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26 août 2025
par Jean Pierre Corréa
RECHERCHE HOMMES D’ÉTAT D’URGENCE
Dans ce Sénégal d’aujourd’hui, il n’y a pas d'Isaac Forster, pas de Monseigneur Thiandoum, pas de Kéba Mbaye, pas de Mame Abdou ni de Serigne Saliou, pour dire stop à un État qui ne doit agir que sur la base de sa force légitime
« Le concept de l'honnêteté ne veut plus rien dire. Il faut parler de légalité. C'est elle seule qui a le pouvoir de légitimer les formes les plus raffinées de la grande escroquerie que l'on nomme le commerce entre les hommes ». Albert Brie
Question subsidiaire pour vous ouvrir à mon tourment citoyen présent : « Dans quel journal, magazine, sur quelle radio ou télé, avez-vous lu ou entendu une offre d'emploi qui disait : cherchons d'urgence politicien ou homme politique » ?
Comment se défaire de la désagréable impression que nous sommes 17 millions de Sénégalais à être pris en otages par, allez… fourchette haute, … 30 politiciens qui pour la plupart, n’ont eu aucune incidence sur notre croissance, ni sur aucun indice de développement humain, mis à part le leur évidemment. Comment expliquer le fait que dans notre pays, les politiciens soient devenus soudainement plus riches que les entrepreneurs et les capitaines d’industrie ?
Tout commence en 2005, lorsque nous apprenons sidérés d’un CD funeste appelé lui et moi, qu’Abdoulaye Wade a eu à s’exclamer en pénétrant au Palais de la République, s’adressant à son meilleur des fils d’alors, Idrissa Seck : « Nos problèmes d’argent sont terminés ». Sentence agrémentée de la parabole nauséabonde du « partage du butin entre les grands bandits », prémisse d’un combat politico-judiciaire homérique et déjà disputé loin des arènes de l’essentiel, et qui posa comme paradigme définitif de la Res Publica, qu’il fallait emprunter les voies de la politique pour faire fortune et devenir quelqu’un, comme on dit. C’est à cet instant que le Sénégal a « changé d’auxiliaire ». Avant il fallait « être »… Depuis il est devenu urgent d’« avoir » pour … paraître. Aujourd’hui, le slogan SOPI qui nous avait semblé tellement chargé d’histoire, semble empreint d’un sentiment d’esbroufe, car si la longue marche de celui qui s’était, avec prétention vu en Mandela, avait été sincère, le siège historique du PDS serait devenu un musée et non une ruine, et ses membres ne se seraient pas parés de toutes les exubérantes nouveautés possibles, voitures neuves, maisons neuves, costumes neufs et même…femmes neuves ! Désagréable impression que ce long cheminement ne consistait en fait, qu’à se rapprocher du coffre-fort.
Au grand dam des Sénégalais, ils n’ont pas seulement fait de la politique un métier, ils en ont fait une rente. Et parfois, faisant de la honte un étendard, devenus députés par effraction, ils explosent les limites de la décence, atomisent les bornes du mauvais goût, et se transforment, bavant de vulgarité réjouie, en faux-monnayeurs décomplexés. Le pire, c’est qu’on ne leur en veut même pas, puisque peuple de receleurs que nous sommes, il nous arrive de profiter de leurs largesses lors de cérémonies où leur « générosité » est louée, voire sanctifiée par un « Bougazelli ? Aka Tabbé » !
Ceux qui se moquent des populations…sont presque dans la normalité. Avec eux, « y’a pas moyen », comme disent nos frères ivoiriens. La seule solution, c’est de les sortir du jeu, à défaut de les avoir « under control » avec des punitions implacables à la moindre déviation.
Il n’est en effet pas étonnant que nos problèmes d’argent soient justement plus cruciaux là où nos hommes politiques se sont embourbés. Ceux qui posent plus problèmes, sont les politiciens qui sont, sincèrement, nourris de bonnes intentions, mais pas toujours solides dans leurs convictions. Ils sont souvent rattrapés par la réalité surtout avec ses difficultés pour gérer le quotidien. Jusqu’ici très peu parmi eux ont pu tenir le cap vers leur idéal proclamé. Pourtant ils restent indispensables pour mener à bien la barque et tendre vers les objectifs qu’ils nous avaient proposés de suivre avec eux. Leurs versatilités ou leurs renoncements peuvent ralentir ou compromettre leur marche vers le but d’une société où justice, équité et éthique sont aux sommets des objectifs à atteindre. Ce serait plus facile si les moyens à distribuer étaient conséquents. Hélas dans nos pays cela suppose que nous produisions, que nous gérions et que nous redistribuions plus et surtout mieux. Or, promettre des emplois sans créer de travail, pousse évidemment nos hommes politiques à des incantations qui sont vite teintées du plus grossier des populismes.
Des Cissé Dia, des Cheikh Anta Diop, des Diallo Diop, des Yero Deh, des Sémou Pathé Guèye, des Mamadou Lamine Diallo, pour ne citer qu’eux parmi tous ceux qui méritent l’appellation de politiques, disons-le …ils ne courent pas les rues.
Notre pays est parti en vrille…Besoin urgent d’Hommes d’État.
Alors, pourquoi diantre, devrions-nous depuis des années n’avoir comme informations, à leurs yeux essentielles, que la chronique des désaccords et des confrontations de ces hommes politiques, qu’avec notre tendance « société de grand’place », nous n’aurons fait qu’amplifier, jusqu’à leur faire croire que leurs existences à elles-seules suffisaient à combler nos rêves et à nous faire croire aux hommes providentiels.
On va dans le mur, c'est inéluctable et c'est mérité ! Nous vivons dans un Sénégal inquiétant, où il est interdit de manifester et d’accompagner un candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, où nous voyons, sidérés des engins militaires stationnés à nos carrefours, donnant à notre capitale des allures de citadelle assiégée et en danger, du seul fait d’un affrontement entre un candidat déclaré et un candidat toujours putatif, dont on sait que la seule déclaration de candidature aurait des contours explosifs de déclaration de guerre contre une opinion, qui même silencieuse, en a ras-le bol qu’au lieu de dire au détenteur de la force de se calmer, on est là à dire aux faibles « taisez-vous » !
Le renseignement est mort, l'Etat est mort, on est en apnée pure et simple, confit dans ses anciens réflexes, et qui ignore que chaque génération est un nouveau peuple. Dans ce Sénégal d’aujourd’hui, il n’y a pas de Isaac Forster, pas de Monseigneur Thiandoum, pas de Kéba Mbaye, pas de Thierno Seydou Nourou Tall, pas de Mame Abdou ni de Serigne Saliou, pour dire stop à un État qui ne doit agir que sur la base de sa force légitime. Le monde n'a jamais été beau ! Mais l'Etat, le renseignement, étaient dans les mains d'hommes d'Etat.
Dans cette sinistre tragi-comédie, banalement et tristement sénégalaise, les citoyens souhaitent ardemment retrouver « l’État ». Dans toute sa puissance, et sans aucune faiblesse coupable. L’État aussi se doit d’être impitoyable, faire œuvre de justice rapidement, et ne surtout pas empêcher un exemplaire et dissuasif verdict.
Que désirent voir et sentir les Sénégalais ? De l’État ! Et « d’urgence » ! Ils veulent plus d’État pour stopper cette folklorisation obscène du politique, surtout télévisée, pour arrêter cette course en avant et cette surenchère qui nous mènent dans le mur. Ils veulent que leur État leur dise et leur rende visible ce « budget de guerre » de 1 000 milliards, qu’on imagine dilapidé et éloigne d’eux l’idée que ces milliards sont encore partis en « 4x4 », villas et épouses de luxe.
Ils veulent, ces Sénégalais, que leur État contraigne ces grosses multinationales auxquelles il a filé tous les gros marchés de notre émergence, de cotiser dans la caisse de notre économie exsangue, et aide plutôt notre « secteur privé » auquel il n’a laissé que les miettes du festin, à sortir de cette crise sans trop de casse.
Les Sénégalais attendent de l’État qu’il prenne urgemment d’importantes mesures sociales, avant que des « Hommes » ne deviennent des « loups » pour les autres hommes, et nous fassent côtoyer les abîmes de la barbarie, lorsque justement, « franchies les bornes, il n’y aurait plus de limites », permettant à toutes sortes de veuleries de se répandre dans un pays qui n’a absolument pas le temps de gérer la colère. Pour le coup, ce serait une énorme connerie.
par Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
QUE GAGNE-T-ON À ENTREPRENDRE ?
À la sortie des études, on rêve souvent d’entreprendre pour donner libre cours à sa créativité et ne pas s’enfermer dans le carcan d’un employeur. En créant son entreprise et en recevant les documents de sa constitution, on sent en nous l’enthousiasme.
À la sortie des études, on rêve souvent d’entreprendre pour donner libre cours à sa créativité et ne pas s’enfermer dans le carcan d’un employeur.
En créant son entreprise et en recevant les documents de sa constitution, on sent en nous l’enthousiasme de quelqu’un qui a accompli plus de la moitié du chemin. A la première commande, on est presqu’en extase. On sent la réussite et on commence à la vivre.
Hélas, la saison qui suit est souvent celle des premiers doutes. On regarde le niveau des charges et le niveau des commandes et on se dit qu’il y a quelque chose de troublant.
On n’a pas encore la lucidité de procéder aux ajustements, encore moins le courage de l’abandon ou du changement de cap.
On persiste donc. On s’endette, on se nourrit de promesses, on se rassure avec des encouragements venant de proches et on maintient le cap.
Vient alors la troisième saison. Celle où on est littéralement en faillite mais on est encore incapable d’en prendre conscience car on assimile la faillite à l’échec.
On persiste mais la machine de l’enthousiasme se grippe. Le personnel s’effrite, les huissiers défilent et on commence à sombrer dans une forme de dépression. On perd confiance, on souffre du regard des autres et on finit malgré tout, par déposer les armes, les larmes en perles et l’âme en berne.
Ce que je viens de décrire est la classe préparatoire de l’entreprenariat. Ça veut dire qu’elle n’est pas un passage obligatoire. Si vous tenez à entreprendre et à réussir, il y a quelques principes qu’il me semble nécessaire de considérer :
1. Ne faites pas ce que vous aimez, faites ce que vos clients aiment et que vous savez faire.
2. Ne cherchez pas à faire beaucoup de choses. Focalisez-vous sur une chose et visez l’excellence dans cette chose.
3. Apprenez à reconnaître les moments. Ne persistez pas quand persister vous dévore. Ne lâchez pas non plus lorsque vous êtes à quelques berges du graal.
4. Ne comptez jamais sur des promesses pour maintenir artificiellement votre entreprise.
5. Cherchez des partenaires plutôt que des salariés, car partager et mieux que payer. Tuez les charges et s’il le faut, travaillez dans le café du coin.
6. Sachez que les clients sont plus attachés à la beauté des choses qu’à leur utilité.
7. En fixant vos prix, ne pensez ni à votre dernier I-phone ni à votre dernier bonbon. Soyez réaliste.
8. Sachez que souvent votre 1er concurrent, c’est votre entêtement et qu’il est aussi votre principal atout.
9. Cherchez des sources d’inspiration, mais évitez de faire des R.S. le temple de vos évidences.
10. Mesurez vos forces pour mieux les valoriser. Si votre point fort c’est les idées, ne vous associez pas à quelqu’un qui en déborde et qui a les poches vides. A la fin de la journée, comprenez que le salariat comme l’entreprenariat sont 2 facettes d’une même réalité : L’ACCOMPLISSEMENT.
Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
Administrateur Général de GAINDE 2000
Texte Collectif
APPEL À UNE GAUCHE PLURIELLE
L’histoire de la Gauche sénégalaise a toujours été une histoire de division et de dispersion. Le contexte international, les récents développements inquiétants de notre situation nationale, constituent un motif supplémentaire de se retrouver
Même si les forces de Gauche ont uni leurs efforts dans les différentes dynamiques pour la tenue des Assises nationales, la mise en place du M23 comme des coalitions pour l’avènement de la première et de la deuxième alternance, même si ses composantes ont toujours fait preuve de détermination et d’engagement jusqu’au sacrifice suprême, en vue de porter leur part de charge dans le combat pour l’indépendance, la démocratie et la justice sociale dans notre pays, et ce depuis la période coloniale jusqu’à nos jours, l’histoire de la Gauche sénégalaise, dans toutes ses nuances, a toujours été une histoire de division et de dispersion.
C’est ainsi qu’à l’heure actuelle les organisations se réclamant de la Gauche, à cause de leur division, se sont retrouvées trop faibles pour pouvoir peser sur le cours politique de notre pays.
Si l’unité de la Gauche a toujours été une préoccupation permanente de nos différentes organisations, elle est devenue, aujourd’hui, une urgence, un impératif catégorique.
Le contexte international et africain actuel, les récents développements inquiétants de notre situation nationale, constituent un motif supplémentaire et suffisant pour les forces de Gauche de se retrouver.
Elles sont condamnées à réaliser leur unité afin d’être en mesure de jouer pleinement le rôle qui est attendu d’elles. Face à cette situation, elles sont appelées à prendre leurs responsabilités.
C’est pourquoi, des forces de Gauche de notre pays, communistes, socialistes, socio-démocrates, nationalistes, écologistes ont décidé :
1°) de construire une nouvelle Gauche plurielle, unie, démocratique, laïque et panafricaniste, ouverte et inclusive, autour des conclusions des Assises nationales avec un discours nouveau et des méthodes nouvelles ;
2°) d’organiser les Assises de la Gauche plurielle sur la base de termes de références consensuels afin de créer une vaste organisation des partis et mouvements de la Gauche plurielle. Ces Assises seront aussi l’occasion d’aborder toutes les questions politiques, juridiques, économiques, sociales et culturelles qui agitent le pays ;
3°) de lancer un appel pressant à toutes les organisations et individualités intéressées à rejoindre notre initiative afin de mettre un coup d’arrêt à la division et à la dispersion de la Gauche, pour permettre à celle-ci de jouer un rôle de défenseur conséquent de la démocratie, de la République, de l’Etat de droit, de la stabilité et de la paix civile pour notre cher Sénégal et pour l’Afrique, dans la perspective des Etats Unis du continent.
C’est le lieu, ici, de souligner avec force que l’unification souhaitée, pour être féconde et porteuse, devra s’appuyer sur les idéaux, les valeurs et les principes de Gauche comme la générosité, l’humanisme, la solidarité, le partage, la justice sociale, l’égalité, le refus de l’oppression et de l’exploitation ainsi que la défense des couches défavorisées.
Il importe plus que jamais de mettre au cœur de la politique l’éthique, la responsabilité, le respect dû au citoyen et la primauté absolue de l’intérêt général, de l’intérêt du peuple.
Le Pôle des porte-parole des partis qui composent la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a tenu une conférence de presse hier pour se prononcer sur les manifestations violentes notées à Mbacké, lors du meeting avorté de Pastef, et sur les menaces de «déstabilisation» du pays. Pour Seydou Guèye et Cie, les forces vives de la nation doivent s’ériger en bouclier contre Ousmane Sonko et Cie.
Les forces vives de la nation doivent s’ériger en bouclier pour empêcher Ousmane Sonko et ses partisans de «déstabiliser» le pays. C’est l’avis du Pôle des porte-parole des partis qui composent la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), qui se prononçait en conférence de presse hier sur les manifestations violentes notées à Mbacké, à la suite de l’interdiction du meeting de Pastef vendredi dernier. «Nous condamnons avec la plus grande fermeté les actes de violence et de vandalisme, leurs auteurs et leurs commanditaires, survenus dans la ville sainte de Touba et celle voisine de Mbacké. BBY appelle toutes les forces vives de la nation à s’ériger en bouclier contre ceux qui veulent diviser les Sénégalais du fait des confessions religieuses, confrériques ou leur appartenance éthique», a déclaré Moussa Sarr, porte-parole de la LD. Ce dernier affirme que le Sénégal restera debout et le fonctionnement des institutions républicaines sera assuré, malgré les menaces proférées par certains. Pour lui, le caractère laïc de l’Etat sera toujours préservé. «Rien ni personne ne saurait porter atteinte à la vitalité du Sénégal et au vivre ensemble de la nation. Dès lors, nous invitons le président de la République à maintenir cette démarche de paix et de proximité», a-t-il dit.
Le Pôle des porte-parole des partis de BBY a ainsi appelé les militants de la mouvance présidentielle à ne pas se laisser divertir. «Le moment venu, les Sénégalais et les Sénégalaises éliront dans le calme et la sérénité, comme ils l’ont toujours fait, le président de la République de leur choix», a expliqué Moussa Sarr, rappelant : «depuis quelques semaines, la majorité présidentielle, articulée autour de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), a réussi des actions de mobilisation exceptionnelle et d’animations politiques intenses dans différentes localités du pays (Dakar, Thiès, Pikine, Tivaouane, Mbour, Koungheul, Saint-Louis, Ziguinchor), reliant en même temps le choix fait avec force par les populations, notamment des jeunes, des femmes, pour la préservation de la République et des valeurs qui la fondent». Pour Abdoulaye Wilane, Seydou Guèye et Cie, «les succès incontestables de ces rassemblements populaires dans la ferveur républicaine constituent des actes d’engagement éloquents à accompagner le président de la République, lors de ses tournées économiques dans sa dynamique de dialogue direct, franc et constructif sur des enjeux et défis à relever pour renforcer l’efficacité de notre option de territorialisation des politiques publiques». Pour eux, «ces démarches de proximité et d’écoute du pays réel illustrent bien pour le Président Macky Sall, l’inclusion sociale et l’équité territoriale qui restent des axes majeurs de sa vision pour apporter une valeur ajoutée à l’exécution efficace et diligente des politiques au grand bénéfice des populations». Ainsi, ils ont adressé toutes leurs félicitations au Président Macky Sall et lui ont assuré de leur soutien constant ainsi que leur engagement total à ses côtés pour son ambition pour le Sénégal
Selon eux, les mobilisations exceptionnelles lors des déplacements du Président Macky Sall confirment l’adhésion des populations à la mouvance présidentielle. «Cette dynamique constitue également un message net, clair et ferme que nous adressons à tous ceux qui veulent installer le chaos, faire installer la violence et ternir notre démocratie. Qu’ils se le tiennent pour dit : nous sommes prêts et déterminés à leur barrer la route. Au demeurant, BBY reste attachée aux vertus du dialogue et au débat démocratique pacifié. Ceci reste notre crédo. Dans cette perspective, la coalition BBY engage tous ses militants à prendre toutes les dispositions nécessaires pour contribuer à la défense de la République, à la préservation de l’unité nationale, à la cohésion sociale», a ajouté Moussa Sarr.
L’AFFAIRE DES HEURTS À MBACKÉ CRIMINALISÉE
De simples délits, les chefs reprochés aux 69 manifestants lors des émeutes à Mbacké et présentés au procureur passent aux charges de crimes
De simples délits, les chefs reprochés aux 69 manifestants lors des émeutes à Mbacké et présentés au procureur passent aux charges de crimes. Un retournement de situation qui intervient après que le procureur de Diourbel a corsé le dossier avec pas moins de six infractions qui font que les mis en cause sont passibles de la Chambre criminelle.
Sur les soixante-neuf personnes arrêtées par les forces de défense et de sécurité vendredi passé lors d’affrontements avec les militants et sympathisants du Pastef à la commune de Mbacké, dix ont été placés sous mandat de dépôt hier mardi 14 février 2023, au terme de leur face-à-face avec le magistrat instructeur. Les cinquante-neuf, dont le marabout politicien Serigne Assane Mbacké, ont bénéficié d’un deuxième retour de parquet et ont passé la nuit au commissariat central et à la brigade de gendarmerie de Diourbel. Ils seront fixés sur leur sort ce mercredi matin. Mais l’affaire qui était préalablement fondée sur les délits de participation à une manifestation non autorisée et dégradation et destruction de biens privés a fini par prendre d’autres proportions.
Les soixante-neuf personnes visées dans cette affaire vont probablement toutes être jugées non pas en flagrant délit, mais devant la Chambre criminelle. Et pour cause, le procureur près le tribunal de grande instance de Diourbel a finalement corsé l’affaire avec six infractions qui ont complètement changé la donne. C’est Mamadou Saydou Diao, le substitut du procureur général Aly Ciré Ndiaye, qui a livré les détails ce mardi dans un communiqué rendu public. «Sur le fondement des dispositions de l'article 11 alinéa 3 du code de procédure pénale, nous portons par voie de presse, à la connaissance du public. Au cours de ce mois de février 2023, des membres du Parti politique dénommé PASTEF ont adressé une demande de tenir un meeting à Mbacké, au préfet du département. Cette autorité, par l'arrêté préfectoral nº122 du 07 février 2023 décidait d'une interdiction basée sur une inobservation de certaines conditions de forme légalement requises.
Sur ces entrefaites, avant même que la Cour suprême, saisie pour un référé administratif par les préposés à l'organisation de la manifestation, ne se prononçât, certains cadres du parti dans le département, dont Serigne Assane Mbacké, ont proclamé publiquement que même sans autorisation, leur manifestation aura lieu (vidéo disponible sur Youtube)», déclare-t-il d’emblée. «Ainsi, poursuit-t-il, pour parer à toutes éventualités, les éléments des forces de défense et de sécurité, dans le cadre de leur mission de maintien de l'ordre public et de protection des personnes et de leurs biens, avaient mis en place un dispositif sécuritaire pour le respect strict de l'arrêté préfectoral. En tout état de cause, dans la matinée du 10 février 2023, des groupes de personnes ayant décidé de braver l'interdiction administrative, érigeaient des barrières et commençaient à brûler des pneus sur certaines artères de Touba et Mbacké. Dans l'après- midi, aux environs de 15 heures, les manifestants, de plus en plus nombreux, se sont attaqués aux forces de l'ordre et se sont livrés à des actes de vandalisme et de pillage au niveau de trois stations d'essence, dont l'une a été incendiée, outre le saccage de l'agence Sonatel de Ndam et de la boutique Sen Chan. D'autres propriétés publiques et privées ont été également endommagées au niveau du poste de perception de Touba, du siège de Serigne Modou Bara Dolly. De même, des véhicules de police et de Senico ont été caillassés.»
Le substitut Mamadou Saydou Diao de poursuivre : «Sur ces entrefaites, les forces de l'ordre ont procédé sur les lieux à l'arrestation de soixante-neuf (69) individus qui auraient pris part à ces faits d'une particulière gravité, ayant profondément troublé l'ordre public et porté atteinte à la sécurité des personnes et des biens.
L'ouverture d'une information judiciaire a été requise pour les individus déférés pour les infractions de participation à un rassemblement et à des actions diverses (article 98 du Code Pénal); dégradation de biens (article 225 du Code Pénal); dommage à la propriété mobilière et immobilière d'autrui (article 13-6 du Code des Contraventions); - instigation pour participation à un rassemblement et à des actions diverses ayant causé des dommages aux biens ou à des personnes (article 98 du Code Pénal); manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique, ou à occasionner des troubles politiques graves, ou simplement à enfreindre les lois (article 80 du Code Pénal)».
Pendant ce temps, les leaders de Pastef de Mbacké, avec à leur tête son coordonnateur départemental, le député Serigne Cheikh Thioro Mbacké, avaient pris d’assaut le palais de justice pour constituer un pool d’avocats pour défendre les manifestants dont les proches et familles cachaient encore maladroitement leur désarroi.
Certaines sources du côté du parquet ont rapporté que les mis en cause risquent de passer plus d’une année en prison, jusqu’après la Présidentielle de 2024, pour la bonne et simple raison que l’instruction de ce dossier pourrait prendre plus de temps que les autres. C’est dire que cette affaire qui n’a pas encore livré tous ses secrets est très loin de connaître son épilogue.
«LA COUR DES COMPTES TOUJOURS DETERMINEE ET ENGAGEE A ETRE LE GARDIEN DE LA BONNE GESTION DES FINANCES PUBLIQUES»
Le premier président de cette institution, Mamadou Faye, a fait part de la détermination et de l’engagement de cette Cour à jouer pleinement son rôle de gardien de la bonne utilisation des ressources publiques
Hier, à l’occasion d’une cérémonie de prestation de serment de nouveaux magistrats de la Cour des Comptes, le premier président de cette institution en charge de contrôler la gestion des finances publiques, Mamadou Faye, a fait part de la détermination et de l’engagement de cette Cour à jouer pleinement son rôle de gardien de la bonne utilisation des ressources publiques.
Alors que le fameux rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des fonds du COvid19 est encore sur toutes les lèvres, le président de la République a reconduit, pour un nouveau mandat de cinq ans, le magistrat Mamadou Faye comme premier président de cette institution chargée de veiller sur la bonne gestion des finances publiques de notre pays.
Hier, lors de la cérémonie d’installation de nouveaux magistrats de la Cour des Comptes, Mamadou Faye a fait part de sa détermination à faire jouer à cette dernière pleinement son rôle. « Permettez-moi de vous affirmer que la Cour des Comptes est, aujourd’hui plus que jamais, engagée à continuer à jouer pleinement son rôle institutionnel de gardien de la bonne utilisation des ressources publiques. Elle le fera en recherchant des moyens humains et matériels supplémentaires, en se dotant des outils technologiques permettant d’amplifier sa production mais aussi en s’appropriant les normes internationales de contrôle. La Cour le fera aussi par le dialogue et par un partenariat fécond avec toutes ses parties prenantes’’, a déclaré le haut magistrat.
Selon lui, pour espérer avoir une Cour des Comptes moderne et performante, assurant son leadership dans la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques de Sénégal, les acteurs doivent accepter que l’Institut Supérieur de Contrôle (ISC) leur impose un certain nombre d’exigences. Parmi celles-là, l’exigence relative à la conformité avec le statut qui impose des obligations importantes et commandes comme le serment qui est ‘’d’observer en tout la réserve, l’honneur et la dignité que ces fonctions imposent’’. Il a également cité les exigences d’indépendance et d’impartialité qui confèrent aux magistrats un statut et sans lesquelles il ne saurait y avoir de contrôle externe digne d’un système démocratique. Indépendance vis-à-vis de l’Exécutif, du Législatif et du Politique mais aussi indépendance vis-à-vis de tous les autres lobbies. ‘’Exigences de compétence et d’expertise, gage de la crédibilité de l’Institution, qui appelle une mise à jour permanente des savoirs et des compétences que nous nous transmettons au fil des ans. Cette exigence nous oblige à faire montre, dans notre travail, d’une expertise d’autant plus impartiale qu’elle s’exerce dans la collégialité, dans le respect du secret de l’instruction et de la procédure contradictoire, en un mot, dans le souci d’une justice équitable’’, a expliqué Faye.
Le magistrat a aussi évoqué les exigences de professionnalisation des personnels de contrôle à savoir les magistrats et assistants de vérification par le développement de leurs capacités techniques et professionnelles. Il y a aussi les exigences de réalisation d’une production de haute qualité, en quantité et dans les délais, celles d’objectivité, d’humilité, de célérité et d’information régulière qui sont devenues nécessaires pour une bonne gestion des finances publiques.
Gardiens exigeants de la bonne utilisation des ressources publiques
‘’Il nous faut des exigence d’amélioration de notre communication et de nos relations avec les parties prenantes notamment le Parlement, la Société civile, la Presse, l’Université. La quête de la satisfaction de ces exigences nous oblige à toujours améliorer et diversifier notre production qui s’adresse, au bout du compte, aux citoyens au nom desquels nous rendons justice’’, a encore indiqué le premier président de la Cour des Comptes, Mamadou Faye.
A l’endroit des nouveaux magistrats ayant prêté serment, il s’est dit sûr qu’ils mesurent la plénitude, la signification du serment qu’ils ont prononcé et qui est le point de départ de leur engagement dans une nouvelle étape de leurs carrières respectives. ‘’Mais plus qu’une carrière, la fonction de juge des comptes, c’est-à-dire de gardien exigeant de la bonne utilisation des ressources publiques est, à bien des égards, un sacerdoce. Vous êtes arrivés à un moment où, à la faveur des Directives de l’UEMOA, les attributions de la Cour des Comptes se trouvent fortement renforcées par le Parlement » a ajouté le président de la Cour des Comptes.
S’adressant à ses nouveaux collaborateurs et collègues, Mamadou Faye leur a indiqué qu’en plus du jugement des comptes des comptables publics, de l’apurement des gestions de fait et la sanction des fautes de gestion des ordonnateurs, faisant d’eux des magistrats financiers, ils seront aussi appelés à effectuer un contrôle de la gestion des organismes publics et à assister le président de la République, le Gouvernement et le Parlement dans le contrôle de l’exécution des lois de finances. Ces nouveaux magistrats seront aussi sollicités, avec l’avènement du budget programme, sur le système de contrôle interne et le dispositif de contrôle de gestion mis en place par les responsables de programmes, la qualité des procédures comptables et des comptes et enfin sur les rapports annuels de performance déposés à la Cour par les responsables des programmes. En tout, ils sont huit nouveaux magistrats à avoir prêté serment hier. Il s’agit de Moustapha Guèye, Babacar Guèye, Aminata Boye, Ibrahima Jean Sall, Bineta Faye, Boubacar Mbodj, Abdoulaye Ndiaye et Gorgui Maguette Diaw.
VEOLIA BOIT LA TASSE DANS LA SOUS-REGION TANDIS QUE SA FILIALE SEN’EAU VEUT PLUS DE LIQUIDE !
Sale temps pour Veolia en Afrique ! Du moins, le géant mondial de la distribution de l’eau — qui a racheté l’autre géant français de la vente de flotte SUEZ, celui-là même qui s’est fait attribuer dans les conditions que l’on sait par Mansour Faye le contrat d’affermage de l’eau dans nos grands centres urbains — ce géant mondial, donc, aurait pu rêver d’un meilleur début d’année 2023 sure le continent !
En effet, on apprend que Veolia vient de perdre l’exploitation et la gSale temps pour Veolia en Afrique ! Du moins, le géant mondial de la distribution de l’eau — qui a estion d’une usine d’eau potable en Côte d’Ivoire, plus précisément celle de Grand Alépé. Après deux ans d’exploitation et de gestion, la multinationale française Veolia a été remerciée au profit de la Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire (Sodeci). Une société dont l’un des principaux actionnaires n’est autre qu’Eranove, le groupe français qui possède la Sénégalaise des Eaux (SDE) écartée du marché sénégalais au profit de Suez…qui a été finalement racheté par Veolia ! Ça semble compliqué à saisir pour ce qui concerne notre pays mais il faut comprendre que, depuis la réforme du secteur de l’eau, en 1996, la Sénégalaise des Eaux, d’abord propriété de Bouygues puis rachetée par Eranove, a toujours géré la distribution de l’eau dans les centres urbains grâce à un contrat suivi de multiples avenants. Une gestion à ce point remarquable qu’elle a valu au Sénégal d’atteindre voire de dépasser tous les objectifs des Nations unies en matière d’Odd (objectifs de développement durable) concernant l’eau. Et à l’expertise sénégalaise de s’exporter jusqu’en Arabie Saoudite et en République démocratique du Congo sans compter que la SDE, citée en exemple par la Banque mondiale, recevait des délégations en provenance de tous les continents pour venir s’inspirer de son modèle. Malgré tout cela, il a fallu des camions bennes tasseuses offertes au maire de la ville de Saint-Louis — qui n’était autre au moment des faits que le ministre de l’Hydraulique — pour que la SDE, propriété d’Eranove,soit éjectée au profit de SUEZ…c’est-à-dire la généreuse société qui avait offert les bennes tasseuses ! A l’époque, bien que la filiale d’Eranove était plus compétitive, le beau-frère du président de la République avait préféré renvoyer l’ascenseur à ces si gentils Toubabs qui avaient fait cadeau à sa ville de camions bennes de ramassage d’ordures. Il faut dire que seuls trois soumissionnaires avaient répondu à l’appel du gouvernement sénégalais concernant la gestion de l’eau dans nos villes. Outre la Sde (Eranove) et Suez qui l’a finalement emporté, il y avait eu aussi…Veolia qui, sentant sans doute que les dés étaient pipés, a finalement jeté l’éponge à mi-parcours c’est-à-dire après le dépouillement des offres techniques.
Parti par la fenêtre du Sénégal, Veolia revient parla grande porte !
Mais voilà, puisque la roue tourne, le hasard a fait que, quelques mois après cette victoire sénégalaise de Suez, Veolia a lancé une OPA réussie sur la même Suez avalant donc cette dernière société et devenant par la même occasion le propriétaire de la Sen’Eau c’est-àdire la filiale sénégalaise de Suez ! « Chassé » du Sénégal par Mansour Faye, Eranove prend donc une petite revanche sur les bords de la lagune Ebrié, en Côte d’Ivoire, en se voyant confier la gestion et l’exploitation de l’usine d’eau de Grand Alépé, près d’Abidjan. Une usine exploitée et gérée depuis deux ans par…Veolia ! Selon le magazine « Africa Intelligence », « la Sodeci, qui jouit du monopole de la distribution de l’eau en Côte d’Ivoire, esquissait depuis quelques mois le souhait de se séparer de Veolia ». Malgré l’intervention du ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, les autorités ivoiriennes ont tranché au profit d’Eranove. Un malheur ne venant jamais seul, on a appris que l’Etat nigérien, aussi, avait résilié en octobre dernier le contrat de Veolia…qui n’a pas encore jeté l’éponge puisque, toujours à en croire Africa Intelligence, « Niamey finalise la constitution d’une nouvelle entité à laquelle pourrait être associée Veolia ». Mais si Veolia, propriétaire de SUEZ, connaît des déboires dans la sous-région, ce n’est pas le cas au Sénégal où sa filiale Sen’Eau, jadis propriété de Suez, fait la pluie et le beau temps. A preuve, malgré une gestion très décriée marquée par une distribution très laborieuse du liquide précieux, la Sen’Eau demanderait l’augmentation du prix exploitant de l’eau ! Cette demande surréaliste au vu du calvaire que vivent les populations relativement à l’accès à l’eau a fait l’objet d’une question écrite au Gouvernement posée par le député Guy Marius Sagna de Yewwi Askan Wi. Voici ce qu’il a demandé au ministre de l’Hydraulique, Serigne Mbaye Thiam, successeur de Mansour Faye : « Monsieur le ministre,
Depuis quelques temps, Suez, qui détient 45 % de la Sen’Eau, demande l’augmentation du prix exploitant de l’eau. Si cela passe, cela aura pour conséquence une augmentation du prix de l’eau rendue aux populations ou une perte des recettes de l’Etat. L’Etat ne peut pas accepter la demande de Suez qui, par sa gestion chaotique, a créé des pertes cumulées de 10 milliards les deux premières années. Suez qui a été choisi aussi sur la base du prix exploitant qu’il avait proposé — alors que l’offre de la Sde était moins chère — ne peut après seulement trois ans demander l’augmentation du prix exploitant de l’eau. Depuis l’arrivée de Suez, les travailleurs et les fournisseurs sénégalais souffrent le martyre… » C’est une augmentation qui…coule de source voyons ! Et puis, après avoir casqué fort pour gagner ce juteux marché dans un pays aussi…liquide que le Sénégal, il faut bien que les dirigeants de Veolia/Suez obtiennent un rapide retour sur investissement ! Surtout qu’après février 2024, nul ne sait de quoi l’avenir sera fait au Sénégal…
CE QUE RISQUE OUSMANE SONKO EN CAS DE NON-COMPARUTION
Le procès pour diffamation, injures et faux et usage de faux dans un document administratif opposant le leader de Pastef, Ousmane Sonko, au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, devrait se tenir demain jeudi 16 février sauf probable renvoi.
« A l'audience pénale, l'avocat assiste son client, il ne le représente pas…» précise un ancien juge du tribunal correctionnel de Dakar.
Le procès pour diffamation, injures et faux et usage de faux dans un document administratif opposant le leader de Pastef, Ousmane Sonko, au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, devrait se tenir demain jeudi 16 février sauf probable renvoi. Une chose est sûre, pour ces délits, rien ne peut contraindre le prévenu Ousmane Sonko quitte à se faire condamner par défaut. Selon un ancien magistrat du tribunal correctionnel de Dakar, si les faits sont d’une extrême gravité, le juge peut aussi délivrer un mandat d’arrêt à l’audience aux fins de l’exécution d’une condamnation rendue par défaut. Souhaitons que les trois parties à savoir le ministère public, le prévenu et la partie civile n’en arriveront pas là !
L’un, c’est le prévenu. Il s’appelle Ousmane Sonko, leader du parti Pastef. L’autre, c’est le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Ninag, dans le rôle du plaignant ou de la partie civile. C’est lui qui, en tant que ministre de la Jeunesse et de l’Emploi au moment des faits et assurant la tutelle du Programme des Domaines agricoles communautaires (Prodac), a servi une citation directe à Ousmane Sonko pour diffamation. Le procureur de la République, trop heureux de pouvoir ferrer le prévenu Ousmane Sonko, a ajouté les délits de faux dan un document administratif et d’injures publiques. Pour rappel, le leader de Pastef avait déclaré face à la presse que le ministre avait été épinglé par l’inspection générale d’Etat (Ige) pour détournement d’un montant de 29 milliards cfa issu du Prodac. Par la suite, reprécisant ses propos, il avait soutenu qu’il s’agissait plutôt de l’Inspection générale des Finances (IGF) et non de l’IGE.
Citation direction ? L’expression est sur toutes les lèvres puisqu’il s’agit d’une « plainte fast track » sous la forme d’un acte d’huissier diligenté par la partie civile ayant pour effet de faire citer directement et de faire comparaitre rapidement le prévenu devant le tribunal correctionnel. Ce en faisant l’économie d’une instruction qui peut être longue et fastidieuse. Pour les affaires les plus complexes, le procureur de la République engage l’action publique par un réquisitoire introductif. Est-ce le cas pour l’affaire opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko pour laquelle, on l’a dit, au-delà de la diffamation, l’accusation vise également deux autres délits tels que les injures publiques et le faux et usage de faux dans un document administratif. L’affaire a été appelée à l’audience de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance hors classe de Dakar le jeudi 2 février dernier avant d’être renvoyée au jeudi 16 février c’est-à-dire demain. En fait, si cette affaire a retenu l’attention de l’opinion nationale et suscité des débats politico-judiciaires, c’est parce qu’elle pourrait avoir des conséquences politiques sur la candidature d’Ousmane Sonko en vue de la présidentielle de 2024.
Attention au recel ou « vol » de document administratif !
Mais quoi qu’il en soit, le mis en cause Ousmane Sonko, comme d’ailleurs tous les justiciables, doit obligatoirement se présenter à l’audience même s’il a la crainte légitime d’être condamné. Il est vrai que l’on voit mal comment un prévenu hors du commun comme Ousmane Sonko pourrait échapper à ces trois chefs d’inculpation qui le visent. Comme nous l’écrivions dans ces colonnes, pour la diffamation, il avait dix (10) jours pour apporter les preuves des faits réputés diffamatoires. Ces preuves, s’il les produit le 11e jour suivant la réception de la citation ou le jour de l’audience, « ce serait peine perdue ! » comme aime le dénoncer souvent notre directeur de publication Mamadou Oumar Ndiaye. En tout cas, « Le Témoin » quotidien reste convaincu que le prévenu Ousmane Sonko n’est plus dans les délais de production de preuves. Le problème c’est que si, par extraordinaire, il avait produit dans les délais un document établissant que Mame Mbaye Niang avait détourné 29 milliards au Prodac, il serait condamné pour recel ou vol de document administratif ! Donc dans tous les cas, qu’il produise l’exceptio veritatis ou soit incapable de produire la moindre preuve, qu’il soit présent à la barre ou qu’il brille par son absence, Ousmane Sonko a peu de chance d’échapper à une condamnation dans cette affaire. Surtout que la volonté du pouvoir en place, auquel la « justice » ne peut rien refuser, c’est de le voir condamner afin de l’écarter de la présidentielle de février prochain ! Encore une fois, rien ne peut contraindre le prévenu Ousmane Sonko à comparaître et il peut choisir de se faire condamner par défaut. Même en détention, un prévenu peut refuser de se présenter à la barre d’une juridiction quitte en subir les conséquences. Toutefois, selon un ancien magistrat (juge) du tribunal correctionnel de Dakar, la présence du prévenu ou de l’accusé à l’audience est obligatoire car « sinon son avocat ne pourra même pas prendre la parole pour le défendre. Parce qu’à l’audience pénale, l’avocat assiste son client, il ne le représente pas comme à l’audience civile » précise cet ancien juge ayant présidé une chambre correctionnelle pendant plusieurs années au tribunal de grande instance hors classe de Dakar. « Et si les faits sont d’une extrême gravité, le juge peut aussi délivrer un mandat d’arrêt à l’audience aux fins de l’exécution d’une condamnation rendue par défaut » explique notre interlocuteur tout en rappelant que décerner un mandat d’arrêt est laissé a l’appréciation du juge.
Le complot de trop ?
Interrogé à propos de ce procès Mame Mbaye Niang/Ousmane Sonko où se jouera une partie essentielle du destin politique du leader de Pastef, un avocat estime que, juridiquement, Ousmane Sonko aurait tout intérêt à se présenter à la barre pour éviter d’être condamné. « Parce qu’un jugement par défaut est une décision rendue en l’absence du prévenu et sans que les conditions d’un jugement réputé contradictoire soient réunies, c’est-à-dire en l’absence de citation de la personne. Politiquement, je comprends les avocats et partisans d’Ousmane Sonko qui ne parlent que de procès politico-judiciaire sur fond de complot. Normal car ils savent qu’en cas de lourde condamnation pour injures, faux ou usage de usage, recel ou vol de document administratif, le prévenu Ousmane Sonko peut être déclaré inéligible à la présidentielle de 2024 » explique cet avocat à la Cour. Et d’ajouter : « Par contre, sur le terrain politique, je vois mal comment le régime de Macky Sall pourrait organiser une élection présidentielle sans le leader de Pastef Ousmane Sonko. Non ! Quelle que soit la condamnation, personne ne pourra empêcher Sonko d’être candidat en 2024 à mon avis. Parce que c’est une exigence de la rue et du peuple sénégalais…Une chose est sûre, d’après ce que j’ai vu sur le terrain politique et entendu au sein de l’opinion nationale et internationale, empêcher Ousmane Sonko de se présenter à la présidentielle de 2024, c’est compromettre l’organisation de cette élection. Dommage que les responsables de la mouvance présidentielle ne disent pasla réalité du terrain au chef de l’Etat ! » se désole cet avocat chevronné.
Le leader de Pastef sera-t-il présent ou pas à la barre du tribunal correctionnel ce jeudi ? Nul ne saurait le dire, à part peut-être les avocats d’Ousmane Sonko. Certes, en cas de condamnation par défaut dans des cas d’une gravité extrême, le juge peut délivrer un mandat d’arrêt à l’audience aux fins de l’exécution de la peine. Toute la question est de savoir si, dans cette affaire opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko, les faits reprochés au leader de Pastef entrent dans cette catégorie. Pour « Le Témoin » quotidien, les faits, tels que présentés et exposés, sont loin d’être d’une extrême gravité. Ce même si Mame Mbaye Niang, le Parquet et Benno Bokk Yaakar veulent faire croire le contraire !
L'INCINERATION DE DECHETS A CIEL OUVERT BIENTÔT INTERDITE
Bruler les déchets est une pratique largement répandue au Sénégal. Mais peu de gens savent que l’incinération de ces déchets est néfaste pour la santé et peut aussi être source de dégradation du cadre de vie.
L’incinération des déchets à ciel ouvert peut causer des problèmes de santé et dégrader le cadre de vie. Fort de cela, l’État annonce son interdiction dans l’espace public.
Bruler les déchets est une pratique largement répandue au Sénégal. Mais peu de gens savent que l’incinération de ces déchets est néfaste pour la santé et peut aussi être source de dégradation du cadre de vie. Le Directeur de l’Environnement et des établissements classés, Baba Dramé, révèle que le Sénégal travaille sur l’interdiction du brûlage des déchets. Il considère ce phénomène comme une mauvaise pratique. Baba Dramé a indiqué que lors de la conférence ministérielle africaine sur l’environnement tenue en octobre 2022, à Dakar, les Ministres de l’Environnement de l’Afrique avaient décidé de mettre en place une nouvelle politique qui va désormais interdire le brûlage des déchets qui a des conséquences néfastes sur l’environnement, mais aussi sur la santé des populations, car elle libère, dans l’air, des substances toxiques.
« Malheureusement, c’est l’ignorance qui est à l’origine de cette pratique », a regretté Dr Diomaye Dieng, enseignant-chercheur à l’Institut des Sciences de l’Environnement (Ise) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Le spécialiste soutient que le brûlage des déchets s’explique dans certaines situations par un manque d’infrastructures adéquates pour gérer, de façon écologique et rationnelle, les déchets. Cette pratique découle également de la multiplication, de manière informelle, des acteurs dans la gestion des déchets. « Certains d’entre eux n’ont pas la logistique nécessaire pour gérer les déchets. Dans la récupération et l’élimination des déchets, beaucoup d’acteurs procèdent à l’incinération des déchets sans pour autant connaitre les conséquences négatives que cela peut engendrer pour l’environnement et la santé des populations », a expliqué Diomaye Dieng.
Particules dans l’atmosphère
D’après lui, les conséquences du brûlage des déchets sont lourdes sur la qualité de l’air. « En effet, la combustion rejette une grande quantité de particules dans l’atmosphère. En brulant les déchets, cela dégage des gaz à effets de Serre et du CO2. Les oxydes nitreux peuvent être aussi dégagés lors d’une incinération des déchets, sans oublier le méthane qui pourrait être généré, si l’on ne gère pas bien les déchets, car en les laissant sur un site, il y a souvent de la fermentation. Tous ces gaz contribuent à augmenter l’impact des changements climatiques », a détaillé M. Dieng.
Le brûlage des déchets peut aussi favoriser le cancer. « Lorsqu’on brule les déchets, cela émet des polluants organiques persistants dont les plus connus sont les dioxines et furanes qui sont des substances cancérigènes. Quand vous êtes exposés, de façon régulière et assez longue, au brûlage des déchets, comme les populations vivant dans les zones de décharges électriques, vous pouvez avoir des incidences sanitaires très fâcheuses », a souligné Baba Dramé. L’enseignant-chercheur, Diomaye Dieng, est encore plus précis : « si brûler les déchets peut paraître bénin, les fumées de ces déchets qui se combinent avec celles issues d’autres sources de pollution constituent un cocktail toxique pour les poumons ». En plus de toutes les conséquences notées, dit-il, l’émission de fumée dégrade l’environnement et le Sénégal travaille à trouver des solutions durables en initiant des infrastructures adéquates pour améliorer le cadre de vie. Voilà qui justifie la mise en place, par le Gouvernement, des points de collecte normalisés. L’enjeu est énorme : éviter les dépôts sauvages, valoriser les déchets, améliorer le cadre de vie et promouvoir la santé des populations.
L’IDÉE DE NATION UNIE ET PLURIELLE S’EST ANCRÉE AU SÉNÉGAL
Cheikh Hamidou Kane est resté cet esprit vif, avide de savoir, ouvert à l’autre, mais fortement attaché à ses racines, ancré dans les valeurs sociétales d’hier, tout en étant un observateur attentif des évolutions d’aujourd’hui - ENTRETIEN
Hier – nous sommes en 1961 –, à peine trentenaire, il offrait une œuvre majeure aux mondes des lettres et des bels esprits, de même qu’à une foule d’un autre genre de lecteurs dont des générations d’élèves et de lycéens. D’ores et déjà, on parlera de L’aventure ambiguë, œuvre qui sera primée, l’année suivante, avec Le Grand prix littéraire d’Afrique noire. Aujourd’hui, nonagénaire, après une carrière bien remplie, surtout au service de son pays et de l’État, puis une autre œuvre – Récit emblématique –, une fable qui scrute le conflit de civilisations entre l’Afrique et l’Occident, Cheikh Hamidou Kane est resté cet esprit vif, avide de découvertes et de savoir, ouvert à l’autre, mais, fortement attaché à ses racines, ancré dans les valeurs intellectuelles et sociétales d’hier, tout en étant un observateur attentif des faits et évolutions d’aujourd’hui. Son neveu, un autre Sénégalais de lettres connu et reconnu, El Hadji Hamidou Sall, a les mots justes pour camper ce patrimoine : Son cheminement intellectuel est celui d’un auteur à qui les honneurs littéraires sont venus beaucoup plus qu’il ne les a poursuivis. Avouons-le ! Face à cet esprit alerte, toujours ; doué d’une capacité d’analyser ce que son ouïe capte, et/ou que son regard scrute, on est tentés, parfois, – gagnés par la beauté de sa modestie – de se départir du questionnaire, pour boire, en se délectant, ses paroles. Puis, l’on finit par se ressaisir… Car, il faut nécessairement saisir ses mots, pour pouvoir les partager, au mieux. Verba volant, scripta manent » (les paroles s’envolent, les écrits restent).
Le Président de la République, Macky Sall, a pris la décision, le 18 janvier dernier, en réunion du Conseil des ministres, de vous décerner, avec Aminata Sow Fall, à titre exceptionnel, hors compétition et pour l’ensemble de vos œuvres, « Le Grand Prix du Chef de l’État pour les Lettres ». Quel sens donnez-vous à cette distinction ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Un sentiment profond de gratitude à l’endroit du Chef de l’État, Protecteur des Arts, des Lettres et des Artistes. Il nous honore et nous élève ainsi à une dimension qui dépasse nos simples catégories d’humains et nous place dans la postérité. Qu’il en soit remercié ! Cette distinction me touche particulièrement. Elle touche aussi ma famille et mes proches. Il faut être un homme d’honneur pour avoir la générosité d’honorer les siens, surtout quand ceux-ci appartiennent à une autre génération que la sienne. Ce Grand prix vient couronner mon travail ainsi que celui d’Aminata Sow Fall, pionnière des lettres sénégalaises, femme de talent et d’engagement. Fierté ne peut être plus grande pour un écrivain que de voir son œuvre couronnée dans son propre pays, par la plus haute institution de ce pays. Je reçois humblement cette distinction, mais avec joie et gratitude. Et j’espère qu’elle va inspirer la nouvelle génération d’écrivains, de poètes, d’hommes et de femmes de lettres à poursuivre leur travail de création afin de redorer le blason des lettres sénégalaises.
Vous êtes également parrain de l’Université virtuelle du Sénégal. Quels enseignements, quels conseils pouvez-vous livrer à la génération présente, connectée au digital pour ne pas dire au virtuel, et très différente de la vôtre ?
Le Président de la République m’a fait l’insigne honneur de faire de moi le parrain de l’Université virtuelle du Sénégal. J’ai été agréablement surpris par sa décision qui me cause une émotion indicible, et je ne trouve pas les mots capables de lui exprimer toute la reconnaissance dont mon cœur est rempli, et croyez-bien que ces mots que vous recueillez auprès du vieil homme que je suis, ne seront pas à la hauteur de ma profonde gratitude pour ce geste de haute portée symbolique. Personne ne peut imaginer la force de ma joie car en attachant mon nom à un lieu d’éducation et en l’inscrivant au fronton d’une université publique sénégalaise, le Président de la République a fait le choix de me confier à l’Histoire. Moi, humble citoyen sénégalais, un Africain dont les origines sont ancrées dans un petit village des rives du fleuve Sénégal, au cœur de ce que j’ai nommé le pays des Diallobé. À mon âge avancé, plus que jamais, je reste convaincu que l’éducation est le processus par lequel une nation socialise ses fils et les plonge dans le temps du monde. Et cette conviction a traversé mon œuvre littéraire et toute ma vie de serviteur de mon pays dans mes différentes responsabilités politiques et administratives. Et d’expérience aussi, je sais que c’est par le savoir qu’une société se libère et s’inscrit dans la marche de l’Histoire. Je pense à « La Grande Royale », si préoccupée par l’éducation et la quête du savoir, deux éléments qui constituent la question centrale de « L’aventure ambiguë ». Que seraient Rome, la Grèce, l’Égypte sans la maîtrise du savoir au service d’une ambition civilisationnelle, mais aussi conquérante du monde ? C’est tout le sens de l’injonction à Samba Diallo : « Vas chez eux pour y apprendre et surtout comprendre cet art de vaincre sans avoir raison ». Je vois bien, et avec émotion, que pour Macky Sall, fin lecteur de « L’aventure ambiguë » dont il cite des passages très souvent dans ses discours, et pour le Président de la République qu’il est, il s’agit bien de lier mon nom au savoir, à la lumière et à la formation de l’esprit critique de millions de jeunes sénégalais qui sont d’une certaine manière le prolongement et les continuateurs de Samba Diallo et de Salif Ba, les personnages centraux de mes deux livres. Vous voyez donc que par la générosité du Président Macky Sall et à travers son geste de haute portée symbolique, je rejoins Cheikh Anta Diop, Gaston Berger, Assane Seck, Iba Der Thiam et Amadou Makhtar Mbow. Je dois aussi dire que le monde avance et subit des bouleversements majeurs dans sa progression. Le numérique est certainement une des plus grandes transformations de l’histoire humaine, car il nous plonge dans la définition d’un monde nouveau et nous appelle à la formulation d’une nouvelle idée de civilisation. Avec le numérique, les distances disparaissent, les possibilités se multiplient, le champ des possibles devient plus vaste et chaque jour l’humanité repousse encore plus loin les limites de la connaissance. Je suis d’une génération qui n’a pas toujours été au cœur de cette dynamique, mais pour ma part, sur le versant de l’âge, j’ai vu et même profité de ces percées de la technologie. Le progrès fait rage et rien de l’arrêtera, il faudra juste savoir en faire un bon usage. Je réitère ma conviction selon laquelle nous ne pouvons pas rester en marge du monde, et c’est dans la dynamique d’une révolution épistémologique que le Sénégal a bien voulu s’insérer en lançant le projet de l’Uvs. La jeunesse a ainsi un outil au service de son épanouissement moral et intellectuel, mais aussi un moyen pour dompter tous les savoirs et les soumettre à notre ambition de transformation de la société.
Écrivain, homme d’État imprégné des valeurs nationales, quelle lecture faites-vous de la situation socio-politique actuelle au Sénégal, et de la manière de faire la politique, aujourd’hui ?
Je suis retiré du monde de la politique depuis plusieurs années, mais je suis ce qui se passe dans mon pays. Notre maître Léopold Sédar Senghor, premier Président de la République du Sénégal, en homme d’État avisé et en brillant helléniste, aimait rappeler que la politiké, c’est l’art de gérer la Cité. La politique est donc œuvre humaine par essence car elle appelle à cette notion spirituelle de bâtir une nation. Tout est politique si politique veut dire se battre pour proposer et propulser une vision du monde qui part d’un idéal pour asseoir un réel émancipateur. Le Sénégal, avec sa vieille tradition d’érudition, est un pays de lettrés, une terre qui a donné des femmes et des hommes engagés pour leur nation, mais aussi pour l’Afrique, car très tôt nous nous sommes inscrits dans cette tradition universaliste, rythmée par les grands débats qui traversent l’humanité. J’en veux pour preuve quelques exemples qui ont marqué notre histoire récente : Blaise Diagne – François Carpot ; Léopold Sédar Senghor – Mamadou Dia, puis Cheikh Anta Diop ; Abdou Diouf – Abdoulaye Wade. Le Sénégal est donc depuis longtemps un pays de controverses et de disputes civilisées. Croyez-moi, je sais ce que je dis, le génie créateur sénégalais a œuvré partout dans le monde, car il est le produit d’une formation de pointe, d’une ouverture sans équivoque aux savoirs, d’une civilité éprouvée, d’un art de vivre bien sénégalais qui sacralise la discussion, l’échange tonique, l’esprit de chevalerie, la paix et la construction de l’unité nationale dans nos différentes composantes ethniques et religieuses. C’est un legs précieux qu’il nous faut absolument préserver, tonifier, enrichir et transmettre aux générations futures. Au Sénégal, plusieurs générations ont fait la politique en gardant à l’esprit cette tradition de dialogue et ce souci constant de la concertation. Il y a deux ou trois ans, je ne me rappelle plus très précisément, j’ai pris part à la cérémonie de présentation de « L’Occident ambigu », le livre que mon aventure ambiguë a inspiré à mon neveu Hamidou Sall que vous connaissez bien. C’était en présence de nombre de ses amis dont Macky Sall, qui rentrait d’un séjour en Afrique du Sud, et Bernard Cazeneuve, un ancien Premier ministre français, venu spécialement à Dakar pour cet évènement. Y prenant la parole et m’adressant au Chef de l’État, je lui disais qu’en lisant le livre de Nelson Mandela « Un long chemin vers la liberté », j’avais noté sa description de la manière dont les problèmes qui pouvaient diviser son ethnie, les Xhosa, étaient traités dans la grande famille sous l’égide du chef, par la palabre constructive vers le consensus, toujours en présence des médiateurs sociaux traditionnels. À la lecture de ces lignes, à des milliers de kilomètres du pays de Nelson Mandela, j’ai cru revivre des scènes auxquelles j’avais assistées pendant mon enfance, à Saldé dans l’île à Morphil, dans la grande maison de mon arrière-grand-oncle, Hamidou Abdoulaye Alpha Ciré Kane, qui m’a inspiré le personnage du chef des Diallobé. En Afrique du Sud, la palabre, la discussion, le consensus, patrimoine de l’Afrique traditionnelle, ont permis de substituer une gouvernance plus humaniste à la gouvernance de violence, de brutalité et de ségrégation en usage dans la période précédente, celle de la gouvernance exclusive des hommes blancs. Puisqu’il faut que l’histoire serve à quelque chose, et pour répondre à votre question, mon vœu le plus cher est que les hommes politiques du continent et de mon pays, la jeunesse africaine, celle du Sénégal, continuent d’avoir recours au dialogue, au consensus, à l’accord conciliant pratiqué par leurs aînés. Et je reste convaincu que s’ils prennent ces nobles valeurs comme un viatique, ils seront armés et bien outillés pour consolider nos acquis et pousser le Sénégal encore plus loin dans son ambition d’émergence et de développement. C’est ainsi qu’il faut comprendre la politique et c’est ainsi qu’il faut la faire pour l’édification d’un Sénégal nouveau dans une Afrique nouvelle pour laquelle nous avons apporté notre modeste contribution en des temps que j’ai la faiblesse de croire plus difficiles que la leur, nous qui sortions de la nuit noire du colonialisme et qui étions témoins de la violence des soubresauts de la décolonisation. Je dis et rappelle tout cela parce que dans ma retraite, et quelque fois pour meubler le temps libre du grand âge, quand j’écoute la radio ou regarde la télévision, il arrive que j’entende un discours qui ne m’est pas familier. À mon âge, je suis encore assez lucide et ouvert pour savoir et accepter que les mœurs politiques peuvent changer, car avec le temps, un peuple change et féconde de nouvelles pratiques, mais je sais que notre pays a des valeurs solidement ancrées qui l’aideront toujours à faire face.
L’évocation de votre nom renvoie à votre œuvre majeure : « L’aventure ambiguë » qui vous a valu « Le Grand prix littéraire d’Afrique noire ». Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette publication qui a une résonnance qui traverse le temps ? En avez-vous tiré une satisfaction en tant qu’auteur ? Et en tant qu’homme d’État, qu’est-ce qui vous a valu le plus de joie ?
« L’aventure ambiguë » est un ouvrage de jeunesse. Je poursuivais mes études de philosophie à la Sorbonne et me formais à mon futur métier d’Administrateur civil à l’École nationale de la France d’Outre-Mer (ndlr : Enfom) et meublais mon temps libre en jetant mes souvenirs et quelques réflexions sur les pages d’un cahier. Et ça donnera « L’aventure ambiguë ». Ce livre a une saveur autobiographique, c’est évident. Samba Diallo, c’est moi, mais aussi tous ceux qui, comme moi, sont passés de l’école traditionnelle à l’école occidentale, du « foyer ardent » aux bancs des lycées et collèges et autres institutions universitaires d’ici ou d’ailleurs. C’est le passage de la tradition à la modernité, encore que, plus j’y pense aujourd’hui, je vois que nos vieilles traditions avaient quelque chose d’extraordinairement modernes. De voir donc ce livre avoir le succès qu’il a eu en Afrique et dans le monde, d’avoir touché des élèves, des étudiants à travers le monde ; d’avoir été traduit dans plusieurs dizaines de langues, ça c’est quelque chose qui m’a profondément marqué. De me retrouver à Istanbul et d’être interpellé par des Turcs qui me disent que ce que j’ai écrit je l’ai fait aussi pour eux, cela aussi m’a profondément marqué. Beaucoup de joie, mais aussi des déceptions en tant qu’homme politique. Comme vous le savez, j’ai terminé mes études universitaires au moment de la vague vers les indépendances. J’ai donc eu le bonheur d’avoir été un jeune compagnon du couple Senghor-Dia, aux premières heures de notre indépendance. Mais, à l’évocation de ces deux noms, comment ne pas dire la tristesse qui m’a habité et qui est en moi encore aujourd’hui quand j’ai vu se séparer ces deux hommes qui étaient si complémentaires. Et aujourd’hui encore, je me demande toujours ce qu’aurait été notre Sénégal si ce couple était resté soudé au cours des deux décennies qui ont suivi notre indépendance. Je le dis parce qu’ils étaient complémentaires. Léopold Sédar Senghor était un homme politique doué, riche de son expérience parlementaire, il a aussi été ministre sous la IVème République française. Il était un professeur soucieux d’éducation et de formation. Mamadou Dia était un économiste qui s’était attelé à la transformation des vieilles structures coloniales pour insuffler une modernité, rompre avec l’économie de traite et propulser une nouvelle orientation en matière de développement et de planification. Cette séparation douloureuse a été une grande perte pour le Sénégal.
Votre deuxième ouvrage « Les gardiens du temple » se situe sur la même ligne que le premier. Pourquoi ?
Comme vous le savez, je suis Administrateur civil breveté de l’Enfom, mais, je suis aussi phi[1]losophe de formation. J’ai mené les deux cursus en même temps. Et comme je vous l’ai dit, c’est au cours de mes années d’études à Paris que j’ai écrit « L’aventure ambiguë ». De retour au Sénégal, très tôt, j’ai été happé par mes responsabilités politiques et ministérielles dans un pays nouvellement indé[1]pendant où tout était à construire. J’ai consacré tout mon temps à cette mission. J’étais jeune et enthousiaste, il y avait aussi mes camarades Babacar Bâ, Christian Valantin, Daniel Cabou, Abdou Diouf. Aux côtés de Senghor et Dia, nous mettions une énergie extraordinaire dans nos tâches pour apporter notre contribution à la construction de notre État naissant. Ensuite il y a eu la crise de 1962 à la suite de laquelle j’ai quitté le Sénégal pour entrer dans le système des Nations Unies où le travail était également très prenant, avec beaucoup de voyages. Je ne trouvais pas assez de temps pour écrire. Heureusement, je lisais beaucoup au cours de mes nombreux déplacements. Mais je sentais le besoin d’écrire, je sentais qu’il y avait en moi ce besoin de continuer ce que j’avais commencé à la Cité Universitaire du Boulevard Jourdan à Paris. C’est ainsi que petit à petit est venu mon deuxième livre « Les gardiens du temple » où Samba Diallo, le jeune philosophe que j’étais, est devenu Salif Ba, l’Administrateur civil en responsabilités que je suis devenu dans mes différentes fonctions. Là aussi on retrouve cette saveur autobiographique du premier récit.
Quel regard portez-vous sur le monde du livre au Sénégal ?
Les Sénégalais n’ont jamais autant écrit. Les maisons d’édition se multiplient et la création contemporaine est vive. Aussi, les infrastructures et l’industrie du livre se développent grâce à l’inventivité des jeunes, mais aussi aux progrès techniques. Notre pays continue de produire, par son génie créateur, de grands écrivains qui embrasent le monde par leur talent. Mohamed Mbougar Sarr, notre petit-fils et cousin sereer, a reçu le prestigieux « Prix Goncourt » en 2021, à un âge très jeune. Ce qui confirme la maxime sur la valeur qui n’attend point le nombre d’années. Marie Ndiaye, d’origine sénégalaise, avait aussi reçu la même distinction, il y a quelques années. Boubacar Boris Diop a reçu le « Prix Neustadt ». David Diop, écrivain et enseignant sénégalais établi en France, a reçu le « Booker Prize ». Les distinctions se multiplient, symbole du génie de notre peuple, de la vitalité de sa pensée et de sa littérature. Il faut sans doute mieux accompagner les jeunes auteurs, leur permettre d’être mieux valorisés, car se cachent parmi eux des pépites qui montrent que le Sénégal mettra toujours la littérature à un niveau élevé.
Y a-t-il un ouvrage qui vous a le plus marqué ? Si oui, lequel ?
À l’approche de mes vingt ans, j’avais découvert « Le Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire. Pour ma génération, ce puissant texte était comme l’hymne du peuple noir. Donc, le livre qui m’a profondément marqué c’est bien « Le Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire que j’ai eu la chance de connaître au cours de mes études à La Sorbonne et à l’École nationale de la France d’Outre-Mer. Il était l’ami de Léopold Sédar Senghor, qui lui-même était professeur à l’Enfom où je me suis formé.
Des regrets, en avez-vous eus, pour ne pas dire qu’elle est votre plus grande déception ?
Nous vivons dans un monde où on lit moins parce que la lecture est assaillie par les technologies de l’information et de la communication. Le livre n’a plus son aura d’antan et la jeunesse est très connectée par le numérique. Il y a quelques années, en y réfléchissant, j’avais pris la décision de travailler avec des spécialistes pour combiner l’art d’écrire et celui de dessiner, afin d’offrir aux nouvelles générations une fresque de l’histoire de notre espace soudano-sahélien sous la forme d’une bande dessinée. J’avais espéré pouvoir, avec ces spécialistes, y narrer l’histoire des grands empires africains, d’y exposer dans le détail la Charte de Kurukan Fuga, contemporaine de la Magna Carta des Anglais, leur raconter l’Égypte, le Soudan, la Nubie, la résistance héroïque des peuples noirs et leur apport inestimable à la construction de cette « Civilisation de l’Universel » tant chantée par Senghor. Je voulais m’inscrire dans l’ère du temps, et par ce vecteur de la modernité continuer à instruire notre jeunesse avec nos savoirs endogènes plutôt que de les laisser en rade sur les grandes autoroutes des nouvelles technologies qui pourraient leur apporter quelque chose qui leur est étranger, et qui pourrait sans discernement leur nuire. Voilà mon grand regret : n’avoir pas eu le temps d’entamer cette œuvre pour l’achever.
Comment voyez-vous le Sénégal d’aujourd’hui, plus de soixante années après l’indépendance ? Les prochaines années vous donnent-elles espoir, ou non ?
Le pays a changé. Il a beaucoup changé. Il n’est plus le Sénégal de ma jeunesse ni celui de l’époque où j’étais en responsabilité. Une autre génération a pris le relais de la construction nationale. Les graines ont donné, les fleurs ont éclos et les fruits mûrissent. C’est ainsi qu’un pays marche dans l’Histoire, par la transmission des valeurs, des rêves, des pratiques dans un esprit patriotique et républicain qui permet d’oublier nos passions particulières pour sacraliser l’intérêt général. Au plan économique, les choses ont particulièrement évolué. Nous sommes dans l’antichambre des nations émergentes. Politiquement, la démocratie s’est renforcée, la compétition électorale reste une norme pendant qu’ailleurs les coups d’État reviennent. L’idée de nation unie et plurielle s’est ancrée et nous sommes à ce propos un modèle mondial à l’heure de la résurgence des tensions identitaires. Et quels que soient les bouleversements en cours, les institutions républicaines demeurent solides pour que jamais la promesse de la nation sénégalaise par les pères fondateurs ne soit rompue. J’ai un grand espoir pour le pays car nous avons un leadership très engagé et soucieux du progrès économique dans l’ancrage démocratique et l’unité nationale. Nous avons une jeunesse majoritaire dont l’aspiration à la souveraineté, la dignité et le progrès économique est très élevée. Nous bénéficions d’institutions suffisamment solides pour permettre la compétition politique dans le respect des normes supérieures garantes de la paix et de la stabilité. Nous sommes au cœur d’une Afrique dépouillée du complexe colonial, convaincue de son potentiel économique, de sa force spirituelle et de son futur désirable et dont la vitalité de la jeunesse constitue le premier atout. Et pour terminer, je tiens, avec force et enthousiasme, à saluer la vision et l’action du Président Macky Sall qui se bat inlassablement pour une réforme de la gouvernance mondiale qui donnera à l’Afrique sa juste et légitime place dans le concert du monde.