Ministre de la culture du Mali de 1997 à 2000 et militante altermondialiste de longue date, Aminata Traoré n’a rien perdu, à 75 ans, de sa combativité. « Faire une fixation sur un sentiment antifrançais créé et entretenu par la propagande russe, c’est encore, estime-t-elle, une manière de nous dire que nous sommes incapables de penser par nous-mêmes et de nous révolter. »
Pour l’essayiste, autrice du Viol de l’imaginaire (Fayard, 2002) et de nombreux essais sur la mondialisation capitaliste et les dérives néocoloniales, la colère qui s’exprime aujourd’hui dans les sociétés sahéliennes plonge ses racines dans les échecs des politiques de développement.
Quelle a été votre première rencontre avec la France ?
Aminata Traoré Sans doute le premier jour à l’école Maginot de Bamako, sous la colonisation. C’était un établissement pour filles qui avait la particularité d’accueillir des indigènes et des enfants de colons. Les Noirs et les Métisses étaient d’un côté, les Blancs de l’autre. On ne se mélangeait pas. Ça vous marque, une telle séparation à cet âge-là. Mais j’ai cultivé des amitiés. Et comme j’étais une bûcheuse, une fois au lycée, j’ai sauté la troisième avec l’aide de certains professeurs français, maliens et sénégalais.
Plus tard, j’ai décroché une bourse pour venir étudier en France. Avec mon mari, nous sommes partis à Caen, où j’ai eu mes deux filles. La question raciale était évidemment plus prégnante en France qu’au Mali ou en Côte d’Ivoire. Une Africaine en grossesse en Normandie à la fin des années 1970, ça attirait les regards… Mais moi, je découvrais le pays, je ne me posais pas vraiment de questions. A l’époque, le Front national n’existait pas encore. La situation est devenue beaucoup plus tendue par la suite.
Militante altermondialiste, vous êtes connue pour être une voix très critique de la politique de la France en Afrique. D’où vous vient cet engagement ?
D’abord, je suis un produit de la gauche. Quand je suis entrée au lycée de jeunes filles, la première République du Mali venait de naître. Comme beaucoup de jeunes gens, j’ai fait partie des « pionniers », sous le régime de Modibo Keïta [président socialiste du pays de 1960 à 1968]. Notre slogan, c’était « pionnier aujourd’hui, pionnier toujours ». En cours d’histoire, on nous parlait des luttes de libération et plus précisément du rôle joué par le Mali et du rôle de son président dans la création de l’Organisation de l’unité africaine. Cette fibre panafricaine, j’en suis imprégnée depuis l’enfance.
Devenue étudiante, j’étais à Dakar pendant la grande grève de 1968 à l’université, la première du genre sur le continent. C’était mon premier contact avec ce genre de soulèvement. Ensuite, je suis partie étudier à Abidjan, à l’Institut d’ethnosociologie. J’y ai rencontré Laurent Gbagbo et sa femme, qui étudiaient à l’Institut de linguistique, et d’autres enseignants de gauche. On était tous très critiques de l’économie de rente et de la dépendance de l’Afrique aux cultures d’exportation. Puis j’ai rejoint le ministère de la condition féminine, créé par Félix Houphouët-Boigny [président de la Côte d’Ivoire de 1960 à 1993], et j’ai fait mes premiers pas sur le terrain en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays africains, en tant qu’experte pour les agences des Nations unies.
Pendant près de deux décennies, dans les années 1960 et 1970, nos Etats ont vraiment cru qu’il existait un modèle de développement, que les transferts de technologie, les financements et une bonne coopération avec les pays développés nous permettraient de voir le bout du tunnel. Moi-même, j’étais persuadée que l’école et l’emploi allaient permettre aux femmes d’occuper une place dans le développement de leur pays, si tel était leur souhait. Les années 1980 ont été un coup de massue. Avec les programmes d’ajustement structurel, les premiers diplômés sans emploi ont commencé à apparaître, assis à longueur de journée dans les rues sans trouver de boulot. Les premiers départs de clandestins remontent à cette époque. Quand je suis rentrée de France, j’ai compris qu’il y avait quelque chose de tordu dans le paradigme dominant.
La Coordination des associations de presse, par la voix d’Ibrahima Lissa Faye, un de ses responsables, a exprimé dimanche son inquiétude après l’évacuation à l’hôpital du journaliste en grève de la faim depuis sa réincarcération, mardi
‘’Nous sommes véritablement inquiets après l’évacuation de Pape Alé Niang dans un état critique à l’hôpital principal de Dakar dans la soirée de samedi à dimanche’’, a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique avec l’APS.
Ibrahima Lissa Faye a signalé que l’administration pénitentiaire avait jugé utile d’évacuer Pape Alé Niang qui avait repris sa grève de la faim depuis sa réincarcération en prison mardi.
‘’Il n’avait pas voulu être évacué à l’hôpital, mais l’administration pénitentiaire n’a pas voulu prendre de risque et a dû solliciter un de ses avocats afin de pouvoir l’amener à l’hôpital’’, a fait savoir Ibrahima Lissa Faye.
Il a assuré être en contact avec un des avocats qui doit rendre visite au journaliste afin d’en savoir un peu plus sur l’évolution de son l’état de santé.
Ibrahima Lissa Faye en appelle au ‘’sens des responsabilités'' et invite les autorités à œuvrer dans le sens d’un règlement définitif de cette affaire ‘’avant que l’irréparable ne se produise’’.
Le journaliste avait de nouveau été placé sous mandat de dépôt, mardi, après que le ministère public avait requis et obtenu auprès d'un juge la révocation de la mesure de son placement sous contrôle judiciaire
Il avait été arrêté la veille par des éléments de la Division des investigations criminelles (DIC) sur ordre du procureur qui avait estimé que le journaliste avait violé la mesure de son contrôle judiciaire.
Le maître des poursuites reproche notamment au journaliste de s'être prononcé sur des éléments de son instruction lors d'un Live d'un activiste établi à l'étranger.
‘’Sur réquisitoire dûment motivé adressé au Juge Mamadou Seck, le Procureur de la République, outré par l’intervention du journaliste sur le live de Molla Morgun et la sortie jugée tendancieuse à propos du DG de la Police nationale Bocar Seydou Yague, a requis la révocation de la mesure de contrôle judiciaire’’, avait réagi dans un post, son avocat Me Khoureychi Ba.
Le journaliste Pape Alé Niang, emprisonné une première fois le 9 novembre, avait bénéficié, dans un premier temps d’une liberté provisoire. Il est poursuivi pour “divulgation d’informations (…) de nature à nuire à la défense nationale”, “recel de documents administratifs et militaires" et "diffusion de fausses nouvelles”.
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CONVERSATION ENTRE MAMOUSSÉ DIAGNE ET SOULEYMANE BACHIR DIAGNE
Le travail de la lecture. La langue comme outil de décentrement. La condition des femmes dans une société patriarcale. Le nécessaire pluralisme des langues - ENTRETIEN
Pape Alioune Sarr reçoit Souleymane Bachir Diagne et Mamoussé Diagne dans un grand entretien.
LE PÉRIL DE L'ABSENCE DE PAIX
Dans son homélie lors de la messe de veillée de Noël retransmise en directe sur Radio Sénégal (publique), Mgr Ndiaye a souligné que “des signaux de violences multiformes existent dans notre société sénégalaise”
L’archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye, a insisté, samedi soir, sur “les signaux de violences multiformes” existant dans la société sénégalaise, soulignant que l’absence de paix mettait la vie en péril.
"L’absence de paix met en péril la vie. Elle expose les plus faibles à la mort, compromet le développement, accentue la pauvreté, favorise les égoïsmes et met en valeur la raison du plus fort", a-t-il notamment dit.
Dans son homélie lors de la messe de veillée de Noël retransmise en directe sur Radio Sénégal (publique), Mgr Ndiaye a souligné que “des signaux de violences multiformes existent dans notre société sénégalaise”.
"Ces signaux ne correspondent pas au message de Noël’’. Ce sont des menaces qui mettent en péril l’harmonie sociale dont nous avons besoin", a estimé le religieux.
“Osons donc nous interroger sur les conversions que nous devons faire pour promouvoir des comportements citoyens qui promeuvent la paix”, a-t-il lancé aux fidèles chrétiens rassemblés à la Cathédrale de Dakar.
Revenant sur la fête de Noël, le chef de l’Eglise catholique du Sénégal, a rappelé que la naissance de Jésus était associée à la grandeur de Dieu, à sa majesté et aussi à l’avènement de la paix sur la terre comme expression de son amour.
Il a invité tous les fidèles “à prier ardemment” en invoquant “l’enfant de Bethléem, le prince de la paix, pour l’avènement de cette paix dans nos familles, dans nos communautés, dans notre pays, dans notre sous-région, dans notre continent et dans le monde”.
“Bien-aimés de Dieu, accueillons la grâce de l’Emmanuel, Dieu avec nous, qu’il fasse de nous tous des artisans de la paix”, a-t-il prié, en invitant les fidèles à se mettre debout pour la prière du Pape Benoit XVI à l’enfant Jésus, marquant la fin de son homélie.
LE PAPE CÉLÈBRE NOËL, EN PENSÉE AVEC L'UKRAINE
Des milliers de personnes sont attendues dimanche sur la place Saint-Pierre à Rome pour voir le pape François délivrer son message de Noël, qui devrait accorder une large place à l'Ukraine en guerre
Le chef spirituel de l'Eglise catholique s'adressera aux fidèles depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre au Vatican, où il se livre traditionnellement à un tour d'horizon des conflits dans le monde, avant de prononcer la bénédiction "Urbi et Orbi" ("à la ville et au monde").
Lors de cette prise de parole retransmise en direct dans le monde entier, le pape devrait s'attarder sur le conflit en Ukraine, pour le premier Noël depuis l'invasion du pays par Moscou en février.
Si le jésuite argentin plaide inlassablement pour la paix, il a aussi tenté de maintenir un délicat dialogue avec Moscou, ce qui lui a valu certaines critiques pour ne pas avoir pris position plus clairement contre la politique du président russe Vladimir Poutine.
Samedi soir, quelque 7.000 personnes ont assisté à la traditionnelle messe de la nuit de Noël présidée par le pape dans la basilique Saint-Pierre, selon le Vatican.
Le pape de 86 ans, qui souffre toujours de douleurs au genou, a prié pour les "enfants dévorés par les guerres, la pauvreté et l'injustice", regrettant que "les hommes avides de pouvoir et d'argent, consomment leurs proches, leurs frères".
Face au "consumérisme", le pontife a invité à "quitter la chaleur de la mondanité" et "retrouver le sens de Noël", plaidant pour une Eglise charitable au service des pauvres.
"C'est très inspirant d'être ici avec tous ces gens, nous sommes heureux et émus de voir le pape, même si nous sommes dehors, et de sentir cette connexion entre nous", a confié à l'AFP Victoria Machado, 19 ans, venue du Mexique avec sa famille.
Comme elle, quelque 4.000 personnes n'ayant pas pu avoir de billets ont suivi la célébration sur des écrans géants installés à l'extérieur.
"Le pape est un hommes très humble, je pense qu'il est en mesure d'apporter un message de paix et d'essayer d'unir les peuples et d'apaiser les tensions", a déclaré Julie, 50 ans, cheffe d'entreprise à Nice.
Au moment où les 1,3 milliard de catholiques célèbrent la naissance du Christ, le cardinal polonais Konrad Krajewski s'est rendu en Ukraine pour passer Noël aux côtés des populations touchées par la guerre.
DES BÛCHES DE NOËL FABRIQUÉES AVEC DES PRODUITS LOCAUX
Des vendeurs de sapins en plastique et bonnets de père Noël ont envahi les rues, et les boulangeries ont sorti leurs plus belles bûches. Certains donnent un petit coup de neuf à ce dessert classique en utilisant des fruits locaux comme le bissap
Au Sénégal, la population est majoritairement musulmane, mais Noël est célébré dans beaucoup de familles de toutes confessions. Les vendeurs de sapins en plastique et bonnets de père Noël ont envahi les rues, et les boulangeries ont sorti leurs plus belles bûches. Certains donnent un petit coup de neuf à ce dessert classique en utilisant des fruits locaux comme le bissap, la fleur d’hibiscus.
C’est la partie la plus délicate : le glaçage est coulé sur les dernières buches. Puis, la touche finale : des petits sapins et des Pères Noël viennent orner les dômes brillants, avant qu’ils ne rejoignent les vitrines. Les bûches de la boulangerie Mburu, à Dakar, ont une particularité : elles sont faites avec des produits locaux.
Ndeye Khadi Ba est gérante du magasin qui emploie principalement des femmes issues des zones rurales : « C’est une fierté parce que ce sont des produits que l’on a produits ici, sur nos terres. C’est une fierté pour nous. »
La buche Rama d’un beau vert vif est à base de ditakh, un petit fruit vert frais et acidulé. La buche au chocolat joue aussi la couleur locale avec son croustillant mbouraké à l’arachide.
La décision du président Macky Sall, de verser aux joueurs de l'équipe nationale senior de football des primes après la Coupe du monde, bien qu'ils n'aient pas atteint leur objectif, a provoqué la colère de certains athlètes du pays
BBC Afrique |
Babacar Diarra |
Publication 25/12/2022
Les champions d'Afrique avaient pour mission d'atteindre les quarts de finale du Mondial, mais ils ont été éliminés au deuxième tour, après une défaite contre l'Angleterre, 0-3.
"Nous paierons intégralement les primes de qualification pour les quarts de finale, pour toute la délégation officielle", a annoncé Macky Sall deux jours après l'élimination des Lions.
Les primes de la Coupe du monde - qui proviennent du budget de près de 19 millions de livres sterling (environ 14,1 milliards de francs CFA) débloqué par le gouvernement sénégalais pour assurer les dépenses de la Coupe du monde - varieront en fonction du niveau de participation des 26 joueurs à l'ensemble de la compétition, y compris les éliminatoires.
D'anciens joueurs de l'équipe nationale senior de football et d'autres sportifs sénégalais ont dénoncé l'initiative présidentielle.
"Si vous gagnez, vous devez être récompensé. Si vous perdez, en revanche, vous devez en tirer des leçons", a déclaré au journal Stades un ancien attaquant des Lions du Sénégal, Diomansy Kamara.
Malgré sa nature généreuse, la décision de Macky Sall a été accueillie avec regret par certains athlètes. Ces derniers doivent souvent se battre pour financer leur propre participation aux compétitions.
De petites primes, une longue attente
Hamadel Ndiaye est un champion sénégalais de triathlon qui tente d'atteindre les séries mondiales et de se qualifier pour les Jeux olympiques. Bien qu'il ait travaillé comme caméraman à Londres, il a souvent du mal à acheter les billets d'avion en vue de sa participation aux compétitions.
Ndiaye dit avoir ressenti un choc lorsqu'il a appris que les supporters de l'équipe nationale devaient se rendre au Qatar sans rien payer avec leurs propres moyens, pour soutenir les Lions.
"Tout d'abord, j'ai été troublé lorsque j'ai entendu parler de la belle somme d'argent débloquée pour emmener les supporters au Qatar", a déclaré à la BBC l'ancien nageur âgé de 26 ans.
"En 2019 et 2021, j'ai voulu participer à une course, mais le billet d'avion pour Dakar était de 705 livres sterling (environ 525 294 francs CFA) et je devais payer 100 livres sterling (environ 89 420 francs CFA) de plus pour mon vélo comme bagage supplémentaire, mais je ne pouvais pas me le permettre", raconte Hamadel Ndiaye.
"Parfois, nous devons attendre jusqu'à la dernière minute pour savoir si nous pourrons participer ou pas", se plaint-il.
Le point de vue de Ndiaye est soutenu par l'athlète Sangoné Kandji, qui pratique le triple saut. Kandji affirme que de telles situations se produisent beaucoup trop souvent et empêchent les athlètes de s'"acclimater" sur les lieux des compétitions et impactent leurs résultats.
"Cette année, aux Jeux de la solidarité islamique, nous sommes arrivés en retard à Konya et l'un des athlètes a atterri à la veille de sa course. Ces choses sont à revoir, afin que nous puissions aider l'athlète à récupérer après son voyage et avant les compétitions."
Kandji ajoute qu'elle a été récompensée d'une "modeste somme" après son titre obtenu aux Championnats d'Afrique d'athlétisme de Maurice, en juin.
Ndèye Binta Diongue, une escrimeuse sénégalaise, se bat également pour gagner sa vie. La Fédération sénégalaise d'escrime lui a payé l'année dernière des primes qui devaient être versées depuis 2008.
"Cette année, j'ai remporté la médaille de bronze aux Championnats d'Afrique, et les primes ne me sont pas encore parvenues", déclare-t-elle à BBC Sport Africa.
"Les fonds destinés au football engendrent des frustrations…" se désole Ndèye Binta Diongue.
Selon elle, un Sénégalais médaillé d'or en escrime au niveau continental perçoit environ 539 livres sterling (environ 402 094 francs CFA), une somme que dépasse de loin celle versée aux footballeurs.
Outre les frustrations qu'engendrent les primes accordées aux Lions du football, les athlètes sont également constamment troublés par l'attention accordée à cette discipline sportive aux dépens des autres sports.
"Le football est la priorité et tout le monde le sait. Toutes les fédérations africaines en souffrent", regrette Diongue.
Le député Guy Marius Sagna, l'un des leaders de l'opposition, a manifesté son soutien aux athlètes, lors du vote du budget du ministère des Sports à l'Assemblée nationale, en décembre dernier.
"C'est un débat qui dure depuis longtemps : est-il le ministre des Sports ou le ministre du Football ?" a demandé M. Sagna.
"Des sports comme le karaté ou le taekwondo ont apporté des médailles mondiales. Le football n'a jamais apporté de médaille mondiale, mais la façon dont on s'occupe du football n'a absolument rien à voir ce qu'on fait avec le karaté ou le taekwondo", a dénoncé le député.
Saut erreur de sa part, a déclaré M. Sagna, le budget de la Fédération sénégalaise d'athlétisme est d'environ 30 millions de francs CFA, tandis que le budget d'un seul match amical des Lions du football varie entre 300 millions et 500 millions de francs CFA.
"Il n'existe aucun sport que nous ne soutiendrons pas", a promis le ministre des Sports, Yankhoba Diatara.
"Je pense que la solution est d'avoir une réunion chaque année, entre le Comité national olympique, le gouvernement et les fédérations, pour faire les arbitrages" sur le plan financier, a-t-il poursuivi.
"Les sports susceptibles de remporter des médailles recevront des fonds. Les autres devront attendre", a soutenu M. Diatara.
Les infrastructures avant les athlètes ?
Confrontée à une rareté des fonds, Diongue se concentre sur son propre plan d'entraînement, tout en enseignant l'escrime aux enfants de la ville française d'Asnieres-sur-Seine.
"Mon entraîneur m'accepte gratuitement, car il comprend que je ne peux pas payer 2 000 à 4 000 euros (entre 1 300 000 et 2 600 000 francs CFA) par an", explique-t-elle, ajoutant : "Avant les Jeux olympiques de 2020, j'avais trois emplois mais j'ai (…) presque abandonné. Heureusement, j'avais ma famille, mes amis et mes entraîneurs pour m'aider. J'ai également reçu des dons, j'ai réussi à obtenir 3 000 euros (environ 1 967 871 francs CFA) au total."
Les primes perçues après sa première participation aux Jeux olympiques ont servi surtout à payer ses dettes.
Alors que le Sénégal se prépare à accueillir les Jeux olympiques de la jeunesse en 2026, le premier événement olympique en Afrique, de nouvelles infrastructures sont construites ou rénovées dans et autour de la capitale du pays, Dakar.
Lors des derniers Jeux olympiques, à Tokyo, neuf athlètes ont représenté le Sénégal, mais la seule médaille olympique du pays - une médaille d'argent - a été remportée par le coureur de 400 m haies Amadou Dia Ba, à Séoul, en 1988.
Une fois encore, ce qui pourrait apparaître comme un investissement solide pour l'avenir continue de susciter l'angoisse de certains athlètes, qui espèrent briller pour le Sénégal lors des prochains Jeux olympiques seniors.
"Beaucoup d'investissements ont été faits (…) Pourtant [ces infrastructures] restent inutilisées pendant une bonne partie de l'année", souligne Hamadel Ndiaye.
"Les équipements du gymnase de [Dakar Arena] sont à peine utilisés et je trouve cela dommage…" déplore Ndiaye.
UN BILAN SANITAIRE MACABRE EN 2022
La mort de 11 nouveau-nés à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane, les décès en couches des dames Astou Sokhna et Mamy Doura Diallo dans des structures de santé Aont particulièrement marqué le secteur de la santé au Sénégal au cours de l’année
La mort de 11 nouveau-nés à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane, les décès en couches des dames Astou Sokhna et Mamy Doura Diallo dans des structures de santé à Louga et à Kédougou. Ces faits ont particulièrement marqué le secteur de la santé au Sénégal au cours de l’année qui s’achève. Tout comme la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec pour réhabilitation et la grève des syndicats de santé pour exiger le respect du protocole d’accord de mai 2022.
Après le tragique épisode de la pandémie de Covid-19 entre 2020 et 2021, l’année 2022 est marquée par la mort de 11 nouveau-nés, calcinés à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane. Ces bébés sont décédés, le 25 mai 2022, au service de néonatologie de ladite structure. L’incendie a été causé par un court-circuit et le feu s’est propagé très vite, ne laissant aucune chance aux nouveau-nés. Ce drame a créé la consternation chez les Sénégalais qui ont pointé du doigt la négligence et la défaillance du système de santé. Dans les médias, tout comme sur les réseaux sociaux, des populations ont invité à sanctionner de tels actes. Quelques jours après, le Président de la République a ordonné un audit des services de néonatologie afin que l’hôpital ne soit « plus un espace de tragédie ». Suite à l’audit technique et de sécurité des installations de l’hôpital, Abdoul Aziz Sy de Tivaouane, le poste transformateur, principale source du problème, a été remplacé par un autre d’une capacité de 400 Kva. L’autre mesure qui a été suivie a été le limogeage, le 26 mai 2022, du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr. Il a été remplacé par le Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, ancienne Directrice générale de la santé publique. Le Président de la République s’est, lui-même, rendu à Tivaouane pour présenter les condoléances de l’État aux familles des bébés décédés.
L’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga a connu un autre drame. Dans cette structure de santé de référence, une jeune femme, du nom de Astou Sokhna, a perdu la vie alors qu’elle y était pour donner naissance. Cette mort a été qualifiée de « négligence médicale » puisque la femme devait accoucher par césarienne, mais elle est restée pendant 20 heures dans la structure de santé sans secours. Pointée du doigt, la direction de l’hôpital est sortie du silence. En conférence de presse, le Directeur de l’hôpital, Amadou Guèye Diouf, a déclaré que l’hôpital n’est pas fautif dans la mort de cette dame. Quelques jours après, le Ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sall, a reconnu que la mort d’Astou Sokhna aurait pu être évitée avec plus de vigilance. Ce drame a généré une mobilisation nationale, provoquant le limogeage du Directeur de l’hôpital de Louga. En plus, six sages-femmes sont poursuivies dont quatre placées sous mandat de dépôt pour non-assistance à personne en danger. Le 2 septembre, une autre femme enceinte, Mamy Doura Diallo, est morte au centre de santé de Kédougou, dans les mêmes circonstances.
Fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec pour 18 mois
Construit en 1912, l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar a été fermé le 15 août 2022. Cet établissement doit être réhabilité. Mais l’opération a sucité une polémique à cause de la réorientation des malades vers d’autres structures de santé. Les travaux, prévus pour 18 mois, doivent permettre de rebâtir un nouvel hôpital sur une superficie de 3 hectares pour un coût de plus de 60 milliards de FCfa. Ainsi 26 services ont été redéployés dans 10 hôpitaux et 11 dans les centres de santé. À noter que, le 16 mai 2022, le centre hospitalier national Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba a démarré ses activités médicales. L’hôpital Abdou Cissé Kane des Agnam, dans la région de Matam, offre ses services depuis le 31 août 2022. Les travaux de construction des hôpitaux de Saint-Louis et de Ouroussogui se poursuivent.
La grève dans le secteur de la santé a également paralysé le fonctionnement de plusieurs structures santé au cours de l’année 2022. Les syndicats exigeant l’application du protocole d’accord signé le 10 mai 2022.
Le secteur de l’environnement secoué par la polémique des fonds décaissés
L’affaire des 45 milliards de FCfa pour l’achat des armes pour lutter, entre autres, contre les feux de brousse, le trafic illicite de bois, la déforestation, a marqué l’année 2022 dans le secteur de l’Environnement.
Le Ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique a été secoué en 2022 par l’affaire des 45 milliards de FCfa. L’argent a été décaissé, selon les autorités dudit Ministère, pour l’achat d’armes. Le but est d’équiper les forces de défense et de sécurité afin de leur permettre de faire face au trafic illicite de bois, à la déforestation, à la lutte contre les feux de brousse, au braconnage, etc. Malgré ces défis, le décaissement de ces montants a créé la polémique.
Comme les années précédentes, le Sénégal, à travers le Président de la République, a fait une participation honorable à la Cop 27 (Conférence des nations sur les changements climatiques). Elle s’est tenue du 6 au 18 novembre en terre africaine, notamment à Sharm El – Sheik, en Égypte. Le Président Macky Sall, en sa qualité de Président en exercice de l’Union africaine, a évoqué les défis de l’heure en matière de transition énergétique et de financement de l’adaptation au changement climatique. Il a plaidé pour le respect du pollueurs-payeurs, car l’Afrique, qui participe pour moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre, doit être soutenue financièrement par les pays développés. Au cours de l’année 2022, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi portant sur la Biosécurité. Cette loi a permis de passer à une modification directe du code génétique des organismes pour leur conférer le caractère plus résistant aux maladies.
Fourniture en eau, d’importantes réalisations pour booster la qualité
Le Sénégal a fait un pas de géant dans la production et la fourniture d’eau aux ménages. Des investissements colossaux ont aidé, dans le projet Keur Momar Sarr 3 (Kms 3), mis en œuvre par la Sones, pour le compte de l’État, à réaliser des ouvrages. Ces derniers ont permis la fourniture de l’eau en quantité et en qualité.
La volonté de l’État de prendre à bras le corps la problématique l’eau s’est matérialisée par une augmentation graduelle et substantielle du budget du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement arrêté pour l’exercice 2023 à 131,7 milliards de FCfa. Les 93%, soit un montant de 122,23 milliards de FCfa, sont destinés exclusivement aux investissements. Ce choix porté sur la réalisation des infrastructures, plutôt que sur les moyens garantissant le fonctionnement, a permis de réaliser des performances notables en matière de renforcement de l’accès aux services. L’un des faits marquants de l’année est la finalisation en cours du volet 2 de Kms 3. Il permet déjà au département de Thiès d’avoir une production complémentaire. Il a amélioré l’accès à l’eau potable dans le département de Guédiawaye. Ce volet a permis aussi à Rufisque d’avoir ses premiers châteaux d’eau.
L’autre infrastructure majeure est l’usine de dessalement d’eau de mer des Mamelles dont les travaux ont été lancés par le Chef de l’État, le 31 mai 2022. Cette usine aura une capacité de 50.000 m3/jour extensible à 100.000 m3/jour. Ce projet comporte d’importants travaux de renouvellement des conduites de distribution d’eau à Dakar sur une longueur totale de 316 kilomètres pour juguler les pertes d’eau.
Assainissement, des réponses à la hauteur de l’ampleur des inondations
Le secteur de l’assainissement a été marqué par les pluies exceptionnelles en 2022. Des précipitations record ont été enregistrées à Dakar et à Fatick où plusieurs maisons et édifices publics ont été envahis par les eaux. Face aux inondations d’une ampleur rare, le gouvernement a déployé de gros moyens dans le Plan Orsec pour soulager les victimes des inondations. Toutefois, il a été constaté que les zones déjà dotées d’ouvrages d’assainissement ont connu des conséquences moindres.
L’État a aussi prolongé le Programme décennal de lutte contre les inondations sur instruction du Président de la République. L’autre fait important, c’est l’organisation du Forum mondial de l’eau au mois de mars dernier. Le Sénégal a été la capitale de l’eau et de l’assainissement. Des experts venus de plusieurs continents ont examiné les contraintes d’accès à la ressource vitale et aux services d’assainissement. D’importantes mesures ont été prises pour mieux gérer cette ressource pour démocratiser son accès et aussi pour bâtir les relations de paix autour d’elle.
Le Sénégal reste un bon élève en Afrique de l’Ouest en matière d’assainissement. Cette longueur d’avance sera davantage consolidée avec des ouvrages structurants en cours de réalisation.
L’année de 2022 a été aussi marquée par l’achèvement de la construction de l’émissaire marin de Cambérène, une composante du Projet d’extension et de modernisation. L’émissaire marin sera relié à celui terrestre, long d’environ 5 km qui partira de la station d’épuration de Cambérène. Le coût global du projet de 42 milliards de FCfa est financé par la Banque islamique de développement (Bid).
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L'AFRIQUE, CAPTIVE DE SES SYSTÈMES ÉDUCATIFS
Pourquoi faut-il brûler nos systèmes éducatifs? L'Afrique peut-elle faire abstraction de l’intelligence économique pour son décollage ? Pourquoi il n’existe pas réellement de pays développés tel que certains le pensent? - GDH ANGONE A. répond
L’avenir de l’Afrique se pense aujourd’hui quand on sait qu’en 2050 sur les 10 milliards d’âmes que comptera l’humanité, 2 seront africaines ou d’origine africaine. Cette dynamique démographie du continent induit et impose des urgences sur tous les plans pour l’Afrique. C’est à la lumière de cette perspective que l’on peut comprendre le colloque international qui s’est tenu la semaine dernière à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar à l’initiative des autorités de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines.
Intitulé l’Afrique en devenir, ce thème principal aussi vaste soit-il est décliné en différents ateliers pour que les universitaires venus de différents pays du continent et de l’étranger puissent réfléchir, chacun selon sa discipline de recherche.
C’est en marge de cette rencontre qu’AfricaGlobe Tv a interviewé un GDh ANGONE ANGONE, jeune chercheur indépendant et ingénieur des mines d’origine gabonaise qui réfléchissait déjà sur la problématique et qui a d'ailleurs produit des ouvrages y afférents.
Précédemment étudiant à Dakar , puis en France, il est de retour au pays de la téranga. Dans sa réflexion GDH a pu remettre en question ou plutôt relativiser ce que les pays occidentaux considèrent comme développement, c’est-à-dire leur modèle avec toutes ses vertus et ses tares.
Pour cet ingénieur des mines, non seulement l’Afrique doit trouver son propre chemin de développement, mais elle doit surtout revoir de fond en comble le contenu de ses programmes académiques qui ne forment à l’état actuel que des serviteurs du mauvais système. Or, un chemin de développement adapté devrait, selon toute vraisemblance, prendre en compte l’identité et la culture des Africains
LE TROISIÈME FESTIVAL EVEIL CONSCIENCE CLOTURE LE 31 DECEMBRE
La cérémonie de clôture officielle du troisième Festival international ‘’Eveil des consciences’’ de Kaolack (centre), initialement va se tenir le 31 décembre, ont annoncé les organisateurs.
La cérémonie de clôture officielle du troisième Festival international ‘’Eveil des consciences’’ de Kaolack (centre), initialement va se tenir le 31 décembre, ont annoncé les organisateurs.
‘’On devrait recevoir le ministre en charge de la Culture qui nous a promis de venir savourer les spectacles de ce festival, parce qu’estimant que l’idée d’éveiller la conscience des jeunes et de promouvoir la citoyenneté est à saluer. Mais son emploi du temps étant trop chargé, il nous a demandé de repousser la date de clôture au 31 décembre’’, a expliqué le président de l’Association ‘’Saloum Rapatak’’, Ousmane Thioune, directeur artistique de ce festival.
Tenu du 9 au 23 décembre, ce festival, dont le thème porte sur ‘’Rester et réussir chez nous : évitons l’émigration irrégulière !’’, a été initié pour la première fois dans le contexte de la pandémie de Covid-19, a rappelé M. Thioune dans un entretien avec l’APS durant lequel il a magnifié le soutien du ministre de la Culture et du Patrimoine historique.
‘’Malgré les restrictions et autres problèmes liés à cette crise sanitaire, nous avons constaté que les jeunes continuaient à tenter l’émigration irrégulière. Pour cette troisième édition, nous avons axés le thème sur les risques liés à l’émigration irrégulière’’, a expliqué le président de l’Association ‘’Saloum Rapatak’’, Ousmane Thioune, directeur artistique de ce festival.
Spectacles culturels et artistiques, foras, caravanes de sensibilisation, sessions de formation et panels ont ponctués ce festival qui a été une ‘’très grande réussite’’ pour les organisateurs.
Selon Ousmane Thioune, à travers ce festival, les organisateurs ont voulu faire la promotion d’une culture citoyenne au niveau des jeunes qui, pour certains, passent plus de temps dans les réseaux sociaux qu’à s’engager dans des actions de développement.
‘’Nous avons, pendant le festival, non seulement faire la promotion de la citoyenneté, mais aussi et surtout montrer à la face du monde les nombreuses facettes de la culture locale. A Kaolack, toutes les cultures africaines et sénégalaises sont présentes à travers différentes ethnies, mais aussi les cultures urbaines’’, a souligné le directeur artistique du festival.
La particularité de l’édition 2022 de ce festival international, réside dans la fusion entre les cultures urbaines et les percussions du Saloum, s’est réjoui M. Thioune qui pense qu’avec l’appropriation de cette activité culturelle par les populations, il faut trouver des sites plus adaptés pour pouvoir contenir les participants.
Dans un souci de toucher le maximum de personnes dans les actions de sensibilisations sur la citoyenneté et les risques liés à l’émigration irrégulière, ce festival a aussi mené des activités dans les communes de Ndiaffate et Gandiaye pour entretenir avec les cibles sur l’importance de la jeunesse dans une société, a précisé Thioune.