La vidéo, devenue virale, de pas de danse de la Première dame, Marème Sall, a occasionné une cascade de réactions. Quand certains ont salué le geste décomplexé et la posture familière voire triviale, d’autres se sont indignés d’une conduite qui ne collerait pas au statut de la personne concernée. Cette polémique, comme beaucoup d’autres dans notre pays, a le mérite de mettre en exergue le conflit profond que nous traînons avec nos attraits culturels, notre estime de notre patrimoine social et de notre folklore, notre obsession à nous haïr. Ce rejet, voire cette haine de soi, est d’autant plus frappant quand ce sont des gens de tout là-haut, une élite qui nous renvoie des aspects de notre culture que certains ne sauraient voir.
Il faut se le dire, nous suintons la haine de soi. Dans les logiques individuelles comme dans les pratiques d’ensemble, nous avons du mal à nous accepter dans toutes les facettes de notre culture. L’occupation nous a-t-elle autant éprouvés que nous ne nourrissions aucune compassion envers nous-mêmes ? Pourquoi devrions-nous avoir honte de nous célébrer dans nos propres codes, d’exulter au rythme de nos tambours ? Pourquoi voudrait-on, par convenance complexée, avilir les artifices de notre culture et nous aseptiser dans un syncrétisme fait de faux rigorisme religieux et d’un désir d’occidentalisation non assumé ? Fanon se régalerait à étudier les peaux noires vêtues de masques caméléon du Sénégal.
S’indigner de pas de danse et de scènes festives auxquels tout Sénégalais sera exposé, au moins une fois dans sa vie, relève d’un profond mal-être avec nos consciences. L’infamie sera poussée jusqu’à reprocher à une Africaine de «danser comme une Africaine», avec toute la charge d’exotisme que renferme un tel propos. J’oubliais qu’on est au pays où on s’invective sur la pigmentation de la peau !
Tout est de trop pour nous et nous parvenons très difficilement à nous sublimer. Il n’y a qu’à voir la propension qu’on a à chercher à déconstruire toute réussite de compatriotes ou tout fait d’armes honorable à leur compte pour avoir une mesure du mal. Le sociothérapeute, Charles Rojman, commente une facette de la haine de soi comme une inversion du «mépris que l’on a de soi contre ceux qui réussissent et que l’on envie sans pouvoir l’admettre». L’image qu’on affirme mépriser ou réfuter n’est qu’une partie de ce que nous sommes. Disqualifier nos expressions culturelles ou les estampiller d’un cachet gênant aurait sens, si nous étions fiers un temps soit peu de nos us et coutumes. On reproche à nos élites de se garder trop distantes, si les voir vivre, s’amuser et faire comme nous peut révulser, ce n’est pas demain que nous nous ferons respecter par d’autres.
Un ami me soulignait au détour d’une conversation sur la facilité que nous avons à jeter l’opprobre sur nos compatriotes, que le Sénégalais aime se détester et que ce qu’il déteste le plus est ce qui lui rappelle ce qu’il est. Marème Sall n’est que le miroir grossissant, du fait du piédestal de Première dame dont elle jouit, de ce que sont nos épouses, sœurs et mères. Leur nier leur identité, l’expression de leur culture et leur épanouissement dans ce qu’elles sont, traduit notre incapacité à nous accepter comme nous sommes et à endosser notre culture à sa juste valeur. Ce ne sera pas néanmoins la première fois que ce pays écrase ses femmes. Les femmes sénégalaises sont là pour rester dans notre Palais, après avoir été longtemps à la marge. Les indignés devront s’y faire.
Jacques Chirac se plaisait à dire que son épouse, Bernadette, est un homme politique. Il peut en être dit autant de la Première dame du Sénégal, si sa participation à des festivités familiales épousant tous les contours de nos foyers crée un tel torrent de salives. Dommage qu’en la stigmatisant, nos censeurs mettent à nu toute la haine qu’ils ont d’eux-mêmes et de toute leur culture. On ne saurait imaginer leur état d’indignation en cette période d’hivernage fait de lël, de kassak ou de cérémonies du bois sacré, puisque notre culture est «vulgaire» à leurs yeux.
CRIMINALISATION DU VIOL, LA DIFFICILE APPLICATION DE LA LOI
Plus de deux ans après sa promulgation, la loi criminalisant le viol et la pédophilie reste encore trop peu appliquée, dénoncent des militantes féministes
Depuis sa promulgation en janvier 2020, l’application de la loi sur la criminalisation du viol pose toujours problème. L’affaire Adji Sarr impliquant Ousmane Sonko qui vient de déclarer sa candidature pour la Présidentielle de 2024 en est une parfaite illustration.
Le 10 janvier 2020, le Président Macky Sall a officiellement promulgué la loi n° 2020-05 criminalisant le viol et la pédophilie à l’occasion d'un dialogue au palais présidentiel, en présence de toutes les parties prenantes œuvrant pour mettre fin aux violences basées sur le genre, notamment les associations de la société civile et les agences des Nations unies. Initialement votée le 30 décembre 2019 par l’Assemblée nationale à l’issue d’un vote à l’unanimité et par acclamation, cette loi augmente la sévérité des peines encourues par les auteurs de viol et de pédophilie.
Plus de deux ans après sa promulgation, la loi criminalisant le viol et la pédophilie reste encore trop peu appliquée, dénoncent des militantes féministes. Avec cette nouvelle loi criminalisant le viol et la pédophilie, le législateur a pris l’option de corser tout simplement les peines. Parce qu’il fallait aggraver les sanctions relatives aux actes de viol et de pédophilie. Quand il s’est agi de procéder à la criminalisation, il ne pouvait pas le faire sans modifier les peines appliquées à ces infractions. Et la première modification, c’est la nature de la peine. Par exemple, on parlait d’emprisonnement pour les délits et des travaux forcés pour les crimes. Maintenant, on parle de réclusion criminelle qui peut aller jusqu’à la perpétuité. Et pour les peines criminelles, il y a également des échelles de peines. Ce sont des peines de 5 à 10 ans ; de 10 à 20 ans et la réclusion criminelle. Alors que les délits se limitent à des peines limitées au maximum à 10 ans. C’est pourquoi il fallait relever le quantum des peines et changer leur nature.
Pour la dégradation civique, c’est juste une perte de certains droits. Et ce n’est pas le tribunal qui le dit. Et ladite juridiction n’a pas besoin de le dire. Il suffit juste que la personne soit condamnée à des peines criminelles pour que celle-ci perde certains de ces droits-là. Il s’agit, entre autres, des droits d’être électeur, d’être éligible, d’être témoin ou expert dans un procès et autres, d’être tuteur d’une famille. Tous, des droits que la personne condamnée perd automatiquement. Et pour les recouvrer, ce qu’on appelle la réhabilitation, il faut que la personne fasse en principe la demande 5 ans après avoir été libérée de la peine à laquelle celle-ci a été condamnée. Et tant que cette personne n’est pas réhabilitée, elle ne pourrait et ne devrait pas pouvoir voter ni être éligible à une élection.
Avec la déclaration de candidature de Ousmane Sonko pour la Présidentielle de 2024, la question de l’applicabilité de la loi sur le viol revient sur la table. Car depuis février 2021, l’affaire Adji Sarr n’est toujours pas vidée par la justice. Le scandale auquel était mêlé le leader du Pastef était rapidement politisé, provoquant des manifestations violentes et meurtrières à travers le pays. La Justice a dû reculer. Une chance que n’a pas eu Sitor Ndour dont le dossier a été évacuée avec une célérité suspecte. Pourquoi un deux poids, deux mesures ?
Réagissant sur le traitement des cas de viols devant la justice, Nafi Seck, coordinatrice des boutiques de droit de l’Association des juristes du Sénégal (AJS), avait indiqué : « Sur ces 270 cas, nous n’avons encore reçu aucune décision sous le coup de la nouvelle loi. Nous ne savons pas si l’instruction continue, si le dossier sera classé sans suite ou si les accusations de viol seront requalifiées en détournement de mineur ou de pédophilie », soulignant aussi la lenteur de la prise en charge des dossiers, qui nécessite une enquête plus approfondie depuis que le viol a été criminalisé, « alors qu’avant, ce n’était qu’une simple procédure de flagrant délit ». Il faut également rappeler que face à la pression sociale, de nombreuses femmes se désistent au cours de la procédure judiciaire. « Souvent, le violeur fait partie du cercle proche et des arrangements sont trouvés. Certaines femmes ne sont pas prises au sérieux et sont culpabilisées par les forces de défense et de sécurité.
Pourquoi Sitor et pas Sonko ?
Le temps de la justice n’est pas le temps de la politique. En France, on peut dire que c’est le cas. Quand François Fillon le favori de la Présidentielle 2017 a été inculpé à quelques jours des élections, personne n’a accusé les juges d’avoir un agenda politique. Au Sénégal, le doute est permis, car dans l’affaire Sonko, il est évident que les juges ont tenu compte du calendrier électoral, parce que certains politiques ont des privilèges de juridictions. Il y a aussi deux poids deux mesures entre les politiques et les citoyens ordinaires, mais aussi entre les politiques eux-mêmes. En termes simples, pourquoi les juges ontils été diligents dans l’affaire Sitor Ndour prestement envoyé en prison et pourquoi traînentils les pieds avec Sonko-Adji Sarr depuis plus d’un an ? Etre opposant et politiser son dossier a été la défense efficace pour le chef de l’opposition. Sitor Ndour, ami du président de la République, qui a été son chef de cabinet à la Primature avant d’être Directeur général du Coud, n’a pas eu le privilège de juridiction ou comme disent les wolofs «Coumba am ndey ak Coumba amul ndey ».
Pour les mêmes accusations, Sitor Ndour, l’ami du Président, croupit à Rebeuss alors qu’Ousmane Sonko nargue les juges en déclarant sa candidature en 2024 pour se créer une nouvelle immunité politique après avoir perdu son immunité parlementaire. Etant donné qu’être politique, c’est s’octroyer une zone de non-droit, pourquoi Khalifa Sall et Karim Wade ne demanderaient-ils pas l’amnistie ? Mamadou Dia, Abdoulaye Wade, Karim Wade, Khalifa Sall, Idrissa Seck ont eu à passer devant les juges, mais souvent pour des raisons politiques. Sonko est le premier homme politique de cette envergure à y être convoqué pour une affaire de mœurs. Il y va de la crédibilité de la justice que d’éviter le déni de justice dans cette affaire afin de respecter le vieil adage qui dit : « Selon que vous soyez riche ou pauvre, la justice vous rendra blanc ou noir. » Avec les affaires Sonko et Sitor, il n’est pas faux de dire qu’au Sénégal, selon que vous soyez opposant capable de politiser votre dossier, la justice se hâtera ou prendra son temps. N’est ce pas demain samedi 20 août l’Ag annuelle de de l’Ums ?
TÉLÉCOMS, L’ARTP ANNONCE LE TOILETTAGE DES ATTRIBUTIONS DE FRÉQUENCES
Dans le cadre de ses missions de gestion de la fréquence, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a tenu un séminaire de vulgarisation des procédures liées à la gestion des fréquences.
Dans le cadre de ses missions de gestion de la fréquence, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a tenu un séminaire de vulgarisation des procédures liées à la gestion des fréquences. Les participants ont échangé sur la « Vulgarisation des procédures de gestion et d’attribution aux textes réglementaires relatifs aux communications électroniques ». Le développement exponentiel des communications électroniques exige une mise à jour permanente des textes et procédures liés à l’attribution des fréquences pour mieux répondre aux besoins des usagers. Conscient de cela, le patron de l’Artp, Abdoul Ly, invite les utilisateurs à minimiser les risques de pénurie de fréquences qui, selon lui, peuvent nuire au développement des activités. Des recommandations sur les meilleures pratiques de gestion du spectre des fréquences dans le cadre d’un partage dynamique ont été formulées par les acteurs numériques à l’issue de cette rencontre.
Hier, c’est un Abdou Ly, directeur général de l’Artp, épanoui et satisfait de la qualité de service de la structure qu’il dirige qui s’exprimait devant les participants à la rencontre de vulgarisation des procédures liées à la gestion des fréquences. Il dit avoir noté une évolution durant ces dernières années relative à la généralisation et la convergence des applications grand public grâce aux radios communautaires, facilitée par une déspécialisation des infrastructures. Cependant, lui et son équipe veulent aller au-delà. C’est-àdire, mettre à la disposition des acteurs des outils et des plateformes avec des procédures simplifiées. « Ces outils de plateformes sont, à mon avis, la clé de voûte du développement économique et de l’installation durable de l’économie numérique que nous voulons tous. C’est une manière de rappeler notre responsabilité commune et partagée dans cette affaire », a précisé le Dg Abdoul Ly.
Les assurances du Dg de l’Artp !
Le patron de l’Artp s’est réjoui par ailleurs des baisses « importantes » apportées en 2019 sous l’égide du président de la République dans les redevances de fréquences au bénéfice des acteurs. Baisses qui ont impacté positivement les différents secteurs. « Au chapitre des outils, je peux citer Sunucarto, qui permet d’identifier l’emplacement d’antennes radioélectrique et d’obtenir des informations sur les services qu’elles portent. De même, les emplacements donnés, des résultats de mesures de rayonnement non-ionisant (Rni), l’observatoire des fréquences qui permettra de donner plus de visibilité aux parties prenantes et plus de transparence dans l’activité de gestion des fréquences. La dématérialisation des procédures : nous allons démarrer dès la semaine prochaine, la phase de désignation du projet de dématérialisation des procédures de gestion des fréquences » a-t-il annoncé. M Abdoul Ly rassure que l’économie numérique est une des priorités du gouvernement et repose pour beaucoup sur l’utilisation des fréquences. « Celles-ci sont déjà largement occupées par les services existants et la demande de fréquences pour des nouveaux services est toujours en croissance. Il me parait donc nécessaire d’encourager un usage plus intensif de cette ressource rare tout en minimisant le risque de pénurie de fréquences qui peut nuire au développement des activités » précise-t-il.
Pour la préservation du Spectre !
« C’est une invite que je lance aussi bien aux services de l’Artp en charge de la gestion des fréquences qu’aux utilisateurs de cette ressource rare pour rappeler que le spectre est un pilier fondamental de l’économie numérique et de l’innovation. C’est la raison pour laquelle il me semble important de ne pas occulter cette donnée importante au moment de la préparation et de rédiger les conclusions de ce séminaire », a indiqué le directeur de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), M. Abdoul Ly.
Assainir l’utilisation des fréquences !
Face à la prolifération des différentes technologies de réseau sans fil, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) promet de répondre aux besoins des demandeurs mais surtout de réguler l’utilisation des fréquences en récupérant celles utilisables. « A Dakar, on a une prolifération des demandes de fréquences. Dans la zone Fm, il n’y a plus de fréquences disponibles. C’est pourquoi l’Artp avait commis, l’année dernière, une mission d’audit qui avait permis de récupérer l’ensemble des fréquences qui ne sont pas utilisées. Il y avait beaucoup de demandeurs de fréquences à qui on les avait attribuées et qui, par la suite, ne les ont pas utilisées. La fréquence est une ressource rare. Dans d’autres bandes également, les opérateurs ont besoin de fréquences. Ce sont les raisons de cette semaine de vulgarisation. A Dakar dans la bande Fm, on a des problèmes de disponibilité des fréquences » a expliqué le directeur général de l’Autorité de régulations des télécommunications et des postes, Abdoul Ly. Lors de cette rencontre d’échanges, l’Artp a présenté sa plateforme Sunucarto aux acteurs. Il s’agit d’un outil de cartographie de stations radioélectriques implantées au Sénégal et des données de l’observatoire des fréquences.
Droits TV Qatar 2022 : Emedia dénonce les manœuvres de la Rts…
A chaque compétition continentale ou mondiale de football, on assiste à une polémique des médias sur l’acquéreur des droits exclusifs de retransmission de l’évènement. Après le contentieux en 2018 entre le groupe futurs médias et la Rts sur les Droits TV de diffusion de la Coupe du monde de football, cette fois, c’est le groupe Emedia Invest qui dispute l’exclusivité de la retransmission de la Coupe du monde Qatar 2022 avec la télévision publique. Cette dernière a rendu public hier un communiqué de presse indiquant l’acquisition des droits exclusifs de retransmission de la Coupe du monde Qatar 2022 sur tout le territoire sénégalais, sur ses supports TV, Radio et digitaux. Une information aussitôt démentie par le groupe Emedia qui précise avoir déjà acquis les mêmes droits de diffusion et en exclusivité. D’ailleurs, il a commencé à dérouler sa stratégie. C’est dans ce sens que des contenus ont déjà été produits dont certains commençaient à être diffusés. On peut citer entre autres le documentaire sur Aliou Cissé, un film de la CAN 2022. Le clou aura été surtout, renseignent des responsables du groupe, l’accueil, cette semaine, de la star du football mondial le Camerounais Samuel Eto’o, qui a fait le déplacement dans les locaux de la chaine iTV, avec une délégation de Qatar Supreme Committee for Delivery and Legacy, chargée de l’organisation opération du Mondial 2022.
…Et l’invite à monter ses preuves
Restons sur ce contentieux pour dire que cette fois, les manœuvres de la Rts (informée de la perte des droits TV depuis plusieurs semaines) pour tordre la main au groupe Emedia, selon nos informations, risquent d’être vaines. Car le groupe dirigé par Mamoudou Ibra Kane travaille sur ce dossier depuis plus d’un an avant d’aboutir à un accord au mois de mai dernier. D’où la surprise des responsables de Emedia de voir la RTS attendre jusqu’à moins de 100 jours du mondial, pour s’engager dans des manœuvres souterraines faisant croire qu’elle détiendrait un contrat alors qu’un concurrent l’a déjà coiffée au poteau, nous diton. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui, c’est la tendance dans plusieurs pays du monde et même dans notre sous-région, comme en Côte d’Ivoire, où la NCI, une chaîne créée en 2019, a battu la RTI dans la course au Mondial. Nos sources renseignent que les dirigeants du groupe Emedia sont sereins parce qu’ils sont sûrs que le droit est de leur côté et ils continuent de travailler à proposer au public sénégalais une couverture inédite de l’évènement. Alors pour vider le contentieux, que chaque partie sorte les preuves de ses allégations !
La Marine nationale saisit 305 sacs de cuisses de poulets
La Marine nationale a mis hors d’état de nuire une bande de trafiquants de cuisses de poulets. En fait, dans le cadre de la lutte contre les activités illicites en mer, les vedettes Sangomar et Taouay de la Marine nationale ont intercepté le mercredi, à 40 km au large de Mbour, une pirogue transportant 305 sacs contenant chacun 30 kg de cuisses de poulets. Assurément, les trafiquants proviennent de la Gambie où l’importation de cuisses de poulets n’est pas interdite. La Marine a mis à la disposition des Douanes sénégalaises les 04 membres de l’équipage, la pirogue ainsi que la cargaison saisie pour la poursuite des procédures d’enquête.
La Dirpa va sortir un communiqué
Hier face à la presse, le leader de Pastef a déclaré que le président Sall a fait rapatrier des soldats sénégalais du Mali. Enfonçant le clou, il a déclaré qu'ils étaient en mission pour la France et non pour le Sénégal. Une sortie qui a fait grincer des dents au niveau de la grande muette où on s'apprête à sortir un communiqué pour informer le public sur cette mission. C 'est que de plus en plus, beaucoup pensent que Sonko en fait trop en parlant de l'armée avec dédain. Or l'Institution devrait quand même être à l'abri des discours politiciens de tous bords . Dans les grandes démocraties, l'Armée est bien sacrée et c'est à croire que la tunique de commander in chief est très ample pour le président Sonko.
Deux pirogues sénégalaises arraisonnées
Deux pirogues de matricules sénégalaises ont été arraisonnées hier au large de l’océan atlantique par les garde-côtes bissau-guinéens qui ont embarqué leurs capitaines. Ces garde-côtes reprochent aux pêcheurs sénégalais basés au Cap Skirring, dans le département d’Oussouye, de pêcher dans les eaux bissau-guinéennes sans autorisation. «Faux !» rétorquent les pêcheurs qui dénoncent des pratiques récurrentes dans cette zone située vers la frontière avec la République de Guinée Bissau. «Ils ont traversé la frontière et viennent jusque dans les eaux sénégalaises pour kidnapper des pêcheurs sénégalais pour les emmener dans leur pays. Les autres pêcheurs ont réussi à s’échapper pour aller se réfugier à Diembéring. Nous sommes souvent confrontés à ces problèmes avec les garde-côtes bissau guinéens. C’est une situation qui nous exacerbe», fulmine Ismaïla Lô, porte-parole des pêcheurs. Ce dernier regrette les tracasseries dont sont victimes les acteurs de la pêche basés dans le sud du pays au moment où, dit-il, la rareté du produit se fait sentir. M. Lo demande à l’Etat du Sénégal de prendre à bras-le-corps ce problème pour soulager les pêcheurs.
Abdoul Mbaye
Le leader de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (Act) est pour le maintien de l’alliance stratégique de l’opposition. Car, relève Abdoul Mbaye, c’est cette entente élargie de l’opposition qui a gagné après l’échec d’un grand rassemblement tenté. A l’en croire, une bataille a été gagnée, il reste à conquérir et à corriger. Pour gagner la guerre, l’ancien Premier ministre invite les leaders des différents partis de l’inter-coalition Yewwi-Wallu à éviter les batailles de revendication de leadership et de préserver l’unité qui a révélé leur force.
Hausse de la production industrielle de l’or
La production industrielle de l’or au Sénégal a connu une hausse en 2021 par rapport à l’année précédente. Elle est passée de 12,4 tonnes en 2020 à 15,81 tonnes en 2021. Quant à la production artisanale, elle est estimée à environ 05 tonnes par an.
L’Artp retire 74 fréquences
L’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) fait le toilettage de la bande Fm. En séminaire de vulgarisation des procédures liées à la gestion des fréquences radioélectriques, l’Artp a dressé l’état des lieux des fréquences attribuées sur l’étendue du territoire. Elle précise d’emblée que le nombre de fréquences sur la bande Fm est de 525, toutes catégories confondues (associative, commerciale, étrangère et publique). Parmi ces fréquences, seules les 347 sont exploitées. Malgré cela, on note une saturation de la bande FM dans plusieurs localités, notamment à Dakar, Thiès ou encore Saint-Louis. C’est ainsi que par mesures conservatoires, le régulateur a retiré de la bande Fm 74 fréquences attribuées mais non exploitées. Selon le Directeur général de l’Artp, Abdoul Ly, l’organe de régulation entend poursuivre le processus de retrait pour permettre aux demandeurs, créateurs de richesse, de pouvoir bénéficier de fréquences. Cette rencontre de vulgarisation avait pour thème, d’après Dakaractu : « les procédures de gestion et d’attribution des fréquences adaptées aux textes réglementaires relatifs aux communications électroniques».
Le cordonnier voleur
Âgé de 18 ans, Ibrahima G. s'adonne à ses heures perdues au vol et à l'agression. Mais mal lui en a pris, puisqu’il a passé un sale temps aux allées du Centenaire en tentant de voler le téléphone portable d'un cuisinier de profession, O. Fofana. En effet, le cuisinier qui rejoignait son domicile le téléphone accroché à l'oreille, a subitement senti une personne le lui arracher avant de prendre la fuite. Déterminé à récupérer son bien O. Fofana a engagé une course-poursuite contre son voleur avant de rameuter le public. Il s’est ensuivi une course effrénée. Ainsi, Ibrahima G. a été vite interpellé et tabassé par la foule. Il a été remis aux limiers du Groupement mobile d'intervention en service à la Bceao. A leur tour, ces derniers ont mis le voleur à la disposition des limiers de la brigade de recherches de la Police de Médina en patrouille dans le secteur. Conduit au poste de Police du 4e arrondissement où il a été placé en garde à vue, il sera déféré au parquet pour vol commis la nuit.
Par Abdoul Aly KANE
BCEAO, BANQUES ET PME
La CCIAD a consacré l’un de ses « grands débats économiques » à l’accès au financement des Pme et Pmi, avec la participation notable du Directeur de l’Agence nationale de la BCEAO et de représentants de banques commerciales locales
La Chambre de commerce et d’Industrie de Dakar (CCIAD) a consacré, le 04 août courant, l’un de ses « grands débats économiques » à l’accès au financement des Pme et Pmi, avec la participation notable du Directeur de l’Agence nationale de la BCEAO et de représentants de banques commerciales locales.
Rappelons que la BCEAO est l’institution qui donne l’agrément aux banques, contrôle leurs activités et crée de la monnaie pour faire fonctionner l’économie d’un pays. « Aujourd’hui, dans les livres des banques, nous avons plus de 700 milliards FCFA de crédits qui n’ont pas été remboursés », a informé le Directeur national Ahmadou Alamine Lô. Ce montant représenterait près de 12 % de l’ensemble des crédits. « Aujourd’hui, il s’agit de voir comment faire pour mitiger les risques, comment faire pour permettre au secteur financier d’être rassuré », a-t-il poursuivi.
Ces crédits dont le remboursement est compromis viennent se rajouter à ceux qui ont fait l’objet de contentieux gérés par devant les tribunaux et qui souffrent de lenteurs en matière de décisions de justice. Des lenteurs toutefois atténuées par la récente mise en place du Tribunal de commerce.
Au regard de cet extrait de l’intervention du Directeur national de la Bceao, on pourrait penser qu’il veut attirer l’attention sur l’atteinte de la cote d’alerte en matière de crédits accordés aux PME/PMI. Les défauts de remboursement de cette clientèle justifient la réticence des institutions financières à s’engager dans cette direction, à moins qu’il leur soit donné les apaisements nécessaires.
Je pense qu’il faut dire tout de go que les banquiers ont raison. Les banques sont pour l’essentiel des établissements d’intermédiation qui collectent les dépôts de clients et les placent ou les prêtent et se rémunèrent ainsi avec la marge d’intérêts perçue (intérêts perçus sur les prêts moins intérêts payés sur les dépôts).
Pourquoi donc prêter à des demandeurs qui non seulement ne vont pas générer des intérêts mais encore vont mettre en péril le dépôt ayant servi à faire le crédit ? Or, évidemment, les banques ne font pas de philanthropie même si elles sont réputées liquides.
D’un autre côté, financer les PME/PMI, c’est financer l’activité économique. Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) constituent aujourd’hui la base du tissu économique national. Elles représentent près de 90 à 95 % des entreprises au Sénégal et concentrent aujourd’hui environ 40 % des emplois du pays.
Par conséquent, ne pas trouver de solution au financement de leurs immobilisations et fonds de roulement, c’est en quelque sorte tourner le dos à l’économie du pays.
De nombreuses solutions ont été expérimentées en la matière. Au plan institutionnel, les autorités monétaires ont créé, il y a 25 ans, un dispositif appelé Système financier décentralisé (Sfd) mettant en avant la mutualisation en matière d’épargne et de crédit pour « des personnes qui n’ont généralement pas accès aux opérations des établissements de Crédit ».
Cette expérience n’a pas été concluante au regard de la faiblesse des concours alloués et surtout du fait de défaillances en matière de gouvernance (comités de crédit, conseils d’administration et conseils de surveillance étant des enjeux de pouvoirs des membres).
Dans le cadre du Plan de relance 2019/2023 (PAP 2A), l’Etat ne trouve d’autre solution au problème qu’un appui au système financier classique via un dépôt de fonds de garantie de 150 milliards, à charge pour les banques de mobiliser à leur tour un financement de 300 milliards de FCFA au profit des PME et des grandes entreprises afin de concrétiser les intentions d’investissements stratégiques des entreprises estimées à 1000 milliards FCFA.
Toutefois, cette approche du financement PME a un air de déjà-vu. Les banques se sont vu confier par le passé des lignes de crédit spécifiques au financement des petites et moyennes entreprises. L’expérience n’a pas eu le succès escompté. Les raisons de la contreperformance se déclinent ainsi qu’il suit : Les banques de détail sont des établissements généralistes, hormis la BHS dont le cœur d’activité est l’habitat social.
En conséquence leur demander d’intervenir indifféremment dans le commerce, les cosmétiques et la maroquinerie pose aux gestionnaires un problème de compétence. Même lorsque les crédits sont adossés à des fonds de garantie, la couverture au profit des banques n’est pas automatique ; elles sont tenues de répondre de leur gestion auprès du bailleur.
L’incompétence des banques doit être compensée par l’implication de structures d’accompagnement publiques dotées de ressources humaines professionnelles en rapport avec le projet. Promouvoir un projet de tannerie devra nécessiter le recrutement de spécialistes dans le monde (Italie, Maroc etc.) pour encadrer le promoteur et arriver à une organisation et une production de qualité. Cet accompagnement passe par la création de domaines industriels spécifiques aux activités à promouvoir. Le choix de ces activités ne saurait être laissé entre les seules mains de l’entrepreneur.
L’Etat volontariste doit identifier des secteurs dans lesquels nos petits industriels ou artisans ont déjà un savoir-faire reconnu et aider à leur meilleure professionnalisation. Un centre d’incubation en maroquinerie de luxe aurait été mis en place à Ngaye Mékhé, et plusieurs jeunes artisans ont pu bénéficier en 2018 d’un stage en Italie pour moderniser leur savoir dans la fabrication de chaussures et de sacs.
A mon avis, c’est dans ce sens qu’il faut aller pour pouvoir « compétir » sur les marchés extérieurs. Cet appui de l’Etat doit être élargi au développement de la formation professionnelle dans les secteurs porteurs. Cinq secteurs pourraient être identifiés dans un premier temps, de par la masse de la main d’œuvre qu’ils occupent et des perspectives d’exportation qu’ils offrent, à savoir la maroquinerie (Tannerie pour chaussures, sacs…), la mode/confection, la musique et les cosmétiques.
L’Etat volontariste devrait également ouvrir le marché intérieur en faveur d’entrepreneurs orientés vers l’import substitution. Il est devenu anachronique de continuer d’ouvrir à tout vent notre économie aux produits d’autres pays qui eux-mêmes filtrent les produits à importer chez eux.
Par exemple, les USA sont très regardants sur les produits chinois qui entrent sur le marché américain. Pour en revenir à notre sujet, notre conviction est que, pour aborder de façon efficace la question du financement du risque PME, il faut exclure les banques commerciales qui sont très exigeantes vis-à-vis des demandeurs de crédit.
Pour entrer en relation de crédit avec un client, les banques demandent au préalable un historique bancaire, des états comptables d’au moins trois ans, des garanties réelles, des fonds propres suffisants etc. De surcroît, lorsque le crédit est compromis dans son remboursement jusqu’à ce que l’on soit au stade de réalisation de la garantie, les normes prudentielles deviennent répressives en matière de comptabilisation des immeubles hors exploitation, avec des répercussions sur les ratios relatifs aux fonds propres de l’établissement bancaire lorsque les délais impartis de cession sont dépassés.
Au regard de toutes ces craintes, les autorités monétaires doivent initier une réflexion sur la création de nouvelles institutions financières dédiées aux PME. La connaissance du risque à financer est essentielle pour la bonne fin du crédit.
Pour circonscrire le risque, les promoteurs doivent être accompagnés par des spécialistes techniques de l’activité mais également par des dispositifs marketing permettant l’accès aux marchés, mais également en organisation et en gestion.
Dans cette perspective, l’ADEPME et l’ASEPEX devraient être « sectorialisées » pour davantage de spécialisation dans le service aux PME. Les banques ne peuvent assurer cet accompagnement. D’ailleurs elles ne seraient pas dans leur rôle.
LE VILLAGE DE BALINGORE ROUVRE SES FORÊTS 40 ANS APRÈS
Le village de Balingore, dans le département de Bignona, en Casamance, est à l’honneur cette semaine. Ce village a envoyé, ce week-end, environ un millier de jeunes gens au bois sacré pour leur initiation, appelé ‘’Bukut’’
Jean Diatta, Correspondant permanent à Ziguinchor |
Publication 19/08/2022
Le village de Balingore, dans le département de Bignona, en Casamance, est à l’honneur cette semaine. Ce village a envoyé, ce week-end, environ un millier de jeunes gens au bois sacré pour leur initiation, appelé ‘’Bukut’’. Il faut rappeler que l’entrée au bois sacré est un passage obligé pour tout jeune diola afin d’entrer dans le cercle des adultes, des ‘’hommes’’
C’est ce rituel qui fait de lui un homme responsable et l’autoriser à siéger au conseil des sages quand il s’agit de prendre les grandes décisions liées à la marche de la communauté. C’est aussi un passage obligé avant de prendre femme et même de prendre part à la guerre en cas de conflit entre deux villages. En un mot, c’est le rituel qui fait d’un jeune diola un homme accompli qui a acquis les aptitudes pour devenir responsable. Cette cérémonie est l’événement majeur de la communauté diola, l’ethnie majoritaire de la Basse Casamance qui avait résisté jusqu’au bout contre la domination de la colonisation française. C’est dire que cette cérémonie n’est pas une mince affaire.
Définissant le bukutt, Pape Ousmane Sané, un ancien inspecteur adjoint de l’inspection d’académie de Ziguinchor, confie que cet acte permet d’acquérir le diplôme suprême en matière d’éducation traditionnelle chez le jeune diola. ‘’Le Bukut est le diplôme suprême dans l’éducation en milieu diola. Parce qu’en milieu diola, il y a beaucoup de types d’éducations : l’éducation de base qui est donnée à la maison, l’éducation donnée au niveau de la génération à l’extérieur, une autre qui est donnée dans la concession du village et il y a cette éducation qui constitue le dernier maillon si c’était en matière de diplômes. C’est le Bukut’’ dit-il. Mais il faut noter que ces explications sont très superficielles par rapport à ce rituel qui demeure un mystère total pour un non initié. Tout ce que le commun des personnes en connait, c’est que l’intervalle entre deux bukutts, il y a au moins vingt ans mais que cela peut aller bien au-delà.
Par exemple, le village de Balingore dont l’avant dernier bukutt remonte à 1982 est resté quarante ans avant de rouvrir ses forêts. Mais les anciens du village ne laissent jamais filtrer la moindre information à ce sujet. Les préparatifs en question requièrent un très long processus qui peut durer au moins trois ans. Il faut principalement organiser des séances de danses qui annoncent que le village doit prochainement envoyer ses jeunes dans la forêt. Des danses rythmées par le son du bombolong et de morceaux de fer tenus par les futurs initiés et ceux qui servent aux femmes pour battre les mains. Ces séances de danses sont une occasion pour les futurs initiés de montrer leur savoir-faire, histoire de faire honneur à leur famille. Et durant cette période, les futurs initiés doivent attacher un pagne, une sorte de ‘’ngimb’’ pour montrer qu’ils doivent rentrer au bois sacré dans un futur proche. Et il leur interdit de s’adonner à certains loisirs comme les soirées dansantes et même le sport parfois.
Avant même l’année de l’initiation proprement dite, il y a une très grande cérémonie intermédiaire, appelée (kaaningku’’), qui est souvent organisée à un an du grand événement. Celle-ci mobilise tous les natifs du village concerné où qu’ils soient à travers le monde et leurs parents des localités de la région naturelle de la Casamance. Des proches de femmes d’autres régions du Sénégal, mariées avec des natifs du village en question, viennent également prendre part à cette cérémonie tout comme lors du Bukut proprement dit. Ces milliers d’étrangers, qui viennent soit pour apporter un soutien à des parents dans les travaux domestiques ou d’autres pour se ressourcer, sont bien accueillis et bien nourris. Cette cérémonie dure deux jours et elle est marquée par deux rencontres majeures de tout le village en question et elle est faite de rituels que seuls les initiés peuvent décrypter, mais aussi de chants et danses, de tirs de fusils et de tentatives de se trancher la gorge avec des couteaux très tranchants histoire de montrer leur invulnérabilité. Pour le festin, des bœufs sont abattus dans tous les quartiers pour nourrir les foules. Ces séances de démonstration de bravoure, vues de loin, donnent l’impression aux profanes qu’il s’agit d’une guerre tellement les détonations sont fortes et nombreuses. Ici, on ne peut pas distinguer un ministre d’un paysan car tous portent le même accoutrement et se parent de gris-gris et de lianes d’arbres, tout un arsenal mystique. Et tout le monde tire avec les fusils et danse. Au dernier virage du grand événement, les futurs initiés sont accompagnés chez leurs oncles maternels pour se faire couper symboliquement des touffes de cheveux.
Des symboliques toujours bien renouvelées
Pape Ousmane Sané explique ce que cela symbolise : ‘’La coupe des cheveux, c’est juste pour montrer à l’enfant qu’il appartient à plusieurs familles : sa famille maternelle, de sa maman jusqu’à sa grand-mère, et qu’il appartient aussi à la famille paternelle avec qui il est lié depuis son papa jusqu’à ses arrières grands-pères et mères. C’est pour montrer à l’enfant que dans ce village, il a des familles partout et qu’en principe, il doit avoir donc un bon comportement. Parce qu’en fait, le diola, son grand problème, c’est effectivement la honte, le diola n’a jamais voulu avoir honte devant ses semblables. C’est pourquoi quand l’enfant sait que, dans ce village ou dans ce quartier, il y a ses oncles paternels ou maternels, il y a des choses qu’il ne fera jamais. Mais aussi, l’enfant en milieu diola, et certainement dans beaucoup d’ethnies, sa famille maternelle est une famille sacrée. Donc, c’est lui qui est chargé de défendre, d’aider cette famille en cas de difficultés. Même en cas de cérémonie, il faut qu’il soit là. D’ailleurs, présentement, vous voyez qu’au niveau de la cuisine, c’est pratiquement des nièces et des neveux qu’on appelle des asampuls qui sont en train de préparer’’. Et toujours par rapport à ce rituel hautement symbolique, Matar Bodian, un ancien du village de Balingore, actuellement en service dans l’armée sénégalaise, explique que ce geste est aussi accompli pour sécuriser le futur initié contre d’éventuelles pratiques mystiques de malfaiteurs qui parfois sont tentés par l’idée de saboter le bukutt. ‘’La coupe de cheveux, c’est pour protéger l’enfant mystiquement. On les garde jusqu’à un an et si rien n’arrive au nouvel initié, on les jette’’. D’ailleurs, pour parer à de telles éventualités, il y a toujours un sage du village qui est commis par les esprits des ancêtres pour veiller sur le bon déroulement du bukutt, c’est lui le gardien attitré de la forêt. Il s’appelle ‘’Afankaren’’. Et quand un membre de la société est choisi par les esprits des ancêtres qui l’investissent pour cette mission, il est astreint de se plier à cette décision pour ne pas s’exposer à des sanctions très sévères de ces esprits.
Par exemple, l’ancien ministre des Forces Armées, sous Abdoulaye Wade, Youba Sambou, est aujourd’hui le surveillant de la forêt de son village natal de Mlomp, situé dans le département de Bignona. Cette fonction exige un don de soi, autrement tout ce que le Fakaren fait est au-dessus du ‘’Moi’’, il se met entièrement au service de sa société. Pour veiller sur la sécurité des futurs initiés, durant leur séjour dans le bois sacré, un être surnaturel appelé ‘’Anarnar’’ sort on ne sait où, tous les soirs, et arpente tous les quartiers du village pour dissuader les malfaiteurs éventuels de tout acte négatif à l’encontre des jeunes en réclusion dans la forêt. Et toute personne qui commettrait l’erreur de tenter de le faire est sévèrement punie et humiliée dans sa maison devant ses proches. Cet être est d’une puissance qui dépasse l’entendement humain, quand il vient on n’a l’impression que c’est un avion qui atterrit. Et il a la capacité de rallier une distance se trouvant à plusieurs kilomètres à moins de cinq secondes. Il est aussi mystérieux que sa puissance.
Un chronogramme bien taillé
Le jour J, les futurs initiés sont rasés et se mettent en marge des femmes attendant l’heure fatidique du départ vers l’inconnu. Quand l’heure approche, ils sont rassemblés par les sages dans un coin du village avant le grand départ. Et après, les tous derniers préparatifs, c’est la grande marche, les hommes devant et les femmes derrière. En ces moments précis, les coups de fusils se font entendre dans tout le village. Certains étrangers qui ne sont pas habitués à cette cérémonie unique en son genre, se sauvent comme des lapins. Et arrivée, à la lisière de la forêt, un signal est donné pour demander aux femmes et aux étrangers de s’arrêter.
Quant aux futurs initiés et leurs encadreurs, ils poursuivent leur marche. Et pendant ce temps, les coups de fusils retentissent de plus bel. Et à un moment donné, un signal est donné aux futurs initiés qui se lancent dans un sprint (qui rappelle les 100 m à l’occasion des jeux olympiques) vers les méandres de la forêt laissant derrière eux des pleurs de vieilles femmes conscientes qu’elles ne revivront plus ce moment inédit car elles ne seront plus de ce monde à l’occasion du grand Bukut. Après cette étape franchie, tout le reste du processus devient mystère. En fait, même en cas de décès d’un des jeunes dans la forêt, on l’y enterre et on garde l’information. C’est seulement au jour de la sortie que sa maman saura que son fils est décédé dans le bois sacré. Et elle ne l’apprend pas de bouche à oreille, on exhibe le pagne que ce dernier avait porté le jour de l’entrée au bois sacré. Le village de Balingore, particulièrement, compte à nos jours quatre forêts réservées exclusivement à la cérémonie du Bukut.
Selon l’histoire, cette décentralisation de la cérémonie a été décidée à cause des razzias auxquelles les habitants des villages voisins, qui entourent la localité, se livraient au niveau des quartiers périphériques aux années où le village organisait le bukutt. Les hommes étant tous obligés de se retrouver dans l’unique forêt située au centre du village où on regroupait tous les futurs initiés, les habitants des villages voisins faisaient des incursions nocturnes et décimaient les troupeaux de vaches ou violaient même les femmes. On raconte également que lors d’une année de bukutt, une maladie épidémique s’était déclarée dans la forêt et tuant plusieurs jeunes. Aussi pour éviter de pareilles catastrophes, les sages avaient pris la décision de décentraliser la cérémonie dans plusieurs forêts.
Selon toujours l’histoire racontée par nos interlocuteurs, le village de Balingore a été fondé vers le 17e siècle et que son premier Bukut remonte à 1630. D’après, la légende, racontée par Pape Ousmane Sané, ce village a été fondé par un certain Buyanfang Badji et il s’était établi dans l’actuel quartier de Kindiong. Et que c’est après que les autres quartiers, qui étaient à l’époque des cités indépendantes les unes des autres, ont vu le jour, renseigne t-il, soulignant que c’est la menace de petits villages voisins qui avait motivé le chef coutumier de l’époque à demander le regroupement des petites cités pour former un village. Celui-ci s’appelait Djikoub avant de devenir Balingore. ‘’Balingore est un ensemble de cités anciennes (Djirokir, Kindiong, Kaour, Balimbande, Kabaline, Dianack, Étécome, Bakinta et Balève). La première cité qui est aujourd’hui un quartier de Balingore, c’est Kindiong. À l’époque, ces cités étaient indépendantes les unes des autres mais entre-temps il y a la menace de villages autochtones tels que Tendion, Diamatou, Siparan, Tayyan,...
Comme ces cités étaient donc petites, il y a eu un patriarche du nom de Bantandiouck qui est de Djirokir-Djikesse qui a demandé à ce que toutes ces cités soient unies pour créer un seul village et c’est ce village qui est devenu Balingore. À l’époque, le village avait deux conseils : le conseil coutumier dont il était le chef et le conseil militaire. C’est avec l’arrivée du colon et la création du chef de village, que ce conseil coutumier a perdu beaucoup de prérogatives, il n’a conservé que la circoncision. Sinon, à l’époque, c’est dans le bois sacré que toutes les questions relatives au fonctionnement du village étaient réglées. Mais avec l’avènement du colon, le chef du village a perdu toutes les prérogatives sauf vraiment le bukutt. Au début, Balingore s’appelait Djikoub. D’aucuns disent que quand ce patriarche faisait le tour des quartiers, il disait aux gens venez on va créer des frontières communes (autrement dit venez nous allons nous rapprocher). Pour certains donc c’est cet appel qui est à l’origine du nom Balingore’’.
Signalons que la durée du séjour des futurs initiés dans la forêt pouvait durer à l’époque jusqu’à trois mois. Mais aujourd’hui, les temps ont changé, à cause des contraintes liées aux études, au travail professionnel et d’autres engagements des jeunes à initier. Aussi, ce délai a été réduit au maximum possible (maintenant il ne dure plus que deux semaines voire même 7 jours seulement) pour éviter de compromettre l’avenir des jeunes. C’est dire que la communauté est en train de réduire le Bukut à sa plus simple expression. Mais tout laisse croire que, malgré la montée fulgurante des religions révélées dans notre temps, le Bukut durera tant qu’il restera des diolas sur la terre.
ISMAÏLA MADIOR FALL, UN LEADERSHIP RATÉ À RUFISQUE
L’ancien garde des Sceaux sort de deux revers électoraux interprétés par certains analystes comme le signe de la décadence d’un technocrate qui n’a jamais su prendre ses marques politiques dans sa localité
Moustapha Boye et Alioune NDOYE (Correspondant permanent à Rufisque) |
Publication 19/08/2022
L’ancien garde des Sceaux ministre de la Justice, Ismaëla Madior Fall, a essuyé deux revers lors des locales de janvier et des législatives du 31 juillet dernier. Une double contreperformance interprétée par certains analystes de la scène politique comme le signe de la décadence d’un technocrate qui n’a jamais su prendre ses marques politiques à Rufisque.
Échec et mat. Le ministre d’Etat Ismaëla Madior Fall a de nouveau perdu lors des élections législatives. L’ancien candidat à la mairie de la ville de Rufisque a cette fois-ci non seulement été battu dans son centre de Mérina 2 mais encore il a essuyé un camouflet dans son bureau de vote. Une double défaite qui, selon bon nombre d’observateurs, démontre l’absence de leadership fort chez le constitutionnaliste.
Pour le journaliste Aziz Gaye, les échecs répétés du ministre d’Etat à Rufisque prouvent toute la difficulté qu’il éprouve à s’imposer dans la vieille ville. « Ismaïla n’est pas préparé à la politique. Il n’est pas un politique, il est entré en politique par effraction. Il a attendu d’être ministre pour s’engager politiquement alors que la politique a ses réalités sur le terrain », explique le journaliste qui souligne quelques incohérences dans la démarche politique du professeur de droit constitutionnel. « Il n’a même pas gagné son lieu de vote, il ne peut pas contrôler la commune voire le département. Même là où il habite à Arafat les gens ne le connaissent pas. Il n’a même pas de base politique. Il est allé en chercher une à Keury Kao alors qu’il est d’Arafat. Il n’a même pas gagné son bureau de vote alors que son bastion électoral devrait être la commune de Rufisque Est », dissèque l’observateur. « Malgré ses capacités intellectuelles, il peine à asseoir sa base. Une absence de répondant politique qui semble lui porter toujours préjudice. C’est seulement quand il a été nommé garde des Sceaux qu’il a senti la nécessité de descendre sur le terrain et d’afficher sa rufisquoisité », clame cet autre habitant de la cité de Mame Coumba Lamb. « Il se démène comme un beau diable aux quatre coins de la ville de Rufisque mais le problème c’est qu’il n’a pas su très tôt se faire accepter par la classe politique rufisquoise », confie un journaliste sous le couvert de l’anonymat.
Pour le journaliste Aziz Gaye, c’est clair que le Pr Ismaïla Madior Fall a commis une série d’erreurs fatales. « Il a été perdu par son rapprochement avec le ministre Oumar Guèye de Sangalkam. Son erreur politique a été de se rapprocher de ce dernier et de se mettre sous sa coupole, ce qui a été une erreur politique monumentale », poursuit le confrère. Il courbe son échine devant Oumar Guèye
Un autre interlocuteur abonde dans le même sens que le journaliste Aziz Gaye. Il se demande pourquoi Ismaïla Madior Fall a accepté de se ranger derrière le ministre Oumar Guèye qui n’est pas de Rufisque. « Si vous réveillez des dinosaures politiques comme feus Me Mbaye Jacques Diop, Cora Fall et plus loin encore Alioune Badara Mbengue, Maurice Guèye, Ngalandou Diouf, ils ne pardonneraient jamais à l’ancien ministre de la Justice d’avoir accepté de courber l’échine devant Oumar Guèye. Ce dernier n’a pas jamais porté dans son cœur les hommes politiques rufisquois. Il sait que ses manœuvres n’auraient jamais prospéré si Me Mbaye Jacques Diop était encore vivant.
Dites-moi depuis qu’Oumar Guèye est entré du Gouvernement, quel est le cadre rufisquois qui a obtenu une promotion de la part du président Macky Sall ? Oumar Guèye a toujours combattu les cadres rufisquois. D’ailleurs pour démonter qu’il n’aime pas les Rufisquois, il est allé chercher son directeur de cabinet à Bargny avec Guèye Abou Seck ancien maire de Bargny. Cela rassemble à quoi ? » vitupère un journaliste chevronné de la ville de Mame Coumba Lamba. Il ajoute que l’erreur de Ismaïla Madior Fall, c’est d’avoir oublié de laisser sa toge d’universitaire dans les amphis pour se transformer en caïman politique. « Ismaïla Madior Fall devait imposer son leadership à Rufisque en s’opposant frontalement à Oumar Guèye. Quitte même à se mettre à dos le président Macky Sall à qui il pourrait faire comprendre que Rufisque ne peut pas être animé politiquement à partir de Sangalkam. Ismaïla Madior Fall aurait alors eu toute la classe politique rufisquoise à ses côtés. Mais l’homme n’est pas courageux politiquement et, surtout, il n’est pas généreux financièrement. Des postures qui ne paient pas en politique » souligne le professionnel de l’information. « Lorsque Abdou Diouf a voulu donner la coordination départementale du PS de Rufisque à Mar Diouf, Me Mbaye Jacques Diop s’était opposé frontalement à une telle volonté. Abdou Diouf avait rétropédalé en laissant à feu Me Mbaye Jacques Diop la coordination politique Ps de Rufisque et du département.
En outre, lorsque Abdou Diouf avait décidé de rattacher la Sococim à Bargny pour faire plaisir à Mar Diouf, qui était le maire de cette ville, Me Mbaye Jacques Diop avait mené une terrible croisade contre un tel décret. Il avait embarqué toute la ville de Rufisque dans ce combat notamment le président de la Convention des Lébous, Ousmane François Guèye dans ce combat. Finalement, le décret avait été annulé et la Sococim est restée à Rufisque. Me Mbaye Jacques Diop avait giflé un policier au lycée Abdoulaye Sadji lors d’une visite du président Abdou Diouf. Il avait répliqué à la gifle donnée par le policier à un de ses hommes notamment Aziz Faye. Me Mbaye Jacques Diop avait dit au policier que ce sont ses hommes qui ont permis l’élection du président Abdou Diouf. Véritablement, sa disparition a laissé un vide difficile à combler en termes de leadership » explique notre interlocuteur.
De l’avis d’un autre confrère et correspondant à Rufisque, le constitutionnaliste n’a jamais été l’homme de la situation. « Non seulement il est mal entouré mais encore il ne parvient pas à vendre son candidat, le Président Macky Sall en l’occurrence », diagnostique-t-il non sans contester la posture de sergent recruteur de l’ancien ministre de la justice. « Il n’a fait que jouer le rôle de sergent recruteur des jeunes qui ont montré ce dont ils sont capables comme Arona Sarr Sénégal et au-delà Alioune Mar », note le journaliste de la radio communautaire de Rufisque. « Ismaël vient tout juste de commencer mais il est presque au terme de sa carrière politique », regrette-t-il.
CITOYENS ET ANALYSTES TIRENT À BOULETS ROUGES SUR LE HCCT !
e Témoin a recueilli les opinions de citoyens par rapport au Hcct et donne la parole aux analystes politiques Mamadou Sy Albert, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Bacary Domingo Mané, journaliste.
Le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), dont le mandat des membres tire à sa fin, est au centre de polémiques et critiques de tous bords. L’institution est jugée inutile et budgétivore par de larges secteurs de l’opinion. Lynchés par l’opposition, les membres du Haut conseil sont sortis de leur réserve à travers une conférence de presse qu’ils ont tenue avant-hier, mardi, pour défendre leur institution dont ils ont vanté le travail durant les cinq ans de son existence. Le Témoin a recueilli les opinions de citoyens par rapport au Hcct et donne la parole aux analystes politiques Mamadou Sy Albert, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Bacary Domingo Mané, journaliste.
Le constat est largement partagé. La plupart de nos compatriotes n’accordent pas une importance particulière à certaines institutions de la République. Selon ces citoyens que nous avons rencontrés, ces institutions, dont ils ignorent même l’existence, n’ont aucun impact sur leur quotidien. Et n’auraient été créées qu’à des fins politiques pour récompenser des frustrés de la majorité présidentielle afin de les retenir dans celle-là. C’est en tout cas l’idée que se font beaucoup de nos compatriotes sur le Haut conseil des collectivités territoriales. Des citoyens pas du tout convaincus par les arguments du premier vice-président de cette institution, Maël Thiam, qui défendait lors de cette rencontre avec la presse, l’utilité de l’institution à travers des résultats « tangibles » obtenus selon lui en si peu de temps.
Le Hcct, une institution de trop parmi tant d’autres, bannies par les Sénégalais !
Babacar Mbengue est un garagiste établi au rond-point de Liberté 6. Le jeune homme ignore jusqu’à l’existence du Hcct. D’après lui, toutes les institutions qui n’ont aucune utilité doivent être dissoutes. « Il y a trop de structures qui ne servent absolument à rien. Au moment où il y a une extrême pauvreté dans les ménages, les politiciens se permettent de gaspiller de l’argent. La mal gouvernance, elle est partout. Comme on l’a fait avec le Senat, avec le Conseil économique social et environnemental et ce truc dont vous m’apprenez l’existence (Ndlr, le Hcct), toutes ces institutions doivent être supprimées. L’argent de leur fonctionnement doit revenir au panier de la ménagère sénégalaise pour que les populations sentent l’amélioration de leurs conditions de vie », dit le garagiste. Son collègue, Abdou Lam, partage le même avis. A l’en croire, ce sont les politiciens qui ont donné de nos institutions de la République une mauvaise image et où le népotisme et le clanisme règnent le plus souvent. « Je m’inquiète vraiment sur le fonctionnement de certaines de nos institutions. Pour moi, c’est de la répétition de parler de député et de conseiller du Hcct. Tous ces gens font la même chose et, très souvent, ils sont mis dans de bonnes conditions de vie. Très peu d’entre eux se soucient du peuple. Ça a toujours été comme ça. Et ce n’est pas aujourd’hui que cela va disparaitre », se désole le nommé Abdou Lam.
Recasement et récompense de clientèle politique !
Dans un pays où le coût de la vie est devenu très cher avec la flambée des prix des denrées de consommation courante, certains de nos compatriotes s’étonnent de voir l’existence d’institutions qu’ils jugent inutiles. Presque tous nos interlocuteurs disent la même chose à savoir que les institutions qui n’ont aucune utilité devraient disparaitre. Croisé à l’Office du baccalauréat, l’étudiant en master 2 à la Faculté des lettres et des sciences humaines (Flsh) de l’Université Cheikh Anta Diop, Amadou Cissokho, soutient que le Haut conseil des collectivités territoriales Hcct a été créé juste pour récompenser le Parti socialiste (Ps) de son ralliement à la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) en 2012. Ce après que l’Alliance des Forces du progrès (Afp) a été récompensée à travers son leader, Moustapha Niasse, qui a hérité de la présidence de l’Assemblée nationale. « Si vous vous rappelez, le président du Hcct c’était le défunt secrétaire général du Parti socialiste, (Ps), Ousmane Tanor Dieng. Macky Sall, pour le récompenser de son soutien, l’avait nommé à la tête de cette institution. Le Haut conseil des collectivités territoriales n’existe que de nom. Quel travail ces conseillers ont-ils fait et qui se soit traduit par l’amélioration du vécu des citoyens ? », Interroge l’étudiant.
Quand la société civile réitère sa position de 2016 sur l’impertinence de la création du Hcct !
Les associations de la société civile n’ont pas, elles non plus, raté le Haut conseil des collectivités territoriales. Le collectif qui les regroupe réclame d’ailleurs le bilan des six ans d’existence du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) avant le renouvellement de cette institution prévue le 4 septembre prochain. Dans un communiqué, l’ONG 3D, la RADDHO, le Réseau Siggil Jigen, la LSDH, l’ONDH, le Forum du justiciable, l’URAC, l’AJED, l’ANAFA, CERAC, Handicap forum educ, autant d’organisations de la société civile, interpellent les acteurs politiques de l’opposition comme du pouvoir à s’assoir autour d’une table pour se pencher sur la nécessité d’aller ou non à des élections pour le choix des hauts conseillers des collectivités territoriales prévues le 4 septembre 2022 prochain. « En cette veille de renouvellement des membres de cette instance, le COSCE (Collectif des organisations de la société civile électorale) tient à rappeler sa position et invite les parties prenantes à faire le bilan des six ans d’existence de cette assemblée consultative dont l’utilité a toujours été remise en cause par une bonne partie des Sénégalais » écrivent ces organisations dans un communiqué. Elles rappellent qu’ en 2016, « lors de la création de cette institution à travers le référendum du 20 mars 2016 et la Loi organique n 2016-24 du 14 juillet 2016, la société civile tout comme l’opposition avaient défendu l’impertinence d’une telle structure qui, de surcroît, devait coûter plusieurs milliards de francs CFA au budget de l’Etat, dans un contexte de raréfaction des ressources’’.
MAMADOU SY ALBERT, ANALYSTE POLITIQUE: « Il n’y a pas de consensus politique sur les institutions»
Le Haut Conseil des collectivités territoriales est une structure à vocation consultative créée par le président de la République pour les questions qui touchent aux politiques publiques plus particulièrement à la décentralisation. Ses membres rendent des avis publics sur des questions précises de la décentralisation, de pouvoir local, de gouvernance locale et des projets de développement. Mamadou Sy Albert note une absence de consensus entre le pouvoir et l’opposition quant à la nécessité de mettre en place le Haut conseil des collectivités territoriales. A l’en croire, c’est le même problème qui existe pour le Conseil Constitutionnel pour l’organisation des élections au Sénégal. « Le fond du débat est qu’on n’a pas encore trouvé de consensus sur les institutions, que ce soit le Conseil économique social et environnemental, le Haut conseil des collectivités territoriales que ce soit même sur l’Acte 3 de la décentralisation. Il n’y a pas de consensus politique sur les institutions. Globalement, il y a un problème de consensus sur les institutions de la République. Pour ce qui concerne le Haut Conseil, la difficulté qu’on a c’est qu’il devient une structure politique de recasement des élus de la majorité présidentielle. Si on regarde vraiment la physionomie de l’actuel Haut conseil, il est composé pour l’essentiel d’élus de l’Apr ou de Benno. Le président choisit 70 élus. Il n’y a que 80 élus qui sont désignés par les élus locaux. Le fait qu’on permette au président de choisir la moitié de la composition du Haut Conseil constitue une entorse démocratique. Il y a également des implications budgétaires puisque ces institutions consomment énormément d’argent. Et on ne voit pas leur utilité » analyse Mamadou Sy Albert. Le boycott par l’opposition des élections pour le choix des membres du haut conseil des collectivités territoriales va encore ternir davantage l’image de cette institution. Ça va encore créer beaucoup plus de tensions entre le pouvoir et l’opposition, selon Mamadou Sy Albert. « Il faut déplorer les lenteurs liées à l’organisation des élections au Sénégal. Les Locales ont été reportées plusieurs fois. Les législatives ont failli être reportées. Le Haut Conseil est dans cette dynamique. Parce qu’on ne maîtrise pas le calendrier électoral. Je pense que l’opposition a raison de critiquer le Haut conseil par l’absence de respect d’un calendrier républicain » a ajouté l’enseignant-chercheur et politologue Mamadou Sy Albert.
BACARY DOMINGO MANÉ, JOURNALISTE ET ANALYSTE POLITIQUE : « Pourquoi le Haut conseil des collectivités territoriales est vu comme une chose inutile »
Chaque année, les institutions rendent des rapports sur les questions dont elles ont été saisies ou ayant fait l’objet d’une auto-saisine de leur part. Pour le journaliste Bacary Domingo Mané, on ne peut pas dire que ces institutions n’effectuent pas correctement leur travail malgré leur composition dominée par la majorité présidentielle. A en croire notre interlocuteur, c’est plutôt l’état qui range les rapports produits par ces institutions dans des tiroirs. « Il y a en leur sein des experts qui réfléchissent sur les problématiques qui concernent la marche du pays. A partir de ce moment, l’Etat ne doit pas mettre leurs conclusions dans les tiroirs. Au contraire, il doit voir dans quelle mesure les recommandations doivent être prises en charge. Hélas, généralement, ce que nous constatons, est que ces rapports produits annuellement restent dans les tiroirs. L’Etat n’en fait presque rien du tout. Cela dit, le Hcct et certaines autres institutions sont mises en place pour caser la clientèle politique. On en fait un instrument politicien. C’est pourquoi, je ne vois pas vraiment l’utilité de cette institution qu’est le Hcct dans le fonctionnement de l’Etat » regrette le journaliste et analyste politique Bacary Domingo Mané. Selon lui, le boycott par l’opposition de cette institution la décrédibilise davantage. « Que l’opposition refuse de participer à l’élection de ses membres en brandissant comme argument qu’elle est une institution inutile, ça la décrédibilise davantage. Les faits et les gestes des membres qui la composent donneront raison à l’opposition » estime en conclusion Bacary Domingo Mané.
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OUSMANE SONKO SUR LA LIGNE DE DÉPART
Il faudra compter avec Ousmane Sonko lors de la prochaine élection présidentielle qui se tiendra en février 2024. Le leader des Patriotes a fait acte de candidature, hier, lors d’une conférence de presse.
Il faudra compter avec Ousmane Sonko lors de la prochaine élection présidentielle qui se tiendra en février 2024. Le leader des Patriotes a fait acte de candidature, hier, lors d’une conférence de presse. Il a également évoqué les contours d’un accord entre Yewwi Askan Wi et Walu, sa tournée nationale ou encore la conduite à tenir par ses militants pour remporter le scrutin prévu dans un peu moins de deux ans.
Dans dix-huit mois, c’est-à-dire en février 2024, se tiendra l’élection présidentielle. Si le président de la République n’a toujours pas fait d’annonce concernant sa participation ou non à ce scrutin, son principal adversaire, Ousmane Sonko a, lui, déclaré hier son intention de solliciter les suffrages de ses compatriotes lors de cette échéance électorale majeure.
Lors d’une conférence de presse, le leader de Pastef Les Patriotes a rendu publique sa volonté de participer à cette élection. « S’il plaît à Dieu et si le parti Pastef, qui a ses règles d’investiture, le souhaite, je suis partant pour une candidature à cette élection prévue en 2024 », a déclaré Ousmane Sonko, tout en précisant que c’est son parti qui décide. Selon lui, si un autre membre de cette formation politique veut également se présenter, il est libre de le faire et une primaire va les départager à ce moment-là. Dans tous les cas, pour le leader de Pastef, dans l’imaginaire des Sénégalais et le concernant personnellement, il s’agit d’une candidature qui doit couler de source. « Personne n’est mieux placé que moi pour remporter cette présidentielle », s’est-il vanté.
A l’en croire, il n’a pas besoin de démontrer sa candidature parce que les Sénégalais qui le suivent sont au courant de la relation qu’il a avec une grande partie du peuple. « Notre relation avec le peuple est faite de confiance, d’affection, surtout d’espoir par rapport au projet que nous portons avec un parti politique, avec les alliés, les sympathisants et au niveau international », a souligné le maire de Ziguinchor.
En faisant cette déclaration, Ousmane Sonko dit n’avoir violé aucun accord au niveau de Yewwi Askan Wi, encore moins au niveau de l’inter-coalition Yewwi-Wallu. « Pour la présidentielle, l’accord qui a été défini au sein de Yewwi stipule que la coalition va demeurer un cadre unitaire qui doit mutualiser toutes les forces pour superviser tout le processus électoral », explique le président du parti Pastef. Il poursuit en disant qu’une présidentielle étant le rendez-vous d’un homme avec le peuple à travers un programme de gouvernance, chaque membre de la coalition a le droit, s’il le souhaite, de présenter sa candidature avec un programme minimal de la coalition à intégrer dans son programme de gouvernance. Toutefois, précise l’actuel maire de Ziguinchor, en cas de second tour, les autres vont soutenir le candidat de le mieux placé. Pour sa candidature, Sonko a dressé une feuille de route en appelant ses militants à travailler sur le terrain.
Accord Yewwi-Wallu et tournée nationale
« Je veux dire aux militants et aux militantes et à ceux qui s’agitent souvent sur le terrain et dans les réseaux sociaux, d’orienter tous leurs efforts, de consacrer toute leur énergie à travailler sur le terrain, à enrôler les jeunes primo-votants pour qu’ils aillent s’inscrire sur les listes électorales et implantent des cellules partout dans le pays » a-t-il ordonné.
Dans la même lancée, Ousmane Sonko a annoncé une tournée nationale en décembre dans tous les 46 départements du Sénégal. D’après lui, cette tournée sera en majorité consacrée au monde rural car, dit-il, les grandes villes sont déjà prises par l’opposition. Il se base sur les résultats des locales et législatives passées où les deux coalitions que sont Yewwi et Wallu ont gagné dans plusieurs grandes villes, jadis bastions du pouvoir. Justement, Ousmane Sonko est revenu sur les accords entre Yewwi et Wallu à la suite de rumeurs sur une éventuelle dissolution de leur inter-coalition. « Les deux coalitions (Wallu-Yewwi) ont pris l’engagement chacune de respecter le quota convenu avec l’autre et cela a été respecté. Nous avons pris l’engagement, une fois à l’Assemblée nationale, de créer un seul groupe parlementaire », a-t-il déclaré.
Et le leader du Parti Pastef Les Patriotes de souligner que les deux coalitions ont trouvé un accord sur la base d’un programme. « Nous sommes convenus, après l’obtention de la majorité, de faire des réformes sur la base du programme minimal commun de législature, qui conditionne à voter sur les commissions d’enquête parlementaire que nous voudrions mettre en place. Les deux coalitions avaient pris l’engagement de ne faire aucune compromission législative avec le pouvoir avant et surtout après les élections législatives. Nous avions décidé de mettre un groupe parlementaire ferme durant tout le mandat » a encore fait savoir Ousmane Sonko. Il a annoncé que cet accord sera rendu public et ne concerne que les élections législatives.