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15 août 2025
JEAN-MICHEL SERVET À L'HONNEUR DU PROCHAIN COLLOQUE DU LAREM
La rencontre prévue les 22 et 29 Octobre 2022 à l'Ucad sera l'occasion de revenir sur la pensée « servétienne » à l’aune des recherches académiques contemporaines. Elle réunira plusieurs intervenants dont, Kako Nubukpo, Mahamadou Lamine Sagna entre autres
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Laboratoire de Recherches Economiques et Monétaires (LAREM) relatif à son prochain colloque annuel prévu les 22 et 29 octobre 2022 à l’Ucad.
« Les 22 et 29 Octobre 2022 de 13h00 à 18h30, le Laboratoire de Recherches Economiques et Monétaires (LAREM) organise à la salle du conseil de la FASEG à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, un colloque international sur le thème "l'économie de la crise Covid-19 et d'après : une fenêtre pour les approches "hétérodoxes ?". Cette conférence sera l’occasion de rendre un hommage particulier au Professeur Jean-Michel Servet qui, depuis sa rencontre avec les populations de Casamance, région Sud du Sénégal, ne cesse de développer une pensée atypique en économie.
En effet, de 1970 à nos jours, à partir de multiples travaux anthropologiques, socioéconomiques, historiques et de terrain, JMS a su remettre en cause des dogmes sacrés de l'économie dominante pour rendre compte de phénomènes et de pratiques vécus. Il a notamment mis en exergue l’importance des déterminants culturels et sociaux qui permettent de déconstruire les mécanismes hégémoniques de l’économie. Mais, en quoi consiste la pensée « servétienne » à l’aune des recherches académiques contemporaines ? Dans quelle mesure ses approches permettent-elles de comprendre les choix de politiques économiques actuelles ? Quelles leçons devrons-nous tirer de ses travaux pour penser le futur ? En quoi ses travaux peuvent-ils permettre d’appréhender les nouveaux faits sociaux telle que la digitalisation, l’hyper connexion, la robotisation, les nouvelles formes de travail ?
L’orthodoxie économique à partir du noyau utilitariste ne pouvant, depuis son cadre de pensée, saisir la totalité sociale, elle laisse de côté les questions centrales du vivre en commun telles que l'analyse des problèmes sociétaux, écologiques et environnementaux. Avec les échecs récurrents des systèmes néolibéraux de gouvernance et les ruptures de socialité, certains économistes orthodoxes commencent eux-mêmes à promouvoir le retour du social. Ils demandent au nom de la solidarité, de l'autosuffisance et de l'approvisionnement, le retour de l'intervention de l'Etat. Mais, la suspension ou l’abandon des règles budgétaires et des plafonds d'endettement public ; l’abandon des politiques monétaires restrictives, est-elle suffisante pour arrêter les “disputes” épistémologiques, idéologiques, voire idéaux-logiques ?
Aujourd’hui, avec la conjugaison des crises sanitaires, économiques, sécuritaires et alimentaires les travaux de Jean Michel Servet sont d’une actualité brûlante. Ils nous permettent d’analyser avec finesse les difficultés conceptuelles et opératoires de l’économisme « orthodoxe ».
En effet, face aux velléités de justice, d’égalité, de revendication de liberté, et de la nécessité du partage, la dispute épistémologique est de rigueur ; le néolibéralisme conquérant, qui est la figure matérielle de l’économie orthodoxe, ayant été rattrapé par la réalité sociale. Pour traiter ces sujets, Jean Michel Servet fournit des outils de réflexion et de saisie de l’être en commun, grâce à son importante œuvre sur les exclusions et inclusions financières, les cloisonnements monétaires, les dimensions morales de la monnaie, les pratiques alternatives et solidaires, la finance et la monnaie. Comment l’imposante production intellectuelle de Jean Michel Servet peut-elle servir à la communauté scientifique ?
Selon les organisateurs, l’hommage à JMS sera l'occasion d’une évaluation critique de sa pensée. Travailleurs sociaux, experts et chercheurs de la politique ou de l’économie, de la sociologie, de l’anthropologie, ou de la psychosociologie, de la psychanalyse ou de la philosophie, sont encouragés à effectuer autant une évaluation critique de l'œuvre de JMS qu'un examen de certaines de ses analyses en fonction de leurs propres thèmes de recherche et de leurs préoccupations personnelles.
Il s’agit donc pour eux de mettre l’œuvre de JMS à l’épreuve et, discuter des voies esquissées par cette pensée qui pourraient être reprises et prolongées. Les communications reçues par le LAREM viennent de chercheurs des quatre coins du monde et portent sur des terrains aussi divers que l'a été le travail de JMS tout au long de sa carrière. Elles portent sur les thématiques suivantes : État, monnaie et crise ; Finance et microfinance à l'épreuve de la crise (dans la crise, face à la crise ; Solidarité : la crise des communs.
NB : le colloque sera animé en format hybride (en présentiel et en ligne). Il est prévu plusieurs communications basées sur des résultats de recherches
Quelques intervenants :
Dr. Edoé Djimitri AGBODJAN (CESAG – Sénégal) ; Prof. D. AVOM (Université de Yaoundé 2 –Cameroun) ; E. BAUMAN (IRD – France) ; Prof. J. BLANC (IEP Lyon 2 – France) ; Dr. R. CIMINELLO, (Direttore Scientifico 4metx srl – Italie) ; Dr. Demba DIA (BCEAO – Sénégal) ; Prof. Seydi Ababacar DIENG (UCAD – Sénégal) ; P. DOCKES (Professeur Emérite Lyon II – France) ; Dr. M. DOUMBOUYA (Univ de Sonfonia – Guinée) ; I. GUERIN (IRD-Cessma – France) ; Dr. T. GAHMAN (Université de Yaoundé-Cameroun) ; Prof. D. ACCLASSATO HOUENSOU (Université de Cotonou – Bénin) ; Pascal KACOU (Doctorant Université Ottawa – Canada) ; H. KOUANDA (Doctorant IEP Lyon 2 – France) ; Dr. D. MENDY (UCAO, Ziguinchor – Senegal); Prof. K. NUBUKPO (Université de Lomé – Togo); Prof. J.-F. PONSOT (Université de Grenoble – France) ; J. RIVALLAIN (Dinard – France) ; Prof. S. MORVANT-ROUX (Université de Genève – Suisse) ; Prof. Mahamadou Lamine SAGNA (WPI – USA) ; Dr. Ousmane SANE (Consultant International – Sénégal) Prof. G. TCHOUASSI (Université de Yaoundé 2 – Cameroun); Pr. A. TIRAN (Université Lyon 2 – France) ; Prof. D. VALLAT (IEP Lyon 2 – France)
Samedi 22 octobre 2022 : Lien de connexion : ID de réunion : 882 0748 1524 Code secret : 422689
RECENTRER LES TERMES DU DÉBAT SUR LA DÉCHÉANCE DU MANDAT PARLEMENTAIRE
Depuis l’installation des groupes parlementaires au sein de la nouvelle Assemblée nationale et la démission de Aminata Touré du groupe BENNO BOKK YAKAR, un débat entre les différents camps politiques sur la déchéance du mandat parlementaire s’est imposé..
1- Depuis l’installation des groupes parlementaires au sein de la nouvelle Assemblée nationale et la démission de Madame Aminata Touré du groupe BENNO BOKK YAKAR, un débat entre les différents camps politiques sur la déchéance du mandat parlementaire s’est subitement emparé de certains segments de la classe politique.
2- Une classe politique dont la profonde division, depuis les dernières élections législatives, donne à ce débat qui aurait pu être autrement plus intéressant, des allures de règlement de comptes politiques, entre éléments pour ou contre la déchéance.
3- Un débat assez surréaliste pour deux raisons essentiellement :
3-1-D’abord, parce que les actes d’affiliation et de désaffiliation, par rapport à un groupe parlementaire, obéissent strictement à un régime de liberté, ainsi que cela ressort des articles 20 et 22 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
3-2-Ensuite, parce que la Constitution qui stipule, en son article 60, que « tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat. Il est remplacé dans les conditions déterminées par une loi organique » ; ainsi que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui énonce en son article 7-2 que « tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat » sont sans équivoque.
4- Aussi, au lieu de se limiter à une application stricte des dispositions de la loi, tout dans la manière dont les termes du débat sont posés par certains, laisse croire que l’on veut enjamber allègrement la loi, aussi bien dans l’esprit que dans la lettre, pour faire appel à une certaine « jurisprudence » Mbaye Ndiaye/Moustapha Cissé Lô, en lieu et place des dispositions pourtant très claires de la Constitution et du règlement intérieur à ce sujet.
5- Or, en la matière, s’il est vrai que « les bonnes pratiques » constituent une source importante du droit parlementaire, il faut cependant convenir, qu’il est tout aussi vrai que pour être retenues comme telles, elles devraient, dans le cas qui nous intéresse, être consacrées par la seule juridiction, habilitée dans cette situation, à leur donner l’onction d’une juste application des dispositions de la loi, en les validant, à savoir le Conseil constitutionnel.
6-A partir de ce moment, toute la question est de savoir si les actes qui ont été pris à l’époque, pour déchoir Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lô, avaient toute la légalité et la légitimité requises, au point d’être considérés aujourd’hui, avec l’importance qu’on a voulu leur donner, comme relevant au-delà même des « bonnes pratiques », d’une jurisprudence.
7- Rappelons que les faits et les arguments, brandis à l’époque, par les initiateurs de la déchéance de ces deux députés, qui avaient été élus sur la liste de la coalition SOPI, étaient essentiellement axés sur les déclarations faites, ainsi que les actes posés par eux, en soutien à leur collègue Macky Sall, qui venait de démissionner de leur parti commun, le PDS avec lequel il était entré en conflit, alors qu’eux-mêmes étaient encore formellement membres du parti.
8- En interrogeant ces faits et arguments, on se rend compte que, même si théoriquement les initiateurs de cette déchéance ont pu avoir raison sur le contenu des actes et déclarations qui étaient, en effet, en totale rupture avec la philosophie et les principes d’organisation de leur parti d’origine, il y a lieu tout de même, de se demander, si pour autant, ces facteurs, à eux seuls, étaient suffisants pour autoriser l’Assemblée nationale à faire une interprétation des articles 60-7 de la constitution et 7-2 du règlement intérieur pour en arriver à assimiler ces actes à une démission.
9- A mon avis, cette faculté d’interprétation des dispositions constitutionnelles et législatives appartient exclusivement au Conseil constitutionnel, qui est également une source non moins importante du droit parlementaire.
10- Par conséquent, au vu de tout ce qui précède, il serait difficilement admissible, qu’un député, qui qu’il soit, puisse faire l’objet d’une déchéance, aux seuls motifs qu’il a posé des actes en désaccord avec son parti ou sa coalition, lesquels seraient assimilables à une démission de son parti.
11- Mais enfin, nous pensons qu’en dépit des termes dans lesquels le débat est posé, il a, quant au fond, le mérite de révéler les limites et faiblesses des dispositions et procédures en vigueur à l’Assemblée nationale, et la nécessité urgente de procéder à leur réactualisation, à la lumière des faits et de la pratique.
12- Espérons seulement que la classe politique, toutes tendances confondues, en prendra conscience, et que les députés, sans distinction d’affinités politiques, s’attèleront sans tarder à la réalisation de cette tâche cardinale.
LES DEPENSES ESTIMEES A 5 141,9 MILLIARDS FCFA
Selon le ministère des Finances et du Budget, le montant total des dépenses s’établit à 5.141,9 milliards FCFA dans le projet de loi de finances pour l’année 2023. Une augmentation par rapport à 2022 où la somme était estimée à 4.702,9 milliards
Selon le ministère des Finances et du Budget, le montant total des dépenses s’établit à 5.141,9 milliards FCFA dans le projet de loi de finances pour l’année 2023. Une augmentation par rapport à 2022 où la somme était estimée à 4.702,9 milliards.
Dans le projet de loi de finances pour l’année 2023, les dépenses sont estimées à environ 5.200 milliards FCFA. «Le montant total des dépenses s’établit à 5.141,9 milliards de FCFA, contre 4.702,9 milliards pour l’année 2022, soit une augmentation de 439 milliards de FCFA (+9,3%). Il se répartit comme suit :
- dépenses sur ressources internes : 4 297,1 milliards de FCFA ;
- dépenses sur ressources extérieures : 667,9 milliards de FCFA ;
- dépenses des comptes spéciaux du Trésor : 176,9 milliards de FCF », renseigne le ministère des Finances et du Budget dans le document.
Selon le département ministériel dirigé par Mamadou Moustapha Ba, « le projet de loi de finances (PLF) 2023 est bâti sur une projection de croissance à deux chiffres, soit 10,1%, contre un taux de 4,8% estimé pour l’année 2022. A moyen terme, la croissance devrait être fortement stimulée par le début de la production d’hydrocarbures et ses externalités à travers les projets Grande Tortue Ahmeyin (GTA) et Sangomar.
En effet, la production d’hydrocarbures contribuerait à une relance du secteur secondaire avec une prévision de + 22,4%, principalement tirée par les performances du sous-secteur des extractives (+158,7%)»,. De même, ajoute la source, les secteurs tertiaire et primaire seraient consolidés pour sortir des taux de croissance respectifs de + 6,9% et 4,9% ».
Le ministère des Finances et du Budget précise qu’«en dépit d’un environnement international difficile et ses répercussions sur l’économie nationale, le Gouvernement du Sénégal se fixe comme objectif de ramener le déficit budgétaire à la cible de la norme communautaire définie dans le cadre de la surveillance multilatérale au sein de l’UEMOA». «Cet objectif pourra être atteint à travers une batterie de mesures de réformes ciblées, notamment, la mise en œuvre de la SRMT pour une plus forte mobilisation des ressources intérieures et une gestion rigoureuse et efficiente des finances publiques.
Pour ce qui est des recettes, leur montant total s’établit à 4 096,4 milliards de FCFA, contre 3 647,8 milliards FCFA pour l’année 2022, soit une augmentation de 448,6 milliards FCFA (+12,3%). Il se répartit comme suit :
- recettes internes : 3 640,5 milliards de FCFA ;
- dons budgétaires et en capital : 279 milliards de FCFA ;
- recettes des comptes spéciaux du Trésor : 176,9 milliards de FCFA», indiquent Mamadou Moustapha Ba et ses collaborateurs.
Pour le projet de loi de finances de l’année 2023, le ministère des Finances et du Budget ajoute : «Tenant compte d’un environnement international fortement perturbé et sujet, ces dernières années et de manière régulière, à des chocs, qui sont de nature à mettre en péril les équilibres macroéconomiques et les finances publiques, avec un fort impact social, l’Etat entend, dans le cadre du budget, renforcer les réserves de précaution et de gestion, pour se donner les moyens d’ajustements nécessaires en cas de survenance d’une crise, s’alignant ainsi sur les bonnes pratiques en matière de gestion budgétaire».
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LA CAMPAGNE INTERNATIONALE JUSTICE POUR SANKARA À WASHINGTON
Les responsables de la campagne internationale Justice pour Sankara ont tenu à Washington DC, une conférence sur l’icône panafricaine, l’ancien président révolutionnaire burkinabè Thomas Sankara
Les responsables de la campagne internationale Justice pour Sankara ont tenu à Washington DC, une conférence sur l’icône panafricaine, l’ancien président révolutionnaire burkinabè Thomas Sankara.
L'AFFAIRE SANKARA : LUEURS DE JUSTICE POUR CET ASSASSINAT (PAR CHANTAL ISMÉ)
En pleine pandémie, alors que le monde semble retenir son souffle et que la COVID occupe toute la place médiatique, une démarche courageuse et tenace se poursuit pour obtenir justice pour la mort de Thomas Sankara, un symbole iconique. Elle débouche sur une victoire. Afin de mieux comprendre les enjeux et les nouveautés apprises de ce procès d’une grande importance pour tous les pays dominés, la parole est donnée à Aziz Salmone Fall, coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara (CIJS) par le biais d’une entrevue.
Depuis 1997, le CIJS mène inlassablement une campagne pour contrer l’impunité, faire la lumière dans l’affaire Sankara et compagnons ainsi qu’obtenir justice. Quelle a été la genèse du dossier?
C’est en effet le plus long combat juridique dans le cas du meurtre d’un chef d’État et de ses collègues en Afrique, voire d’ailleurs dans le monde. La Campagne Internationale Justice pour Sankara est menée par le Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique.Le GRILAest né en 1984, en coïncidence avec la révolution du Burkina. Tous deux œuvraient pour concrétiser le rêve panafricain et un développement autocentré. À la suite à l’assassinat de Thomas Sankara et de ses camarades en 1987, le GRILA a réagi vivement et a organisé durant plus de trois décennies, tous les 15 octobre, des événements de commémoration dans toutes ses sections et ne manquant pas au fil des années une occasion pour rappeler l’œuvre de la révolution Sankariste et aider ses partisan.e.s.Pendant plus de 9 ans, le régime Compaoré n’a donné aucune explication sur la mort de Sankara et de ses camarades et a assassiné plusieurs autres de ses camarades et intimidé les opposant.e.s.
À l’été 1997, à quelques mois du délai de prescription décennale, des membres du GRILA Housseini Boly, Dominique Traoré et moi-même alertons le groupe sur l’imminence de la date du 15 octobre 1997 et du risque de voir s’éteindre les possibilités de recours judiciaires. La décision est prise de travailler différemment sur l’affaire Sankara. C’est dans ces circonstances que sa veuve Mariam Serme Sankara porte courageusement plainte contre X et faux en écriture juridique. L’avocat Dieudonnée Nkounkou de Montpellier et Bénéwendé Sankara enrôlent le cas et prennent sa défense.Le GRILA lance la campagne internationale contre l’impunité : Justice pour Sankara sous la forme d’un appel. L’appel est soutenu, entre autres, par la commission des droits de la personne, le réseau africain des droits de l’homme, la ligue togolaise des droits de l’Homme, l’Union interafricaine des droits de l’homme (Burkina), Amnesty International (Canada), Action chrétienne contre la torture, le CISO centre international de solidarité ouvrière, la coordination des jeunes des partis d’opposition (Sénégal) Organisation des jeunesses panafricaines (Sénégal), la CIMADE, FIDH, Survie (France), Club Thomas Sankara (Mali) Gruppo Mission (Italie) et endossé par des personnalités comme le Pr Jean Ziegler (Suisse), Pr Issa Ndiaye (Mali) le journaliste Jean Philippe Rapp, le politicien Edgar Pisani ( France) le Pr Vincent Coulibaly (Mali), M. Jean Carbonare (FIDH), Dr Buuba Diop ANAFA (Sénégal), Alioune Tine (RADDHO) Mme Coulibaly (Réseau Africain pour le développement intégré)… Des milliers de signatures tout le long des années ont soutenu notre travail, notamment lors de La caravane Sankara qui a sillonné plusieurs pays de trois continents en 2007.La Campagne Internationale Justice pour Sankara a été principalement articulée sur un collectif d’une vingtaine d’avocat.e.s. Ces avocat.e.s travaillent pro bono, c’est-à-dire bénévolement pour le bien public, le droit international et pour la solidarité internationaliste et panafricaine. Leur immense travail est déjà historique et leur contribution à la lutte contre l’impunité fait leur notoriété. L’odyssée de près d’un quart de siècle a été marquée hélas par le décès de certains, le départ d’autres, appelés à d’autres fonctions ou à d’autres causes, ou l’arrivée de nouveaux ou de nouvelles. La CIJS est reconnaissante du courage et de l’abnégation de ses collectifs dont les membres sont des modèles pour la profession. La mobilisation de la CIJS a contribué à garder vivantes la pensée et l’œuvre sankariste au Burkina et dans le monde.
La CIJS a épuisé tous les recours des tribunaux burkinabés, instrumentalisés par le régime françafrique, et a dû recourir au comité des droits de l’homme de l’ONU. Elle y a marqué un précédent international contre l’impunité en 2006. Avec le renversement du régime Compaoré, un nouveau régime a permis l’organisation d’un nouveau procès. Il s’ouvre le 11 octobre 2021.
Quels sont les enjeux de ce procès?
Ils sont immenses. Symboliquement, l’Afrique est constellée de martyrs de nos indépendances assassinées en toute impunité, de Lumumba à Cabral. En réalité sur le banc des accusés est l’État compradore allié de l’impérialisme qui gangrène la plupart des régimes politiques africains. C’est-à-dire des régimes politiques qui ont accepté la subordination au mode néocolonial de croissance et qui fonctionnent par l’expropriation des masses, la prévarication des deniers publics et la perpétuation des structures de sous-développement. Le régime Compaoré qui a été chassé par l’insurrection populaire a été exfiltré par la France et abrité en Côte d’Ivoire. Avant de partir, ce régime a ruiné le pays, miné le terrain politique et économique, entre autres, en s’acoquinant à des cellules djihadistes qui commençaient à écumer la sous-région et en ayant des accointances avec les réseaux d’extractivité minière. Cela a mis en otage l’État de la transition qui a néanmoins rouvert le procès, et dans l’embarras de le poursuivre le régime Kaboré qui arrive au pouvoir. Pour la première fois, nous ne luttions plus contre l’État partie, mais ce dernier était devenu juge impartial. Notre objectif est de faire connaître la vérité, obtenir la justice et donner un coup de frein contre l’impunité qui caractérise toutes les exactions menées contre les dirigeants des forces démocratiques et populaires.
Vous venez, 25 années depuis le début de votre démarche, de faire un important gain. De quoi s’agit-il?
Ce jugement est le premier du genre dans l’histoire du continent, et marque d’ailleurs une jurisprudence dans l’histoire du droit. Durant la majeure partie de ces 25 années, les avocat.e.s de la CIJS ont essayé de faire entendre le droit contre l’État partie, et ensuite devant une cour du tribunal militaire. Ils et elles se sont toujours interposé.e.s contre l’impunité.
Grâce à la vaillante mobilisation populaire qui a chassé le régime Françafrique de Compaoré, le juge Yameogo a relancé la procédure, conformément au droit burkinabé et aux droits obtenus pour la veuve Sankara et ses enfants devant le comité des droits de l’Homme à l’ONU en 2006.
Du 6 mars 2015 au 7 octobre 2020, instructions et plaidoiries ont permis la réouverture du procès le 11 octobre 2021. Le procès a repris, disjoint de son volet international, puisque la France a tardé à fournir les documents déclassifiés, qu’elle va hélas finalement fournir de façon sélective et incomplète.
Ayant refusé notre requête de filmer et d’enregistrer pour la postérité ses audiences, la cour a néanmoins tenu, dans un lieu exceptionnellement réquisitionné, un procès qui fera date dans les annales de l’histoire juridique du Burkina Faso et de l’Afrique. La sérénité du procès a été perturbée un temps par un coup d’État qui a contribué à mettre en doute la légitimité constitutionnelle du processus. La continuité de l’État a permis de reprendre le procès, et en toute connaissance de cause, les plaidoiries des parties civiles et de la défense et des dizaines de témoins ainsi que les accusés auront été entendus. Des accusés ont été condamnés d’autres ont été acquittés, comme décrit dans la déclaration liminaire ci-jointe. De grands pans de la vérité sur l’assassinat du président Sankara et de ses camarades ont été dévoilés, malgré le mutisme et les dénégations de plusieurs accusés. Fuyants ou tapis, les derniers commanditaires et assassins ont vu publiquement dévoilés leurs subterfuges et ils répondent devant leur conscience et désormais devant l’histoire. Nous demandons à la Côte d’Ivoire et la France de livrer les coupables et de participer à l’élucidation et à la clôture de cette affaire. Le tribunal militaire a condamné BELEMLILGA Albert Pascal Sibidi et DEME Djakalia à cinq (05) ans d’emprisonnement assortis du sursis chacun;
TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba à trois (03) ans d’emprisonnement ferme;
OUEDRAOGO Tibo et PALM Mori Aldiouma Jean-Pierre à dix (10) ans d’emprisonnement ferme chacun;
ILBOUDO Yamba Elysée à onze (11) ans d’emprisonnement ferme;
SAWADOGO Idrissa et OUEDRAOGO Nabonssouindé à vingt (20) ans d’emprisonnement ferme chacun ;
COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun;
Il a prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques;
Il dit que le présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il décerne contre TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba, mandat de dépôt conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Yacinthe sont maintenus, et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale.
Quels sont les obstacles auxquels vous avez dû faire face pour arriver à ce verdict?
Il y en a eu tellement qu’il serait fastidieux de les énumérer. Nous avons eu des intimidations, tentatives de corruption, menaces de mort, instrumentalisation des magistrats, arguties juridiques surréalistes, perversion du droit, intoxication, propagande médiatique, désinformation des cercles françafriques. Au niveau de l’ONU, la question de l’impunité jamais achevée avec les juges Guissé et Joinet et les limites juridiques au niveau du comité des droits l’homme ont restreint notre victoire à l’ONU qui est devenue une victoire à la Pyrrhus. Nous nous battons contre une hydre. Mais la résilience de nos militant.e.s et sympathisant.e.s, la pugnacité de nos avocat.e.s ont été plus grandes.
Ce gain aura-t-il des impacts sur des dossiers du même type?
Il y a beaucoup de dossiers pendants sur le continent et beaucoup de possibilités que notre jurisprudence permette une brèche dans l’impunité généralisée qui prévaut en effet.
Cette première manche gagnée au niveau national donne-t-elle espoir pour le volet externe (international) des responsabilités?
Elle effraye probablement les commanditaires et complices de cet assassinat. Les responsabilités sont éparses de la France aux États-Unis en passant par le Libéria, le Togo, la Côte d’Ivoire. Tous ces pays s’ils nous divulguaient leurs archives en la matière permettraient de résoudre l’énigme. Mais nous avons affaire à la raison d’État. Tôt ou tard la vérité manquante sera connue.
Quelles sont les chances de voir ce verdict respecté? Sinon, quels sont les leviers prévus?
Nous avons peu d’emprise sur la réalité politique de ces enjeux juridiques. En plein procès de l’assassinat de Thomas Sankara survient le 23 janvier 2022 un coup d’État, alors que le pays est assailli par des hordes djihadistes. Le 24 janvier 2022, un Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, présidé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dénonce l’inertie du gouvernement Kaboré contre le terrorisme et annonce sa prise de pouvoir. Peu de temps après, la constitution est suspendue puis restaurée, avec des mesures d’exception. Cela ne nous a pas rassuré.e.s.
Néanmoins le procès reprend et les principaux accusés sont condamnés le 6 avril suivant. Parmi eux le président Compaoré, condamné à perpétuité par défaut pour “attentat à la sûreté de l’État” et “complicité d’assassinat”.
Déjà durant le procès, des rumeurs de tractations avec Abidjan se confirmaient. Une frange de la classe politique argue que l’ex-régime Compaoré, ayant eu des pactes avec les djihadistes, pourrait restaurer la paix. Le retour de l’ancien président est réclamé et au nom d’une réconciliation, entre des parties qui ne sont pas énoncées. Un sommet rassemblant des ex-chefs d’état du pays est alors orchestré par le nouveau régime.
C’est ainsi que Blaise Compaoré est reçu le 7 juillet 2022 en toute impunité. On lui déroule le tapis rouge plutôt que de l’arrêter, alors même que ce sommet échoue. La connivence entre l’actuel régime et l’ancien semble apparaître au grand jour derrière ces gesticulations de réconciliation et manœuvres d’amnistie.
Le 26 juillet, avec un semblant de contrition, Blaise Compaoré demande pardon par voie de presse, sans contacter les familles et sans reconnaitre son forfait et les crimes odieux qu’il a commis et surtout sans faire face à la justice.La famille du président Sankara attend depuis 35 ans que Justice soit faite. Depuis le 6 avril 2022, elle attend que le verdict rendu par des juges indépendants après un procès exemplaire soit exécuté. Il ne saurait y avoir de réconciliation sans la vérité et sans respect de la justice. Le mépris affiché et par le nouveau régime et par Blaise Compaoré pour le verdict du tribunal militaire, rendu au nom du peuple burkinabé, est choquant. Les velléités d’amnistie des nouvelles autorités, faisant écho aux caciques de l’ancien régime, ne seront acceptées ni par les burkinabés ni par les panafricain.e.s du monde entier.
Le discours de réconciliation invoqué est factice. L’assassinat du président Sankara et l’arrêt de sa révolution n’ont aucun rapport avec les agressions terroristes qui affectent le Sahel et le Burkina. Dans la droite ligne du communiqué récent des avocat.e.s du collectif, la Campagne Internationale Justice pour Sankara considère inacceptable ce manquement à la justice et cette poursuite de l’impunité.
Quelles sont les prochaines étapes pour le CIJS?
À notre niveau nous continuons de garder la pression et soutenir la famille dans sa démarche. Se profile bientôt la période de l’enterrement de toutes ces victimes qui ont été exhumées aux fins du procès. Il y a toute une bataille sur cette symbolique d’ailleurs. Nous veillerons par tous les moyens que le verdict qui a été prononcé soit respecté et exécuté.
Comment manifester sa solidarité à cette cause?
Les milieux progressistes nous soutiennent parfois, souvent plus par une tape dans le dos que le soutien matériel. Nous avons recouru récemment à une campagne de financement avec un concert et du matériel de promotion pour défrayer le coût des déplacements des avocat.e.s et leur logistique. Nous n’avons guère eu d’appuis matériels durant ces années et avons quasi exclusivement assumé les charges. Ça en dit beaucoup sur la solidarité plutôt verbale dans nos milieux, mais c’est mieux que rien. Mais si des gens veulent nous assister nous sommes reconnaissant.e.s et ils/elles peuvent nous soutenir ici. https://cijs-icjs.net/fr/supportcijs/
Un dernier mot, message?
La CIJS est reconnaissante de toute la mobilisation panafricaine et internationaliste qui l’a assistée depuis 25 ans. Elle salue la mémoire des victimes et de tous ceux et celles qui ont payé de leur vie et donné leur sang pour que ce jour advienne enfin. La CIJS salue la pugnacité et le courage de Mariam Sankara, la dignité de sa famille et l’inlassable travail conduit par 3 équipes d’avocat-es durant ces 25 ans. Elle en appelle à la vigilance et à la fermeté pour le respect de la justice et l’incarcération des coupables ainsi qu’à une investigation du complot international. La CIJS salue la mobilisation des panafricain.e.s et des internationalistes qui l’ont soutenue pour aboutir à cette victoire qui n’est pas que la nôtre. La CIJS souhaite que la paix et la sérénité prévalent maintenant que des coupables sont condamnés et escompte que le peuple du Burkina, confronté au djihadisme et à la déstabilisation, mieux réconcilié avec lui-même, recouvre sa souveraineté et l’élan qui lui fait mériter son titre de patrie des humains intègres.
LA FRANCE A-T-ELLE AIDÉ LE QATAR EN ÉCHANGE DE CONTREPARTIES ?
Le Qatar aurait-il payé pour organiser la prochaine Coupe du monde prévue cet hiver du 20 novembre au 18 décembre ? Les justices suisse, américaine et française mènent l’enquête pour tirer cette affaire au clair.
Le Qatar aurait-il payé pour organiser la prochaine Coupe du monde prévue cet hiver du 20 novembre au 18 décembre ? Les justices suisse, américaine et française mènent l’enquête pour tirer cette affaire au clair. Les soupçons demeurent depuis l’attribution à l’émirat gazier. Mais, le Qatar est loin d’être le premier pays organisateur soupçonné de corruption puisque la chambre d’instruction du comité d’éthique de la Fifa a engagé une enquête sur l’attribution des Mondiaux-2018 et 2022.
Avant, le Mondial Allemagne 2006 n’a échappé à un jugement en Suisse qu’en raison de la prescription survenue en plein procès.
Par contre, le dossier qatari est en lien avec le scandale de corruption qui touche la Fifa depuis 2015, et l’intensité des liens politiques et économiques tissés par le Qatar, notamment avec la France, créant de possibles contreparties à l’obtention des voix européennes. En effet, l’affaire a pris un relief nouveau avec l’arrestation par la police suisse de sept hauts dirigeants du football en marge du congrès de la Fifa, à la demande des autorités américaines. Dès la victoire surprise du Qatar face aux États-Unis, le président américain Barack Obama avait critiqué une « mauvaise décision » et la presse anglo-américaine crié au trucage.
Mais, en novembre 2014, à la remise de son rapport, faute de preuve, la chambre de jugement avait seulement relevé « des comportements douteux ».
Depuis, le dossier a connu de nouveaux développements après que la justice française a ouvert une enquête pour « corruption active et passive » sur un déjeuner tenu le 23 novembre 2010 entre Nicolas Sarkozy, alors président de la République, deux hauts dirigeants qataris et Michel Platini, à l’époque patron de l’UEFA.
Six mois après ce déjeuner, en mai 2011, le Paris SG a été racheté par le fonds qatari QSI pour 76 millions d’euros au fonds américain Colony Capital, dirigé en France par un proche de Nicolas Sarkozy.
Interrogé, l’ex-secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant a confirmé "des discussions avec le Qatar" sur la vente d’avions Rafale finalement conclue en 2015, sous la présidence de François Hollande, mais écarté tout lien avec l’attribution du Mondial.
CE QUE COÛTE LES INSTITUTIONS AU CONTRIBUABLE SENEGALAIS
Présidence de la république, Assemblée nationale, Primature, Hcct, Cese, Le projet de loi de finances pour l’année 2023, rendu public, revient de manière exhaustive sur les ressources allouées aux institutions du pays
Le projet de loi de finances pour l’année 2023, rendu public, revient de manière exhaustive sur les ressources allouées aux institutions du pays. Il révèle combien la présidence de la république, l’Assemblée nationale, la Primature, entre autres institutions, vont coûter cette année au contribuable sénégalais.
L’économie sénégalaise a de belles perspectives avec une croissance qui, en 2023, devrait être portée principalement par la production de pétrole et de gaz ainsi que ses effets induits sur les autres secteurs de l’économie. Et cela transparait dans tous les secteurs de la vie, y compris les ressources allouées aux différentes institutions publiques.
En effet, à la lecture du projet de loi de finance initiale 2023, il est constaté que le budget de la Présidence de la République passe de 73.198.638.761 en 2022 à 71.682.309.408 francs CFA pour l’année prochaine. Cette petite baisse n’est nullement liée à une morosité économique et devrait s’expliquer par le retour du poste de Premier ministre qui change à nouveau la donne au niveau de l’architecture gouvernementale et administrative. Le rétablissement de la fonction primatoriale entraine de facto le retour à l’orthodoxie dans le fonctionnement des institutions rattachées au plus haut sommet de l’administration centrale. Par conséquence, une nouvelle répartition des services de l’Etat. Ce qui fait que des agences et établissements rattachés par le passé à la présidence de la République reviennent à la Primature. Aujourd’hui, les crédits dévolus à celle-ci dans le projet de loi de finances initiale 2023 sont estimés à 29.451.920.235 FCFA.
Pendant ce temps, le budget de l’Assemblée nationale est passé de 17.215.015.137 F CFA en 2022 à 20.758.015.137 en 2023. Cette institution qui vit une situation inédite avec la montée en puissance de l’opposition parlementaire quasiment à poids égal avec la majorité fait que sa gestion sera plus complexe avec de fortes exigences de part et d’autre. Déjà, certains députés commencent à décrier les conditions dans lesquelles les documents leur sont parvenus et exigent plus de digitalisation des services et des conditions de travail.
Quant au Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), institution la plus décriée dans le pays, son budget est estimé à 9.160.000.000 de F CFA en 2023 contre 8.550.000.000 en 2022.
Pour le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), autant critiqué et considéré comme une institution budgétivore sans intérêt, son budget est reste identique à celui de l’année dernière. Il est estimé à 7.541.040.284 de F CFA.
En ce qui concerne les institutions judicaires, il faut noter que le Conseil constitutionnel aura des crédits inférieurs à ceux de l’année dernière passant ainsi de 1.233.583.600 de F CFA en 2022 à 1.144.028.000 F CFA en 2023.Il faut noter que dans cette institution, la moitié du budget est dévolue aux dépenses de personnels estimées à 633.583.600 francs CFA.
Pour la Cour suprême, son budget est de 3.315.088.622 contre 2.452.252.000 en 2022. Et les dépenses de personnel sont estimées à 1.052.252.000 F CFA. Enfin, la Cour des comptes aura un budget de 930.772.796 de F CFA en 2023 contre 1.025.555.441 de F CFA en 2022.
THIONE NIANG, UN BATISSEUR DE REVE
Vingt dollars ! C'est la somme qui était dans la poche de Thione Niang quand il débarquait en 2000 dans le Bronx à New York.
S'il y a quelqu'un qui peut témoigner du bien-fondé du rêve américain, c'est bien Thione Niang. Parti complètement fauché aux Etats-Unis, il est arrivé à se hisser au sommet de la pyramide en devenant responsable des jeunes démocrates et proche du Président Barack Obama. Depuis, il essaie d'insuffler ce ''Yes we can'' aux nombreux jeunes Africains en faisant la promotion de l'agriculture.
Vingt dollars ! C'est la somme qui était dans la poche de Thione Niang quand il débarquait en 2000 dans le Bronx à New York. Depuis lors, que de chemins parcourus par le jeune Kaolackois né en 1978 et issu d’une famille pauvre et polygame du quartier de Médina Baye ! Rêvant depuis sa tendre enfance des États-Unis, son objectif de départ était clair et sans équivoque : aider financièrement sa mère, ses frères et ses sœurs. Mais visiblement, c'est un destin plus grand qui attendait le Sénégalais dans le pays de l'oncle Sam.
Intelligent et très dégourdi, Thione Niang trouve du ''taf'' dans un restaurant. À Cleveland dans l'Ohio où il déménage par la suite, il travaille dans un hôtel tout en poursuivant ses études. Il donne aussi des cours de français dans un quartier noir de la ville. L'ambitieux Saloum Saloum prend part en 2005, comme volontaire, à la campagne d’un conseiller municipal démocrate, Kevin Conwell.
Très dynamique avec une capacité de mobilisation avérée, il participe la même année, en tant que directeur adjoint, à la campagne du candidat à la mairie, Frank Jackson, démocrate métis. Il œuvre ensuite aux côtés de la députée noire Shirley Smith, présidente du Black Caucus pour l’Ohio, candidate aux sénatoriales. Cette dernière lui permet de rencontrer le sénateur Barack Obama en 2006, à Columbus. Il rejoint quelques mois plus tard la campagne du candidat déclaré à la présidentielle en tant que ''community organizer'' des jeunes démocrates pour le comté de Cuyahoga. Il contribue à lever des fonds et diffuser des messages de proximité sur les réseaux sociaux. Adoubé par son mentor, il devient après l'élection historique de ce dernier en 2008 chargé des affaires internationales des jeunes démocrates des États-Unis.
UN LEADERSHIP PAR L'EXEMPLE
Sélectionné en 2012 par le Center for American Progress parmi les 10 activistes noirs les plus audacieux des Etats-Unis, Thione Niang est sans conteste un témoin privilégié du rêve américain. Initié à la ''Fayda'' par Cheikh Ibrahima Mahmouth Niasse dit ‘’Baye Touti’’, ce disciple convaincu de Baye Niasse a, comme son guide religieux, visité des centaines de pays dans le monde pour aider les jeunes à prendre leur autonomie à travers sa fondation Give1Project qu'il a créée en 2009, sous l'inspiration du Président Barack Obama. Il a formé et essayé d'incuber plusieurs porteurs de projets. Pour lui, les jeunes doivent pouvoir construire leur avenir chez eux. «Je suis allé à Ceuta, à la frontière entre le Maroc et l’Espagne, et j’ai vu le même phénomène. Des gens traversent l’océan pour chercher des opportunités en Europe. Je les ai rencontrés, ils vivent dans les forêts, dans des conditions difficilement explicables», soutenait-il il y a quelques années.
JEUFZONE, LE SALUT PAR L'AGRICULTURE
Revenu au Sénégal en 2014, Thione Niang s'évertue à apporter sa pierre à l'édification du pays. Loin des arcanes du pouvoir et des discours politiciens malgré son immense réseau et son parcours élogieux, le brillant entrepreneur de 44 ans à trouver refuge dans ses champs, loin de la capitale. Sur 75 hectares, il pousse en effet les jeunes à changer de regard par rapport à l'agriculture.
«ON NE PEUT PAS DIRE AUX AFRICAINS D’ALLER TRAVAILLER LA TERRE EN RESTANT EN COSTUME CRAVATE DANS NOS BUREAUX»
Convaincu que l’agriculture est la solution aux problèmes de chômage des jeunes Sénégalais, il fournit des terres, de l’eau, du matériel mais pas de salaire. JeufZone se rembourse en prenant 50% des bénéfices sur les ventes de tomates, et veille à construire un réseau de distribution indépendant, pour créer toute une chaîne sans intermédiaires. L’entreprise approvisionne ses propres restaurants jusqu’à Dakar. JeufZone propose aussi des formations de six mois à l’agriculture et la gestion. «Ce que j’ai appris du Président Barack Obama, c’est qu’il fallait toujours trouver des solutions adaptées à chacun des problèmes et des populations auxquelles on voulait venir en aide.
De retour au Sénégal, j’ai voulu m’inspirer de ce principe, identifier les problèmes auxquels mon pays faisait face pour tenter de les résoudre. Or, j’ai été choqué par un constat très simple : la majeure partie de ce que nous consommons au Sénégal vient de l’extérieur. Nous disposons pourtant de tout ce qu’il faut. Avec ses terres, son climat, sa jeunesse innombrable, l’Afrique devrait nourrir le monde, or ce n’est pas le cas. J’ai décidé de prendre ce sujet à bras-le-corps, en m’attaquant d’abord à l’image de l’agriculture auprès de la jeunesse, afin de la rendre attractive à ses yeux», souligne-t-il dans «Le Monde» pour expliquer sa reconversion dans l'agriculture avant d'ajouter : « Si les jeunes voient des gens comme moi qui ai eu la chance de travailler à Washington, de voyager à travers le monde, revenir dans mon village, mettre mes bottes et aller travailler la terre, ça marche, car je leur montre que travailler la terre, c’est du business. J’ai commencé en 2014 et aujourd’hui, il y a même des personnes de la diaspora africaine qui reviennent pour se lancer dans l’agriculture. L’exemplarité est très importante, on ne peut pas dire aux Africains d’aller travailler la terre en restant en costume cravate dans son bureau. Dans quelques années, vous verrez : c’est l’Afrique qui nourrira la planète. En tout cas, c’est mon rêve.»
Très critique par ailleurs à l'encontre du capitalisme américain même s'il a fait carrière dans ce pays, Thione Niang pense que cette idéologie telle qu’elle est pratiqués aux États-Unis ne fonctionne pas. D’autant qu’elle oublie la base, les masses, et génère des inégalités impossibles à combler. Prônant l’entrepreneuriat social qui vise ces inégalités, il estime qu’il se situe entre le monde des affaires et les associations à but non lucratif, pour faire du bien tout en faisant de l’argent. Conférencier international, cet ''éternel optimiste'' (nom éponyme de ses Mémoires) qui a écrit d'autres ouvrages comme Demain tu gouvernes le monde ou encore Gorgui, il est un exemple pour la jeunesse africaine. Né dans une famille pauvre de 28 enfants, celui qui a appris à Obama le terme wolof ''Nio Far'' (on est ensemble) a fréquenté les grands de ce monde. Homme de réseau, il a parlé dans les plus grandes universités du monde. Avec Akon, il est à l'initiative du méga projet Akon Lightin. Diplômé de Myers University en administration publique, diplômé de Sciences - Po Paris d'un Executive Master en politique et management du développement potentiel Afrique et détenteur d'un certificat sur le leadership au XXIe siècle de l'université Harvard de Boston, Thione Niang est un modèle de réussite qui inspire. Qui fait rêver.
«LE RAP, C’EST MON EXPERIENCE DE VIE»
Shavy, rappeuse, a eu son Bac à l’âge de 16 ans, étudiante en Bts, Langues appliquées au Tourisme, elle a eu la surprise d’être renvoyée, en plein milieu de l’année, avec une moyenne de 16
Par Ousmane SOW et Florian VIARD |
Publication 19/10/2022
Yanidou Ndiaye, de son nom d’artiste Shavy, la vingtaine, capuche sur la tête, t-shirt gris et jogging noir, renvoie une apparence sombre aux antipodes d’une personnalité lumineuse que reflète un large sourire.
Sûre d’elle, à l’aise et déterminée, la rappeuse de Grand-Dakar affiche haut et fort ses ambitions de victoire. Ambitions légitimes au vu de sa prestation : des textes riches servis par un flow redoutable, un public conquis, la rappeuse pourrait bien devenir la première femme à inscrire son nom au palmarès du Flow up. «Le Flow up, je me suis inscrite toute seule. Deux semaines après, on m’a contactée pour me dire que j’étais retenue. Déjà, je pense qu’il est normal qu’une fille puisse gagner cette 9ème édition. Les filles vont jusqu’en finale pour se faire massacrer. Cette année, je veux vraiment faire le nécessaire pour prendre le trophée. Je suis féministe, si je peux gagner la récompense, ça ferait plaisir», explique-t-elle avec enthousiasme.
Avant de poursuivre : «Les gens disent que j’écris comme un mec. C’est normal parce que j’ai l’expérience, j’ai vécu dans un ghetto, j’ai vécu plein de combats, voilà. J’ai voyagé, j’ai l’ouverture d’esprit, rien ne me choque honnêtement. Et je pense qu’il y a beaucoup de choses qui vont venir.» Shavy a eu son Bac à l’âge de 16 ans, étudiante en Bts, Langues appliquées au Tourisme, elle a eu la surprise d’être renvoyée, en plein milieu de l’année, avec une moyenne de 16. «Ça m’a foutu la rage et je me suis concentrée sur la musique», blague-t-elle en souriant.
Chanteuse depuis petite, elle habitait dans un ghetto, Grand-Dakar. «J’ai vécu 14 ans là-bas avant de venir aux Maristes avec ma famille. C’est dans le ghetto que j’ai commencé à rapper. J’étais avec des dealers. Dans mon rap, je dis des choses sales. Je dis sale mais modérément. L’idée générale, c’est qu’on est jeunes, il nous arrive de faire des choses mauvaises, immorales, mais peu importe les aléas de la vie, on continue», a-t-elle dit avant sa prestation.
Le rap qu’elle pratique traduit aujourd’hui son vécu. «Le rap, c’est mon expérience de vie. C’est le seul moyen pour moi de partager mes idées avec les gens. Je vois que quand je fais du rap, beaucoup de gens se réfèrent à moi, à mon histoire. Beaucoup de gens me suivent, m’admirent, m’adorent», dit-elle tout, en soulignant qu’aujourd’hui, le rap touche des millions de vues et que les jeunes s’y intéressent. Elle relativise. «Avant, certains dérapaient, faisaient des choses pas nettes, et le hip-hop nous remet dans le droit chemin.» Ses inspirations musicales sont le rap anglais, français et wolof. «Mais je n’ai pas d’idoles. Et j’ai toujours trouvé ça bizarre», justifie-t-elle.
AU RYTHME DES CONFRONTATIONS
Retour en force du «Flow up», ce festival qui est né de la volonté d’améliorer la visibilité des nouveaux talents, de promouvoir le hip-hop et les cultures urbaines au Sénégal et en Afrique.
Par Ousmane SOW et Florian VIARD |
Publication 19/10/2022
Retour en force du «Flow up», ce festival qui est né de la volonté d’améliorer la visibilité des nouveaux talents, de promouvoir le hip-hop et l-es cultures urbaines au Sénégal et en Afrique. Signe de la popularité du festival, 1451 candidatures ont été enregistrées pour ce «Flow up» 2022 qui va mettre en jeu 5 millions de francs Cfa, un morceau de 6 titres et un accompagnement pendant une année. La finale est prévue pour le 31 décembre prochain à l’Esplanade du Grand Théâtre national. Mais déjà, le Centre culturel Léopold Sedar Senghor de Pikine bat au rythme des confrontations. Nous avons suivi les quarts de finale qui mettent aux prises des jeunes artistes venus des quatre coins du Sénégal.
Devant la scène du Centre culturel Léopold Sedar Sen¬ghor de Pikine, la fosse se remplit peu à peu. L’am¬biance est bon enfant, les premiers rangs sont particulièrement animés. Le Mc tente d’enflammer la soirée, même si on est encore qu’au stade des quarts de finale et que le plus gros des spectateurs reste en retrait. Quelques passionnés de hip-hop bougent la tête frénétiquement au gré des rythmes qui s’enchaînent.
Avec un public jeune et adepte de rap, mais aussi des professionnels du milieu hip-hop, ils sautent et dansent à la moindre démonstration technique des artistes. Les jeunes rappeurs rivalisent d’ardeur. Dans les étages, ils se préparent tour à tour à affronter le jugement du public et du jury. Un climat bienveillant et décontracté efface tout soupçon d’une compétition dont l’issue pourrait changer leur vie. La pression monte lorsque les artistes sont appelés à passer.
Derrière le rideau noir qui les sépare de la scène, plus de place au doute. Dans quelques instants, leur destin se jouera. «Your boys Badou the Wise, je représente les Parcelles Assainies. Aujourd’¬hui, je suis là pour la compétition. On a hâte de monter sur scène et de montrer notre talent», se présente-t-il au début de l’entretien. 29 ans, apparence décontractée, allure sereine et démarche décidée, Badou, accompagné de son manager, maîtrise la foule, sait comment capter son énergie pour donner le meilleur de lui-même. Look travaillé, veste colorée et casquette à l’effigie d’un tigre, il a commencé le rap vers 2016. «Ça fait un bail que j’écoute de la musique. Mais en 2016, je me suis dit voilà, c’est le moment. Faut que je m’accroche et que je me batte. Avec mes grands frères, on regardait nos artistes préférés à la télé», se souvient-t-il.
Engagé dans le rap, il essaye de transmettre des messages à travers les musiques que les gens peuvent écouter. «Ça commence par la mélodie. Les gens peuvent entendre et partir, mais si tu laisses des mélodies, ils s’accrochent», vante-t-il. Et d’après lui, c’est la meilleure façon de transmettre des messages à des gens qui ne te connaissent même pas. Dans sa musique, révèle-t-il, il y a beaucoup de couleurs. «Ma musique, ça frappe l’œil. Mais quand ça rappe, ça torche sur n’importe quelle prod. J’ambiance bien. Je chante aussi. Je peux mettre des prods où c’est saignant», argumente-t-il sur un rythme enlevé, une présence scénique incontestable, un flow en symbiose avec le beat, une performance captivante qui retient l’attention du début à la fin. Dans son regard, rien ne semble l’arrêter. «Là, je viens de terminer mon projet. Je suis sur deux compétitions en ce moment et mon projet est prêt et il sortira après les compétitions. Ça a été dur pour trouver des producteurs, ça coûte cher. On s’est dit pourquoi télécharger ? Mieux vaut nos propres productions qui correspondent à ce qu’on fait», a-t-il fait comprendre.
Revenant sur le clash dans le milieu du hip-hop, il dira que qu’il s’agisse de Ngaaka Blindé ou de Ahlou Brick, il est fier d’eux car, dit-il, au Sénégal, le public mbalax est plus nombreux et ce clash a permis à ce que tout le monde s’intéresse au rap galsen, surtout avec les clips.
EN RUINE 3 ANS APRES SA RECEPTION, LE CEM SEBI-GARE EVACUE
Menaçant ruine 3 ans à peine après sa construction, le Cem Sébi-Gare a été fermé aux élèves. Le maire de la commune met le ministère de l’Education nationale et l’Agetip face à leurs responsabilités
Menaçant ruine 3 ans à peine après sa construction, le Cem Sébi-Gare a été fermé aux élèves. Le maire de la commune, qui met le ministère de l’Education nationale et l’Agetip face à leurs responsabilités, a décidé de louer des bâtiments pour reloger les élèves.
Le Collège d’enseignement moyen (Cem) Sébi-Gare (Sébikotane) a été contraint aux vacances forcées. La cause ? Cet établissement, construit il y a trois ans, est dans un état de délabrement faisant craindre le pire pour les pensionnaires. «Le Cem Sébi-Gare, construit il y a juste trois ans, est en état de délabrement très avancé à telle enseigne que les élèves ont été obligés d’être délogés l’année dernière sur instruction des autorités administratives», a rappelé Alioune Pouye, maire de la commune.
«La commune avait pris en charge la location provisoire de bâtiments pour reloger les élèves. Après cela, nous avons convoqué les principaux concernés, à savoir le ministère de l’Education et l’Agetip en charge de cet ouvrage», a-t-il poursuivi, indiquant que dans le cadre de l’année scolaire en cours, les élèves n’ont pas encore de lieu pour faire leurs cours.
Parlant du ministère de l’Education nationale et de l’Agetip, le maire d’insister : «Nous les avons mis devant leurs responsabilités pour qu’ils prennent en charge cette question d’abord de la reconstruction du Cem, mais aussi du relogement temporaire des élèves, le temps qu’ils fassent les constructions.» Que s’est-il passé pour qu’une infrastructure neuve puisse plonger dans cet état avec des murs aux fissures béantes ? Plus d’un pointe l’état du sol comme cause, tandis que d’autres accusent le constructeur.
Du côté de la mairie de Sébikotane, tout ce à quoi on s’attend est de trouver une solution. «Nous lançons une alerte au ministre de l’Education nationale pour lui dire que la question du Cem de Sébi-Gare est une urgence majeure», a-t-il dit. L’édile s’est exprimé en marge d’une cérémonie de remise de fournitures scolaires aux élèves. «Nous avons budgétisé un montant de 14.5 millions consacré à l’achat de fournitures scolaires pour alléger les charges des parents d’élèves», a indiqué à ce sujet M. Pouye, notant que 5000 élèves ont bénéficié de kits scolaires à l’occasion.