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27 août 2025
«NOUS PENSONS EN FAIT QU’IL NE FAUT SURTOUT PAS S’ATTAQUER A DES LAMPISTES»
De l’avis du député Guy Marius Sagna, secrétaire national exécutif du mouvement Frapp/France Dégage, «ces DAGES ne peuvent pas poser des actes sans que l’ordre n’ait été donné par leurs chefs.»
Invité de l’émission Grand Jury d’hier, dimanche 5 février 2023, le député Guy Marius Sagna estime que les DAGES cités dans le rapport de la Cour des comptes ne sont que des «lampistes» auxquels il ne faut pas s’attaquer. De l’avis du secrétaire national exécutif du mouvement Frapp/France Dégage, «ces DAGES ne peuvent pas poser des actes sans que l’ordre n’ait été donné par leurs chefs.»
Cités pour la plupart du temps dans les irrégularités notées dans le rapport de la Cour des comptes sur les Fonds de ripostes mobilisés dans le cadre de la lutte contre le coronavirus (Fonds Force Covid-19), les DAGES seraient, selon l’honorable député, des lampistes auxquels il ne faut pas s’attaquer.
«Nous pensons que ce que les DAGES ont pu faire, il ne l’a pas été sans qu’en fait des ordres aient été donnés au plus haut niveau. Nous pensons qu’en fait qu’il ne faut pas s’attaquer à des lampistes, parce que, pour moi, ces DAGES seraient des lampistes. Il faut situer les responsabilités», a estimé le député Guy Marius Sagna, invité de l’émission Grand Jury d’hier, dimanche 5 février 2023, sur les ondes de la Rfm.
De l’avis du député de la coalition Yewwi Askan Wi, «Ces DAGES là ne peuvent pas poser des actes sans que l’ordre n’ait été donné par leurs chefs, que sont ces ministres-là. Mais, encore une fois, c’est à l’Assemblée nationale, mais surtout à la haute cour de justice, de dire ce qu’il en est réellement. En réalité, ce que nous demandons, c’est que la justice se saisisse. Que la justice, pour la première au moins, puisse juger en fait ces ministres qui ont été épinglés dans un moment où les Sénégalais étaient inquiets.»
A la question de savoir sur quelle matière légale doit-on se baser pour poursuivre ces ministres devant la haute cour de justice, le Secrétaire exécutif du Frapp de répondre : «Nous, ce que nous demandons, c’est qu’à travers leur jugement au niveau de la haute cour de justice, que la lumière soit faite. Et que ceux qui n’ont rien à se reprocher, que la justice puisse dire que non tel ministre n’est pas impliqué.».
«LES CONTRATS SIGNES ASSURENT DES PARTS COMPRISES ENTRE 50 ET 64% DES BENEFICES»
Aissatou Sophie GLADIMA, ministre du pétrole et des énergies aux députés, a fait cette déclaration lors de l'ouverture d’un atelier d’information et de partage avec les députés de la Commission Energie et Ressources minérales sur le secteur de l’énergie
« L’année 2023 est une année charnière puisque le premier baril de pétrole du gisement de Sangomar, opéré par Woodside avec des réserves estimées à environ 630 millions de barils, « est attendu dans le dernier trimestre avec une projection de 100 mille barils par jour lors de la première phase », a dit vendredi, à Dakar, le ministre du Pétrole et des énergies, Aissatou Sophie Gladima. Elle présidait l’ouverture d’un atelier d’information et de partage avec les députés de la Commission Energie et Ressources minérales sur le secteur de l’énergie.
A l’heure actuelle, a-t-elle tenu à préciser : « Tous les contrats signés par le Sénégal sont en ligne et peuvent être consultés par tous ceux qui le désirent et ces contrats assurent à notre pays des parts comprises entre 50 et 64% des bénéfices qui seront réalisés dans le cadre des projets en cours ». En ce qui concerne le projet Grand Tortue Ahmeyim, appelé Gta, situé à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie dont le développement est assuré par BP, il « produira 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an lors de sa première phase et le premier mètre cube est attendu aussi au dernier trimestre de l’année », a-t-elle assuré aux députés membres de la Commission énergie et ressources minérales.
Certes, le Sénégal attend de ces deux projets d’importantes ressources financières. Mais pour le gouvernement, « le plus important n’est pas l’argent frais attendu de ces projets, mais plutôt des dividendes du contenu local ». Les enjeux socio-économiques de ces ressources sont donc importants et interpellent les différentes parties prenantes au premier rang desquelles « l’Assemblée nationale, représentante légitime du peuple, qui a un droit de regard sur la gestion, la bonne gouvernance et la transparence durant toute la période d’exploitation des différents projets », a-t-elle enfin dit aux députés.
LE SENEGAL À L’HEURE DU DÉNI DE JUSTICE
Il émerge dans l'opinion le sentiment d’une inversion des rôles entre bourreaux et victimes. Un sentiment alimenté par l’existence de deux types de citoyens inégaux devant la loi
Depuis quelques temps, on constate de plus en plus au Sénégal, que des responsables du régime en place impliqués dans la mauvaise gestion des ressources publiques se tournaient vers la justice pour faire condamner des citoyens qui osaient s’attarder sur leurs magouilles souvent révélées par des rapports de corps de contrôle. Une situation qui accentue le sentiment d’une inversion des rôles entre les bourreaux et les victimes mais aussi de l’existence de deux ordres de citoyens au Sénégal dont l’un bénéficie d’une immunité totale de gestion et alors que l’autre est soumis à la rigueur des principes de bonne gouvernance.
Le Sénégal est-il à l’heure du déni de justice ? Cette question a tout son sens, si on s’en tient à la démarche de certaines personnalités sur qui pèsent des soupçons de malversations sur des deniers publics ou qui sont épinglées par des rapports de corps de contrôle. En effet, de plus en plus, on voit des responsables du régime en place se tourner vers la justice pour faire condamner des citoyens qui ont osé s’attarder sur leurs magouilles révélées par des rapports de corps de contrôle. Une situation qui accentue chez bon nombre de Sénégalais le sentiment d’une inversion des rôles entre les bourreaux et les victimes mais aussi de l’existence de deux ordres de citoyens au Sénégal dont l’un bénéficie d’une immunité totale de gestion et l’autre soumis à la rigueur des principes de bonne gouvernance. Le premier cas qui illustre cette inversion des rôles où le bourreau enfile la tunique de la victime est certainement l’affaire du procès en diffamation qui a opposé le journaliste Pape Alé Niang et Mody Niang à l’ancien directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Cheikh Oumar Hann. En effet, saisi d’une plainte déposée par l’ex Dg du Coud, le tribunal correctionnel de Dakar, dans son verdict rendu, le mardi 27 octobre 2020, a reconnu le journaliste Pape Alé Niang et Mody Niang coupables du délit de diffamation au préjudice de Cheikh Oumar Hann et les a condamnés à 3 mois avec sursis, en plus de 10 millions de francs Cfa à titre de dommages et intérêts. En effet, à la suite de la publication du rapport 2014-2015 de l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac) sur le Coud qui a épinglé la gestion de Cheikh Oumar Hann, le journaliste a publié un livre intitulé « Scandale au cœur de la République : le dossier du Coud ».
Dans cet ouvrage préfacé par Mody Niang qui a participé à la rédaction de ce rapport, le journaliste a retracé le film de la malversation de deniers publics révélée par ce rapport de l’Ofnac. S’estimant diffamé, l’actuel ministre de l’Éducation nationale a déposé plainte pour diffamation contre Pape Alé Niang et Mody Niang dont le seul tort a été d’avoir exploité des informations publiées dans ce rapport 2014- 2015 de l’Ofnac qui n’a pas fait objet d’une déclassification. Appelée à la barre du tribunal correctionnel de Dakar, cette affaire s’est soldée sur une condamnation en première instance du journaliste et Mody Niang dont les avocats ont interjeté appel. Un appel qui sera vidé au mois d’avril prochain. Toutefois, il faut souligner que l’ancien Directeur général du Coud n’est pas le seul responsable du régime en place à se tourner vers la justice pour solder ses comptes avec ses détracteurs.
Invité de l’émission « Jury du dimanche » d’Iradio au mois d’août 2021, Dr Babacar Niang, Directeur général de Suma Assistance était monté au créneau pour dénoncer la mauvaise gestion de la pandémie du Covid-19. Dr Babacar Niang avait notamment accusé les services du ministère de la Santé de procéder à la vente du matériel médical du public aux structures sanitaires du privé mais aussi l’un des fils du ministre Abdoulaye Diouf d’être mêlé dans le corona-business et commandes des médicaments et des masques pour ensuite les vendre. En réaction à cette sortie, le ministre de la Santé a annoncé une plainte contre le Directeur général de Suma assistance. Quelques jours après, le même Dr Babacar Niang est revenu à la charge pour révéler qu’il a reçu les « contrôleurs fiscaux de l’Etat, après ses premières sorties sur la gestion de la pandémie ».
Autre responsable du régime en place impliqué dans cette campagne d’intimidation, l’actuel ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdoulaye Saydou SOW. Invité sur le plateau d’une télévision de la place le 31 décembre 2022 avec l’ancien DG de la Douane, Boubacar Camara, pour analyser le discours de fin d’année du chef de l’Etat, ce dernier a fait remarquer à l’endroit du ministre qu’il n’a jamais demandé cinq cent millions (500 000 000 F Cfa) contrairement à lui. « On vous a donné une avance de cent millions (100 000 000 F Cfa) pour des terrains… », avait-il martelé. Non content de cette accusation, le ministre Abdoulaye Saydou Sow a menacé de servir une sommation interpellative dès le lendemain à son co-débateur si ce dernier ne revenait pas sur ses accusations. Apportant la réplique à cette menace, l’ancien Dg des Douanes sénégalaises et leader du Parti de la construction et de la solidarité/ Jengu Tabax soulignant que « ce que j’ai dit, c’est moins grave. Au Sénégal, il y’a un système de bradage du foncier qui est organisé», a invité le ministre à passer par la voie la plus rapide en lui faisant une citation directe devant le juge pour lui donner enfin « l’occasion dans un procès d’expliquer ce qui se passe ». Seulement, depuis lors, aucun acte n’a été posé jusque-là.
Toujours dans cette liste des manœuvres ou procédures judiciaires initiées par des responsables du régime dont la gestion des affaires publiques est entachée par des magouilles pour faire taire les bruits de couloirs de la cité, on peut également citer ce procès en diffamation opposant le leader de Pastef et maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Il faut dire que cette saisine de la justice par le ministre Mame Mbaye Niang qui réfute un quelconque rapport (de l’Inspection générale d’Etat (Ige) ou de l’Inspection générale des finances (Igf) qui a épinglé sa gestion dans le cadre du Programme des domaines agricoles communautaire (Prodac) a surpris beaucoup de Sénégalais. Et pour cause, interpellé par les députés sur l’affaire du scandale du Prodac lors de l’examen du projet de loi portant Loi de Finances Rectificative (LFR), le 30 juin 2018, l’actuel Premier ministre alors ministre de l’Économie, des Finances et du Plan avait précisé que « l’IGF a établi un rapport provisoire et le rapport définitif vient d’être bouclé, mais il n’est pas encore exploité »
Le samedi 02 février 2019, le coordonnateur de la section sénégalaise de Transparency international- Forum civil, Birahim Seck, a publié un livre intitulé : « Lettre au Peuple : Prodac, un festin de 36 milliards de francs CFA ». Dans cet ouvrage de 212 pages, le coordonnateur du Forum civil a réévalué le montant exact du scandale qui, selon lui, tourne autour de 36 milliards de frs en lieu et place des 29 milliards de francs révélés dans le pré-rapport qui a fuité dans la presse. Pourtant, voilà que l’ancien ministre de la Jeunesse réfute tout et va même jusqu’à saisir la justice contre le leader de Pastef qui ne cesse de rappeler lors de ses conférences de presse ce rapport pour dénoncer l’impunité érigée en règle par l’actuel chef de l’Etat, lequel ferme systématiquement les yeux sur les magouilles de ses partisans tout en traquant les moindres erreurs de ses adversaires. Aujourd’hui, ce déni de justice accentue la crainte chez bon nombre de Sénégalais quant à l’application effective des recommandations de la Cour des comptes qui a demandé l’ouverture des poursuites contre certaines autorités dans son rapport sur la gestion des fonds Force Covid-19.