Le Sénégal est plus vieux que l'histoire politique du président et il continuera d’exister après le départ des acteurs du moment. Aucun d’entre eux n’incarne à mes yeux la figure de l’homme providentiel
Le Citoyen Apolitique Pratiquant |
Publication 24/01/2023
Jeter l’opprobre sur Ousmane Sonko a été un pari perdu. Presque un coup d’épée dans l’eau. Non seulement cela a discrédité Macky Sall, mais il a conforté les Sénégalais dans leur idée de se dresser vent debout… Mais il faut savoir que, malgré les apparences, ce n’est pas le président Sall qui a fait Sonko. Le type est un marqueur générationnel. Il était simplement au bon endroit, au bon moment. Et, bien sûr, Macky Sall a soufflé dans ses voiles, par manque de discernement et par péché d’orgueil.
Pendant des décennies, une succession de mauvaises politiques, d’accaparement du pouvoir, de sa concentration entre les mains d’un petit nombre, de son utilisation envers et contre les intérêts du plus grand nombre (j’en passe des meilleurs) ont fini par causer le délitement de la classe politique. En conséquence, le changement radical est devenu une demande populaire. Il faut bien que quelqu’un l’incarne. « Yafi seuss moy takha fallou ». Et ce ne sera sûrement pas celui qui manifestement tente un passage en force. Plus il insistera, plus il ouvrira une voie royale et triomphante à Ousmane Sonko.
Pour ma part, je ne m’en cache pas, je ne supporte pas Ousmane Sonko, encore moins ses idées. L’attitude de ses affidés me dérange en ce sens qu’ils lui accordent un crédit sans réserve, une dévotion qui ne dit pas son nom. Au poids des arguments, ses adeptes préfèrent celui des poings, la menace et les invectives étant chez eux érigées en doctrine. Peut-être pensent-ils que «…la modération est une chose fatale. Rien ne réussit comme l’excès ».
Ousmane Sonko a une vision manichéenne du monde, une approche très candide des situations qui à l’épreuve du pouvoir (s’il est de son destin de diriger ce pays), finira fatalement par mesurer la distance qui sépare ses lubies de leur mise en exécution dans un contexte de pression (locale et mondiale). C’est cela la vérité ! Nous ne vivons pas en vase clos et nous ne pouvons pas faire fi de ce qui se déroule autour de nous.
Au Sénégal, nous ne votons pas pour un projet, nous votons contre un système. Puisqu’ainsi est la coutume qui nous a valu les alternances que nous clamons à cor et à cri, j’exhorte à choisir le moindre mal lorsque viendra l’heure de désigner notre prochain président. Ceci étant dit, actualité oblige, je ne m’identifie pas à une liste dont les représentants sont Ameth Aïdara, Assane Diouf, Dame Mbodj, Maimouna Bousso et j’en passe. Pas plus qu’à une autre où je retrouve les noms de Farba Ngom, Aliou Dembourou ou autres valets dont le seul soutien au régime se justifie par l’appartenance ethnique !
Pour terminer, je ne chercherai pas non plus d’arguments pour défendre la position du président si d’aventure il venait à jouer sur la sémantique et l’interprétation des textes pour briguer un autre mandat que le droit et la décence ne lui autorisent pas. Le Sénégal est plus vieux que son histoire politique et il continuera d’exister après le départ des acteurs du moment. Aucun d’entre eux n’incarne à mes yeux la figure de l’homme providentiel auquel leurs laudateurs veulent nous faire croire. Donc, j’observe, j’écoute et je fais le choix dont j’espère souffrir et regretter le moins !
PAR Youssou Diallo
QUI POUR AIDER OUSMANE SONKO À NE PAS S’AUTODÉTRUIRE ?
La lettre de démission de Monsieur Amadou Baidy Fall, Professeur des Universités à Paris, de Pastef, m’a poussé à interpeller certains intellectuels et hommes de bonne volonté sur leurs discours et attitudes vis à vis du leader politique de l’opposition
La lettre de démission de Monsieur Amadou Baidy Fall, Professeur des Universités à Paris, de Pastef, m’a poussé à interpeller certains intellectuels et hommes de bonne volonté sur leurs discours et attitudes vis à vis du leader politique de l’opposition, Ousmane Sonko.
Bravo au Professeur Amadou Baidy Fall qui, au moins, est un intellectuel qui a osé ouvrir les yeux à temps et a fait preuve de courage politique et d’honnêteté intellectuelle pour réagir de la façon dont il l’a fait face aux contradictions, dérapages et dérives récurrentes et incompréhensibles du leader de Pastef.
Professeur Fall, vous n’avez pas eu peur du terrorisme et de l’hystérie qui ont fini de pousser à la capitulation de bon nombre d’intellectuels et d’hommes de bonne volonté au Sénégal.
Ils prennent prétexte de « la nécessité historique » d’éviter un cataclysme politique et social imminent dans notre pays avec ses cortèges de morts, de destructions, d’arrestations et de répression. Selon eux on s’achemine, si rien n’est fait, vers un soulèvement populaire suite à un jugement et à une possible condamnation du leader du Pastef, Ousmane Sonko.
Depuis le déferrement du leader du Pastef devant la chambre criminelle par le juge d’instruction Maham Diallo, tout y passe, déni de l’État de droit, attaques et de dénigrement de la justice et des magistrats.
Pour préserver la paix civile et la stabilité du pays, l’harmonie entre les ethnies, les confréries, les acteurs politiques et l’exception démocratique sénégalaise en Afrique, il faut blanchir et soustraire absolument le leader du Pastef des poursuites judiciaires en cours. Autant de discours qui, n’ayons pas peur des mots, relèvent d’une tentative dangereuse de faire capituler l’État de droit et la Justice face au terrorisme politico-médiatique ambiant.
De son côté, comme surpris par son déferrement à la chambre criminelle et en même temps ragaillardi par l’engouement qu’il suscite chez beaucoup de jeunes urbains, Ousmane Sonko a franchi un palier très inquiétant, ce week-end à Keur Massar, dans la surenchère de ce qu’il appelle le mortal combat contre le Président Macky Sall.
Il a déclaré sans sourciller, lors de ce meeting, devant une assistance nombreuse et chauffée à blanc et une presse médusée, qu’il n’ira pas répondre à la convocation du juge devant la chambre criminelle, il a parlé de terminus du « mortal combat, être tué par Macky Sall ou le contraire ! », il a aussi martelé que son « testament était déjà rédigé », il a terminé en appelant « la jeunesse à la résistance populaire pour le défendre et le sauver » de la comparution devant la chambre criminelle .
Malheureusement, ce terrorisme verbal aux relents tantôt guerriers tantôt suicidaires du leader de Pastef et de ses ouailles, semble avoir fait mouche chez certains intellectuels et une certaine presse ; la peur de subir un lynchage médiatique et dans les réseaux sociaux ont fait le reste.
Face à une telle situation, certains leaders d’opinion et des intellectuels appellent à un dialogue entre le Président Macky Sall et Ousmane Sonko en vue d’un apaisement, un arrêt de la machine judiciaire pour l’intérêt supérieur de la nation.
Si leurs préconisations sont suivies, cela risque d’ouvrir de dangereuses brèches sur les principes sacro-saints de l’État de droit et de la République, en particulier sur l’égalité des citoyens devant la loi, sur la justice en tant que dernier rempart de notre démocratie et sur la force publique comme seule force légitime en république, devant s’imposer à tous les groupes, lobbies et fractions du peuple.
Le meilleur conseil qu’ils pourraient donner à Ousmane Sonko par les circonstances que nous vivons, c’est de lui demander de respecter l’institution judiciaire et d’aller au procès pour prouver en tant que citoyen, son innocence et laver son honneur.
Le refus de se présenter devant la chambre criminelle n’est pas négociable. Une telle posture de refus mènerait Ousmane Sonko vers une impasse procédurale et le conduirait vers une condamnation certaine et très lourde.
Il n’a pas le choix de ce point de vue-là.
Ousmane Sonko doit respecter ses avocats en les écoutant et en suivant leurs conseils.
Ne l’oublions pas, dans ce pays qui s’appelle le Sénégal, Majmouth Diop le leader historique du PAI a été jugé et condamné, de mêmes que feu Mamadou Dia le grand Maodo, Landing Savané, Abdoulaye Bathily, Mamadou Diop Decroix, Abdoulaye Wade, feu Cheikh Ahmeth Tidiane Sy Al Maktoum, feu Pape Malick Sy, Moustapha Sy, Karim Wade, Khalifa Sall et tant d’autres, tous aussi célèbres ; et jamais, notre Justice n’a été aussi piétinée et insultée que ne le fait Ousmane Sonko.
Notre État est un État de droit et aucune stature ou représentativité politique, populaire ou religieuse ne peut discriminer un citoyen par rapport aux autres.
L’exception sénégalaise, nous devons tous le savoir, relève plus de notre État de droit, de notre Administration et de notre Justice qu’à autre chose.
En dépit des vicissitudes de l’histoire, notre justice s’en est souvent honorablement sortie dans les grands moments de crises socio-politiques.
Tous les grands leaders politiques et religieux attraits devant Dame justice pour des raisons politiques ou d’opinions ont déféré à ses convocations par respect pour la Constitution et les institutions dont nous sommes librement dotées et aussi par humilité.
Pour ce dossier Sweet Beauty, sa complexité et sa sensibilité relèvent du fait qu’il s’agit d’une affaire de moeurs impliquant un homme politique de la dimension de Ousmane Sonko.
Mais il faut que Ousmane Sonko sache raison gardée ! L’inexpérience et la jeunesse de Ousmane Sonko au plan politique peuvent justifier certaines bambineries dans ses réactions injustifiées. Mais cela ne peut plus perdurer !
Certains intellectuels et leaders sociaux qui pourraient l’amener à la raison, doivent l’aider à grandir et à avancer au lieu de l’enfoncer.
J’ai encore un préjugé favorable pour Ousmane Sonko et pense honnêtement qu’il peut revenir sur le chemin de la normalité sénégalaise. Mais il faut faire vite, le temps presse pour lui ! L’exemple du Président Wade est instructif à ce propos.
Tout en conseillant aux hommes politiques de conquérir l’opinion publique pour gagner les procès politiques, le Président Wade déferrait à toutes les convocations de la Justice et proclamait toujours qu’il ne marcherait jamais sur des cadavres pour accéder au pouvoir. Légalisme et pacifisme !
Encore que pour le cas Sweet Beauty, ce n’est pas un procès politique dans le sens ou ce n’est pas l’État qui a attrait Sonko devant la justice, mais une citoyenne dans une affaire de viol présumé.
Pour en revenir à certains de nos camarades intellectuels, nous fûmes pour certains d’entre nous, des dirigeants de mouvements de masse, étudiants en particulier.
Par l’expérience historique des luttes de masse avec les phénomènes de flux et de reflux, de victoires et défaites, on arrive à cette conclusion terrible, la foule est infaillible, elle ne se trompe jamais, elle a toujours raison sur le dirigeant qui, lui par contre, peut commettre des erreurs, des fautes. Et quand le dirigeant se trompe, les masses deviennent implacables et très ingrates, elles n’ont pas de mémoire !
Les foules comme les peuples sont avec les winners (vainqueurs) et jamais avec les losers (perdants), pour elles, seule la victoire compte. Les cas de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré sont là pour illustrer ces propos !
Je n’en dirai pas plus !
Quand on est au niveau où se trouve actuellement Ousmane Sonko en politique, on a pas le droit de se faire hara-kiri ou d’y être poussé.
Notre Justice a jusqu’ici prouvé sa résilience lors des grandes crises socio-politiques, ma conviction est que le dossier sweet beauty ne fera pas exception.
Aidons, pour ceux qui le peuvent encore, Ousmane Sonko à grandir dans les épreuves plutôt que de le pousser, soit par couardise ou par opportunisme vers le mur de l’auto-destruction irrémédiable au double plans politique et personnel .
NICOLAS JACKSON FILE VERS BOURNEMOUTH
Un accord total a été trouvé sur les conditions personnelles et entre les clubs en jeu. L’international sénégalais est cédé par le club espagnol, Villarreal, pour un montant de 23 millions d’euros (15 078 403 703 FCFA)
Un accord total a été trouvé sur les conditions personnelles et entre les clubs en jeu. L’international sénégalais est cédé par le club espagnol, Villarreal, pour un montant de 23 millions d’euros (15 078 403 703 FCFA) et des bonus supplémentaires autour de 2,5 millions d’euros.
L’attaquant sénégalais, présent à la dernière coupe du monde au Qatar sera bientôt au Royaume-Uni pour effectuer sa visite médicale préalable à la signature de son contrat. Il retrouvera dans l’élite anglaise ses compatriotes Idrissa Gueye (Everton), Cheikhou Kouyaté, Moussa Niakhaté (Nottingham Forest), Pape Matar Sarr (Tottenham), Kalidou Koulibaly, Édouard Mendy (Chelsea) et Nampalys Mendy (Leicester).
MAGAL DE POROKHANE, FORTE PROMESSE DU DG OFOR
L'Office des forages ruraux (OFOR) s'est, par la voix de son directeur général, Hamade Ndiaye, engagé à assurer une disponibilité en quantité et en qualité de l'eau à l'occasion du magal de Porokhane
Porokhane, 24 jan (APS) – L'Office des forages ruraux (OFOR) s'est, par la voix de son directeur général, Hamade Ndiaye, engagé à assurer une disponibilité en quantité et en qualité de l'eau à l'occasion du magal de Porokhane, dédié à Mame Diarra, la mère de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie mouride.
Le directeur général de l'OFOR en a fait l'annonce en marge d'une visite effectuée mardi à Porokhane, une localité de la région de Kaolack, hôte de l'évènement prévu le 2 février.
‘’Nous avons voulu rassurer les populations locales et les pèlerins qui vont converger vers cette localité. Nous avons également voulu rassurer le Khalife que l’Etat du Sénégal, à travers ses différents services du ministère de l’Eau et de l’Assainissement, fera tout pour que l’eau soit disponible en quantité et en qualité jusqu’à la fin du Magal’’, a-t-il notamment déclaré.
Il ainsi fait savoir qu'un entretien préventif était en cours à travers le nettoyage des châteaux d’eau, en collaboration avec le service d’hygiène, la mise en place d’un dispositif permettant d'augmenter le volume de desserte en eau potable, l'installation de bâches à eau pour accroître le volume de stockage et l'installation d'autres infrastructures hydrauliques.
Un groupe électrogène a été installé à Keur Pa Abdou Diop, un village non loin de Porokhane, une cité religieuse de la région de Kaolack, où le forage était à l’arrêt depuis plusieurs mois, a rappelé le directeur de l'OFOR..
CHAN 2023, LE SENEGAL HERITE DE LA MAURITANIE EN QUART DE FINALE
L'équipe nationale du Sénégal va affronter vendredi à partir de 19 heures celle de la Mauritanie en quarts de finale du Championnat d'Afrique des nations (CHAN) qu'abrite l'Algérie .
Dakar, 24 jan (APS) - L'équipe nationale du Sénégal va affronter vendredi à partir de 19 heures celle de la Mauritanie en quarts de finale du Championnat d'Afrique des nations (CHAN) qu'abrite l'Algérie .
La Mauritanie est la seule équipe qualifiée de la poule D à la faveur de sa victoire 1-0 aux dépens du Mali mardi. Le but victorieux a été inscrit à la 53e mn par Ibrahima Sy.
Ce mardi à 19 h démarre le dernier match de la poule E devant opposer le Niger au Cameroun.
LA 61EME EDITION DU GAMOU ANNUEL SEYDI DJAMIL CELEBREE SAMEDI
La 61e édition du gamou annuel de Cheikh Seydi Mouhamadou Moustapha Sy dit ''Seydi Djamil'' sera célébrée samedi, à Louga, a-t-on appris mardi des membres de l’Union fraternelle des ‘’dahiras tidianes’’ de la capitale du Ndiambour.
La 61e édition du gamou annuel de Cheikh Seydi Mouhamadou Moustapha Sy dit ''Seydi Djamil'' sera célébrée samedi, à Louga, a-t-on appris mardi des membres de l’Union fraternelle des ‘’dahiras tidianes’’ de la capitale du Ndiambour.
Cet événement religieux a été initié par Ababacar Sy, fils aîné de Seydi Djamil, expliquent les organisateurs, dans une note parvenue à l’APS.
Il sera ponctué par des récitals de coran et des chants en l'honneur du prophète Mohamed (Psl).
Le gamou se tient sous l'égide de Serigne Mansour Sy Djamil, fils aîné de l’actuel Khalife de la famille du saint-homme, précise la même source.
MIMI TOURÉ N'EST PLUS DÉPUTÉE
La parlementaire a été déchue de son poste ce mardi par le bureau de l'Assemblée nationale en rupture avec la majorité présidentielle, réunie en urgence pour statuer sur son cas. Au total, dix voix ont voté pour sa déchéance contre sept
Aminata Touré n’est plus membre de l’Assemblée nationale. Elle a été déchue mardi par le bureau de l’institution parlementaire, qui s’est réuni mardi pour statuer sur le « cas » de l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Au total, 10 voix ont voté pour cet acte, contre 7, selon des informations parvenues à lesoleil.sn. Notre source de signaler que Mme Touré a démissionné de l’Apr depuis le 7 janvier.
Pour rappel, depuis l’installation, le 12 septembre dernier, du président de l’Assemblée nationale, Dr Amadou Mame Diop, l’ancienne tête de liste de la coalition Benno Bokk yaakaar (Bby) lors des dernières élections législatives a pris ses distances, s’estimant être « trahie ». Elle avait écrit au président de l’Assemblée nationale, le 9 octobre 2022, pour lui exprimer sa volonté de se retirer du groupe parlementaire de la majorité pour devenir une députée non-inscrite.
Mais depuis, Aminata Touré est plus proche de l’opposition. Ce que la coalition présidentielle a considéré comme « une démission de fait », qui occasionnerait, selon la même source, la perte de son mandat de député.
L'EX-PRÉSIDENT MAURITANIEN VA DEVOIR EXPLIQUER SA FORTUNE AUX JUGES
Mohamed Ould Abdel Aziz, fils de commerçant, se serait constitué un patrimoine et un capital estimés à 67 millions d'euros au moment de son inculpation en mars 2021
C'est l'histoire d'une disgrâce et d'une amitié ruinée entre un ancien président et son successeur: l'ex-leader mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz est jugé à partir de mercredi sous l'accusation d'avoir abusé du pouvoir pour amasser une fortune immense.
M. Aziz devient l'un des rares ex-chefs d'Etat à répondre d'enrichissement illicite pendant les années, de 2008 à 2019, où il a dirigé ce pays charnière entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne, secoué naguère par les coups d'Etat et les agissements jihadistes mais revenu à la stabilité quand le trouble gagnait dans la région.
Ses pairs jugés par les justices nationale ou internationale le sont surtout pour des crimes de sang, tel, ailleurs en Afrique de l'Ouest, l'ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, à la barre depuis septembre.
Loin de la fascination guinéenne pour le procès d'un massacre perpétré 20 ans auparavant, des Mauritaniens interrogés par l'AFP manifestent un intérêt modéré, davantage préoccupés par l'inflation, résignés à la corruption des élites ou adhérant à la théorie du complot contre celui qui les gouvernait naguère.
"C'est un règlement de compte entre deux hommes qui ont fait beaucoup de choses ensemble", estime Issa Ahmed Ahmed Mouloud, étudiant de 23 ans qui attend qu'un pompiste remplisse le réservoir de sa voiture et qui fait référence à la proximité pas si ancienne entre M. Aziz et son successeur, Mohamed Ould Ghazouani.
Les uns et les autres s'attendent à ce que M. Aziz, visage rude à la fine moustache et au crâne dégarni, confirme sa réputation: batailleur, imprévisible et calculateur. Il a d'ailleurs brandi la menace de révélations. "Si j'y suis contraint, je parlerai", disait-il en octobre 2022 au magazine Jeune Afrique.
M. Aziz, 66 ans, doit répondre, avec une dizaine d'autres personnalités – d'anciens Premiers ministres et ministres et des hommes d'affaires – d'accusations d'"enrichissement illicite", d'"abus de fonctions", de "trafic d'influence" ou encore de "blanchiment".
Un "frère"
M. Aziz, fils de commerçant, se serait constitué un patrimoine et un capital estimés à 67 millions d'euros au moment de son inculpation en mars 2021. Il est accusé de détournement de fonds de marchés publics ou d'avoir dépecé à son profit le domaine immobilier et foncier national. Sans nier être riche, M. Aziz a refusé de s'expliquer sur l'origine de son patrimoine et crie à la machination.
Sous M. Aziz, général impliqué dans un coup d'Etat en 2005 et qui a pris la tête d'un second putsch en 2008 avant d'être élu président l'année suivante et réélu en 2014, la Mauritanie a endigué la poussée jihadiste présente dans le reste du Sahel, à commencer par le voisin malien. Son bilan contre la pauvreté ou la discrimination envers certains groupes humains de ce pays de 4,5 millions d'habitants grand comme deux fois la France est plus sombre.
Sa chute a commencé fin 2019, quelques mois après avoir passé la main à son dauphin désigné, son ancien chef d'état-major Ghazouani, général comme lui et considéré comme le cerveau de l'exception mauritanienne face aux jihadistes.
En décembre 2019, M. Ghazouani décrivait encore M. Aziz comme "mon frère, mon ami". Depuis, M. Aziz a connu l'inculpation, le gel ou la saisie de ses biens et la détention.
Toi aussi, mon beau-fils
"Il nie en bloc les faits qui lui sont reprochés", souligne l'un de ses avocats, Me Taleb Khayar Ould Med Mouloud, invoquant aussi son immunité constitutionnelle.
"Le procès est politisé depuis le départ", non parce que M. Ghazouani voudrait éliminer politiquement un rival potentiel, mais plutôt en raison d'un "parlementarisme dévoyé", hérité selon lui des Printemps arabes. C'est avec une enquête parlementaire qu'ont commencé les ennuis de M. Aziz. "Beaucoup de gens ont des raisons de lui en vouloir, parmi lesquels les Frères musulmans qu'il a pourchassés", dit l'avocat.
M. Ghazouani s'est lui toujours défendu d'ingérence dans le dossier. L'un des nombreux avocats de l'Etat, Me Brahim Ebetty, assure que ses co-accusés accablent M. Aziz. "Même son gendre l'enfonce", dit-il.
"Comment ça, un procès politique ?", abonde Moussa Samba Sy, directeur du Quotidien de Nouakchott, qui a beaucoup écrit sur la prévarication sous M. Aziz. "C'était lui le président, donc le responsable", assène-t-il, écartant une onde de choc politique. "Les gens sont collés aux problèmes du quotidien. Ils pensent que c'est une histoire entre dirigeants. Mais beaucoup pensent que c'est l'occasion de tourner la page de la gabegie".
Les parties s'attendent à des semaines ou des mois de procès.