KEEMTAAN GI - EN ATTENDANT……
Il nous est revenu après quelques jours de vadrouille dans quelques coins du continent africain. Au Mali, on lui a servi du fonio. Une façon de lui rappeler que certains n’ont rien à cirer du blé de l’Europe qu’il était allé quémander en Russie et que l’on peut se nourrir sans mourir de faim avec ce que nous produisons nous-mêmes. En quittant ce charmant pays, il l’avait laissé sans gouvernail. Sans Chef, c’est-à-dire lui, sans président de l’Assemblée nationale encore moins Premier ministre. Pour les deux postes, les gens de son camp se mènent la guerre. On lui souhaite bien du plaisir pour le choix sans mécontenter personne. Mais nous autres misérables Sénégalais, aimerions bien qu’il s’occupe de nos problèmes existentiels. Surtout de la vie chère. De la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité. Ses ministres qui sont en vacances ont certainement d’autres tourments que de répondre aux urgences des populations qui sont à la merci des commerçants véreux. Tout est devenu cher. L’oignon dont le prix donne des migraines à nos braves femmes, la farine, le lait, le sucre, l’huile, l’oseille, la tomate fraiche. Tout ! Même les chaussures en plastique font la grimace aux indigents. Et tout se passe dans un pays qui sort d’une élection durant laquelle le pouvoir en place a fait étalage de son opulence. Les fonctionnaires, retraités et autres chouchoutés à travers une augmentation de leurs émoluments comme si le pays avait subitement commencé à tirer des recettes du pétrole et du gaz qui sentent si fort. Ah, on oubliait les fameux cash transferts destinés à quelques miséreux du pays profond à quelques semaines des élections. Bref, on se fait à l’idée d’un pays aux caisses bien remplies et bien gérées. Des problèmes vitaux des Sénégalais, personne ne semble s’en préoccuper. On ferme les yeux sur tout. Les inondations qui ont chassé des familles entières de leurs maisons. La hausse des prix. La pauvreté qui étale partout ses tentacules. Une jeunesse désespérée qui se suicide en mer. La fermeture de la principale structure sanitaire du pays. En attendant l’explosion d’une colère collective. Kaccoor Bi
LE SAC D’OIGNON VENDU À 50 000 F CFA À TOUBA
Les populations de la ville sainte de Touba ne savent plus où donner de la tête. Depuis trois jours, elles sont confrontées à une flambée extraordinaire du prix de l’oignon. Que ça soit l’oignon local ou l’importé, cette denrée a tout simplement déserté les étals des commerçants de la ville. Et les rares qui en disposent encore ont augmenté exponentiellement le prix. Dans les trois principaux marchés de la localité – Occass, Gare bou Ndaw et Gare bou Mag – le kilo de l’oignon s’échange, tenez-vous bien, à 2500 F CFA. Quant au sac, il est intouchable. Il est vendu à… 50 000 F CFA.
VISITE DE MACKY SALL AU MALI LE CHÉRIF DE NIORO COMME FACILITATEUR ?
Dans notre édition de ce mercredi, nous avons reproduit un article de notre très réseauté confrère Soumaïla Haïdara, selon lequel la visite inattendue que le président Macky Sall a effectuée au Mali pour rencontrer le chef de la junte, colonel Assimi Goïta, avait été facilitée par le chérif de Nioro du Sahel, un grand érudit musulman. Un érudit présenté par plusieurs sources comme un des plus grands protecteurs mystiques de notre cher président de la République. Justement, le village malien de Nioro où réside ce descendant du Prophète Mohamed nous rappelle l’accident de l’avion (Fokker 27) de l’Armée nationale qui avait fait un atterrissage d’urgence dans un champ de patates à Koussana, une localité située à 65 km de Kayes au Mali. C’était courant novembre 2015. Ce jour-là, l’avion de l’Armée sénégalaise avait décollé de l’aérodrome de Nioro. A son bord, le richissime homme d’affaires sénégalo-malien Seydou Kane, le ministre conseiller Abdoulaye Saly Sall, maire de Nabadji, Thiobo Dia, l’oncle du président Macky Sall ainsi que trois autres personnalités politiques, maraboutiques et économiques dont les identités n’ont pas été révélées à l’époque. Sans compter les cinq membres de l’équipage militaires blessés dans l’atterrissage. N’eut été le professionnalisme avéré du commandant de bord, Apollinaire Manga, et son commandant comme son copilote, le lieutenant Tombon Correa, l’avion allait crasher ! La délégation était envoyée par le président Macky Sall pour rencontrer le chérif de Nioro…celui-là même qui aurait facilité les retrouvailles entre Macky Sall et Assimi Goïta. Comme quoi, la diplomatie emprunte parfois des voies inattendues !
AFFAIRE PHARMACIE DAKAROISE LE TRIBUNAL DU COMMERCE SE DÉCLARE ENCORE… INCOMPÉTENT
Décidément ! Il est vrai que Dieu-Le-Tout-Puissant est Grand, Mme Aminata Gassama Baldé n’est pas politiquement petite… Tenez ! Après 19 mois de tergiversations sur fond de 24 renvois d’audiences de Janvier 2021 à Août 2022, le Tribunal de commerce Hors classe de Dakar vient de s’illustrer de triste manière en se déclarant une seconde fois « Incompétent ». Une incompétence en faveur de Mme Aminata Gassama, l’épouse de l’ancien maire de Ziguinchor Abdoulaye Baldé. Il s’agit encore de l’affaire l’opposant à la Pharmacie Dakaroise de Mme Aïcha Goundiam Mbodji qui avait introduit auprès dudit tribunal un recours pour annulation du contrat de bail signé entre l’Ipres et Aminata Gassama Baldé. Justement, c’est ce contrat de bail qui a permis à Mme Baldé de squatter illégalement les anciens locaux de la Pharmacie Dakaroise situés au rez de chaussée de l’immeuble « Hôtel Indépendance ». Le Tribunal du Commerce de Dakar s’est-il dérobé devant une affaire commerciale qui relève son domaine de compétence ? Il est plus qu’évident que si Mme Mbodji n’avait pas le droit de son côté, ça fait belle lurette qu’elle aurait été déboutée ! Cherche-t-on à la décourager pour la faire renoncer c’est-à-dire rentre les armes dans ce combat ? C’est mal la connaître, elle ne baissera pas les bras ! Car « Le Témoin » est convaincu que demain fera jour dans ce pays où l’injustice sociale et juridique ne cesse de faire sanctionner ce régime.
BENNO AU BORD DE L’IMPLOSION
Dans l’une de nos précédentes livraisons, nous évoquions des velléités de départ au sein de la coalition de la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yakaar. En effet, nos radars ultra sensibles ont capté des mouvements d’humeur chez certains alliés qui reprocheraient à leur chef de file, Macky Sall, de recevoir en audience leurs militants et responsables sans les associer à la manœuvre. Ces alliés, qui voient d’un mauvais œil ces initiatives du chef, menacent de claquer la porte pour d’autres prairies. Gageons que Macky Sall va calmer les esprits de ces alliés ce week-end lors de la rencontre qu’il a convoquée avec les responsables de Benno Bokk Yakaar en distribuant quelques bonbons par-ci et quelques promesses par là.
IMPOTS ET DOMAINES L’AG DU SAID VIRE AU FIASCO
L’assemblée générale qui devait être un très grand moment de mobilisation du Syndicat des agents des impôts et domaines (SAID) ce jeudi pour dénoncer la décision du directeur des Domaines, Mame Boye Diao, de reprendre les 4 hectares de l’assiette de Guédiawaye qui leur a été offert le 14 mars 2018 s’est soldée par un échec cuisant. D’abord fixée à 10h au restaurant du Bloc fiscal de la DGID de la Rue de Thiong, elle a été décalée à 15h. Nos antennes enfouies dans les chaussettes de Badara Guèye SG du SAID — nous avions écrit par erreur hier que le SG c’est Elimane Pouye — nous informent que seuls 25 inspecteurs et contrôleurs des impôts et domaines ont assisté à l’AG. Ce alors qu’il est décompté entre 300 à 400 inspecteurs et contrôleurs membres du SAID. Pourquoi ces derniers ont-ils boycotté l’AG du SAID ? Nos sources sont catégoriques pour dire que le SAID est en train de perdre sa crédibilité aux yeux de ses propres membres puisqu’il est vu de plus en plus comme un syndicat politique à la solde du PASTEF. En outre la plupart des membres ne sont pas d’accord sur l’orientation de la lutte du SAID. Il faut ajouter à cela que l’échec de l’AG s’explique par la grande division qui règne au sein des Impôts et Domaines. Du fait du système d’apartheid en vigueur à la DGID suite à la mise place du système de paniers (67 % pour les inspecteurs et contrôleurs contre 33 % pour le reste des travailleurs) en 2017, cette caste de privilégiés ne peut pas compter sur le soutien de la grande masse des plus de 1000 travailleurs (ingénieurs, planificateurs, statisticien, géomètre…). Malgré un arrêt de la Cour Suprême annulant ce système de paniers, les inspecteurs et contrôleurs des impôts et des domaines considérant les autres comme des « envahisseurs venus d’une autre planète » et surtout se prenant pour des demi-dieux ont carrément refusé d’annuler cette décision inique. Autant de raisons qui expliquent l’échec de l’AG du SAID.
GUINÉE-BISSAU DEUX PIROGUES SÉNÉGALAISES ARRAISONNÉES
Encore un incident à la frontière maritime entre le Sénégal et la Guinée-Bissau. Et encore des pirogues sénégalaises arraisonnées par la marine bissau-guinéenne. Selon Ismaïla Lô, un des pêcheurs, ils pêchaient tranquillement dans les eaux sénégalaises hierquand ils ont été surpris par une patrouille de garde-côtes bissau-guinéens, qui ont réussi à mettre la main sur deux pirogues et leurs capitaines respectifs, tandis que les autres embarcations et leurs équipages réussissaient ont à s’échapper pour aller se réfugier vers le village de Diembéring, confie -t-il. Les deux embarcations ont été remorquées et amenées vers la Guinée-Bissau tout comme leurs capitaines, renseigne-t-il. Ces pêcheurs lancent un appel pressant pour que les autorités interviennent.
PLAIDOYER POUR UN STATUT SPÉCIAL DE LA ZONE DES NIAYES
Le Conseil départemental de Rufisque a tenu hier, jeudi 18 août un forum multi-acteurs autour de la question du développement économique de la collectivité territoriale.
Le Conseil départemental de Rufisque a tenu hier, jeudi 18 août un forum multi-acteurs autour de la question du développement économique de la collectivité territoriale. A cette occasion, un plaidoyer fort a été développé pour la zone de production des Niayes soit protégée, à travers son érection en zone spéciale.
La rencontre a été une occasion pour l’équipe d’experts de présenter un diagnostic de la situation économique du département, mise en relation avec les possibilités de développement que présente la zone. L’accent a été mis particulièrement sur les opportunités économiques avec la zone des Niayes. Une zone de production menacée par des problèmes multiples et au premier chef la réduction des terres au profit de la poussée urbaine. «Nous avons fait un diagnostic multi acteurs qui nous a permis d’élaborer une feuille de route dont la finalité est de permettre à l’économie locale d’être impulsée aussi bien dans le domaine de la production que dans la transformation des produits de l’agriculture, de manière à développer l’emploi local et les infrastructures», a souligné Issa Diop Ndoye expert de la diaspora qui a participé à la restitution du diagnostic et de présenter les conclusions et les recommandations de cette étude.
Ce forum vient appuyer les programmes de politiques alimentaires mises en place par le conseil, à travers le Système Alimentaire Durable de Lutte contre la Malnutrition à Dakar (SADMAD) et le programme d’Appui pour la mise en œuvre du plan alimentaire territorial (AMOPAR). Des programmes se déroulent en partenariat avec le GRDR et CICODEV.
À terme, l’objectif visé par le forum est de favoriser l’essor d’une économie locale centrée sur les activités de production et de transformations liées à la zone des Niayes. Afin de préserver la capacité de production de la zone des Niayes les acteurs ont plaidé pour son érection en zone économique spécifique. «Nous voudrions demander un statut spécial pour la zone des Niayes. L’importance de sa production horticole le mérite, l’importance aussi des populations agricoles, horticoles, jeunes et femmes qui travaillent, le méritent. La spécificité de cette zone en tant qu’écosystème dans la région de Dakar, le mérite également. C’est pourquoi, je lance un appel aux autorités afin que la zone des Niayes ait un statut spécial afin que les problématiques soient mieux revisitées. Relativement à l’hydraulique rurale, relativement à la terre. C’est un grand défi dans cette zone. Il faut faire de sorte que cette zone soit de forte potentialité en terme d’emplois, avec le marché d’intérêt national de Diamniadio, et toutes les infrastructures que nous fournit cette zone. Il est temps donc de lui donner un statut spécial» a dit Mme Khady Fall Tall.
Dans cette optique, la présidente l’AFAO qui prenait part au forum a proposé que des investissements importants et des aménagements agricoles performants soient réalisés dans la zone afin qu’elle puisse continuer de tenir son rang de poumon horticole du Sénégal. Le directeur de société du marché d’intérêt national et de la gare des gros porteurs (SEMIG) a rappelé l’objectif de lutte contre les pertes post récoltes a annoncé la mise en place d’un mécanisme qui va permettre aux grossistes, aux grandes surfaces de venir s’approvisionner sur le site. Ainsi, les producteurs pourront sauvegarder leurs productions et la commercialisation facilitée. «Avec le marché d’intérêt national on a un outil qui va révolutionner la conservation et la commercialisation des produits», a dit Mouhamadou Abdoulaye Mbaye.
FRAUDE SUR L’AGE, ARRÊTONS DE JOUER AVEC L’AVENIR DE NOS JOUEURS
Coup de théâtre au tournoi UFOA A U15 (Liberia 2022) avec le retrait de la Mauritanie hier, jeudi 18 août. La Ffrim protesterait contre la fraude sur l’âge à l’issue du match ayant opposé sa sélection à celle du Sierra Leone
Coup de théâtre au tournoi UFOA A U15 (Liberia 2022) avec le retrait de la Mauritanie hier, jeudi 18 août. La Fédération de football de la République islamique de la Mauritanie (Ffrim) protesterait contre la fraude sur l’âge à l’issue du match ayant opposé sa sélection à celle du Sierra Leone. Prenant prétexte de ce nouveau scandale, Sud Quotidien publie un article déjà paru dans ses colonnes le 3 mai 2021.
«La fraude sur l’âge est pire que le dopage», dixit Saer Seck. Le président de l’Institut Diambars, non moins président de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) et 1er vice-président de la Fédération sénégalaise de football ne savait pas si bien dire, tellement la triche sur l’âge est en passe de devenir systémique. Le comble, c’est que plusieurs professionnels et/ou responsables de clubs ou de Fédérations semblent s’accommoder de cette situation qui gangrène le football africain et jette l’opprobre sur le talent de ses athlètes. En témoigne le séisme que la sortie de Nguirane Ndaw avait provoqué dans l’écosystème footballistique sénégalais voire africain. «Comme tous les Sénégalais, j’ai triché sur mon âge pour être professionnel. En Afrique, je ne dis même pas au Sénégal, le joueur qui ne diminue pas son âge ne pourra pas être professionnel. C’est une réalité, qu’on le veuille ou non. Au Sénégal, 99 % des joueurs ont diminué leur âge», avait balancé, tout de go, l’ancien international. Un tel fléau dépasse nos frontières, qui touche plusieurs pays africains au Sud du Sahara. De Dakar à Mogadiscio; de Ndjamena à Gaborone, il ne semble épargner aucun pays.
L’AFFAIRE GUELOR KANGA
Le coup d’envoi de la CAN Cameroun 2021 est déjà lancé avant l’heure par ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Guelor Kanga où certains pourront accuser les Congolais de «mauvais perdants». Après leur cuisante défaite (0-3) devant la bande à Pierre-Emerick Aubameyang, les Léopards de la RD Congo étaient rétrogradés à la 3ème place et éliminés de la CAN camerounaise. Sauf que le Gabon qui avait dans ses rangs, Guelor Kanga, risque de tout perdre. Et pour cause ! La fédération de la RDC a déposé une plainte à la CAF concernant l’actuel joueur de l’Étoile rouge de Belgrade (SuperLiga, Serbie) originaire de la RDC et qui aurait été naturalisé par le Gabon quand il était «adolescent». Sauf qu’il serait né à Kinshasa sous le nom de Kiaku-Kiaku Kanga. Pis, il aurait en réalité 35 ans, au lieu des 30 ans déclarés. Guelor Kanga, le Gabonais ou Kiaku-Kiaku Kanga, le Congolais mentirait sur son âge, son nom, son lieu de naissance. Il aurait même poussé l’outrecuidance avec la complicité des autorités gabonaises jusqu’à changer de parents. Diantre ! Pris en flagrant délit, le Gabon risquerait tout bonnement de suivre la CAN à la télévision. Même si le président de la Fédération gabonaise Pierre Alain Mounguengui garde sa sérénité en indiquant sur les colonnes de Gabon Media Time que «Guelor Kanga n’a jamais porté les couleurs de la RDC quelle que soit la catégorie des équipes nationales. Mieux, le Congo ne dispose d’aucun élément qui pourrait mettre en mal la nationalité du milieu de terrain gabonais qui compte une quarantaine de sélections avec les Panthères du Gabon».
LA GUINEE ET LA CAN TANZANIENNE U-17
Ce qui vient d’arriver au Gabon est peut être inédit. Toutefois, cette triche est loin d’être l’apanage de la Fédération gabonaise de football. Les souvenirs de la CAN des Cadets en Tanzanie sont encore vivaces dans nos mémoires. Eliminé sur le terrain suite à un score vierge face à la Guinée, le Sénégal sera pourtant autorisé à danser la «Samba» au Brésil à la place du Syli, coupable d’avoir triché sur l’âge réel de deux de ses joueurs : Aboubacar Conté et Ahmed Tidiane Keïta. Ces deux «cadets» du Syli national avaient changé leur date de naissance entre le tournoi “Dream Club” abrité par le Japon en 2017 et la CAN des U17 qui a pris fin le 28 avril de la même année à Dar-Es Salam (Tanzanie). La CAF qui a longtemps louvoyé sur le dossier, finira par reconnaître la fraude suite aux documents fournis par la Fédération nippone. Ainsi, le jury disciplinaire de la Confédération africaine de football (CAF) va déclarer la Guinée coupable de tricherie sur les joueurs susmentionnés.
BRILLER CHEZ LES CADETS ET DISPARAITRE
Ce fléau risque de tuer le football africain, particulièrement le football local. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la plupart des sélections nationales africaines sont peuplées de Binationaux. Surtout quand les équipes nationales sont dirigées par des techniciens étrangers qui doutent toujours de l’âge des joueurs nés sur le continent. La sortie de Jose Mourinho, alors coach du Chelsea sur Samuel Eto’o Fils en dit long sur l’état d’esprit de nos «Sorciers Blancs». A tort ou à raison ! Mais les faits sont têtus. Le continent brille chez les petites catégories. Surtout chez les Cadets et les Juniors. La Gambie n’a-t-elle été sacrée championne d’Afrique en 2005 et 2009. Les Baby Scorpions avaient rejoint les Blacks Starlettes, vainqueurs de la CAN en 1995 et 1999 et les Golden Eaglets du Nigeria en 2001 et 2007. Mieux, le Ghana et le Nigeria, qui dominent les débats africains chez les U-17, totalisent à eux deux, sept couronnes mondiales et cinq titres de vice-champions en 18 éditions de la coupe du monde des Cadets depuis la première édition en République populaire de Chine en 1985, jusqu’à la dernière au Brésil en 2019. Mais deviennent ces jeunes ?
La première déperdition est à constater chez les Juniors. Seul le Ghana parviendra à monter sur la plus haute marche du podium dans la catégorie U-20. C’était lors de la 17ème édition organisée en Egypte avec la génération d’Andre Ayew, Samuel Eboue Inkoom, Johnathan Mensah, Emmanuel Agyemang Badu que l’on retrouvera tous chez les Blacks Stars (senior). L’attaquant Dominic Adiyiah, sacré ballon d’or et soulier d’or de l’édition, évolue présentement à Arsenal Kiev dans le championnat ukrainien, après être passé par la Serie A notamment au Milan AC et Reggina.
Quant au Nigeria, on retiendra Kelechi Iheanacho, ballon d’or Addidas en 2013 lors du Mondial U-17 aux Emirats Arabes Unis. Pourtant la liste des jeunes africains ayant éclaboussé de leur talent des CAN U-17, U-20 voire des Coupes du monde de football des mêmes catégories est très loin d’être exhaustive. Paradoxalement, ils disparaissent comme par enchantement dans la nature, sans laisser aucune trace. Souvent à cause des agents, sans scrupules. Ou encore parce que tout simplement ils sont rattrapés par la TVA qui leur rappelle que leur âge réel ne rime pas avec les exigences du haut niveau. Ils finissent en Chine, en Malaisie, en Singapour, dans le golfe, etc. Pendant ce temps, leurs complices se contentent de toucher honteusement quelques subsides.
TOUT LE MONDE EST COUPABLE, MAIS PERSONNE N’EST RESPONSABLE
Et dire que le diagnostic est fait. Depuis très longtemps même. Le rapport révèle que c’est toute une chaine. De la naissance non déclarée à l’agent de l’état civil qui falsifie les extraits sans occulter les audiences foraines qui servent d’opportunités pour «renaitre». Le tout, avec l’accord des présidents des clubs, des parents et du joueur lui-même. La fin justifie les moyens! Pourtant, rien que le gabarit impressionnant de certains Cadets, des poils aux aisselles, à la barbe et à la poitrine devraient intriguer plus d’un. «Mes jeunes sont souvent opposés à leurs oncles», avait ironisé Saer Seck dans la même interview qu’il avait accordée à Sud Quotidien. Pourtant l’Afrique gagnerait à arrêter l’hémorragie pour mettre un terme à cette stigmatisation que subissent nos joueurs à chaque compétition internationale. D’autant plus que les tests IRM sont loin d’être une panacée. Surtout chez les juniors ! Le Sénégal n’avait-il apporté trois changements à son équipe qui l’a représenté à la Coupe des Nations U-17 en avril 2019 ?
En effet, le milieu de terrain El Hadji Gueye et les attaquants Meleye Diagne et Ousmane Diallo - qui faisaient partie de cette équipe en Tanzanie - ont tous été écartés par l’entraîneur Malick Daf. Ils ont été remplacés par Mamadou Aliou Diallo, Mbaye Ndiaye et Ibrahima Sy. Ça s’appelle avoir le sens de l’anticipation pour ne pas être la risée du monde comme ce fut le cas avec notre sélection féminine de basket U-18. Il est temps qu’on arrête de jouer avec l’avenir de nos joueurs !
UN SECOND TEST POUR CONFIRMER
Le Sénégal retrouve ce soir le Cap-Vert pour une seconde confrontation qui entre dans le ca dre de la préparation de la 4ème fe nêtre des éliminatoires du Mon dial 2023 prévues du 26 au 28 août à Monastir, en Tunisie.
Après le match remporté Sénégal (89-72), l’équipe du Sénégal aborde hier, vendredi 19 août (19h) au stadium Marius Ndiaye, son second duel face au Cap-Vert dans le cadre de la préparation de la 4ème et dernière fenêtre des éliminatoires du Mondial 2023 prévues du 26 au 28 août prochain à Monastir (Tunis). S’il est satisfait de la prestation de ses protégés, le coach Desagana attend confirmer avec cette fois un esprit plus «tueur» avant de s’envoler ce samedi pour la Tunisie.
Le Sénégal retrouve ce soir le Cap-Vert pour une seconde confrontation qui entre dans le ca dre de la préparation de la 4ème fe nêtre des éliminatoires du Mon dial 2023 prévues du 26 au 28 août à Monastir, en Tunisie. Un bon test pour Ngagne Desagana Diop, qui faisait son baptême du feu en tant que coach titulaire sur le banc des Lions. Après l’éviction de Boniface Ndong, l’ancien pensionnaire de la Jeanne d’Arc était chargé de redonner un nouvel élan à une équipe sénégalaise littéralement lors de la dernière fenêtre disputée en juillet en Egypte. Pour ses débuts, le test a été réussi au stadium Marius Ndiaye. Pour ce premier match, les Lions se sont imposé sur le score de 89 à 72.
Absent de la dernière fenêtre à Alexandrie, Brancou Badio a réussi un excellent retour. Le meneur des Lions a été désigné meilleur joueur du match avec 24 points. Là où le pivot Gorgui Sy Dieng alignait 22 points. Globalement satisfait de la prestation de ses joueurs, le coach Desagana Diop attend une équipe plus «tueur» lors de ce second acte face aux Cap-Verdiens. «Cela fait longtemps qu’ils sont ensemble, et ça se voit dans le jeu, ils prennent leur temps pour bien préparer leurs actions. Ils nous ont dominé comme ça, par moment en réussissant à calmer le jeu et dérouler leur jeu… Nous allons visionner le match et rectifier nos erreurs pour ne pas avoir des surprises à Monastir. Physiquement, l’équipe est au point même si on a été un peu fatigué. J’ai dû un moment sortir des joueurs comme Gorgui. L’équipe a bien travaillé défensivement», explique-t-il.
«IL FAUT ÊTRE PLUS TUEUR»
Se basant sur la troisième mi-temps moins maîtrisée, le technicien sénégalais s’attend à une équipe plus «tueur». «Maintenant, il faudra avoir un esprit «killer» (tueur) parce qu’on est jamais à l’abri en fin de match. Les Cap-verdiens seront sans doute plus frais lors de ce second match et apporteront plus d’intensité. Nous en avons aussi besoin», souligne-t-il.
A noter qu’à l’issue de cette dernière confrontation au Stadium Marius Ndiaye (19 heures), la délégation sénégalaise devra quitter Dakar ce samedi pour la Tunisie. Les Lions vont disputer un dernier match de préparation contre l’Egypte le 22 août. Logés dans le Groupe E, le Sénégal (5e place) est à la quête d’un des cinq places qualificatives pour la Coupe du monde 2023. Pour cette dernière fenêtre, les Lions débutent face au Sud-Soudan le 26 août avant d’affronter la Tunisie (26 août) et le Cameroun (28 août).
LA PART DE VÉRITÉ DE MARIE KHÉMESSE NGOM NDIAYE À PROPOS DE LA DÉLOCALISATION DE L'HÔPITAL LE DANTEC
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale est sorti de sa réserve dans l’affaire de la délocalisation de l’hôpital Aristide Le Dantec pour cause de reconstruction qui fait du bruit depuis quelques jours
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale est sorti de sa réserve dans l’affaire de la délocalisation de l’hôpital Aristide Le Dantec pour cause de reconstruction qui fait du bruit depuis quelques jours. En marge d’une visite dans les différentes structures d’accueil des services redéployés de l’hôpital Aristide Le Dantec, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye est revenue sur l’origine du projet. Sur le redéploiement, elle a fait savoir que tout se passe dans les règles de l’art. Elle a aussi donné son avis sur la marche des yndicalistes et l’enquête parlementaire pour mettre au clair cette affaire de reconstruction de l’hôpital Le Dantec.
« Concernant la marche, je n’y peux rien. Cela n’est pas de ma compétence mais plutôt du ressort du gouverneur et du préfet. C’est à eux d’autoriser une marche ou pas. Celui qui veut marcher n’a qu’à aller marcher ». C’est en ces termes que le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, a réagi à l’annonce de la marche nationale du Collectif pour la Défense et la Sauvegarde de l’hôpital Aristide Le Dantec prévue ce samedi 20 août à la Place de l’Obélisque pour dénoncer les conditions de délocalisation de l’établissement sanitaire. Elle s’exprimait hier, jeudi 20 août, en marge d’une visite dans les différentes structures d’accueil des services redéployés de l’hôpital Aristide Le Dantec. Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye qui se prononçait pour la première fois depuis l’annonce de la fermeture de l’hôpital au public pour cause de reconstruction qui fait du bruit depuis quelques jours, a réfuté les accusations de nébuleuse dans cette affaire. Elle est revenue sur la genèse du projet. « C’est en pleine gestion de la pandémie que le Président de la République a vu qu’il y avait un problème de résilience par rapport au système de santé et il a convoqué tout le monde. C’est-à-dire toute l’expertise en matière de santé et de l’Action sociale notamment les instituts de recherche, les universités, les partenaires sociaux et même la presse. Nous sommes dans un système bien planifié avec des documents avec le plan national de développement sanitaire et social. Et le Président de la République avait demandé ce qu’il fallait faire pour que dans le futur, dans de pareilles situations, le système puisse être résilient. Et il a été conclu qu’il fallait reconstruire l’hôpital Le Dantec », a déclaré Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye.
Poursuivant son propos, elle ajoute : « Aujourd’hui, on doit reconstruire Le Dantec et le promoteur nous dit qu’on ne peut pas aller par phasage et au plus tard les travaux vont commencer au 1er septembre mais on ne peut pas attendre jusqu’à cette date pour sortir les malades. On a rencontré tout le monde pour redéployer les services et c’est ce qui est en train d’être fait ».
« POUR LE FONCIER, FAITES VOS ENQUÊTES PARLEMENTAIRES. C’EST VOTRE DROIT LE PLUS ABSOLU »
En ce qui concerne la vente d’une partie des terres de l’hôpital, le ministre de la Santé et de l’Action sociale n’est pas allé loin. « Pour le foncier, faites vos enquêtes parlementaires. C’est votre droit le plus absolu car nous sommes dans un pays de droit et organisé qui est dans la méthode. Ceux qui veulent porter plainte, n’ont qu’à porter plainte. Je vais répondre et je pense que personne ne va me porter plainte. Ils vont plutôt porter plainte à l’Etat et il a un agent judiciaire », a fait savoir Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye. Sur le redéploiement, elle a tenu à préciser que « ce n’est le ministère de la Santé qui redéploye les services » mais plutôt « les experts des services d’accueil ». Et de poursuivre : Rien n’a été inventé, ici. Tout a été planifié et montré à tout le monde et ce plan n’est pas figé, on peut le changer ».
Pour rappel, dans un communiqué, le Parti démocratique sénégalais (PDS) a annoncé vouloir mettre en place une commission d’enquête parlementaire une fois à l’Assemblée nationale afin de mettre au clair cette affaire de reconstruction de l’hôpital Le Dantec.
LE COLLECTIF POUR LA SAUVEGARDE DE LE DANTEC DANS LA RUE CE SAMEDI
La colère n’est pas prête de s’atténuer dans l’affaire de la délocalisation de l’hôpital Aristide Le Dantec malgré les assurances du directeur de l’hôpital, Dr Babacar Thiandoum.
La colère n’est pas prête de s’atténuer dans l’affaire de la délocalisation de l’hôpital Aristide Le Dantec malgré les assurances du directeur de l’hôpital, Dr Babacar Thiandoum.
Face à la presse hier, jeudi 18 août, le Collectif pour la Défense et la Sauvegarde de l’hôpital Aristide Le Dantec a annoncé l’organisation d’une marche le samedi 20 août à 10 heures à la Place de l’Obélisque pour étaler leur indignation.
Le Collectif pour la Défense et la Sauvegarde de l’hôpital Aristide Le Dantec se dit scandalisé par le décès d’un malade. « Nous avons vu et constaté à l’hôpital que les malades ont été sortis, jetés dans la rue alors qu’ils avaient toujours besoin de soins des praticiens de l’hôpital et il y a des choses qui arrivent qui sont tellement graves. On parle de catastrophe sanitaire. Il y en a qui pensent que c’est un gros mot mais c’est ce qui se passe. Déjà nous avons enregistré un mort d’homme. Ce dernier était venu à l’hôpital pour recevoir des soins chirurgicaux au niveau du bloc de l’urologie. A sa grande surprise, il n’a trouvé personne. Le bloc a été fermé. Nous avons saisi un huissier (…) C’est un cas parmi d’autres. Nous allons vivre une situation sanitaire catastrophique dans ce pays. Nous avons des malades du cancer qui ne savent plus quand est-ce qu’ils seront pris en compte », regrette Mangue Ngom, membre du Collectif. La polémique est donc loin de s’estomper dans l’affaire de la délocalisation de l’hôpital Aristide Le Dantec.
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut remettre le pouvoir, tout le pouvoir au peuple. On ne peut trouver de sens du vivre ensemble que pour une rationalité collective. En dehors de ces aspects-là, tout est colonisation (4/4)
Au Tchad, suite à l’assassinat du président Idris Deby Itno au pouvoir de décembre 1990 à avril 2021, son fils Mahamat Deby prend la tête d’un groupe d’officiers : le Conseil Militaire de Transition (CMT), et installe un régime dit de transition dont l’un des objectifs principaux est de préparer le retour à l’ordre constitutionnel au terme d’une période de 18 mois. Un ministère de la Réconciliation nationale a été chargé d’organiser un dialogue national Inclusif DNI, dans le but de faciliter la mise en place d’institutions et mécanismes devant permettre d’organiser des élections libres et transparentes. Ce dialogue, précédé d’un pré-dialogue de groupes de politico-militaires, qui s’est tenu pendant plus de 4 mois à Doha sous l’égide du Qatar et de la France a abouti à un accord entre une partie des belligérants habituels et le gouvernement issu du coup d’état d’avril 2021. Cet accord salué par l’Organisation des Nations Unies, exclut cependant le principal mouvement armé. Ledit dialogue national inclusif (DNI) se tiendra à Ndjaména à partir du 20 Aout 2022.
En marge et pour participer à la réflexion qui se mène dans son pays natal, l’écrivain tchadien Koulsy Lamko publie aux Editions Casa Hankili África, Mexico, un livre d’entretiens dont le titre sibyllin et iconoclaste présage du tumulte ambiant autour d’une rencontre dont il pense qu’elle est pour une énième fois, une ré-initiation avortée tant les dés sont pipés quant à l’issue probable : le risque de la légitimation d’une succession dynastique qui mettra le pays à feu et à sang.
SenePlus lui ouvre ses colonnes permettant que soient partagés de larges extraits de « Mon pays de merde » que j’adore avant la parution de l’essai-conversations à la rentrée d’octobre 2022.
Dans cette partie, Koulsy Lamko appelle à un renversement total du système hérité de la colonisation au profit d'un nouveau modèle de vivre-ensemble.
ARS : Je suis du même avis que vous. Ce que n’ont pas compris certains vieux marxistes de ma famille politique, c’est que le capitalisme n’est pas une « taie d’eau morte » comme dirait Césaire, une donne immobile, uni-pièce, et aisée à circonscrire. Il est évolutif dans ses stratégies et méthodes de spoliation, varie, s’adapte, se construit, feint de reculer, mais toujours se fortifie avec comme mire inaliénable : le profit. Il ne se loge pas dans un domaine fixe, cloîtré ; il éclate les cadres, grossit ses dividendes, ne s’embarrasse pas de la dynamique de la scissiparité, s’adapte aux milieux hostiles, adopte tous les discours mielleux du serpent Kaa, du Livre de la jungle de Rudyard Kipling. Et pour redorer son blason lorsqu’il le sent terne, mue et mute. C’est un virus mutant en perpétuelle transformation avec ses séquences multiples qui s’ajoutent les unes aux autres : un véritable système mouvant.
KL : Seuls les peuples organisés se décolonisent ! Il suffit d’ailleurs de tendre l’oreille vers d’autres cieux pour se rendre compte que dans ces mêmes pays de monarchie constitutionnelle ou de démocratie libérale déguisée en République, l’oligarchie mondialiste mise à part, plus personne, ne veut plus de ces formes de gestion déconcentrée où des représentants continuent d’être un alibi pour le maintien d’un soi-disant équilibre entre l’exécutif, le judiciaire et le législatif. Plus personne n’est dupe. Partout, comme rempart au capitalisme mondialiste qui mue, mute et fabrique ses variants ; partout comme rempart au crime organisé, à l’extractionisme, à la détérioration environnementale accélérée, à l’exploitation abusive des biens communs de la nature, se lève une immense clameur qui dit que les peuples veulent prendre leur propre destin en main. Contre l’offensive néolibérale qui les émascule, les populations essaient de créer une dynamique qui s’appuie sur des structures territoriales à dimension humaine où la gestion facilite une démocratie directe, et l’exercice d’un droit de regard et de décision sur l’application des ressources.
ARS : L’on vous dira que ce sera hasardeux et qu’il faut juste appliquer une gestion saine des finances de l’État, une répartition équitable des ressources… un peu d’éthique pour réguler le social…
KL : Le mythe de la bonne gouvernance, belle invention néolibérale ! On n’en sait quelque chose quant au déploiement des programmes d’ajustements structurels et la perfidie de la suprématie du marché et de l’économie sur le politique.
Au fait, qu’est-ce qui oblige à garder en l’état un territoire immense mal structuré et qui pendant des décennies ne nous pose que des problèmes de gestion ? En quoi d’avoir gardé l’État unitaire colonial nous a-t-il rendu plus forts, plus heureux ? En quoi, pour avoir accordé à ce type d’État, le bénéfice du doute depuis tant d’années en a-t-il fait un État meilleur dans lequel les communautés vivent en paix, ont suffisamment de quoi manger, se vêtir, s’instruire, vivre libre et solidaire ? En quoi l’État unitaire a-t-il promu l’éducation, la santé, l’agriculture, l’élevage, l’autonomie alimentaire ? L’industrie ? En quoi a-t-il empêché les guerres, les violences politique et symbolique, les assassinats, les clivages ethniques et religieux, la prédation, la corruption, le clientélisme ? Qu’en attendons-nous encore si pendant 60 ans, le berger, la bergère continue d’aller chercher le puits au bétail à des dizaines de kilomètres ? Qu’en attendons-nous encore si le paysan après 60 années de Tchad, continue de cultiver sa parcelle à la houe du début de la révolution néolithique, sous 40 degrés sous le soleil ? Qu’en attendons-nous si les étudiants sont obligés d’aller partout au Cameroun, au Soudan, au Burkina Faso, au Bénin, juste pour un premier cycle universitaire ? Qu’en attendons-nous si des millions de jeunes n’ont pas d’emploi, continuent de vivre chez papa maman et n’ont aucune perspective à l’horizon ? Qu’en attendons-nous avec des prédateurs insolents qui capturent tout ce qui leur passe sous le nez, déposent des sommes faramineuses dans les banques et les paradis fiscaux à l’étranger n’investissent même pas dans le pays, le fruit de leurs rapines, cependant qu’ils le destinent à l’acquisition des propriétés mirifiques au Canada, en France, en Egypte, à Dubaï, au Maroc, etc. ?
ARS : Le développement est un processus lent et du temps long.
KL : On a tout essayé : l’État multipartiste jacobin, l’État jacobin à parti unique, l’État jacobin sous la révolution culturelle, l’État d’exception militaire, l’État consensus sous gouvernement d’union nationale, l’État totalitaire policier, l’objet état non identifiable (OENI), l’hybride monarchique militaire républicain, l’état monarchique déconcentré…
ARS: Vous risquez d’être accusé de vouloir diviser le pays…
KL : Diviser le pays ! C’est le cri de ralliement de ceux que Sankara appellerait les hiboux aux yeux gluants ou les crocodiles borgnes ! Ceux qui ont divisé le Tchad, en sapant toutes les dynamiques de construction d’une nation, sont ceux qui ont tué, semé la zizanie depuis des décennies pour voler les biens du peuple… Le Tchad n’a jamais été un pays uni. Il n’a jamais constitué une entité soudée, pour que l’on évoque même sa division ! En quoi donc le diviserais-je, moi, si jamais il n’avait été uni que de façade ?
ARS : Vous manquez d’objectivité, non. Une nation est en route malgré tout, fragile sans doute, et donc à consolider dans sa gestation. C’est ce que je me borne à vous répéter…
KL : Ceux qui croient que les autres doivent subir de manière éternelle leurs bottes de conquérants ou de gouverneurs de colonies, sont ceux-là qui ont divisé le Tchad, si tant est qu’il ait été un jour uni ! Des individus, de groupes d’individus ont essaimé les régions, du nord au sud, de l’est à l’ouest, semé la désolation dans les familles, pillé, brulé les cases. Qu’attendent-ils sinon que des cœurs meurtris nourrissent la colère et parfois le désir de vengeance ! Croit-on qu’il suffira d’organiser, à la sauvette, quelques jours de prise de paroles hypocrites pour apaiser les cœurs ? Croit-on qu’il soit normal que des gens qui ont assassiné en masse, commis de crimes économiques, doivent demeurer impunis ? Croit-on qu’il suffira de distribuer des liasses de billets à gauche, à droite, pour acheter des consciences et espérer de ce commerce vilain et honteux l’amnésie sur les crimes économiques ? Au Tchad, ce sont de millions de cœurs qui sont divisés ; et profondément déchirés alors. Soyons réalistes ! Même la capitale du pays dans laquelle l’on devrait espérer tous se fondre n’est qu’un agrégat géographique de tribus et clans, de familles regroupées sous diverses bannières. Je n’ai aucun jugement de valeur à ce propos de la grégarité. Cependant, je constate simplement qu’il y a un mal profond du vivre ensemble pour le moment et que les fractures communautaires sont légion, et fidélisées topographiquement par une archipélisation outrancière avec ces saraland, zaghawaland, boulalaland, kabalailand…
ARS : Et si la solution se trouvait dans la décentralisation ?
KL : Vous voulez dire la gouvernalisation ? Ici c’est encore la question clef qu’il faut agiter : de quelle légitimité se prévaut l’individu parachuté depuis la capitale et qui impose ses désidératas ou ceux de son administration sans prendre en compte le consentement des populations qu’il oblige ou contraint ?
ARS : C’est vrai que ceux qui racontent les débuts du Frolinat de Goukouny Weddeye révèlent l’incongruité de la situation entre administrés-administrateurs avec une asymétrie dans la perception et l’interprétation du pouvoir d’état au regard des codes culturels. Dans ce cas-là, tout manquement de l’administrateur de Tombalbaye parachuté devient sévices, violation de droits culturels et humains. On se retrouve en plein capharnaüm des frontières du sens, un type de distopie identitaire collectif partagé.
KL : La décentralisation serait encore tout simplement la forme et la structure rêvée pour une meilleure répartition de prébendes entre caciques mandatés par le pouvoir central, contre la volonté des peuples. Cela dit, vous ne faites pas remarquer que ceux qui ont organisé la Conférence Nationale Souveraine en 1993 qui déjà prônait la décentralisation, sont les mêmes qui en ont sabordé les résultats immédiatement… Et au lieu de l’alternance démocratique, ils ont fait des pieds et des mains pour conserver le pouvoir pendant presque 30 années plus tard. Que décentralise-t-on dans un cadre où la volonté de vivre ensemble est mise à rude épreuve par une classe politique qui zigzague constamment et des guérilleros qui vivent de la rente politique ou des généraux propriétaires de ranchs ambulants qui n’investissent en rien dans leurs bétails transhumants et les font paitre au détriment de l’écosystème environnemental. Il faut remettre le pouvoir, tout le pouvoir au peuple !
Le fédéralisme n’est en rien lié à l’ethnicisme communautariste ou à l’appartenance tribale ou géographique primordiale du citoyen. Il s’agit de territoires et de gestion du terroir par les populations qui l’habitent hic et nunc. Dans le cadre d’États fédérés, chaque citoyen aura le choix de s’installer où cela lui conviendra. Celui qui voudra ne pas vivre dans un État en perpétuel guerre et violence s’installera là où les lois le permettront. Que ceux qui sont allergiques à la bière de mil et ne peuvent pas en sentir le drèche, choisissent de vivre là où on ne la fabrique pas. Celui qui souhaitera vivre dans un État où le port des armes est permis, le vol culturellement magnifié par la bravoure qui s’en dégage, pourra aussi s’organiser pour piller comme bon lui semble, si les lois le lui permettent. Que ceux qui veulent vivre sous la loi des États fédérés qui promulgueront la diya islamique aient la liberté de le faire. C’est aussi cela la liberté du citoyen de vivre la plénitude de sa volonté. Le territoire est suffisamment vaste pour que l’on y créé toute la diversité nécessaire aux désidératas des uns et des autres.
ARS : Et pourtant un état unitaire… garantirait mieux la sécurité de tous.
KL : Ah, ce mythe de l’État unitaire ! On sait désormais comment il fonctionne. Pourquoi refuse-t-on l’alternance à la tête de l’État et le renouvellement de la classe politique, sinon parce que le pouvoir d’État représente et est ainsi conçu, comme une rente, le lieu trouble à partir duquel l’on va s’enrichir. Pas comme l’espace du service à la collectivité. Les gouvernements et les peuples ont fini par se faire à l’idée et s’y complaisent. Former un gouvernement devient un jeu d’équilibriste : assouvir l’aspiration des différentes communautés tribales à se voir représenter par l’un des leurs au gouvernement, cela pour se sentir participant à l’ensemble. On essaie de rechercher l’équilibre par la logique ethnique ou régionale : la géo-logique ethnologique d’équilibristes ! Et c’est le clan au pouvoir qui détermine et orchestre le mouvement d’ensemble en actionnant le jeu de quille par des décrets. Il en a le contrôle de l’équilibre pourvu qu’il en soit le noyau et fasse tourner tout autour de lui, les électrons. Ceux-ci sont des représentants d’ethnies ou sont, fils ou fille de… papas ayant eu un mot à dire un jour sur la politique tchadienne depuis l’indépendance. La dynamique dynastique est à plusieurs volets, la mille-feuille spéciale ! Et le peuple d’avance soumis à la loi grégaire d’appartenance, en écoutant la liste des membres du gouvernement, veut entendre un nom bien de chez lui, de son terroir d’appartenance ethnique… Peu importe que l’heureux élu n’ait pas les compétences requises pour l’emploi. Peu importe qu’il n’ait suivi aucune formation qui lui permettrait de comprendre les dossiers qui lui seront présentés et dont il devra apprécier la qualité. Peu importe qu’il n’ait présenté de projet préalable ou qu’il ait fait ses preuves dans d’autres institutions qui auraient prouvé ses capacités de gestion d’équipe et ressources humaines… L’heureux élu répond à l’appel y vient pour juste avoir le temps de voler de l’argent public par un détournement de projets ou de biens public impliquant les biens meubles et matériels administratifs du parc mobile. Il n’aura échappé à personne que nous reproduisons l’état colonial non seulement dans ses structures, mais aussi dans la manière dont nous les désignons et les envisageons.
ARS : C’est votre mythe obsédant on dirait, vous y faites une fixation.
KL : Pédagogie oblige. Le colonisateur appelait gouverneurs, ceux qu’il envoyait et dont la mission était de : « gouverner au nom de l'État alors situé en métropole, la distance leur accordant alors de très larges prérogatives. » Dans le cadre de l’État jacobin, même décentralisé, parce que le gouverneur est nommé par le chef de l’État, il ne rend compte qu’à sa hiérarchie, à l’autorité supérieure centrale qui l’a désigné. Et non au peuple puisqu’il n’a pas été élu par lui. Et parce que les distances sont grandes, la tentation est là toute prête de reproduire le schéma colonial du rentier à larges prérogatives sur ses prébendes. C’est classique. Rien de nouveau. C’est de métamorphose dont nous avons besoin, une rupture totale de système. C’est que la puissance de renouvellement générée par tant de douleurs de sang et d’impasse, de faim du corps de la soif de justice et de volonté de vivre, éclose la chrysalide pour que le papillon naisse et se déploie en adulte. Hélas, je crains fort que nous n’en soyons qu’à l’étape larvaire nymphale.
Ce n’est pas d’équilibre dont on a besoin, mais de bascule complète, c’est que soit dégagée toute cette classe politique incompétente d’obligés et d’affidés, de fils et fille à papa; classe vieillie, sans initiative créative, sans passion pour le service au peuple, classe oligarchie clanique et comparses et affidés, instrumentalisée par des parrains étrangers et qui s’arroge tous les pouvoirs et qui pour conserver ses prérogatives et prébendes travaille à maintenir les relations d’interdépendance et de complicité afin de faciliter la déprédation au profit des puissances de l’armement néocoloniales. Il faudra une réflexion profonde pour non seulement changer le leadership qui a failli pendant autant de décennies ; mais aussi inventer de nouvelles institutions jamais encore expérimentées pour aller de l’avant. L’exigence d’une certaine rationalité dans la perception de la vie présente et la vision que l’on se prescrit…
ARS : La vie des hommes, de tout temps est faite de rapports de force. L’être humain a toujours été un conquérant et lorsqu’il a pu marcher pour coloniser des terres où trouver sa pitance, il s’est organisé pour s’y lancer. Bien d’anti-fédéralistes brandissent la menace de la guerre civile.
KL : Normal c’est le seul jeu dont certaines personnes réfractaires au changement et sans arguments se sont familiarisées aux règles : le discours de la violence et de l’inertie. Faire peur aux millions de citoyens, faire trembler ses millions de compatriotes, parce que l’on a constitué une armée clanique, jeté par la fenêtre tous les deniers publics pour l’achat d’armes aux marchands de canons dont on s’est fixé la fidélité et la protection ! Sankara disait à juste titre dans son Discours d’Addis Abeba en 1987 qu’un pays africain qui achète des armes ne peut l’avoir fait que contre un autre pays africain. Quel pays africain ici peut s’armer pour se protéger de la bombe nucléaire ? Aucun pays n’est capable de le faire. Des plus équipés aux moins équipés. Chaque fois qu’un pays africain achète une arme c’est contre un Africain. Ce n’est pas contre un Européen. Ce n’est pas contre un pays asiatique. »
L’on ne construit rien de pérenne en maniant le fouet et la frayeur, en brandissant à tout vent, le spectre d’une guerre civile. C’est cela la colonisation du peuple par l’État militariste. Et l’on voudrait promouvoir le vivre ensemble, quand paradoxalement l’on écrase la population à laquelle l’on impose toutes sortes de violences, en créant constamment des alibis et des boucs émissaires. Comment veut-on que le désir du partage des espaces de vie ne prenne-t-il pas du plomb dans l’aile ? Lorsqu’un peuple connait autant de douleurs au point que les services publics doivent organiser des séances de thé pour que les gens manifestent le vivre ensemble c’est que la douleur est abyssale. La question centrale ici c’est qu’est-ce que ceux qui veulent gérer un pays de seize millions d’âmes proposent comme projet politique, programme, vision et vers quel horizon, ceux qui se proposent de gouverner veulent entrainer le peuple ? Et aussi si cet horizon envisagé est largement souhaité par le peuple… On ne peut trouver de sens du vivre ensemble que pour une rationalité collective. En dehors de ces aspects-là, tout est colonisation !
ARS : Le fédéralisme est-il donc la solution pour le Tchad ?
KL : Vous, dites-moi comment sortir autrement du cercle vicieux dans lequel s’est enfermé le pays depuis six décennies ! Parce que pour moi, nous devons inventer nos modèles, un autre modèle que celui de l’État unitaire jacobin décentralisé ou déconcentré dans tous les cas, un modèle désirable et viable, et, décider de le nommer comme nous le souhaitons, pourvu que nous nous accordions sur les attributions des rôles et les mécanismes de gestion.
Nous avons vécu pendant 60 années, un déficit chronique d’imagination pragmatique. Du personnel politique, personne ne veut courir le risque d’oser inventer l’avenir, et qui nous arracherait à cette espèce de fatalisme béat, cette ankylose mortifère et destructrice à la longue.
ARS ; La tétanie, nous l’avons tous en partage et ce sera l’une des réussites du système ultra libéral. Raidir les peuples comme la pluie et le froid raidissent les fourmis rouges sur le tronc de l’arbre. Tant que l’on n’aura pas compris que l’état-nation de type jacobin, héritier du système westphalien, comme dirait Bertrand Badie, a été imposé pour freiner la seconde phase du panafricaniste qui aura été après la libération, celle de la construction de l’état panafricain fédéral, multinational, multiculturel l’on continuera à naviguer dans le gris douteux.
KL : Les jeunes qui font l’apprentissage violent de la précarité et qui se prennent en ce moment à la figure la barre de la désespérance comme un boomerang lancé par leurs parents, sont ceux qui doivent décider de ce qu’ils veulent pour leur avenir. A un moment donné, il faut être conséquent c’est-à-dire choisir entre la continuité désastreuse puisqu’éprouvée ou le changement ou l’inconnu peut permettre d’inventer une sortie vertueuse. Un rapport de force s’installe depuis l’arrivée des Transformateurs sur la scène politique nationale. Des partis fédéralistes, des plates-formes, s’affirment. Cela signifie l’irruption d’une certaine frange de la population longtemps écartée de la gestion de son destin et qui revendique son droit à l’existence, à l’exercice de la parole et à la prise a en main de son destin. Ce qui irrite un certain nombre de vieux routiniers de la politique politicienne qui, au lieu de faire leur mea culpa pour incompétence notoire et de disparaitre à jamais dans les oubliettes de l’histoire, au contraire, ruent dans les brancards et se hâtent de fixer l’âge minimum pour l’accès à la fonction suprême. Ces attardés de l’histoire, crient aux gémonies et au jeunisme immature dès qu’ils se sentent trembler sur leurs strapontins déséquilibrés. Il faut arrêter avec ces considérations de vieux papa donneur de leçon, cette espèce d’adultocratie endémique digne d’un autre âge. Dans un monde sans repères, il n’y a plus que les jeunes qui ont les outils de l’imagination parce qu’ils peuvent et savent les créer, les adapter aux circonstances. Eux, connaissent la mobilité du monde, des représentations et les réponses à apporter. Et puis, il s’agit de leur avenir, le leur, non plus celui d’une classe politique scotchée á la case « échec flagrant » qui a démontré ses limites en se vautrant dans le compromis et la compromission. Il faut sortir le pays de l’ornière politique dans laquelle le chaos protéiforme l’a plongé.
ARS : Vous voilà revenu à vos envolées lyriques et autres mouvements anaphoriques. Vous semblez plutôt dire un credo, traduire un acte de foi.
KL : Que veut la jeunesse ? Un emploi qui puisse permettre d’envisager un projet de vie, un toit décent où abriter sa famille, des produits alimentaires accessibles, de l’eau saine, de l’énergie pour créer la technologie, un service de santé acceptable, des espaces d’expression de ses talents culturels et scientifiques, un horizon clair dans lequel elle pourra se projeter sous le regard bienveillant des anciens. Et quand je parle des jeunes, je ne me limite pas à ceux à qui l’on a octroyé à la sauvette un diplôme ou qui se sont livrés à la débrouille sur les pistes de Maroua au Cameroun ou Porto-Novo au Bénin et à qui on promet quelques centaines d’emplois en s’égosillant, comme si c’était une prouesse que de faire miroiter des emplois à quelques cinq mille jeunes formés hâtivement à HEC ! Au Tchad, il a plus de cinq millions de jeunes en quête d’espaces viables pour travailler, offrir leurs bras et leur intelligence dans des chantiers de l’immobilier, la construction des routes, dans les usines de transformation agroalimentaires, les plantations agricoles modernes, les fermes pastorales modernes, les bassins de piscicultures, les ateliers de forge et de menuiserie modernes, des marchés de l’artisanat, des orchestres, les théâtres et autres ensembles artistiques, les entreprises de transport, les agences de tourismes, les laboratoires de recherche, des classes d’école, collèges, lycées et universités, les maternités, les hôpitaux, les agences de communication et de tourisme, les banques de développement… et aussi dans la création des emplois. Et ceux-là pour la plupart n’ont pas eu le « loisir » d’aller à l’école de Jules Ferry et qui mériteraient, parce qu’ils en ont eux aussi le droit, qu’on les forme à l’usage des technologies modernes, qu’on les forme à la serrurerie, a la plomberie, à la menuiserie, l’agroforesterie, l’artisanerie, la tannerie et ses produits dérivés. Ce que l’on demande à un gouvernement c’est de créer les conditions de l’apprentissage et d’une certaine modernité. Et non de rabrouer les jeunes ou de les gazer. L’absurde c’est quand un ministre septuagénaire, vante sa propre longévité aux affaires, en tire les raisons d’un know-how et d’une sagesse qui l’autorise à sévir, intimide un jeune responsable de mouvement politique, se plaint de ce que le jeune « immature » soit pressé d’arriver… Il en oublie que pendant que lui a stationné pendant trente ans devant la ruche d’où coule le miel dont il se délecte et se goinfre, le temps, lui, ne s’est pas arrêté. Et que pour qu’il y ait de l’emploi pour les jeunes, qui ont l’âge de ses fils, il faudra bien qu’il parte à la retraite, qu’il dégage !
Bien sûr qu’un modèle d’agglomération de populations pour constituer un territoire économiquement et culturellement viable, appelez-le fédéralisme par défaut, comme l’on veut qui permette qu’enfin ce que Merlot Ponty désigne par « le pouvoir des sans pouvoir » s’actualise, prenne corps, reviennent au peuple que le pouvoir populaire dé privatise les prérogatives de l’élite, renverse la hiérarchie des valeurs de production, dés-administre les galimatias de l’homo administratus imbibé d’eurocentrisme et qu’ils se dissolvent dans une gestion horizontale des rapports inter groupes sociaux, que les mots mobilisant soient plutôt l’explicitation des solutions pratiques à des problèmes de vie, de survie, d’organisation ; solutions proposées, débattues, discutées, amendées par des assemblées populaires de villes, de quartiers ou villages et dont l’application ne découlent que de l’acceptation populaire. Tout cela dans une relation d’échanges productifs, de dialogue permanent, de critique et d’autocritique. Les luttes pour l’horizon du bonheur, se mèneraient alors toutes ensemble et de front. Elles s’incarneraient dans les domaines suivants: le refus du colonialisme despotique et autocratique local, le refus du néocolonialisme d’une élite soi-disant, le refus du féodalisme rampant; la promotion de la lutte contre la corruption, la moralisation de la chose publique; la mise en place d’une économie centrée sur l’autosuffisance, le contrôle et la gestion des moyens de production par les forces productives elles-mêmes ; la jouissance qu’apporterait la valorisation du monde rural; de l’élevage et de la paysannerie, la réhabilitation de la femme dans son rôle moteur de l’émancipation collective; la démocratisation de l’éducation scolaire et de la santé; la mobilisation de l’armée et des forces de sécurité pour le service au peuple, l’exécution des tâches de production d’intérêt commun et de sécurité ; la lutte contre la désertification ; la promotion des méthodes de préservation de l’environnement, l’interrogation critique des valeurs de culture ; la réhabilitation des valeurs de références …
ARS : C’est ce que vous essayez de désigner par le modèle d’agglomération de communautés ! Avec Le communautarisme, vous roulez à tombeau droit à la catastrophe, dans l’abîme !
KL : Non ! Je ne prêche pas la ghettoïsation. Je ne parle pas de repli identitaire, c’est le mot à la mode, je sais. Je promeus un modèle qui facilitera la viabilité d’un territoire physique et de pensée et du corps de la parole partagée solidairement et permettra d’appliquer le principe de la communalité et que l’on pourra appeler le communalisme si l’on veut.
ARS : Il faudra bien que vous l’explicitiez, à un moment ou l’autre de notre conversation. Je n’en vois pas encore distinctement les contours.
KL : Bien sûr qu’un modèle d’agglomération de populations, appelons-le comme l’on veut… fédéralisme par défaut, permettra de retrouver la jouissance du vivre ensemble, de l’interdépendance et du sens collectif de la solidarité… Nous avons besoin d’un réarmement éthique. L’individualisme, le narcissisme, le nihilisme ont pénétré toutes nos fibres et détruisent toutes nos valeurs. Nous pourrions retrouver pour ce faire, ce que d’aucuns appellent l’Ubuntu, une didactique de la pratique communautaire de l’interrelation et de l’interdépendance, cette sagesse, cette philosophie de la vie qui considère que le soi est moi parce que les autres le sont. Je n’existe que parce que le reste du monde me sculpte ; « mon corps est fait du bruit des autres ». L’individu n’est rien sans communauté et vice versa ; ce qui impose par conséquent à tout individu des devoirs et des responsabilités devant la communauté… et le rend mécaniquement éligible dans tout processus de jouissance d’entraide, de solidarité et de justice au sein de sa communauté. J’existe parce que j’ai des droits et des devoirs. Je ne suis pas du même avis que toi. Mais comprenons-nous les uns les autres pour que nos opinions coexistent et nous obligent à créer, à inventer ce qui surgirait en dépassant nos contradictions.
ARS : Je vous suis. C’est cette même philosophie qui impose la vision holistique du monde, considère la globosphère avec toutes ses composantes et attribue à chacune une importance remarquable dans la constitution de l’ensemble et qui nous raconterait à nouveau notre dépendance par rapport à la terre, à l’eau, au feu et à l’air, ces éléments primordiaux et notre respect pour les règnes animal, végétal, minéral, qui font partie d’un tout harmonieux et conditionnent l’équilibre primordial.
KL : Bien sûr qu’un modèle d’agglomération de populations appelons-le comme l’on veut… fédéralisme par défaut, garantirait le refus de bradage des terres pour des champs de roses ou de blé saoudien, le refus d’exploitation éhontée de minerais si elles devaient se mener au détriment du bonheur du peuple… Seuls les peuples conscients de l’importance de leur patrimoine commun peuvent le défendre ensemble. Et pour cela, il faut apprendre ensemble à identifier les vrais ennemis.
ARS : J’en veux pour preuve ce que dit Jean Louis Borloo, ancien Ministre français de l’Economie et des finances : « Et tout le monde s’en rend compte! D’abord les liens avec l’Afrique, même inconscients, restent forts. Ensuite, on ne peut plus éviter le sujet. Pas besoin d’avoir fait des années d’études pour comprendre que, si l’Afrique ne se développe pas, les mouvements migratoires vont évidemment se poursuivre et s’intensifier. Ce n’est pas des centaines de milliers, mais des dizaines de millions de personnes qui voudront aller vers la lumière. Et si l’Afrique se développe, le marché au bout de la rue, avec ses 2 milliards de personnes, pourrait bien remplir les carnets de commandes de nos entreprises. Les grands dirigeants économiques français, ceux dont le métier consiste à définir des visions stratégiques, ont identifié un nid de croissance en Afrique. L’avenir de la France se joue en l’Afrique.»