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25 août 2025
LA PRÉSIDENTIELLE FIXÉE AU 25 FÉVRIER 2024
Après des semaines d'attermoiement, le gouvernement a enfin communiqué la date du scrutin, à travers le ministère de l'Intérieur ce jeudi 16 février 2023
La prochaine élection présidentielle sénégalaise se tiendra le dimanche 25 février 2024, a annoncé, jeudi, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome.
Dans un communiqué, il ‘’informe les citoyens sénégalais et les acteurs politiques que la date de la prochaine élection présidentielle est fixée au dimanche 25 février 2024 par décret N°2023-339 en date du 16 février 2023’’.
PAR Momar Dieng
LE MODÈLE SÉNÉGALAIS VAMPIRISÉ
La substance de ce qui était encore considéré comme Etat de droit s’est affaissée pour laisser place à un Etat de roi avec ses pratiques et symboles d’allégeance. La République est verrouillée à tous les étages
La violence et l’instantanéité avec lesquelles le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a coupé le signal télé du Groupe Walfadjri se passent encore de commentaires. Ni sommation, ni mise en demeure, ni aucun acte de procédure en bonne et due forme en amont de la forfaiture dont se rend coupable Babacar Diagne, brave soldat récidiviste en la matière. Lors des événements de mars 2021, c’est le même qui avait également suspendu les signaux des chaînes privées Sen TV et de Walf TV (déjà !) durant 72 heures. Aujourd’hui, il repart au combat, prêt à tous les extrêmes contre son « milieu naturel » pour satisfaire les vœux de ses commanditaires politiques, quoi qu’il en coûte à son image ! Du reste, que peut-on encore détester dans l’espace public si l’on réussit l’extraordinaire tour de manège d’avoir servi trois présidents de la République successifs sous trois régimes de nature globalement divergente ?
Babacar Diagne et les membres du Cnra sont une composante de l’écosystème d’influence fabriqué par Macky Sall pour mettre en place par la terreur politique et institutionnelle un projet autocratique mûri après son arrivée au pouvoir en 2012. Ce dessein mobilise, encadre et fait marcher au pas un groupe de personnes et d’institutions dont les rôles et les missions concourent à faciliter l’acceptation dudit projet dans l’opinion nationale (et internationale).
Les Sénégalais ne sont pas dupes : ils sont des témoins vivants et choqués de la complicité active dont bénéficie le pouvoir de la part de médias et d’individualités médiatiques face aux drames, scandales et injustices permanents qui rythment la gouvernance du chef de l’Etat. Le cadre de mise en œuvre de ce deal ayant été circonscrit, le palais n’a même plus besoin d’indiquer les chemins de la subordination eu égard au niveau d’appropriation suffisamment élevé du principe d’autocensure. Chacun sait ce qu’il a à faire par rapport aux actualités qui submergent les citoyens, et cela se voit dans le traitement curieux des faits d’actualité. C’est cette démission collective de médias naguère « subversifs » contre le régime d’Abdoulaye Wade mais aujourd’hui en convention d’affaires avec Macky Sall, que refuse le Groupe Walfadjri. Ce qui lui vaut au fond l’ire du bras armé audiovisuel du pouvoir.
Un système dans le système
Si ce système dans le système s’est imposé très vite, c’est que Macky Sall, directif et pragmatique de nature, n’est pas du genre à cogiter trop longtemps sur les archétypes qui rendent efficiente sa volonté de puissance. Entre pressions intenses, chantages judiciaires, nominations par décret ou recommandation, faveurs fiscales et tutti quanti, la menace contrainte et concrète a trouvé son aboutissement. Depuis 11 ans, le boulot à temps partiel de ces recrutés médiatiques consiste donc à consolider les postures de prébendes négociées, chacun à sa manière et dans son style, mais dans une temporalité partagée. La plupart sont devenus des mercenaires au service du chef de l’Etat et de ses projets. C’est en cela qu’ils sont assimilables à des « éléments » d’un consortium Wagner tapi au cœur de la presse sénégalaise. Ils sévissent par la plume, le micro, l’image, par la prose, le poème ou la satire. Ils ne se privent d’aucune outrance qui rende audible et visible leur sujétion, même s’il apparait qu’ils sont des polémistes moins doués que leur aïeul allemand, le compositeur Richard Wagner.
Ce wagnérisme version sénégalaise suinte dans la quasi-totalité du secteur public et parapublic où le pouvoir estime qu’il y a un crédit politique à ramasser. Au-delà du Cnra et des médias privés phagocytés, tout y passe : justice, police et gendarmerie, corps de contrôle, commandement territorial, presse gouvernementale, etc., avec un basculement des principes de justice et d’équité dans une sphère totalement partisane. Des exemples ?
Etat de roi
Le détournement technique et partisan du processus électoral en faveur de Macky Sall et de ses alliés ? Il relève d’un simple rapport de force entre acteurs politiques en compétition, donc que le plus fort gagne ! Le reniement (non encore publiquement assumé) du président de la République sur le caractère impératif de ses deux uniques mandats ? C’est au conseil constitutionnel de décider d’une 3e candidature de suite, pas lui ! Les partis-pris systématiques et grotesques dans le tri et l’enrôlement des plaintes judiciaires relevant de la violence et des actes politiques ? Laissons la justice travailler en toute sérénité ! Les rafles de voix critiques contre le régime dans la rue, sans convocation ? Silence ! Les appels publics aux meurtres contre des citoyens par des énergumènes encartés au clan présidentiel ? Des broutilles auxquels le procureur du roi n’a pas de temps à consacrer ! L’aveuglement infini des préfets et consorts interdisant invariablement les manifestations des opposants et des activistes ? Il nous prémunit contre les désordres publics ! La politisation décomplexée des références d’ordre ethnique ? Tous les moyens sont bons pour discréditer nos adversaires ! Où est passée notre démocratie de référence ?
Libérer les institutions et les hommes
Aujourd’hui, la réalité politique, institutionnelle et administrative au Sénégal n’échappe pas à grand monde, et surtout pas aux serviteurs aveugles et sourds du roi. La substance de ce qui était encore considéré comme Etat de droit s’est affaissée pour laisser place un Etat de roi avec ses pratiques et symboles d’allégeance dont un procureur du roi qui ne se fatigue même plus à tenter de justifier ses actes de répression. La République est verrouillée à tous les étages : c’est le temps du Sénégal pour Macky Sall. Or, c’est justement la rectification de cette anomalie insupportable qui est exigée du chef de l’Etat. Réaffirmer publiquement, une dernière fois, son impossible candidature en février 2024. Libérer les institutions et les organes de contrôle de la République de son emprise de fer. Faire organiser une élection présidentielle de référence en février 2024, inclusive, transparente, inattaquable. C’est le meilleur des services que le président Sall puisse rendre à un pays qui lui aura tout donné, au-delà de ses rêves les plus fous. Mais le veut-il seulement ?
LE CANCER DES ENFANTS EN NETTE PROGRESSION AU SENEGAL
Chaque année, le Sénégal enregistre entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant alors que seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unique unité d’oncologie et de prise en charge du pays.
Chaque année, le Sénégal enregistre entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant alors que seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unique unité d’oncologie et de prise en charge du pays. Une unité délocalisée à l’hôpital «Dalal Jamm» de Guédiawaye depuis la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec. A l’occasion de la célébration de la journée internationale dédiée à cette maladie chronique, l’oncopédiatre à l’hôpital «Dalal Jamm», Dr Mame Ndella Diouf, parle d’une prise en charge compliquée avec une seule unité de traitement pour seulement deux oncopédiatres secondés par un pédiatre pour le suivi médical des enfants atteints de cette terrible maladie.
Même s’il ne représente qu’une faible proportion de 1 % de la totalité des cancers, au Sénégal, on observe près de 1000 nouveaux cas de cancers par an chez l’enfant. Plus exactement, la moyenne annuelle tourne entre 800 et 1000 nouveaux cas annuels. « Mais il faut savoir que nous avons une population jeune. Donc, c’est devenu un problème de santé public», a souligné l’oncopédiadre Dr Mame Ndella Diouf de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye. Un établissement qui abrite aujourd’hui la seule unité de prise en charge après la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec. A Dalal Jamm, qui accueille aujourd’hui près de 250 jeunes patients, officient seulement deux oncopédiatres secondés par des pédiatres. « Au Sénégal, nous attendons, chaque année, entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant. Mais seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unité de prise en charge», a-t-elle dit. La seule unité d’oncopédiatrie du pays, redéployée depuis le 16 août 2022 à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, est logée dans le service de pédiatrie de ce dernier établissement avec 10 lits et une salle d’hôpital du jour où sont installés une dizaine de fauteuils de chimiothérapie. «L’activité d’hôpital du jour est assez importante avec environ 60 malades parsemaine. Ces malades viennent le matin faire leur chimiothérapie avant de retourner chez eux le soir. Ils peuvent avoir des cures allant de 1 à 5 jours pour certains protocoles. D’autres, qui prennent des chimiothérapies lourdes avec des perfusions de 6 heures ou encore un traitement de sauvetage quis’administre strictement tous les 6 heures, sont admis en hospitalisation pendant toute la durée de leur cure. L’hôpital Dalal Jamm a accepté de reconduire le forfait annuel de 50 000 francs qui couvre les frais d’hospitalisation et certains bilans biologiques et radiologiques» explique encore Dr Mame Ndella Diouf.
Le cancer de l’enfant, une réalité au Sénégal
En faisant le point de la situation juste quelques mois après la délocalisation de l’unité de Le Dantec à «Dalal Jamm», Dr Diouf déclare que le cancer chez l’enfant est une réalité au Sénégal, un fléau qui touche le sang, les reins, les yeux, les ganglions... A Dalal Jamm, «le premier cancer sur l’unité, c’est la leucémie qui est le cancer du sang. Après, il y a le néphroblastome qui est le cancer du rein suivi de très près par le rétinoblastome qui est le cancer de l’oeil au niveau de la rétine, ensuite il y a le lymphome qui est le cancer des ganglions», a expliqué la spécialiste des cellules cancéreuses chez les tout-petits. Selon elle, la leucémie (pour le sang), le néphroblastome (pour les reins), le rétinoblastome (la rétine de l’oeil), le lymphome sont entre autres destypes de cancer pouvant atteindre les enfants. Maisil y a aussi d’autres cancers qui sont des tumeurs cérébrales, destumeurs germinalessans compter les cancers de l’os, du foie, des muscles...
Si la prise en charge de ces cancers est compliquée au Sénégal c’est dû au fait que notre pays ne compte qu’une seule unité qui était à l’hôpital Le Dantec et qui a été délocalisée à l’hôpital Dalal Jamm. A cela s’ajoute le fait qu’il y a peu d’oncologues pédiatres, un plateau médical pauvre... Dr Mame Ndella Diouf plaide surtout pour le relèvement du plateau technique. « La prise en charge est assez compliquée parce que c’est une seule unité qui prend tous les cancers de l’enfant au Sénégal. Il n’y a pas beaucoup d’oncologues pédiatres au Sénégal. En exercice, nous ne sommes que deux, et on est secondés par une pédiatre dans notre équipe. Il y a également d’autres problèmes de plateau technique, et d’accessibilité des médicaments auxquels nous faisons face » ajoute l’oncopédiatre en service à Dalal Jamm
La seule bonne nouvelle, c’est que le cancer de l’enfant peut guérir. Un diagnostic précoce et un suivi régulier sont les conditions essentielles pour que l’enfant guérisse du cancer. Pour faire face aux décès évitables et complications qui résultent d’une absence de diagnostic précoce et des difficultés d’accès aux soins, l’une des rares oncopédiatres du pays indique que « nous avons formé plus de 200 prestataires, médecins, infirmiers, au diagnostic précoce des cancers de l’enfant. Ce qui a fait que, aujourd’hui, des malades des zones concentrées sont reçues à des stades plus précoces», rassure Dr Mame Ndella Diouf tout en soulignant que son équipe travaille en collaboration avec l’OMS et le ministère de la Santé pour la décentralisation des soins. D’ailleurs, confie-telle, le Sénégal a été choisi comme «modèle» dans la prise en charge dessix principaux cancers de l’enfant. Maigre consolation…
DEPLOYES A HATAY, NOS BRAVES SAPEURS-POMPIERS DEJA A PIED D’ŒUVRE POUR SAUVER OU PERIR
Dès leur arrivée avant-hier en Turquie, les sapeurs-pompiers sénégalais ont été immédiatement déployés à Hatay, la ville la plus dévastée par le séisme
Dès leur arrivée avant-hier en Turquie, les sapeurs-pompiers sénégalais ont été immédiatement déployés à Hatay, la ville la plus dévastée par le séisme. Les uns au milieu des décombres, les autres sur les gravats, nos braves sapeurs sont déjà à pied d’œuvre pour rechercher des survivants afin de les sauver, quitte à périr. « Le Témoin » vous en dit plus…
C’est dans le malheur qu’on reconnaît ses amis. Dévastée par un terrible séisme qui a fait près de 40.000morts et des milliers de blessés, la Turquie peut compter le Sénégal parmi ses meilleurs amis. Pour cause, dès l’annonce de la catastrophe, le président de la République Macky Sall, Chef suprême des armées, a immédiatement envoyé un détachement de sapeurs pompiers pour participer aux opérations de secours sur place c’est-à-dire dans les villes truques les plus touchées par ce tremblement de terre.
Le Témoin » quotidien vous informe que nos braves soldats du feu sont bien arrivés dans la capitale turque (Ankara). Selon un officier de sapeurs-pompiers, l’unité d’élite spécialisée dans le déblaiement et la recherche a été accueillie à son arrivée par l’ambassadeur du Sénégal en Turquie, son Excellence le général Cheikh Gueye. Immédiatement après, nous renseigne-t-on, les sapeurs-pompiers sénégalais ont été déployés dans la région la plus touchée, Hatay, où des villes entières ont été complètement défigurées ou englouties par la catastrophe. De jour comme de nuit, nos ambassadeurs du feu s’activent dans les montagnes de gravats pour rechercher et sauver d’éventuels survivants, quitte à périr sous les décombres comme le recommande leur devise « Sauver ou Périr ». Une présence inaperçue dans les ruines de Hatay grâce à leurs combinaisons floquées « Sapeurs-pompiers/ Sénégal » nous indique-on, histoire de prouver que les sauveteurs sénégalais sont déjà opérationnels pour contribuer à soulager de manière significative les populations locales sinistrées.
Toujours est-il que cette présence d’une trentaine de sapeurs-pompiers, plus que symbolique (du point nombre) est d’un soutien incommensurable au vu de l’ampleur des dégâts, de l’immensité des zones impactées, de l’insuffisance des secours. Elle est illustrative des liens d’amitié particuliers entre le Sénégal et la Turquie.
Aux cotés de secouristes d’autres pays, les sapeurs-pompiers sénégalais ont été vivement attendus et accueillis par les autorités turques complètement dépassées par l’ampleur des destructions provoquées par le tremblement de terre.
Le Sénégal fait des émules!
Par ailleurs, il est bon se souligner le rôle déterminant de l’ambassadeur du Sénégal en Turquie, le général Cheikh Guéye. Doté d’une expérience militaire en matière de dommages de guerre ou de catastrophes naturelles, l’ancien patron des armées sénégalaises a mis sur pied, dès l’annonce du séisme, un Centre opérationnel de crise pour une meilleure prise en charge et un suivi de nos compatriotes vivant en Turquie et qui pourraient se trouver dans les villes touchées par le séisme.
Heureusement plus de peur que de mal ou…de morts ! Car jusqu’à hier, mercredi 15 février, une dizaine de Sénégalais (sains et saufs) a pu être recensée dont quatre étudiants qui vivaient dans des villes dévastées par le séisme. Ils ont été accueillis et logés à Ankara par l’ambassadeur général Cheikh Guèye sur instruction du président de la République.
En tout cas, la rapidité de la solidarité sénégalaise commence à faire des émules « diplomatiques » en Afrique et suscite l’engagement d’autres pays. Ne soyez donc pas surpris de voir le Mali —ou un autre pays ! — envoyer un détachement de sapeurs-pompiers durant ce week-end.
IL Y A 29 ANS, LE CHAOS !
Evénements tragiques du 16 février 1994 - La tension socio-politique qui prévaut actuellement dans notre pays ne présage rien de bon et augure même de lendemains de braises.
La tension socio-politique qui prévaut actuellement dans notre pays ne présage rien de bon et augure même de lendemains de braises. Ceux qui soutiennent mordicus qu’il ne peut rien se passer de mal dans cette terre bénie de ses illustres aïeux tels Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadj Malick Sy, Cheikh Al Islam Ibrahima Niass, Seydina Limamoulaye pour ne citer qu’eux, ont tout faux. Dur sera le réveil si rien n’est fait pour arrêter la spirale de la confrontation ! Ce pays, comme tant d’autres sur le continent africain, n’est pas à l’abri de dérapages et est assis sur un baril de poudre. Il peut basculer dans le chaos à tout moment. Comme ce fut le cas en mars 2021 lorsque notre pays avait été secoué par de violente manifestations. Après ces événements provoqués par la tentative d’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, l’Etat, après s’être réarmé et avoir changé les chefs de la Police et de la Gendarmerie, avait bandé les muscles et juré qu’on ne l’y prendrait plus. Pourtant, bien avait mars 2021, ce même Etat avait été surpris, il y a 29 ans, par une manifestation qui avait la mort atroce de six policiers. Et des dégâts matériels difficiles à chiffrer. Le vendredi 10 février dernier, c’est encore ce même Etat, qui se disait pourtant préparé en conséquence et paré pour le combat, qui n’a pas su et pu empêcher les évènements de Mbacké. Mais, jetons un regard sur le rétroviseur avec comme point de mire une des pires journées vécues par notre jeune nation. Celle du 16 février 1994.
16 février 1994-16 février 2023. Il y a 29 ans, jour pour jour, le Sénégal basculait dans le chaos. La période post-électorale de 1993 marquée notamment par l’assassinat de Me Babacar Sèye, alors vice-président du Conseil constitutionnel, la morosité économique qui résultait de l’adoption le 16 août 1993 d’un plan d’urgence communément appelé plan Sakho-Loum du nom de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, feu Pape Ousmane Sakho et de son collègue du Budget, Mamadou Lamine Loum, et l’arrestation le 30 octobre 1993 de Serigne Moustapha Sy, leader moral des “Moustachidines”,tous ces événements avaient créé les ingrédients d’un cocktail pour le moins explosif.
Les ingrédients du cocktail
Après la proclamation dans la suspicion des résultats provisoires des élections présidentielle et législatives de 1993, le 14 mai de la même année, parla Commission nationale de recensement des votes, qui donnait vainqueur le Parti socialiste (PS) du président sortant Abdou Diouf au détriment de son principal challenger, Me Abdoulaye Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS), les Sénégalais attendaient ceux définitifs du Conseil constitutionnel. C’est dans ce contexte que Me Babacar Sèye, vice-président de cette haute juridiction, est assassiné le 15mai 1993, officiellement aux environs de 15 heures après une séance de travail au siège de cette institution. C’est sur la Corniche-Ouest, à bord de son véhicule de fonction alors qu’il rejoignait son domicile, qu’il a été mortellement atteint par destirs. Après cet assassinat, il y a eu une série d’arrestations dont celles de Me Abdoulaye Wade et de ses principaux collaborateurs, Me Ousmane Ngom (directeur de campagne), Jean Paul Dias et Pape Samba Mboup.
Pour ne rien arranger, Serigne Moustapha Sy, auteur d’une déclaration jugée offensante le 23 octobre 1993 à Thiès lors d’un meeting du Pds, est arrêté une semaine plus tard. Le jeune marabout tombé avait soutenu que le pays traversait trois crises à savoir une crise d’autorité, une crise de compétence et une crise de confiance. Ces éléments (lesrésultats jugés frauduleux de la présidentielle, l’assassinat de Me Sèye et l’arrestation de Moustapha Sy — ajoutés à la morosité économique engendrée par le drastique plan Sakho-Loum avaient mis les nerfs à fleur de peau.
Journée cauchemardesque
Élargi de prison, Me Abdoulaye Wade, de concert avec la Coordination des forces démocratiques (CFD) qui regroupait cinq partis de l’opposition, organise un meeting au Boulevard du général de Gaulle pour dénoncer la politique économique du régime du président Abdou Diouf. Les populations répondent massivement à l’invitation. Dans le lot, les membres des dahiras “Moustarchides wal Moustarchidates” éparpillés un peu partout à travers le pays et frustrés de savoir leur guide moral, Serigne Moustapha Sy, toujours dans les liens de la détention pour “troubles de nature à discréditer l’Etat”. Aussi, quand Me Abdoulaye Wade, répondant à l’interpellation d’un jeune militant qui appelait à marcher lance devant une foule surexcitée : “Vous voulez marcher ? Eh bien marchez!”
Une déclaration aux allures d’un feu vert que les manifestants prendront comme argent comptant en marchant vers le palais de la République. Dans la banlieue dakaroise, certains groupuscules avaient anticipé les évènements bien avant le démarrage du meeting en déclenchant des heurts avec les forces de sécurité et de défense à Thiaroye, Pikine et Rufisque. Les rues de la capitale sont alors à feu et à sang. Des hommes encagoulés, armés de couteaux, de gourdins, de machettes et d’armes à feu prennent part aux émeutes. Toujours sur le boulevard du général De Gaulle, une fourgonnette de la police nationale est brûlée et six policiers qui s’y trouvaient tués. D’autres policiers, une bonne vingtaine, sont grièvement blessés et évacués dans les centres hospitaliers de la capitale. Des magasins sont pillés et des édifices vandalisés. Il s’ensuit près de 200 arrestations surtout dans les rangs des “Moustarchidines” présumés auteurs des faits de violences, et notamment du meurtre des policiers, traqués sur l’étendue du territoire national. Me Abdoulaye Wade, Landing Savané, Pape Malick Sy, principaux dirigeants de la Coordination des forces démocratiques, ainsi que quelques uns de leurs militants sont également arrêtés le 18 février à leurs domiciles et inculpés pour “atteinte à la sûreté de l’Etat”.
Du côté du pouvoir, par arrêté N°001123 du 17 février 1994, feu Djiby Leyti Ka, alors ministre de l’Intérieur, interdit toute activité du mouvement “Moustarchidine Wal Moustarchidaty” sur l’étendue du territoire national. Parallèlement à cette mesure d’interdiction, il rejette la faute sur les Services et affaires présidentiels dirigés alors par son grand rival, feu Ousmane Tanor Dieng, qui auraient fait de la rétention d’information en n’anticipant point surles évènements. « C’est un vaste complot. Ce quis’est passé ce jour n’était pas spontané. C’était connu d’avance sauf que les services compétents de l’Etat qui devaient intervenir et qui étaient au courant auraient gardé l’information pour m’avoir, pensant que je réagirai violemment. Plus vous réprimez, plus les gens sortiront. La violence et la répression forment un cercle infini. J’ai demandé de ne tirer sur personne », avait déclaré l’homme d’Etat et alors premier flic du pays.
Le président Abdou Diouf, dos au mur et à l’écoute des régulateurs sociaux de l’époque, joue la carte de l’apaisement et appelle au dialogue son principal challenger, Me Abdoulaye Wade. Un dialogue qui débouchera le 15mars 1995 sur l’entrée de l’opposition au Gouvernement. Il s’agissait de la deuxième entrée de cette opposition dans l’Exécutif après celle de 1991. Comme quoi, une de nos armes les plus puissantes pour surmonter les crises demeure le dialogue. Un dialogue véritable, comme le dit un proverbe africain, qui suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité. Ousmane Sonko, comme Abdoulaye Wade hier, est un monstre politique qu’il convient de reconnaître et respecter pour l’intérêt exclusif de la nation.
«LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE EST UNE QUESTION DE DIGNITE»
Abdoulaye Elimane Kane affirme que c’est de manière interdisciplinaire et pluridisciplinaire que les questions de l’Afrique pourront être réglées au niveau de ceux qui pensent, créent, et en les sériant
Abdoulaye Elimane Kane affirme que c’est de manière interdisciplinaire et pluridisciplinaire que les questions de l’Afrique pourront être réglées au niveau de ceux qui pensent, créent, et en les sériant. Lors d’un exposé sur «Jeunesses, souveraineté et identités en Afrique», l’universitaire pense que la première priorité de l’Afrique est la question de la souveraineté alimentaire.
La souveraineté alimentaire est une question de dignité. Comment nourrir le Sénégal, et l’Afrique par extension ? Selon le Pr Abdoulaye Elimane Kane, c’est à travers «la créativité et l’innovation technique et/ou scientifique». Il faut une égalité et une réciprocité dans les rapports. Il y a également le cosmopolitisme avec la solidarité par les idées, les savoirs, le savoir faire et la culture, en ayant pour leviers la formation, la recherche et la créativité comme voie royale. D’autant que la société africaine a toujours été créative.
S’agissant de l’éducation, il faut apporter une réponse à la question ‘’quelle école ?’’, posée par la critique de l’école coloniale du Pr Joseph Ki-Zerbo. La question de l’identité est abordée par le Pr Kane, donnant la leçon inaugurale de l’école doctorale ‘’Etudes sur l’homme et la société’’. Ce, parce que dans ses recherches philosophiques, il a beaucoup réfléchi sur les rapports entre l’universalité et le particulier, l’identité dans le reste du monde. Il s’est ainsi penché sur la question de la jeunesse qui, dit-il «le préoccupe». Ce, d’autant que les statistiques démontrent que la jeunesse est majoritaire dans la population du continent et que dans un futur proche, cette jeunesse sera au centre des questions démographiques. Donc, «tout ce qui se fait en matière d’économie, de stratégie, de culture et de formation doit tenir compte du dividende démographique», préconise l’universitaire. Mais le Professeur en philosophie a axé son propos sur la question de la créativité. « Elle est transversale dans tous les domaines de la vie sociale et pratique. Mais nous sommes dans une université et l’école doctorale est un espace où des savoirs, des disciplines différentes se croisent pour essayer d’éclairer une problématique.»
L’ancien ministre de la Culture a, en outre, mis l’accent sur la formation. Selon lui, «la formation doit être axée sur les besoins prioritaires de l’Afrique». C’est, à son avis, en ce sens que la notion d’identité est importante. «Quand on dit les besoins d’Afrique, ce ne sont pas prioritairement ceux des Etats-Unis ou de l’Asie … c’est les besoins des africains. En ce sens, il y a bien une question d’identité. Mais réfléchir sur des questions d’identité n’empêche pas d’être ouvert sur le reste du monde. La preuve, il n’y a pas de recherche scientifique possible sans le reste du monde. Donc, les institutions africaines telles que l’école psychiatrique de Dakar, l’Institut sénégalais de la recherche agricole (Isra), Ifan Cheikh Anta Diop, Académie nationale des sciences et techniques etc. montrent bien qu’il y a un souci de prendre en compte et en charge les préoccupations africaines en matière de recherche et de développement», signale le philosophe. Cela dit, Pr Kane ne manque pas d’indiquer que ces laboratoires et ces institutions sont en coopération avec d’autres laboratoires. Parce que «dans le monde, il y a des problèmes communs ; il faut les régler à la fois sur le plan national et sur le plan international». Alors ces deux pôles, il faut les tenir ensemble pour comprendre le sens de l’exposé de Pr Kane.
Dans cette réflexion, il s’est agi précisément de «voir comment centrer l’école, l’éducation, la formation et ce, sans se couper des questions internationales qui sont scientifiques et techniques et qui concernent le monde entier», explique l’écrivain. Pour ce faire, l’universitaire a donné comme illustration la souveraineté alimentaire qui est une question d’actualité. D’autant qu’il est un problème emblématique, parce que «c’est le problème prioritaire numéro un. Ne pas pouvoir nourrir sa population, c’est montrer qu’il est illusoire de régler les autres problèmes. Les questions de priorité, de prise de décision et de perception de ce qui est stratégique par rapport à notre position et au reste du monde montrent que la question de la souveraineté est une question stratégique qui aide à comprendre les autres questions également», souligne Pr Abdoulaye Elimane Kane.
LE PUR TIENT SON MEGA MEETING CE DIMANCHE
Après le pari de la mobilisation gagné par le Pastef de Ousmane Sonko lors de son meeting à Keur Massar, le succès de la coalition BBY à Pikine, le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) organise un méga meeting à Guédiawaye ce dimanche 19 février
Pour marquer les 25 ans d’existence du Parti de l’unité et rassemblement (Pur), la formation du guide religieux Serigne Moustapha sy, responsable moral du Dahiratoul Moustarchidine Wal Moustarchidaty, organise un meeting ce dimanche 19 février au stade amadou Barry de Guédiawaye. a cet effet, tous les dispositifs sont pris pour réussir ce grand évènement dont le pari semble être la mobilisation.
La bataille de la banlieue aura bel et bien lieu ! Après le pari de la mobilisation gagné par le Pastef de Ousmane Sonko lors de son meeting à Keur Massar, le succès de la coalition BBY à Pikine, c’est au tour du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) d’organiser un méga meeting à Guédiawaye dans la banlieue dakaroise, ce dimanche 19 février. Un rassemblement qui met le parti du guide religieux des Moustarchidines au défi de la mobilisation, qui d’ailleurs semble être gagné d’avance, si l’on sait que du côté de la formation politique, l’on est à pied d’œuvre pour réussir ce challenge. Confection de teeshirts, Lacoste, casquettes, drapeau, tout à l’effigie du parti, aucun détail n’est laissé en rade. Minutieusement mais sûrement, les préparatifs vont bon train. Une équipe digitale spécialement dédiée a été créée pour la confection des articles. Du côté de la Commission Communication, l’on s'attelle également à la réussite de ce grand évènement. Le choix de la banlieue pour abriter ce rassemblement n’est pas fortuit. En effet, après plusieurs localités proposées au sein du parti telles que Tivaouane, Mbour, Thiès, le terrain de Dagoudane sis à Pikine etc., c’est le stade Amadou Barry de Guédiawaye qui a été retenu. D’ailleurs la lettre d’information a déjà atterri sur la table du préfet de Guédiawaye depuis jeudi. A travers ce meeting, le Pur veut montrer sa force et son ancrage dans le landerneau politique sénégalais.
25 ANS D’EXISTENCE SUR LA SCENE POLITIQUE
Le prétexte de ce meeting est la célébration des 25 années d’existence du PUR. Fondé le 3 février 1998 par Serigne Moustapha Sy, ce parti politique a un soubassement religieux. Les couleurs du parti sont le vert et le blanc, son symbole est représenté par deux colombes se faisant face. Lors de son congrès de constitution en 2000, le logo était principalement constitué de la carte de l'Afrique et des initiales du Parti. Lors de l’élection présidentielle de 2000, le fondateur du parti avait déposé sa candidature, mais avait fini par la retirer sur la demande de son père Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum. Ce qui a ralenti les activités du parti de 2000 à 2017. C’est seulement en 2017, lors des élections législatives, que le parti PUR est arrivé à obtenir trois sièges à l'Assemblée nationale, en terminant 3ème de ces élections, sans coalition avec un autre parti ou d'autres mouvements politiques, faisant du parti PUR une véritable révélation aux yeux des Sénégalais et de la presse. Chemin faisant, il participe pour la première fois à l’élection présidentielle de 2019 avec comme candidat le directeur de l’université du Sahel et ancien député, Issa Sall. Il finit quatrième avec un score de 178 533 voix, soit 5%, derrière Macky Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko.
LE PROCES MAME MBAYE NIANG-OUSMANE SONKO RENVOYE AU 16 MARS
Le procès pour ‘’diffamation’’ opposant le ministre du Tourisme et des Loisirs Mame Mbaye Niang au leader de Pastef (opposition), Ousmane Sonko, a de nouveau été renvoyé
Le procès pour ‘’diffamation’’ opposant le ministre du Tourisme et des Loisirs Mame Mbaye Niang au leader de Pastef (opposition), Ousmane Sonko, a de nouveau été renvoyé, a constaté l’APS.
Le procès a été renvoyé à la demande du bâtonnier de l’ordre des avocats, selon le juge.
Les avocats de la défense qui avaient demandé le renvoi du procès se sont heurtés à l’opposition du juge, du procureur et de la partie civile.
Il s’en est suivi une discussion houleuse entre avocats, obligeant le juge à suspendre la séance.
Le procès avait démarré jeudi peu avant 11heures au tribunal correctionnel de Dakar, a constaté l’APS.
Ouvert le 2 février le procès avait été renvoyé au 16 février à la demande des avocats de Ousmane Sonko, lequel ne s’était pas présenté à l’audience car n’ayant pas reçu de convocation, selon ses conseils.
Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme et des Loisirs, reproche à Ousmane Sonko d’avoir déclaré qu’il avait été épinglé par un rapport de l’IGE (Inspection générale d’Etat) pour sa gestion des fonds des 29 milliards du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC).
Niang qui conteste l’existence de ce rapport, a décidé de porter plainte pour ‘’diffamation’’ contre Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor.
Ce jeudi, M.Niang s’est présenté au tribunal plus tôt que Sonko dont le convoi, constitué de plusieurs véhicules, est arrivé au palais de justice vers 10heures 20 sous haute sécurité.
Pour les besoins de ce procès, les abords de la cité Keur Gorgui, le quartier dakarois où se trouve le domicile de Sonko, ceux du tribunal et de nombreux points stratégiques de la ville de Dakar sont sous haute surveillance policière.
Dans une déclaration faite mardi soir, Ousmane Sonko a annoncé qu’il sera au tribunal ce matin et appelé ses partisans à venir assister au procès.
‘’Que tous ceux qui ont le temps se rendent au Tribunal pour assister à ce procès dans le calme et la paix parce que ce sera une audience publique’’, a-t-il déclaré.
Le leader de Pastef ne s’est privé de critiquer cette procédure. ‘’Ce procès, c’est de la diversion et je n’ai pas confiance au juge. On doit être vigilants parce qu’ils cherchent à me rendre inéligible’’, a dit M. Sonko.
Des partisans du maire Ziguinchor et des leaders de la coalition de l’opposition Yewwi askan wi assistent à l’audience.
«VOUS N'AVEZ PAS INTERET A PLONGER CE PAYS DANS UNE INSTABILITE»
Aliou Sané estime que Macky Sall doit se conformer à ses paroles et préserver le pays d’une instabilité qui n’est profitable à personne.
La question sur une éventuelle candidature du président de la république pour un troisième mandat est toujours d’actualité. sur les ondes de la RFM, le coordonnateur du mouvement Y EN A Marre a invité le chef de l’état à «libérer» les sénégalais. Aliou Sané estime que Macky Sall doit se conformer à ses paroles et préserver le pays d’une instabilité qui n’est profitable à personne.
Pouvez-vous nous expliquer le sens de votre démarche, à savoir ces tournées auprès des organisations politiques?
Nous entamons aujourd'hui (ndlr: hier) la tournée qui sera une série de rencontres avec les organisations politiques. Si vous vous rappelez bien, quand la plate-forme a été mise en place par les organisations de la société civile, sur cette question aussi importante que la troisième candidature du président Macky Sall, nous avions dit que la cause transcende les appartenances politiques. Que ça soit société civile, syndicats ou autres. Dans ce cadre, nous avions entamé à l'époque une série de rencontres avec la société civile, les mouvements citoyens, les activistes et les syndicats. Aujourd'hui, il faut impliquer les organisations politiques pour arriver à bâtir une entité, une dynamique aussi grande que le M23. C'est ça l'objectif.
Qu'attendez-vous comme réponse de la part de ces organisations ?
La plupart de ces organisations n'ont pas attendu qu'on vienne à elles pour qu'elles commencent à donner leur point de vue sur cette question de troisième candidature. Ce sont des organisations qui sont déjà à pied d'œuvre. Et aujourd'hui, nous pensons qu'il est important que tout le monde puisse se retrouver autour de quelque chose de très fort, pour qu'on puisse agir ensemble et préserver la paix et la stabilité de ce pays.
Dans votre démarche, avez-vous prévu de rencontrer la coalition au pouvoir, c’est-à-dire le régime en place?
Nous allons rencontrer toutes les entités politiques qui se sont exprimées clairement, dans le sens de dire non à une troisième candidature du président Macky Sall. Pour votre information, le doyen Alla Dieng a rallié la cause, alors que nous savons qu'il est de la mouvance présidentielle. Il peut défendre le bilan de ce dernier, mais il ne pourra jamais défendre une idée de troisième candidature. C'est une initiative qui est ouverte à toutes les entités. Un acte de troisième candidature du président Macky Sall serait un recul démocratique pour ce pays. Ce serait même un acte qui plongerait ce pays dans une instabilité. Tout acteur qui pense ainsi pourrait rejoindre la plate-forme.
Selon-vous, qui doit mettre fin à cette situation ?
L'interlocuteur des Sénégalais sur la question du troisième mandat, c'est Macky Sall. Et dès la naissance de cette initiative, une lettre avait été adressée au président Macky Sall, pour lui demander de s'adresser aux Sénégalais et de réaffirmer le principe comme quoi, la Constitution du Sénégal ne lui permet pas de briguer une troisième candidature. Et que lui-même, par sa parole et ses écrits à travers son ouvrage, il avait dit qu'il allait le respecter. En lieu et place de cela, nous voyons des dignitaires de ce régime qui appuient l'idée de la troisième candidature. Mais nous voyons aussi le foisonnement des meetings d'investiture du président Macky Sall. Donc, notre interlocuteur, c'est le président Macky Sall.
Concrètement, souhaitez-vous rencontrer le président de la république ?
On n’est pas fermé à cela. S'il faut le rencontrer pour lui dire dans les yeux : Monsieur le Président, vous n'avez pas intérêt à plonger ce pays dans une instabilité ; vous n'avez pas le droit de donner un coup de grâce à la démocratie sénégalaise qui est déjà piétinée ; vous n'avez pas le droit de faire reculer le Sénégal pour une troisième candidature pour laquelle vous-même, vous aviez combattu contre le régime d’Abdoulaye Wade ; si nous avons l'opportunité de le lui dire en face, nous allons le faire.
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LE MOUVEMENT HIP-HOP RIME CONTRE MACKY SALL
Ils ont battu le macadam pour demander la libération de Mor Talla Guèye alias Nit Doff, en prison depuis début janvier pour «appel à l'insurrection» et à la «désobéissance aux institutions», «menaces de mort à l'encontre des autorités judiciaires»,
Les acteurs du mouvement hip-hop ont marché hier après-midi, le temps d’une manifestation. Ils ont battu le macadam pour demander la libération de Mor Talla Guèye alias Nit Doff, en prison depuis début janvier pour «appel à l'insurrection» et à la «désobéissance aux institutions», «menaces de mort à l'encontre des autorités judiciaires», «injures publiques »entre autres.
Cela ressemblait à un concert en plein air. Sauf qu’il n’y avait pas beaucoup de spectateurs. N’empêche, les barons du hip-hop sénégalais étaient quasiment tous au rendez-vous. Matador, Fata El Présidente, Xuman, Fou Malade, Thiaat, Simon, Xrum Xax etc. sont tous venus répondre à l’appel à manifester pour demander la libération de l’un des leurs.Il s’agit de Nit Doff, en prison depuis début janvier. En effet, la procession est partie du rond-point Sahm pour s’arrêter devant le ministère de la Communication. Ils ont été rejoints dans leur marche par le leader du Pastef Ousmane Sonko. Il était le seul leader politique à faire le déplacement. Toutefois, il faut signaler qu’il n’a pas pris la parole.
Arrivés au point de chute, sous bonne escorte policière, les rappeurs ont pris tour à tour la parole pour demander l’élargissement de leur «frère d’armes». Toujours avec ses dreadlocks bien entretenus, Xuman a promis le feu à Macky Sall. «Nous étions ici en 2011 aux alentours de la place de la Nation lorsque Mamadou Diop a été assassiné sous nos yeux par des balles de la police. Nous sommes ici aujourd’hui pour mener le même combat. Ça va péter. S’il ne me croit pas, il reste du chemin à faire », a déclaré le rappeur. Abondant dans le même sens, Cyril Touré alias Thiaat a tenu à avertir le Président Macky Sall. «Macky Sall, votre projet ne passera pas. Vous pouvez nous embastiller, mais le troisième mandat ne passera pas. Il ne faut même pas essayer. Depuis que Macky Sall est arrivé au pouvoir, tout le monde se soucie de ses libertés individuelles. Macky Sall, si votre incompétence vous amène à penser qu’en jouant à se faire peur avec des intimidations, c’estla solution pour régler le Sénégal, détrompez-vous.Il ne vous reste que 12 mois à la tête du pays et vous allez quitter le pouvoir», a-t-il clamé sous les applaudissements des manifestants qui n’ont pas été nombreux.
Quant à Simon Kouka, il estime que le président de la République a intérêt à libérer le pays. «Le pays est sous tension. Arrêtez Nit Doff, Hannibal Ndjim et autres détenus politiques ne fera qu’empirer la tension. Nous n’avons qu’un seul interlocuteur : il s’appelle Macky Sall. Parce qu’en tant que chef de l’État, il concentre tous les pouvoirs. Nous lui demandons de libérer tous les détenus politiques et d’opinion pour qu’il y ait une stabilité dans ce pays», a-t-il déclaré avant d’ajouter : «Nous étions ici, il y a dix ans, pour que cesse définitivement ce genre de privation de liberté. Le Sénégal est un pays démocratique dans le monde. Et ce n’est pas sous Macky Sall que cette image va s’effriter. Il faut libérer Nit Doff. Ses avocats vont introduire une demande de liberté provisoire pour qu’il soitlibéré, lui et les autres détenus politiques. L’essentiel, c’est qu’il rentre chez lui. Nous espérons que nous serons entendus», a-t-il ajouté.
LES DEMONS DE L’AUDIENCE AU PALAIS SURGISSENT
Toutefois, il faut souligner que des huées ont été entendues dans la foule. Quelques manifestants se sont mis à crier quand Moustapha Gningue, alias Fata El Président, a pris la parole. En effet, ils n’ont pas supporté l’audience qu’il a eue avec le chef de l’État, avec d’autres rappeurs, notamment en pleine tempête médiatique entre le ministre de la Culture Aliou Sow et le rappeur Nit Doff, suite à l’annulation du «Show of Year», un événement du rappeur. Conséquence : certains manifestants le perçoivent comme un allié du pouvoir. «Soyons ensemble pour ce combat!» a lancé Malal Talla alias Fou Malade, pour recadrer les débats. En même temps, une autre voix s'élève dans la foule : «N’écoute pas ces gens ! Continue ton propos !» Visiblement, les huées n’ont en rien altéré l’engagement de Fata dans le combat. «Nit Doff et moi ne sommes pas des ennemis. Nous partageons le mouvement hip-hop. Entre rappeurs, c’est entre gentlemen. Nous demandons la libération de Nit Doff», a martelé le rappeur qui assure avoir rendu visite à son «frère». «Nos dissensions sur l’audience au Palais n’altèrent en rien nos rapports. Je lui ai rendu visite en prison. Etje lui ai dit que le hip-hop a beaucoup souffert des politiques. Je ne parle pas de politique. J’ai fait signifier à Nit Doff que les rappeurs ont beaucoup souffert à cause des politiques et qu’il a une famille pour laquelle il doit se battre », a témoigné Fata.
Karim Xrum Xax fait partie de ceux qui ont pris position publiquement contre le régime. Pour lui, mettre Nit Doff en prison, c’est mettre tous les leaders d’opinion en prison. «Nous défendons les mêmes principes et également le même leader. Nit Doff fait partie des rares artistes à avoir pris position», a-t-il déclaré avant de poursuivre : «Au Sénégal, on diabolise la politique. Macky Sall n’a que la prison. Nous devons démystifier les prisons pour protéger le Sénégal. A chaque fois que Macky Sall met un leader d’opinion en prison, il fait notre publicité. Nous allons faire face à lui.Il va quitter le pouvoir en 2024, soit en paix, soit dans la lutte. La prison appartient à Macky Sall etla rue aux citoyens. Il faut se mettre debout pour libérer le Sénégal !» a clamé Abou Karim Guèye.