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19 juin 2025
UN DÉPUTÉ EXCLU 15 JOURS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE FRANÇAISE POUR DES PROPOS RACISTES
Cet élu du Rassemblement national (RN), le parti de Marine Le Pen, a reconnu avoir lancé jeudi "qu'il retourne en Afrique" lors d'une intervention d'un élu noir, Carlos Martens Bilongo, qui s'exprimait sur le "drame de l'immigration clandestine" à l'Assem
"Qu'il retourne en Afrique": l'Assemblée nationale française a voté vendredi l'exclusion pour 15 jours d'un député d'extrême droite ayant tenu des propos jugés racistes, qui ont suscité une vague d'indignation.
Il s'agit de la plus lourde sanction disciplinaire possible.
Le député Grégoire de Fournas se voit également privé de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois.
Cet élu du Rassemblement national (RN), le parti de Marine Le Pen, a reconnu avoir lancé jeudi "qu'il retourne en Afrique" lors d'une intervention d'un élu noir, Carlos Martens Bilongo, qui s'exprimait sur le "drame de l'immigration clandestine" à l'Assemblée.
M. de Fournas a ensuite catégoriquement nié tout caractère raciste, assurant parler du bateau humanitaire Ocean Viking bloqué en mer avec 234 migrants, et pas de Carlos Martens Bilongo, élu de la gauche radicale (La France insoumise, LFI).
Il a dénoncé une "manipulation de LFI" visant à lui prêter des "propos dégueulasses".
L'incident a provoqué une vague d'indignation jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. Il avait entraîné jeudi la fin prématurée de la séance de questions au gouvernement, une décision rarissime prise par la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet.
"Le racisme, quelle qu'en soit la cible, est la négation des valeurs républicaines qui nous rassemblent dans cet hémicycle", a déclaré vendredi la titulaire du perchoir, après le vote de la sanction.
Grégoire de Fournas est le deuxième député exclu temporairement de l'Assemblée depuis 1958.
Le camp présidentiel et l'alliance de gauche Nupes plaidaient pour la sanction "la plus lourde" contre le député d'extrême droite.
Démission ?
"La question de sa démission se pose", a lancé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin vendredi, ajoutant qu'il signerait une pétition du parti présidentiel réclamant son départ. Les Verts et des élus LFI demandent aussi sa démission.
Marine Le Pen a critiqué une "procédure où on est jugé par nos adversaires politiques", en fustigeant un "mensonge" de LFI sur l'incident.
Sans les RN, les autres élus ont soutenu la sanction à l'unanimité.
Un rassemblement de soutien à Carlos Martens Bilongo, né en France de parents angolais et congolais, s'est tenu vendredi près de l'Assemblée, réunissant quelques centaines de personnes.
"Ma personne a été attaquée mais aussi les personnes qui me ressemblent. Des millions de Français ont été attaqués hier. En 2022, nous ne devons pas laisser place à ces idées", a affirmé le député.
Sur BFMTV, Grégoire de Fournas, qui "assume totalement ses propos sur la politique migratoire anarchique", a exclu toute démission et accuse M. Martens Bilongo d'avoir "senti un coup à jouer dans la victimisation communautaire".
Après la sanction, il s'est redit "totalement innocent": "je ressens cette sanction d'une dureté inouïe avec une grande injustice. Mais respectueux de l'institution, je m'y soumets".
Viticulteur, Grégoire de Fournas est l'auteur d'une série de tweets tendancieux par le passé. "En Afrique, ils aiment tous la France et ses allocs. On accueille toute l'Afrique?!", a-t-il tweeté en 2017; et en janvier 2022: "En réponse à l'expulsion de notre ambassadeur au Mali, il faut expulser tous les Maliens de France!".
Cette affaire fragilise la stratégie de dédiabolisation revendiquée par son parti, depuis l'élection inédite de 89 députés RN en juin.
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ACCUSÉ DE VIOLS, SONKO DIT REFUSER UN TEST ADN
M. Sonko, 48 ans, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024, a été inculpé pour viols et menaces de mort et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021, après avoir été visé en février 2021 par une plainte d'une employée d'un salon de beauté
Le principal opposant sénégalais, Ousmane Sonko, a indiqué vendredi à la presse avoir dit au juge son refus de se soumettre à un test ADN, lors de sa première audition jeudi pour des accusations de viols.
M. Sonko, 48 ans, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024, a été inculpé pour viols et menaces de mort et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021, après avoir été visé en février 2021 par une plainte d'une employée d'un salon de beauté où il allait se faire masser pour soigner un mal de dos.
"Est-ce que j’accepterais des prélèvements pour un test ADN ? J'ai dit 'mais vous, est-ce que ça va ? Là-dedans (désignant sa tête), est-ce que ça va ? Vous n’avez aucune preuve et vous voulez que moi, je donne mon sang à des comploteurs ? (…) Mon sang, vous ne l’aurez jamais'", a déclaré Ousmane Sonko, lors d'une conférence de presse à Dakar.
Il a affirmé qu'il avait répondu à deux autres questions du juge. "Est-ce que je reconnais avoir fréquenté les lieux ? – Oui. A quelle date ? – Je ne sais pas. Parce que moi je ne suis pas un robot et j'ai pas un calepin du matin au soir pour dire à telle heure j'étais ici", a-t-il dit.
"Est-ce que je reconnais avoir entretenu des relations avec la dame ? – Je lui ai dit 'je ne vous permets de pas me poser de telles questions. Quand un dossier de complot est si manifeste avec des preuves et que vous, vous n'avez aucune preuve, je ne vous permets pas vu le statut que j'ai'", a-t-il ajouté.
M. Sonko a par ailleurs exposé longuement sa théorie du complot, orchestré selon lui par le président Macky Sall et des proches de ce dernier qu'il a cités nommément, pour l'éliminer de la course à la présidentielle de 2024. Il a assuré qu'il allait porter plainte contre l'ancien procureur de la République, disant détenir des preuves qu'il avait falsifié des documents de l'enquête pour le charger.
Jeudi, un avocat de M. Sonko, Ciré Clédor Ly, avait déclaré à la presse que son client espérait un "non-lieu total par rapport à ces faits inexistants" et avait répondu aux questions "en éventrant le complot". Sa mise en cause, puis son arrestation en mars 2021 avaient contribué à déclencher plusieurs jours d'émeutes, de pillages et de destructions, qui avaient fait au moins une douzaine de morts.
par Vieux Savané
UNE ICÔNE DE LA PRESSE AFRICAINE S'EN EST ALLÉE
À Jean Pierre Nidaye, nous serons éternellement reconnaissant pour la qualité et la pertinence de sa plume, son engagement au service de la liberté et de l’émancipation des peuples
Hier, lundi 1er novembre, en début d’après midi, nous avons appris avec émotion et beaucoup de tristesse, le décès de Jean Pierre Ndiaye. Journaliste militant, sociologue doublé d’un puissant analyste politique, ce monument de la presse africaine avait 86 ans. Affable, iconoclaste, très proche de Jean Paul Sartre, Alioune Diop de la maison d’édition Présence africaine, il avait été une des grandes plumes de l’hebdomadaire « Jeune Afrique », dans les années 1960-1980. Au plus près des peuples qui luttent pour recouvrer leur souveraineté et leur indépendance, l’auteur de « La jeunesse africaine face à l’impérialisme », livre publié en 1971, interdit en Côte d’Ivoire, en Algérie ainsi qu’au Sénégal, était un homme engagé contre le racisme, le fanatisme et toute forme d’obscurantisme. Du journalisme, Jean Pierre avait une conception qui en faisait un instrument de combat. Pour les idées, l’Afrique et le monde. Aussi s’était-il intéressé aux mouvements de libération nationale, notamment en Algérie et au Vietnam, à lutte contre le racisme, pour l’émancipation des noirs aux Etats-unis, en Mauritanie, au Soudan. Il avait développé des rapports assez étroits avec certains leaders, dont feu Amilcar Cabral. Partisan de la liberté d’expression sans laquelle ne pouvait se mettre en place un débat contradictoire, Jean Pierre Ndiaye ne se privait pas de mettre le couteau dans la plaie. Panafricaniste et internationaliste convaincu, il avait le Sénégal au coeur et ne se privait pas d’exprimer son point de vue lors d’évènements majeurs. En 1971, 3 ans après l’explosion estudiantine et sociale de 1968, Jean Pierre Ndiaye publiait un retentissant article : « Sénégal : l’heure de vérité » . Il s’y livrait à une radioscopie de la société et de l’État du Sénégal. Pour lui, son pays natal qui se trouvait à un tournant décisif de son évolution se devait alors, pour espérer s’en sortir, de « déposer publiquement un bilan d’échec », « libérer tous les détenus politiques », « revenir sur la dissolution des partis d’opposition en admettant leur participation sans exclusivité, à des élections démocratiques » . A la suite de cet article, Jeune Afrique sera interdit au Sénégal par le gouvernement du président Léopold Sédar Senghor.
Dans un autre article publié en 1973, il exhortait les pouvoirs publics , après la mort en prison de Omar Diop Blondin à la prison de Gorée, à diligenter une enquête sur les conditions du système carcéral. Il y appelait aussi à une amnistie des prisonniers politiques, conscient que la situation pouvait engendrer des périls qu’il convenait de regarder en face
Depuis quelques années, Jean Pierre Ndiaye avait pris un peu de champ avec le journalisme. En passeur apaisé, il avait le sentiment que la relève était assurée, à travers notamment le dynamisme de la presse sénégalaise. Puisse l’âme de cette icône de la presse africaine militante qui a inspiré tant de personnes de notre génération puisse se reposer en paix. A Jean Pierre nous serons éternellement reconnaissant pour la qualité et la pertinence de sa plume, son engagement au service de la liberté et de l’émancipation des peuples. A son épouse, ses enfants, son frère cadet, Professeur Aloyse-Raymond Ndiaye, le groupe Sud Communication présente toutes ses condoléances.
par Doc Gynéco born Juliette Ba
WOLOF’HOLLYWOOD, MAREME DIAL EN FORCE ET MARODI CHEZ NETFLIX
je suis pétrifiée de jalousie, je répète, je me consume littéralement de jalousie. L’aigreur et l’amertume qui m’habitent, n’ont d’égal le sentiment extrême de frustration et d’envie qui me rongent lorsque je me pose devant une série sénégalaise…
Doc Gynéco born Juliette Ba |
Publication 04/11/2022
Bon. Vous le savez (ou pas). Votre esclave dévouée, jadis journaliste est Coach (avec « C » majuscule) en Mieux-Être depuis 2010. En tant que coach, mon travail est donc d’accompagner les personnes sur le chemin de l’harmonie et du développement personnel, sachant que charité bien ordonnée commence par soi-même…
Je suis donc dans l’obligation incontournable de procéder avant toute chose, à l’observation, la réflexion, l’introspection, la remise en question et le travail sur soi qui sied à tout coach en mieux-être…
Et c’est là que le bât blesse. Parce que, oui, aujourd’hui je vais vous l’avouer : je suis pétrifiée de jalousie, je répète, je me consume littéralement de jalousie. L’aigreur et l’amertume qui m’habitent, n’ont d’égal le sentiment extrême de frustration et d’envie qui me rongent lorsque je me pose devant une série sénégalaise…
Petit flashback. Nous sommes en 1994, je viens d’avoir le bac et je suis inscrite au département de philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Un chouïa désœuvrée et déçue de voir qu’il n’y a pas grand-chose en commun entre mes cours passionnants de terminale A3C à Yalla Suuren, dispensé par Monsieur Macodou Diop et la foultitude de cours magistraux que je dois ingurgiter du matin au soir… Mon prof de terminale me faisait rêver… Mes professeurs à la fac me confirment que j’adore réfléchir mais me mettent le doute : ai-je vraiment envie de devenir professeur de philosophie ? Vais-je passer le cap de cette première année ? Miroir, mon beau miroir …
Bref…
Au milieu de ce trop-plein de philosophie, mes pas vont me porter vers le département voisin, celui de lettres modernes. Je rencontre le chef du département de l’époque, nous échangeons. Quelques discussions agréables. Il me parle de théâtre, je réponds passionnément… Il n’en faut pas plus pour me retrouver membre de l’Atelier des recherches et pratiques théâtrales, animé par le coupme Jacqueline et Lucien Lemoine. J’y resterai 3 ans. Assez pour découvrir les plaisirs de l’improvisation, de la narration. Assez pour ne jamais oublier la bienveillance extrême de Lucien, sa diction extraordinaire, son jeu d’acteur tellement balsamique et les conseils avisés de Jacqueline, sa douceur et la nostalgie de sa terre : Haïti.
À l’occasion du 100e anniversaire de la mort de Jean de La Fontaine, nous avions donné une représentation au Centre culturel français de Dakar. Je n’oublierai pas ce moment magique ou la « Scène » fut toute à moi et où je récitais à ma manière et avec énormément d’humour « le Corbeau et le Renard ». J’aimais déjà beaucoup la comédie lorsque j’étais à l’école j’étais connue et reconnue pour mes talents de clown et d’agitatrice, mais là je me découvrais une vraie passion pour la scène, le jeu d’acteur et quelques années plus tard le cinéma.
Le président de 89 ans, surnommé le "Sphinx" pour ses rarissimes apparitions publiques et son goût du secret comme pour son caractère intraitable, a littéralement fait du Cameroun sa chose en 40 ans de règne absolu sur ce pays d'Afrique centrale
En contrôlant et en soumettant son entourage au point que, même pour sa succession, les plus en vue n'osent jamais se découvrir, il a bâti et brisé les carrières des aspirants zélés comme des tartuffes.Parfois d'un coup de menton.
Mais surtout, ces dernières années, il a lancé ses forces de sécurité dans une implacable répression de toute opposition, politique ou armée.Ce qui a valu au président de 89 ans, autrefois écouté et actif dans la diplomatie du continent et au-delà, d'inhabituelles critiques de l'ONU et de capitales occidentales, et un certain refroidissement avec Paris pour cet ancien pilier de la "Françafrique".
Pour cette raison, et une santé chancelante, ses rares sorties à l'étranger ne l'emmènent plus qu'en soins ou en villégiature dans un très luxueux hôtel de Genève, où l'opposition l'accuse de dépenser des fortunes entouré d'une abondante cour.En 2018, un consortium international de journalistes d'investigation, l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), évaluait à quatre années et demi la durée cumulée de ses "séjours privés" à l'étranger en 35 ans, brocardant un "président itinérant", pour un total de 65 millions de dollars.
Sur la scène nationale aussi, surtout depuis une réélection très contestée en 2018, il n'apparaît plus qu'à l'occasion de très rares discours télévisés, enregistrés et péniblement énoncés. Ou sur des photos et vidéos très "kitschs" de fêtes de famille, au côté de son omniprésente, influente et exubérante épouse, Chantal Biya, dont le style tranche singulièrement avec l'austérité du "Sphinx".
- Violente répression -
Paul Biya règne d'une main de fer sur son pays confronté ces dernières années à d'importants défis économiques et sociaux - 26% de la population vit dans l'extrême pauvreté selon l'ONU et la corruption est endémique jusqu'au sommet de l'État - mais aussi sécuritaires.
Notamment un sanglant conflit séparatiste dans l'ouest, où une partie de la minorité anglophone s'estime ostracisée par la majorité francophone du pays, et à laquelle le chef de l'État a toujours refusé toute concession notable.Il a dépêché massivement policiers et soldats d'élite pour réprimer très violemment une rébellion elle-même très meurtrière, les deux camps étant régulièrement accusés par les ONG et l'ONU de crimes contre les civils.
M. Biya a également fait violemment taire toute opposition politique depuis 2018, faisant arrêter - et condamner - des centaines de manifestants pacifiques, dont son rival malheureux à la présidentielle, Maurice Kamto, emprisonné neuf mois sans procès en 2019 et libéré seulement après d'intenses pressions internationales, notamment de la France.
Paul Biya n'a cure, jusqu'alors, des opinions étrangères comme camerounaise, accusé par ses détracteurs de régner depuis une tour d'ivoire ou depuis son village natal de Mvomeka'a, dans le sud, où il passait l'essentiel de son temps ces dernières années quand il n'était pas à Genève.
"Il suffit d'un petit coup de tête, et vous n'êtes plus rien du tout": en tançant ainsi un journaliste vedette de la télé publique qui l'interviewait en 1986, Paul Biya affichait déjà la couleur.
- Françafrique -
Deuxième président du Cameroun depuis son indépendance de la France en 1960, il nomme et congédie lui-même aux postes-clés pour assurer son maintien, s'appuyant sur un parti-État, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), qu'il a créé en 1985.
En verrouillant le commandement de son armée, confié aux plus proches, et en remettant la formation et l'encadrement des troupes d'élite et sa sécurité personnelle à des Israéliens, il a intimidé jusqu'au premier cercle.
Ancien séminariste catholique et étudiant à Sciences-Po Paris, il a gravi les échelons sous son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, jusqu'à devenir Premier ministre de 1975 à 1982.La Constitution le propulse à la présidence après la démission surprise d'Ahidjo.Il s'y accroche - avec un coup de pouce de Paris, accusent ses détracteurs.
Seul candidat, il est élu avec 100% des suffrages en 1984, réélu en 1988 également sous la bannière du parti unique, puis cinq fois encore après l'instauration du multipartisme en 1990.
Paul Biya a joué "de la violence et de la terreur, au gré de ses humeurs et des rumeurs, pour asservir ses collaborateurs et soumettre l'ensemble de la population", écrivait, en 2018 dans son livre "Cameroun, combat pour mon pays" Titus Edzoa, ex-fidèle secrétaire général de la Présidence, arrêté en 1997, pour corruption officiellement, quand il s'est présenté à la présidentielle.Il a passé 17 ans en prison.
"M.Biya a mis en pratique l'adage +diviser pour régner+ pour rester au sommet d'un système sans que puissent s'organiser - et encore moins se coaliser - les forces qui auraient pu lui disputer son pouvoir", résume le politologue camerounais Stéphane Akoa.
«L’AFRIQUE FABRIQUE DESORMAIS SES PROPRES TERRORISTES»
Président de la Plateforme panafricaine «Efforts de paix», Hamed Y. Savadogo ne fait pas dans la langue de bois lorsqu’il s’agit d’aborder des questions aussi sensibles que la paix et la sécurité dans une Afrique de l’Ouest en proie aux coups d’Etat
Président de la Plateforme panafricaine «Efforts de paix», par ailleurs leader de la Jeunesse burkinabè en Côte d’Ivoire, Hamed Y. Savadogo ne fait pas dans la langue de bois lorsqu’il s’agit d’aborder des questions aussi sensibles que la paix et la sécurité dans une Afrique de l’Ouest en proie aux coups d’Etat et aux attaques djihadistes. Jeune panafricain connu pour son engagement en faveur de la paix et de la cohésion sociale, notamment dans son pays d’accueil, la Côte d’ivoire, M. Savadogo jette un regard critique sur les tares des Etats africains qui sont un terreau fertile, selon lui, au développement de crises et favorisent des coups d’Etat. Dans cet entretien, il revient sur la sérieuse question de la sécurité des Etats d’Afrique de l’Ouest dans un contexte de coups d’Etat répétés, la montée de l’extrémisme religieux dans le Sahel, mais aussi et surtout la question de la mauvaise gouvernance en Afrique qui favorise l’instabilité du continent.
Qu’est-ce que la Plate¬forme panafricaine «Ef¬forts de paix»?
La Plateforme panafricaine «Efforts de paix» est une association qui fait la promotion de la paix durable, de la démocratie et de l’intégration des peuples africains. Notre structure, composée de jeunes de plusieurs nationalités africaines, veut contribuer à un peu plus de paix dans la sous-région ouest-africaine, la paix au niveau des Etats, mais aussi la paix des communautés.
Qu’est-ce qui a motivé sa création et quels sont ses objectifs ?
Nous avons fait le constat que très souvent, les crises naissent soit du fait de la mal gouvernance, soit du fait d’un déficit d’information, voire de sensibilisation des masses populaires. Le sous-développement de l’Afrique, tout le monde en parle, mais l’absence de paix sociale et de stabilité de nos Etats africains en est pour beaucoup. Autrement dit, sans paix, il n’y a pas de développement. C’est donc partant de ce constat que nous avons porté sur les fonts baptismaux, la Plate¬forme «Efforts de paix» en vue d’apporter notre contribution au règlement de certains conflits. Il s’agit pour nous de mettre la jeunesse au service de la promotion de la paix et de la cohésion sociale. Nous estimons que le meilleur moyen de contribuer au développement de l’Afrique, c’est de militer d’abord pour la paix. Nous voulons être une force de proposition qui contribue qualitativement au débat public et qui aide les décideurs à opérer de bons choix dans leur gouvernance. Cela passe naturellement par des tournées de sensibilisation, des conférences et activités adaptées aux thématiques du vivre-ensemble.
Comment appréciez-vous la situation sécuritaire de plus en plus critique en Afrique de l’Ouest ?
J’estime que la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest est très inquiétante, avec l’instabilité de plusieurs Etats comme le Mali, le Burkina et la République de Guinée, pour ce qui est des coups d’Etat, mais il y a surtout la montée du terrorisme. Il faut s’en inquiéter en raison de la forme de terrorisme à laquelle nous assistons. C’est-à-dire que l’ennemi ne vient plus d’ailleurs comme avant, mais il s’agit désormais des nationaux. L’Afrique fabrique désormais ses propres terroristes.
Les Etats africains semblent impuissants face à cette question. Que faut-il faire pour garantir la souveraineté sécuritaire de l’Afrique, notamment dans l’espace Cedeao ?
La Plateforme «Efforts de paix» pense qu’il incombe avant tout à chaque pays d’assurer sa propre sécurité. Cela implique une bonne gouvernance et le respect des droits humains. Quand des dirigeants ne parviennent pas à lutter efficacement contre la pauvreté, la corruption et les injustices sociales, tout cela finit par déboucher sur des crises. Or, les crises sont un terreau fertile à l’insécurité. Il y a tout d’abord une question de gouvernance, ensuite il faut s’interroger sérieusement sur les métiers de nos Armées. A quoi servent les Armées africaines entretenues à coups de milliards ? Quel est leur niveau de formation ? C’est important que nous débattions de ces questions. C’est seulement après que l’on pourrait demander des comptes ou exiger certaines choses de la Cedeao, qui n’est que le reflet pâle des Etats membres.
Etes- vous pour la mise en place d’une force africaine pour faire face et mieux sécuriser l’Afrique et ses populations ?
Nous militons pour une force africaine face aux nombreux défis sécuritaires. Cependant, il faut que chaque Etat s’assume avant. J’entends souvent parler des performances de l’Armée tchadienne, sur laquelle a compté un moment le G5 Sahel. C’est dire que chaque Etat devra d’abord performer son Armée, sans quoi la force africaine n’apportera rien de concret sur le terrain.
Comment devrait-elle être organisée, avec quels financements ?
Jusque-là, les organismes à caractère sous-régional ou international fonctionnent sur le principe d’une cotisation annuelle des Etats membres. Ils bénéficient également de financements provenant de partenaires. De ce point de vue, le financement ne peut être un problème si la volonté y est. Quant au mode de fonctionnement à adopter, l’exemple du G5 Sahel, avec un commandement par rotation, pourrait inspirer la mise en place de cette force africaine.
Il s’y ajoute depuis un certain temps, les coups d’Etat. L’espace ouest-africain en a connu 5 dont 1 en Guinée, 2 au Burkina et 2 au Mali. Qu’est-ce qui, selon vous, explique cette recrudescence de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest ?
Comme je l’ai dit tantôt, la mal gouvernance et les injustices sociales sont pour beaucoup dans l’avènement des coups d’Etat. Au Mali comme en Guinée, les coups d’Etat sont intervenus après des élections truquées où la Constitution a même été modifiée pour le cas de la Guinée. Au Burkina, non seulement la gouvernance n’était pas vertueuse, mais en plus, le régime avait montré ses limites dans la lutte contre le terrorisme.
Est-ce qu’un échec des gouvernants africains peut expliquer cette situation qui dégrade l’image de la démocratie africaine ?
Bien sûr que les crises qui secouent les pays africains sont la preuve de l’échec de ses gouvernants qui manquent pour certains de vision et pour d’autres de capacité d’anticipation sur les crises. Pour beaucoup de chefs d’Etat africains, le pouvoir est encore perçu comme un bien privé. En face, vous avez comme réponses les coups d’Etat, les rebellions et les manifestations à n’en point finir.
La Cedeao n’a-t-elle pas atteint ses limites dans la gestion des crises en Afrique de l’Ouest ?
On est souvent très critique vis-à-vis de cette institution. Moi-même, je n’ai pas souvent été tendre avec cette organisation. Mais après analyse, quand on se rend compte que ce sont nos Etats, avec toutes les faiblesses qu’on leur reconnaît, qui forment cette communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, on ne peut pas s’attendre à mieux que ce qu’on constate. Cette Cedeao n’existe que de nom.
Qu’en est-il de l’implication de la jeunesse africaine dans la recherche de solutions pour une résolution des crises ?
L’avenir de l’Afrique repose beaucoup sur la jeunesse. C’est pourquoi il est souhaitable que cette jeunesse s’implique dans la recherche de solutions aux crises que nous vivons. Mais attention, la formation de cette jeunesse doit être une priorité. Si nous échouons à éduquer et à former cette jeunesse, nous n’arriverons à rien de meilleur.
Vous êtes originaire du Burkina, où on vient d’enregistrer un deuxième coup d’Etat après celui du 24 janvier. Comprenez-vous cette propension de l’Armée à s’accaparer le pouvoir ?
Le contexte sécuritaire au Burkina Faso est tel qu’il nourrit des ambitions au sein de l’Armée. C’est elle qui est en première ligne dans la défense des populations et du territoire national. C’est elle qui sait apprécier le mieux les stratégies et moyens nécessaires pour faire face à la menace. On peut de ce point de vue leur concéder le fait de s’inviter au pouvoir parce que nous ne sommes pas dans une situation normale.
Le coup d’Etat de janvier aurait été motivé par l’incapacité du gouvernement burkinabè à contenir l’insurrection djihadiste. Qu’est-ce qui, selon vous, a motivé celui du 30 septembre ?
Je pense que le coup d’Etat du 30 septembre est la résultante d’incompréhensions au sein de l’Armée, du moins ceux qui ont arraché le pouvoir à Roch en janvier dernier. Puisque c’est le même mouvement, en l’occurrence le Mouvement du peuple pour la restauration et la sauvegarde (Mpsr), qui tient toujours le pouvoir. Il a juste préféré désormais un Capitaine à un Lieutenant-colonel.
Quelle posture doit avoir la Cedeao pour aider le Burkina, le Mali et la Guinée à revenir à l’ordre constitutionnel ?
La Cedeao n’a pas d’autre choix que d’accompagner ces Etats en crise afin qu’ils reviennent à l’ordre constitutionnel.
Les sanctions, les intimidations et autres mesures dissuasives peuvent-elles aider en de pareilles circonstances ?
Non ! Parce que le Mali constitue la preuve que les intimidations ne marchent pas toujours. Ce n’est pas dans l’intérêt de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest de voir le Burkina et la Guinée suivre les traces du Mali.
L’arrestation et l’emprisonnement de soldats ivoiriens au Mali est une préoccupation que la Cedeao a du mal à gérer. La Plate¬forme afri¬caine «Efforts et paix» aurait-elle un plan pour sortir de cette situation et éviter la détérioration des relations entre Bamako et Yamoussoukro ?
Sur cette question, la Plateforme «Efforts de paix» estime que la solution proviendra du dialogue et des discussions déjà engagés. C’est une question plus politique et diplomatique qu’autre chose. C’est d’ailleurs pourquoi nous saluons les actions de sensibilisation menées sur le terrain par des associations sœurs en vue de maintenir la cohésion sociale entre les peuples ivoirien et malien.
Cette crise va finir par se résoudre.
Est-ce que l’ingérence de certains pays partenaires dans la gestion interne de nos Etats n’encourage pas les soulèvements et autres insurrections des populations déjà éprouvées ?
S’il y a ingérence, je pense qu’en premier lieu, ceux qui manifestent doivent d’abord demander des comptes à leurs dirigeants. Les soulèvements et autres insurrections auxquels on assiste ne font pas avancer l’Afrique. Tout simplement parce qu’ils ne proposent rien de concret pour la suite. Ils interviennent comme des effets de mode et s’éteignent aussitôt.
Que doivent faire les Etats africains pour éviter toute ingérence dans la gestion interne ?
Tout se trouve dans les accords que nos chefs d’Etat signent souvent sans passer par l’Assemblée nationale pour avoir l’onction populaire. Ce que nous avons vite fait d’appeler ingérence est bien souvent un droit concédé. Combien de citoyens connaissent le contenu des accords qui lient leur pays à une puissance étrangère ? Il faut que de plus en plus que les citoyens exigent à nos dirigeants de connaître tous les termes des accords. Parce que le plus souvent, ce sont ceux que nous portons à la tête de nos Etats qui bradent notre souveraineté.
Par Serigne Saliou DIAGNE
A BAS TOUTES CES MILICES !
Si nos politiciens sont autant obnubilés par le besoin d’être prescripteurs d’une violence qu’ils voudraient légitime, ça ne surprend pas que tous les foyers religieux se créent aussi leurs milices et polices morales pour les faire cohabiter avec nos Fds
Le Groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale (Gign) a procédé hier, dans la foulée de l’audition de Ousmane Sonko par le Doyen des juges sur l’affaire Sweet Beauty, à l’arrestation d’éléments de sa garde rapprochée, qui ont été impliqués le week-end dernier dans des violences dans le village de Tchiky, situé dans la commune de Diass.
Cette arrestation fait suite à des affrontements qui se sont produits entre les éléments de la sécurité de M. Sonko et des militants de l’Alliance pour la République (Apr). Des plaintes ont été introduites par les personnes blessées, le procureur de Mbour s’est prononcé face à la presse, de même que l’avocat des éléments de la sécurité du leader du Pastef, Me Abdoulaye Tall. L’enquête suit son cours et toutes les responsabilités seront situées, mais cet incident nous renvoie à la figure l’incongruité qu’est la façon dont s’organise la sécurité rapprochée.
Tout bon gaillard veut se livrer à l’activité de protection rapprochée sans aucun préalable. Tout politicien veut s’entourer de sa meute de mastodontes qui bandent les muscles pour faire peur, intimider ou casser tout sur leur passage au premier accrochage.
De l’imposture des tenues au zèle dans la gestion des dispositifs de protection, il y a tout à dire de nos milices politiques. On a fini de façon tacite d’accepter l’idée qu’un politicien doit avoir sa suite de gros bras. Sonko a sa horde de «gorilles», Mame Mbaye Niang exhibait fièrement ses «Marrons du feu». Idrissa Seck avait fini, campagne après campagne, de propulser Vieux Sandiery Diop comme un Jack Bauer de nos tropiques. On ne peut tous les blâmer, car Abdoulaye Wade, à la station présidentielle, a pu faire entrer certains de ses «calots bleus» dans les rangs de nos Forces de défense et de sécurité.
Le Parti socialiste avait aussi ses gros bras qui ne se gênaient point à casser des bureaux de vote ou à faire de Abdoulaye Wade, persona non grata dans certains patelins. C’est dire que la violence dans la politique est bien tenace chez nous.
Il serait hypocrite de s’indigner du spectacle violent qu’offrent nos lutteurs, lors des face-à-face annonçant leurs combats, quand ceux qui sont appelés à gérer la cité déchaînent leurs nerfs et emploient ces derniers pour distribuer des coups de poing. Le Cng de lutte doit avoir son mot sur la conversion de lutteurs en activité en gros bras de politiciens, au vu de l’image négative qu’ils peuvent renvoyer de leur sport.
En revenant sur nos politiques, il y a toute une symbolique à se vouloir serviteur des populations et à la recherche de leur suffrage, tout en se barricadant dans une forêt de gros bras. Il est d’autant plus révoltant que les éléments de protection rapprochée de nos politiciens sont souvent détenteurs d’armes illégales et dont ils n’ont souvent qu’une initiation sur le tas pour leur maniement. Quel est l’intérêt de cette violence gratuite que voudrait promouvoir notre classe politique dans une société civilisée et avec un Etat doté de toutes les prérogatives régaliennes ? Les cas de violence ayant débouché sur des pertes insensées en vies humaines lors d’activités politiques sont légion et notre Etat tarde toujours à réguler tout ce qui entoure la prestation de service de sécurité rapprochée.
L’incident entre des éléments de la garde rapprochée du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) et militants de Benno bokk yaakaar lors de l’élection présidentielle de 2019, ayant causé mort d’homme à Tambacounda, aurait dû suffire comme alerte pour désarmer toutes les milices qui entourent nos politiciens, en leur offrant la possibilité de commettre des professionnels reconnus et aguerris pour leur protection.
L’Etat se substitue aux gros bras lors des rendez-vous républicains comme les campagnes électorales, mais certains de nos politiques ont la gâchette facile pour accuser nos Forces de défense et de sécurité de tous les complots. Il ne faut pas oublier qu’un politicien, en l’occurrence Ousmane Sonko, avait refusé, lors de la campagne présidentielle de 2019, de se faire protéger par des éléments des Forces de défense et de sécurité, les soupçonnant d’être à la solde du ministre de l’Intérieur d’alors, Aly Ngouille Ndiaye.
Si nos politiciens sont autant obnubilés par le besoin d’être prescripteurs d’une violence qu’ils voudraient légitime, ça ne surprend pas que tous les foyers religieux se créent aussi leurs milices et polices morales (sans oublier leurs centres de redressement) pour les faire cohabiter avec nos corps régaliens. On serait tenté, à y voir de près, de dire que ce pays est un gros malentendu.
Par Abdoul Aziz DIOP
SÉNÉGAL, UN PAYS SANS IDÉES ?
Cela fait déjà bien longtemps que nos intellectuels ne sont qu’au nombre de trois ou quatre : l'historien Mamadou Diouf, l’écrivain Boris Diop , le philosophe Bachir Diagne… Trois brillants intellectuels certes, dans un pays de plus de 17 millions d’âmes
En faisant, dans les colonnes du quotidien L’As, daté du 13 octobre 2022, le constat de l’« appauvrissement intellectuel », de la « fin des idéologies en politique » et de l’« avènement d’espaces d’invectives », l’auteur de l’article dont nous reprenons le titre en le nuançant par un point d’interrogation, Mamadou Mbakhe Ndiaye, déplore, avec beaucoup d’autres, non cités pour la plupart dans son papier, « l’assèchement intellectuel et idéologique (…) dans l’espace politico-médiatique » sénégalais. Je crains que le long « assèchement politico-médiatique » ne soit considéré comme un « assèchement intellectuel et idéologique » plus facile à faire accepter aux médias qu’aux intellectuels dont on ne parle que très peu dans ce pays depuis très longtemps déjà.
Que s’est-il donc passé ?
Cela fait déjà bien longtemps que nos intellectuels ne sont qu’au nombre de trois ou quatre : Mamadou Diouf, l’historien,Boubacar Boris Diop, l’écrivain - donnez-moi des noms - , Souleymane Bachir Diagne, le philosophe… Trois brillants intellectuels certes dans un pays de plus de 17 millions d’âmes toutes bien nées ! Un nombre faux dont les auteurs sénégalais de plusieurs centaines de livres chaque année peinent pourtant à faire multiplier par 2 ou 3. C’est que les canaux par lesquels les Lettres etles Médias se parlent et s’enrichissent mutuellement sont obstrués. À quoi bon l’entrelacement politico-médiatique quand 3 clients suffisent à la critique de haut vol pour dire du Sénégal ce qu’il est supposé être après n’y être restés que quelques semaines pour ne pas dire quelques jours seulement pendant toute une année ? Puisqu’il en est ainsi depuis de très nombreuses années déjà, bien nombreux sont les intellectuels en politique auxquels les médias ne s’intéressent que lorsqu’ils s’opposent, ressassant juste la vérité toute faite : « Le pouvoir est mauvais comme l’opposition est bonne. » Oppose toi donc radicalement si tu veux qu’on parle de toi ! Si tu veux compter, quoi…
Et dans la brèche ouverte par l’opposition dite radicale s’engouffrent les intermittents de la politique qui, par dose homéopathique, nous apprennent, quand un micro leur est tendu par un journaliste plutôt admiratif, ce que nous sommes devenus à notre insu : des bons à rien !
Cela n’a quand même pas échappé à beaucoup de monde quand l’un des plus grands penseurs de ce premier quart du XXIe siècle, le Sénégalais Souleymane Bachir Diagne, parlant de l’école sénégalaise à l’invitation de l’Académie nationale des sciences ettechniques du Sénégal (Anst), soutient, que « les classes pléthoriques, le mode de recrutement des enseignants constituent un facteur majeur de la baisse du niveau des élèves au Sénégal ». Chroniqueur à La Gazette, nous soutenions peu avant 2011, qu’une école dont les parents d’élèves, qui constituentles élites de laNation, ne parlent que très peu s’invitera tôt ou tard dans le débat pour cause de déliquescence avancée. Nous y sommes ! Mais il y a une explication - pas la seule - du long silence des élites sur l’école publique d’où elles sont toutes sorties. C’est que lesdites élites, prétextant la liberté des parents de choisir entre le public et le privé, ne débattent plus d’une école à deux vitesses, oubliant le public auquel ils doiventtout. L’école sénégalaise n’échappe pas - et par quel miracle échapperait-elle ? - à la sentence universelle : «Tout ce dont on ne parle pas est mort même vivant.»
Mais que peut bien valoir Abdoul Aziz avant Souleymane ? Rien ! Faux ! « L’écart entre [les] promesses des penseurs de métier et la situation des hommes est plus scandaleux qu’il ne fut jamais », avait averti Paul Nizan. Le résultat est le même lorsque, de l’avis de Pierre Bourdieu, « la pensée critique [se réfugie] dans le "petit monde" académique, où elle s’enchante elle-même d’elle-même, sans être à mesure d’inquiéter qui que ce soit en quoi que ce soit ». C’est qu’ « une théorie doit servir… », disait Gilles Deleuze. « Assèchement intellectuel et idéologique », « assèchement politico-médiatique » ou les deux ? Peu importe ! Une chose est sûre : le besoin de penser est aussi vital que celui de manger à sa faim.
Bien penser, c’est vouloir mieux se nourrir. N’est-ce pas ? Rien qu’une provocation de profane ! Pour autant, « il serait temps, ainsi que le suggérait Pierre Bourdieu, que les journalistes apprennent à reconnaître qu’un propos peut être très important intellectuellement ou politiquement, lors même qu’il émane d’un simple citoyen inconnu ou isolé, ou, au contraire, tout à fait insignifiant, lors même qu’il émane d’un homme politique “important” ou d’un porte-parole autorisé d’un “collectif”, ministère (…) ou parti».
LES RIVERAINS DU QUARTIER DE SONKO CRIENT LEUR RAS-LE-BOL
Des dizaines de barrières policières érigées, des véhicules remplis d’éléments de la Gendarmerie, du Groupement d’Intervention Mobile (Gmi) et de la Brigade d'Intervention de la Police (Bip) stationnés devant toutes les voies menant à la cité Keur Gorgui.
C'est dans un contexte particulier que le leader de Pastef, Ousmane Sonko, a comparu hier devant le doyen des juges d’instruction (Dji), Oumar Maham Diallo. En plus d’un important dispositif sécuritaire déployé dans les artères de la capitale, toutes les rues menant à la cité Keur Gorgui , plus particulièrement au domicile de Ousmane Sonko, ont été barricadées par les forces de sécurité, perturbant ainsi les déplacements des populations. Déplorant cette situation, de nombreux riverains ont crié leur ras-le bol et appelé la justice à vider le plus rapidement possible le dossier Sonko-Adji Sarr.
Des dizaines de barrières policières érigées, des véhicules remplis d’éléments de la Gendarmerie, du Groupement d’Intervention Mobile (Gmi) et de la Brigade d'Intervention de la Police (Bip) stationnés devant toutes les voies menant à la cité Keur Gorgui. C’est ce décor qui a prévalu hier dans toutes les rues et ruelles de la cité Keur Gorgui. Armées jusqu’aux dents, les forces de défense et de sécurité, appuyées par des Asp, font des patrouilles dans les principales artères de la capitale. Elles ont reçu l'ordre d'éviter tout attroupement et surtout de ne laisser personne accéder à la maison du leader de Pastef. Une instruction jugée sévère par certains riverains à l’image de Khadim Guèye. Employé à la «Brioche Dorée» située à moins de 100 mètres du domicile du maire de Ziguinchor, le jeune homme dénonce l’excès de zèle des forces de l'ordre. Depuis 7h du matin, il peine à rejoindre son poste. «J'ai fait plus de 6 rotations, je n'arrive toujours pas à accéder à mon lieu de travail. Je me suis même présenté à leur chef, mais il refuse de m’écouter», se désole Khadim qui juge inutile le déploiement de tout ce dispositif pour une simple audition. «Toute cette mobilisation pour une seule personne, c’est inutile ! On dirait qu'ils sont venus cueillir un criminel. Une convocation ne devrait pas ameuter toute la population, jusqu’à empêcher certains de vaquer à leurs occupations, d’autant que cette personne avait carrément demandé à ses partisans de ne pas sortir», fulmine Khadim Guèye
Embouchant la même trompette, Alassane Cissé a exhorté les hommes politiques à avoir raison garder. «Les acteurs politiques nous pompent l’air, ils nous prennent en otages pour leurs propres intérêts. A cause d’une affaire privée, ils ont bloqué tout le pays, beaucoup de nos concitoyens ne sont pas allés travailler. Même les devantures de nos maisons ont été bloquées et nos enfants ont peur de sortir», tonne M .Cissé qui invite la justice à vider une bonne fois ce dossier pour que les Sénégalais dépassent cette affaire qui «a été politisée par les deux camps (pouvoir et opposition). Les priorités devraient être ailleurs. Aujourd’hui, les familles peinent à joindre les deux bouts. Au lieu de se focaliser sur ces questions, nos hommes politiques préfèrent nous servir des sujets futiles», clame-t-il.
Un avis que partage Ndèye Dieng Diop. En compagnie de ses deux fils âgés respectivement de 8 et 10 ans, elle est obligée de rebrousser chemin. D’ailleurs, elle craint que la situation ne dégénère comme lors des évènements de mars 2021. «Je suis là pour déposer mes enfants à l'école, mais avec ce décor, je n'ai pas l'esprit tranquille en les laissant ici. C'est pourquoi je préfère les ramener à la maison jusqu’à ce que la situation revienne à la normale», peste-t-elle en appelant les acteurs politiques à plus de sérénité afin de ne pas semer le chaos dans le pays. «Nous sommes un Etat très respecté dans le monde, particulièrement dans la sous-région, c’est pourquoi, nous devons être vigilants et continuer surtout de prôner la paix. Malheureusement, on a l’impression que certains Sénégalais ne veulent pas de cette paix. On est devenu violents et arrogants», se désole Madame Diop.
«LES EVENEMENTS DE MARS DE 2021 NE DEVRAIENT PLUS SE REPRODUIRE»
A l’image de la cité Keur Gorgui, l’université Cheikh Anta Diop est sous forte surveillance policière. En plus de deux camions remplis d’éléments du GMI, deux véhicules blindés sont garés sur le rond-point de l’avenue Cheikh Anta Diop. A l’entrée de la grande porte, des dizaines d’éléments de sécurité du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (Coud) veillent au grain. Seuls les étudiants et les personnels sont autorisés à accéder à l’intérieur des campus. Une décision que jugent salutaire certains étudiants. Parmi eux, Seydina Dièye, étudiant en Licence 3 à la Faculté des Lettres. Assis juste devant le vendeur du café, il trouve très normal que les autorités déploient cet important dispositif sécuritaire. «Les étudiants ne devraient pas être de la chair à canon pour les hommes politiques. C’est normal que l’Etat prenne les devants, parce que les événements de mars 2021 ne devraient plus se reproduire. Et l’Etat ne l’a pas fait pour ou contre Ousmane Sonko, mais pour sécuriser les Sénégalais afin qu’ils puissent vaquer librement à leurs occupations et renter chez eux sans être inquiétés», affirme Seydina Dièye, étudiant en L3.
LE CAMPUS DE FATICK DÉPOURVU DE TOUT
Dans ce temple du savoir, le simple fait de se désaltérer ou de se laver relève d’un luxe pour beaucoup d’étudiants. Une situation à laquelle il faut remédier au plus vite, selon le directeur du Centre des œuvres universitaires du Sine Saloum
Les étudiants et agents du campus de Fatick de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) vivent et travaillent dans des conditions particulièrement difficiles. Dans ce temple du savoir, le simple fait de se désaltérer ou de se laver relève d’un luxe pour beaucoup d’étudiants. Une situation à laquelle il faut remédier au plus vite, selon le directeur du Centre des œuvres universitaires du Sine Saloum, Dr Ousseynou Diop qui était hier au campus de Fatick.
Quelques jours après son installation, le nouveau directeur du Centre des Œuvres Universitaires de l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein) a effectué une visite de terrain, au campus de Fatick. «Nous avons senti la nécessité de venir constater ce qui a été relaté au cours de la passation, voire aussi l’état réel des conditions d’existence et de travail de nos étudiants et agents», a souligné Dr Ousseynou Diop après avoir rencontré le personnel et les étudiants. A l’en croire, beaucoup de préoccupations ont été notées. «Nous sommes confrontés à des défis énormes allant dans le sens d’améliorer les conditions d’existence et d’études des étudiants, les conditions de travail des agents aussi. Il s’agit entre autres problèmes du manque de logistiques, d’équipements et d’intrants»
Après le bloc administratif, le directeur du Crous a visité les résidences des étudiants. «Là également, nous avons noté plusieurs manquements comme la connexion d’internet, le déficit d’équipements, surtout en lits et matelas», dit-il. Au niveau des sites d’hébergement, des efforts considérables sont à faire par rapport à la qualité des résidences. «Dans chaque chambre, il y a six étudiants. Or, les chambres sont tellement étroites qu’il est impossible même de prier à deux à l’intérieur de la chambre», dénonce un étudiant qui estime que leur préoccupation majeure constitue l’approvisionnement en eau. «Nous pouvons rester 24h sans eau dans notre résidence. L’eau n’est disponible que de 22h à 3h du matin. Parfois, on ne voit pas d’eau. On achète des bidons de vingt litres à 200 Fcfa», a indiqué le responsable des étudiants de la résidence 3. Une situation à laquelle le directeur du Crous compte apporter des solutions immédiates. «Nous allons, dès demain, entamer des démarches nécessaires pour soulager les étudiants. Il est inconcevable de laisser une résidence contenant une centaine d’étudiants sans eau. Nous allons trouver une solution transitoire. Le Crous avait déjà posé des jalons pour l’installation de bâches à eau qui étaient ravitaillées par des citernes. Avec l’hivernage, la bâche à eau n’était plus utilisable, mais il est possible d’avoir des réservoirs à la place des bâches à eau qui vont permettre un approvisionnement correct en eau aux étudiants», souligne le maire de Sibassor.
Les étudiants ont aussi évoqué leurs difficultés à se déplacer de leurs résidences aux restaurants et autres lieux où ils font cours. Les résidences sont distantes les unes des autres. «Donc, nous devons les accompagner dans le transport en attendant d’avoir notre propre campus. Déjà, des contrats de prestations ont été signés avec des transporteurs. Nous allons réactualiser ces contrats».
Convaincu que ces solutions provisoires ne sauraient amoindrir la situation, le directeur du Crous s’engage à suivre de près le niveau d’exécution des travaux du campus. «La réception de notre campus universitaire résoudra définitivement les maux évoqués par les étudiants». Interpellé sur les inégalités notées dans la masse salariale, Dr Diop a soutenu qu’il va procéder à un audit à la suite duquel des disparités seront corrigées. «L’essentiel pour nous est que les agents effectuant le même travail et ayant le même statut puissent avoir le même traitement. Nous allons faire un audit, dégager le profil du personnel, voir ce qu’il faut adapter par rapport à notre organigramme», indique le directeur du Crous.