publique sur une trajectoire résolument descendante à moyen terme » a commenté ce lundi Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim du conseil d’administration du FMI
Mais si, à Washington, on applaudit la hausse des prix de l’électricité et du carburant, ce n’est pas le cas au niveau des centrales syndicales nationales. Pour cause, la décision annoncée vendredi et entrée en vigueur samedi dernier n’a du tout pas plu à ces représentants des travailleurs. En effet, les secrétaires généraux membres de la Coalition des confédérations syndicales de travailleurs et travailleuses du Sénégal (CCSS) regroupant la CNTS, la CSA, la CNTS/FC, l’UDTS et l’UNSAS se dit catégoriquement opposée à la hausse des prix du carburant et de l’électricité. «... Nous félicitons le gouvernement des récentes mesures prises au cours de l’année dernière, à savoir la réduction des prix des denrées de première nécessité, l’augmentation des salaires des agents de l’État, l’élargissement du périmètre des bénéficiaires des bourses familiales et de la revalorisation de la bourse », ont d’abord indiqué les confédérations membres de cette coalition. Pour autant, soutiennent-elles, « tous ces efforts soutenus et réaffirmés dans le discours du chef de l’État lors de son adresse à la Nation, le 31 décembre dernier, sont littéralement amortis par cette hausse brutale annoncée sur les prix du carburant et de l’électricité ».
LES SYNDICATS DE L’ÉNERGIE : « Cette décision est inacceptable... »
Et de marteler que cette hausse est tout simplement inacceptable puisque «la pression des majors du pétrole pour une dette de 500 milliards et les injonctions du Fonds monétaire international (FMI) relatives à la suppression de la subvention sur l’énergie ne sauraient justifier une mise en péril de la stabilité sociale de notre pays, après tant de sacrifices consentis.» Dans tous les cas, la justification donnée par les autorités est, selon Mody Guiro, Cheikh Diop, Mademba Sock, Elimane Diouf et Cie, difficile à comprendre surtout après le vote du budget de 2023 « proclamée année sociale et dont une partie, nous signale-t-on, est consacrée à soutenir la consommation des ménages déjà éprouvés par une inflation des prix qui a déjà atteint des proportions inquiétantes de plus de 17 % à fin novembre 2022 ». La Coalition des centrales syndicales invite, à cet effet, le gouvernement et le patronat à ouvrir des négociations dans les meilleurs délais avec les organisations syndicales, pour une augmentation des salaires dans le secteur privé afin d’atténuer les souffrances des travailleurs. Les secrétaires généraux ont aussi, dans leurs revendications, exhorté le gouvernement à revoir sa copie et à privilégier le dialogue social, dans la recherche de solutions à l’épineuse question de l’énergie. Un Gouvernement décidément pris en étau entre le marteau du Fmi et l’enclume des centrales syndicales !
MANSOUR FAYE, MONSIEUR BEAU-FRÈRE, UN INTOUCHABLE
Epinglé par la Cour des comptes et malgré sa responsabilité morale dans les drames routiers, le grand-frère de la Première dame Marème Faye Sall, lui, n’a jamais été aussi serein
Ministre de la Santé et de l’Action sociale au moment des faits, Abdoulaye Diouf Sarr avait été limogé après la mort dans un incendie de 11 bébés à l’hôpital de Tivaouane. Aliou Sall, le jeune frère du président de la République, avait été contraint à la démission après avoir été mis en cause par un documentaire de la BBC dans une affaire de corruption concernant le pétrole sénégalais. Mansour Faye, le grand-frère de la Première dame Marème Faye Sall, lui, n’a jamais été inquiété malgré les nombreuses casseroles qu’il traîne.
Trois semaines après avoir été accusé de corruption dans un reportage de la BBC à propos du pétrole et du gaz découverts dans notre pays, le petit frère du président de la République, Aliou Sall, avait pris la décision, en juin 2019, de démissionner de la tête de la Caisse des dépôts et consignations. L’ancien maire de la ville de Guédiawaye avait justifié son choix de démissionner en soulignant que c’était « à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité ». Une démission adressée à « Monsieur le président de la République, qui, au-delà du même sang que nous partageons, sait, mieux que quiconque, dans quel moule de vertu, de sagesse et d’humilité nous avons été éduqués ensemble... », indiquait Aliou Sall qui avait aussi pris cette décision pour soulager son président de la République de grand-frère. Après Aliou Sall, Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé et de l’Action sociale, avait été contraint de rendre le tablier après de nombreux drames survenus dans son secteur. La mort par incendie de 11 bébés au service de néonatologie de l’hôpital de Tivaouane avait été la goutte d’eau de trop qui avait emporté l’ancien maire de Yoff. Le drame de trop après la mort dans un incendie de quatre nourrissons survenue en avril 2021 à l’hôpital de Linguère. Sans oublier le décès d’une parturiente, Astou Sokhna, 34 ans, à la même période à l’hôpital de Louga à la suite de négligences médicales.
Épinglé par la Cour des comptes, Mansour Faye n’est toujours pas inquiété...
Le rapport de la Cour des comptes sur la gestion desfonds Force Covid-19 entre 2020 et 2021 a mis à nu les malversations de certains démembrements de l’Etat qui étaient en charge desdits fonds. Mansour Faye, l’alors ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, a aussi été épinglé dans ledit rapport qui révèle une surfacturation de 2,5 milliards sur un marché de riz attribué dans le cadre de la riposte contre la Covid-19. Malgré ce scandale, le beau-frère du président de la République n’a pas été inquiété. Au contraire, il a même qualifié certains vérificateurs de la Cour des comptes de « politiciens encagoulés ». Le beau-frère du président de la République continue donc de siéger tranquillement au gouvernement où il a en charge le département des Transports terrestres, des Infrastructures et du Désenclavement. Ce même ministère qui continue de faire parler de lui à cause des nombreux accidents de la circulation qui endeuillent nos compatriotes. Lui-même a reconnu ce fait suite au terrible accident qui a fait une quarantaine de morts à hauteur de Kaffrine ce weekend. Car, en en donnantson avissur l’accident, Mansour Faye a révélé un laxisme manifeste concernant les contrôles techniques des véhicules. « Il n’y a qu’un seul centre et il se trouve à Dakar. Les régions n’en ont pas. Donc les véhicules quis’y trouvent ne font pasl’objet d’une vraie visite. -‘Dagnouy taf yeungeul rek»- On colmate çà et là pour après leur délivrer le feu vert », at-il reconnu lors de son déplacement sur les lieux du drame.
Des propos qui sonnent comme un aveu dansla mesure où le ministre des Transports terrestres reconnaît entre les lignes qu’il n’a jamais travaillé de manière efficiente pour régler un problème aussi essentiel dans le secteur des transports, plus particulièrement l’état des véhicules, que la visite technique. Car, sans celle-ci, aucun véhicule ne doit circuler. Ce dès lors que c’est une question de vie ou de mort. Si la Première dame, Marème Faye Sall, n’a pas mis son coude sur le dossier de son frère, il est temps que le président de la République prenne pour une fois ses responsabilités en limogeant Mansour Faye ou en le contraignant à la démission. Sinon tout le monde continuera à croire que Mansour, le beaufrère, est un intouchable !
Par Mamadou Oumar NDIAYE
ON IRA TOUS AU PARADIS
S’imaginer qu’avec quelques mesures on va remettre les Sénégalais sur la voie de la discipline, de l’effort, du respect des lois, règlements, codes et autres normes, c’est se gourer profondément et se bercer d’illusions
Après le drame survenu dans la nuit de samedi à dimanche aux environs de Kaffrine et qui a endeuillé toute la Nation avec ses désormais 40 morts — ce qui en fait l’accident de la route le plus meurtrier de l’histoire du Sénégal —, la réaction du président de la République a été admirable, assurément. Un président de la République pour une rare fois empathique et dont la réactivité a séduit nos compatriotes.
En effet, non seulement Macky Sall s’est rendu toutes affaires cessantes sur les lieux du drame — alors qu’il aurait pu se contenter d’envoyer son ministre des Transports voire son Premier ministre— mais aussi à l’hôpital de Kaffrine où ils’est penché au chevet des blessés après avoir visité la morgue et réconforté les familles des victimes. Comme si cela ne suffisait pas, en bon général, il a coordonné les opérations de secours et d’assistance tout en instruisant le Premier ministre de convoquer un conseil interministériel dès le lendemain consacré aux transports ainsi qu’à la sécurité routiers. En même temps, il a décrété un deuil national de trois jours. Un conseil interministériel qui a accouché de 22 nouvelles mesures censées juguler ces accidents qui déciment nos compatriotes sur les routes. Enfin, pas tout à fait puisque certaines d’entre elles figuraient déjà parmi les 10 commandements adoptés en février 2017 au lendemain d’un accident de la route qui avait fait 16 morts. Des « commandements » dont la plupart n’avaient pas dépassé le stade des effets d’annonce.
Mais enfin, le président de la République a eu le mérite de vouloir prendre le taureau par les cornes et de s’attaquer à un fléau qui fait quelque 700 morts par année, des milliers d’infirmes et des dégâts matériels se chiffrant à 160 milliards de francs soit l’équivalent du PIB national ! Ces 22 mesures étant prises au début de la nouvelle année, en pleine période de nouvelles résolutions, donc, que les chauffards et autres contrevenants au Code de la route se le tiennent pour dit, ils ne perdent rien pour attendre. Comme le disait le président russe à propos des rebelles tchétchènes qui multipliaient les attentats jusqu’en Russie, le gouvernement du président Macky Sall est déterminé à poursuivre ces semeurs de morts sur nos routes « jusque dans les chiottes » et à leur faire rendre gorge. Tremblez chauffards, tremblez conducteurs sous l’emprise de l’alcool ou du chanvre indien, gare à vous modificateurs des structures des bus, ajouteurs de bancs « versailles » et de porte-bagages sur les toits de véhicules de transport en commun ! La sanction du gouvernement sera tout simplement implacable. Surtout que, pour montrer qu’il ne blague pas, un officier supérieur va être nommé à la tête d’une structure chargée de superviser l’application des mesures prises lundi dernier. 22, v’là les flics !
Tout en saluant encore une fois la volonté louable du président de la République, guidé par un souci sincère d’épargner les vies de ses compatriotes, de s’attaquer au fléau des accidents de la route, qu’il nous permette cependant de prédire que les nouvelles mesures, pas plus que les précédents 10 commandements de février 2017, ne règleront rien pour la bonne et simple raison qu’elles ne seront pas appliquées. Ou alors, et même si par extraordinaire elles l’étaient, cela ne se ferait pas dans la durée. D’abord parce qu’on est en pleine année pré-électorale, une période toujours propice à toutes les surenchères, à tous les chantages et à toutes les revendications. Ce que les syndicats des transporteurs et des conducteurs n’ignorent pas ! Conscients de leur poids électoral, ils n’hésiteront pas à en user pour imposer leurs exigences à un président de la République prêt à tout pour obtenir un troisième mandat. Surtout que ces mesures sont prises au lendemain d’une augmentation des prix de l’essence super et du gas-oil qui mettait déjà chauffeurs et transporteurs vent debout malgré la sucette de 25 milliards de francs destinée à les amadouer en rendant la pilule moins amère. Ensuite, tout le monde sait que les Sénégalais, passé le moment d’émotion, retournent bien vite à leurs bonnes — plutôt mauvaises ! — vieilles habitudes. Si malgré le drame du « Joola », qui fut la plus grande catastrophe maritime de l’Histoire, ils n’ont pas changé de comportements, ce n’est certainement pas le drame de Sikilo avec ses 39 ou 40 morts qui réussira le miracle de les transformer. Il ne faut pas rêver ! Pendant quelques semaines, voire quelques mois, on fera de la gesticulation et ça s’arrêtera là. Encore une fois, ce n’est pas ici la volonté ou la sincérité du président de la République qui est en cause. Non, c’est plutôt nos comportements qu’il faut interroger !
Au pays où le faux est Roi !
C’est que le mal est tellement profond, la société sénégalaise tellement pourrie et corrompue, les fondations à ce point vermoulues que, franchement, j’ai beau réfléchir, je ne vois tout simplement aucun président de la République, aucun homme fort, aucun démiurge, aucun régime pour changer les choses. Sauf à tout raser et reconstruire ! Ou alors à bénéficier d’un Yaya Jammeh… Le faux s’est tellement incrusté dans notre pays et à tous les niveaux qu’il est impossible, je dis bien impossible, de l’en extirper. Autant essayer d’arrêter la mer avec ses bras. Ce que je dis là, évidemment, s’applique à tous les présidents de la République, aussi bien ceux qui ont dirigé ce pays qu’à ceux présideront à ses destinées dans le futur. S’imaginer qu’avec quelques mesures on va remettre les Sénégalais sur la voie de la discipline, de l’effort, du respect des lois, règlements, codes et autres normes c’est se gourer profondément et se bercer d’illusions. Voyez-vous, nous avons le sentiment d’être sortis de la cuisse de Jupiter, d’être les enfants préférés de Dieu, le peuple le plus intelligent de la terre, un peuple à ne surtout pas comparer aux gnaks africains et auquel il ne pourra arriver rien de fâcheux vu les bénédictions des saints qui reposent sous son sol. Et qui, donc, peut se permettre de bricoler les pièces détachées des véhicules à l’opposé des indications des constructeurs, de prolonger ad vitam aeternam leur âge par des subterfuges, à recycler à l’infini c’est-à-dire jusqu’à plus lisse qu’un œuf les pneus, de rouler dans des voitures sans freins et souvent sans phares ou feux de signalisation, de surcharger en passagers et en bagages au mépris de tout équilibre les cars de transport en commun, de traiter par-dessus la jambe les dispositions du code de la route etc. Bien évidemment, l’écrasante majorité de ceux qui s’adonnent à ces pratiques désinvoltes ont acheté leurs permis de conduire, disposent de fausses cartes grises, lorsqu’ils en ont, ont acheté leur attestation de visite technique, roulent sans assurance si ce n’est celle du Seigneur : « Yalla bakhna ! »
« Yalla Bakhna » !
Regardez donc les cars de transport en commun — surtout interurbains — dans lesquels nos compatriotes sont entassés, même pas dignes de contenir des animaux à plus forte raison des êtres humains ! Des cars datant de Mathusalem, retirés de la circulation en Europe depuis belle lurette, stockés dans des cimetières pour véhicules et récupérés par des margoulins qui viennent les recycler chez nous avec la bénédiction des autorités pour convoyer le bétail humain que nous sommes. Un tour dans nos gares routières — ou ce qui en tient lieu — permet de se faire une idée de ces cercueils roulants qui constituent l’essentiel du parc national de véhicules de transport public de voyageurs (Tpv). Mais surtout, alors que dans tout pays normal il y a des gares routières dédiées, le Sénégal se devait naturellement d’être l’exception qui confirme cette excellente règle ! Chez nous, bien que disposant avec les Baux maraîchers de la gare routière la plus moderne d’Afrique de l’Ouest francophone — et qui est devenue aujourd’hui une poubelle, hélas !, faute d’entretien —, certains gros malins, des féodalités pour la plupart, estiment que leur gare routière à eux, ce doit être leurs domiciles devant lesquels stationnent leurs bus « horaires » antédiluviens avec tout le bazar qui va avec. Pour chaque destination de l’intérieur du pays, pratiquement, son « garage » de quartier ou de domicile où les passagers embarquent ou débarquent dans un désordre indescriptible. Bien sûr, aucun sous-préfet, aucun préfet ou aucun gouverneur n’ose sévir contre ce bordel qui a envahi nos cités ! Car ces cars appartiennent la plupart du temps à des marabouts, à des politiciens ou à des fonctionnaires haut placés. Avec l’achèvement des travaux des Baux maraîchers, le Gouvernement avait dit qu’on allait voir ce qu’on allait voir et que toutes les « gares routières » privées seraient sommées de rejoindre la nouvelle infrastructure. On attend toujours…
Plus fondamentalement, la raison pour laquelle les Sénégalais ne changeront jamais de comportement, c’est que les remparts chargés de faire appliquer la loi se sont affaissés ! On dit que la peur du gendarme est le commencement de la sagesse. Sauf que, dans notre beau pays, nul n’a plus peur ni du gendarme, ni du policier, ni du magistrat, ni de rien du tout. Pourquoi donc avoir peur quand, sur les routes, avec 2.000 francs, que dis-je, 500 francs on peut régler son problème aussi compliqué soit-il ? Dans ces conditions, à quoi bon se fatiguer d’être en règle, c’est-à-dire de disposer des papiers requis pour conduire ou d’avoir un véhicule en bon état pour transporter des passagers. Il suffit de se munir de quelques billets de banque et le tour est joué ! C’est à ce point institutionnalisé aujourd’hui qu’au niveau de tous les « garages », de toutes les grandes artères, de tous les arrondissements, les transporteurs souscrivent journellement au « Samp », une « assurance » anti-contraventions qui leur assure la paix pendant 24heures. N’en disons pas plus… Ceci rien que pour donner une petite idée des excellentes pratiques qui prévalent dans le secteur des transports en commun. Pratiques qui constituent sans doute des péchés véniels par rapport à ce qui se fait ailleurs
Encore une fois, aussi méritoires que soient les efforts du président de la République, ils ne serviront à rien car nous ne voulons pas changer de comportements. La meilleure chose est donc de nous laisser tels que nous sommes. A chaque drame, on va être saisis par l’émotion, on va pleurer comme des madeleines, se rouler par terre, descendre (traduction littérale de faire des récitals) plusieurs fois le Coran, enterrer nos morts, promettre qu’on va changer nos façons de faire, respecter les lois, les règlements, les codes, faire preuve d’exemplarité…avant d’oublier toutes nos bonnes résolutions quelques semaines plus tard. Jusqu’au prochain drame. A quoi bon changer, du reste, puisque, plus grands musulmans et meilleurs dévots du monde, nous avons reçu l’assurance de Dieu lui-même que, quoi qu’il arrive, on ira tous au Paradis !
*Titre d’une chanson de Michel Polnareff sortie en 1972.
Ndlr : Les libérations annoncées ce mardi de Pape Alé Niang mais aussi du Pr Cheikh Oumar Diagne et du rappeur Abdou Karim Guèye « Xrum Xaxx » s’inscrivent assurément dans ce vent de décrispation que tous nos compatriotes, et les amis de notre pays, souhaitent voir souffler sur notre cher Sénégal. C’est un excellent pas dans la bonne direction !
«UNE VICTOIRE A LA FIN DU STAGE, C’EST BIEN POUR LA CONFIANCE»
Pape Thiaw, le sélectionneur national, tire un bilan positif de la phase de préparation bouclée à Tabarka en Tunisie par une précieuse victoire contre le Congo (I-0).
L’équipe nationale du Sénégal a engrangé de la confiance après la victoire obtenue lors de son dernier match de préparation contre le Congo ( 1-0). Avant de rallier ce mardi la ville d’Annaba pour le championnat d’Afrique des nations qui débutera ce vendredi 13 janvier en Algérie, Pape Thiaw, le sélectionneur national, tire un bilan positif de la phase de préparation bouclée à Tabarka en Tunisie par une précieuse victoire contre le Congo (I-0).
Au bout de leur préparation à Tabarka (Tunisie), l’équipe du Sénégal a rallié ce mardi la ville d’Annaba pour les besoins du championnat d’Afrique des nations qui démarre ce vendredi. Grâce à un coup franc de Lamine Camara , le Sénégal a terminé sa phase de préparation en Tunisie par une courte victoire (1-0) devant le Congo.
Un résultat positif qui a permis aux Lions d’engranger de la confiance avant leur entrée en lice dans la compétition africaine le 14 janvier. C’est du moins ce que retient le sélectionneur de l’équipe du Sénégal Pape Thiaw à la fin du stage. «Une victoire à la fin du stage, c’est bien pour la confiance. Le bilan est positif. Parce que les conditions de travail étaient très bonnes. Si on revient sur les deux matchs que l’on a fait ici. Ce que j’ai apprécié est que sur les deux matchs, l’équipe n’a pas pris de buts. Dans la compétition où l’on va, on a besoin d’une équipe très solide défensivement, très forte dans les transitions….Avec nos deux numéros six qui étaient devant la défense et qui récupéraient pas mal de ballons, on pouvait après installer notre jeu sur certaines phases. Même si on savait que c’était un match avec beaucoup de duels », a-t-il souligné au micro du service communication de la Fédération sénégalaise de foot. Le coach des Lions locaux a aussi relevé un match difficile face à son dernier adversaire du Congo.
« Nous avons joué contre une équipe qui était bien regroupé derrière et qui ne voulait pas prendre de buts. On était bien en place parce qu’on savait qu’il avait le jeu long. Mais on était présent sur les deuxième ballons », note- t-il, avant de préciser : «On sort d’un match très difficile avec une équipe du Congo très agressive. Au début du match, j’avais un peu peur pour mes joueurs. Mais tout s’est bien passé à la fin. On a vu une équipe du Congo très bien en place qui nous a bien posé des problèmes au début. On a marqué au début sur un coup franc de Lamine Camara mais on a peiné sur le dernier geste. Sur ces derniers jours, on a travaillé sur cet aspect. J’espère d’ici la compétition, cela va être quelque chose qui va nous faire du bien. Sur quatre matchs amicaux disputés depuis décembre, l’équipe du Sénégal a enregistré une victoire, deux matchs nuls et une défaite. Le Sénégal entre en lice le samedi 14 janvier contre la Côte d’Ivoire au stade d’Annaba pour le compte de la première journée du groupe B.
«LE RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES EST D’EXCELLENTE QUALITE»
Le Fmi suit de près la suite que le gouvernement donnera au rapport de la Cour des comptes transmis au procureur et invite à éviter la justice expéditive. C’est ce qu’a fait savoir le représentant-résident du Fmi, Mesmin Koulet-Vickot
Le Fonds monétaire international (Fmi) suit de près la suite que le gouvernement donnera au rapport de la Cour des comptes transmis au procureur. Toutefois, le Fmi invite à éviter la justice expéditive. C’est ce qu’a fait savoir à Dakar hier, mardi, le représentant-résident du Fmi, Mesmin Koulet-Vickot.
Intervenant hier, mardi, à Dakar, à la suite de l’approbation par le conseil d’administration du Fonds monétaire international (Fmi) de la dernière revue du Programme économique et financier du Sénégal soutenu par l’Instrument de coordination de la politique économique, la facilité du crédit de confirmation et l’accord de confirmation, le représentant résident du Fonds monétaire international à Dakar Mesmin Koulet-Vickot a clairement fait savoir que le rapport de la Cour des comptes était un bel exemple de transparence et de redevabilité.
Avant de saluer l’exhaustivité du rapport de la Cour des comptes décrié par le régime en place. « Le rapport de la Cour des comptes est un bel exercice de transparence et de redevabilité », a-t-il d’emblée reconnu. Ce qui, à ses yeux, «démontre la capacité et l’indépendance de la Cour des comptes du Sénégal à s’assurer du bon emploi de l’argent public et d’en informer les citoyens ». Ce qui d’ailleurs n’est pas évident dans « d’autres pays qui s’attachent les services d’un cabinet externe », reconnait l’économiste centrafricain et non moins fonctionnaire international du Fmi.
En fonction à Dakar depuis le 1er septembre 2020, le diplômé en économie internationale du Centre d’études et de recherche en développement international (Cerdi) de l’Université de Clermont 1-Auvergne en France de faire savoir que « le rapport de la cour des comptes est d’excellente qualité ». Argumentant, il dira : « Ce rapport révèle de sérieuses irrégularités et a formulé des recommandations. Le gouvernement s’est engagé à donner une suite et le Fmi en tant que bailleur à hauteur de 40% de ce rapport va être attentif et continuer à accompagner le gouvernement à mettre en œuvre lesdites recommandations.
Le rapport de la Cour des comptes transmis au procureur
Désormais chose faite ! Le rapport de la Cour des comptes a été transmis au procureur de la République qui à son tour devra faire le nécessaire relativement aux recommandations de l’instance de contrôle juridictionnel des comptes des comptables publics, du contrôle de l’exécution des lois de finances, du contrôle du secteur parapublic et de la sanction des fautes de gestion, a révélé le représentant-résident du Fmi, Mesmin Koulet-Vickot. « Nous avons échangé avec le ministre de la Justice sur le rapport et il nous fait savoir que le rapport a été transmis au procureur », a-t-il fait savoir.
L’ancien économiste principal au département de la monnaie et des marchés de capitaux (2016-2020) et au département Afrique du Fmi (2009- 2016) de rappeler que des mesures fortes ont été prises pour éviter la répétition des irrégularités avec le Code des marchés publics qui encadre au mieux les procédures dérogatoires dans la passation des marchés. Sur ce, il souligne premièrement que lors des échanges avec le gouvernement, « celui-ci (gouvernement) a reconnu que la situation d’urgence n’entravait en rien le respect de l’article 3 dudit code. Par conséquent, le cas pouvait être bien traité en application au code en vigueur. Deuxième irrégularité, l’une des causes de cette irrégularité, ce sont les transferts budgétaires vers les entités de l’administration centrale, notamment à des personnalités de l’Etat qui ont des comptes personnels. Et troisièmement le renforcement du dispositif du transfert monétaire ».
QUAND MACKY LAVE PLUS BLANC
Alors que leur gestion est très souvent mise en cause par les rapports des différents corps de contrôle public, les ministres et autres directeurs généraux font rarement pour ne pas dire jamais, objet d’une procédure judiciaire
Alors que leur gestion est très souvent mise en cause par les rapports des différents corps de contrôle public, les ministres et autres directeurs généraux font rarement pour ne pas dire jamais, objet d’une procédure judiciaire. Cette situation qui tranche avec la position de fermeté dont le régime en place fait souvent montre quand il s’agit de personnalités de l’opposition ou membres d’autres institutions renforce le sentiment selon lequel la qualité de membre du gouvernement rime avec l’impunité au Sénégal. Comme si Macky lavait plus blanc que neige ses proches incriminés pour mal-gouvernance des fonds publics !
La qualité de membre du gouvernement rime-t-elle désormais avec l’impunité au Sénégal ? En effet, contrairement aux membres des autres institutions de la République dont notamment l’Assemblée nationale qui sont souvent trainés devant la justice après la levée de leur immunité parlementaire sur demande du gouvernement, des ministres et autres directeurs généraux semblent bénéficier d’une immunité totale qui les protège de toute sanction pour leurs fautes de gestion. La preuve, depuis l’accession au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, aucun rapport d’un Corps de contrôle public concernant les malversations orchestrées par des ministres et autres directeurs généraux n’a fait l’objet de traitement judiciaire. Au contraire, la publication de ces documents est toujours suivie par les mêmes engagements du président Macky Sall à faire toute la lumière sur les recommandations formulées par les auditeurs dans leurs conclusions sans que cela ne soit jamais matérialisé dans les faits. En attestent les affaires liées au Prodac, au Coud, aux 94 milliards pour ne citer que ces scandales-là, sans parler du dernier rapport de la Cour des comptes sur la gestion du Covid-19, présume-t-on.
Aujourd’hui, rien que dans l’actuelle équipe gouvernementale du Premier ministre, Amadou Ba, on dénombre une dizaine de ministres qui trainent des casseroles mises en nu par des organes de contrôle de l’Etat. Parmi eux, il y’en a qui ont même fait objet d’un fichage d’interdiction d’occuper une fonction publique par l’Ofnac. Seulement, ces recommandations sont souvent ignorées par la plus haute autorité en l’occurrence, le président de la République, qui n’hésite pas à faire la promotion de ces ministres ou directeurs généraux épinglés.
Résultat : on voit certains, comme pour s’auto-glorifier de cette immunité totale qui les protège de toute sanction pour leurs fautes de gestion, mener des campagnes de dénigrement à l’encontre de ces organes de contrôle en essayant de jeter le discrédit sur leurs membres. A cette position de défiance des mis en cause, il faut également relever le parti pris de l’Exécutif en faveur de ces personnalités incriminées. Contrairement à sa position ferme contre l’ancien maire de Dakar qu’il a trainé d’ailleurs devant la justice avant de le révoquer de son poste, après sa condamnation dans l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar activée sur la base d’un rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige), le chef de l’Etat a toujours opté pour la mise en place de commissions chargées d’exploiter les rapports concernant ses ministres. Sans aucune suite judiciaire.
L’IMPACT DE L'AUGMENTATION DU PRIX DU CARBURANT SERAIT DIFFICILEMENT SUPPORTABLE POUR LES CONSOMMATEURS TANT ÉPROUVÉS
Face à l’augmentation du prix du carburant, le vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN), Momath Cissé, appelle l’Etat à maintenir la subvention des transporteurs pour éviter une hausse des prix des denrées de première nécessi
Face à l’augmentation du prix du carburant, le vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN), Momath Cissé, appelle l’Etat à maintenir la subvention des transporteurs pour éviter une hausse des prix des denrées de première nécessité.
« Pour le moment, l’augmentation du prix du transport n’a aucun impact sur le prix de certaines denrées dans la mesure où il y a une subvention de 25 milliards de FCFA de l’Etat. Si les transporteurs acceptent qu’on les subventionne, il y aura aucun impact sur la marchandise transportée ou sur les personnes transportées. On a tenu une réunion ce matin (lundi) et les réponses étaient variées. Il y a des gens qui étaient pour la subvention. Il y a d’autres qui n’étaient pas d’accord et qui prônaient l’augmentation du prix du transport. Mais nous, en tant que défenseurs de consommateurs, nous pensons que l’impact sur le transport et la marchandise serait difficilement supportable pour les consommateurs sénégalais qui sont tant éprouvés. Donc, nous souhaitons que l’Etat maintienne la subvention pour qu’au moins, les prix des denrées de première nécessité n’augmentent pas à cause de l’impact sur le transport de marchandises et des personnes. Parce que ce que les transporteurs oublient est que si on regarde la réalité des prix, c’est eux qui vont acheter aussi très cher la marchandise et ce sont leurs parents même qui sont transportés qui vont subir l’augmentation du prix du transport. Donc, si l’Etat veut substituer et endiguer cette augmentation-là, les transporteurs doivent savoir qu’il y a au moins 17 millions de Sénégalais qui peuvent en bénéficier et eux, ils ne représentent pas un million de Sénégalais. Donc, ils doivent réfléchir et penser que la subvention est le meilleur moyen pour tout le monde afin de sortir de cette crise que nous subissons parce qu’il y a la guerre de l’Ukraine qui continue, la Covid-19 est encore là et l’effort que fait l’Etat est supporté et partagé par tous les Sénégalais. Mais s’ils veulent tout simplement nous faire supporter la réalité des prix du transport, ça va impacter sur la marchandise et les personnes et le pauvre goorgoorlu va souffrir davantage et ils font partie de la population. Le gouvernement doit rester fort parce que l’augmentation ne doit pas venir que des transporteurs. Toute augmentation doit venir d’un consensus. La commission en charge de la révision tarifaire doit se réunir et parmi ses acteurs figurent les associations de consommateurs, les transporteurs et l’administration mais toute augmentation qui vient des transporteurs serait illicite et je demande aux usagers de transports de ne pas s’allier au cas où l’augmentation serait venue du côté des transporteurs. C’est-à-dire de manière unilatérale. Il suffit tout simplement qu’on ait cette culture de dénonciation ».
LE JEU TROUBLE DE L’ETAT
L'année sociale décrétée par le président Macky Sall pourrait se révéler très difficile pour les ménages en proie aux conséquences de la fin des subventions sur le carburant et l’électricité par l'État
Le gouvernement jette-t-il de la poudre aux yeux à la population avec la baisse annoncée de certaines denrées de première nécessité au mois de novembre dernier ? La réponse pourrait être affirmative. Pour cause, deux mois après l’annonce de cette décision, il a décidé d’augmenter le prix du carburant et de l’électricité pour une certaine catégorie de consommateurs. Même si le gouvernement annonce que des « mesures d’accompagnement seront prises pour subventionner directement les transporteurs afin que ce réajustement n’ait pas d’impact sur le coût du transport », cela pourrait ne pas les empêcher de réajuster leurs prix. Du coup, les produits du quotidien coûteraient encore plus cher.
Décrété année sociale par le président de la République, Macky Sall, 2023 s’annonce difficile pour les ménages. L’Etat a décidé de réduire sa subvention sur le carburant et l’électricité. Comme conséquence : le prix du gasoil et du supercarburant a augmenté de 100 FCFA depuis samedi dernier. De 755 FCFA, le litre du gasoil et du supercarburant est désormais à 990 FCFA. Pour l’électricité, une hausse s’applique « par tranches » et ne concerne pas les usagers qui consomment moins de 150 kilowatts par heure, tous les deux mois.
Face à la persistance de la crise internationale qui renchérit de plus en plus les cours des matières premières et affecte l’économie mondiale, une analyse de la situation commande à repenser la subvention que l’Etat apporte aux différentes structures des prix de l’électricité, du gasoil et du supercarburant», a expliqué le ministère du Pétrole et des Energies dans une note rendue publique. La même source d’ajouter : « C’est ainsi que le gouvernement a décidé de procéder à une réduction de cette subvention pour l’orienter vers les couches vulnérables (…) Cette réduction de la subvention nécessitera inéluctablement un réajustement sur certaines catégories d’usagers d’électricité, de gasoil et de supercarburant». Selon le gouvernement, ces mesures vont occasionner plus de 258 milliards de FCFA d’économies
Va-t-on donc vers une nouvelle hausse des prix des denrées de première nécessité ? Le gouvernement rassure : « Des mesures d’accompagnement seront prises pour subventionner directement les transporteurs afin que ce réajustement n’ait pas d’impact sur le coût du transport ». Toutefois, la peine risque d’être double pour la population déjà étranglée par la flambée des prix. La hausse du prix de l’énergie risque de provoquer un effet de cascade surles prix des matières et produits de première nécessité quand on sait que l’augmentation du coût du transport va impacter sur tous les autres coûts de la vie. D’autant plus qu’au Sénégal, l’Etat n’a presque pas de contrôle sur beaucoup de transporteurs qui augmentent leurs tarifs au grand dam des populations. D’ailleurs, des transporteurs menacent déjà de revoir leur prix à la hausse tandis que mal d’autres ont déjà franchi le Rubicon, à l’instar du transport en commun, sur certains axes routiers. L’électricité étant un bien nécessaire à la production de la plupart des biens et services, l’augmentation de son prix entretient également une inflation.
En effet, la cherté du coût de la vie a fini d’inquiéter tout le monde. C’est pourquoi le 5 novembre dernier à l’issue d’un Conseil national spécial de la consommation, le gouvernement avait annoncé en grande pompe une baisse du prix des denrées de première nécessité. Le riz, le sucre, le lait, l’huile de palme, les produits horticoles, la viande, les intrants agricoles, le fer à béton, le loyer, les frais d’inscription scolaire sont, entre autres, les produits et services concernés par ces mesures urgentes prises par le président pour lutter contre la vie chère au Sénégal. Le kilogramme de riz est passé de 350 à 325 FCFA, celui du sucre de 600 à 575 FCFA. Cependant, l’applicabilité de ces mesures reste encore difficile dans le marché à cause de certains vendeurs qui rechignent. Comme pour dire que les mesures gouvernementales de baisse des prix de denrées de première nécessité risquent de n’avoir aucun effet pour les ménages. Car la crainte d’une hausse générale des prix est réelle.
A GUEREO, LES « LIONNES » NE PENSENT QU’AUX BARRAGES DU MONDIAL
Quart-de-finalistes de la dernière Can féminine disputée au Maroc, les « Lionnes » du football s’étaient ensuite qualifiées pour les barrages qualificatifs au Mondial « Australie – Nouvelle-Zélande 2023 ».
Par Fama NDIAYE et B. Khalifa NDIAYE (Textes) et Mbacké BA (Photos) |
Publication 11/01/2023
Quart-de-finalistes de la dernière Can féminine disputée au Maroc, les « Lionnes » du football s’étaient ensuite qualifiées pour les barrages qualificatifs au Mondial « Australie – Nouvelle-Zélande 2023 ». En regroupement au Centre d’Excellence Caf Youssoupha Ndiaye de Guéréo, sur la Petite Côte, elles préparent consciencieusement le rendez-vous de février prochain à Auckland (Nouvelle-Zélande) où elles croiseront Haïti le 18 et, en cas de victoire, le Chili, le 21. Nous sommes allés leur rendre visite.
GUÉRÉO – « Ce ne sera pas facile face à Haïti et au Chili. Mais nous avons le mental et les moyens de réussir à ces barrages et à qualifier le Sénégal, pour la première fois de son histoire, à une Coupe du monde féminine de football ». Telle est la conviction de Korka Fall, avant-centre du Dsc et des « Lionnes » du football. « Nous savons qu’aucun match ne sera facile et nous sommes conscientes de ce qui nous attend. Mais nous irons aux barrages pour nous qualifier à la Coupe du monde. On dort et on se réveille avec le même objectif ». Avis signé Marième Babou, arrière latérale gauche de l’Union sportive des Parcelles assainies (Uspa) et de l’équipe nationale féminine et par ailleurs capitaine des « Lioncelles » U20.
C’est dire qu’au Centre d’excellence Caf Youssoupha Ndiaye de Guéréo, sur la Petite Côte, où elles sont en regroupement depuis plus de 3 mois, les joueuses du coach Mame Moussa Cissé ne pensent qu’aux barrages qualificatifs à la Coupe du monde prévus le mois prochain à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Quart-de-finaliste de la dernière Can disputée au Maroc (du 3 au 23 juillet 2022), le Sénégal a échoué d’un rien à se qualifier directement au prochain Mondial de foot féminin (battu aux tirs au but par la Zambie). Mais, les « Lionnes » s’étaient bien ressaisies en battant la Tunisie en « pré-barrages » ; ce qui leur vaut de devoir disputer les barrages en Nouvelle-Zélande, le 18 février face à Haïti et, en cas de victoire, trois jours plus tard face au Chili. « Vous vous rendez compte qu’elles sont à deux matches de disputer une Coupe du monde… Elles peuvent écrire l’Histoire. Un peu comme ceux de ma génération en 2002. Nous n’avions rien gagné, mais les gens se souviennent encore de nous », témoigne Omar Diallo, le portier qui était de l’expérience en Corée du Sud et au Japon et qui est aujourd’hui préparateur des gardiennes de but.
Autant « l’ancienne » Korka Fall, qui était de l’équipe ayant pris part à la première Can féminine du Sénégal en 2012 en Guinée équatoriale, que la « nouvelle » Marième Babou qui a disputé la deuxième, en juillet dernier au Maroc, toutes les 24 autres filles en regroupement à Guéréo ne pensent qu’à ça : aux barrages où elles sont décidées à hisser très haut le drapeau national. Ce serait une manière pour elles de se rattraper pour n’avoir pas été jusqu’en demi-finales directement qualificatives au Mondial (Australie – Nouvelle-Zélande, du 20 juillet au 20 août 2023).
Manque d’expérience
« Nous avions les moyens de passer en demi-finales. Mais par manque d’expérience, nous avons perdu. Nous avons, cependant, appris de cette défaite et cela nous servira forcément lors des barrages », selon Marième Babou. Un avis partagé par Korka Fall qui soutient que depuis une dizaine d’années qu’elle est en sélection nationale, elle n’a jamais vu « un groupe aussi soudé, une équipe aussi forte ». C’est que, d’après elle, les conditions de regroupement ont beaucoup changé. « Avant, on entrait en stage 15 jours avant les échéances. C’était difficile, dans ces conditions, d’avoir un groupe performant. Or, maintenant, on est en regroupement pendant des mois et dans de bien meilleures conditions », d’après l’avant-centre du Dakar Sacré-Cœur.
N’empêche, ce n’est pas facile pour des filles de rester si longtemps éloignées de chez elles. « C’est nous qui avons choisi de pratiquer le football. Donc on assume », philosophe Marième Babou qui ajoute avoir toujours eu le soutien de ses parents. « Nous sommes toutes très engagées à faire émerger le football féminin et à réussir individuellement dans la voie que nous avons choisie », ajoute Korka Fall. Et toutes savent qu’une qualification à la Coupe du monde sera le meilleur des plaidoyers pour leur cause. Elles s’en donnent donc tous les moyens. Elles s’entrainent dur du lundi au vendredi et sont lâchées le weekend pour aller jouer en club. Tous les jeudis, elles accueillent au Centre de Guéréo une équipe d’un centre de formation « afin d’évaluer notre travail sur les plans physique et tactique », selon leur coach Mame Moussa Cissé. Jeudi dernier, ce sont les U15 de Génération Foot que les « Lionnes » ont croisés dans une opposition qui s’est terminée par un nul vierge.
Et comme à chaque fois qu’elles ont rencontré des U15 ou des U17, les filles ont pu faire face à l’impact, à la vitesse et aux problèmes tactiques posés. Mais, sur place, elles ont suffisamment de mécanismes comme la cryothérapie (thérapie par le froid) pour récupérer vite. C’est le prix à payer pour s’illustrer aux barrages et espérer être de la prochaine Coupe du monde. Pour toutes les 26 joueuses en regroupement au Centre de Guéréo, le jeu en vaut la chandelle.
Mame Moussa Cissé, entraîneur national : « L’expérience de la dernière Can va nous faire grandir lors des barrages »
S’il regrette que son équipe ne se soit pas qualifiée directement au Mondial féminin lors de la dernière Can de football, Mame Moussa Cissé, le coach des « Lionnes », n’en espère pas moins que l’expérience vécue au Maroc sera très utile à son équipe. Surtout en direction des barrages de cette Coupe du monde que ses protégées vont disputer en février à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Au Centre d’Excellence de Guéréo, il s’emploie avec son staff, à donner à ses filles les moyens et arguments de décrocher une première qualification en Coupe du monde.
« Coach, le départ en Europe de certaines de vos joueuses après la Can féminine au Maroc n’a-t-il pas affaibli votre groupe ?
Ces départs prouvent, à mon avis, qu’il y a de la qualité dans ce que nous faisons. Le talent des filles est reconnu. On ne parlait pas souvent d’elles ; mais aujourd’hui, on s’intéresse à elles, elles vont en tests et ne reviennent pas. Cela fait partie de nos objectifs, parce qu’un de leurs rêves c’est de devenir professionnelles. La plupart d’elles ne sont plus à l’école et l’on se bat pour qu’elles aient de bons clubs. Ainsi, on pourra peut-être faire, comme l’équipe masculine A, des regroupements d’une semaine avec des joueuses venant d’Europe, des Etats-Unis. On n’aura alors plus besoin de nous regrouper pendant des mois comme c’est le cas aujourd’hui.
Vous espérez donc que ces départs soient une source de motivation pour celles qui sont restées ?
C’est un des objectifs de la promotion des filles avec l’activité qu’on est en train de faire. Elles voient que d’autres sont parties, elles travaillent davantage pour pouvoir partir. D’ailleurs, elles aiment être ici en regroupement ; la preuve, quand elles terminent un stage, elles ne cessent d’appeler pour demander la date du prochain rassemblement.
Comment avez-vous réussi à créer une telle ambiance ?
Nous avons dû beaucoup travailler. En fait, j’ai changé d’approche. Avant, j’ai été très rigoureux, très ferme pendant des années, par rapport à certaines choses. Mais, après, j’ai compris que ce qui permettait aux filles de progresser c’était un environnement positif où chacune d’elles se sentait bien lors du regroupement. Ainsi, elles ont des moments de détente, des moments où elles sont laissées à elles-mêmes, où elles peuvent faire tout ce qu’elles veulent dans la « maison » ; elles fêtent les anniversaires, et la Tabaski qui nous a trouvés au Maroc, elles l’ont bien fêtée c’est comme si elles étaient chez elles. C’est une sorte de compensation pour leur permettre d’oublier certaines contraintes. Parce que ce n’est pas facile. Même pour moi, a fortiori pour elles. Certaines femmes ont besoin d’avoir l’autorité parentale et ici je représente le père. J’ai demandé une adjointe dans mon staff qui règle certains problèmes ; elle a joué, est entraîneur de club et connaît la psychologie des filles. On a aussi le médecin qui est une femme et une kiné. Et donc le papa qui est là, tout ce qu’il faut comme rigueur mais pour leur permettre d’être en sécurité. Nous avons beaucoup travaillé pour mettre la confiance dans le groupe. Des fois, les filles nous parlent de leurs problèmes de famille et nous les aidons à les résoudre.
Vous vous préparez pour des barrages qui s’annoncent difficiles. Pensez-vous objectivement pouvoir vous en sortir ?
Moi je suis un compétiteur et j’aime bien le challenge ! Quand je suis devenu coach de l’équipe féminine, certains m’ont dit que j’allais m’enterrer là-bas. Mais, je savais dans quoi je m’engageais. Là, j’ai envie d’aller en Coupe du monde avec ces filles. Cela ferait pour le football féminin sénégalais une autre acceptation. Aujourd’hui, cette sélection féminine est vue autrement. On avait d’ailleurs la possibilité de se qualifier directement au Mondial. Sauf que c’est allé beaucoup trop vite. Quand on s’est retrouvé en quarts de finale, à une étape de la qualification, la pression était devenue trop forte pour les filles. C’était la première fois qu’elles vivaient cela. Je me rappelle d’ailleurs que quand nous avons gagné nos deux premiers matches à la Can, les gens réclamaient déjà la coupe à travers certains réseaux sociaux. Cette pression, les filles la vivaient aussi à travers la famille, le quartier. Malgré tout, on n’a jamais été ridicules ; pour moi, la meilleure équipe de ce tournoi-là, c’était la Zambie qu’on a bien maîtrisée pendant 70 minutes, on l’a menée au score. Cette expérience va nous faire grandir lors de ces barrages en Nouvelle-Zélande, découvrir d’autres footballs. C’est la première fois qu’on va jouer contre une équipe comme Haïti et, si tout se passe bien, contre le Chili. Et cela contribuera à notre apprentissage du haut niveau.
À ce propos, que savez-vous de votre premier adversaire, Haïti ?
C’est une équipe qui a déjà joué la Coupe du monde en U20, donc c’est un groupe jeune mais qui a déjà de l’expérience. C’est un pays et un football à respecter. Les gens ne les connaissent pas trop, mais l’ensemble de leurs joueuses jouent aux Usa ou en France. Cela dit, moi quand je joue un match, je dis que je peux gagner. Parce que nous avons nos forces ; ce n’est pas le même type de football, il faudra qu’on mise sur nos qualités. À la Can, beaucoup pensaient qu’on ne pouvait pas faire de bons résultats. Finalement, on est même frustré de n’avoir pas fait plus parce qu’il y avait possibilité d’aller en demi-finales et de se qualifier directement pour la Coupe du monde.
Donc vous avez toujours des regrets par rapport à cette Can ?
Oui ! Déjà, le premier objectif c’était de marquer un but ; ce qu’on n’avait pas su faire lors de la seule Can 2012 à laquelle le Sénégal avait participé. Après, il fallait gagner le premier match, puis le deuxième. Donc l’appétit est venu en mangeant et après, on a vu qu’on avait une équipe capable de rivaliser avec les autres. Sur cette compétition, nous avons encaissé deux buts et tous les deux sur balle arrêtée. Cela veut dire que nous avons de la valeur, du potentiel. Et que si l’on continue à travailler avec ce groupe plutôt jeune, on peut faire quelque chose. Le président de la Fsf a démontré qu’il croit en cette équipe. Et pour la première fois, on a parlé de cette équipe nationale lors du dernier Comité exécutif. Cela veut dire que les gens savent que nous sommes proches de quelque chose et si on se bat ensemble, on peut y arriver.
Coach, parmi vos joueuses, il y a des scolaires. Comment les gérez-vous avec leurs cours ?
Nous avons un emploi du temps avec les écoles de nos joueuses qui sont à l’école. Quand on a une seule séance dans la journée, on leur permet d’aller en classe et quand elles ont des devoirs à faire, nous gérons du mieux qu’on peut. En plus, on les a mises ensemble, un peu à l’écart du groupe, dans une chambre pour qu’elles puissent travailler sans être distraites par les autres. Elles sont 3. Deux au moyen et une à l’université. Il ne faut pas que le football, du fait des longs regroupements, nuise à leurs études, comme cela a été le cas pour plusieurs d’entre elles. C’est la même chose qui se passait chez les U18 et les U20. Il y avait un partenariat avec le lycée de Yène pour que les filles puissent continuer leurs études là-bas. Mais là, nous avons trouvé des mécanismes avec les écoles pour que les filles puissent recevoir leurs cours en ligne et quand c’est nécessaire, qu’elles se déplacent. À l’image de Khémesse qui n’est pas là ce jeudi matin ; elle est partie, depuis hier, à Mbour, pour faire ses cours et revenir dans l’après-midi. Et c’est à nous de la gérer par rapport à la fatigue. Mais elle est encore jeune ; c’est la capitaine des U17. Nous tenons donc à ce que nos filles continuent leurs études, car le football est très aléatoire et toutes ne pourront pas y réussir.
Une question plus personnelle, maintenant. En tant qu’homme et père de famille, comment vous y pensez-vous pour entrainer des filles ?
En tant que coach des filles, ce n’est pas facile ; mais c’est lié à la nature de la fonction. Pour moi, c’est un honneur d’avoir une responsabilité comme celle que j’aie. Ce n’est pas donné à tout le monde. Il y en a qui ont été entraineurs durant toute leur vie et qui n’ont pas eu ce privilège. Ça demande des sacrifices, mais j’ai une épouse et des enfants qui me comprennent. C’est pourquoi, quand je rentre à la maison, je ne sors pas ; je reste avec la famille. Mes filles comprennent que leur papa a une mission très importante. Parfois, je les amène ici pour qu’elles regardent ce qu’on fait. J’ai passé beaucoup de fêtes loin de ma famille, mais comme quelqu’un disait : « L’équipe nationale n’est pas ce qu’on fait parce qu’on n’a rien à faire, c’est ce qu’on fait quand on a tout laissé ». Ça demande beaucoup de sacrifices mais quand les résultats suivent, on oublie tout. Certains pensent à l’argent, mais le fait d’être reconnu par ses pairs est beaucoup plus important. Il n’y a pas si longtemps, on ne parlait pratiquement pas de football féminin ; mais aujourd’hui, partout où nous allons, les gens nous arrêtent. Il y a une reconnaissance par rapport à quelque chose. Et cela, rien ne peut le payer et c’est ce qui fait qu’on oublie tous les efforts qu’on a faits pour dire au moins que cela a abouti à quelque chose ».
Un regroupement long et dur qui a construit « une autre famille »
Au Centre d’Excellence Caf Youssoupha Ndiaye de Guéréo, sur la Petite Côte, l’équipe nationale féminine de football prépare activement les barrages qualificatifs à la Coupe du monde Dames prévus en février, en Nouvelle-Zélande. Le coach Pape Moussa Cissé et son staff technique et médical regroupent sur les lieux 26 filles depuis trois mois et demi. Et selon le technicien, c’est dans la continuité d’un premier stage fermé, en 2020, qui avait duré 6 mois. Un regroupement long et dur, puisqu’ayant coïncidé avec la période chaude de la Covid-19. Mais, c’était nécessaire, d’après Mame Moussa Cissé. Parce que, d’une part, étant alors toutes vaccinées, elles ne pouvaient être lâchées dans la nature au risque de contracter le virus. Et parce que, d’autre part, avec des niveaux de préparation, d’entrainement et de compétitivité différents en fonction de leurs clubs d’origine, il fallait les avoir sous la main le plus longtemps possible pour gommer les disparités.
Un choix qui s’est finalement révélé payant. « Cela nous a permis, dans un premier temps, de jouer et de gagner le tournoi de l’Ufoa en 2020 en Sierra Leone et d’avoir une équipe très compétitive qui s’est qualifiée, 10 ans après la Guinée équatoriale, à la Coupe d’Afrique, disputée au Maroc », précise Mame Moussa Cissé. Avec, à la clé, une place de quart-de-finaliste et un rang de barragiste donc, le mois prochain à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Outre ce résultat positif, ce long regroupement « dans des conditions idéales de préparation, avec un terrain de bonne qualité et de bonnes conditions de récupération » a également permis aux joueuses « de mieux nous connaître, de mieux nous accepter les unes les autres, en un mot de former une autre famille », d’après le coach.
Version confirmée par l’ancien portier des « Lions », Omar Diallo, préparateur des gardiennes de but. « En plus, avec Mame Moussa qui est un éducateur et un grand formateur, elles ont une figure paternelle qui veille sur tout le monde ».
Cette deuxième phase du regroupement aurait pu paraître beaucoup trop longue, vu que les deux matches amicaux prévus à domicile face au Cameroun n’ont pas pu se tenir. Mais il en faut bien plus pour démotiver les « Lionnes ». Elles ont à leur agenda deux grandes compétitions : le tournoi de l’Ufoa du 20 au 30 janvier au Cap-Vert et juste après les barrages du Mondial Dames. Pour le déplacement en Nouvelle-Zélande, il est prévu 15 jours avant le match contre Haïti (le 18 février). Il s’agira de régler le problème de la fatigue liée au long trajet (9 heures pour rallier Dubaï et de là-bas 12 heures pour arriver à Auckland), s’adapter par rapport au décalage horaire (+ 12 heures par rapport à Dakar) et en profiter pour jouer deux matches amicaux.
Après quoi, les filles devraient être d’attaque pour jouer les deux rencontres qu’elles espèrent bien disputer aux antipodes : contre Haïti (le 18 février) et en cas de victoire face au Chili (le 21) pour une place en finale. « Vous vous rendez compte que nos filles sont à deux matches d’une Coupe du monde ! », s’extasie Omar Diallo. « Elles sont sur le point d’écrire l’Histoire. Un peu comme notre génération qui avait qualifié le Sénégal à sa première Coupe du monde en 2002, même si nous n’avions rien gagné ». Selon lui et Mame Moussa Cissé, ces « Lionnes » ont déjà remporté le match de la reconnaissance. « Tout le monde sait que le football féminin est devenu une réalité. Les footballeuses ont gagné le respect de leurs compatriotes et de plus en plus de parents acceptent que leurs filles tapent dans un ballon », soutiennent-ils.
Trois générations de joueuses réunies sous un même toit
Gérer le présent en pensant au futur ! C’est quelque part la philosophie de Mame Moussa Cissé, l’entraineur de l’équipe nationale de football féminin. Actuellement en regroupement avec ses filles au Centre d’Excellence Caf Youssoupha Ndiaye de Guéréo, il a sous la main un effectif dont la base est constituée de joueuses ayant disputé la dernière Can (du 3 au 23 juillet 2022 au Maroc). Une équipe qui avait été jusqu’en quarts de finale (éliminée aux tirs au but par la Zambie) mais qui s’est qualifiée aux barrages de la Coupe du monde aux dépens de la Tunisie. Et pour accompagner ces « anciennes », 3 joueuses qui étaient avec les U17 et 6 ou 7 qui étaient avec les U20. « C’est notre politique de renouvellement des effectifs. Il y a des joueuses qui commencent à prendre de l’âge, mais il n’est pas question de les écarter. On a juste appelé ces jeunes pour leur permettre d’intégrer le groupe et de travailler dans les mêmes conditions que les autres », selon l’entraineur national.
Une façon, d’après Mame Moussa Cissé, de « travailler pour le présent en direction des éliminatoires de la Coupe du monde, et d’avoir une équipe compétitive pendant les 3, 4, 5 prochaines années ». Si bien qu’aujourd’hui, « sa » Tanière regroupe 3 générations de footballeuses. Ce qui, de son propre aveu, empêche que la mayonnaise prenne rapidement. Mais, rien de vraiment rédhibitoire. « Quand on aura travaillé sur les automatismes, on aura une équipe compétitive maintenant et dans le futur », assure-t-il. Car, d’après le coach, s’il y a quelques soucis, « c’est au niveau du comportement du fait que certaines filles n’ont pas l’habitude d’être en regroupement aussi longtemps ».
Sinon, du point de vue du talent et des capacités, il assure avoir à disposition des filles « capables de rivaliser avec n’importe quelle équipe ». Lui qui est dans l’entourage immédiat des « Lionnes » depuis 2013, est bien placé pour savoir que le temps où il était très difficile de remplacer une titulaire indisponible est révolu. Les 26 qu’il a sous la main ont le potentiel et bien d’autres qui évoluent au plan local, à plus forte raison en Europe dont certaines étaient déjà là en 2012, et même des binationales (dont une certaine Aminata Bâ qui joue en France qui est passée le voir lors des vacances de Noël) et même aux Etats-Unis pourraient plus tard venir étoffer l’effectif.
Pour l’heure, Mame Moussa Cissé ne veut pas « casser la dynamique » et est décidé à travailler dans la durée avec les joueuses qu’il a sous la main, avec l’espoir d’en voir qui iront monnayer leurs talents ailleurs. « Car, on voit de plus en plus nos filles devenir pros ». Il fera tout pour que cela dure.
Soukèye Cissé, adjointe de l’entraineur : « Il est plus facile de travailler en équipe nationale qu’en club, mais il y a plus de pression »
Ancienne joueuse de Médiour de Rufisque et actuelle coach de l’Union sportive des Parcelles assainies (Uspa), Soukèye Cissé est l’adjointe de l’entraineur national des « Lionnes » du football, Mame Moussa Cissé. À ce triple titre, elle est suffisamment outillée pour oser quelques comparaisons. Selon elle, « il est plus facile de travailler en équipe nationale qu’en club. Parce qu’ici, on a la chance d’être dans de très bonnes conditions de préparation et d’avoir les joueuses à disposition tout le temps avec donc la possibilité de travailler avec elles matin et soir. Ce qui n’est pas le cas en club ». Ce qui ne signifie toutefois pas, d’après l’ancienne défenseure centrale devenue attaquante de pointe en fin de carrière, que la pression y est moins forte. « Au contraire. Car, si en club, c’est un seul quartier voire une seule ville qui attend de vous des résultats, en sélection nationale, c’est tout un pays ».
Mais depuis bientôt 2 ans qu’elle seconde Mame Moussa Cissé et après des débuts relativement difficiles, Soukèye Cissé a appris à gérer le stress et la pression. Surtout qu’en plus, il lui fallait concilier ses tâches de coach et ses responsabilités de femme mariée. « Heureusement que j’ai un mari compréhensif qui me soutient beaucoup », soutient celle pour qui le football a toujours été une passion. Elle a également eu la chance d’avoir une mère ancienne basketteuse et un papa ancien footballeur et entraineur et d’avoir grandi « dans un milieu où mes frères ne parlaient que de football ». Seule fille de la famille et ayant grandi dans une caserne militaire, Soukèye Cissé révèle qu’elle ne sortait que pour aller à l’école ou pour jouer au football devant la maison. Et à partir du moment où elle avait de bonnes notes à l’école, ses parents qui étaient ses premiers « avocats » face aux reproches du voisinage ne la privaient guère de s’adonner à son activité favorite. Son papa l’accompagnait même parfois aux entrainements et, au besoin, lui refilait des conseils.
Professeur d’Eps dans un lycée de Keur Massar, Soukèye Cissé ne regrette pas d’avoir tracé le chemin qui lui plaisait. Avec son mentor Mame Moussa Cissé, elle estime être à la tête d’une « équipe soudée et motivée, qui croit en ses capacités de réussir quelque chose de grand ». Il ne fait aucun doute dans sa tête que les « Lionnes », « ses » filles, peuvent bien se comporter aux barrages et se qualifier à la Coupe du monde 2023 de football.
Et pourquoi pas une Can féminine au Sénégal ?
Dix ans après la Guinée équatoriale d’où il était revenu avec 0 point, le Sénégal a renoué, en 2022, avec la Can féminine de football. Et cette fois, les « Lionnes » qui étaient parties pour « redécouvrir la compétition » ont fait nettement plus en se hissant en quarts de finale et en se qualifiant pour les barrages qui donnent sur la prochaine Coupe du monde en Nouvelle-Zélande. Pour l’entraineur national, Mame Moussa Cissé, l’objectif principal, le mois prochain, à Auckland, sera de se donner les moyens de rester en contact avec l’Afrique et de se projeter vers la prochaine Can. Et à celle-ci, il s’agira de confirmer la bonne prestation de la précédente. Après quoi, « demander l’organisation de la suivante au Sénégal pour se donner plus de chances de la remporter », selon le coach des « Lionnes ».
Pour lui, actuellement qu’on parle d’accueillir la Can des garçons, « ce sera beaucoup plus facile d’organiser celle des filles ». Tel est le sens du processus de détection et de formation qu’il a mis sur 4 ans : donner à ses protégées l’opportunité de jouer 3 voire 4 Can, pour faire disparaître le « problème émotionnel » qui les avait handicapées en juillet au Maroc ; et se mettre en situation de s’imposer à domicile. Car, d’après Mame Moussa Cissé, on a trop tôt voulu faire porter des responsabilités à certaines de ses joueuses. « Or, les Safiétou Sagna et Awa Diakhaté sont encore jeunes ; elles n’ont que 24 ans et viennent à peine d’intégrer des clubs en France ». À titre de comparaison, il rappelle même que les Sadio Mané et Gana Guèye ont capitalisé plusieurs Can avant d’arriver à ce niveau et d’avoir le statut qui est le leur en équipe nationale A. « On est encore dans en phase d’apprentissage et si l’on joue de grandes compétitions rapprochées, l’équipe va grandir ». Et sera suffisamment mûre pour s’imposer à domicile si l’occasion lui est donnée d’accueillir la Can sur ses terres.
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Oumar Diallo, préparateur des gardiennes de but ; « J’étais un peu traumatisé quand j’ai débarqué ici »
Lorsqu’il a débarqué dans la Tanière des « Lionnes » du football juste avant la dernière Can en 2022, Oumar Diallo avoue qu’il était « un peu traumatisé, dépaysé ». Lui, le portier de l’équipe nationale lors de la Can 2000 au Nigeria et doublure de Tony Sylva à la Can suivante en 2002 au Mali et en 2004 en Tunisie comme lors de la première participation du Sénégal au Mondial, en Corée du Sud et au Japon (2002), n’avait jusqu’alors été préparateur que de gardiens de but. À l’institut Diambars, avec l’équipe nationale locale sous Moustapha Seck, puis chez les U23 avec feu Joseph Koto. Jamais préparateur de gardiennes de but.
Lorsque, donc, il a pris le relais de Gaspard Gomis, blessé, il n’a cependant pas tardé à s’adapter. « En tant que sportif, et en bon professionnel, je me suis très vite mis dans le bain. Il m’arrive même de dire « il » en parlant d’une fille, tant je ne fais plus attention au genre », témoigne Oumar Diallo. Sauf, peut-être, lors de la dernière … Tabaski qui a trouvé l’équipe au Maroc, lors de la Can où les « Lionnes » avaient été jusqu’en quarts de finale. « Là, plaisante-t-il, elles s’étaient comportées en vraies femmes pour cuisiner et bien fêter l’évènement ».
« Sinon, c’est la même technique, le même but, le même football ; même s’il y a une différence dans l’intensité, la vitesse et la charge », selon l’ancien portier de Khouribga (Maroc). Avec quatre gardiennes de but sous ses ordres au Centre d’Excellence Caf Youssoupha Ndiaye de Guéréo sur la Petite Côte où l’équipe prépare les barrages qualificatifs à la Coupe du monde « Nouvelle-Zélande – Australie 2023 », Oumar Diallo loue « l’implication, la discipline et le goût du travail bien fait » de ses protégées et, plus généralement, de l’ensemble des 26 filles en regroupement. « Certes, il y a de rares fois quelques caprices de filles, surtout après le choix de celles qui vont jouer, mais au plan du comportement, il n’y a rien à relever », ajoute-t-il.
Pour Oumar Diallo, la belle ambiance en regroupement est propice au travail de qualité. Et il ne doute pas que « si les filles restent sur leur lancée de la Can 2023, elles peuvent s’illustrer aux barrages et se qualifier pour la Coupe du monde ».